Parfois, je range ma bibliothèque... et je retrouve un album que je dois être le seul à lire ! Non, j'exagère, mais je trouve injuste que (Dargaud) soit une bande dessinée si peu connue !!! Sans doute les bouquins de Richard Stark, un des pseudonymes de Donald Westlake sont-ils admirés dans le cercle des amateurs de polars "hard-boiled", mais cette adaptation approuvée par l'ombrageux Westlake (dont Parker est un personnage fétiche) est impeccable et mérite de sortir de l'ombre.
Avec BDfugue.com
Parker le "hard-boiled" ou dur à cuire évolue dans un monde violent, corrompu, où tout n'est que cynisme et désillusions. C'est un voleur professionnel, un solitaire sans états d'âme, qui ne raisonne qu'en fonction de ses intérêts personnels. Ceux-ci l'amènent à entrer en conflit avec l'Organisation, structure mafieuse qui pense n'avoir aucun mal à se débarrasser de cet enquiquineur.
Grossière erreur : Parker, dont le sang-froid et la détermination sont à toute épreuve, ne se laisse pas faire ! Deux romans graphiques sont disponibles en France, dont la traduction est assurée par Tonino Benacquista, grand écrivain de romans noirs et scénariste BD passionnant (lisez par exemple Dieu n'a pas réponse à tout, ouDes salopes et des anges publiés par Dargaud), et par Doug Headline, fils de l'immense Jean-Patrick Manchette.
Parker, Le chasseur, sur BDfugue
Dans Le chasseur, Parker débarque à New York pour se venger et récupérer l'argent qui lui est dû, suite à la trahison de son associé et de sa femme : une livraison d'armes destinées à des rebelles sud-américains qui se transforme en aller simple pour la prison. Passant d'un intermédiaire à l'autre, Parker remonte la piste jusqu'aux commanditaires, des responsables de la mafia new-yorkaise.
Les tueurs tombent comme des mouches, et les dollars remplissent les poches de notre "héros" qui en utilise la plus grande partie pour changer de visage grâce à la chirurgie esthétique. On le retrouve à Miami dans L'organisation, pris pour cible au saut du lit. Bien garni, le lit : une des innombrables conquêtes de ce bad boy, une garce friquée que l'odeur du sang excite ! Le porte-flingue meurt sans révéler le nom de son employeur...
A court de liquidités, embarqué dans un hold-up qui semble être du cousu main - le braquage d'un fourgon blindé avec l'aide de gangsters expérimentés - Parker doit redoubler d'intelligence pour éviter de se faire doubler, une fois de plus. Sa vie ne tient qu'à un fil... L'Organisation (ou le Syndicat, ou tout autre petit nom charmant qui désigne ce système d'extorsion de fonds pratiquée en col blanc) essaie toujours de le buter. Parker passe à l'offensive, l'œil mauvais et le doigt sur la détente...
Parker, L'organisation, chez BDfugue
S'appuyant sur des scénarios en béton, l'adaptation BD est un pur bonheur : c'est l'Amérique des années 60 telle qu'on peut la voir dans la série télévisée "Mad Men" avec ses voitures longues comme des paquebots, des filles en tailleur et des mecs en costume-cravate. Et même, par la grâce du dessinateur Darwyn Cooke, un petit côté "Hanna-Barbera" (une maison de production dont vous avez certainement vu les dessins animés réalisés pour la télévision) ou en tout cas, l'élégance des affiches publicitaires de cette époque.
La précision et la simplicité du trait font merveille dans les ambiances urbaines et nocturnes, quelques détails suffisent pour situer l'action dans un motel ou un immeuble de bureaux. Un chapitre entier vous rend limpide le système de blanchiment d'argent pratiqué par la mafia en son temps.
Et sans doute aujourd'hui encore... Par pitié, ne me laissez pas seul : vous aussi, lisez Parker !!!