éditorial publié vendredi sur le site digitalbookworld.com lance un « appel » qu'on ne manque pas d'entendre ces derniers temps : celui pour le libre cours des informations de lecture. S'il est déjà possible aux éditeurs de recueillir ce genre de donnée, notamment grâce aux forums de lecture, les nouveaux formats des ebooks devraient rendre possible l'obtention de données plus précises. Utiles selon lui à toutes les entités qui touchent l'ebook, c'est l'éternelle rengaine de la qualité du produit est invoquée.
Pedro Ribeiro Simões, CC BY 2.0
On connaît les enjeux. C'est l'un des débats qui agitent le plus les éditorialistes et les acteurs du monde numérique. Les informations de lecture sont-elles l'avenir du livre - de l'ebook tout du moins ? Pour Pavan Arora, ces données ne permettraient pas seulement d'améliorer la performance du livre numérique. Il rappelle les nombreuses précisions sur les goûts du lecteur qu'elles donneraient de collecter : quelles sont les parties du livre qui ont été les plus appréciées ? Quels passages ont nécessité le plus d'effort pour le lecteur ? Ont-ils seulement terminé le livre ? Quel échantillon a produit le plus de ventes ?
Le problème demeurant qu'à l'heure actuelle, les informations sont encore trop maigres pour orienter d'éventuelles réécritures. C'est pourquoi les nouveaux formats des livres numériques devraient être l'occasion de collecter des informations plus larges, et plus précises. Ainsi, le développement de l'EPUB3, qui permet l'intégration du JavaScript pourrait désormais donner les mêmes détails analytiques que ceux qui proviennent déjà des pages web.
L'éditorialiste prend soin de rappeler que cette amélioration doit rester dans le cadre du respect des informations personnelles. Qui selon lui, ne serviraient de toute façon à rien aux éditeurs… Une fois cette règle posée, les informations qui permettraient de cerner les attentes des lecteurs devraient être profitables à tous : « Les lecteurs auront une meilleure expérience, les auteurs proposeront un meilleur produit, et les éditeurs augmenteront leurs ventes. » Entre autres avantages, il évoque par exemple le perfectionnement des cours en ligne qui permettraient aux étudiants « de mieux comprendre la trigonométrie que moi », explique-t-il avec humour.
En somme, construire un barrage pour empêcher les informations de lecture irait donc selon lui au détriment de l'intérêt des lecteurs, des étudiants, des éditeurs, des auteurs, et des propriétaires des plateformes de publication numérique. « Il est temps de libérer les informations de lecture et de les laisser affluer », conclut-il avec une pointe d'emphase. D'un point de vue pédagogique, il semble en effet que les données de lecture pourraient être un évaluateur précieux de la qualité d'une leçon, et donc une denrée précieuse pour les pédagogues. Mais du côté de la littérature, l'avantage paraît plus nuancé - du moins pour la création se voulant originale.
À terme le risque pourrait bien être que les données engendrent des nouveaux critères pour les éditeurs. L'auteur regarderait donc moins le monde que les attentes du grand public. Entre mille vertus, le livre possède celle de dévoiler l'inconnu aux consciences, et de les rapprocher de ce dont elles sont lointaines - y compris d'un point de vue social. Ne donner aux lecteurs que ce qu'ils attendent, n'est-ce pas, à terme, cesser de les surprendre ? Les entretenir dans leur seul environnement ? Aux dernières nouvelles, ni Hugo, ni Stephen King n'avaient besoin d'informations de lecture pour savoir écrire un livre.