Max & Alex Tome 2 : 80 jours pour survivre

Durant le Printemps des poètes, qui cette année s'ouvre sur le thème Couleur Femme, Éric Dubois nous offre chaque jour un texte à découvrir.
Sur ma planète
Errent
Des sœurs
Infidèles

Le voile
Oubli
Qu’on déchire

Des cachottières
Des cachetons

Des carcasses
De caresses

Des violettes
Des secrets

Des crachats
Livides
Du kif
Du kitsch

Sur ma planète
Errent
Des libidos
Ad libitum
Des loupiotes
Des loufiats

Des sœurs
Infidèles

Des carcasses
De caresses

Des carcasses
De caresses

Extrait de Acrylic blues, de Éric Dubois (site internet)

Un jour, le soir de Giacomo Nanni  nous plonge dans une déambulation mélancolique dans les rues de Paris où un personnage désargenté se trouve au bord du gouffre. Les souvenirs éthérés des jours précédents nous révèlent progressivement le drame qui a brusquement épuisé ses maigres réserves financières.

Le dialogisme des précédents ouvrages de Giacomo Nanni cède la place au monologue qui nous plonge directement dans les pensées d'un seul personnage.

L'auteur développe un système énonciatif subtil proche de l'album illustré où le texte et l'image (et les images) sont physiquement désolidarisé(e)s mais dialoguent narrativement. Il opère ainsi un décalage qui s'accorde particulièrement bien à cette histoire à la rencontre entre les genres, à cette construction à rebrousse temps qui donne à ce drame social des allures de polar.

Les dessins, comme toujours avec Giacomo Nanni, sont magnifiques. On retrouve le style qu'il emploie depuis maintenant plusieurs années mais il réalise cette fois les diverses trames colorées à la main. On retrouve ainsi des espaces de flottement graphique qui incarnent particulièrement les errements du personnage. Les images se posent ainsi en miroir de ce récit atmosphérique où les pages incandescentes illuminent le regard tandis que les ambiances plus feutrées, souvent teintées de bleus, ramènent au trouble et à la distance au monde du personnage.

De Chroniquette à Histoire de ma fuite jusqu'au sublime Acte de Dieu qui a marqué un véritable tournant, chaque album de Giacomo Nanni se vit comme une expérience de lecture singulière et compose ainsi une des œuvres les plus passionnantes à suivre.

Samedi 11h, c’est reparti ! Alors que je viens de pénétrer dans l’arène, un message de Jeff Balek m’informe qu’il m’attend près du stand de Bragelonne. Je suis à l’autre bout du salon, je mets donc un peu de temps à arriver jusqu’à lui. Je retrouve par hasard Lise Capitan au passage et fini par arriver à bon port ! Je laisse là mon homme et un ami pour suivre Jeff, direction le biblioclub où vont se dérouler d’âpres négociations pour des partenariats VendrediLecture avec Youboox (lecture en streaming, un site à découvrir d’urgence) et les Editions de Londres avec lesquels nous avons déjà travaillé ;). Un moment convivial et fructueux, merci Jeff !J’achète quelques livres sur le stand d’Héloise d’Ormesson, loupe la dédicace de Damien Luce, avale un sandwich hors de prix et rejoints mes chères collègues de VendrediLecture, Lili et Nathalie (on en se quitte plus) pour tenir l’Assemblée Générale Constituante de l'association VendrediLecture dans un bistrot proche du salon. Nous y retrouvons les autres membres parisiens pour ce moment historique. 1h30 plus tard, c’est fait, l’association est créée ! Nous communiquerons prochainement sur le blog pour vous informer plus en détails !Nous sommes pile à l’heure pour la rencontre avec les autres bloggueurs organisée par Sophie et Kevin pour la deuxième année. Enfin pile à l’heure, pas tout à fait… J’ai quelques minutes de retard et alors que j’arrive sur le lieu de RDV, David Foenkinos le quitte et je n’ai rien trouvé de mieux à faire que de lui rentrer dedans, c’était mon émotion du jour ;)Voici enfin l'occasion de discuter plus longtemps avec , Miss Bouquin, Audrey, M. BookStory, Claire et de nouvelles têtes pendant que Lili court comme un lapin dans le salon ! J'en profite pour négocier quelques partenariats, il faut bien travailler un peu !Ultime étape, la scène numérique pour une conférence sur les innovations à venir dans les liseuses avec Sony et Booken, le tout animé par Nicolas Gary d’Actualitté.Voilà c’est fini pour cette année. J’ai vu plein de gens, et malgré les 14h passées au salon, je suis loin d’en avoir fait le tour !Prochain étape ? Espérons que ce sera les quais du polar à Lyon ce weekend !Ma récolte livresque (Cliquez sur la photo pour l'aggrandir) :

CE PRINTEMPS D’HIVER MÊLA AUX TERRES DE NOËL LA RARETÉ DE BRANCHES SANGUINES QUAND AU VALLAT DE MONTREUIL CÉDILLE ACCORDA SES TRESSES UNIES DANS LE MÊME ACCÈS PORTANT DIFFAMÉE SA SEULE ÉTOILE AU BERGEMENT DES RIVES TOITURES CONVEXES ET SIÈGES HAUTEMENT CONVOITÉS PAR LES AMBULANTS D’ICI AVEC SES MOTS NATURELS DANS LE SENS DE BRAS MUSCLÉS COMME ÉTIRANT LE PLUS FORT ET LA MUQUEUSE AVIDE A SOI DES LANGUES DE DRAP PARMI DES MOTTES DE CIEL NOCTURNE NOMBREUSES FOIS COLLÉES AUX JOUES PASSAIT PAR LES OUIES BLANCHES DES TULLES UN SILENCE HATÉ VERS L’OUVERTURE OÙ NOUS SOMMES ENTRÉS DANS L’ÉTAT DU NOMBRE UNIQUE AUX CORPS INTERNES AUX ORGANES DITS DE VOIX DE VOYELLE AFIN D’ALLÉGER NOS PUDEURS ET LES SÉQUELLES DU VOYAGE CREUSÉ DANS NOS VEINES UN SANG DE HALEUR TIRA DES PASSEMENTS ÉQUITABLES POUR TOUS ET PRIT L’HEURE AU MEILLEUR DE SA SAISON.

***

Je marche.

J’ai de tout temps conçu mes moindres reculades. La vie d’épis de blé aux fenaisons violentes ; mes amis partagés, ici comme ailleurs, à l’aune des paroles intimes. Leurs voix que je pressens ce soir comme mauvais un talus au bord du chemin et qui me devancent et se ferment sous les pas. Un livre parachevé d’accords approximatifs, de mots halés sur le pont avec un courage de noyé.
Je marche aujourd’hui pour reconnaître ; pour lire au dos des feuilles ce qu’elles savent de l’hiver, à leurs nervures tièdes, leur sagacité d’arbre aux pendus, dans ce qu’elles ont gardé du métier d’écorce.
Parfois je marche dans la nuit. Plusieurs lumières atteintes en direction des faubourgs, encore violettes sous les candélabres Dervaux, qui dessinent de fortes contusions sur le chemin plus avant.
De mémoire, je marche depuis toujours vers cette ville invisible. Je n’ai trouvé jusque là que gîtes détestables, et des hommes sans ombres, plus surs que des saisons.

PATRICE CAZELLES

Patrice Cazelles. Poète et performeur, il associe la poésie aux pratiques sonores et à l’oralité. Il fait des lectures publiques à voix dilatée et avec accompagnement d’objets sonores. Il dirige des Ateliers de Création Poétique pour enfants et auprès des publics écartés (Halte Fontenaysienne).
Publications: Matière/Manière : 2010. Hélices Poésie Edition
www.myspace.com/lemurdufond
www.helices.fr

D'un seul coup d'œil, le toit envisage les forces
et les faiblesses du terrain qui se présente à lui

Tous ces cris éteints au-dessous:
la terre contrôle tout
Elle n'est jamais muette, plus d'un million d'années
prend une seule de ses paroles
et la conserve bien au chaud

Où gisent nos connaissances
détachées du monde ?
Se sont-elles perdues?
Où vivent nos enfants ?
Ensevelis sous un drap moelleux de syllabes -

Tous vont et viennent du même sang de la nuit
aux soleils c'est le choix du dieu
C’est le dieu qui distribue
le piment rouge de la parole

Et le visage des anciens,
imprimé sur les toits, au-dessus des manguiers, trace
des lignes de splendide consolation
pour la colombe à queue noire, le chevalier solitaire,
et autres survivants clandestins

Emmanuel Berland http://www.helices.fr

Emmanuel Berland est un poète français né en 1957 à Nogent-sur-Marne. Auteur de nombreux recueils, il anime la revue Esprits poétiques ainsi que le groupe de lecture Poètes ensemble pour le collectif Hélices poésie qu'il a fondée en 1993. Emmanuel Berland est également auteur-compositeur-interprète.
• Nu et son fantôme, Hélices, 2006.
• Ecorce visionnaire, Donner à voir, 2009.
• Dans la cabane du philosophe, L'Harmattan, 2009.
• L'Utopie des oiseaux, L'Harmattan, 2010.

Dignes paupières s'ouvrent des fleurs au bout des planches
Se lèvent comme la scène sur le feu
De la fureur dans la poussière
De la joie écrasée dans le creux des poings
Pas de trêve pas de costume
Ca vient du ventre et des absences
De l’éclosion et du manque de pain
Ca passe par les larmes et par la pluie des miroirs
Ceux qui réfléchissent et ceux qui se brisent
C’est toi c’est elle c’est lui
Du bassin minier de Gafsa à Sidi Bouzid
de la place de la Kasbah à la place Tahrir
L'heure de la maturité spontanée
L’heure du tout à venir
Où les souks et les rues boivent le désespoir des Mohammed Bouazizi
C'est assez tournent et tournent et tournent de Pékin à Lhassa
Des femmes de la place de Mai aux femmes de Téhéran
Les murmures qui deviennent des cris puis des rires
Les yeux au sortir des cavernes
La voix intime du contre-ordre
Bouffez-en jusqu'aux racines
Des œillets des roses des tulipes du cèdre et du jasmin
Le raphia des portables et des navigateurs
De loin en loin forme ses bouquets

Christophe Forgeot http://www.helices.fr

Christophe Forgeot est né en 1966. Comédien professionnel de 1989 à 1994, il est aujourd’hui responsable de formation dans un centre d’insertion sociale et professionnelle.
Il est l’auteur de plusieurs pièces de théâtre et de recueils de poèmes.
• Le Carquois des résistances, Encres Vives, 2007.
• Murmures d'Eros, Ed. Wallâda, coll. Le Voile d'or, 2008.
"Porte de la paix intérieure", L'Harmattan, coll. Témoignages poétiques, 2009.

Mon ventre de terre
Et de feu ma mémoire
D'herbe et de sève mon sang
De sel et d'eau tous mes os
Toute ma chair tous
S'unissent le soir en un seul
Souffle en un seul chant
Pour que chaque matin
Voit ton regard sur chaque chose

Mon ventre de terre
Et de feu ma mémoire
Pour que ta voix vibre
De cet air que tu sais
Pour que tes lèvres pour
Que tes mains
S'unissent le soir en un seul
Souffle un seul chant
Que ton sourire soit ce refrain:

Mon égarée ma belle
Je te porte sans promesse
Sur mes épaules de neige
Puissance de la vague qui
Bientôt renversera la barque

" Unité 14 " , l'Harmattan, 2010.

LAURENCE BOUVET

La bio : Laurence Bouvet est née à Saint-Mandé dans le Val-de-Marne en 1966, mais c’est bien plutôt Charenton, où elle vécut vingt-cinq ans, qui reste pour elle ce temps précieux de l’enfance et celui de la naissance de l’écriture. Psychologue de formation et psychanalyste, elle considère qu’écrire est d’une certaine manière oser traverser le miroir des évidences, le poème sur la page n’étant que le prétexte à l’avènement d’un autre poème, celui à naître en l’esprit de chacun. Poète de l’intime, elle explore les arcanes de l’âme mue par un désir de vérité et taraudée par une question au cœur de son art poétique : que peuvent atteindre les mots des raisons qui font de l’être un être « humain » et plus encore un « être pour la mort ». Sans désespérer jamais, elle penche sans choir vers les limites incertaines entre la réalité et la perte de celle-ci, consciente que ce vacillement subjectif caractérise le processus même de l’écriture.
Ses influences et références : Yves Bonnefoy, René Char, Henri Michaux, Antonin Artaud, Mallarmé, Camille Claudel, Gilles Deleuze, Chloé Delaume…

Sous le couchant
un cours d'eau qui meurt.
Jusqu'à demain...

Entre les lèvres
d'un muguet... serait-ce le sang
ou les larmes de lune ?

Plus de route. Soleil
fardeau d'ailes sur mes épaules
pour un vol coupé.

Froid au cœur bruit sec
vieux pont cassé ou mes os

qui craquent sous un toit ?

Intact retrouvé
son carnet de poèmes.
Lui... dissout dedans.

Délogés des stades
jetés sur des routes de boue
brèves semences humaines.

Quelque part ailleurs
pleurs d'hirondelles au printemps
retour incertain...

**

Leila

Elle vient du désert je le sais
d’après son front lisse ses regards apaisés
ses lèvres charnus léchées
par le sable
elle a la peau de cendre sèche
les mains tranquilles ramassées sur son ventre
vide de tout désir
c’est une anachorète
elle a tout vu tout vécu
y a renoncé
elle s’est marié au néant
s’est laissée immoler
ce n’est qu’une petite fille
elle porte cent ans dans ses regards
mille sur ses épaules
droites
elle a la couleur du ronce
la douceur de la pierre
l’ouïe du vent s’engouffrant dans les dunes
elle se tient sur le quai du métro
immobile
comme un arbre pétrifié
ce n’est que moi qui devine
l’inondation future
qu’engendra son amour ou sa haine
elle-même ne le sait pas
mais l’attend
comme elle attend le métro
sans pensées

DANA SHISHMANIAN

Née en Roumanie, diplômée de l'Université de Bucarest avec une maîtrise en littérature comparée, Dana Shishmanian vit et travaille en France depuis 28 ans.

Membre de l'association de poésie Hélices, elle a débuté dans la revue sur le net Le Capital des Mots d’Éric Dubois et publié aussi dans Comme en poésie, Arpa, Décharge, Esprits poétiques (Hélices), sur le site et dans l’anthologie Francopolis 2008-2009, dans l’anthologie Flammes vives 2010 et 2011, dans RAL,M (Le Chasseur Abstrait éditeur), et dans Les cahiers du sens 2010.

Un premier recueil, sélection, due à Emmanuel Berland, d’un volume plus
ample intitulé Exercices de résurrection, est paru en octobre 2008 dans la
collection « Poètes Ensemble » d’Hélices (www.helices.fr)