La fille aux mains magiques

Pour une rentrée enivrante, embarquez avec La fille à la moto d'Oji Suzuki édité par Atrabile.

Ce recueil regroupe des courts récits de ce disciple de Yoshiaru Tsuge qui devint rapidement une figure phare de la revue Garo au cours des années 70. Ces histoires exhalent ainsi un esprit libertaire caractéristique de son temps autant à travers une pléiade de personnages marginaux que dans l'exploration de scénarios destructurés.

L'auteur met en scène des artistes fauchés, androïdes éperdus ou jeunes adultes désoeuvrés et tout aussi désargentés, autant de protagonistes qui se lisent comme des doubles fictionnels de l'auteur (certains prennent ostensiblement ses traits) qui composent un portrait saisissant d'une jeunesse nipponne un peu perdue, presque déracinée au sein d'une société dans laquelle elle ne se reconnaît pas.

Ce souffle de liberté resplendit dans ces séquences qui semblent désorganisées, où la succession des anecdotes ne suit pas nécessairement un déroulé logique mais davantage une entropie sensible. On
retrouve beaucoup de l'esprit de la Beat Generation évidemment et en particulier du lyrisme de la prose spontanée développée par Kerouac et que l'auteur semble ici adopter dans ces planches en grande partie improvisées.

La fille à la moto est un très bel album, qui pourrait paraitre deroutant au premier abord mais qui se révèle vite fascinant, lunaire et aérien : une bouffée de poésie soutenue par des planches pleines de vie.

Comme chaque année, c'est l'heure de la migration pour tous les oiseaux. Rouge-Bec s'apprête à faire sa première traversée. S'ouvre alors à lui un monde merveilleux et insolite : une grande forêt moins tranquille qu'il n'y paraît, un potager au sous-sol incroyable, une usine des plus poétiques, une grande ville pas si urbaine que ça, une banquise à croquer, une jungle finalement très civilisée…

emporte petits et grands dans un monde magique : de beaux dessins faits tout de rouge sous lesquels se devinent quelques traits bleus. Et quand on sort la loupe jointe au livre, tout un univers aux nombreux petits détails se dévoile à nous. Un magnifique paon caché dans le feuillage d'un arbre. Des saucisses-carottes dans le potager. Une fourmilière aux activités les plus saugrenues sous une simple motte de terre. Des nuages et des oiseaux qui sortent tout droit des cheminées d'une usine. Une girafe-grue ou un crocodile-escalier dans les buildings d'une grande ville. Une banquise faite de cornets de glace et d'eskimos, pour le plus grand bonheur des pieuvres et des baleines. Une horloge dans un palmier tropical…

Grâce à une simple loupe rouge et au talent d'Agathe Demois et Vincent Godeau, un univers fantaisiste et poétique prend forme par petites touches sous le regard curieux et amusé du lecteur. Des heures de découvertes loufoques en perspective.

Accessible dès 3 ans, cet ouvrage, qui prend forme avec la participation de l'enfant, a de quoi séduire et susciter la curiosité.

Dessinés par , diplômée de l'école Emile Cohl, les vont progressivement se révéler à l'enfant au fur et à mesure des gommettes autocollantes qu'il va placer en veillant à respecter les consignes de couleurs, elles-mêmes représentées à l'aide de chiffres  (de 1 à 10) que le jeune lecteur est censé connaître.

Plus de 1000 gommettes pour révéler tantôt une tortue, tantôt un chat, un alligator, un koala ou une baleine et reconnaître ensuite l'environnement dans lequel ils évoluent. Chaque planche est présentée sous la forme d'une devinette  (Qui suis-je ?) et voit sa réponse apparaître à mesure que les gommettes  viennent compléter les grilles blanches.

De quoi occuper votre enfant en développant son autonomie, son habileté et sa précision. Les gommettes sont faciles à détacher et d'une taille adaptée à l'âge de l'enfant et ne devraient  provoquer ni agacement ou énervement à se détacher ou à se coller ; d'autant plus, qu'en cas d'erreur, il semble possible de les retirer pour les remettre ailleurs ensuite (mais pas trop souvent quand même !).

Dans la même série, Châteaux et dragons, du même auteur et pour les enfants à partir de 6 ans,Yassine, l'illustrateur, propose des planches plus grandes à réaliser avec plus de 2000 gommettes, révélatrices cette fois-ci de monstres farfelus et de héros rigolos facilement indentifiables.

A réserver pour les longues soirées d'hiver où les vacances à venir…

Phoolan Devî est née en 1963 en Inde. Issue d'une basse caste, mariée de force à 16 ans, elle commet l'impensable : quitter le domicile conjuguale. Révoltée par la situation sociale en Inde, elle prendra les armes, devenant ainsi "Reine des bandits" puis avec le concours d'Indira Gandhi, elle se repentira et continuera la lutte en tant que députée avant d'être assassinée en 2001. Voici une partie de son histoire ...

en adaptant le récit de la vie de Phoolan Devî et de ses jeunes années, rend cette histoire singulière accessible au jeune public. Ainsi, elle s'attache à la personnalité de cette adolescente en proie à la révolte et à l'incompréhension face à la situation des basses castes en Inde. Humiliations, pauvreté extrême, craintes permanentes du pouvoir des puissants, travail épuisant constituent le quotidien de sa famille. Elle se fera donc bandit et vengera les siens ! Touchante de naîveté mais aussi de détermination, Devî prend corps sous la plume de l'auteur et nous passionne tout au long de ce qui s'avère être une sorte de parcours initiatique.

Document sur l'Histoire de l'Inde qui ne manquera pas d'éveiller la curiosité des plus jeunes, Devî, bandit aux yeux de filles est aussi un roman d'aventure où s'enchainent cambriolages, kidnapping et jeu de cache-cache entre la police et les bandits.

Une héroïne atypique au centre d'un roman qui mêlent émotion, action et documentaire : le pari est réussit.

Coline se rêve illustratrice depuis son Périgord, en manque d’inspiration elle tombe sur les photographies de Marley, une Française installée à Montréal. Malgré le 6 000 km de distance et le décalage horaire, les deux jeunes femmes tissent rapidement des liens troublant à travers leurs écrans.

Un roman graphique à quatre mains où le quotidien monochrome de Coline réponds à celui tout en couleur de Marley. Loin de toute mièvrerie, c’est un album très actuel et touchant sur les rencontres et les relations à l’heure du numérique.

Un récit plein de douceur, de sensibilité et d’espoir.

J'avais parlé ici il y a quelques semaines de La Place d'Annie Ernaux. Autre autrice qui se raconte, autre récit d'un deuil, L'année de la pensée magique de Joan Didion.

L'écriture pour tenter de comprendre, d'analyser ses réactions, d'expliquer peut-être un comportement face à la perte de son époux, John Gregory Dunne, auteur également. Vieux réflexe de journaliste que Didion mobilise ici comme une protection, sans doute.

Quelque chose à quoi se raccrocher... Malgré l'aspect personnel évident, je me suis investi sans retenue dans la lecture. Le texte est paru chez Grasset dans une traduction de Pierre Demarty.

Une maison aux milles détours, un complot royal, une addict à la lecture et un apprenti magicien étourdi... Un dernier tome tout aussi loufoque et rythmé que les deux premiers.

À dévorer d'urgence!!

Une mère malade, une grand-mère tordue, une vie de chien, Tom pensait être tranquille : avec tout ça, normalement, il ne devait pas avoir trop de soucis, c'est statistique ! Mais il faut croire que ce n'est pas assez ! Voilà qu'une faille s'est ouverte dans la cave de sa grand-mère… et une fille bizarre lui parle au travers ! Tom traverse donc cette faille et est aussitôt transporté dans un monde parallèle, dans un Londres qui appartient au passé, peuplé de créatures étranges. Tom fait la connaissance d'une enfant fée, d'une femme gorille, d'un homme élastique, et d'autres phénomènes de foires du siècle passé. Et tous attendent de lui qu'il récupère le corps de leur ami, le Géant, des déterreurs de cadavres. Mais, rapidement, Tom se rend compte que ce n'est pas seulement le corps d'un géant mort que les criminels veulent récupérer…

À mi-chemin entre le fantastique et l'horreur, est le deuxième roman de Julie Hearn à être publié en français. Très original et bizarre, ce livre vous donne des frissons dans le dos… Si vous voulez un conseil : ne le lisez pas la nuit, où vous risquez d'entendre comme des craquements dans les murs…

Myriam Midy

Ce cout roman à destination de jeunes adolescents met en scène Léo, lycéen et son père,  Pierre, journaliste sportif et veuf. Ils forment un duo plutôt uni, très complice depuis la disparition  de la mère-épouse. Le cinéma est leur grande passion et les soirées DVD-pizza agrémentent leur quotidien. Pas de tension apparente entre les deux hommes mais une grande confiance mutuelle et beaucoup de respect.

Jusqu'au jour où le père s'absente un soir en précisant qu'il a un travail à terminer avec son collègue et qu'Hervé, le collègue appelle au domicile, surpris de ne pas y trouver Pierre. Ce mensonge est vécu par Léo comme une douloureuse trahison et l'amène à sur les sorties de son père de plus en plus régulières le soir.

En fait, Pierre a rencontré Marianne, une jeune femme à peine plus âgée que Léo et cette relation n'est pas du goût du jeune homme qui va tout faire pour qu'elle capote rapidement. « Je devrais être heureux pour mon père, mais quelque chose m'en empêche et plus le temps passe, plus ça m'énerve. »

A travers toute une série d'événements, Léo met au point un plan assez perfide pour éloigner définitivement Marianne de son père et utilise pour cela, une nouvelle amie du lycée, Nadia. « Si je ne fais rien, Marianne va détruire notre vie et rendre mon père malheureux, je suis obligé d'agir…éjecter la mante religieuse. »

Toutes les déductions qui structurent sa démarche sont décrites assez longuement et freinent un peu le rythme initial du roman, pour aboutir, au final, à une petite catastrophe et pas mal de souffrances. Chaque personnage est éprouvé et aucun ne sort vraiment vainqueur de ce complot.

La personnalité de Marianne ne semble pas tout à fait correspondre à l'image que Léo s'en était faite mais rien ne vient vraiment affirmer qu'elle est une jeune femme sincère à l'égard de Pierre.

Bref, une fin un peu expéditive, qui n'apporte pas vraiment de conclusions claires, reste assez ambigüe, inconfortable pour un lecteur qui chercherait une moralité au récit, certaines valeurs à mettre en évidence. « Les gens ne changent pas ? Peut être que non, effectivement, mais en fin de compte on n'en sait rien. »

Cependant, l'ensemble est plutôt bien écrit  et la lecture reste distrayante,  agréable, notamment grâce à un ton juste, des dialogues vivants et un style simple, sans artifice.