C'est un pavé construit en millefeuille nous propose pour cette rentrée littéraire. Ce livre boulimique, entre comédie et conte philosophique, met en scène une multitude de personnages qui se croisent, s'attirent et se rejettent. Ils habitent tous la place d'Arezzo à l'instar des perroquets, perruches et autres aras qui peuplent le roman.
Ce décor bruxellois n'est pas issu de l'imagination de l'auteur. Cette place, comme les oiseaux qui y ont élu domicile après le départ en catastrophe d'un ambassadeur sud-américain, existe bel et bien.
Au démarrage du roman, une étrange petite lettre jaune arrive dans les boîtes aux lettres des habitants du quartier. « Ce mot, simplement pour te signaler que je t'aime. Signé : tu sais qui. » Au rythme d'un personnage par chapitre, le défilé commence.
Vieille fille, célibataire endurci, hétéro, homo, bi ou trans, il y a de la place pour tous et toutes. Et chacun appréhende ce courrier plus ou moins bien selon sa disponibilité à la vie et à l'amour. La joie, le dépit, l'exaspération ou l'allégresse se succèdent au fil des pages, avec en toile de fond, l'homme et sa condition.
Et toujours, la vie reprend ses droits et impose aux habitants de la place d'Arezzo l'ironie du destin.
« Un livre, ça doit faire du bien ! », dixit l'auteur. Et si ce dernier nous entraîne dans les joies simples des uns ou les tourments existentiels des autres, c'est toujours avec beaucoup de bienveillance. Il n'est pas de bons ou de méchants. On reprochera cependant à l'auteur ce trop-plein de personnages qui, au fil des pages, perdent en authenticité.
Leur description est manichéenne, trop convenue, jusqu'au dit Zachary Biderman, plus que largement inspiré de Dominique Strauss Kahn et de ses déboires.
Mais le pari est réussi, la lecture de cet ouvrage nous enchaîne, la dernière page nous libère... un peu abruptement quand même !