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Varlam Chalamov

Extraits

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Critique

Le semeur d'yeux. Sentiers de Varlam Chalamov

Ce livre est le fruit d'une longue expérience : celle de la lecture de Varlam Chalamov, écrivain majeur du XXe siècle qui fut aussi témoin d'une de ses réalités les plus sombres : le Goulag. Témoignage ? Oeuvre d'art ? Chalamov semble répondre par une formule fulgurante : " Ce qui devient grand dans l'art c'est ce qui, au fond, pourrait se passer d'art. " Saisir un tel acte de création dans son émergence est l'ambition de cet ouvrage qui n'élude pas la dimension subjective des interprétations proposées. Les " clefs " offertes par Chalamov n'ouvrent pas tout, pas tout de suite. Aussi cette lecture suit-elle les sentiers tortueux par lesquels l'oeuvre s'est construite. Elle épouse les détours, les va-et-vient d'une pensée à la chronologie bouleversée, au gré d'une mémoire fragmentée, censurée ; celle des camps.

02/2022

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Poésie

Cahiers de la Kolyma et autres poèmes

"De 1937 à 1956, je vécus dans les camps et en exil. Les conditions du grand Nord excluent la possibilité décrire et de conserver des récits et des poèmes - à supposer qu'on veuille le faire. Quatre ans durant je n'ai eu ni livres ni journaux. Ensuite il s'est trouvé que de temps en temps on pouvait écrire et garder des poèmes. Beaucoup de ce qui fut écrit - une centaine de poèmes - a disparu à jamais. Quelque chose cependant a été sauvegardé. En 1949, travaillant comme aide-médecin dans un camp, je me trouvai en "mission forestière" et pendant tout mon temps libre j'écrivais : sur les revers et les pages de garde de pharmacopées, sur des feuilles de papier d'emballage, sur des sachets. En 1951, je n'étais plus détenu mais je ne pus quitter la zone de la Kolyma. Je travaillai comme aide-médecin près de Oimiakon en amont de l'Indighirka ; il faisait très froid et j'écrivais jour et nuit dans des cahiers de fortune. En 1953, je quittai la Kolyma et m'établis dans la région de Kalinine près dune entreprise de tourbe. J'y travaillai deux ans et demi comme agent d'approvisionnement technique. Les exploitations de tourbe avec leurs saisonniers, les tourbiers, étaient des endroits où le paysan devenait ouvrier. Ce n'était pas sans intérêt mais je n'avais pas le temps. J'avais quarante-cinq ans, je cherchais à devancer le temps et j écrivais jour et nuit vers et récits. Je craignais chaque jour que mes forces ne m'abandonnent et de ne plus écrire une ligne et de ne pouvoir plus écrire tout ce que je voulais." Varlam Chalamov

11/2016

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Littérature étrangère

Essais sur le monde du crime

"Il est impossible de comprendre les camps sans une idée exacte de ce qu'est le monde du crime. Ce sont les truands qui donnent aux lieux de détention leur visage, le ton de la vie que tous y mènent, depuis les fonctionnaires les plus haut placés jusqu'aux travailleurs affamés des mines d'or". Enfermer les criminels de droit commun, idéologiquement purs, avec les ennemis de classe qu'étaient les prisonniers politiques, utiliser les truands pour exterminer les intellectuels, telle fut la politique du pouvoir soviétique dès le début des années 30. Comme tous ceux qui ont connu les camps staliniens, Chalamov a gardé un terrible souvenir du monde de la pègre, dont il étudie ici les traditions, les moeurs, les rites et le langage.

12/1993

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Littérature étrangère

La quatrième Vologda. Souvenirs

Ce récit autobiographique est consacré à Vologda, la ville natale de Chalamov. Avant de devenir une étape pour les détenus à destinations des îles Solovki, elle fut pendant des siècles, à l'époque tsariste, un lieu de relégation de nombreuses figures de l'opposition - ce qui a fortement contribué à créer le climat culturel et moral si particulier à cette ville du Grand Nord. Chalamov y décrit la vie de sa famille, avant, pendant et après la révolution. Il fait le portrait de son père - prêtre orthodoxe qui avait exercé son ministères sur les îles Aléoutiennes avant de venir se fixer à Vologda - dont la personnalité a marqué l'enfant qu'il fut. Il évoque sa mère, ses frères et sœurs, son existence d'écolier, ses lectures et ses découvertes. On y voit grandir l'écrivain, on découvre ses héros, ses passions, ses rêves. La Quatrième Vologda est un ouvrage capital pour comprendre Chalamov, la façon dont se sont forgés son caractère, sa conception du monde et son destin, c'est un témoignage riche et émouvant.

10/2008

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Littérature russe

Souvenirs de la Kolyma

«?En quelle langue parler au lecteur???» Souvenirs de la Kolyma est un cycle de textes écrits par Varlam Chalamov dans les années soixante-dix, soit une vingtaine d’années après sa libération des camps et son retour. Ils sont complétés par des évocations de ses contemporains, écrivains ou poètes, comme Pasternak, ainsi que par une étrange liste de 1961 qui énumère avec une sécheresse poignante ce qu’il a «?vu et compris dans les camps?». Ces souvenirs, comme les Récits de la Kolyma, transmettent la réalité par fragments et s’interrogent avant tout sur ce que peut la langue et ce qu’est la mémoire. «?J’essaierai de restituer la suite de mes sensations – je ne vois que ce moyen de préserver l’authenticité de la narration. Tout le reste (pensées, paroles, descriptions de paysages, citations, raisonnements, scènes de la vie courante) ne sera pas suffisamment vrai. Et pourtant je voudrais que ce soit la vérité de ce jour-là, la vérité d’il y a vingt ans, et non la vérité de mon actuelle appréhension du monde?». Avec Souvenirs de la Kolyma, la collection «?Slovo?» poursuit le travail d’édition complète des œuvres en prose de Varlam Chalamov, auteur fondamental du vingtième siècle, désormais reconnu comme un des grands écrivains non seulement de l’histoire des camps, mais surtout de la littérature mondiale.

02/2022

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Littérature étrangère

Tout ou rien. Cahier 1 : L'écriture

"L'art tel que je le comprends est antilittéraire", il ne permet pas, selon Chalamov, qu'on le sépare de la "vie vivante" et son enjeu est simple : tout ou rien. Rédigées entre 1960 et 1970, ces notes au ton âpre et véhément attestent un souci unique : rechercher la valeur, le sens de l'écriture dans un siècle qui inventa la forme la plus élaborée et la plus parfaitement funeste de l'enfermement : le camp. Chalamov arracha à la longue expérience qu'il en fit les Récits de Kolyma. Ils n'ont pas été écrits pour témoigner, affirme-t-il ici, mais, témoignant, ils ont révélé une oeuvre originale. Le mérite de ces lignes qui racontent le métier d'écrire, mettent à nu les impulsions, les modalités, les processus de sa création, ne tient pas dans la volonté de celui qui les trace d'élaborer une théorie de l'écriture. Ce sont simplement des repères, des branches fermement plantées dans la neige pour ne pas perdre le chemin. Ces signes en bord de route marquent le territoire d'une question : y a-t-il aujourd'hui, en terre russe, une humanité possible ? Quelle est la légitimité, le pouvoir de l'écriture, et quelle écriture ? On lira ces lignes comme la trace éparse mais fervente et obstinée de cette quête.

09/1993

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Poches Littérature internation

Récits de la Kolyma

Une Divine comédie moderne ne saurait être autre chose qu'un document : tel est le constat que l'on trouve au fondement du témoignage de Varlam Chalamov. Le choix des treize récits qu'offre la présente édition, treize séquences parmi les plus intenses de ce parcours de 17 ans dans les camps de la Kolyma, vise ainsi, outre la mise en lumière d'aspects essentiels de l'univers concentrationnaire, le maintien de la richesse du tracé poétique. S'il a fallu, en prélevant ces extraits, renoncer à les organiser en recueils, leur échelonnement dans le temps, de 1956 à 1972, reflet de la construction voulue par l'écrivain, atteste de la progression du projet testimonial et littéraire - depuis la capture et la fixation par écrit d'instants de la détention donnés à voir dans leur violence immédiate jusqu'à une interrogation essentielle : est-il possible de faire oeuvre sur les ruines du sens après que l'expérience totalement négative du Goulag a détruit les cadres mêmes de la mise en récit ?

06/2013

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Critique littéraire

Correspondance avec Alexandre Soljenitsyne et Nadejda Mandelstam

Libéré en 1951 après avoir traversé l'expérience des camps les plus durs du stalinisme (notamment les terribles gisements d'or de la Kolyma), Chalamov entreprend avec une ardeur farouche de renouer — à travers son oeuvre, mais aussi grâce à une foisonnante correspondance — les liens rompus avec la vie et la création. L'interlocuteur privilégié est d'abord Alexandre Soljenitsyne. Chalamov confronte, avec celui qui défia aux yeux du monde le système communiste, sa vision de l'internement concentrationnaire. Il rend hommage à Une journée d'Ivan Denissovitch qui vient alors de paraître, mais il n'en dispute pas moins avec son auteur de tous les détails qui font la force, la vérité du témoignage et la nouveauté d'une écriture. Jugeant cette terrible traversée comme un temps absolument funeste, il définit ce que signifie dès lors à ses yeux écrire sur les camps et fait ainsi apparaître, entre lui et le grand prophète slavophile, une fracture qui est encore aujourd'hui au coeur d'une vive polémique. Dans ses échanges avec Nadejda Mandelstam (la compagne fidèle du grand poète), Chalamov exprime son enthousiasme pour son livre Contre tout espoir, large fresque parcourant le monde artistique du XXe siècle russe. Ainsi naît une grande amitié, dont témoignent ces lettres. Quelques envois à des amis du camp viennent compléter le volume.

04/2019

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Littérature étrangère

Récits de Kolyma

Ce recueil regroupe trois séries de récits qui relatent l'internement de Varlam Chalamov dans les mines d'or de Kolyma-Magadan en Sibérie. Ces récits parvinrent clandestinement à Maurice Nadeau sous forme de micro-films. Il les publia pour la première fois en France en 1969, du vivant de son auteur, dans sa collection des Lettres Nouvelles. Plus de cinquante ans après le choc de ces révélations sur l'enfer du Goulag, l'oeuvre de Varlam Chalamov, décédé en 1982, demeure un des meilleurs témoignages de l'univers concentrationnaire stalinien. Varlam Chalamov, né à Vologda en 1907, accusé d'activités contre-révolutionnaires trotskystes, a passé dix-sept ans de sa vie dans les camps, de 1937 à 1954. Ce premier choix des Récits de Kolyma fut traduit du russe par Katia Kerel et Jean-Jacques Marie, onze ans avant des publications plus complètes chez d'autres éditeurs. Le choc que provoquèrent ces textes hallucinants fut immédiat.

10/2023

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Littérature française

Varlam

Lors du tournage d'un documentaire sur les camps du Goulag de la Kolyma, région de la Sibérie orientale que les Russes appellent " l'enfer blanc ", l'auteur fait la rencontre inattendue d'un chat abandonné, transi de faim et de froid. Il décide de le sauver et le baptise Varlam, en hommage au grand écrivain Chalamov, rescapé des camps et auteur des Récits de la Kolyma. Avec lui, de Iakoutsk à Magadan en passant par la " route des ossements ", il va parcourir la Sibérie, filmant les vestiges des camps, recueillant le témoignage des survivants, remontant le temps de la période stalinienne jusqu'à la fermeture du Goulag en 1956, trois ans après la mort du dictateur. Dans ce road-book polaire, Michaël Prazan nous propose une mosaïque de séquences mémorables, évoquant un des chapitres les plus sombres de l'Histoire de la Russie.

03/2023

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Littérature française

Les larmes de Chalamov

Chalamov accomplit en écriture un voyage au bout de sa nuit et de celle de ses contemporains. [...] Les Récits de la Kolyma opèrent comme oeuvre de résistance à la désintégration de l'humain. Chalamov : corps usé et blessures à l'âme - "l'âme", un mot qui revient souvent sous son crayon, une âme libre. Chalamov, ni dieu, ni maître, ne s'est plus rallié à aucun mouvement. C'est sous cet éclairage que s'est produite ma rencontre avec ses textes qui, au bout du voyage, disent la victoire d'un homme bon sur les forces tentaculaires du Mal. G. B.

04/2023

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Littérature étrangère

Correspondance avec Boris Pasternak et souvenirs

""La poésie... Je la considère depuis toujours comme la conversation que l'homme tient avec l'univers dans une sorte de troisième langage qu'ils comprennent l'un et l'autre, bien que leurs langues maternelles soient différentes". C'est en tant que poète que Chalamov, le futur auteur des Récits de Kolyma, prend un jour la plume pour écrire à Pasternak. Il n'est alors qu'un inconnu sortant à peine de l'enfer des camps, mais il brûle de renaître, d'écrire, de créer. Ainsi débute une correspondance qui durera quatre ans, entrecoupée d'entrevues racontées par Chalamov dans les Souvenirs. Quatre années charnières non seulement pour lui, qui sera enfin réhabilité en 1956, mais aussi pour Pasternak, plongé dans la rédaction du Docteur Jivago, et pour le pays entier, secoué par les premiers remous du dégel qui suivit la mort de Staline en 1953". Sophie Benech.

12/1991

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Poches Littérature internation

Légendes de la rue Potapov

La rue Potapov, à Moscou : c'est l'adresse de l'appartement où Irina, petite fille de neuf ans a pour la première fois vu la silhouette du poète Boris Pasternak, lié à sa mère Olga Ivinskaïa par le grand amour que le monde entier allait découvrir en lisant Le Docteur Jivago. Irina croisera d'autres figures légendaires : l'opiniâtre Ariadna Efron, la fille de Marina Tsvetaeva, survivante de quinze ans de camp après son retour d'émigration ; l'écrivain Varlam Chalamov, dont les Récits de la Kolyma ont gravé à jamais dans la prose russe toute l'horreur glacée de l'enfer sibérien. Autant de légendes qui s'ordonnent autour de celle du grand Boris Pasternak à qui les unit une admiration et une commune ferveur.

06/2020

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Sociologie

Communications N° 71 : Le parti pris du document. Littérature, photographie, cinéma et architecture au XXème siècle

Jean-François Chevrier, Philippe Roussin Présentation Daniel Baric Joseph Roth et l'art du reportage Joseph Roth Pour en finir avec la " Nouvelle Objectivité " Jean François Chevrier Walker Evans et la question du sujet Philippe Roussin Orwell, l'anti-utopie de l'homme ordinaire Leonid Heller Remarques sur la littérature factographique en Russie Varlam Chalamov Le gant Sarah Sékaly Bienvenue au pays de Wiseman ! Sophie Bruneau A propos de Frederick Wiseman Jean Paul Colleyn Petites remarques sur les moments documentaires d'un grand pays Sandra Alvarez de Toledo Pédagogie poétique de Fernand Deligny Fernand Deligny Acheminement vers l'image Marc Pataut Procédures et forme documentaire, sculpture et langue Gilles Saussier Situations du reportage, actualité d'une alternative documentaire Howard S. Becker Sociologie visuelle, photographie documentaire et photojournalisme Amos Gitai Histoires d'un cinéaste Rithy Panh La parole filmée. Pour vaincre la terreur Annick Lempérière " Moi, Rigoberta Menchú ". Témoignage d'une Indienne internationale Luc Baboulet Du document au monument

09/2001

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Littérature russe

Amour derriere les barbeles (l'). ET AUTRES RÉCITS DU GOULAG

Comme Doubar (éditions des Syrtes, 2021), ce recueil de cinq récits est consacré aux camps staliniens où l'auteur a passé quatorze ans de sa vie (1938-1952). Rescapé de cet " Etat dans l'Etat " que fut la Kolyma concentrationnaire, " pôle de férocité " du Goulag selon l'expression d'Alexandre Soljenitsyne, Demidov en a expérimenté et observé le fonctionnement dans ses infimes détails. Varlam Chalamov, qui l'a côtoyé dans les camps, disait de lui que c'était l'homme le plus intelligent et le plus intègre qu'il ait rencontré : Demidov avait su résister à la corruption que le Goulag imposait à ses victimes, ce qui fait de lui un témoin fiable et impartial, dont les oeuvres ont une valeur à la fois historique et littéraire. Les personnages de Demidov illustrent toutes les facettes de la vie concentrationnaire. Malgré la dureté déshumanisante de la routine des camps, ils connaissent des sentiments forts, notamment l'amour. A travers cette mise en scène de l'extraordinaire, Demidov parvient à dire la terrible " banalité " du Goulag.

10/2022

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Techniques artistiques

Petites plantes à crocheter. 25 tuto pour réaliser plantes grasses et cactus au crochet

Des cactus à crocheter pour une déco qui ne meurt jamais ! Vous rêvez de plantes dans votre maison, mais vous n'avez pas la main verte ? Alors, à votre crochet pour confectionner ces adorables petits cactus et plantes grasses ! Saguaro, Cactus cierge géant, Echeveria, Aloe Vera, Cactus de Noël... vous trouverez forcément votre bonheur parmi les 25 modèles de ce livre. Avec les explications illustrées des points utilisés et les techniques pour crocheter vos propres pots de fleurs.

06/2019

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Histoire de France

Caulaincourt. Diplomate de Napoléon

C'est par ces mots qu'Armand de Caulaincourt, duc de Vicence (1773-1827), conclut ses célèbres Mémoires et fait le bilan de ses années aux côtés de Napoléon. Officier de cavalerie originaire de la noblesse picarde, Caulaincourt est nommé grand écuyer de l'Empire en 1804. Napoléon le destine pourtant à une carrière de diplomate. Envoyé comme ambassadeur à Saint-Pétersbourg, il défend avec ferveur l'alliance franco-russe et s'oppose à la campagne de Russie. En vain. Confirmant ses prédictions, le désastre de la Bérézina en 1812 apparaît comme le fondement de son rôle politique durant les dernières années de l'Empire. Devenu pour l'opinion "l'homme de la paix" et nommé à la tête du ministère des Relations extérieures, il traite avec les coalisés lors des congrès de Prague (1813) et de Châtillon (1814), avant de négocier l'abdication de Napoléon. A travers le parcours de Caulaincourt, c'est le tableau de toute la diplomatie française de la fin de l'Empire que dépeint ici Olivier Varlan, des jeux d'influence aux confidences de l'Empereur.

06/2018

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Littérature étrangère

L'exil éternel. Une traversée du Goulag

Pour le conservateur du musée de l'association Mémorial à Moscou, ce " récit au regard perçant " est l'un des meilleures livres jamais écrits sur le goulag. Pendant plus de trente ans, ces pages saisissantes reposèrent dans un tiroir. Il fallut attendre 1989 pour voir ce récit imprimé par une petite maison d'édition autrichienne, à titre posthume. C'est un chef-d'oeuvre qui sort aujourd'hui de l'oubli. Issue de l'aristocratie autrichienne, Angela Rohr parcourt l'Europe du début du XXe siècle et fréquente les milieux littéraires, scientifiques et politiques : les expressionnistes, les dadaïstes, Freud, Brecht, Rilke... Elle s'essaie à l'écriture, étudie la médecine à Paris, à Berlin et à Vienne, s'initie à la psychanalyse. Avec son mari, elle rejoint l'URSS avec ferveur pour participer à la construction de la "société nouvelle" . Après l'invasion de l'Union soviétique par la Wehrmacht en 1941, ils sont arrêtés parce qu'ils sont autrichiens. Son mari disparaît et Angela est condamnée à cinq ans de Goulag. A l'issue de sa peine, elle est assignée à la relégation définitive, l' "exil éternel" . C'est seulement après la mort de Staline qu'elle peut rentrer à Moscou, en 1957. Elle meurt en 1985, dans la misère, sans savoir que son oeuvre survivra. L'auteure, qui a passé seize années au Goulag, n'explique pas. Elle décrit, dans un style dépouillé, sans artifices ni fioritures, avec une apparente froideur et parfois même quelques pointes d'ironie. C'est d'autant plus bouleversant. Avec son récit au scalpel sur l'humanité broyée par la folie concentrationnaire, Angela Rohr prend place aux côtés des grands témoins du Goulag, Alexandre Soljénitsyne, Evguénia Guinzbourg ou Varlam Chalamov.

02/2019

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Russie

Voyage au pays des Ze-Ka suivi de Le Chemin vers l’Occident

Les Ze-Ka ou Zeks (abréviation écrite sous la forme "z/k" de "zaklioutchonny kanaloarmeets") ce sont les "détenus-combattants du canal" , ces esclaves d'un des grands chantiers soviétiques du début des années 1930, le canal mer Blanche-Baltique. Le terme désigne par la suite tout détenu des camps du Goulag. Comme l'écrit Julius Margolin : "Le pays des Ze-Ka ne figure sur aucune carte soviétique et ne se trouve dans aucun atlas. C'est le seul pays au monde où il n'y a aucune discussion sur l'URSS, aucune illusion et aucune aberration". Enfin publié par nos soins dans son intégralité en 2010, sous son titre original, le Voyage au pays des Ze-Ka est l'un des plus bouleversants témoignages jamais écrits sur le Goulag. Le livre était précédemment paru, abrégé, en France en 1949 sous le titre La Condition inhumaine, bien avant les chefs-d'oeuvre de Soljénitsyne et de Chalamov. Cet hallucinant récit de cinq années passées dans les camps soviétiques ne le cède en rien à ceux de ses célèbres successeurs, ni pour la qualité littéraire, ni pour l'acuité de pensée et la hauteur de vue avec lesquelles l'auteur s'efforce de donner un sens à son expérience, aux limites de l'humain. "Il est absurde et incompréhensible qu'un livre de l'importance de Voyage au pays des Ze-Ka, [... ], n'ait jusqu'ici jamais pu figurer à sa place dans les bibliothèques : aux côtés de Si c'est un homme, de Primo Levi et des Récits de la Kolyma, de Varlam Chalamov (entre autres, mais avant tout) ; autrement dit, aux limites et au coeur de ce que la littérature peut révéler de l'espèce humaine" , écrivait dans Libération, Philippe Lançon au moment de sa parution. Douze ans plus tard, notre seul best-seller est devenu un classique de la littérature sur les camps, il a été traduit chez de grands éditeurs en Allemagne, en Pologne, et aux Etats-Unis (préfacé par l'auteur de Terres de sang, Timothy Snyder). Dans sa présentation du livre, en 2010, Luba Jurgenson écrivait : "Margolin fut témoin de cette page de l'histoire encore insuffisamment connue en France qui fait suite au pacte Molotov-Ribbentrop, à savoir la répression soviétique contre les citoyens polonais affluant massivement de la Pologne occidentale et, plus généralement, le nettoyage des confins pratiqué dès le début de l'occupation soviétique sur les territoires destinés à faire partie de l'URSS. Ces purges, qui visaient à la russification des populations, devaient assurer en premier lieu la destruction des élites et des institutions démocratiques, étape déjà réalisée partout ailleurs en Union soviétique". La Russie de Poutine, en se livrant à nouveau à ce qui s>apparente au "nettoyage des confins" de sinistre mémoire, s'est hélas chargée de rendre au Voyage au pays des Ze-Ka une brûlante actualité, et il était donc urgent de rééditer dans une collection de grande diffusion. Pour cette réédition, le livre est augmenté des neuf chapitres dans lesquels, sous le titre "Le chemin vers l'Occident" , l'auteur relate son retour en Palestine depuis Slavgorod, en Asie centrale, où Margolin s'était rendu à sa sortie du goulag, jusqu'à son embarquement à Marseille, en passant par la Pologne où il retourne à Lódz, où il marche au milieu des ombres de ses concitoyens juifs disparus "comme un somnambule" . Et des repères cartographiques qui permettent de suivre ses tribulations.

11/2022

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Revues Poésie

L' ÉTRANGÈRE N°59. Revue de création et d’essai

Nous retrouvons dans ce numéro de L'étrangère des suite poétiques, celle Michael Palmer, poète américain contemporain dont l'importance fait l'objet d'une reconnaissance de plus en plus manifeste, lequel propose une suite chargée d'impressions centrées sur la lumière et ses ombres, déclinées sous ses multiples manifestations. Nous avons sollicité des textes de plusieurs jeunes auteurs(es) afin de rejoindre au plus près ce qui est vécu du monde tel qu'il s'offre de nos jours, pour dire à la fois son éclatement, afin de mieux faire entrer la poésie dans les débats auxquels nous ne pouvons pas nous dérober, laquelle transcende par l'articulation des différentes dimensions expressives sur lesquelles elle se fonde : de Mathieu Nuss à Adèle Nègre et Alexis Audren, de Myette Ronday à Denis Ferdinande et Guillaume Artous-Bouvet, ou encore ces poésies de Fanny Lambert et d'Isabel Guerrero. Cette dernière nous offre des textes qui sont ses toutes premières publications. Les héritages poétiques des uns et des autres, si différents soient-ils, marquent des convergences de sensibilités, une attention àl'époque et les figures sous lesquelles elle se décline. Une attention à l'inscription de la poésie, ou encore, en textes portés par une prose poétique, peut prendre la forme d'une pièce dramatique. C'est ce que nous propose ici Henri-Pierre Jeudy, confronté à la réalité rugueuse de la vie qui est aussi l'exigence de confronter la mort dont la parole ici donne lieu à un dialogue soutenu par cette volonté de vérité. Le volume de clôt avec un essai de Claude Le Manchec consacré au poète André du Bouchet, dans la perspective où celui-ci fut et est resté jusqu'à la fin de sa vie très proche et très sensible autant qu'attentif aux oeuvres d'Ossip Mandelstam comme de Varlam Chalamov, et de bien d'autres. Pierre-Yves Soucy : Ouverture : Retour sur le réel et sur ce qui se dérobe ; Michael Palmer : Mouvements ténus / Light Moves ; Henri-Pierre Jeudy : Palinodie ; Fanny Lambert : Rondements ; Alexis Audren : sauf le sauvage ; Isabel Guerrero : lucide wild ; Mathieu Nuss : Abois ; Adèle Nègre : Volées, feuillets très concrets, défets ; Denis Ferdinande : Divers plateaux ; Myette Ronday : Légers ressacs ; Guillaume Artous-Bouvet : Sel du sel (extrait) ; Claude Le Manchec : Le silence d'André du Bouchet.

10/2023

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Romans, témoignages & Co

Lumière. Le voyage de Svetlana, Edition collector

Hantée par la dernière volonté de sa mère adoptive, Svetlana quitte le Paris des Lumières pour rejoindre la Russie des tsars. Au cours de ce voyage, elle rencontre des êtres mystérieux, Varlaam et Mira, et se découvre d'étonnants pouvoirs... Pour accepter sa véritable identité, Svetlana doit affronter sa part d'ombre. Et qui, de Boris l'officier d'élite, ou d'Aliocha, le paysan rebelle, l'aidera à se révéler à elle-même ?

11/2021

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Littérature russe

Théorie du monologue

Né à Moscou le 29 août 1938, Vladimir Kazakov a eu une vie aventureuse. Il termine le lycée en 1955. Fréquente une école militaire d'où il est expulsé en 1956. Il entre ensuite à l'Université, d'où il est à nouveau expulsé en 1958. Pendant les quatre années suivantes, il travaille à Kolyma, au nord-est de la Russie connu pour son goulag et ceux qui s'y sont retrouvés, à l'instar de Varlam Chalamov... Il est tour à tour orpailleur, bûcheron, enseignant chez les nomades tchouktches, charpentier, soutier, marin, etc. De retour à Moscou, il erre un certain temps dans les rues. Devient joueur de cartes professionnel... En 1965, il commence à écrire ; l'année suivante, il fait la connaissance du poète avant-gardiste Andreï Kroutchenykh, lequel aura sur lui une influence incontestable. C'est alors qu'il se consacre entièrement à l'écriture (poésie, prose, théâtre). Il meurt à Moscou en 1988. Ses écrits paraissent clandestinement (samizdat), avant de circuler, à partir de 1971, en Occident, et tout particulièrement en Allemagne. "Théorie du monologue" paraît en 1982 (in le recueil "Vie de la prose", dans une édition allemande de langue russe comprenant des proses de la première moitié des années 1970... L'oeuvre de Vladimir Kazakov poursuit à sa manière les efforts artistiquesdes futuristes et des Obérious. Il est notamment à rapprocher de Alexandre Vvedensky, mais aussi, pour une certaine mise en scène de l'intime comme dans ce texte, de Guennadi Aïgui et de Sasha Sokolov dans son obsession narrative... "Théorie du monologue" peut d'abord surprendre par son titre en rapport à son contenu : 35 lettres d'amour adressées à une femme, entre décembre 1973 et juin 1974, sans que ses réponses à elle nous soient données. D'où toutefois l'indication que ce titre nous convie de recevoir, grave et ironique. Cependant qu'à lire ces lettres une à une, nous devons bien comprendre que réponses et lettres de la part d'Irina, la femme aimée, lui ont bien été transmises. Cependant encore il se pourrait qu'il se le soit imaginé... Livre d'amour alors, et amour que l'on aurait à juste titre droit de qualifier, tout comme chez Breton, de "fou" . Folie paraissant se préciser au fur et à mesure des lettres à la croisée des mots, à compter qu'il n'y a pas de véritable amour qui ne le soit pas, "fou" en miroir de ce que de l'être aimé nous recevons, toutes choses mises en rapport selon une synesthésie (dans des "lignes" de pluie, des rayons de lumière...) qui l'amplifie. C'est que ce livre démontre (et démonte) en ces lettres un rapport qui ne se peut théorisé que sous une forme inattendue à laquelle Vladimir Kazakov, coutumier des déplacements, se prête, traversant l'angoisse.

06/2022

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Psychologie, psychanalyse

La résistance de l'humain

Les régimes totalitaires et leurs excroissances logiques, le Lager et le Goulag, ont révélé que la civilisation peut s'écrouler jusque dans sa fonction la plus élémentaire : celle du rempart de l'individu contre le règne du meurtre. Ainsi, l'homme peut cesser d'être un homme à lui-même et à l'autre. Mais la littérature concentrationnaire a révélé le contraire, l'existence d'un roc indestructible de la réalité humaine et dont l'ensemble humain, " l'être psychique collectif ", la Kulturarbeit, est garant. V. Chalamov disait des Récits de la Kolyma : " Et ma prose fixe ce rien d'humain qui demeure dans l'homme dans cet état. " Plus rien d'humain ne demeure et un rien demeure qui est le plus humain. C'est à ce rien qui demeure et aux processus psychiques inconscients qui le gardent que sont consacrés les articles réunis.

03/1999

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Histoire internationale

Entre asile et exil. Sur la Russie de Brejnev à Poutine, Edition revue et augmentée

Né en Bosnie-Herzégovine d'un père russe et d'une mère croate. Predrag: Matvejevitch est l'un des plus éminents essayistes du monde slave. Après la chute du mur de Berlin, il s'est opposé aux "démocratures" balkaniques et a quitté l'ex-Yougoslavie, prenant position "entre asile et exil". Il a cherché à rejoindre par sa "poétique de l'événement" la démarche des formalistes russes interrompue lots des répressions staliniennes, avant de devenir, par ses différents écrits sur la Méditerranée, un maître incontesté en géopoétique. Ses lettres ouvertes, écrites à la suite de ses voyages en Union soviétique dans les années 1970 et 1980, puis en Russie dans les années 1990, niellent en scène une ample galerie de personnages connus, bourreaux et victimes: de Boukharine à Trotski, (le Brejnev à Poutine, de Chalamov à Boulgakov, Joseph Brodsky, Boulai Okoudjav a et tant d'autres. L'ensemble compose une sorte de Bildungsroman épistolaire qui s'inscrit au sein de la tradition inaugurée dans la littérature russe par un Herzen ou un Gogol, et poursuivie par un Tolstoï ou un Chklovski.

11/2008

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Littérature étrangère

Sibérienne

Au début des années quatre-vingt, un apparatchik de La Havane, cherchant à surprendre ses collègues de Moscou, a soudain une idée qui lui semble fort originale : si les Russes ont été capables d'envoyer un homme dans l'espace, eux, les Cubains, vont expédier un Noir en Sibérie. Voici comment le jeune journaliste Barbaro Valdés quitte un jour son île tropicale et se retrouve, une semaine plus tard, par - 50°, aux confins de la taïga. Il est censé écrire une série d'articles sur les vastes projets de développement entrepris par le grand frère soviétique dans cette partie de la planète. Mais très vite, la couleur des yeux de son interprète, la belle Nadejda Chalamov, l'intéresse plus que les pipe-lines et les chemins de fer qu'on lui montre. Pour gagner l'amour de cette femme - un amour aussi intense que le paysage sibérien -, Barbaro ira bien au-delà des frontières idéologiques, culturelles, et jusqu'au bout de lui-même : au milieu des plaines infinies, il sera le fils noir du soleil des Caraïbes qui s'attache à jamais au cœur blanc de la neige.

10/2003

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Récits de voyage

Hourra l'Oural encore

L'hiver en train, l'été en car, Bernard Chambaz a parcouru l'Oural, territoire méconnu, frontière entre l'Europe et l'Asie. Un voyage qui doit à son amour de la Russie et de son peuple, à l'emprise du sentiment géographique, mais aussi à la puissance des livres. Parmi eux, il y a le recueil d'Aragon, Hourra l'Oural, l'ombre de Pasternak et du docteur Jivago, les fantômes de Chalamov et du goulag. On vérifiera avec l'auteur que, si l'on a pu évoquer la fin de l'homme rouge, l'Homo sovieticus tend à devenir pour les jeunes générations un objet de folklore. Dans ce récit de voyage peu ordinaire, on croisera des météorites, on suivra une enquête sur la disparition étrange de géologues il y a cinquante ans, on découvrira un jeune Eltsine explorateur téméraire, on visitera le camp de Perm-36 et les monastères de Verkhotourié, on sillonnera Ekaterinbourg sur les traces des Romanov, on découvrira Tcheliabinsk et son formidable musée des tracteurs, on apercevra de loin la centrale nucléaire interdite de Majak, on arpentera le tout récent site archéologique d'Arkhaïm avant d'admirer sous un ciel gris et déjà froid la modernité de la capitale bachkire.

08/2020

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Psychologie, psychanalyse

Nouvelle revue de psychanalyse N° 43 printemps 1991 : L'excès

Dominique Clerc Maugendre, L'excessive nature du transfert Edmundo Gómez Mango, Un amour sans remède Corinne Enaudeau, «D'un ton trop élevé...»Maurice Olender, Priape à tort et de travers Francois Lecercle, Une côte en trop Michel Jeanneret, Débordements rabelaisiens Daniel Arasse, Piero di Cosimo, l'excentrique des origines Françoise Coblence, L'être hors de soi Jacques André, La petite mort de Sardanapale Lore Schacht, Un enfant excessivement doué pour le calcul Martine Bacherich, Quand l'analyste a trop d'esprit Evelyne Séchaud, Mots d'amour Viviane Abel Prot, Brève note clinique sur un long sommeil Robert Stoller, X SM Sylvie Le Poulichet, Se faire un corps étranger Jean Starobinski, Quali eccessi Catherine Lépront, Trop de notes Jean-Claude Arfouilloux, Mille e tre Marc Le Bot, Des bonheurs d'écriture Document avec et sur Bruno Bettelheim : David James Fisher, Le suicide d'un survivant David James Fisher - Bruno Bettelheim, L'ultime conversation François Gantheret, L'accusation Varia, XV : Alain Boureau, Note pour introduire l'idée de lecture négative Michel Neyraut, L'oiseau aux ailes d'or Pierre Pachet, La colère de Chalamov Michel Gribinski, Finis terrae Aline Petitier, Note sur Balzac visionnaire Laurence Kahn, Le vrai seigneur de l'enthousiasme.

04/1991

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Poésie

L'heure de la nuit

Christiane Pighetti a traduit des poèmes de Chalamov, Essenine, Mandelstam et le poème fondateur de la nation russe écrit au XIIe siècle, La Geste du Prince Igor (collection Minos). Il était naturel qu'elle veuille se confronter au prince des poètes russes, Alexandre Pouchkine (1799-1837). Après une vie de désordres, après les clubs révolutionnaires, les innombrables duels, les écrits séditieux et tout ce qui lui valut l'exil de ses jeunes années, c'est-à-dire, l'assignation à résidence hors de la capitale sous Alexandre 1er, Pouchkine, en dépit du succès foudroyant de ses premières œuvres,  lance le jour de son 29e anniversaire : « Vie, don inutile, don fortuit / à quoi bon m'es-tu donnée ». La conscience, le remords et la conviction intime de son iniquité, hantent l'œuvre des dernières années. Il se sent poursuivi par un homme noir, menacé par un malheur qu'il ne peut ni éviter ni prévoir. Lecteur assidu de la Bible à laquelle, en filigrane, il fait partout référence, il a la conviction que l'inspiration est authentique révélation et, jusqu'à la veille de sa mort, souligne le caractère sacré de l'œuvre poétique. Les poèmes publiés en version bilingue sont extraits de l'ensemble de son œuvre et illustrés de croquis souvent plein d'humour de l'auteur.

12/2016

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Littérature étrangère

Dans l'empire des ténèbres

Fuling (Sichuan), 3 juin 1989. Dans la nuit, en sueur, en transe, inspiré comme un prophète, Liao Yiwu écrit un long poème qu'il intitule "Massacre". Huit heures plus tard, à Pékin, la révolte des étudiants est matée dans le m sang et niée par un long mensonge : il ne s'est rien passé place Tian'anmen. "Massacre", le premier témoignage littéraire sur ce crime d'Etat, est enregistré, filmé, il circule. Arrêté par la police à un arrêt de bus, accusé de complot manipulé de l'étranger, Liao Yiwu est condamné à quatre ans de laogai, le bagne chinois. Là, il découvre la torture, la terreur, les horreurs de l'humiliation et de la délation, mais aussi le peuple chinois, et sa propre capacité de compassion. Dans cette somme qui fait de lui l'égal du Dostoïevski des Souvenirs de la maison des morts, du Soljenitsyne de L'Archipel du Goulag, du Chalamov des Récits de la Kolyma, Liao Yiwu livre sa devise : "Il y a sur cette terre des fléaux et des victimes. J'ai décidé de me mettre du côté des victimes, en toutes occasions, pour limiter les dégâts." Les autorités chinoises ont tenté par tous les moyens d'empêcher la parution de Dans l'empire des ténèbres à l'étranger. S'il nous manquait une raison de nous plonger dans sa lecture, âpre mais ponctuée d'éclats de rire victorieux, la voilà fournie sur un plateau.

10/2019

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Histoire internationale

La lanterne magique de Molotov. Voyage à travers l'histoire de la Russie

Du temps où elle vivait à Moscou, Rachel Polonsky a habité dans une résidence qui, sous les tsars puis les Soviets, était réservée aux plus éminents serviteurs de l'Etat. Bien avant elle, Viatcheslav Molotov, bras droit de Staline, avait vécu entre ces murs. S'aventurant dans l'ancien appartement de l'apparatchik, Rachel Polonsky y découvre sa bibliothèque. Celle-ci révèle un bibliophile fervent. Molotov avait lu tous les classiques et possédait de nombreuses éditions originales, pour certaines dédicacées par des écrivains qu'il a plus tard envoyés au goulag. Chaque livre trouvé par Rachel Polonsky sur les étagères devient une invitation à un voyage à travers la Russie et son histoire. Elle part ainsi à la recherche des endroits associés aux écrivains présents dans la bibliothèque mais aussi aux membres de l'élite qui ont vécu dans l'immeuble de Molotov. Commencé comme une pérégrination sur les traces de Pouchkine dans les rues autour du Kremlin, entre les églises, et les vestiges laissés par les familles aristocratiques, son voyage l'amène ensuite dans les villages de datchas, sur les rives du Don et en Sibérie, depuis le cercle arctique jusqu'à l'Extrême-Orient. De Taganrog à Arkhangelsk, entre Chalamov et Dostoïevski, Rachel Polonsky rencontre dans ces pages le passé d'un pays ravagé par les guerres, les famines, les génocides et le totalitarisme, mais finalement sauvé par ses écrivains. Invitation au voyage immobile, ode à l'âme russe, célébration de la littérature, La lanterne magique de Molotov recèle la poésie de ces livres dont on ne sort jamais tout à fait.

09/2012