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Maurice Blanchot

Extraits

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Critique littéraire

Maurice Blanchot. Partenaire invisible

Disons-le simplement: Maurice Blanchot, né en 1907, est l'un des plus grands, l'un des plus rares écrivains du vingtième siècle. Affirmation que ce siècle s'est trop souvent employé à traduire en légende - ou en procès. Selon l'inévidence de mythologies tenaces, Blanchot aurait été le grand absent, le fantôme invisible, l'auteur illisible d'une œuvre tout abstraite, un homme littérairement terrifiant, politiquement impur. Nul mieux que lui, pourtant, n'aura interrogé ce qu'il en est de la présence, de la visibilité, de la lisibilité, de la vitalité, de la culpabilité et de la possibilité de l'écrivain. Par ce travail, par ce combat, Blanchot aura fasciné et exalté les plus grands créateurs contemporains de formes et de pensées (de formes de pensées), à commencer par ses deux amis les plus intimes, Emmanuel Levinas et Georges Bataille. A son tour il reviendra à cet essai d'interroger la présence, la visibilité, la lisibilité, la vitalité, la culpabilité et la possibilité du biographique, dans une vie et dans une œuvre, dans une vie faite œuvre, une vie soutenue des affrontements les plus extrêmes avec la mort. Cette vie à l'œuvre s'adresse d'abord à notre savoir: que pouvons-nous en penser ensemble - et jusqu'où? Elle s'adresse ensuite à notre responsabilité: quelle forme d'attention et de discrétion requiert-elle, quelle sensibilité infinie à la limite du témoignage impossible impose-t-elle? Ecrire ce mouvement incessant de l'écriture à la vie, de la vie à l'écriture, à la place du tiers, dans l'attention toujours portée au nom de l'autre, suivant ici le mouvement qui, par la littérature et dans l'amitié de Robert Antelme, fait advenir la responsabilité à elle-même, la soumet à une reconnaissance illimitée tel est au moins, de cette biographie, l'essai.

10/2008

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Critique littéraire

Maurice Blanchot - Johannes Hübner. Correspondance

Ce recueil rassemble les échanges de Maurice Blanchot avec Johannes Hübner, l'un de ses traducteurs vers l'allemand. On peut y suivre le dialogue entre ces deux intellectuels particulièrement centré sur la traduction de L'Attente l'oubli, texte paru en 1962 aux éditions Gallimard et en allemand en 1964. Ces propos aux accents philologiques sont régulièrement ponctués de considérations sur l'évolution politique des années 1960, entre la fin de la guerre d'Algérie et la venue au gouvernement du général de Gaulle que Blanchot a rejeté avec une virulence extrême, l'actualité de la guerre du Vietnam et les événements de mai 1968. Présentation et appareil critique d'Eric Hoppenot et Philippe Mesnard, tous deux spécialistes de l'oeuvre et de la pensée de Maurice Blanchot.

09/2014

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Critique littéraire

MAURICE BLANCHOT. La solitude habitée

Il est aujourd'hui indispensable de connaître les idées de ceux - critiques, essayistes, linguistes, philosophes et écrivains - sur qui s'appuient les lectures modernes des œuvres littéraires. La collection Référence se propose de faciliter l'accès à leur pensée : - en la replaçant dans son contexte ; - en regroupant autour des mots clés les concepts principaux ; - en dégageant son actualité.

06/1997

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Critique littéraire

Maurice Blanchot et la tradition juive

Dans l'oeuvre critique de Blanchot, l'intertexte biblique occupe une place singulière puisque "tout livre est d'essence théologique". A travers l'étude des archives de Blanchot, la présente recherche analyse la manière dont il s'approprie plusieurs intertextes de la tradition juive. Il apparaît qu'au-delà du commentaire de ces oeuvres, Blanchot gomme fréquemment les frontières entre son discours et les intertextes cités, il tend à une hétérogénéité masquée qui se réclame d'une écriture de l'anonymat. Outre cet effet d'exogreffe, la tradition juive est l'objet d'un incessant questionnement à partir duquel se constitue une véritable mythographie du juif : la naissance du langage, le sacrifice, le nomadisme, l'exil, l'exode, la révélation, l'interprétation de la loi. Par ailleurs, les derniers textes de Blanchot, particulièrement les écrits fragmentaires laissent entrevoir une pensée messianique qui subvertit radicalement notre pensée du temps.

06/2015

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Judaïsme

La question juive de Maurice Blanchot

La thèse de cet essai est que Blanchot vient à la littérature par la reconnaissance de l'étranger, et que la littérature devient progressivement, pour lui, synonyme de cette altérité fondatrice dont la judaïté constitue le site.

02/2023

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Critique littéraire

Maurice Blanchot ou l'autonomie littéraire

En conjuguant les méthodes de l'histoire littéraire, de la sociologie des champs et de l'analyse littéraire, cette étude se penche sur l'élaboration de la "posture" de Maurice Blanchot dans l'immédiat après-guerre (1944-1948). ? Le passé de Blanchot, marqué par des positions politiques d'extrême droite dans les années 1930, et dans une certaine mesure encore sous l'Occupation, le conduit à se repositionner dans le champ littéraire de la Libération, marqué par l'épuration des écrivains collaborateurs. Il élabore une "posture" de l'écrivain en retrait, qui manifeste une autonomie littéraire radicale. ? Cette posture du retrait demeure pourtant une forme de participation au monde des lettres et Blanchot se trouve amené à réélaborer ses postulats critiques ainsi que sa production littéraire proprement dite (Le très-haut, L'arrêt de mort), en interaction avec les nouvelles forces dominant les milieux littéraires à la Libération. Il est conduit à se positionner face à la nouvelle avant-garde issue de la Résistance, emmenée par Sartre et ses Temps Modernes, qui promeut le modèle de l'écrivain engagé.

03/2011

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Littérature française

Place des pensées. Sur Maurice Blanchot

"Je m'assois à la table ronde du salon. Je suis là à la demande d'Antoine Gallimard pour examiner, en compagnie de Philippe D. , les papiers d'un des écrivains qui ont le plus compté pour les écrivains de ma génération - un de ceux qui m'ont appris à lire, dès l'âge de dix-huit ans, rendant possible le fait même d'écrire, non sans que se nouât un rapport d'identification que la nature d'une certaine façon impersonnelle de son oeuvre donnait néanmoins à combattre".

01/2007

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Critique littéraire

L'oeuvre narrative de Maurice Blanchot

La lecture de l'oeuvre de Blanchot ouvre de nouvelles perspectives, de nouveaux champs de recherche échappant à des compétences strictement codifiées comme littéraires. Il s'agit d'une oeuvre qui incite à s'engager dans des voies inédites : une sorte de décloisonnement de la littérature, illustrée par son avant-dernier livre, L'écriture du désastre, qui montre que l'écriture est à la fois puissante et dérisoire. Suivant la loi du poète, nous sommes inévitablement pris au piège par l'écriture, mais cette nouvelle forme d'emprisonnement est aussi un lieu d'exil qui nous tient compagnie.

10/2015

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Philosophie

La force du dehors - Maurice Blanchot. Extériorité, limite et non-pouvoir à partir de Maurice Blanchot

Au-delà de la valeur littéraire d'une écriture, dont l'influence souterraine sur la littérature contemporaine est de plus en plus reconnue, au-delà de l'effort d'élucidation critique des essais, l'oeuvre de Maurice Blanchot, depuis Thomas l'obscur jusqu'à Discours sur la patience, ouvre une série de questions que notre époque se pose encore sous une forme confuse. Le parti pris de Blanchot pour la littérature a eu pour conséquence, voulue ou non, de constituer un dehors de l'oeuvre littéraire où, étroitement dépendant de l'écriture, s'édifiait un autre monde pour les hommes. Cet autre monde, dont nous parvient la rumeur prolixe et sourde, fût-il le produit d'une passion pour l'écriture, appartient à tous, à la communauté anonyme, mais à ce point piégé dans un rapport au langage et aux exigences dialectiques et sociales, qu'il est réduit au silence, et cela presque politiquement. C'est de ce monde recouvert que l'oeuvre de Blanchot se fait l'écho. Le dehors, le neutre, l'incessant, l'immédiat, la dissolution du présent et du sujet, l'absence de livre, ces termes n'appartiennent pas seulement à l'espace littéraire, ils commencent aussi à dessiner le monde à venir. Mais peut-être est-ce à condition d'en parler comme « parle » la littérature, que ce monde viendra au jour. Ce monde exige de nous une adhésion agissante, dont la portée est politique, et s'exprimant sous le terme de non-pouvoir.

01/1977

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Autres

Philosophie N° 151, septembre 2021 : Maurice Blanchot

Les références, parfois très allusives, de Blanchot à des auteurs comme Husserl, Heidegger, Sartre, Merleau-Ponty, Levinas et Derrida, ainsi que son approche spécifiquement littéraire de la question de la phénoménologie (de sa tâche, de ses horizons et de ses limites) laissent penser que pour Blanchot, le rapport entre phénoménologie et littérature n'est pas seulement accidentel, mais pourrait constituer une critique du projet phénoménologique ou même en ouvrir de nouvelles voies d'élaboration. En effet, le rapport de Blanchot à la phénoménologie est présent dès ses premiers ouvrages et se rapporte explicitement à la question de l'écriture. Paradoxalement, tandis que d'un côté, pour Blanchot écrire c'est se rapporter à ce qui se soustrait au domaine du sens et donc à ce qui ne peut être constitué comme phénomène, d'un autre côté, il affirme dans L'Entretien infini que l'une des caractéristiques principales de la littérature est de "poursuivre indéfiniment l'épochè, la tâche rigoureuse de suspendre et de se suspendre", et ainsi de nous rapporter à la question de la constitution du sens. Comment comprendre cette référence explicite à la méthode phénoménologique ? La radicalité de l'épochè en jeu dans la littérature, la tâche de "suspendre et de se suspendre" barre-t-elle tout accès au sens et implique-t-elle ainsi une destruction du projet phénoménologique ? Ou bien, si c'est le sens comme possibilité qui est en question avec la littérature, celle-ci n'implique-t-elle pas une autre description du projet phénoménologique et de la conscience dans son rapport au monde et au langage ? Ce dossier inclut des articles de Danielle Cohen-Levinas, Maud Hagelstein, Dorothée Legrand, Aïcha Liviana Messina, Jean-Claude Monod et Etienne Pinat, ainsi qu'une lettre inédite de Maurice Blanchot un destinataire inconnu dans laquelle il évoque son "amitié intellectuelle" pour Heidegger, qu'il qualifie principalement d'écrivain. En revenant sur la façon dont Blanchot entre en dialogue, de façon implicite ou explicite, avec les oeuvres de phénoménologues tels que Husserl et Heidegger, ce dossier explore principalement ce qui destine la phénoménologie à la question de l'écriture et à la réflexion sur la littérature.

09/2021

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Critique littéraire

Maurice Blanchot. Quiétude et inquiétude de la littérature

L'œuvre de Maurice Blanchot est difficile d'accès dans la mesure où elle met en jeu un grand nombre de notions -la patience, l'inspiration, l'absence, le neutre, la parole plurielle, le surnombre ou le fragmentaire-, visant à souligner la mort de la littérature ou, du moins, l'impossibilité radicale d'en atteindre le centre toujours éloigné. Ce bref essai tente de rendre compte des deux mouvements essentiels qui président à la constitution de l'œuvre blanchotienne : d'un côté les œuvres du ressassement et de l'étrangeté, parues principalement de 1935 à 1962, de l 'autre les textes fragmentaires parus à partir de 1962. Il s'agira par ailleurs de comprendre comment les textes critiques de Blanchot ont nourri son œuvre narrative et en quoi cette constante cohabitation a permis la naissance d'une réflexion essentielle sur la littérature.

02/1998

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Critique

A plus forte raison. Maurice Blanchot, 1940-1944

Nul n'en doute, surtout pas l'auteur de ce livre et son postfacier : Maurice Blanchot est un écrivain considérable, un penseur considérable, auquel la modernité doit beaucoup et qu'il ne s'agit d'aucune façon de réduire. Ce dont il est question dans ce livre, c'est de son passé politique lointain. Avant la guerre : c'était l'enjeu de L'Autre Blanchot (Gallimard, coll. "Tel"). Durant la guerre : c'est l'enjeu de celui-ci. Parce qu'il n'a certes pas tout dit à leur sujet, ce qu'on savait ; et parce qu'il est arrivé qu'il écrive des choses dont l'inauthenticité est maintenant démontrable. Silence, inauthenticité à quoi se reconnaît une certaine mémoire politique française, hémiplégique. A quoi ne doit pas se reconnaître sa mémoire intellectuelle, à plus forte raison quand c'est de Maurice Blanchot qu'il s'agit.

09/2021

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Critique littéraire

Maurice Blanchot, colloque de Genève. "La littérature encore une fois"

Le colloque Maurice Blanchot, "La littérature encore une fois", s'est tenu les 17, 18, 19 et 20 mai 2017, à la Comédie de Genève. Il a été organisé par les Editions Furor et par l'Association des amis de Maurice Blanchot. Aux textes des interventions rassemblées dans ce livre s'ajoutent, en aparté, un entretien avec Benoît Jacquot et des impromptus sur son film, réalisé en 1970, intitulé "Lecture du chapitre X de Thomas l'Obscur de Maurice Blanchot".

10/2017

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Littérature française

La folie du jour

"Je ne suis ni savant ni ignorant. J'ai connu des joies. C'est trop peu dire : je vis, et cette vie me fait le plaisir le plus grand. Alors, la mort ? Quand je mourrai (peut-être tout à l'heure), je connaîtrai un plaisir immense. Je ne parle pas de l'avant-goût de la mort qui est fade et souvent désagréable. Souffrir est abrutissant. Mais telle est la vérité remarquable dont je suis sûr : j'éprouve à vivre un plaisir sans limites et j'aurai à mourir une satisfaction sans limites".

06/2002

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Littérature française (poches)

Le dernier homme

Pour quelques-uns, il était d'un abord étrangement facile ; pour d'autres, environné d'une innocence merveilleusement lisse au-dehors, mais au-dedans faite de mille arêtes d'un cristal très dur, de sorte qu'à la moindre tentative d'approche, il risquait d'être déchiré par les longues et fines aiguilles de son innocence. Il était là légèrement en retrait, parlant très peu, avec des mots très pauvres et très ordinaires ; il était presque enfoncé dans le fauteuil, d'une immobilité gênante, ses grandes mains pendant, fatiguées, au bout des bras. On le regardait cependant à peine ; on se réservait de le regarder pour plus tard. Quand je me le représente ainsi : était-ce un homme brisé ? depuis toujours sur son déclin ? Qu'attendait-il ? Qu'espérait-il sauver ? Que pouvions-nous pour lui ? Pourquoi aspirer si avidement chacune de nos paroles ? Es-tu entièrement abandonné ? Ne peux-tu parler pour toi ? Devons-nous penser à ton défaut, mourir à ta place ?

11/1992

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Littérature française

Thomas l'obscur. Première version, 1941

Pourquoi rééditer aujourd'hui Thomas l'Obscur dans sa version de 1941 ? Pourquoi rééditer ce premier roman de Maurice Blanchot dans la même collection Blanche où il parut à l'origine ? Pourquoi traiter ce texte comme s'il était encore ou à nouveau un inédit ? La réponse est simple, mais ce n'est qu'une première réponse : l'édition du Thomas de 1941, ouvrage qui est considéré comme le socle de toute l'œuvre narrative ultérieure de Blanchot, est épuisée chez l'éditeur depuis plus d'un demi-siècle. Cet état de fait serait en lui-même anormal si n'avait existé dès 1950 une nouvelle version de Thomas, elle constamment rééditée. P. M.

10/2005

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Littérature française

L'amitié

Ce recueil de Maurice Blanchot contient un choix d'essais critiques très variés. La naissance de l'art, son rôle historique, son universalité et l'illusoire pérennité que les musées assureraient aux "chefs-d'oeuvre" ont inspiré à Maurice Blanchot des essais sur les grottes de Lascaux, la psychologie de l'art de Malraux, les écrits de Georges Bataille et de Georges Duthuit. Claude Lévi-Strauss, Henri Lefebvre, Dionys Masolo, Karl Marx, Trotski entraînent l'auteur vers les problèmes de l'ethnographie, du marxisme, de la littérature et de la politique. De nombreux essais sont consacrés à des oeuvres de "fiction" (Louis-René des Forêts, Pierre Klossowski, Roger Laporte, Marguerite Duras), à des autobiographies ou à des témoignages (Michel Leiris, Robert Antelme, André Gorz), à des auteurs plus que jamais contemporains (Jean Paulhan, Albert Camus). On retrouve également une des préoccupations dominantes de Blanchot, le judaïsme, par une réflexion sur des oeuvres d'Edmond Jabès, d'Emmanuel Levinas, de Martin Buber et de Franz Kafka. L'Amitié s'achève sur le souvenir, l'oubli, de la mort de Georges Bataille. L'un des centres de ce livre qui n'a pas de centre : la mise en cause de la culture et la "transgression" que ne précède, au moins dans l'espace de l'écriture, nul interdit. Ici, il faudrait prononcer encore le nom de René Char.

10/1971

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Littérature française (poches)

Celui qui ne m'accompagnait pas

" Que va-t-il donc arriver ? Ai-je vraiment eu ce désir de me dérober, de me décharger sur quelqu'un d'autre ? plutôt de dérober en moi l'inconnu, de ne pas troubler, d'effacer ses pas pour que ce qu'il a accompli s'accomplisse sans laisser de reste, de sort que cela ne s'accomplit pas pour moi qui demeure au bord, en dehors de l'événement, lequel passe sans doute avec l'éclat, le bruit et la dignité de la foudre, sans que je puisse faire plus qu'en perpétuer l'approche, en surprendre l'indécision, la maintenir, m'y maintenir sans céder. Etait-ce autrefois, là où je vivais et travaillais, dans la petite chambre en forme de guérite, en cet endroit où, déjà, comme disparu, loin de me sentir déchargé de moi, j'avais au contraire le devoir de protéger cette disparition, de persévérer en elle pour la pousser plus loin, toujours plus loin ? N'était-ce pas là-bas, dans l'extrême détresse qui n'est même pas celle de quelqu'un, que m'avait été offert le droit de parler de moi à la troisième personne ? "

09/1993

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Critique littéraire

De Kafka à Kafka

Description d'un combat est le titre du premier livre de Kafka. Combat qui n'admet ni victoire ni défaite, et cependant ne peut s'apaiser ni prendre fin. Comme si Kafka portait en lui ce bref dialogue : "De toute manière, tu es perdu. - Je dois donc cesser ? - Non, si tu cesses, tu es perdu". C'est en ce sens que parler de Kafka, c'est s'adresser à chacun de nous. C'est un tel combat que voudrait tenter de décrire ce livre, combat obscur, protégé par l'obscurité, dont on peut dire avec trop de simplicité qu'il se montre sous quatre aspects, représentés par les rapports avec le père, avec la littérature, avec le monde féminin, et ces trois formes de lutte se retraduisent plus profondément pour donner figure au combat spirituel.

03/1994

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Critique littéraire

L'espace littéraire

Le livre de Maurice Blanchot n'est pas seulement un essai d'élucidation de la création littéraire et artistique, mais encore une recherche précise de ce qui est en jeu pour l'homme d'aujourd'hui, par le fait que " quelque chose comme l'art ou la littérature existe " : descente vers la profondeur, approche de l'obscurité, expérience de la solitude et de la mort. L'auteur interroge les œuvres de Mallarmé, de Kafka, de Rilke, de Hölderlin et de bien d'autres ; il n'existe peut-être pas de méditation aussi rigoureuse, aussi riche, sur les conduites créatrices dans toute l'histoire de la critique.

09/2006

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Littérature française (poches)

L'attente, l'oubli

" Depuis quand avait-il commencé d'attendre ? Depuis qu'il s'était rendu libre pour l'attente en perdant le désir des choses particulières et jusqu'au désir de la fin des choses. L'attente commence quand il n'y a plus rien à attendre, ni même la fin de l'attente. L'attente ignore et détruit ce qu'elle attend. L'attente n'attend rien. "

06/2000

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Littérature française (poches)

Au moment voulu

" La nuit, dans le Sud, quand je me lève, je sais qu'il ne s'agit ni du proche, ni du lointain, ni d'un événement m'appartenant, ni d'une vérité capable de parler, ce n'est pas une scène, ni le commencement de quelque chose. Une image, mais vaine, un instant, mais stérile, quelqu'un pour qui je ne suis rien et qui ne m'est rien - sans lien sans début, sans but -, un point, et hors de ce point, rien dans le monde, qui ne me soit étranger. Une figure ? mais privée de nom, sans biographie, que refuse la mémoire, qui ne désire pas être racontée, qui ne veut pas survivre ; présente, mais elle n'est pas là ; absente, et cependant nullement ailleurs, ici ; vraie ? tout à fait en dehors du véritable. Si l'on dit : elle est liée à la nuit, je le nie : la nuit ne la connaît pas. Si l'on me demande : mais de quoi parlez-vous ? je réponds : alors, il n'y a personne pour me le demander ? "

11/1998

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Critique littéraire

Le livre à venir

Le secret de la littérature, la littérature comme exigence et comme sens et sa voie à venir se trouvent au centre de ces recherches. Avec un savoir passionné et anxieux, il nous est parlé de Proust, d'Artaud, de Broch, de Musil, de Henry James, de Samuel Beckett, de Mallarmé, de plusieurs autres et même de celui qui sera, un jour, le dernier écrivain. Mais peut-être, plus que des auteurs et des livres, est-il question ici du mouvement d'où viennent tous les livres et qui détient, d'une manière encore cachée, l'avenir de la communication et la communication comme avenir.

11/1986

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Critique littéraire

Traduire Kafka

J'écris maintenant à nouveau ce que j'ai entendu, ce qui m'a été confié. Pourtant cela ne m'a pas été confié comme un secret que je devrais garder, seule m'a été immédiatement confiée la voix qui a parlé, le reste n'est pas un secret, plutôt de la poussière de paille ; et ce qui s'envole de tous côtés quand le travail est fait, c'est cela qui peut être communiqué, car cela n'a pas la force de rester tranquille, dans un abandon silencieux, lorsque ce qui lui a donné la vie s'est dissipé en fumée.

04/2019

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Littérature française

L'instant de ma mort

«Je me souviens d'un jeune homme - un homme encore jeune - empêché de mourir par la mort même - et peut-être l'erreur de l'injustice. Les Alliés avaient réussi à prendre pied sur le sol français. Les Allemands, déjà vaincus, luttaient en vain avec une inutile férocité. Dans une grande maison (le Château, disait-on), on frappa à la porte plutôt timidement. Je sais que le jeune homme vint ouvrir à des hôtes qui sans doute demandaient secours. Cette fois, hurlement : «Tous dehors»»

06/2002

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Critique littéraire

L'écriture du désastre

D'une manière qui sollicite la lecture en lui demandant de se renouveler, Maurice Blanchot poursuit la «méditation» qu'il mène (et qui le conduit) depuis de nombreuses années. «L'Écriture du désastre» est peut-être une recherche de l'exigence fragmentaire qui n'est pas recherche inachevée, mais est au-delà de tout accomplissement, au-delà même de tout au-delà - recherche qui dérange tout et d'abord l'écriture, rendant celle-ci discontinue sans la rendre aphoristique, exténuée parfois, défaillante parfois, sans fin, toujours livrée à l'autre.

10/1980

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Littérature française (poches)

Le Très-Haut

Je n'étais pas seul, j'étais un homme quelconque. Cette formule, comment l'oublier ? Durant mon congé de maladie, j'allai me promener dans un quartier du centre. Quelle belle ville, me disais-je. En descendant dans le métro, je heurtais quelqu'un, qui m'interpella sur un ton brutal. Je lui criai : "Vous ne me faites pas peur." Son poing se détendit avec une rapidité fascinante, je m'écroulais à terre. Il y eut un attroupement. L'homme essaya en vain de se perdre dans la foule. Je l'entendais protester rageusement : "C'est lui qui m'a bousculé. Qu'on me fiche la paix !" Je n'avais pas de mal, mais mon chapeau avait roulé dans l'eau, je devais être blême, je tremblais. (Je relevais de maladie. On m'avait dit : pas de secousse.) Un agent sortit de la cohue et nous invita calmement à le suivre. Nous montâmes les escaliers, séparés l'un de l'autre par tout un groupe. Lui aussi était pâle et même livide. Au commissariat, sa colère éclata.

09/1988

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Littérature française

La part du feu

"Admettons que la littérature commence au moment où la littérature devient une question. Cette question ne se confond pas avec les doutes ou les scrupules de l'écrivain. S'il arrive à celui-ci de s'interroger en écrivant, cela le regarde ; qu'il soit absorbé par ce qu'il écrit et indifférent à la possibilité de l'écrire, que même il ne songe à rien, c'est son droit et c'est son bonheur. Mais ceci reste : une fois la page écrite, est présente dans cette page la question qui, peut-être à son insu, n'a cessé d'interroger l'écrivain tandis qu'il écrivait ; et maintenant, au sein de l'oeuvre, attendant l'approche d'un lecteur - de n'importe quel lecteur, profond ou vain - repose silencieusement la même interrogation, adressée au langage, derrière l'homme qui écrit et lit, par le langage devenu littérature".

09/2001

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Littérature française (poches)

Thomas l'obscur

"Thomas demeura à lire dans sa chambre. Il était assis sur une chaise de velours, les mains jointes au dessus de son front, les pouces appuyés contre la racine des cheveux, si absorbé qu'il ne faisait pas un mouvement lorsqu'on ouvrait la porte. Ceux qui entraient se penchaient sur son épaule et lisaient ces phrases : " Il descendit sur la plage : il voulait marcher. L'engourdissement gagnait après les parties superficielles les régions profondes du coeur. Encore quelques heures et il savait qu'il s'en irait doucement à un état incompréhensible sans jamais connaître le secret de sa métamorphose. Encore quelques instants et il éprouverait cette paix que donne la vie en se retirant, cette tranquillité de l'abandon au crime et à la mort. Il eut envie de s'étendre sur le sable : las et informe, il épiait le moment où allait paraître la première agonie de sa vie, un sentiment merveilleux qui doucement le délierait de ce qu'il y avait de raidi dans ses articulations et ses pensées. Il vit que tout en lui préparait le consentement : son corps commençait à se détendre ; ses mains ouvertes s'offraient au malheur ; ses yeux mi-fermés faisaient signe au destin ".

06/2006

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Critique littéraire

Ecrits politiques. 1953-1993

"Les écrits politiques de Blanchot ne font pas système, mais défendent des valeurs, ils sont essentiellement une écriture de la réaction, de l'affrontement sans jamais exposer la moindre compromission avec le pouvoir. L'écriture politique de Blanchot est toujours à penser, en ce qu'elle expose chaque fois une inquiétude éthique". Eric Hoppenot.

06/2008