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La démocratie providentielle. Essai sur l'égalité contemporaine

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Sciences politiques

La démocratie providentielle. Essai sur l'égalité contemporaine

La démocratie a posé l'universalité du principe d'égalité formelle des individus, quelles que soient par ailleurs les inégalités sociales, culturelles et autres. La démocratisation est animée par l'ambition d'assurer l'égalité réelle des citoyens. Elle s'est traduite par le développement de l'Etat-providence qui intervient toujours plus pour satisfaire les besoins économiques et sociaux des individus. Or son action est désormais paradoxale fruit du louable souci d'assurer l'universalité des droits, elle vise, par les " discriminations positives " et autres politiques de promotion spécifique, à défendre les droits particuliers de certaines catégories. L'équité se substitue à l'égalité, le multiculturalisme à l'universalité. Telle est l'épreuve particulière que traversent les démocraties occidentales, confrontées au caractère toujours plus " providentiel " de leurs sociétés : si l'égalité contemporaine tend à épuiser les formes de transcendance collective, comment peut-on continuer à " faire société " ?

03/2010

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Droit

La démocratie providentielle. Essai sur l'égalité contemporaine

La démocratie a posé l'universalité du principe d'égalité : la communauté des citoyens est régie par le principe de l'égalité formelle des individus, quelles que soient par ailleurs les inégalités sociales, culturelles et autres. La démocratisation, au contraire, est animée par l'ambition d'assurer l'égalité réelle, et non plus seulement formelle, des citoyens. La dynamique démocratique s'est donc traduite par le développement de l'Etat-providence, qui intervient toujours plus pour satisfaire les besoins économiques et sociaux des individus. Il reconnaît et assure les droits du salarié, les droits à la survie matérielle et au logement, mais également aux soins médicaux, à l'éducation ou à la culture. Or son action est désormais paradoxale : fruit du louable souci d'assurer l'universalité des droits, elle vise, par les " discriminations positives " et autres politiques de promotion spécifique, à défendre les droits particuliers de certaines catégories. Elle nourrit l'aspiration à ce que soient publiquement reconnus les droits identitaires de collectivités historiques réunies dans la même société nationale. L'équité se substitue à l'égalité, le multiculturalisme à l'universalité. Telle est l'épreuve particulière que traversent les démocraties occidentales, confrontées au caractère toujours plus " providentiel " de leurs sociétés. Comment construire une Europe politique sur l'idée et les institutions de la citoyenneté, alors que les nations européennes deviennent des démocraties providentielles ? Si l'égalité contemporaine tend à épuiser les formes de transcendance collective, qu'elles soient d'inspiration religieuse ou politique, comment peut-on continuer à " faire société " ?

02/2002

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Beaux arts

Création. Essai sur l'art contemporain

L'art contemporain suscite passion, perplexité, intérêt, mépris ou suspicion... selon les cas ; selon la manière dont " ça choque " nos identifications. Et si cet art, comme phénomène vivant, avait des enjeux essentiels, qui touchent à notre rapport au monde, aux autres, au transcendant, à la valeur, et à cette chose étrange et galvaudée qu'on appelle la création ? En fait, qu'est-ce qui spécifie l'art contemporain ? Que s'y passe-t-il pour les artistes, pour les publics ? Où en sont leurs liens complexes, qu'on dit " interactifs " ? Comment se fixe la valeur de ces œuvres singulières, qui sont souvent des cassures où éclatent jubilation et détresse, exaltation et défaite ? Que cherchent donc ces artistes sur l'arête où ils nous montrent à la fois la plénitude et l'angoisse, le désir et l'effondrement, le plaisir et son au-delà douloureux ? Comment ces narcissismes enthousiastes et blessés deviennent-ils créateurs de réalité ? Pourquoi notre idée même de l'esthétique est-elle forcément bousculée, ainsi que notre notion d'identité - dont on sait la portée subjective et planétaire ? Ce livre - le trentième de l'auteur - répond de façon nouvelle, offrant une approche inédite à ceux qui veulent plonger dans l'inconscient de l'art actuel.

10/2005

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Littérature française

Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Nouveaux essais sur la littérature contemporaine / par Ferdinand Brunetière,... Date de l'édition originale : 1895 Le présent ouvrage s'inscrit dans une politique de conservation patrimoniale des ouvrages de la littérature Française mise en place avec la BNF. HACHETTE LIVRE et la BNF proposent ainsi un catalogue de titres indisponibles, la BNF ayant numérisé ces oeuvres et HACHETTE LIVRE les imprimant à la demande. Certains de ces ouvrages reflètent des courants de pensée caractéristiques de leur époque, mais qui seraient aujourd'hui jugés condamnables. Ils n'en appartiennent pas moins à l'histoire des idées en France et sont susceptibles de présenter un intérêt scientifique ou historique. Le sens de notre démarche éditoriale consiste ainsi à permettre l'accès à ces oeuvres sans pour autant que nous en cautionnions en aucune façon le contenu.

07/2020

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Philosophie

La pensée 68. Essai sur l'anti-humanisme contemporain

Ce livre, qui fut au cœur d'une large polémique, témoigne d'un changement de génération intellectuelle. Comme le mouvement de Mai, les principaux courants de la philosophie française contemporaine s'enracinaient dans le traumatisme de l'après-guerre : puisque les valeurs occidentales n'avaient empêché ni le colonialisme ni le totalitarisme nazi, il fallait inventer un avenir tout autre que celui des sociétés libérales. Mettant en question l'humanisme et la culture démocratique, les pensées issues de Nietzsche, de Heidegger, de Marx et de Freud, dont cet essai démêle et identifie les apports chez Foucault, Derrida, Bourdieu et Lacan, occupèrent le devant de la scène. Beaucoup mesurent aujourd'hui, y compris parmi les acteurs de Mai qui s'interrogent à nouveau sur les chances de la démocratie, que la philosophie des structures et de la " mort de l'homme " est désuète. L'" affaire Heidegger " a manifesté les difficultés auxquelles se trouve confrontée la tradition antihumaniste : raison supplémentaire, et impérieuse, d'en comprendre la genèse et d'en repérer les impasses.

04/2008

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Droit

L'IGNORANCE DU PEUPLE. Essais sur la démocratie

" ... les peuples, bien qu'ignorants, sont capables de vérité... " : Machiavel. Cet essai sur la démocratie explore ce paradoxe. Il montre comment le paradoxe était constitutif de la clé antique, où il était explicitement formulé, et comment il est devenu tellement coutumier dans les démocraties libérales contemporaines, qu'il peut y être occulté : sauf lorsque la politique quotidienne le ramène au plein jour, ou quand le débat public devient suffisamment sérieux, suffisamment " politique ", pour contraindre à s'y confronter. C'est ce cheminement, discret ou éclatant mais toujours perturbateur, que l'on présente ici.

10/1998

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Droit

De la démocratie française. Essai sur le socialisme

Le socialisme s'est bâti dans l'entre-deux de la démocratie française : au jacobinisme, il emprunta une conception incarnative du politique, où l'avenir de chacun passait par l'émancipation sociale de tous les exploités ; au libéralisme, il puisa une vision représentative de la politique, où l'émancipation de tous passait par la libre expression des intérêts de chacun. Blum et Mendès France donnèrent assise à cette synthèse en distinguant la démocratie pluraliste à vivre dans le présent et la démocratie sociale à construire collectivement dans l'avenir. Pour y avoir renoncé, le socialisme français connaît la plus grave crise d'identité de son histoire, reflet de celle que traverse à sa manière la démocratie en France.

12/1993

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Sociologie

Pour une éthique parentale. Essai sur la parentalité contemporaine

Que devient la parentalité ? L'absolutisme antique du pater familial et la prééminence du mari ont fini par laisser la place à un principe d'égalité entre l'épouse et son conjoint. Qu'en est-il entre la mère et le père vivant hors mariage civil et religieux ? Les régimes juridiques de puissance paternelle ici, et d'autorité parentale là, ne peuvent suffire à réguler la famille et les relations avec l'enfant face aux mutations dans le couple et dans les rapports de responsabilité entre personnes avant autorité à divers titres. Quid de l'autorité des parents déchus de leurs droits par un juge, et de celle des parents séparés ou divorcés ? Quid des adoptants ? Quid des grands-parents ? Quid des compagnes et compagnons auprès de l'enfant de l'autre ? Quid des rapports entre toutes ces parentalité (biologique. naturelle, légitime, adoptive) ? Certains courants parlent d'" homoparentalité ". Quant à l'enfant, à quel âge et selon quelles conditions culturelles et juridiques peut-il être écouté par les éventuels représentants de l'instance parentale ? La gestion culturelle, juridique et sociale de la parentalité mobilise la santé et l'ordre publics, ainsi que le " ciel des valeurs " mis à contribution : que suppose le fait d'assumer une responsabilité parentale pour un adulte ? hauteur cherche une éthique parentale face aux désordres familiaux.

06/2005

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Sociologie

L'angélisme exterminateur. Essai sur l'ordre moral contemporain

Ordre moral, consensus obligés, préventions généralisée : telle est la charte d'une société française hantée par une véritable religion de la sécurité. Pas un jour ne se passe sans que soit annoncée quelque mesure de redressement des mœurs, de " transparence ", d' " évaluation " ou de contrôle ; pas un jour, sans que soit sollicité l'avis de quelque Sage, ou créé un nouveau Comité ; pas un jour, sans que soit ouvert le procès d'une mémoire. Cet angélisme est totalement étranger à la culture républicaine, pour laquelle la morale est affaire d'éducation et de conscience. Il dérègle les institutions, en faisant reposer la légitimité sur l'expertise, aux dépens de l'élection. Il affaiblit la Justice, en substituant la prévention à la sanction. Il insulte l'individu, en le considérant à la fois comme irresponsable et comme suspect. Il étend sur la société un contrôle social sans précédent depuis le régime de Vichy. Ce n'est pas ainsi qu'une démocratie peut survivre. Dans la crise mondiale de cette fin de siècle, refonder la doctrine occidentale de la responsabilité est une urgence absolue.

04/1995

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Esthétique

La destructivité en oeuvres. Essai sur l'art syrien contemporain

Onze oeuvres de Syrie. Oui, mais que peut l'art dans un pays détruit ? Presque rien, hélas... Cet essai se raccroche à ce presque décisif qui se refuse pourtant au rien. L'espoir révolutionnaire évanoui, le peuple vivant au milieu des décombres et hanté par les disparus, il a incombé aux artistes de penser ce monde inédit et d'esquisser l'esthétique d'un monde qui s'effondre. Assumant l'ampleur de la catastrophe, quand tout semble devenu impossible, c'est munis des outils rudimentaires du peintre, du sculpteur ou du vidéaste qu'ils ont créé de nouveaux positionnements face au destructeur et vis-à-vis de ceux sur qui s'acharne sa destruction. Dégradation chimérique, art de la contre-esquisse, art de la collapside, de la pan-obscurité, discrétion ab-cène, tragique ultime, confrontation au don et au deuil impossibles, refus de l'abjection, l'événement esthétique se constitue en événement éthique, et laisse émerger un réel qui se désidentifie de la logique destructive dominante. Dans cette traversée que propose l'ouvrage, l'art syrien contemporain devient ainsi, dix ans après le début de la révolution, de la contre-révolution et de la guerre, un lieu de réflexions philosophiques. Les cinq premières oeuvres se rapportent au destructeur tout puissant. Trois portraits du tyran indestructible sont l'occasion de penser la figure paradoxale du potentat de la fin, à la fois définitif et vain, qui ne construit pas un empire ni conduit l'histoire à cheval, mais précipite le monde vers sa disparition, et s'y précipite avec lui. Une quatrième oeuvre répond à l'impossibilité de se prémunir des objets destructifs en domestiquant les obus qui ont envahi le monde, dans une tentative d'en différer la fin. La cinquième conduit à repenser la figure impossible du sauveur dans un tel contexte. L'ouvrage s'arrête ensuite devant une seconde série de six oeuvres qui traitent du réel du point de vue de ceux qui subissent la destruction, se confrontant ainsi à l'impossibilité d'y offrir une réponse adéquate. Dans des configurations de plus en plus restreintes du monde, quelle posture peut-elle encore être créée face au supplicié, au résistant vaincu, à l'agonisant, au cadavre, à ses restes et, ultimement, au disparu ? Et ces oeuvres, que donnent-elles à penser de la destruction devenu principe généralisé, autrement dit destructivité en oeuvre ?

05/2021

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Philosophie

Les puissances de l'expérience. Essai sur l'identité contemporaine

Volume 1 : Après la perte supposée d'un " sens commun ". les héritiers des modernes se tournent vers le " monde commun ". C'est le monde partagé par ceux qui, éprouvant quelque chose, peuvent comprendre ce qu'ils éprouvent, comprenant ce qu'ils éprouvent, peuvent dire ce qu'ils comprennent et disant ce qu'ils comprennent, peuvent s'entendre sur ce qu'ils disent. Aussi, face aux verdicts fin de siècle qui martèlent notre époque comme autant de soubresauts où s'essoufflent les nostalgies du sujet, c'est plutôt dans la logique d'un verbe sécularisé que l'on s'enquiert du sens à construire. Il s'agit de la logique des procès d'entente. Du fait qu'elle mobilise les distinctions de temps, de modes, de voix, de personnes, et toute cette grammaire qui permet de communiquer par-delà les différences de langue et de culture, ce qui nous était le plus familier devient alors l'énigme : comment la grammaire est-elle possible ? Loin de tomber du ciel, elle s'enracine dans les expériences profondes au cours desquelles nos rapports au monde se sont progressivement différenciés. Jean-Marc Ferry découvre ainsi dans la préhistoire de notre aptitude à communiquer le drame fascinant des réclamations et frustrations, illusions et désillusions dont l'enchaînement définit la dialectique où chaque moment significatif d'un nouveau désenchantement marquait aussi bien la libération de cette énergie réflexive que l'on nomme " raison ". L'histoire y prend sa source. Elle se déploie comme le discours qui, à travers ses registres différents, de la narration et l'interprétation à l'argumentation et la reconstruction, élabore les compréhensions du monde où se forment nos identités. Volume 2 : La question porte ici sur les conditions réelles de la communication sociale et politique. Dans l'interdit du contact direct entre les personnes s'engendre une semiosis sociale. Elle est tissée par des régulateurs artificiels qui, tels le signe monétaire et le règlement juridique, médiatisent la reconnaissance réciproque. C'est le système. Il a remplacé, pense-t-on, la violence naturelle par une autre, car sa rationalité dure détruirait la raison molle du monde vécu dont il est pourtant issu, faisant peser une menace sur l'identité et la citoyenneté. Comment la communication peut-elle alors reconquérir sa propre essence réifiée dans l'organisation ? Comment les individus font-ils face, dans nos sociétés, à l'autonomisation des ordres différenciés, cette complexité horizontale qui définit pour le monde des personnes les ordres de la reconnaissance, où se joue notre responsabilité ? Or, en catalysant les demandes d'une responsabilité étendue aux temps jusqu'ici abandonnés à une gestion non critique des mémoires nationales, la construction de l'Europe politique invite à une réflexion fondamentale sur les relations qu'entretiennent les individus et les peuples. Entre un culturalisme pédant qui relègue les hommes au musée et un universalisme arrogant qui méprise les contextes culturels, il y a place pour considérer la situation qu'occupe chaque peuple dans une histoire de la reconnaissance. C'est cette situation morale qui doit être philosophiquement comprise et identifiée, afin d'éclairer le sens politique des relations prises entre les nations.

12/1991

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Droit

Démocratie ? Démocraties ! Les formes renouvelées de la démocratie

Il serait vain de chercher l'origine de la notion de démocratie, comme d'en proposer une seule définition, voire d'essayer d'en sérier toutes les manifestations. Sous ce terme se dessinent en réalité différentes formes d'exercice du pouvoir et donc de souveraineté du peuple, dont certaines sont plus persistantes, même si elles sont souvent renouvelées. Ainsi en est-il de la démocratie représentative, de la démocratie directe et de la démocratie participative. La première, qui constitue le modèle d'une conception universaliste, est souvent dite en crise, la deuxième est désirée mais peu appliquée, et la troisième, présentée comme un substitut ou un complément des deux autres, prendrait mieux en compte la diversité des citoyens. Nonobstant les débats, souvent d'ordre politique, sur les formes de la démocratie, il semble aujourd'hui que la notion les rassemble finalement toutes, dès lors qu'elles peuvent légitimer les institutions, les pouvoirs et les normes. Mais encore convient-il de s'assurer que la concurrence des formes n'affaiblisse pas la démocratie tout entière.

10/2019

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Ethnologie

Rétrovolutions. Essais sur les primitivismes contemporains

L’idée que l’avenir de l’humanité se trouve dans le passé et que la solution aux problèmes du présent est à chercher du côté d’une sagesse venue du fond des âges n’est pas neuve. Chaque époque a connu la tentation du primitivisme. L’incertitude idéologique actuelle lui donne toutefois une vigueur nouvelle. Le regain d’un tourisme mystique cherchant au loin, dans l’absorption ritualisée de substances hallucinogènes, les clés d’un paradis perdu, n’est qu’un aspect de cet attrait des origines. Car le primitivisme, aujourd’hui, prend trois formes : politique, anthropologique, artistique. Jean-Loup Amselle soumet ici chacune d’elles au feu de la critique. De la conception du musée du quai Branly à la référence à la « négritude » dans le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar, en passant par la promotion, en Afrique de l’Ouest comme en Amérique du Sud, d’identités et de valeurs ethniques, il montre comment États et hommes d’État font de l’authenticité et de la tradition des arguments ou des instruments de pouvoir. Il dénonce également, chez certains de ses collègues anthropologues, une conception figée des cultures exotiques, voire un fétichisme des savoirs indigènes ; comme s’il fallait renvoyer les « sauvages » hors de l’histoire pour mieux pouvoir juger la pensée occidentale. Il analyse enfin le « processus de purification culturelle de l’autre » à travers une production artistique dont l’exotisme formaté est apte à séduire un public international.Cet ouvrage argumenté, engagé, parfois ironique, prend ainsi résolument parti contre les usages contemporains du mythe primitiviste.

09/2010

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Histoire internationale

De la postcolonie. Essai sur l'imagination politique dans l'Afrique contemporaine

Désormais classique dans le monde anglophone, ce livre est une puissante contribution à la critique de la tyrannie et de l'autoritarisme, cette facette inavouée et longtemps réprimée de notre modernité tardive. Achille Mbembe interroge la manière dont les formations sociales issues de la colonisation s'efforcèrent, alors que les politiques néolibérales d'austérité accentuaient leur crise de légitimité, de forger un style de commandement hybride et baroque, marqué par la prédation des corps, une violence carnavalesque et une relation symbiotique entre dominants et dominés. A ces formations et à ce style de commandement, il donne le nom de postcolonie. Si l'anthropologie, l'histoire et la science politique y ont leur place, cette réflexion est avant tout d'ordre esthétique, car elle porte sur la stylistique du pouvoir. Elle tire son inspiration de l'écriture romanesque et de la musique africaine du dernier quart du XXe siècle. En allant à la rencontre de la création artistique et des esprits des morts, ce texte montre que dans des espaces apparemment voués au néant et à la négation gisent des possibilités insoupçonnées, celles-là mêmes qui permettent de ressusciter le langage.

02/2020

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Ouvrages généraux

De la barbarie ordinaire. Essai sur le totalitarisme contemporain

Ce livre est certes un manifeste fustigeant l'idéologie dominante de la contemporanéité comme progressisme et post-modernité. Il montre en effet en quoi cette même idéologie, alors même qu'elle veut déconstruire toutes les formes d'autorités et dénoncer toutes les formes d'enfermements totalitaires dans les préjugés idéologiques, est elle-même justement source d'un nouveau totalitarisme. C'est ainsi que, par-delà les totalitarismes nazi et stalinien, il y a paradoxalement le totalitarisme libéral. Il reste que, si ce même livre est original, c'est surtout par son analyse philosophique des deux principes du totalitarisme. Il s'agit d'une part de la pensée et d'autre part de la société. Si ces deux principes du totalitarisme relèvent par ailleurs de l'essence de l'humanité, s'ils sont par là-même, tous les deux, sources d'une barbarie très commune ou très ordinaire, cela se révèle être d'une gravité anthropologique extrême. C'est la gravité de ce défi que Guillamaud tente d'affronter et de relever. Il soutient cette gageure en exploitant des penseurs aussi différents qu'Hannah Arendt, Emmanuel Lévinas, Emile Durkheim, Karl Marx et surtout Jacques Ellul et Michel Henry.

01/2024

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Sciences politiques

La Reine du monde. Essai sur la démocratie d'opinion

L'opinion est comme la reine du monde. Le fameux mot de Pascal est plus que jamais d'actualité. Car, comme l'explique Jacques Julliard, notre époque est marquée par l'intervention permanente de l'opinion publique dans le jeu de la démocratie représentative. Référendums, sondages, influence des médias et d'Internet, manifestations : le suffrage n'est plus la seule source d'expression de la volonté populaire ; les instances représentatives sont court-circuitées ; les pouvoirs législatif et judiciaire capitulent régulièrement devant la rue. Dès lors, le diagnostic est sans appel : la France est en train de passer à l'ère de la démocratie d'opinion. Faut-il en avoir peur ? Non, répond Jacques Julliard qui, tranchant avec le discours des élites, incite au contraire les politiques à accepter le rôle de l'opinion pour mieux faire vivre la démocratie d'aujourd'hui. Tout comme le XIXe siècle a fait place au suffrage dans les affaires publiques, le XXIe siècle doit reconnaître à l'opinion la place qui est, de fait, déjà la sienne. La Reine du monde a reçu le Prix du livre politique 2008.

01/2008

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Littérature française

Une fille providentielle

Etienne Pasquinet s'accuse injustement d'avoir provoqué mort de sa mère lors de sa venue au monde. Ce sentiment culpabilité obsessionnel va s'avérer préjudiciable à sa vie coureuse, plus particulièrement sur le plan de la sexualité. Il rencontrera bien une femme qu'il finira par épouser, mais il ne parviendra jamais à l'épanouissement sexuel ni même à la plénitude sentimentale. Il va en outre traverser ces deux étapes difficiles de sa vie que vont représenter la longue lutte acharnée contre la stérilité, malheureusement vaine, et inéluctable séparation, confirmée par un divorce, qui va le précipiter dans des états délirants nécessitant deux pénibles et douloureuses hospitalisations psychiatriques. Entre-temps, une éclaircie bénéfique avait néanmoins illuminé sa vie ténébreuse : l'adoption d'une adorable petite fille d'origine sri-lankaise, prénommée Débora Chandani.

04/2006

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Ouvrages généraux

Les infortunes contemporaines de la démocratie

Que s'est-il passé depuis le tournant du siècle pour que la démocratie se voit ainsi mise en cause, tant dans les pays occidentaux que dans les cultures extérieures qui auparavant s'en réclamaient comme d'un modèle ? L'histoire tumultueuse de ce régime a-t-elle finalement eu raison de lui ? Les sortilèges mêmes de la démocratie, qui nous l'ont faite appliquer sans retenue dans tous les domaines et dans tous les territoires, l'ont-ils finalement profanée ? Peut-on vouloir la démocratie sans la liberté, et de quelle liberté s'agit-il, selon quels critères peut-on dessiner ses limites ? Faut-il voir dans les démocraties illibérales d'aujourd'hui un nouveau courant anti-moderne ? La technocratie, la gouvernance, le consensus, sont-ils des renforcements de la démocratie ou bien ses nuisances ? Peut-on imaginer des démocraties sans visions du monde, sans croyances, fondées sur le seul pragmatisme, en un mot sans pluralisme ? Avant la saison des Lumières il n'y a pas de démocratie en Europe, elle apparaît en Amérique et en Europe occidentale à partir du tournant du XVIIIe et du XIXe siècles. Le choc culturel est tel qu'il suscite l'écriture de cet ouvrage extraordinaire : La démocratie en Amérique de Tocqueville (1835). Les démocraties européennes, encore censitaires, se développent au long du XIXe siècle. Au XXe siècle, l'époque d'entre-deux guerres connaît une forte critique des démocraties parlementaires, corrompues et déliquescentes. C'est pourquoi monte une justification de la dictature et l'Europe va connaître une floraison de régimes autocratiques pendant les années 30, pendant que le totalitarisme communiste s'étend jusqu'en 1989 sous l'appellation fallacieuse de " démocratie populaire ". En 1983, lorsque Jean-François Revel publie Comment les démocraties finissent, c'est pour prédire la fin des démocraties faibles et complexées devant le totalitarisme arrogant et sans scrupule. Ces autocraties, dictatures ou totalitarismes, laissent derrière elles tant de désastres que la période suivante affiche une grande ferveur démocratique. Les années 1950-2000 sont celles pendant lesquelles il n'est pas permis de nuancer la louange de ce régime. La chute du mur de Berlin en 1989 suscite même chez nombre d'Occidentaux la certitude, présentée par Francis Fukuyama, selon laquelle la démocratie représente le régime de la " fin de l'histoire " : sans suite ni alternative possible, littéralement irremplaçable. Ce qui s'avère être un aveuglement du même ordre que ceux, idéologiques, qu'il vient remplacer. Le tournant du siècle voit les choses changer. Reproches et accusations apparaissent contre la démocratie, plus graves que celles des années 30. Et pour des raisons profondes qui tiennent au déplacement du sacré, la démocratie perd son aura. Nous en sommes là. Chantal Delsol est professeur des universités en philosophie politique, membre de l'Institut de France (Académie des Sciences Morales et Politiques), auteur de livres de philosophie, d'essais, de romans traduits en une quinzaine de langues.

02/2024

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Histoire et Philosophiesophie

La technique contre la démocratie. Essai

La science et la technique ne suscitent plus, aujourd'hui, le même enthousiasme que jadis. Pourquoi ? Nos existences seraient-elles déboussolées à force d'être révolutionnées par l'"invention permanente" ? Le progrès scientifique ne serait-il plus en mesure d'apporter des réponses aux questions que nous nous posons ? Serions nous tout simplement incapables de comprendre des avancées scientifiques de plus en plus complexes ? Une chose est sûre: démocratie participative et progrès technique ont divergé. Aujourd'hui, les citoyens que nous sommes ont l'impression de subir un progrès qu'ils ne contrôlent plus. Et cette impuissance, démontre ici Michel Claessens, paraît très difficile à corriger. Reste à savoir pourquoi. En vérité, les scientifiques eux-mêmes portent une large part de responsabilité. La nature même de leur travail, l'hyper-cloisonnement des disciplines, l'interconnexion croissante des techniques et surtout l'attitude ambiguë des chercheurs vis-à-vis de la communication publique favorisent une rupture progressive entre la science et la société. Une rupture plus lourde de conséquences qu'on ne l'imagine. En réalité, la liberté des scientifiques ne doit pas conduire ces derniers à s'affranchir d'une responsabilité sociale sans laquelle la science et la technique risquent de se fourvoyer. C'est pour une réconciliation nécessaire -urgente, même - que plaide passionnément l'auteur de ce livre.

05/1998

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Sciences politiques

Vers l'égalité ou au-delà ? Essai sur l'aube du socialisme

Comment le socialisme doit-il articuler les deux exigences qui l'ont toujours défini : "à chacun selon ses besoins" et "à chacun selon ses mérites" ? Aujourd'hui où l'objectif d'un calcul rigoureux des mérites, rebaptisé égalité des chances ou équité, est devenu non seulement la valeur dominante mais parfois la valeur unique d'un socialisme à l'agonie, il peut être opportun d'effectuer un voyage dans le temps. Et ainsi, d'observer des situations où ces deux exigences, besoin et mérite, étaient articulées bien différemment et nourrissaient alors des espoirs et des savoirs émancipateurs plus audacieux. Ce court essai propose un retour aux origines. Dans l'une de ses belles formulations, Pierre Leroux écrivait, "le socialisme paraît, et l'aube du jour c'est 1830" . Procédant ici de quelques portraits, ceux notamment de Louis Blanc et Constantin Pecqueur, de François-Vincent Raspail et de George Sand, cet essai signale comment en cette période de genèse, qui inventa même le terme de "socialisme" , l'exigence du besoin fut considérée comme rectrice. Loin d'être toutefois niée, l'exigence du mérite demeurait néanmoins auxiliaire de l'exigence du besoin. En ces temps déjà de premières déferlantes libérales, cette articulation originelle permit alors au socialisme de s'identifier d'abord, de résister ensuite et de créer enfin, tant dans le domaine des idées que dans celui des expérimentations, des voies nouvelles à l'émancipation et au progrès social, économique et politique. Cette option consistant à résolument situer le pari du socialisme au-delà de la seule égalité des chances, aussi rigoureusement définie soit-elle, mérite dès lors d'être rappelée et ruminée aujourd'hui.

01/2021

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Sociologie

Les paradoxes de la mémoire. Essai sur la condition mémorielle contemporaine

Cet essai propose de dépasser les limites sur lesquelles butent les analyses mémorielles comme l'opposition entre conflits de mémoire versus réconciliation, mémoire versus histoire, "politiques mémorielles" versus déçus des échecs de celles-ci.

10/2021

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Esthétique

L'art désenchanté. Essai sur les origines de l'esthétique contemporaine

Quelles sont les origines de l'esthétique contemporaine, les raisons qui l'ont installée si durablement dans le paysage artistique et celles qui l'ont amenée à séduire un public toujours plus nombreux ? Après avoir souligné l'incompréhension initiale du public pour cette esthétique, nous montrerons que le surgissement de mouvements artistiques comme Fluxus et, surtout, l'adoption par l'avant-garde artistique américaine de concepts de la philosophie analytique, ont été déterminants dans son avènement. L'insistance de cette nouvelle esthétique sur les objets et le langage a rencontré les fondamentaux de notre "société du spectacle". Ainsi les intérêts industriels et artistiques ont-ils fusionné en un marché global de l'esthétique qui consolide leurs intérêts communs et assure leur pérennité. Enfin, notre société individualiste a dénié aux institutions, qui traditionnellement jugeaient de la qualité de l'art, toute autorité en cette matière. L'individu est maintenant souverain juge. C'est en cédant son privilège d'unique représentant de l'esthétique postmoderne que l'art contemporain a trouvé sa rédemption aux yeux du public.

04/2021

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Philosophie

L'ERE DU VIDE. Essais sur l'individualisme contemporain

Nous vivons un nouvel air du temps. A la révolte des années d'expansion succèdent aujourd'hui l'indifférence et le narcissisme ; à la logique de l'uniformisation succèdent la déstandardisation et la séduction ; à la solennité idéologique succède la généralisation de la forme humoristique. Nouvel âge démocratique se traduisant par la réduction de la violence et l'épuisement de ce qui fait depuis un siècle figure d'avant-garde. Avec ce nouveau stade historique de l'individualisme, les sociétés démocratiques avancées sont situées dans l'âge " post-moderne ".

05/2007

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Religion

Essai sur l'Islam : entre valeurs religieuses, laïcité et démocratie

Le Prophète de l'Islam eut le privilège de créer un Etat et de le gérer pendant une décennie, tout en continuant d'avoir le bénéfice de la Révélation. De l'Etat ainsi germé, émergeront des valeurs qui n'appartiendront pas seulement au moyen-âge, mais constitueront aujourd'hui encore des référents incontournables pour une saine gestion des Etats. L'histoire ne devra jamais oublier que la première Constitution écrite pour un Etat fut celle de la Cité-Etat de Médine aux mains de Mahomet, ni oublier que les premières règles du Droit International Humanitaire -D.I.H.- firent leur apparition à l'occasion des premiers conflits armés de la nouvelle religion, gérés par le Saint Prophète.

05/2019

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Sciences politiques

De constitutionnalisme et de diversité. Essai sur la démocratie fédérale

Cet ouvrage analyse comment le constitutionnalisme et l'aménagement de la diversité influencent l'évolution des démocratie multinationales contemporaines. En nous concentrant sur les dynamiques entre le Québec et le Canada et en les comparant aux cas de la Catalogne en Espagne, de la Flandre en Belgique et du Tyrol du Sud en Italie, nous souhaitons offrir de nouvelles perspectives quant à la manière dont les systèmes fédéraux gèrent le fait de la diversité nationale. Dans le même temps, nous cherchons à mettre en lumière les nombreux défis auxquels sont confrontées les démocraties fédérales. Pour ancrer ces réflexions, l'ouvrage mobilise à la manière d'un cadre d'analyse les quatre principes fondamentaux de la Constitution canadienne que la Cour suprême du Canada a identifiés, en 1998, dans son célèbre Renvoi relatif à la sécession du Québec. Ces principes sont (1) le fédéralisme, (2) la démocratie, (3) le constitutionnalisme et la primauté du droit, et (4) la protection des minorités. Au-delà de leur valeur juridique, nous voyons dans ces principes des paramètres normatifs universels que les démocraties fédérales devraient épouser et traduire en pratiques concrètes.

11/2023

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Histoire de France

Comment peut-on être breton ? Essai sur la démocratie française

La démocratie française existe-t-elle ? Ou bien nous a-t-on leurrés : le mot France et le mot démocratie sont-ils même compatibles ? Telle est l'autre face d'un problème que Morvan Lebesque entreprit d'exposer, parce qu'il l'avait vécu dans son cœur, celui de la bretonnité. La France et la Bretagne peuvent-elles aller de pair ? Du récit de son enfance nantaise, de la honte et de l'honneur d'être breton, à la conception d'une Europe qui regrouperait non les Etats-casernes, mais les vrais peuples qui la constituent, l'ancien chroniqueur du Canard enchaîné conte et raconte l'histoire d'une oppression culturelle. Dans cet ouvrage devenu une référence, il réclame pour sa patrie bretonne une reconnaissance pleine et entière, et, pour les Français, la liberté.

01/2001

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Sciences politiques

Appliquer la démocratie en Afrique. Essai prospectif sur la RD Congo

L'ouvrage propose un mode de gouvernance qui tout en reposant sur les valeurs universelles de la démocratie libérale, intègre les particularités culturelles de l'Afrique en général et de la République Démocratique du Congo en particulier. La transplantation à l'identique de l'Etat occidental sur le continent noir au moment de la colonisation a été accompagnée par l'instauration d'un système autoritaire qui permit d'étouffer les dissensions sociologiques. L'adoption de la démocratie libérale, dès les premières années des indépendances, a aussitôt fissuré les jeunes Etats africains et imposé le retour à l'autoritarisme colonial. Depuis la chute de l'empire soviétique, les pays de cette partie du globe "pataugent" dans ce que des auteurs ont qualifié de "démocrature". Encore cette fois, les gouvernants recourent à une dictature. Les structures ont pourtant tout d'une démocratie organisée par une constitution en trompe-l'oeil. Cet ouvrage démontre qu'il était "prétentieux" de croire que la démocratie pouvait aisément s'importer sans prendre en compte les contingences sociologiques du milieu. L'auteur s'insurge contre cette pratique qui a causé des millions de morts et conçoit une démocratie typique à l'Afrique que les scientifiques pourraient adapter aux caractéristiques singulières de la société globale concernée par son application. Dans son étude, l'auteur a cherché à l'appliquer à la République Démocratique du Congo.

05/2017

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Droit constitutionnel

La justiciabilité. Essai critique sur un critère de la démocratie constitutionnelle

"Tout doit être justiciable" . Cette nouvelle maxime postule que la revendication des droits de l'homme en justice est l'élément conditionnel de notre démocratie. Mais alors, en quoi des juges non élus seraient-ils plus légitimes à définir et sanctionner les valeurs indispensables à notre société dans un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ? C'est à cette contradiction apparente que cet ouvrage tente d'apporter des éclaircissements. Il y est proposé de redéfinir les concepts cardi-naux de notre démocratie, de les actualiser, afin qu'ils rendent compte de ses réalités contemporaines. Si toute personne aujourd'hui peut revendiquer ses droits en justice, alors la notion le Demos ne se réduit pas au peuple souverain mais à toute personne, qu'elle soit citoyenne ou étrangère. De même que la participation démocratique ne se réduit pas seulement aux processus électifs, mais aussi dans la faculté qu'a tout sujet de droit à revendiquer l'interprétation de ses droits en justice. Défendre un droit, c'est aussi défendre le Droit de tout ce "Demos" . Tels sont les nouvelles ambitions de notre dé-mocratie contemporaine.

03/2024

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Beaux arts

LE TABOR ET LE SINAI. Essai sur l'art contemporain

Sur le Mont Sinaï, Moïse est allé chercher les Tables de la Loi, c'est-à-dire des signes. Dieu refuse de lui laisser voir sa face, "car l'homme ne peut me voir et vivre". Mais dans la vallée, les Hébreux se prosternent devant le veau d'or, et Moïse va briser les Tables de la Loi devant cette image triomphante. Tant il est vrai que le signe et l'image se combattent comme l'eau et le feu"... Jésus a emmené trois de ses disciples sur le Mont Tabor pour leur montrer sa face, "et elle rayonnait comme le soleil" précise saint Matthieu. Mais il leur recommande ensuite de n'en rien dire. L'Ancien et le Nouveau Testament s'opposent ainsi comme le respect du signe s'oppose à la contemplation de l'image. Cet antagonisme se poursuit pour tous les héritiers de la civilisation judéo-chrétienne. Ecrivain, Michel Tournier est serviteur du signe, mais il ne cesse de s'interroger sur le dessin, la peinture et la photographie. Contrairement au geste de Moïse brisant les Tables et à la recommandation de Jésus de "ne rien dire", faut-il écrire sur l'image? Tel est le fil conducteur de cette quête à travers une vingtaine d'ateliers contemporains.

10/1993

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Philosophie

La démocratie sans l'Etat. Essai sur le gouvernement des sociétés complexes

La politique, qui n'est plus qu'une voix dans le concert de l'auto-organisation sociale, a désormais pour fonction, dans une société pluraliste, d'articuler les systèmes différenciés qui la composent : elle les invite à s'auto-limiter, sans oublier de s'auto-limiter elle-même. Une telle conception remet bien évidemment en cause le primat de l'Etat-nation qui, sans pour autant disparaître, doit cesser de se penser comme un principe d'organisation dominant, prendre sa place dans un système de régulation à niveaux multiples. Très loin de la théorie anarchiste de la destruction de l'Etat, comme de la théorie marxiste du dépérissement de l'Etat, tout aussi loin d'une théorie libertarienne de l'Etat minimal, Daniel Innerarity nous montre qu'il est aujourd'hui possible de dépasser l'alternative du dirigisme et du spontanéisme néo-libéral. Mais une telle transformation ne deviendra effective qu'à deux conditions renoncer définitivement à l'opposition de la gauche et de la droite, telle qu'elle a été formulée jusqu'à présent, et inventer une social-démocratie anti-étatique capable de recueillir à sa manière le meilleur de l'héritage libéral. Voici un livre qui, en alliant technicité philosophique, grande clarté et élégance de l'écriture, s'attache à redonner un sens à la politique à une époque où les discours sur l'impuissance de celle-ci ne manquent pas.

09/2006