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Jean-Michel Meurice, Georges Didi-Huberman, Pierre Desfons, Dominique Fourcade

Extraits

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Essais biographiques

Hantaï. Avec 1 DVD

Simon Hantaï (né en Hongrie le 7 décembre 1922, arrivé en France en 1948 avec son épouse, Zsuzsa) a côtoyé plusieurs mouvements artistiques (surréaliste, gestuel...), revendiqué différentes influences (Cézanne, Matisse, Pollock) jusqu'à développer dans les années 1960, le " pliage comme méthode " : pliée, froissée, imprégnée de couleur, dépliée, tendue, la toile se nourrit de ce cheminement unique. Au début des années 1980, reconnu comme l'artiste essentiel qu'il est, Simon Hantaï décide un retrait qui durera jusqu'à sa mort en 2008 : il continue de travailler mais refuse d'exposer. LE DVD — "Simon Hantaï ou les silences rétiniens" un film de Jean-Michel Meurice (documentaire, 1976, 58 min., version originale française et sous-titres anglais) Portrait d'un artiste dans sa maturité, le film est axé sur le processus de création. En artisan-artiste, Simon Hantaï travaille la toile par terre, la plie, la roule, la colore, la noue, la déplie... Le souffle du peintre, son visage, ses toiles envahissent l'écran et donnent à voir un homme modeste, qui travaille comme un paysan labourant son champ. Sa mémoire – le tablier de sa mère, les tapis de fleurs des fêtes religieuses... – et ses réflexions (liées à Cézanne comme à Heidegger), son travail, son corps ont une grande présence, donnant au fi lm une dimension physique et métaphysique. - "Des formes et des couleurs" un film de Jean-Michel Meurice (documentaire, 1974, 20 min., version originale française et sous-titres anglais) Portrait de Simon Hantaï, qui montre diff érentes étapes de réalisation d'un tableau : gestes, pensées, couleurs, formes, plis, dépli... — "Expressions : Simon Hantaï" un film de Pierre Desfons et Dominique Fourcade (documentaire, 1981, 15 min., version originale française et sous-titre anglais) Simon Hantaï évoque avec Dominique Fourcade ses projets et ses théories picturales. Dans son atelier à Maisons-Alfort, il montre sa peinture sur d'immenses toiles qu'il prépare pour son exposition à venir dans la grande nef du CAPC à Bordeaux (1981). Bonus – " La Chambre devenait de plus en plus petite " entretien avec Zsuzsa et Daniel Hantaï – " L'Inestimable " entretien avec Georges Didi-Huberman – " Regarder l'oeuvre " entretien avec Alfred Pacquement Le livre – oeuvres de Simon Hantaï – Photographies (Hantaï dans son atelier et au travail) – " Bouquet de fleurs bleues et de fleurs du mal ", un texte de Georges Didi-Huberman

06/2022

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Psychologie, psychanalyse

Nouvelle revue de psychanalyse N° 41 printemps 1990 : L'épreuve du temps

Jean-Claude Lavie, Une photo du temps passéJean-Claude Brisville, Reliefs J-B. Pontalis, Instantanés Georges Didi-Huberman, Le visage entre les draps Louis Marin, Déposition du temps dans la représentation peinte Jean Starobinski, Cadavres interpellés Claude Reichler, Des enfants dévorés par leur siècle Manuela Morgaine, La mémoire gelée Francis Marmande, Le temps de lire, le temps d'écrire...Pierre Pachet, Impatience Alain Boureau, Quand Dieu s'ennuie Paul Virilio, Le troisième intervalle François Gantheret, Une forme de tempsAmy Cohen, Régressions André Green, Temps et mémoire Daniel Widlöcher, Les lieux de la mémoire Points de vue sur la durée des séances : Didier Anzieu, Compter avec le temps Patrick Guyomard, Compter avec le temps Radmila Zygouris, Compter avec le temps Conrad Stein, Compter avec le temps Joël Dor, Compter avec le temps Catherine Chabert, Compter avec le temps Jean Cournut, Compter avec le temps Maurice Dayan, L'impossibilité de se défaire de soi Dominique Scarfone, Jardins de pierre Jacques Mauger, Le commun des mortels Varia, XIII : Georges Didi-Huberman, Un rêve : le verbe voit Edmundo Gómez Mango, L'art de trembler Dezso Kosztolányi, Le cigare de Freud Mareike Wolf, Epreuve de l'écriture Cornélius Heim, S comme Sigmund Georges-Arthur Goldschmidt, Quand Freud entend l'allemand François Gantheret, Eternuellement vôtre...Paul Valéry, Lettre à Valery Larbaud

04/1990

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Psychologie, psychanalyse

Nouvelle revue de psychanalyse N° 32 automne 1985 : L'humeur et son changement

Pascal Quignard, Longin Laurence Kahn, Les maladies impraticables Jackie Pigeaud, L'humeur des Anciens Jean Starobinski, Recettes éprouvées pour chasser la mélancolie Yves Hersant, Ben Jonson et les humoeurs Philippe Soubrié, Le cerveau et ses humeurs animales Françoise Héritier-Augé, Le sperme et le sang Georges Didi-Huberman, Un sang d'images Edmundo Gómez Mango, Borges et la mélancolie littéraire Sophie De Mijolla-Mellor, La trame phobique de l'ennui Marc Froment-Meurice, «Long est le temps»Laurence Apfelbaum, L'humeur, un rêve manqué Bertram D Lewin, L'élation Anne Bouchart-Godard, «Comment je m'habille ?»Leo Spitzer, Résonances Michel Schneider, Humoresques Aline Petitier, Célébration Patrick Lacoste, Le manuscrit retrouvé Varia, V : Ginevra Bompiani, L'hôte, l'attente et l'ennui Georg Christoph Lichtenberg, Une fois de plus, je recommande...Michel Gribinski, Love story François Gantheret, Quant à moi...Adam Phillips, Le calme retrouvé Raoul Moury, Elle était en effet charmante Giorgio Agamben, Idée de la pensée Jean-Michel Hirt, Image et son Maurice Olender, L'inassimilable

12/1985

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Psychologie, psychanalyse

Nouvelle revue de psychanalyse N° 44 automne 1991 : Destins de l'image

Jean-Claude Lavie, Regards Bertram D. Lewin, La vie dure de l'image Jean-Paul Demoule, Les images sans les paroles Agnès Minazzoli, Une tache de naissance Georges Didi-Huberman, La plus simple image François Lecercle, Le regard dédoublé Louis Marin, Trois gloses sur le pouvoir généalogique de l'image Gilbert Dagron, Mots, images, icônes Michael Camille, Les idoles des Juifs Laurence Kahn, Adorer les images ?Jean-Michel Hirt, Photomaton Jean-Pierre Vernant, Psuché : simulacre du corps ou image du divin ?Martine Bacherich - Wladimir Granoff, A mille milles de toutes les terres habitées Patrick Lacoste, Scène, l'autre mot Daniel Bougnoux, L'efficacité iconique Jean Clair, Deus absconditus Claude Esteban, Le travail du visible François Gantheret, Le fantôme du métropolitain.

11/1991

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Littérature française

Une après-midi chez Jean-Michel

" Pendant qu'elle s'asseyait, il essayait de se remémorer les raisons qui l'avaient, jadis, amené à s'intéresser à elle. Avait-il voulu percer un mystère ? Lire ce qui se cachait derrière ces grands yeux incer-tains ? Comprendre pourquoi ces lacs du poète où s'exprimaient, alternativement, curiosité et détachement, ironie et ennui, le tout empreint d'une grande pudeur, l'avaient attiré et piégé ? " Tranquillement installé dans un café, Jean-Michel, séducteur invété-ré, est approché par une charmante jeune femme. Qui est-elle ? Et surtout qu'attend-elle de lui ? Jacques Amsel nous livre un premier roman captivant évoquant la relation vibrante entre une jeune femme et un homme plus âgé. L'auteur porte un regard tendre et ironique sur ses personnages, plus vrais que nature. D'un érotisme rare et d'une tendresse décon-certante, Une après-midi chez Jean-Michel est une histoire (d'amour ? ) à fleur de peau d'un réalisme confondant. Passez un après-midi (ou plus si affinité) en compagnie de notre héros, imparfait et pourtant si authentique.

07/2021

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Critique

Écritures critiques. Georges Poulet, Jean Pfeiffer, Jean-Pierre Richard

Les trois auteurs ici convoqués sont d'abord ce qu'il est convenu d'appeler des critiques littéraires, et c'est à ce titre qu'ils appartiennent, dans le genre qui est le leur, chacun avec ses moyens et talents propres, l'histoire de la littérature française ou francophone. Mais de l'avis presque unanime, tous trois sont aussi, et sans l'avoir directement voulu ou cherché, des écrivains part entière, ou plus justement peut-être des écritures singulières mises par eux, comme dit joliment Jean-Pierre Richard, au service des autres écritures. On arpentera dans les pages qui suivent, de long en large, en privilégiant les textes à caractère intime et les correspondances, trois uvres critiques majeures et qui ont chacune été, pour leur auteur, consciemment ou non, une inlassable et très authentique quête de soi et de sa propre voix. Parler des autres, interroger les textes d'autrui, patiemment les lire et les commenter, pour les trois écrivains critiques ici réunis, c'est en effet aussi, et peut-être surtout, fût-ce indirectement, ou obliquement, parler de soi.

02/2023

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Littérature française

Eparses. Voyage dans les papiers du ghetto de Varsovie

C'est le simple " récit-photo " d'un voyage dans les papiers du ghetto de Varsovie. La tentative pour porter, sur un corpus d'images inédites réunies clandestinement par Emanuel Ringelblum et ses camarades du groupe Oyneg Shabes entre 1939 et 1943, un premier regard. Images inséparables d'une archive qui compte quelque trente-cinq mille pages de récits, de statistiques, de témoignages, de poèmes, de chansons populaires, de devoirs d'enfants dans les écoles clandestines ou de lettres jetées depuis les wagons à bestiaux en route vers Treblinka... Archive du désastre, mais aussi de la survie et d'une forme très particulière de l'espérance, dans un enclos où chacun était dos au mur et où très peu échappèrent à la mort. Images de peu. Images éparses - comme tout ce qui constitue cette archive. Mais images à regarder chacune comme témoignage de la vie et de la mort quotidiennes dans le ghetto. Images sur lesquelles, jusque-là, on ne s'était pas penché. Elles reposent cependant la question du genre de savoir ou, même, du style que peut assumer, devant la nature éparse de tous ces documents, une écriture de l'histoire ouverte à l'inconsolante fragilité des images.

02/2020

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Beaux arts

L'image ouverte. Motifs de l'incarnation dans les arts visuels

Ce livre interroge les relations anthropologiques cruciales que les images entretiennent avec le corps et la chair, au-delà des notions usuelles d'anthropomorphisme ou de représentation figurative. Y sont analysées les diverses façons dont les images visent la chair, ce que soit la chair d'Aphrodite formée de l'écume ou celle du Christ sacrifiée sur la croix. Paganisme et christianisme, chacun avec ses propres cadres de pensée, auront, en effet, tous deux cherché à atteindre, voire à transgresser les limites de l'imitation : là où les méthodes deviennent métaphores, là où les signes qui représentent deviennent des symptômes qui incarnent. On découvrira cette puissance extraordinaire des corps lorsqu'en eux la chair vise l'image, par exemple dans la stigmatisation de saint François au XIIe siècle, les crucifiements des Convulsionnaires de Saint-Médard au XVIIIe siècle ou les " clous " hystériques de la Salpêtrière au XIXe siècle. Une traversée impressionnante d'images qui ne sont pas faites pour décorer, simuler ou consoler, mais pour agir, nous bouleverser et nous donner accès à quelque chose comme une profondeur.

02/2007

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Histoire de France

Ecorces

C'est le simple "récit-photo" d'une déambulation à Auschwitz-Birkenau en juin 2011. C'est la tentative d'interroger quelques lambeaux du présent qu'il fallait photographier pour voir ce qui se trouvait sous les yeux, ce qui survit dans la mémoire, mais aussi quelque chose que met en œuvre le désir, le désir de n'en pas rester au deuil accablé du lieu. C'est un moment d'archéologie personnelle, une archéologie du présent pour faire lever la nécessité interne de cette déambulation. C'est un geste pour retourner sur les lieux du crématoire V où furent prises, par les membres du Sonderkommando en août 1944, quatre photographies encore discutées aujourd'hui. C'est la nécessité d'écrire - donc de réinterroger encore - chacune de ces fragiles décisions de regard.

11/2011

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Beaux arts

Le cube et le visage. Autour d'une sculpture d'Alberto Giacometti

Ce livre constitue la première monographie entreprise à propos de la sculpture la plus étrange, la plus atypique, de Giacometti : il s'agit du Cube, considéré comme le seul objet "abstrait" de l'artiste. Inexplicable à ce titre dans une oeuvre vouée, paraît-il, à la "recherche de la réalité". Mais le faisceau de questions, d'hypothèses et d'analyses formelles ou historiques dont ce livre littéralement entoure l'objet ouvrira au lecteur de toutes nouvelles perspectives. Etude minutieuse d'une élaboration figurale étendue sur deux ou trois années - soit entre 1932 et 1935 - à travers les dessins, les gravures, les sculptures et aussi les textes de Giacometti, l'essai de Georges Didi-Huberman permet de découvrir dans le Cube un objet, à la charnière de ses époques "surréaliste" et "réaliste", où l'artiste articula quelques-uns des paradigmes essentiels à son art dans la longue durée : rapport des corps à la géométrie ; séparation du visage et du crâne ; iconographie de la mélancolie ; et enfin le problème du portrait, qui oblige devant cette sculpture à penser la notion inédite d'un "anthropomorphisme abstrait".

01/1993

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Ethnologie

Ninfa Dolorosa. Essai sur la mémoire d'un geste

Ce quatrième volume de la série Ninfa est une enquête sur les gestes de lamentation, lorsqu'un défunt se voit pleuré par une mère (Mater dolorosa), une épouse ou une jeune soeur (Ninfa dolorosa). Tout part d'une photographie extraordinaire de Georges Mérillon intitulée la Pietà du Kosovo (1990) et des questions qu'elle a immédiatement soulevées dans le monde médiatique comme dans sa réception par certains artistes contemporains, tel Pascal Convert. Suivant, une fois de plus, les leçons d'Aby Warburg, Georges Didi-Huberman "construit la durée" de ces images en interrogeant les métamorphoses du pathos et de ses formes gestuelles dans l'histoire. L'enquête sera donc en même temps serrée (sur le cas kosovar) et ouverte, explorant les rapports entre le présent le plus proche et le passé le plus lointain, l'Occident et l'Orient, le christianisme et l'islam, le modèle tragique et les formes bibliques de la lamentation. Il n'en fallait pas moins pour proposer, de ce geste, un essai d'anthropologie historique.

03/2019

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Beaux arts

Ninfa moderna. Essai sur le drapé tombé

L'histoire des images ne vit pas seulement au rythme manifeste des renaissances et des obsolescences. Elle vit également au rythme, plus latent, des survivances. Aby Warburg, qui interrogeait l'art occidental sous l'angle des " survivances de l'Antiquité ", accorda une particulière attention à cette figure mouvante et drapée qu'il nommait Ninfa - sorte de personnification ou de demi-déesse des éternels retours de la forme antique. Ce livre entend prolonger aujourd'hui la quête warburgienne de Ninfa : il interroge le motif du corps féminin et de la draperie jusque dans ses avatars contemporains. Comme dans un montage cinématographique, on y voit Ninfa tomber progressivement, et son drapé se séparer d'elle jusqu'à échouer, seul, au plus bas de la représentation. Par-delà les Vénus alanguies de la Renaissance et les martyres baroques écroulées à terre, se dessine un mouvement général qui prendra toute son ampleur lorsque les artistes - d'Atget à Brassaï et Picasso, de Moholy-Nagy à Alain Fleischer - attacheront leur attention à tout ce qui traîne dans les rues de nos grandes villes : par exemple cette informe " serpillière " des caniveaux parisiens, qui forme un surprenant leitmotiv de notre modernité. On découvre alors comment notre présent le plus immédiat peut offrir une " image intime de l'Autrefois ", selon l'expression chère à Walter Benjamin. On découvrira aussi l'exubérance et la paradoxale splendeur des formes les plus misérables, les plus échouées. Aléatoire et souveraine draperie de toute chose lorsqu'atteinte par le temps.

04/2002

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Beaux arts

Ouvrir Vénus. Nudité, rêve, cruauté

Botticelli, poète et orfèvre de Vénus : c'est ainsi que nous regardons encore, et à juste titre, le célèbre tableau que Laurent de Médicis commanda au peintre vers 1484, La Naissance de Vénus. C'est ainsi que nous nous représentons l'idéal du nu que la Renaissance florentine fit revivre à partir de modèles antiques, telle la Vénus des Médicis. Ce livre propose un contre-motif : Botticelli, bourreau de Vénus. A travers un réexamen des sources littéraires, le lecteur découvrira comment, dès le Quattrocento, l'image de la nudité forme un ensemble impur, inquiet, menacé et menaçant tout à la fois. Humiliation ou damnation chrétiennes (Botticelli a écouté les sermons de Savonarole, illustré l'Enfer de Dante), sadisme ou métamorphoses des thèmes païens : une analyse de quatre panneaux illustrant un conte cruel de Boccace fera découvrir comment, chez le grand peintre, la nudité se tresse de cruauté et la beauté de malaise, en un travail formel qui puise dans le rêve et dans le fantasme ses opérations fondamentales. Botticelli repensé avec Freud, avec Bataille, voire avec Sade ? L'anachronisme n'est qu'apparent. Car c'est d'un même instrument que le peintre se montre tout à la fois l'orfèvre et le bourreau de Vénus : c'est bien avec son style qu'il incise et qu'il ouvre, froid et cruel, l'image du corps féminin. De plus, l'humanisme médicéen, dans la longue durée de son histoire, révèle ici toute son ambivalence, déjà notée par Aby Warburg : entre la Vénus des Médicis du musée des Offices et la Vénus des médecins du musée anatomique de Florence (1781) il n'y a que le mouvement structural, historique et esthétique d'une nudité offerte transformée inexorablement en nudité ouverte.

11/1999

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Linguistique

Le temoin jusqu'au bout. Une lecture de Victor Klemperer

Etre témoin : être sensible. En quel sens faut-il l'entendre ? Dans un procès, on ne demande au témoin que d'être précis, puisque ce sont des faits qu'il s'agit de rendre compte. Mais celui qui décide de témoigner contre vents et marées, sans que personne ne lui ait rien demandé, se tient dans une position différente : il porte aussi en lui l'exigence d'un partage de la sensibilité. Il considère implicitement que ses émotions constituent en elles-mêmes des faits d'histoire, voire des gestes politiques. C'est ce que montre une lecture du Journal de Victor Klemperer tenu clandestinement entre 1933 et 1945 depuis la ville de Dresde où il aura subi, comme Juif, tout l'enchaînement de l'oppression nazie. Témoignage extraordinaire par sa précision, en particulier dans l'analyse qu'y mena Klemperer - qui était philologue - du fonctionnement totalitaire de la langue. Mais aussi par sa sensibilité. Par son ouverture littéraire à la complexité des affects, avec la position éthique - celle du partage - que cette sensibilité supposait. Entre la langue totalitaire, qui ne se prive jamais d'en appeler aux émotions sans partage, et l'écriture de ce Journal, ce sont donc deux positions que l'on voit ici s'affronter autour des faits d'affects. Combat politique lisible dans chaque repli, dans chaque inflexion de ce chef-d'oeuvre d'écriture et de témoignage.

03/2022

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Histoire de l'art

L'humanisme altéré. La ressemblance inquiète, I

En définissant l'histoire de l'art comme "discipline humaniste", Erwin Panofsky entendait un tel humanisme dans la perspective de cette longue tradition, éthique autant qu'érudite, qui court depuis l'Antiquité et aura trouvé sa moderne reformulation chez Kant. L'humanisme s'entendait aussi dans son acception historique de moment crucial pour la culture occidentale, à savoir la Renaissance italienne et nordique. C'est un fait frappant que l'histoire de l'art s'est souvent refondée dans sa propre méthode à partir d'une vision renouvelée qu'elle pouvait offrir de cette période fascinante et initiatique à bien des égards. Mais il faut compléter cette histoire de l'art par une anthropologie des images, des regards, des relations de ressemblance. Et renouer par là avec le point de vue d'Aby Warburg, pour qui l'humanisme fut un âge non seulement de conquêtes majeures, mais aussi d'inquiétudes, de tensions, de crises, de conflits. Cet ouvrage réunit une série d'études où l'humanisme renaissant se révèle altéré dans certains objets figuratifs. On y découvre comment la ressemblance inquiète autant qu'elle s'inquiète, délivrant ses symptômes par-delà tous les signes iconographiques qu'on peut y reconnaître. Qu'il s'agisse de la Peste noire, de l'expression pathétique, du portrait ou des multiples usages figuratifs de la cire, dans tous les cas l'humanisme aura montré son malaise impensé, sa fêlure constitutive : une fatale altération qui est vocation à l'altérité.

04/2023

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Beaux arts

DEVANT L'IMAGE. Question posée aux fins d'une histoire de l'art

Ce livre développe une question critique posée et reposée à nos certitudes devant l'image. Comment regardons-nous? Pas seulement avec les yeux, pas seulement avec notre regard. Voir rime avec savoir, ce qui nous suggère que l'oeil sauvage n'existe pas, et que nous embrassons aussi les images avec des mots, avec des procédures de connaissance, avec des catégories de pensée. D'où viennent-elles, ces catégories? C'est la question posée ici à la discipline de l'histoire de l'art, dont le développement actuel - la finesse de ses outils, son impressionnante capacité d'érudition, sa prétention scientifique, son rôle dans le marché de l'art - semble autoriser le ton de certitude si souvent adopté par les professionnels de l'art, les savants de l'image. Or, qu'est-ce qu'un savoir lorsque le savoir porte sur ce Protée que l'on nomme une image? La question exige de mettre à jour la "philosophie spontanée" ou les modèles discursifs mis en jeu lorsque nous cherchons, devant un tableau ou une sculpture, à en tirer, voire à en soutirer une connaissance. Entre voir et savoir se glissent bien souvent des mots magiques, les philtres d'une connaissance illusoire: ils résolvent les problèmes, donnent l'impression de comprendre. Ces mots magiques, Vasari, le premier historien de l'art, au XVIe siècle, en a inventé de fameux, qui traînent encore dans notre vocabulaire. Panofsky, le "réformateur" de l'histoire de l'art, au XXe siècle, les a critiqués dans un sens, à l'aide d'un outil philosophique considérable - la critique kantienne de la connaissance -, mais il les a restaurés dans un autre sens, au nom de l'humanisme et d'un concept encore classique de la représentation. C'est du côté de Freud que l'on a cherché ici les moyens d'une critique renouvelée de la connaissance propre aux images. L'acte de voir s'y est littéralement ouvert, c'est-à-dire déchiré puis déployé: entre représentation et présentation, entre symbole et symptôme, déterminisme et surdétermination. Et, pour finir, entre la notion habituelle du visible et une notion renouvelée du visuel. L'équation tranquille - métaphysique ou positiviste du voir et du savoir laisse place dès lors à quelque chose comme un principe d'incertitude. Quelque chose comme une contrainte du regard au non-savoir. Quelque chose qui nous met devant l'image comme face à ce qui se dérobe: position instable s'il en est. Mais position qu'il fallait penser comme telle pour la situer malgré tout dans un projet de connaissance - un projet d'histoire de l'art.

01/1990

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Notions

Ce qui nous soulève. Tome 2, Imaginer recommencer

InsoliteCNL – De quoi procèdent nos gestes de soulèvement ? D'une certaine puissance à en finir avec quelque chose. Mais, aussi, à imaginer que quelque chose d'autre est en train de recommencer. Ce livre propose les éléments d'une anthropologie de l'imagination politique dont on s'apercevra, très vite, qu'elle ne va pas sans une philosophie du temps et de l'histoire. A la structure tous azimuts du premier volume de cette enquête répond ici un propos concentré sur le moment politique, intellectuel et artistique lié au soulèvement spartakiste de 1918-1919 en Allemagne.

Que se passe-t-il lorsqu'une révolution, ayant chez beaucoup fait lever l'espoir, se trouve écrasée dans le sang ? Que reste-t-il de cet espoir ? On découvre qu'à partir du Malgré tout ! lancé par Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg à la veille de leur assassinat, c'est toute la pensée moderne du temps et de l'histoire qui se sera trouvée remise en chantier, " recommencée " : notamment par Ernst Bloch et Walter Benjamin, les deux personnages principaux de ce livre (qui s'opposèrent à la pensée du temps mise en place, à la même époque, par Martin Heidegger). C'est toute une constellation qui gravite ici autour de Bloch et de Benjamin. Elle compte des penseurs tels que Hannah Arendt ou Theodor Adorno, Martin Buber ou Gershom Scholem ; mais aussi des écrivains tels que Franz Kafka ou Kurt Tucholsky ; des dramaturges tels que Bertolt Brecht ou Erwin Piscator ; des artistes visuels tels que George Grosz ou John Heartfield, Käthe Kollwitz ou Willy Römer. La leçon que nous proposent ces survivants d'une " révolution trahie " est considérable. Elle innerve toute la pensée contemporaine à travers le prisme de l'imagination politique. Elle nous incite à repenser l'utopie à l'aune d'un certain rapport entre désir et mémoire : ce que Bloch nommait des images-désirs et Benjamin des images dialectiques. Elle nous aide, ce faisant, à ouvrir la porte et à faire le pas.

10/2021

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Beaux arts

Sur le fil

L’artiste est inventeur de temps. Il façonne, il donne chair à des durées jusqu’alors impossibles ou impensables : apories, fables chroniques. Le Temps scellé, une sculpture de Pascal Convert, a fait partie d’une grande exposition ayant le chef-d’œuvre pour thème. On s’interroge sur les tensions qui surgissent alors entre l’autorité de l’œuvre (créatrice de valeur) et l’inestimable modestie du travail (qui comporte, chez Convert, un aspect archivistique et historien). On s’interroge aussi sur les tensions inhérentes à Queen and Country, une oeuvre de Steve McQueen sur la guerre d’Irak, et où se révèle la position sur le fil de l’artiste dans le monde politique. Histoire de relire aussi les phrases de Jean Genet sur le funambule, cet être qui danse avec le temps qui le tuera pour sûr.

03/2013

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Sciences historiques

L'oeil de l'histoire. Tome 3, Atlas ou le gai savoir inquiet

À quiconque s’interroge sur le rôle des images dans notre connaissance de l’histoire, l’atlas Mnémosyne apparaît comme une oeuvre-phare, un véritable moment de rupture épistémologique. Composé, mais constamment démonté, remonté, par Aby Warburg entre 1924 et 1929, il ouvre un nouveau chapitre dans ce qu’on pourrait nommer, à la manière de Michel Foucault, une archéologie du savoir visuel. C’est une enquête « archéologique », en effet, qu’il aura fallu mener pour comprendre la richesse inépuisable de cet atlas d’images qui nous fait voyager de Babylone au XXe siècle, de l’Orient à l’Occident, des astra les plus lointains (constellations d’idées) aux monstra les plus proches (pulsions viscérales), des beautés de l’art aux horreurs de l’histoire. Ce livre raconte, par un montage de « gros plans » plutôt que par un récit continu, les métamorphoses d’Atlas, ce titan condamné par les dieux de l’Olympe à ployer indéfiniment sous le poids du monde, en atlas, cette forme visuelle et synoptique de connaissance dont nous comprenons mieux, aujourd’hui, depuis Gerhard Richter ou Jean-Luc Godard, l’irremplaçable fécondité. On a donc tenté de restituer la pensée visuelle propre à Mnémosyne : entre sa première planche, consacrée à l’antique divination dans les viscères, et sa dernière, hantée par la montée du fascisme et de l’antisémitisme dans l’Europe de 1929. Entre les deux, nous aurons croisé les Disparates selon Goya et les « affinités électives » selon Goethe, le « gai savoir » selon Nietzsche et l’inquiétude chantée dans les Lieder de Schubert, l’image selon Walter Benjamin et les images d’August Sander, la « crise des sciences européennes » selon Husserl et le « regard embrassant » selon Wittgenstein. Sans compter les paradoxes de l’érudition et de l’imagination chers à Jorge Luis Borges. Oeuvre considérable de voir et de savoir, le projet de Mnémosyne trouve également sa source dans une réponse d’Aby Warburg aux destructions de la Grande Guerre. Non content de recueillir les Disparates du monde visible, il s’apparente donc à un recueil de Désastres où nous trouvons, aujourd’hui encore, matière à repenser, à remonter, poétiquement et politiquement, la folie de notre histoire.

11/2011

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Sciences historiques

L'oeil de l'histoire. Tome 2, Remontages du temps subi

Quel est le rôle des images dans la lisibilité de l'histoire ? C'est la question reposée dans ce livre. Là où Images malgré tout tentait de donner à comprendre quelques images-témoignages produites depuis l'" oeil du cyclone " lui-même - le camp d'Auschwitz en pleine activité de destruction - cet essai traite, en quelque sorte, des images après coup et, donc, de la mémoire visuelle du désastre. Une première étude s'attache à reconstituer les conditions de visibilité et de lisibilité - concurrentes ou concomitantes - au moment de l'ouverture des camps nazis. Elle se focalise sur les images filmées par Samuel Fuller en 1945 au camp de Falkenau et sur la tentative, une quarantaine d'années plus tard, pour en faire un montage doué de sens, une " brève leçon d'humanité ". Une seconde étude retrace les différentes procédures par lesquelles le cinéaste et artiste allemand Harun Farocki revisite - et remonte - certains documents de la violence politique. On découvre alors ce que c'est, aujourd'hui, qu'une possible restitution de l'histoire dans le travail des images. Deux essais plus brefs évoquent successivement l'activité photographique d'Agusti Centelles au camp de Bram en 1939 (ou comment un prisonnier regarde les autres prisonniers) et le questionnement actuel de Christian Boltanski sur l'image en tant que reconnaissance, transmission et oeuvre de dignité.

10/2010

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Beaux arts

Ninfa fluida. Essai sur le drapé-désir

C'est avec les nymphes des tableaux de Botticelli et de Léonard de Vinci qu'Aby Warburg a réinventé notre façon de comprendre le monde des images. Il sera ici question de "mouvements émouvants", de draperies dans le vent, de "poursuites érotiques", de turbulences lucrétiennes et de "survivances de l'Antiquité"... Mais également d'une relecture de ces notions historiques fondamentales que sont les "sources", les "influences" ou ce que l'on appelle les "courants" artistiques. Pour comprendre l'art et son histoire, il faudrait donc engager une véritable dynamique des fluides, qui est aussi celle des jeux entre mémoires et désirs que les images mettent en scène... Et c'est aussi dans notre contemporanéité même que viendra s'observer la dynamique de cette longue durée, quand la figuration des mouvements du désir - tour à tour érotiques et mortifères - s'inscrit dans le milieu d'immanence des images elles-mêmes.

11/2015

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Beaux arts

Fra Angelico. Dissemblance et figuration

Ce livre est un regard nouveau posé sur la peinture de la Renaissance italienne. Découvrant une partie inédite et surprenante d'une oeuvre de Fra Angelico, l'auteur s'engage dans une véritable enquête qui finira par renverser un certain nombre de nos idées acquises sur la peinture du XVe siècle.

05/2009

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Beaux arts

Ninfa profunda

On trouve dans la poésie et les romans de Victor Hugo une étrange correspondance : regarder une femme – en la désirant – équivaut à sombrer dans la profondeur d'un océan. Voir la femme ? "Voir le dedans de la mer". Voir une tempête se lever ? Sentir monter les effluves du désir. Comment l'écriture va-t-elle rendre sensibles les tourments psychiques pour autant qu'ils sont faits aussi de tourmentes physiques et, même, atmosphériques ? Nous voici alors convoqués, au-delà de l'exégèse littéraire, sur le plan d'une vaste phénoménologie du monde visible : c'est bien matériellement, en quelque sorte, que cette équivalence se manifestera sur chaque feuille de papier dans l'immanence même des images admirables inventées par Victor Hugo – façon de découvrir, dans les chimères hypocondriaques du peintre-poète, un grand art lucrétien capable de donner à chaque organe l'immensité d'une tempête et à chaque milieu l'intensité d'un geste corporel animé de passion.

04/2017

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Philosophie

Ce qui nous soulève. Tome 1, Désirer, désobéir

" Nous avions beaucoup enduré et puis, un jour, nous nous sommes dit que cela ne pouvait plus durer. Nous avions trop longtemps baissé les bras. A nouveau cependant — comme nous avions pu le faire à l'occasion, comme d'autres si souvent l'avaient fait avant nous — nous élevons nos bras au-dessus de nos épaules encore fourbies par l'aliénation, courbées par la douleur, par l'injustice, par l'accablement qui régnaient jusque-là. C'est alors que nous nous relevons : nous projetons nos bras en l'air, en avant. Nous relevons la tête. Nous retrouvons la libre puissance de regarder en face. Nous ouvrons, nous rouvrons la bouche. Nous crions, nous chantons notre désir. Avec nos amis nous discutons de comment faire, nous réfléchissons, nous imaginons, nous avançons, nous agissons, nous inventons. Nous nous sommes soulevés. " Ce livre est un essai de phénoménologie et d'anthropologie — voire une poétique — des gestes de soulèvement. Il interroge les corps avec la psyché à travers le lien profond, paradoxal, dialectique, qui s'instaure entre le désir et la mémoire. Comme il y a " ce qui nous regarde " par-delà " ce que nous croyons voir " ; il y aurait peut-être " ce qui nous soulève " par-delà " ce que nous croyons être ". C'est une question posée en amont — ou en dedans — de nos opinions ou actions partisanes : question posée, donc, aux gestes et aux imaginations politiques. Question posée à la puissance de se soulever, même lorsque le pouvoir n'est pas en vue. Cette puissance est indestructible comme le désir lui-même. C'est une puissance de désobéir. Elle est si inventive qu'elle mérite une attention tout à la fois précise (parce que le singulier, en l'espèce, nous dit plus que l'universel) et erratique (parce que les soulèvements surgissent en des temps, en des lieux et à des échelles où on ne les attendait pas).

03/2019

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Psychologie, psychanalyse

Invention de l'hystérie. Charcot et l'iconographie photographique de la Salpêtrière

Publié la première fois en 1982, l'Invention de l'hystérie était épuisé depuis plusieurs années. Les Editions Macula sont heureuses de vous annoncer la parution de cette nouvelle édition, revue, corrigée et enrichie d'une postface de Georges Didi-Huberman, "Des images et des maux", de 40 pages. Ce livre raconte et interroge les pratiques qui se firent jour à la Salpêtrière, du temps de Charcot, autour de l'hystérie. A travers les procédures cliniques et expérimentales, à travers l'hypnose et les "présentations" de malades en crise (les célèbres "leçons du mardi"), on découvre l'espèce de théâtralité stupéfiante, excessive, du corps hystérique. On la découvre ici à travers les images photographiques qui nous en sont restées, celles des publications, aujourd'hui rarissimes, de l'Iconographie photographique de la Salpêtrière. Freud fut le témoin de tout cela, et son témoignage devint la confrontation d'une écoute toute nouvelle de l'hystérie avec ce spectacle de l'hystérie que Charcot mettait en oeuvre. Témoignage qui nous raconte les débuts de la psychanalyse sous l'angle du problème de l'image.

06/1982

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Ouvrages généraux

La fabrique des émotions disjointes

Les faits d'affects sont à valences multiples. Ils méritent donc d'être interrogés dans le pourquoi de leurs motifs souvent inconscients, dans le comment de leurs manifestations gestuelles et, tout aussi bien, dans le pour quoi de leurs destins éthiques et politiques. Car tout cela fonctionne ensemble dans chaque moment de l'histoire. Ce volume, comme le précédent, s'autorise à vagabonder entre des analyses de cas singuliers très divers, mais pour voir s'y dessiner une configuration particulière bien que, malheureusement, très puissante et répandue. Les faits d'affects y sont réglés selon une disjonction : "fronts contre fronts", en quelque sorte. On entre là dans le vaste domaine d'une anthropologie politique des sensibilités et, notamment, de ce que Svetlana Alexievitch nommait les "documents-sentiments" relatifs à l'expérience des femmes russes enrôlées dans les combats de la Seconde Guerre mondiale. Comment, alors, ne pas s'interroger, en amont sur la "fabrique des émotions" dans le cadre propagandiste nazi, en aval sur la notion économique de "promotion" capitaliste ? Comment, au fil de ce parcours, ne pas revenir à la notion - toujours à revisiter, de Hegel à Marx et de Freud à l'anthropologie contemporaine - du fétichisme, là où justement les relations des sujets aux objets prennent un tour réifié, aliéné, mortifère ? La disjonction affective ne caractériserait-elle pas, pour finir, ce "malaise dans la culture" duquel nous peinons à nous extraire dans un monde où notre liberté dans le "partage du sensible" se heurte constamment à une sorte de loi du marché affectif ?

03/2024

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Histoire de l'art

Des visages entre les draps. La ressemblance inquiète, II

La ressemblance, particulièrement à l'époque de la Renaissance, n'est souvent qu'un mythe : à la fois une opération "légendaire", littéraire, et un "bricolage", un montage technique destiné à réunir dans le concret des ordres de pensée au de réalité tout à fait hétérogènes. C'est ainsi que le fameux "portrait de Dante" par son "ami Giotto" - qui a fixé jusqu'à aujourd'hui notre image du poète - n'aura été qu'une invention rétrospective destinée à fonder, au XVIe siècle, l'idée d'une Renaissance tout entière ordonnée par la conquête des ressemblances optiques et picturales... et à refouler de notre culture historique l'importance des ressemblances par contact en usage dans maints objets florentins du Trecento et du Quattrocento. Une réflexion sur un célèbre portrait en buste, moulé et modelé en terre cuite, poursuit ce parcours critique : à travers son destin dans le discours de l'histoire de l'art - chef-d'oeuvre de Donatello ou, au contraire, oeuvre indigne du qualificatif même d'"artistique" ? - on verra émerger quelques présupposés théoriques majeurs de la discipline elle-même qui, trop souvent, ignore qu'elle regarde aussi avec ses... mots. Dans l'autoportrait "christique" de Dürer, enfin, nous aurons à découvrir que l'image peinte n'avait rien, pour lui, d'une simple conquête virtuose sur le monde visible. Envisagée au prisme de son inquiétude religieuse, elle s'imposait plutôt comme un drame de la ressemblance : ainsi dans la hantise de visages disparaissant sous le blanc des linceuls.

04/2024

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Ouvrages généraux

Brouillards de peines et de désirs. Fait d'affects, 1

Affects, émotions ou passions forment quelque chose comme nos indéfectibles milieux de vie : des atmosphères en mouvement. C'est l'air que nous respirons, que nous traversons, qui nous traverse de ses turbulences. Ainsi marchons-nous dans l'affect, de jour comme de nuit. L'aube même de la littérature européenne ne fut d'abord que parole donnée à l'affect : lorsque Homère commença l'Iliade sur la nécessité de chanter une émotion de colère. On y voyait Achille, accablé par la mort de son ami, pris dans un " noir nuage de douleur ", s'allongeant alors dans la cendre et la poussière, comme pour se fondre dans le brouillard de peine qui venait juste de l'envahir. Ce livre est une traversée ou, plutôt, un vagabondage dans la multiplicité des " faits d'affects ". Dans leurs théories, pour lesquelles il aura fallu convoquer de l'anthropologie et de la phénoménologie, de la psychanalyse et de l'esthétique... Il y fallait aussi des images (de Caravage et Friedrich à Rodin et Lucio Fontana) puisque les affects s'y " précipitent " souvent. Non moins que des poèmes (de Novalis et Leopardi à Marina Tsvétaïeva et Henri Michaux) qui savent en rephraser l'intensité, et des chroniques (de Saint-Simon et Marcel Proust à Clarice Lispector) qui savent en raconter le devenir. Enfin il y fallait des gestes puisque nos peines et nos désirs s'expriment sans fin dans nos corps, nos visages ou nos mains par exemple. Affects, émotions, passions : forces ou faiblesses ? Spinoza, Nietzsche et Freud — qui osa écrire que " l'état émotif est toujours justifié " — en ont établi la puissance en dépit de l'impouvoir même où nous nous trouvons lorsque nous sommes émus. Mais de quel genre de puissance s'agit-il ? Comment se déploie-t-elle ? Où situer sa fécondité ? Quelles transformations produit-elle dans l'économie de nos sens (sensibilité) comme dans l'organisation même du sens (signifiance) ?

02/2023

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Ecrits sur l'art

Tables de montage. Regarder, recueillir, raconter

Pour la première fois, le philosophe et historien de l'art Georges Didi-Huberman ouvre ses archives et montre son travail. Au coeur de ce dispositif : son immense fichier de travail, commencé dès 1971, composé de plus de 148 000 fiches, et qui recueille le plus précieux de ce qu'il a lu, vu, aimé. On sait qu'il n'y a pas de pensée sans stock, pas de recherche sans outil, pas d'invention sans ordre. La démarche de Georges Didi-Huberman, lecteur dévorateur et regardeur insatiable, s'inscrit bien sûr dans la grande histoire des arts de mémoire, c'est une longue tradition qui va de l'organisation des savoirs jusqu'aux façons de tenir son agenda... Pour Tables de montage, Georges Didi-Huberman a tracé une ligne de coupe dans son immense fichier. En choisissant et en jouant avec plus de six cents fiches, il propose l'atlas miniature de sa recherche entre disparates, affinités électives et gai savoir. Il monte, écarte, rapproche. " Sous la table, la peur... Sur la table, le jeu ". Le fichier efficace et fabuleux, à la fois meuble Ronéo et thesaurus borgésien, donne forme à la pensée. Tables de montage, au coeur du travail de la pensée. Georges Didi-Huberman, philosophe et historien de l'art, est l'auteur d'une oeuvre majeure, composée de plus d'une cinquantaine d'ouvrages et récompensée à plusieurs reprises (prix Aby Warburg, prix Max Weber, prix Alexander von Humboldt, prix Théodor W. Adorno, prix Walter Benjamin...). Il a reçu le prix Médicis essai pour Le Témoin jusqu'au bout. Une lecture de Victor Klemperer (Minuit, 2022). Son champ d'études s'étend de la peinture de la Renaissance italienne jusqu'à l'art contemporain. Il porte notamment sur les problèmes d'iconographie scientifique au XIXe siècle et leurs usages par les courants artistiques du XXe siècle, ainsi que sur la politique des images.

05/2023

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Photographes

Visions. Jean-Dominique Burton

50 années de photographies sur 4 continents. Visions est une rétrospective des travaux de Jean-Dominique Burton, photographe belge de renommée internationale. Des rives du Gange aux Vodounons béninois, sans jamais oublier sa Belgique natale, l'auteur a dédié sa vie à révéler, par ses images, la beauté et la richesse de cultures, souvent ancestrales, et à en favoriser la transmission. Portraitiste primé à de multiples reprises, c'est par les femmes et les hommes qu'il aborde ses sujets, toujours de manière positive, par leurs regards, leurs sourires, leurs cicatrices parfois. "Je suis l'inverse d'un photographe de guerre, mais il n'y a pas vraiment de mot pour cela" . Dans Visions, des extraits de ses ouvrages les plus connus côtoient des images encore inédites, exceptionnelles elles aussi. Le livre nous invite à la rencontre de chefs traditionnels du Burkina Faso, d'artistes européens, d'exilés tibétains, de chasseurs béninois devenus protecteurs de leur environnement, de maîtres souffleurs de cristal liégeois ou encore, parmi tant de visages, de pèlerins laotiens. Des milliers d'inconnus, liés les uns aux autres par la cohérence, autant artistique qu'humaine, qui constitue le coeur de l'approche photographique de l'auteur : leur dignité. Les travaux de Jean-Dominique Burton ont été exposés dans le monde entier. Dans des galeries et musées de Paris, Berlin, Bruxelles, Anvers, Hong Kong, New York ou San Francisco. On les retrouve aussi dans de grandes collections publiques et privées. C'est cependant toujours là où les photos ont été prises que Jean-Dominique Burton les expose pour la première fois. Exposées en plein air, dans les centres-villes de Ouagadougou, Dakar ou Kinshasa, imprimées sur des bâches, que les passants approchent, touchent et s'approprient. C'est une part essentielle de son travail, qui lui a valu le soutien de fondations et d'institutions de premier ordre dont l'UNESCO, Wallonie-Bruxelles International, l'OIF et La Fondation Zinsou. Cette rétrospective de 408 pages nous emmène à travers notre planète, dans des lieux souvent surprenants, à la découverte d'un monde beau, riche des êtres humains qui l'habitent. Elle nous invite à nous en émerveiller. Ce sont les Visions de Jean-Dominique Burton.

11/2022