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Jacques Réda

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Critique littéraire

Lire Réda

" Piéton de Paris " arpentant la ville et ses banlieues, " homme au Solex " baguenaudant sur les départementales ou familier des gares et des trains, " amateur éclairé " de jazz, tenant du vers mesuré, prosateur jouant librement du mélange, Jacques Réda, encore " capitaine de la N.R.F. ", est devenu, livre après livre, depuis 1968 un personnage au ton reconnaissable, aux prédilections singulières quand les poètes ont plutôt fui la cité et les aspects du contemporain. Au-delà de cette imagerie, une lecture plus serrée engage dans les subtilités d'une œuvre désormais abondante, qui est toute d'attention et de ferveur pour transcrire au plus juste et au plus large les figures terrestres ; une œuvre de solitude, têtue et buissonnière, capable d'humour et pudiquement grave, toujours un peu à côté du lieu où la critique littéraire voudrait l'assigner, et que ce recueil d'articles ne veut qu'accompagner, comme on s'avance sur un territoire changeant, un pas derrière l'écrivain qui seul pilote.

04/1994

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Critique

Géographie littéraire de Paris dans l'oeuvre de Jacques Réda. Le flâneur mégapolitain

Dans une ville énorme devenue mégapole postmoderne, l'oeuvre de Jacques Réda métamorphose la tradition de la flânerie littéraire parisienne. A défaut de marquer la fin de l'ère du "piéton de Paris" , elle est un creuset dans lequel s'élaborent de nouvelles formes de citadinité.

09/2021

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Littérature française

Jacques

Je n'ai pas changé d'avis, je ne me suis pas réconcilié avec la société, et le mariage est toujours, selon moi, une des plus barbares institutions qu'elle ait ébauchées. Je ne doute pas qu'il ne soit aboli, si l'espèce humaine fait quelque progrès vers la justice et la raison ; un lien plus humain et non moins sacré remplacera celui-là, et saura assurer l'existence des enfants qui naîtront d'un homme et d'une femme, sans enchaîner à jamais la liberté de l'un et de l'autre. Mais les hommes sont trop grossiers et les femmes trop lâches pour demander une loi plus noble que la loi de fer qui les régit : à des êtres sans conscience et sans vertu, il faut de lourdes chaînes.

01/2021

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Critique littéraire

Quel avenir pour la cavalerie ? Une histoire naturelle du vers français

La poésie serait-elle une guerre ? Le vers, le corps d'élite de la langue ? En retraçant l'histoire de notre prosodie, Jacques Réda dévoile les processus de transformation du français aussi inéluctables que ceux de la physique. Où les poètes sont les exécutants plus ou moins conscients d'un mouvement naturel. Du Roman d'Alexandre à Armen Lubin, en passant par Delille, Hugo, Rimbaud, Claudel, Apollinaire, Cendrars et Dadelsen, Jacques Réda promène son oeil expert sur des oeuvres emblématiques, et parfois méconnues, de notre littérature. Inspirée et alerte, sa plume sait malaxer comme nulle autre la glaise des poèmes pour y dénicher les filons les plus précieux. A la fois leçon de lecture et d'écriture, et essai aux résonances métaphysiques, Quel avenir pour la cavalerie ? constitue la "Lettre à un jeune poète" de Jacques Réda, et le sommet de sa réflexion poétique.

10/2019

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Poésie

Les ruines de Paris

"Vers six heures, l'hiver, volontiers je descends l'avenue à gauche, par les jardins. . ". Ensuite, de Belleville à Passy, de Montmartre à la Butte-aux-Cailles, d'Antony à Saint-Ouen, il n'y a plus qu'à se laisser guider par les pas et les mots d'un promeneur tour à tour (ou ensemble) nuageux, curieux, inquiet, hilare, furibond, tendre, ahuri, à travers les arrondissements et banlieues de Paris qui éclatent, agonisent ou résistent encore sur leurs secrets. Et puis au-delà, dans les campagnes où le réseau intelligent des rails épouse l'équilibre et les fuites du paysage, vers une petite route de Bretagne, une pâtisserie à Vienne, les ponts de Fribourg. Mais toujours au rythme de la marche ou des trains, imitant le rebond plein d'espoir de la basse ambulante, en jazz, sur bon tempo. Sans cesse on repart, on recommence, cherchant de halte en halte le pourquoi sans réponse, le comment à la fois lyrique et familier de ce mouvement, pareil au monde lui-même qui resurgit sans cesse de ses ruines - où nous passons.

01/1993

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Littérature française

Le méridien de Paris

En 1994, Jan Dibbets, pour rendre hommage au physicien François Arago, a installé sur le sol de Paris plus d'une centaine de médaillons de bronze qui forment en pointillés le tracé d'un méridien. Le méridien de Paris est le journal d'un spectateur qui a décidé de suivre cette ligne. Mais cette ligne de longitude, issue d'un calcul géodésique rigoureux, convoque tout autant le hasard en faussant régulièrement compagnie à celui qui souhaite la suivre : la ligne droite semble aller de guingois. Reste une méthode qui fournit à l'écriture de Jacques Réda, qui rapelle ? âneries et contraintes des Ruines de Paris, le ? ou dont elle a besoin pour se déployer, multipliant la syncope et le pas de côté.

04/2019

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Littérature française

La liberté des rues

" ... J'ai cessé de croire que je circule au gré de ma fantaisie. Je ne pense pas davantage obéir, en circulant, à quelque plan préétabli pour me guider ou me perdre. Il me semble plutôt que sans se préoccuper de mon cas, ce sont les rues elles-mêmes qui se déplacent, s'ébattent - et je me laisse remuer, prenant discrètement ma part du plaisir qu'elles échangent. Elles s'en vont, reviennent, disparaissent de nouveau. J'ai beau m'efforcer d'en suivre une -puis deux, puis trois- pour composer une sorte d'itinéraire : toujours d'autres se présentent à la traverse et me conduisent ailleurs. Mais celles-là aussi m'abandonnent, me plantent là où l'envie de jouer leur a passé d'un coup. Je me pose alors la vieille question des personnages de contes : " où suis-je ? " -c'est ce que j'appelle être arrivé. "

01/1997

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Poésie

Treize chansons de l'amour noir

Le poème d'amour, s'il est un genre, est à jamais inépuisable. Mais n'est-il pas plutôt la source même de la poésie ? De cette source vive, Jacques Réda a rapporté treize gorgées de fraîcheur et d'amertume qui déroutent par les forces conjuguées de leur universalité et de leur tour familier. Le poète se plaît d'ailleurs (par simple facétie ? ) à présenter ces chansons comme "traduites de diverses langues "régionales", en particulier du bas haut-marnais et du haut morvandiau" et leur prête une "origine populaire souvent fort ancienne" .

09/2002

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Poésie

La nébuleuse du songe. Suivi de Voies de contournement, La physique amusante III

"Une fois établi le sens brut de sa tâche (Etre à tout prix alors qu'il surgit du Néant Et. goutte infime, veut devenir océan), Est-ce que l'Univers iris ente ou bien rabâche ? Minuscule fragment de ses explosions, En tout cas il se port que nous reproduisions En esprit comme en chair l'élan qui le transporte Et qui semble devoir le mener à ses fins. Ainsi reprenons-nous les mêmes vieux refrains, Heurtant de nos questions une absence de porte. Je tourne donc en rond, ressasseur et fumeux, Sur la trace des sauts que d'autres. plus fameux. Accomplirent au seuil qui recule à mesure Qu'on avance ; n'ayant guère d'autre instrument Plus précis que le mètre à la souple césure Et son rythme propice à mon entêtement.

10/2014

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Poésie

La physique amusante. Volume 5, Rythme, chaos, mythologies

"Ce livre ne propose aucune théorie. Son auteur n'est pas un savant, Juste un homme incertain qui cherche, inventorie, Dans un territoire mourant, Ses raisons d'être au sein de cette confrérie : L'étrange univers du vivant ; Tout ce qui de l'étoile à l'humble bactérie, De soi-même ou bien dérivant, Bouge - en ordre, en désordre - et se rebelle ou prie. Et sa façon d'être fervent (Comme le roi David devant l'Arche fleurie, Pleine ou vide) ne fut souvent Que danser comme l'herbe à travers la prairie Avec le vent". Jacques Réda.

11/2018

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Poésie

Hors les murs

Ce recueil se compose de 52 poèmes, également répartis en quatre groupes, dont chacun correspond à un petit programme d'exploration des environs de Paris. Tandis que le premier se cantonne encore le long du "parallèle de Vaugirard", le second entraîne le lecteur mois après mois dans une "année à la périphérie", traversant aussi bien Meudon ou Asnières que Montreuil, Créteil ou Pantin. Dans la troisième partie, on suit la ligne d'un autobus qui dessert les communes limitrophes du sud de la capitale. Enfin, avec "Eaux et forêts", on se dirige peu à peu vers la campagne qui survit dans les parcs et les bois, sur les berges des rus et des rivières. Sans prétendre rivaliser avec un guide de promenade, cet ensemble s'efforce néanmoins de réconcilier poésie et documentaire, émotion et topographie, rêverie et précision. C'est pourquoi l'auteur a préféré la forme la plus classique à une imitation rythmique du chaos suburbain qu'il parcourait, et dont son choix vient en somme couronner la juxtaposition de contrastes. Sous la cadence du vers, dans le jeu des rimes non exempt parfois d'ironie ou d'un baroquisme très "banlieusard", on décèlera d'ailleurs la liberté et la souplesse d'un autre mouvement : celui d'une flânerie, déjà présent dans la prose des Ruines de Paris, que Hors les murs complète comme le second volet d'un diptyque.

04/2001

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Littérature française

Aller à Élisabethville. Récit

Des vies, mais telles que la mémoire les invente, que notre imagination les recrée, qu'une passion les anime. Des récits subjectifs, à mille lieues de la biographie traditionnelle. L'un et l'autre : l'auteur et son héros secret, le peintre et son modèle. Entre eux, un lien intime et fort. Entre le portrait d'un autre et l'autoportrait, où placer la frontière ? Les uns et les autres : aussi bien ceux qui ont occupé avec éclat le devant de la scène que ceux qui ne sont présents que sur notre scène intérieure, personnes ou lieux, visages oubliés, noms effacés, profils perdus.

09/1993

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Poésie

Le tout, le rien et le reste. La physique amusante IV

"Je soupçonne que l'Univers est sans commencement, Sans fin. Mais l'Infini, non moins que l'Eternel, nous ment, Comme nous moquent en passant le vent insaisissable, La fuite de l'eau sur la pente ou le filet de sable Entre deux vases transparents et sans fond que remplit En permanence le présent pour aller vers l'oubli. Dans une étreinte qui, de soi, l'assure et le déleste, L'Univers est l'unique instant où le Tout, à la fois, S'accomplit et se change en Rien ; où Rien, en contrepoids, Devient le Tout qui se dérobe. Un éclair. Et le reste, C'est le Soleil et les bouquets de la voûte céleste ; C'est vous, c'est moi, le vent, la violette au fond d'un bois", Jacques Réda.

11/2016

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Critique Poésie

Mes sept familles

Sept familles ? Ce sont celles que Jacques Réda reconnaît ici comme autant de familles d'adoption car elles auront littérairement nourri et édifié l'auteur de L'Herbe des talus. Sept familles ? Ce sont celles de sept écrivains, plus ou moins de la génération de son propre père, et qu'a connus l'auteur, comme on dit, de leur vivant. Le directeur de la NRF qu'il fut de 1987 à 1996 est devenu leur ami et il propose ici, comme une reconnaissance de dette, à la fois de parlants portraits et, pour chacun d'eux, une des poétiques des plus pointues, une esthétique des plus justes qui leur ait jamais été consacrées. Car Jacques Réda -on l'oublie trop souvent si on ne l'ignore pas - est l'un des lecteurs les plus fins qu'a connus la littérature française de notre époque. Sept familles ? Il s'agit, dans l'ordre alphabétique, de celles de Jean Follain, d'André Frénaud, de Lorand Gaspar, de Jean Grosjean, de Louis Guillaume, de Francis Ponge, de Jean Tardieu - et puisqu'il faut toujours qu'une pièce rapportée élargisse heureusement chaque famille, au risque de faire mentir notre titre : de l'impayable Raymond Queneau. Les lecteurs auront ainsi la chance de redécouvrir des auteurs essentiels pour la compréhension de l'histoire littéraire de la fin du XXe et du début du XXIe siècle et - clé unique pour la compréhension de son oeuvre- de la bibliothèque intime de Jacques Réda. Jacques Réda est né le 24 janvier 1929 à Lunéville. Du même auteur, les éditions Fario ont publié dans la collection Théodore Balmoral, Le Chant du possible, écrire le jazz, en 2021 et avec Alexandre Prieux, Entretien avec Monsieur texte en 2020.

11/2022

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Littérature française

L'herbe du talus

L'herbe nous ressemble : elle pousse partout. Entre les pavés des capitales aussi bien que le long des talus. Et notre mémoire aussi est comme une grande prairie, où l'herbe se relève sur nos sentiers. Ainsi l'herbe nous ressemble parce qu'elle se renouvelle, tout en restant l'herbe de toujours. Elle a l'opiniâtreté de l'espérance et la profondeur de l'oubli. Le vent l'aime, il la fait courir, comme courent les mots dans nos têtes puis sur une page, quand on se laisse emporter au souffle variable des jours.
Ce livre est une promenade dans l'herbe, où brillent des yeux et des souvenirs. A travers les Highlands ou en Grèce, à Rome ou à Budapest, sur la Loire ou devant le caveau de famille, à pied ou en chemin de fer, c'est un peu l'herbe elle-même qui se promène dans le livre à son tour. Elle révèle à la fin son goût de temps et d'espace au poète qui, tant par dévotion que par conscience professionnelle, n'a pas hésité à brouter.

04/1984

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Littérature française

Le citadin

Le citadin est un petit bulletin périodique, clandestin, fait-main, qui paraît "subrepticement, de temps à autres, dans le XXème arrondissement de Paris" entre 1997 et 2010. Pendant plus de dix ans, Jacques Réda s'amuse à façonner et composer artisanalement les matrices manuscrites de chaque numéro, les tirant à quelques dizaines d'exemplaires et les distribuant à son entourage d'amis poètes, peintres et écrivains. Entre folie ? ctive et références au réel, ces feuilles con ? dentielles accueillent poèmes, récits, articles, reportages, chroniques locales, critiques littéraires, gastronomiques et autres. Chaque témoignage de la vie parisienne - dans le parcours de la ville et son actualité - s'élabore d'un humour subtil et d'une plume que l'on sait terriblement érudite. Celle d'un promeneur qui, en espace urbain comme champêtre et face à l'époque traversée, a su rester attentif aux détails du quotidien, là où la poésie s'insinue. De cette trentaine de numéros, une oeuvre de plus de six cents pages voit le jour. Réservées à quelques proches et inédites jusqu'ici, notre édition les reproduit intégralement en un fac-similé historique, imprimé sur papiers de couleurs. Entre nos mains se tient un objet singulier : l'exercice unique, intime et minutieux d'un des poètes majeurs de notre temps.

04/2023

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Critique littéraire

Le fond de l'air. Chroniques de la NRF 1988-1995

Devenu le cinquième directeur de la Nouvelle Revue française en 1987, succédant à sa grande surprise à Jacques Rivière, Jean Paulhan, Marcel Arland et Georges Lambrichs, il aura fallu un an à Jacques Réda pour se résoudre à monter lui-même dans le " train ". C'est dans le " fourgon arrière" qu'il décide alors de publier ses propres chroniques, en " passager clandestin ", affirme-t-il, croquant malicieusement son époque le nez au vent, dans une grande diversité de " questions ". Celles de la couche d'ozone, de la toponymie, de la " CB ", des extraterrestres, de la nouvelle Grande Bibliothèque de France, du phonographe, des frontières ou des sondages télescopent celles de l'orthographe, du langage, de la poésie ou du style. A propos de la question militaire, Réda convoque Valery Larbaud ; parlant du " jeu de ballon rond ", il évoque à la fois Pindare et Jean-Pierre Papin et s'élève contre les séances de tirs au but ; sa question concernant la " fin du monde " s'achève par une sentence définitive : "L'éternité existe mais elle ne dure jamais longtemps ". Ainsi Le fond de l'air de Jacques Réda fleure-t-il bon le pessimisme joyeux, l'érudition amusante, l'humour pince-sans-rire, relevant partout la cocasserie et les paradoxes de nos temps "modernes". Et ce que Réda observe dans les années 1990 ne laisse pas de résonner, tout comme des épigrammes de Martial ou des satires de Juvénal...

11/2020

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Poésie

Démêlés. Poèmes, 2003-2007

Et c'est donc bien comme je pensais l'avoir un jour compris : on ne commence jamais, on continue et, des cris imités des animaux qui, à l'inverse de l'élégiaque, jamais ne hurlent, sifflent, gazouillent, rugissent ni ne brament pour rien mais font ainsi connaître qu'ils ont réellement faim ou soif, qu'ils ont peur, qu'ils menacent, désirent s'accoupler, pressentent la venue de la pluie, l'imminence du retour de la lumière ou de son déclin, avant même qu'on ait eu l'idée de nommer sa propre main puis l'arme ou l'outil qu'elle invente en ramassant un caillou tranchant ou un bout de bois pointu, dans ce réseau de significations très précises où le tonnerre imposait tout à coup le silence fracassant d'un dieu, on passa de l'écoute intelligente des cris des bêtes à ceux que l'on poussait en matant les soubresauts d'une femelle ou pour chasser les urubus profanateurs des morts.

04/2008

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Littérature française

Quart livre des reconnaissances

Mieux que nous ne pourrions le faire, Jacques Réda dé? nit les contours de ce livre dans son émouvante postface : Les quatre Livres des reconnaissances n'ont jamais fait l'objet d'un plan. On ne doit donc pas y voir une sorte d'anthologie un peu plus lacunaire que la plupart des autres, ni même un re ? et de mes seuls goûts personnels. Tous ces textes ont été composés pour ainsi dire par surprise et au hasard d'une relecture ou d'une remémoration. Elles ont très rarement répondu à un projet d'ailleurs en général assez vague, sinon, dans ce volume même, où, non sans lacunes, j'ai tenté d'évoquer l'évolution du vers français. Après quoi, en effet, c'est la langue française qui, s'éloignant progressivement et naturellement d'elle-même, a obligé le vers, désormais sans structure, à tâtonner, parfois avec brio, vers la langue nouvelle que Rimbaud avait souhaitée et qui, loin d'être une méta-langue poétique, sera peut-être un jour celle qu'aura ? xée le classicisme de nos très lointains descendants. Autrement dit, ceux que nous appelons "grands poètes" représentent un état particulier de la langue où, de manière aléatoire mais inévitable surgissent, de ce brassage d'ondes, des crêtes si remarquables qu'on leur donne un nom - un nom d'auteur -, comme on en attribue à ces grands accidents de terrain ou à ces formes que revêt l'eau dans les mers, les lacs, les torrents et les ? euves. Mais, de l'une à l'autre région, et malgré de scrupuleux cartographes, on oublie le nom des collines, des gorges et des ruisseaux qui ont contribué à la gloire des Himalaya et des Amazone. Avec le très remarqué Quel avenir pour la cavalerie ? qui les complète, ces Livres établissent la géographie de la poésie rédasienne, comme ils en forgent la boussole.

04/2021

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Jazz, Blues, Soul, Rap, Reggae

Le Chant du possible. Ecrire le jazz

Le Chant du possible regroupe huit textes sur le jazz à travers lesquels Jacques Réda continue d'explorer, en le précisant, le rapport qu'il entretient au jazz depuis sa jeunesse : elle en fut éclairée. Le jazz est immédiateté. Si bien que concevoir l'intensité de sa déflagration dans sa spontanéité, dansante la plupart du temps, c'est accéder à la révélation du Temps à un moment donné. Et ce n'est pas rien quand on se sait mortel. Si le jazz est l'aventure d'une "aptitude rythmique, associée à des dons d'expression harmonico-mélodiques et d'expressivité sonore" , bref, l'aventure d'une personnalité qu'elle soit individuelle ou collective, il ne se conçoit pas sans le Swing. Ce swing est la "qualité particulière qui se dégage et ne peut se dégager que d'un rythme à deux ou quatre temps où l'accent se porte sur le temps faible" , dont le jazz est inséparable. Il ne l'est pas non plus du Blues dont souvent il découle, empreint alors de tristesse ou de joie, c'est selon, mais jamais "sans sa charge affective et ontologique d'humanité" . C'est dire qu'on s'y retrouve quand on s'est ou qu'on se sait perdu. Dans Le Chant du possible, Jacques Réda écrit : "Je me suis constitué, après plus de trois quarts de siècle, un petit trésor de méconnus et d'oubliés où je puise et que j'augmente avec le même intact ravissement". A côté des grands noms du jazz, c'est ce petit trésor que nous proposons à nos lecteurs de découvrir avec le même ravissement. Les huit textes portent les titres suivants : 1. Au moment donné, 2. Le Chant du possible, 3. Jabbo Smith, 4. Ecrire le jazz, 5. Lester Young ou L'Ironie du saut, 6. Round about Monk, 7. Une actualité permanente, 8. Now's The Time ou Le Temps selon Charlie Parker.

11/2021

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Musique, danse

L'improviste. Une lecture du jazz

Ce qui hante ces pages, sur près de quarante ans, provient d'une lointaine intuition dont les événements ont montré qu'elle était fondée, et qui est inséparable d'une tendance à considérer le jazz comme un être unique à travers la succession de ses âges, sous la multiplicité de ses aspects. On constate en effet une frappante similitude entre son trajet et un parcours humain, dans le grand demi-siècle qui, au lendemain de la Première Guerre mondiale, l'a vu passer de la jeunesse à la caducité, et se transformer ensuite de telle manière, dans des directions si diverses, qu'appeler jazz aujourd'hui certaines manifestations musicales relève au moins de l'irréflexion. On ne saurait éviter de déceler, agissant sur une courbe ainsi comme naturellement décrite, une influence plus secrète qui en a précipité le mouvement. Il semble que le jazz ait toujours voulu être plus ou autre chose que lui-même.

06/2010

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Littérature française

Aller au diable

Quand on s'est fait trop jeune une idée sublime de l'amour, il est fatal qu'on se retrouve, à mesure qu'on approche de vingt ans, tout étourdi par la ronde pressante des jeunes filles. Comment choisir ? Y en a-t-il une qu'on aime, et n'est-ce pas justement celle qu'on croit (ou qu'on veut) ne pas aimer ? Prise elle aussi au piège de ses illusions moins éthérées, elle paiera pour rien, sans la faute de personne, le prix exigé par le sort. Cette histoire se déroule, peu avant les années 1950, dans une petite ville encore très provinciale des environs de Paris. Bien d'autres hésitations y ballottent puis compromettent le narrateur, entre le manoir des nantis et les baraquements sordides de la " Pologne ", entre deux bistrots concurrents, entre la réalité (qui attend son heure avec une crue du fleuve) et le besoin de lui échapper - de la dominer, peut-être - en la réinventant dans un univers fictif. Le diable y trouve son compte. Des personnages curieux et contrastés animent ce roman particulièrement riche en figures féminines, plus diverses les unes que les autres par l'âge, le rang social, le caractère, la séduction.

02/2002

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Poésie

La nébuleuse du songe. Suivi de Voies du contournement, La Physique amusante III, Edition de luxe

Dans ce troisième volet de La Physique amusante, l'auteur part d'une question naïve en apparence, "Est-ce que l'univers invente ou bien rabâche ?", pour se l'appliquer à lui-même : "Est-ce que j'invente ou rabâche ?". Il emprunte, pour y répondre, La nébuleuse du songe. Comme s'il avait été là au commencement de l'univers, il parcourt l'histoire des découvertes qui, de Ptolémée, Copernic, Kepler, mènent à Bach ou Mozart, et s'aperçoit à la fin que "le corps et sa mémoire en savent plus long que nous." Ce que l'amour, dans son éternel recommencement, nous apprend aussi. Empruntant, dans une deuxième partie des Voies de contournement, il revient sur un mode plus détaché et contemplatif aux questions sans fin que la création nous pose. Les lecteurs non-scientifiques s'enchanteront de cette explication rêveuse et intime des mécanismes obscurs de l'univers. Les amateurs de poésie suivront avec bonheur le rythme de ces vers ajustés à la pertinente équation de l'espace et du temps.

10/2014

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Musique, danse

Le grand orchestre

Alors je suis retourné chez Duke, et ça s'est aussi bien passé que lorsque Hodges et Coolie ont reparu après quatre ou vingt ans d'escapades. Duke était un vrai grand seigneur. Il n'a jamais eu de domestiques : ses musiciens devenaient ses pairs. Sans fortune, il payait de sa poche la location des studios où, en plus de toutes ses tâches, l'orchestre jouait pour lui. Et ils n'étaient plus à chaque fois qu'un seul amoureux qui fait resurgir sa Béatrice. Ma place était chez eux. Maintenant que je me trouve de nouveau seul dans la coulisse, avec mon trombone élégiaque et le programme inutile de mes souvenirs, je n'attends plus que la mienne réapparaisse, puisque c'est moi qui serai parti. Je ne connais plus que l'attente motrice qui est le fondement du rythme, et j'écoute l'orchestre qui redémarre après quelques drus, hardis accords du piano. J. R.

05/2011

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Poésie

Lettre au physicien. La physique amusante II

"On jalouse parfois le savant qui s'étonne De la diversité du monde. Pour ma part, Tantôt j'admire aussi le quark et le pulsar, Tout ce qui les relie et qui les environne, Tantôt cette splendeur me semble monotone Voire obsédante à la façon d'un cauchemar. Quel fol encombrement dans l'espace ! L'infime n'en trouve jamais trop lui-même pour maigrir, Farine de poussière impossible à pétrir, Poil à gratter la chose au fond le plus intime, Billon dilapidé très loin sous le centime Et, pour notre clin d'oeil entre naître et mourir, Qu'est-ce que ce bazard astral qui, sans limite, Fait valser sur des éventaires sans tréteaux La même marchandise - ondes, gaz, rocs, métaux : Pourquoi cette débauche à tant de dynamite Vouée ? On voudrait demeurer comme un ermite A regarder deux brins d'herbe fondamentaux".

03/2012

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Littérature française

Accidents de la circulation

A première vue, penserez-vous sans doute en lisant ce livre (mais lisez-le d'abord), ce sont plutôt des incidents que des accidents qu'il raconte. Mais "incidents de la circulation" , ça ne se dit pas, alors qu'il existe cette belle expression : "incidents de frontière" , qui peut-être aurait mieux convenu. Gardons-la pour un autre livre. Et d'ailleurs : quelle frontière ? Eh bien, celle qui passe par exemple entre le troisième et le dixième arrondissement de Paris, entre Montreuil et Bagnolet, le long d'une voie ferrée désaffectée en Bourgogne ou dans un jardin botanique de Madrid. Car (on a beau circuler) c'est toujours et partout la même : invisible, certaine, de plus en plus proche. Est-ce qu'on va enfin la franchir ? Oui, mais rien ne presse.

02/2001

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Littérature française

Jouer le Feu

Le jeu, avec ses règles pour ainsi dire fatales, c'est le jazz dans sa nature et son évolution. Jouer le jeu, pour ses interprètes, peut prendre alors deux sens qui ne s'excluent pas : celui d'une adhésion aux règles (qu'il faut perfectionner, au besoin bouleverser peut-être, mais comme le veut la loi du jeu) ; celui d'une recherche des règles individuelles qui, par le biais du jazz, et comme en dépit de sa vigilance, permettent l'expression d'un lyrisme ou d'un destin. Tel est un des thèmes de ces pages où - en raison de la position centrale qu'il occupe entre mélodie et rythme - les variations ont été confiées au seul piano : à quelques-uns de ses maîtres (Duke Ellington, Teddy Wilson, Bill Evans), à plusieurs de ses figures dites secondaires, auxquelles il convenait de rendre scrupuleusement leur dû. Jouer le jeu étend ainsi le champ de la seconde partie de L'improviste, paru en 1980.

05/1985

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Littérature française

Lettre sur l'univers et autres discours en vers français

"Comme le titre de l'ouvrage l'indique, il s'agit de pièces écrites en mètres traditionnels ou susceptibles de le devenir. La qualification du discours est moins due à un ton (parfois élégiaque plutôt qu'oratoire) qu'à une certaine dimension de développement et à une intention de sujet. Les premiers m'ont été suggérés ; ensuite, je m'en suis proposé d'autres. On y remarquera une grande variété. Il y est en effet traité de la Ville, des Animaux, des Robots, de la Pluie, des Dieux, des Supermarchés, des Armées de la république, etc. Quelques ensembles ou morceaux à caractère plus ouvertement personnel sollicitent davantage la fibre lyrique, présente plus ou moins dans tous ces discours. Bien d'autres sujets étaient concevables. Mais l'envie de les aborder de cette manière m'a quitté aussi soudainement qu'elle m'avait pris". Jacques Réda.

02/1991

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Littérature française

Restons timbrés

Jacques Réda, dernière grande plume de sa génération est un fervent partisan des correspondances manuscrites et des envois postaux. Affranchissons-nous avait déjà relevé, dans la rêverie, le plaisir de ces pratiques. L'envoi d'une lettre tenait alors de l'anodin : pressentait-il déjà les changements que le numérique portait en son germe ? Ici il vole au secours de ce patrimoine fait de petits bureaux de province, de timbres tra ? qués et de négociations à foison. Son verbe, vengeur et nostalgique, gi ? e la modernisation du système postal et prône le délice du chaos face à ses rouages cadencés. Un éloge qui ne se cantonne pas aux boîtes aux lettres et qui tente, d'un gai pessimisme, de ramener la société et son monde à la raison, vers l'essentiel et les joies sincères, ce monde "pris de démence et où tout nous incite à demeurer doucement mais fermement timbrés" .

05/2022

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Littérature française

Les chateaux des cour air

Après Les ruines de Paris et Hors les murs, c'est à un nouvel itinéraire dans la nébuleuse parisienne que Jacques Réda nous invite. Depuis son quartier de Vaugirard, on le suivra d'abord dans les replis du «XVe magique», bientôt dans l'arrondissement voisin et, de là (avec diverses haltes dans des jardins, une église, sur un pont, dans les «passages» de la rive droite), jusqu'à la gare de l'Est. C'est le point de départ d'un voyage circulaire à travers les autres grands terminus ferroviaires de la capitale.

01/1987