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André Dhôtel, Philippe Jaccottet

Extraits

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Critique littéraire

Philippe Jaccottet. Le combat invisible

Après 95 ans d'une vie discrète et qui se confond avec son oeuvre immense d'écrivain, de traducteur et de critique, la figure de Philippe Jaccottet reste auréolée d'une sorte de légende. Mais qui se cache derrière "l'ermite de Grignan"? Fabien Vasseur dissipe la fable de l'effacement et retrace les linéaments d'une aventure poétique ambitieuse et complexe, riche en détours, faite de conflits souterrains et de conquêtes lumineuses. Loin de fuir le fracas de l'histoire, mais au plus près des choses, à l'affût des signes du mystère, sans jamais occulter le poids de la mort ni des plus terribles menaces, le poète parle aux hommes de leur salut. C'est, avec l'arme la plus pure, celle des mots, un combat exaltant, incessant, invisible, qu'il mène, depuis toujours, pour la vérité et la beauté du monde.

01/2021

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Critique Poésie

Philippe Jaccottet. Leçons et "Hameau"

Leçons et "Hameau" de Philippe Jaccottet présentent deux thématiques, la mort et le paysage, deux types de poésies, l'une en vers, l'autre en prose, et deux périodes créatrices, la seconde moitié des années soixante et les années quatre-vingt-dix. L'analyse des deux textes permet de retracer des liens avec les oeuvres précédant Leçons et suivant "Hameau" . L'unicité de ce poète s'en dégage. Si l'émerveillement qu'éveille la perception de la nature et l'horreur que déclenche la mort échappent au dire du poète, ils suscitent pourtant une quête à travers diverses approches interprétatives. Cette recherche oscille entre ce qui est ineffable et l'engagement de le laisser transparaître dans le texte, elle s'affranchit de tentatives qui font écran à l'irréductible expérience du poète, et elle le rend aussi bien conscient des limites de la langue que de la fragilité du corps humain. L'inquiétude qui en surgit va de pair avec une lucidité qui ne dissimule ni doute ni incertitude, elle donne, en revanche, lieu à une ouverture réceptive qui permet le partage dialogique entre le monde perçu comme un tout et celui entre poète et lecteur.

10/2021

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Critique Poésie

Le "tissu poétique" de Philippe Jaccottet

Cet ouvrage explore l'oeuvre de Jaccottet, interroge les fondements et les enjeux de sa poétique. Il se propose de montrer comment le poète assume sa finitude d'homme blessé par le monde moderne dans un travail d'écriture qui renoue patiemment le lien du moi avec "le paradis dispersé sur la terre", comment la texture hétérogène de l'oeuvre procède d'une même quête de justesse - les poèmes-discours et les proses s'appliquant à désenchevêtrer l'opacité du monde et à déjouer les séductions du langage.

04/2022

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Critique

Avec André Dhôtel

"Nous ne sommes pas très nombreux à savoir que les romans de Dhôtel sont l'honneur de notre temps" disait Jean Paulhan. Peut-être est-ce cette modestie essentielle (aux ressources in ? nies), ce merveilleux très quotidien ou encore le goût pour les choses de la terre qui auront rapproché Philippe Jaccottet d'André Dhôtel. Les deux voix, au prisme d'une correspondance de trente années et neuf textes critiques rassemblés ici, s'accordent autour d'une beauté juste, sans éclat.

06/2022

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Poésie

Tombeau de Philippe Jaccottet & Tombe d'abeilles

Un recueil de poèmes en prose. Après avoir donné un Tombeau d'Yves Bonnefoy, Frédéric Riera continue ici son travail d'embaumement de ce qui marqua son apprentissage de fascination et d'ambivalence par un recueil de deux textes parodiques et sacrés. Si le Tombeau de Philippe Jaccottet constitue le geste d'un hommage autant que d'un pastiche à la recherche d'une posture où le grand mort se trouverait pris en défaut du ridicule de toute tragédie, Tombe d'abeilles rassemble dans le chiffre d'une scène d'Italie les deux poètes dont les ombres se voient désormais réunies hors des profanations.

09/2023

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Critique littéraire

Philippe Jaccottet. Une poétique de l'insaisissable

Volontairement effacée, insensible aux effets comme aux honneurs, l'œuvre de Philippe Jaccottet fait entendre l'une des voix les plus authentiques de toute la poésie contemporaine. Patiemment construite dans le silence et la discrétion, elle se veut attentive à ce qui de l'homme et de l'existence est le plus impalpable : un insaisissable, que le langage poétique, sous peine de s'abolir, ne peut qu'interpeller dans un questionnement toujours recommencé. C'est à l'analyse passionnée de cette démarche et de cette parole, qui l'ont visiblement enchanté, que Jean Onimus s'est livré dans cet essai, où l'approche critique va au plus près de l'œuvre qu'elle éclaire. Sensible et rigoureux, ce livre est la première étude approfondie de l'œuvre de Philippe Jaccottet, et une introduction chaleureuse à la poésie contemporaine dans ce qu'elle a d'essentiel.

05/1993

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Poésie

La promesse d'un regard

Vous qui avez soif de poésie, voici une voix nouvelle, à la fois singulière et fraternelle, limpide et secrète. Un inconnu, ce Raymond Magnand ? De cette entité que l'on nomme le " grand public ", sans nul doute, puisque c'est ici l'un de ses trop rares recueils édités. Mais déjà remarqué par des esprits vigilants et perspicaces, peu enclins à la louange complaisante, tels que Jacques Borel, Marcel Arland, André Dhôtel, Julien Gracq, Jean d'Ormesson, Louis-René des Forêts, Yves Bonnefoy, Philippe Jacciottet, Annie Ernaux... Aujourd'hui c'est à vous seuls, ces " amis inconnus " dont parle Supervielle qu'il s'adresse. A voix nue. Qu'il vous suffise d'ouvrir ce livre et d'écouter. D'accueillir en vous " ces simples mots sur la blessure inguérissable " (Philippe Jaccottet).

12/2008

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Critique Poésie

Du bonheur de la vie poétique. En pensant à André du Bouchet, Yves Bonnefoy et Philippe Jaccottet

La traduction, nous le savons bien au Bruit du temps, n'est pas seule- ment la meilleure façon de comprendre un texte découvert dans une langue étrangère, elle est aussi, très souvent une rencontre, celle du traducteur avec l'auteur et, aussi bien, une affaire d'amitié. Il se trouve que Wolfgang Matz, avec son épouse Elisabeth Edl (ou, dans le cas d'André du Bouchet, avec Sander Ort), a publié des traductions alle- mandes de trois poètes français d'une même génération, celle dont on fête, en ce début des années 2020 le centenaire de la naissance ; trois poètes d'ailleurs eux-mêmes liés par des liens d'amitié, mais aussi par une certaine idée de la poésie dont la revue L'Ephémère a été l'une des manifestations. Wolfgang Matz les a rencontrés à plusieurs reprises, il a été l'un des témoins de leurs dernières années. Ce livre évoque ces trois figures en rassemblant quelques souvenirs, en revenant aussi sur certains textes qu'il a traduits, mais en s'attachant surtout à ce que ces rencontres lui ont appris : que la poésie ne se réduit pas à la produc- tion de livres, qu'elle doit aussi se traduire par une certaine "justesse" dans la vie elle-même. C'est ce qui fait le prix de ces pages, à laquelle on pourrait bien sûr reprocher une certaine idéalisation de l'existence poétique, mais il faut les lire comme un hommage à la qualité d'être de ces trois figures, une sorte de signe amical de reconnaissance pour ce qu'ils ont été et ce qu'ils ont représenté, humai- nement, jusqu'au bout - puisqu'il est surtout question ici de leur fin - pour les personnes qu'ils ont côtoyées. Dans une lettre à Böhlendorf, Hölderlin parlait du besoin qu'il ressentait de la "Psyche unter Freunden" , d'une parenté de l'âme que les amis peuvent partager. C'est de cela qu'il est question dans ce précieux petit livre.

04/2024

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Critique

Singularités poétiques. Philippe Jacottet, Kathleen Raine, Heather Dollahau

En interrogeant notre rapport au monde sur le mode de l'exile, du mystère de l'être et de l'incomplétude, la poésie tente de capter cette épiphanie de l'être qui nous ouvre aux vertiges de la présence comme une fulgurance. La création nous permet alors de trouver refuge dans l'imaginaire de la langue que chaque poète fait résonner à sa manière et dont nous tentons ici de faire écho à travers ce recueil d'articles ou de notes de lecture parcourant différentes époques et styles pour écrire le poème bariolé du monde.

11/2022

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Critique littéraire

Poésie et A la lumière d'hiver de Philippe Jaccottet

UN ESSAI : Etude approfondie d'un grand texte classique ou contemporain par un spécialiste de l'œuvre : approche critique originale des multiples facettes du texte dans une présentation claire et rigoureuse. UN DOSSIER : Bibliographie, chronologie, variantes, témoignages, extraits de presse. Eclaircissements historiques et contextuels, commentaires critiques récents. Un ouvrage efficace, élégant. Une nouvelle manière de lire.

10/2006

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Autres éditeurs (U à Z)

André André André

C'est l'histoire de trois frères. Le premier s'appelle André. Le deuxième s'appelle André. Et le troisième s'appelle André. Quel cafouillage quand ils viennent tous les trois dès qu'on en appelle un ! Ou qu'ils répondent au téléphone alors que ce n'est pas pour eux ! Franchement, impossible de savoir qui est qui... Il va falloir prendre les choses en main. Cet album parle avec justesse et humour du fait de trouver sa place dans une fratrie.

11/2021

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Critique littéraire

Les cahiers du Chemin N° 10, 15 Octobre 1970

Jean-Luc Parant, Des yeux de DieuRoger Borderie, CompositionMichel Deguy, Pour commencer à saluer Paul CelanPaul Celan, Quatre poèmes traduits par Philippe JaccottetJ. M. G. Le Clézio, La mer noireClaude Mouchard, Nouvelles critiquesFrançois Coupry, Les bonnets d'âneJean Roudaut, Vingt-quatre fragments de peinture romaine au musée de NaplesJude Stéfan, De CatulleLudovic Janvier, Antonin Artaud, Lettres à Génica AthanasiouJacques Réda, Philippe Jaccottet, Leçons - Maurice Blanchot, L'entretien infiniPierre Pachet, Freud malgré tousHenri Meschonnic, Sémiotique et poétique, partant de BenvenisteJ. M. G. Le Clézio, Louis Wolfson, Le schizo et les languesMichel Chaillou, Jean Vauthier, Le SangMichel Deguy, Althusser, Lénine et la philosophie

11/1970

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Petits classiques

Réussir son Bac de français 2023 : Analyse du recueil À la lumière d'hiver de Philippe Jaccottet

Réussissez votre bac de français 2023 grâce à notre fiche de lecture du recueil A la lumière d'hiver de Philippe Jaccottet ! Validée par une équipe de professeurs, cette analyse littéraire est une référence pour tous les lycéens. Grâce à notre travail éditorial, les points suivants n'auront plus aucun secret pour vous : la biographie de l'écrivain, le résumé du livre, l'étude de l'oeuvre, l'analyse des thèmes principaux à connaître et le mouvement littéraire auquel est rattaché l'auteur.

10/2022

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Récits de montagne

Arpenter le paysage. Poètes, géographes et montagnards

Finaliste du prix Femina essais en 2019, ce vagabondage autobiographique de l'ethnologue Martin de La Soudière est une initiation à la campagne, à la montagne (les Pyrénées, en grande partie) et à la marche, tout en racontant ce que fut la nature pour les Gracq, Jacottet, André Dhôtel, et autre Pessoa. Une merveille.

02/2022

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Littérature française

Obscurité

L'ancien élève, ou mieux, le disciple d'un grand philosophe, dont l'enseignement et la bienveillance personnelle ont joué un rôle capital dans sa vie, revient d'un long séjour à l'étranger et son premier soin est de revoir son maître. Après de longues recherches, il découvre sa retraite. La découverte est navrante : ce brillant esprit, ce savant admiré et fêté, cet amoureux fougueux et romanesque, ce père enfin, ont fait place à une espèce d'animal farouche qui vit seul dans l'obscurité, replié sur lui-même en une sorte d'attente provocante et révoltée de la mort. Car cet homme est une victime de l'idée de la mort ; elle s'est emparée de son esprit au point que toute activité, toute vie affective lui sont devenues impossibles. Aucune des hautes pensées qu'il inculquait jadis à ses élèves n'a eu de pouvoir contre l'horreur de cet anéantissement inéluctable. Il répond aux questions gênées de son disciple par des phrases comme : "Rien n'est vrai, rien n'est hormis le mal de le savoir" . Le disciple cherchera donc seul une telle maladie de l'âme : "Ce sont peut-être les légers, les téméraires qui ont raison... , ceux qui acceptent le risque de se perdre sans espoir de compensation. ". . Ce récit se distingue par une simplicité qui n'exclut pas une réelle science d'écriture, par son sens subtil des nuances et des atmosphères, sa pudeur, qui ne voile cependant pas le drame du disciple devant l'échec de son "maître" .

10/1961

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Poésie

D'une lyre à cinq cordes

"Ni par l'élection des poètes traduits ni par le nombre de pages accordé aux uns et aux autres, ce recueil ne représente une anthologie de mes goûts ; moins encore, ne serait-ce qu'un fragment d'un panorama de la poésie européenne. L'absence d'un poète tel que Dante, que je place au plus haut - et c'est bien pourquoi j'ai échoué à en traduire même quelques pages -, le dit assez ; mais aussi bien, à un niveau moins élevé, pour l'époque contemporaine, de Saba, de Sereni ou de Celan. Ce choix qui n'en est pas un tient, en fait, à des circonstances diverses. Certaines traductions sont le résultat d'une commande ; quelques-unes de la présence de ces poèmes cités dans des essais que j'ai eu à traduire. Quelquefois, découvrant un poème qui me touchait dans l'oeuvre d'un auteur méconnu, ou, à l'occasion d'un voyage en Autriche, toute une oeuvre presque ignorée comme celle de Christine Lavant, j'ai eu le désir de rendre sensibles ces heureuses rencontres à d'autres que moi... Reste, bien sûr, que les ensembles plus vastes dont j'ai voulu reprendre ici quelques pages : ceux de Góngora, de Hölderlin, de Rilke, d'Ungaretti et de Mandelstam, représentent vraiment, eux, le fruit de rencontres essentielles dans ma vie de poète, de traducteur et d'homme tout court ; et je remercie les éditeurs qui m'ont permis de les faire figurer ici, dans une perspective nécessairement différente". Philippe Jaccottet.

12/1996

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Poésie

Poésie. 1946-1967

"A l'approche de ces poèmes s'éveille une confiance. Notre regard, passant d'un mot à l'autre, voit se déployer une parole loyale, qui habite le sens, comme la voix juste habite la mélodie. Nulle feinte, nul apprêt, nul masque. Nous pouvons accueillir sans ruse interposée, cette parole qui s'offre à nous sans détour. Un émerveillement, une gratitude nous saisit : la diction poétique, le discours poétique (mais délivré de tout artifice oratoire) sont donc possibles, toujours possibles ! C'est ce dont, à considérer la plupart des productions du jour, il semblait qu'il fallût désespérer, pour ne plus rencontrer que le souvenir brisé de ce que fut la Poésie. . ". Jean Starobinski.

03/2007

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Littérature française

Un calme feu

"Nombre de raisons, dont les meilleures ne sont que trop douloureusement évidentes, m'ont fait hésiter à publier ces pages. Que la menace qui pesait déjà sur le Liban quand nous nous y sommes rendus, sous le prétexte de deux lectures de poésie, en 2004, loin de se dissiper, se soit aggravée depuis au point qu'on ne sait plus où trouver de quoi réveiller en nous ne fût-ce qu'un infime espoir, voilà ce qui nourrit plus que toute autre chose mon scrupule. Il y a tout de même quelque chose qui m'a permis de surmonter d'aussi légitimes scrupules: c'est que ce dont je parle maladroitement ici, fait aussi, après tout, partie de la réalité ; que toutes sortes de formes de beauté persévèrent, que l'amitié sous mille aspects demeure, et l'hospitalité, la générosité, la grâce ; comme surviennent encore des moments de profond calme, d'échanges vrais, et des éclaircies aussi indubitables que les nuages les plus noirs ou orageux ; de sorte que s'entêter à recueillir ces signes et en faire un petit livre, d'ailleurs sans prétention, ce serait moins insulter à l'épreuve de ces pays que leur rendre hommage et, en fin de compte, ne pas ajouter au désespoir vers lequel presque tout, aujourd'hui, nous entraîne", Philippe Jaccottet. En ces pages où il convoque à ses côtés les plus grands poètes du Proche-Orient, Philippe Jaccottet nous entraîne dans un Liban tout intérieur et une Syrie maintenant disparue. Sa voix basse murmurante se faufile entre les apparences et ne demeure que la justesse.

11/2015

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Poésie

Pensées sous les nuages. Poèmes

Un recueil de sept poèmes, ou groupe de poèmes, qui ont pour titres : On voit, Pensées sous les nuages, Le mot joie, A une jeune mère, Plaintes sur un compagnon mort, A Henry Purcell, Le poète tardif... A cette poésie pure et grave, transparente comme la lumière, on pourrait appliquer les mots que la musique de Purcell inspire à Philippe Jaccottet : Ecoute : comment se peut-il que notre voix troublée se mêle ainsi aux étoiles ? Il lui a fait gravir le ciel sur des degrés de verre par la grâce juvénile de son art.

10/1983

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Littérature française

A travers un verger suivi de Les cormorans et de Beauregard

Ces textes de Philippe Jaccottet tirent pour la plupart leur inspiration du thème du voyage, de la promenade. Ce sont des itinéraires de campagne, une rêverie sur des noms de lieux. Certains paysages apportent des moments mêlés d'exaltation et de mélancolie. Il y a aussi des hauts lieux, comme les riches sanctuaires romans du Roussillon, ou un quartier de Florence déjà rencontré dans un poème de Montale. Plus tard, en remontant vers le Nord, la lumière diffuse, voilée, de la Hollande et de ses peintres. "A la poursuite d'images profondes, le voyage avait bien fini par devenir intérieur", dit l'écrivain. Ses descriptions minutieuses, empreintes d'humilité, aboutissent à un émerveillement. Tel est le secret, livré au détour d'une phrase, de cette prose qui se tient au plus près de l'émotion.

10/1984

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Poésie

Après beaucoup d'années

"Les événements du monde, depuis des années, autour de nous, proches ou lointains - mais plus rien n'est vraiment lointain, du moins en un sens, si plus rien n'est proche non plus -, l'Histoire : c'est comme si des montagnes au pied desquelles nous vivrions se fissuraient, étaient ébranlées ; qu'ici ou là, même, nous en ayons vu des pans s'écrouler ; comme si la terre allait sombrer. Or, quand à cela, quant à l'Histoire, nul doute : il s'agit bien - ce qu'on aura vécu - de près d'un siècle de l'Histoire humaine ; une masse considérable, une espèce de montagne, en effet, dont la pensée a du mal à faire le tour, le coeur à soutenir le poids ; et tant de ruines, de cimetières, de camps d'anéantissement qui seraient, de ce siècle, les monuments les plus visibles, d'autres espèces de montagnes, sinistres. Et la pullulation des guerres, la plus ou moins rapide érosion de tout règle, et les conflits acharnés entre règles ennemies. Tout cela multiple, énorme, obsédant, à vous boucher la vue, à rendre l'avenir presque entièrement obscur". Philippe Jaccottet.

03/1994

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Poésie

L'Effraie. Et autres poésies

"La nuit est une grande cité endormie où le vent souffle... Il est venu de loin jusqu'à l'asile de ce lit. C'est la minuit de juin. Tu dors, on m'a mené sur ces bords infinis, le vent secoue le noisetier. Vient cet appel qui se rapproche et se retire, on jurerait une lueur fuyant à travers bois, ou bien les ombres qui tournoient, dit-on, dans les enfers. (Cet appel dans la nuit d'été, combien de choses j'en pourrais dire, et de tes yeux...) Mais ce n'est que l'oiseau nommé l'effraie, qui nous appelle au fond de ces bois de banlieue. Et déjà notre odeur est celle de la pourriture au petit jour, déjà sous notre peau si chaude perce l'os, tandis que sombrent les étoiles au coin des rues".

10/1979

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Poésie

Eléments d'un songe

Les Eléments d'un songe se présentent comme une suite de variations dont le thème initial est emprunté à L'Homme sans qualités de Musil. A la suite de cet écrivain, grand rêveur en quête d'états parfaits où l'on puisse oublier la laideur de la vie et l'horreur de la mort, mystique sans Dieu, passionné de la nature, Jaccottet cherche lui-même patiemment, en philosophe et en poète, les solutions qui permettent de vivre. Des images de femmes, tantôt exaltées, tantôt douces et plus enclines que l'homme à la résignation, s'associent fréquemment à ces méditations. Pour l'une d'elles, qui a tenté de se suicider avec du poison, il écrit " Ce n'était pas le ciel qu'il lui aurait fallu, mais la terre seulement un peu éclairée et l'air plus frais, et pouvoir passer sans horreur dans la boue. " Les remèdes habituels contre cette douleur de vivre et cette crainte de la mort, sagesse, religions, et jusqu'à la psychanalyse, paraissent à l'auteur sans pouvoir. L'amour semble capable d'effacer pour un temps ces angoisses ; mais " si le corps cherche la possession, l'âme n'en veut pas. La chance de Dieu est d'être insaisissable ". En fait, Dieu affleure à toutes ces méditations ; mais l'auteur voudrait redécouvrir " le feu des religions sans passer par la vie étroite d'une piété qu'il n'accepte pas ". Où peut mener cette mystique sans Dieu, cette soif inextinguible de beauté et d'harmonie, ce refus hautain de la réalité quotidienne, qui viennent buter sans cesse contre l'idée de la mort ? On est frappé par la noblesse et la poésie de ces méditations ; par la variété de ces thèmes que l'auteur développe, par son honnêteté foncière. Il s'agit, pour lui, plutôt que de pessimisme, d'une trop grande exigence, d'une ambition trop haute, qui ne désespère pas complètement de s'accomplir.

08/1961

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Poésie

L'ignorant. Poèmes 1952-1956

"Plus je vieillis et plus je croîs en ignorance, plus j'ai vécu, moins je possède et moins je règne". "Comme le feu, l'amour n'établit sa clarté que sur la faute et la beauté des bois en cendres". Ces vers ouvrent et ferment le poème intitulé L'Ignorant qui donne son titre au nouveau recueil de poésies de Philippe Jaccottet. Ils indiquent admirablement la recherche philosophique et poétique qui domine l'oeuvre que nous donne aujourd'hui l'auteur de L'Effraie. Les trois "livres" de ce volume (Dans les rues d'une ville - Paroles dans l'air - Le livre des morts), composés respectivement de 13, 20 et 7 poèmes, prouvent que l'unité profonde d'inspiration, la rigueur et l'originalité d'expression, la sobriété dans la richesse demeurent les qualités maîtresses du poète.

05/2013

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Ouvrages généraux

Rilke. Monographie

"Rilke savait mieux que personne qu'avoir écrit les Elégies et les Sonnets, avoir réussi à célébrer l'espace angélique tel qu'il l'avait pressenti très jeune et entrevu en certains moments décisifs de sa vie, ce n'était pas être devenu soi-même l'ange ou Orphée. /... / Mais sans doute avait-il désiré le grand poème comme Colomb l'Amérique, comme l'amant l'aimée". Dans cet ouvrage, Philippe Jaccottet s'emploie à retrouver un regard plus libre sur le poète et son oeuvre. Il s'écarte, dans la mesure du possible, de la légende et s'appuie sur ces mots de Robert Musil : "Rainer Maria Rilke était mal adapté à ce temps. Ce grand poète lyrique n'a rien fait que porter pour la première fois à sa perfection la poésie allemande... " Une monographie de référence, signée par un poète français parmi les plus importants, traducteur de l'oeuvre de Rilke.

11/2022

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Poésie

La Promenade sous les arbres

Ce nouveau volume de notre collection "Poésie en poche" , qui bénéficiera désormais d'une présentation plus luxueuse, sur un papier de qualité et avec une couverture à rabats, reprend, pour la première fois en France, l'édition originale de La Promenade, publié en 1957 par l'éditeur suisse Mermod, en reproduisant les dessins d'Anne- Marie Haesler-Jaccottet. Ce qui nous a décidés à le passer en poche, c'est qu'à la différence des autres livres majeurs de Jaccottet, celui-ci n'a jamais connu une grande diffusion (sauf dans le volume des Ouvres de la "Bibliothèque de la Pléiade" où il était déjà présenté par notre préfacier, Jean Marc Sourdillon). La Promenade est pourtant le tout premier livre en prose du poète. Commencé à l'automne 1952, repris et complété peu après le mariage de Jaccottet et son établissement à Grignan, il marque dans l'oeuvre un premier mouvement de retour sur une expérience poétique encore à ses débuts, treize ans avant la parution de Paysage avec figures absentes. C'est par La Promenade que Jaccottet inaugure la forme de prose méditative à laquelle on l'associera, découlant tout entière de sa pratique de la note : cette prose toujours à la recherche de la plus grande exactitude (le poète se demande sans cesse si ce qu'il vit, fait ou décide "sonne juste") oscille entre le recueil d'observations, le discours solennel et la confession. Livre à la fois nocturne et matutinal, "le plus lumineux et le plus perméable de tous les arts poétiques [du xxe] siècle" selon Peter Handke, La Promenade est l'Incipit vita nova de Jaccottet, le petit livre blanc des commencements. L'admirable, c'est que la description d'une expérience menée à l'intérieur des mots nous parle en réalité de notre propre vie. Comme le remarque son préfacier, "on y perçoit presque à tout moment la présence d'une discrète jubilation, l'eurêka modeste du poète qui découvre la cohérence de sa propre manière".

11/2022

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Pléiades

Oeuvres

Philippe Jaccottet a lui-même choisi les oeuvres rassemblées dans ce volume, y recueillant tout ce qu'on pourrait qualifier d'écriture "de création" et laissant de côté son travail de critique et de traducteur, ainsi que certains textes de circonstance liés à des voyages ou à des hommages ; il a veillé à ce que ses livres apparaissent selon la chronologie de leur publication initiale, qui était jusqu'alors parfois masquée par des regroupements éditoriaux ultérieurs. Recueils de poèmes et livres de prose alternent d'abord, bientôt ponctués à intervalles plus ou moins réguliers par les notes de carnets qu'égrènent les différentes livraisons de La Semaison. Retrouvant leur titre unique, celles-ci sont ici restaurées dans toute la cohérence de leur projet et complétées par les Observations, 1951-1956, longtemps inédites et qui sont comme l'amorce de ces semences littéraires rassemblant choses vues, choses lues et choses rêvées. L'évolution des poèmes est frappante : des sonnets rimés de L'Effraie (1953) aux pièces brèves et épurées d'Airs (1967) se fait sentir l'influence des révélations majeures que furent les paysages de Grignan et les haïku japonais. Par les chants plus tourmentés des livres de deuil qui se succèdent ensuite, de Leçons (1969) à Pensées sous les nuages (1983), le poète tente de maintenir le flux des mots malgré la mort qui semble faire vaciller jusqu'au langage. À partir de Cahier de verdure (1990), proses poétiques et vers se mêlent au sein d'un même recueil. Une forme éminemment personnelle s'invente, se concentrant sur les éclats de joie épars dont il s'agit de restituer la lumière. Comment embrasser à la fois le clair et le sombre, le grave et le léger, le tout et le rien ? L'ouvre de Jaccottet s'impose par l'exigence de sa quête, la pureté rayonnante et sans affectation de son chant - «L'effacement soit ma façon de resplendir», écrivait-il dès L'Ignorant (1957). Sans céder jamais à l'épanchement, se refusant autant au nihilisme qu'à l'exaltation - à «l'écourant brouillard d'un certain lyrisme» -, elle trouve certes dans la beauté subtile et poignante de la nature - lumière d'hiver, vergers en fleurs - une réponse vitale à la violence du monde et au désenchantement. Mais cette beauté n'a rien d'un refuge éthéré ; elle est comme une lame qui permet de creuser dans l'opaque. Cette poésie, nourrie d'ombre, s'écrit avec le vide et contre lui.

02/2014

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Poésie

Et, néanmoins. Proses et poésies

Sous les coups qui se rapprochent, se multiplient, dans le heurt avec la pierre de plus en plus dure, de plus en plus froide. Dans le sombre désarroi qui vous prive de toute maîtrise et vous dicte quelquefois des paroles discordantes que l'on hésite à reconnaître pour siennes. Et, néanmoins : néanmoins, encore, devant vous, ces dernières " frayeuses de chemin ", si frêles, qu'on aura du moins encore su dire, sinon suivre aussi loin qu'il eût fallu. Ph. J.

05/2001

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Critique littéraire

La semaison. Tome 3, Carnets 1995-1998

Pour présenter, en 1984, sur cette espèce de colonne Morris qu'est une " quatrième de couverture ", la première Semaison, je l'ai définie comme " un recueil de graines légères, pour replanter, essayer de replanter la "forêt spirituelle" ". Il y a encore, heureusement, quelques graines de ce genre, lumineuses, dans ces récents carnets ; des clartés reçues pas seulement du monde, mais aussi d'écrivains fort divers comme La Fontaine, Goethe, Maurice de Guérin, Claudel, et d'autres bien vivants ; mais y pèse aussi, plus large sans doute à cause de l'âge, une part d'ombre surgie des rêves, comme pour être mieux accordé, sans complaisance j'espère, au temps présent. L'essentiel tout de même, je voudrais le voir de préférence en telle brève note comme celle-ci : " Herbe vue à contre-jour, naissante encore, peu dense, fine et droite : presque un filtre, une harpe... ou, tout près de la terre, ma dernière lyre. Pour faire entendre la lumière du soir qui est comme dorée, dans les rafales du vent déjà froid. " Ph. J.

05/2001

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Critique littéraire

De la poésie

"Ecrire ! A quoi bon une oeuvre, disait Marcel Arland, si elle ne peut se confondre avec l'amour, et si le chant qu'elle ébauche, tandis que je vais sur ma fin, ne peut monter d'un coeur plus nu ? " Ces quelques lignes illustrent admirablement le talent de Philippe Jaccottet, l'exigence, la rigueur et l'honnêteté de toute une vie consacrée à la poésie et à la traduction des plus grands. Au cours de cet entretien entre un jeune homme, aujourd'hui professeur agrégé de lettres modernes, et un poète, il nous est permis d'entrevoir les cheminements de l'expérience poétique, la fragile beauté du paysage, les choses et leurs secrets, l'apparente tranquillité des mots, l'inquiétude souveraine et la résistance du monde.

06/2020