Recherche

9782343174518

Extraits

ActuaLitté

Critique littéraire

La réception de l'Arioste par Italo Calvino. Pour une esthétique du détour

Comme le remarque Roland Barthes dans "La mécanique du charme", Italo Calvino "est un penseur ou praticien du récit - ce qui, finalement, n'est pas tellement fréquent aujourd'hui". En effet, une partie conséquente de l'oeuvre de Calvino est constituée d'essais sur la littérature, voire d'écrits théoriques dont la proportion est presque aussi importante que son oeuvre de narrateur. Ainsi Italo Calvino a-t-il pu développer une véritable science de la narration, à la fois par son oeuvre de conteur et de "praticien" de la littérature. Toujours dans "La mécanique du charme", Barthes ajoute à propos des écrits de Calvino que "l'idiolecte d'un écrivain est toujours une sorte de dosage, la combinaison très subtilement dosée d'un certain nombre de charmes - en prenant le mot au sens fort qu'il avait au dix-septième siècle, c'est-à-dire d'enchantement ; un dosage d'enchantements, de traits de séduction, de traits de satisfaction à même la langue ou à même le récit". Ainsi, nous pourrions nous demander quelle part tient l'influence du Roland furieux de l'Arioste dans ce "dosage" qu'évoque Barthes au sujet des récits de Calvino, tant est présente l'oeuvre du poète ferrarais dans celle de Calvino lui-même. Plus encore, nous aurons soin de comprendre quelle place tient l'influence de l'Arioste dans cette science du récit développée par Calvino. En effet, le poème de l'Arioste est d'une importance capitale dans la formation de la pensée de Calvino "Travailler en tenant ouvert devant moi le texte de l'Arioste est toujours pour moi une source de stimulation créative", nous confie Calvino en 1974, alors que son oeuvre atteint sa maturité.

09/2019