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Sinan Antoon

Extraits

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Franc-maçonnerie

La femme et l'enfant dans la Franc-Maçonnerie universelle

" Soulever le voile épais derrière lequel s'abrite encore la Franc-Maçonnerie universelle pour corrompre systématiquement la " femme et l'enfant " et préparer les voies de l'Antéchrist, afin d'assurer le triomphe final de Lucifer, tel fut notre dessein, lorsqu'il y a environ un an, nous avons entrepris la réunion des nombreux matériaux qui servent de base inébranlable à cet ouvrage. Nous n'avons eu ni l'intention, ni la prétention de marcher sur les brisées d'auteurs dont la renommée a justement inscrit, en caractères indélébiles, les noms au temple de mémoire. Ils nous ont devancé sur le terrain de la Franc-Maçonnerie, sans tarir les sources auxquelles tout explorateur attentif peut puiser. Malgré les soins minutieux que nous avons apportés à notre oeuvre, son imperfection n'est point douteuse par cela seul qu'elle est humaine. Nous prions nos lecteurs d'être très indulgents, et nous rendons un témoignage public de profonde gratitude aux personnes qui ont daigné nous prêter, à divers titres, leur précieuse collaboration. Les unes exécutèrent les beaux dessins qui ont été ajoutés à ceux que nous avions modestement et laborieusement esquissés à la plume ; les autres ont facilité nos recherches, coopéré a nos enquêtes, confié des volumes précieux, des pièces inédites, nous autorisant à photographier les plus importantes afin de produire, à notre convenance et en cas de contestation, les fac-similés des originaux, etc. Nous espérons que nos lecteurs suivront ces exemples. Le champ d'investigation s'élargit chaque jour, et les pionniers ne s'y rencontreront jamais en trop grand nombre. D'après les esprits clairvoyants, Satan fait des efforts désespérés pour ressaisir sa proie et semble ressusciter, sinon le panthéisme polymorphe des Gnostiques, tout au moins le dualisme de Manès. Le mal personnifié voudrait être un Dieu rival de Dieu lui-même. Au Roi de la lumière, les Franc-Maçons cherchent encore à opposer un roi des ténèbres et se plongent bien dans le Manichéisme, puisque cette hérésie préconisa l'idée de la souveraineté et de l'ubiquité de l'Ange rebelle. Pour la réussite de ses projets infernaux, la secte a besoin de la " femme et de l'enfant " ; nous allons donc, impartialement, examiner et étudier comment elle tente leur conquête. "

11/2021

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Décoration

La route

A l'occasion de la sortie d'un neuvième carnet inspiré par "La métamorphose", le thème de l'année 2014 chez Hermès, Actes Sud et Hermès ont décidé de rééditer l'ensemble des carnets de croquis de Philippe Dumas, réalisés entre 1988 et 1995. Cette échappée intimiste nous mène dans le jardin secret de l'âme d'Hermès, à la croisée des souvenirs et des émerveillements du collectionneur fervent que fut Emile Hermès. Philippe Dumas laisse ici vagabonder son crayon et son pinceau, parmi le foisonnement des objets, tableaux et ouvrages collectionnés par son grand-père tous évocateurs du cheval ou du voyage. Neuf thèmes annuels d'Hermès lui servent de fil d'Ariane : L'exotisme, Vivre la France, La vie à l'air libre, Voyage en Extrême-Orient, La mer, Vive le cheval, Le soleil, La route et La métamorphose donnent ainsi leur titre et leur prétexte respectifs à chacun de ces neuf carnets d'esquisses délicatement aquarellées. Avec son trait vif, léger, habile à restituer le mouvement, son don d'observation inégalable pour saisir le charme de tel délicieux détail, sa sensibilité très personnelle aux murmures des voix humaines bruissant dans ces objets que l'on prétend muets, Philippe Dumas rend vie aux témoins des voyages d'antan. Sans doute cette vie puise-t-elle dans la fraîcheur de ses impressions d'enfance. L'artiste se souvient des premières échappées merveilleuses à travers l'espace et le temps dans le bureau-musée de son grand-père. À sa suite, sans quitter Paris sinon par l'enchantement du regard, retrouvons le dépaysement des routes de l'Orient lointain, des chemins caillouteux de la Sicile, des sentes boisées de l'Ile-de-France invitant au pique-nique ou des routes pavées du vieux Paris, tintinnabulant des grelots des chevaux... Comme le philosophe latin voyait une certaine suavité dans le spectacle de la tempête observé depuis la quiétude du rivage, peut-être songerons-nous qu'il est doux, au siècle de l'avion, de frissonner des épopées vécues par les voyageurs de l'âge du cheval.

04/2014

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Littérature française

Pour ta tirelire, gamine

J'ai presque cent ans, j'ai traversé l'horizon dans un sens puis retour, comme on passe une vitre. J'ai des bouts de verre plantés dans tout le corps, mais n'en suis pas morte. Ne me demandez pas mon nom ; les pauvres n'ont pas de nom. Les mercredis l'hiver je me rends à l'Association pour recevoir le cabas à provisions de la semaine. J'ai des pommes, du lait, des biscottes, je ne manque de rien. Surtout, j'ai mon cabanon. Un miracle, mon cabanon ! J'y suis un monarque illégitime. S'ils m'y découvrent, ils m'emmèneront. Ils m'attacheront à un lit au trente-troisième étage du service de gériatrie. Surtout pas ça ! A l'hospice, je perdrais le don de convoquer les oiseaux. J'ai voyagé sur la Marie-Joséphine. Je me suis embarquée le jour de mes dix-huit ans. Si j'étais partie avant, cela aurait fait des histoires, je ne voulais pas être ramenée à la maison entre deux gendarmes. J'étais solide, j'ai patienté. Depuis mes trois ans, chaque fin d'après-midi, la vieille, ma grand-mère m'envoyait porter des biscuits chez le voisin d'en face. Il avait perdu sa femme, le pauvre avait besoin d'être consolé. "Tiens, gamine, trois pièces pour ta tirelire, mais motus et bouche cousue, ça reste entre nous, sinon tu vas voir ce qu'il t'arrivera". C'est comme cela que j'ai appris la chanson du bâton de rouge à lèvres, rouge cerise. Sans fesses, sans seins, mais avec les lèvres peintes. Avec ça, je me suis débrouillée. Je n'ai jamais parlé à personne de la grande ombre déchirant la petite à la faire s'évanouir, à faire s'effondrer le sommier. Heureusement, jamais de sang dans ma culotte. Une seule fois, à peine deux gouttes. C'était le jour de la communion lorsque toutes les filles défilent dans l'église. J'ai eu si peur, cela n'a plus jamais recommencé. On ne peut tout de même pas être impératrice de tous les malheurs. Qu'aurions-nous fait d'un gosse ? Le gène de l'amour n'était pas dans le sang de la famille.

04/2020

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Littérature française

Raymond Mauriac, frère de l'autre

"L'autre", c'est François Mauriac. Le "frère" : Raymond, l'aîné de la fratrie, celui qui sera désigné pour reprendre en main, le moment venu, les affaires familiales. "Frère de l'autre", c'est l'histoire d'un sacrifice, sinon d'une disparition. Tandis que Jean rejoindra les Ordres, que Pierre sera un brillant médecin et que François deviendra le grand écrivain que l'on sait, couronné par le prix Nobel en 1952, à Raymond revient le rôle de gratte-papier. Dans les biographies consacrées à François Mauriac, Raymond est à peine évoqué. Il faut le chercher sur les photographies de famille, toujours sur le côté, ou derrière, ou tout simplement absent. Et lorsqu'il se décide - à 54 ans ! - à faire éditer son tout premier roman, on l'incite vivement à trouver un pseudonyme : il n'y a pas de place pour un second Mauriac écrivain. Le nom, le sien pourtant, est déjà pris, la question ne se pose même pas. Alors, Raymond choisit Housilane, reprenant celui d'une des métairies landaises de la famille. Individu, qui recevra le prix du Premier roman, paraît en 1934. Amour de l'amour lui succédera deux ans plus tard. Puis plus rien. Silence. Housilane, Raymond disparaissent à tout jamais parmi les limbes de l'oubli. Jusqu'à ce que Patrick Rödel retrouve sa trace au hasard de recherches. S'appuyant sur des documents inédits, notamment conservés à la bibliothèque Mériadeck à Bordeaux, l'écrivain et philosophe imagine alors l'élaboration de ce qui aurait pu être le journal intime de Raymond Mauriac, ce "frère de l'autre". Plutôt que d'expliquer l'évincement subreptice du clan, le dessaisissement de l'identité, l'effacement pur et simple de l'être créateur, il dit la solitude, l'amertume, le rejet d'un homme, au sein de la famille, en un temps où les rôles étaient assignés à la naissance. Il rend ainsi sa vérité à ce doux "rêveur, toujours absent, toujours ailleurs", comme le décrivait si bien François Mauriac : ce frère qui "n'aimait que les livres et les idées".

03/2018

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Décoration

L'exotisme

A l'occasion de la sortie d'un neuvième carnet inspiré par "La métamorphose", le thème de l'année 2014 chez Hermès, Actes Sud et Hermès ont décidé de rééditer l'ensemble des carnets de croquis de Philippe Dumas, réalisés entre 1988 et 1995. Cette échappée intimiste nous mène dans le jardin secret de l'âme d'Hermès, à la croisée des souvenirs et des émerveillements du collectionneur fervent que fut Emile Hermès. Philippe Dumas laisse ici vagabonder son crayon et son pinceau, parmi le foisonnement des objets, tableaux et ouvrages collectionnés par son grand-père tous évocateurs du cheval ou du voyage. Neuf thèmes annuels d'Hermès lui servent de fil d'Ariane : L'exotisme, Vivre la France, La vie à l'air libre, Voyage en Extrême-Orient, La mer, Vive le cheval, Le soleil, La route et La métamorphose donnent ainsi leur titre et leur prétexte respectifs à chacun de ces neuf carnets d'esquisses délicatement aquarellées. Avec son trait vif, léger, habile à restituer le mouvement, son don d'observation inégalable pour saisir le charme de tel délicieux détail, sa sensibilité très personnelle aux murmures des voix humaines bruissant dans ces objets que l'on prétend muets, Philippe Dumas rend vie aux témoins des voyages d'antan. Sans doute cette vie puise-t-elle dans la fraîcheur de ses impressions d'enfance. L'artiste se souvient des premières échappées merveilleuses à travers l'espace et le temps dans le bureau-musée de son grand-père. À sa suite, sans quitter Paris sinon par l'enchantement du regard, retrouvons le dépaysement des routes de l'Orient lointain, des chemins caillouteux de la Sicile, des sentes boisées de l'Ile-de-France invitant au pique-nique ou des routes pavées du vieux Paris, tintinnabulant des grelots des chevaux... Comme le philosophe latin voyait une certaine suavité dans le spectacle de la tempête observé depuis la quiétude du rivage, peut-être songerons-nous qu'il est doux, au siècle de l'avion, de frissonner des épopées vécues par les voyageurs de l'âge du cheval.

04/2014

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Histoire de France

Le roi emmuré

Le dernier combat de Jacques Chirac s'est déroulé à huis clos. Ce combat que chacun doit perdre, un jour, contre le chagrin, la maladie, la mort. A quoi pensait ce vieil homme face à l'inéluctable ? Pour l'ancien président qui a livré tant de batailles, celle-ci a été la plus dure, la plus sombre. La plus universelle et la plus intime aussi. Peu avant Noël 2015, Il entre dans un bel hôtel particulier du 6e arrondissement de Paris, propriété de son ami François Pinault. Sa dernière demeure, le pressent-il ? Nul ne le voit, sinon quelques fidèles, de moins en moins nombreux. Près de quatre années s'écoulent ainsi, dans un silence glacé. Le tombeau se dresse autour d'un homme encore vivant, qui s'absente de soi-même. Au dehors, la nostalgie Chirac grandit. Dans cette famille si célèbre et pourtant vouée à l'enfermement et au secret, se tient une femme, Bernadette, la seule épouse. Passé le temps de la revanche qu'elle se plaisait à prendre sur son mari, elle a affronté, d'abord sans faiblir, la mort accidentelle de Laurence, leur fille aînée, dénouement tragique d'une existence recluse. Puis elle s'est laissée emporter, comme lui, par cette peine immense. Bernadette Chirac qui ne cessait de s'inquiéter pour l'avenir de leur fille, handicapée, quand elle-même aurait disparu, s'est trouvée face à un vide que rien ne pouvait combler. Claude, la fille cadette du couple, s'est consacrée, comme toujours, à régenter leur vie. Elle qui avait si longtemps veillé sur la communication de son père, s'est ingéniée meubler sa solitude, après l'avoir soustrait aux regards de tous. Puis celle de sa mère, soudain cloîtrée – en écartant impitoyablement de ce huis clos étouffant tous ceux qui pourraient en rapporter des bribes. L'un de ceux qui appartenait à ce tout petit cercle est brutalement congédié pour avoir parlé. Il meurt d'une crise cardiaque quelques jours plus tard... Béatrice Gurrey est grand-reporter au Monde. C'est l'une des plus fines connaisseuses de la Chiraquie. Elle est notamment l'auteure du Clan Chirac chez Robert Laffont.

09/2020

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Littérature étrangère

Mistero Doloroso

C’est avec les codes du conte que joue Anna Maria Ortese, dans cette nouvelle écrite entre 1971 et 1980, retrouvée, miraculeusement, dans ses archives. Il y a un prince bourbonien mélancolique, Cirillo, convoité par deux jeunes aristocrates rivales, et il y a une adolescente pauvre, Florì, fille de la couturière Fertì. Il y a des rencontres fortuites faites de regards, et un amour non dit, dont l’épiphanie sera un baiser du prince sur le pied nu de Florì, nouvelle Cendrillon napolitaine. Enfin, il y a deux Naples, celle des églises débordantes d’or et de fleurs odorantes, en ce mois de mai qui est, comme chez les poètes de la Renaissance, le mois de l’amour et de la jeunesse, et celle des bassi - les maisons populaires - et des mystères nocturnes. Mais par-delà ces éléments qui pourraient n’être que des clichés littéraires, il y a surtout la vision du monde d’Anna Maria Ortese. Ainsi, le personnage de Florì rejoint les nombreux êtres à la fois angéliques et liés au règne animal qui peuplent son œuvre - chardonnerets, iguanes, feux follets ou princesses victimes d’un sort cruel, des êtres d’une sensibilité à fleur de peau, mais privés de parole, comme Aurora Guerrera ou l’Infante ensevelie… A l’inverse des contes de fées qui voient le triomphe du bien sur le mal, l’amour est source de douleur autant, sinon plus, que de joie. Le “mystère douloureux” est celui de l’amour, condamné dès sa naissance, et dont les deux jeunes gens ont la nostalgie en même temps que la révélation, dans des moments d’une intensité fulgurante. Sans doute né de la même inspiration qui a produit le chef-d’œuvre d’Anna Maria Ortese, La Douleur du chardonneret (Gallimard, 1997), cette nouvelle est parfaitement achevée dans sa construction et son rythme ; elle a été longuement travaillée et réécrite par l’auteur, signe de son attachement à ce texte. La complexité voulue de l’écriture dit la complexité des choses, jouant avec les oxymores, rompant les structures syntaxiques traditionnelles, inventant quasiment un langage pour dire l’indicible et nous maintenir en équilibre entre réel et irréel, car “le reste n’est qu’un grand ennui”.

01/2012

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Littérature étrangère

Parlez-moi d'Anne Frank

"Parlez-moi d'Anne Frank" : deux couples se retrouvent pour un dîner, les femmes, de vieilles amies d'enfance, ont pris des chemins très différents : l'une, juive hassidique, vit en Israël avec son mari et ses dix enfants, l'autre a choisi la laïcité, elle n'a qu'un enfant ; adolescent. Au fil de la conversation, le mari de la seconde apprend que sa femme a fumé de la marijuana avec son amie quand elles étaient au lycée, puis il apprend que son fils en fume lui aussi et qu'il était le seul à l'ignorer… Les adultes se passent un joint, les langues se délient, le mari hassidique pense que les mariages interconfessionnels représentent un nouvel holocauste… Alors le "mari laïque" lance le jeu "Anne Frank" inventé par sa femme, le principe : "S'il le fallait, serais-tu prêt à me cacher au péril de ta vie ?". Le jeu redouble d'intensité lorsque la femme hassidique lit dans les yeux de son mari qu'il la dénoncerait… Dans "Les collines soeurs" : deux femmes se retrouvent seules pendant la guerre du Sinaï. En l'absence de leurs maris, un soir d'hiver, le bébé de l'une est pris d'une fièvre terrible. Pétrifiées par la peur, elles prient, et, voulant détourner le malheur de son enfant, la mère conclut un pacte avec son amie : elle lui vend son bébé, ainsi le malheur tombé sur elle cessera de s'abattre sur son enfant. L'enfant guérit, la peur et la nuit passent, mais pour l'une d'entre elles au moins, le pacte reste. Lorsque ses fils et son mari meurent, un à un, à la guerre ou dans des accidents, elle décide d'aller réclamer son dû. Salué par une critique unanime et l'ensemble des écrivains américains de sa génération, ce recueil de nouvelles charrie autant de pépites d'émotion, d'humour, de tragédies et de poésie que le précédent, la maturité en plus. Nathan Englander n'est plus un jeune écrivain, il est devenu l'un des grands noms de sa génération.

03/2013

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Autres médecines

Ostéopathie somato-émotionnelle. Bases scientifiques et applications thérapeutiques

Qui oserait prétendre aujourd'hui sans rougir que la réalité de l'être humain se cantonne au seul corps physique ? C'est ce qu'ont bien compris les ostéopathes qui, sur les traces de Still, cherchent à rencontrer l'être dans sa globalité, physique, certes, mais aussi psychique et émotionnelle. Cela leur fait affronter la subjectivité et rencontrer l'opposition des tenants de la médecine cartésienne qui, avec " the evidence based medicine ", s'acharnent à ne considérer que ce qui est mesurable, rejetant comme suspect ce qui ne l'est pas. Pourtant, même si nous ne savons pas quantifier ni expliquer notre action, l'ostéopathie prouve journellement son efficacité ; sinon, elle aurait depuis longtemps disparu des pratiques de santé. Dans ce différend qui oppose ces approches, chacun est sûr de la véracité de ses vues et les positions, trop souvent, se radicalisent. Avec le temps, le problème - parce qu'il s'agit bien d'un problème - semble aller s'aggravant. Or, si nous écoutons Einstein, souvent cité dans cet ouvrage : " Un problème sans solution est un problème mal posé ". Pourrait-on poser le problème autrement ? Plusieurs pistes sont certainement possibles, mais l'une me semble reliée à l'opérateur logique utilisé : nous pensons " ou " au lieu de penser " et ". Penser " ou " c'est polariser, repousser aux extrêmes, se positionner d'un côté ou de l'autre, sans possibilité intermédiaire. Penser " et ", c'est déjà accepter l'autre et lui reconnaître l'existence, préalable à toute tentative de conciliation. Alors seulement de réels échanges peuvent exister qui deviennent source de richesses partagées. C'est la voie qu'a choisie Patrick Varlet avec cet ouvrage sur l'ostéopathie somato-émotionnelle : d'une part rechercher les éléments scientifiques connus concernant l'univers physique et l'humain vivant et, d'autre part, les confronter à l'expérience vécue au contact du patient et de sa subjectivité. Cela donne un ouvrage particulièrement bien documenté, débouchant sur des applications pratiques dont un des mérites est de nous inviter à aller rencontrer nos propres rigidités, physiques, psychiques, émotionnelles et de tenter de les réduire. C'est un voyage magnifique, quoique difficile, mais particulièrement enrichissant tant pour les praticiens que pour les patients.

09/2012

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Musique, danse

Pierre Schaeffer : de Mac Luhan au fantôme de Gutenberg. Communication et musique en France entre 1936 et 1986

L'effort pédagogique schaefferien, permanent quelles que soient les aventures, et la dénonciation des modes -dont le scientisme- ont toujours permis au Penser de tenter de redresser les écarts ou dérives possibles du Faire. La constante est perçue mais l'auteur termine sa trilogie (Pierre Schaeffer : des Transmissions à Orphée, puis Pierre Schaeffer : d'Orphée à Mac Luhan) en recherchant plus intimement encore le fil conducteur. Serait-ce, comme souvent, dans l'éducation et mieux, dans la rencontre de personnalités ou le vécu d'événements, marquant au fer le raisonnement et le comportement, sinon l'âme ? Un abbé à la fois professeur de physique et directeur-animateur de jeux de sociétés ou d'élans théâtraux ; un ami de l'école polytechnique, également scout, croyant, mais à l'esprit caustique ; une catastrophe de chemin de fer ; un homme venu du Caucase -Gurdjieff- qui tente de nous guérir d'un Moi dictateur de notre Faire puisque les clés de notre Vie sont ailleurs... Il serait temps de se connaître pour devenir vraiment soi-même, bref, se réveiller et être son être. Alors change la vision des choses et du Monde... La musique, l'écriture peuvent jouer un rôle d'exercice dans cette thérapie et cette recherche d'une intériorité qui passe aussi par une " métaphysique concrète ". L'œuvre de Pierre Schaeffer, musicale ou littéraire mais en tout cas poétique, prend alors une autre dimension et se déploie... Le lecteur établit des ponts avec d'autres écrivains : Claude Giraudoux, Mauriac, Bloy, Bernanos... ou bien serait-ce Proust ? Par ailleurs, on pense à cette science-fiction d'un Gérard Klein ou d'un Clifford D Simak annonçant un monde pas si loin que cela... sans oublier les multiples facettes du langage et de l'esprit d'un Paul Valéry qui renvoie à Léonard de Vinci, Descartes ou Goethe... Quels sont finalement les rôles révélés de la musique, de l'audiovisuel, de tout art ? Des interrogations au cœur de l'œuvre et de la vie de Pierre Schaeffer au centre desquelles se trouve l'homme. Pour agir sur les entreprises de l'homo faber et de là tenter de changer l'homo-sapiens, quelle est d'ailleurs la méthode schaefferienne ?

04/2002

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Histoire et Philosophiesophie

L'ouverture au probable. Eléments de logique inductive

Ne nous y trompons pas : la modestie technique de ce livre et la simplicité de son style ne doivent pas inciter à sous-estimer l'ampleur des questions philosophiques abordées ici, souvent avec humour. C'était d'ailleurs le pari à relever : présenter un texte vivant et accessible au plus grand nombre, mais susceptible de stimuler aussi bien le philosophe inquiet du hasard que le scientifique désireux de prendre le temps de réfléchir, peut-être autrement, à des concepts fondamentaux ou familiers dans sa pratique. Même le joueur invétéré devrait y trouver, sinon son compte, du moins quelques défis ! Au fil des chapitres le lecteur croisera des mises au point sur les concepts élémentaires de la logique inductive, un exposé des enjeux associés au probable et une initiation à la théorie de la décision. Il découvrira quelques grandes figures du domaine et disposera d'un aperçu sur les divers points de vue qui s'y affrontent. En fin de chapitre, des exercices d'applications lui permettront de se faire la main sur les notions examinées. A l'issue du périple, il sera à même d'évaluer l'ampleur du fameux problème philosophique de l'induction, ainsi que la portée de diverses tentatives censées le résoudre ou du moins le dissoudre. Aucune maîtrise préalable en logique formelle ou en mathématiques - hormis les quatre opérations ! - n'est requise pour prendre le risque de la lecture. Les certitudes se font rares dans un monde où nous sommes, toujours davantage, soumis au probable, aussi bien dans le registre du savoir que dans celui de l'action. Paradoxalement, le fait que l'incertain est maître de la nature comme de la société constitue l'une de celles qui organise nos existences. Si vivre c'est se résoudre à faire face au risque, il faudra sans doute se raccrocher à la survivante de l'infernale boîte de Pandore, l'espérance. La logique inductive fait en quelque sorte ce choix moins assurée que sa consœur déductive, elle fait cependant fructifier tout un nouveau style de rigueur venu maîtriser la probabilité au fil des quatre derniers siècles.

06/2004

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Littérature française

Désert brûlant

Rien n'est plus risqué que d'être honnête, surtout quand on est avocat. Ayant flairé l'odeur de l'argent sale, je suis devenu témoin à charge contre un client, dont j'aurais dû assurer la défense à Vienne. Tollé général, liste noire, et licenciement probable de mon cabinet parisien. La veille de mon retour en France, Harry Bolton, surgi de mon passé américain, vieux spécialiste des lois réversibles, m'a proposé un rendez-vous, ensuite une affaire : "accompagner une jeune comtesse allemande, Jennifer, chez sa mère qui réside, depuis son divorce, près de New York. On vous paie 50 000 dollars pour le trajet". La somme était folle, la fille sans doute aussi. Sinon, pourquoi avait-elle besoin d'un baby-sitter de 33 ans ? Je résistais. Le confrère me rassurait : "Entre avocats, on ne se raconte pas d'histoires. Jennifer est secouée par un choc moral, et sa mère voudrait qu'elle ne fasse pas de bêtise en route. Demain, le père donne un bal pour ses dix-neuf ans. Venez, vous serez le Français séduisant qui prend par hasard le même avion qu'elle pour New York. Il faut lui plaire, mon vieux..." J'ai vu un château, une fille superbe et deviné un océan de fric. Je me découvrais bientôt l'enjeu d'une affaire tentaculaire. J'ai toujours supposé que certains documents empoisonnés, bien utilisés, pouvaient détruire plus radicalement qu'une arme. J'en étais la preuve. J'aurais dû savoir que, sans le diable comme complice, le premier malfrat pouvait me faire la peau. Pourtant, après avoir survécu à la nuit de tous les dangers, je crois encore en la justice, à terme. Pour obtenir ce genre de satisfaction, il faut avoir une longue vie. C'est justement le problème... La même atmosphère que dans Vent Africain, la tension, l'angoisse, et une sorte de bonheur. Jennifer et Grégory traversent le désert brûlant des fausses amitiés, des sourires vides et des haines tenaces. Long Island, Las Vegas, et l'ultime étape : San Francisco. Une poursuite à travers la chaleur étouffante du Nevada, sous les étoiles qui semblent proches... L'existence est d'une telle fragilité. Chaque minute compte, n'est-ce pas ?

10/1992

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Sciences historiques

Les anti-Lumières. Du XVIIIe siècle à la guerre froide

La déliquescence dans nos sociétés et nos organisations politiques des valeurs universelles que nous devons aux Lumières " franco-kantiennes " ne procède pas de la génération spontanée. Dès le XVIIIe siècle et tout au long des deux cents dernières années s'est édifiée une autre tradition - une autre modernité. Sur une argumentation similaire, elle a fait la guerre aux Lumières. L'une des raisons de la cohérence interne de cette pensée qui s'en prend aux Lumières tient au fait que tous ses hérauts se lisent les uns les autres avec une grande attention. Pour l'historien des idées, leur œuvre constitue un matériau premier, mais en même temps ils sont chacun à son tour interprètes de la pensée de leurs prédécesseurs, historiens des idées, critiques de la culture, philosophes politiques et aussi publicistes de renom. Taine écrit longuement sur Burke et Carlyle, Meinecke consacre de longs développements à Burke et une centaine de pages à Herder, pour Renan Herder est le " penseur-roi ", Maistre suit Burke et est lui-même suivi par Maurras, Sorel attaque les Lumières avec la même hargne que Maurras, Croce lit Vico avec le même enthousiasme que celui avec lequel Meinecke se penche sur Herder. Le concept de l'imperméabilité des cultures de Spengler poursuit et développe la pensée de Herder. Isaiah Berlin écrit avec un ravissement semblable sur Vico et Herder et subit l'influence de Meinecke. Il attaque d'une manière comparable les Lumières françaises et, en produisant sa propre version de leur œuvre, ajoute dans la seconde moitié du XXe siècle un nouveau maillon à la culture politique des anti-Lumières. Avec la rigueur et l'esprit méthodique qu'on lui connaît, le grand historien israélien Zeev Sternhell établit avec précision une généalogie convaincante des anti-Lumières (ou des contre-Lumières, si l'on préfère). Ce faisant, il éclaire les enjeux de notre temps tant il est vrai que les maux contre lesquels ont combattu les Lumières sont de tous les temps. Pour éviter à l'homme du XXIe siècle de sombrer dans un nouvel âge glacé du conformisme, la vision prospective créée par les Lumières d'un individu maître de son présent, sinon de son avenir, reste irremplaçable.

04/2006

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Religion

Lumières du Moyen Age. Maïmonide philosophe

Aujourd'hui encore, beaucoup sont convaincus comme l'était Hegel qu'entre l'aube lumineuse de la philosophie chez les Grecs et le triomphe de la raison sur la foi au siècle des Lumières le Moyen Age n'aurait rien inventé, sinon transmis le savoir de l'Antiquité par le jeu de traductions en arabe via le syriaque. Or, le Moyen Age arabe et juif est une période d'inventions, et Maïmonide (Cordoue 1138 - Fostat 1204) y tient une place singulière. Loin de répéter l'enseignement des "Anciens", il fait preuve d'une véritable créativité spéculative, à l'instar des philosophes arabes Fârâbî, Avicenne et Averroès. Tous sont confrontés à l'existence d'un conflit, inconnu des Grecs, entre la Raison et la Loi. Ce conflit est au centre de son oeuvre, et particulièrement du Guide des perplexes, destiné à celui qui «a étudié la philosophie et acquis des sciences véritables, mais qui, croyant aux choses de la Loi, est perplexe au sujet de leur sens". A une époque où la défense de la religion est souvent synonyme de destruction de la philosophie, Maïmonide est le premier dans son univers à prouver qu'il n'y a nulle contradiction entre les deux enseignements, à maîtriser l'aristotélisme et à accomplir le projet d'une philosophie "populaire". Homme de la Loi dans le Mishneh Torah et philosophe au travers du Guide des perplexes, il veut "rapprocher la Torah de l'intelligible et, dans toute la mesure du possible, mettre les choses dans un ordre naturel". De façon plus précise, il se propose de "redresser, expliquer, donner une préparation à ceux dont les connaissances sont limitées", tout en offrant à un plus petit nombre les moyens d'avancer sans crainte sur le chemin de la Raison. Tel est le Maïmonide de Pierre Bouretz : figure originale, au croisement de deux cultures, ni encore ancien ni déjà moderne, décidé à installer petit à petit la philosophie sur la place publique, il porte le projet intellectuel et politique d'une réforme graduelle des opinions communes, contribuant ainsi à faire de son époque un âge de Lumières.

09/2015

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Critique littéraire

Partigia. Primo Levi, la Résistance et la mémoire

Il y a une saison, dans la vie de Primo Levi, à propos de laquelle l'écrivain chimiste a toujours été avare : sa période, courte et malheureuse, de partisan. Les trois mois passés dans la Vallée d'Aoste, au col de Joux, à l'automne 1943. Dans Le Système périodique , la Résistance n'occupe pas plus de quatre pages, sévères : "Nous avions faim et froid, nous étions les partisans les plus désarmés du Piémont et, probablement, les plus démunis. Nous manquions d'hommes capables, et étions au contraire submergés par un déluge de gens disqualifiés, de bonne foi et de mauvaise foi, qui arrivaient de la plaine à la recherche d'une organisation inexistante". La chute de la bande dans "l'aube de neige spectrale" du 13 décembre était donc à la fois logique et "conforme à la justice". Comment expliquer une représentation de la Résistance des origines si désacralisante, si dissonante par rapport à la mythologie antifasciste sur les premiers partisans en montagne ? Sinon par l'existence "entre nous, dans l'esprit de chacun", d'un vilain secret : "Nous nous étions trouvés obligés en conscience d'exécuter une condamnation et nous l'avions fait, mais nous en étions sortis démolis, démoralisés, désireux de voir tout finir et de finir nous-mêmes". Les deux résistants exécutés étaient innocents. Aujourd'hui, leur souvenir est entretenu comme "victimes du fascisme" sur le monument commémoratif à Turin. Le mouchard infiltré sera condamné à la Libération, sur la base notamment du témoignage de Primo Levi. Sa condamnation à mort sera commuée en détention et il sortira libre pour utiliser ses compétences d'infiltré dans les organisations néo-fascistes au profit des services secrets américains. Tout l'enjeu de l'enquête/récit/analyse de Luzzatto devient alors une éblouissante réflexion sur deux martyrologes en tension, celui de la Résistance et celui de la déportation - des tensions qui traversèrent l'existence de Primo Levi, quand il dénonçait tantôt au nom de son expérience ratée de partisan les remontées néo-fascistes ou, au nom des déportés raciaux, les offensives du négationnisme contre les camps de la mort. Une tension qui traversa aussi la République italienne, mais le lecteur français songe tout autant aux affrontements de mémoire qui partagent sa société.

06/2016

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Histoire de France

"On ne meurt qu'une fois ". Charlotte Corday

Qu'avait été Marat sinon un improvisateur solitaire, " un cerveau brûlé, un fou atrabilaire, ou bien sanguinaire, ou bien un scélérat soudoyé... ", comme ne cessaient de le crier, selon lui, les ennemis de la liberté, c'est-à-dire ses ennemis ? La soif, jamais satisfaite, de châtiment et de sang versé, l'exaltation de la mise à mort qui inspirèrent, dans les mois qui suivirent la mort de Marat, " la grande Terreur ", se passèrent aisément du prophète disparu. Ce que Charlotte Corday n'avait pas vu, n'avait pas su, c'est que, tuant Marat, elle ne faisait, obéissant à son devoir, que massacrer un symbole. Mais il nous faut regarder ce qu'elle a voulu, ce qu'elle a rêvé. Sa mission, son devoir ne pouvaient être de sauver la Révolution, ni même de mettre fin aux crimes qu'exaltait Marat. Ils étaient de punir le " monstre ", de " venger la France " et les Français. Elle l'avait dit fièrement, lors de son procès, répondant aux questions du président Montané : " Le président - Quels sont les motifs qui ont pu vous déterminer à une action aussi horrible ? L'accusée - Tous ses crimes. C'est lui qui entretient le feu de la guerre civile pour se faire nommer dictateur ou autre chose... Je savais qu'il pervertissait la France. J'ai tué un homme pour en sauver cent mille. Le président - Croyez-vous avoir tué tous les Marat ? L'accusée - Celui-ci mort, les autres auront peur... peut-être. " Charlotte Corday savait qu'elle n'avait pas assassiné tous les Marat, et elle ne pouvait être assurée que les " autres Marat " auraient peur. Seulement elle pensait avoir accompli son devoir, comme un héros antique. Elle est Judith, et elle a tranché la tête d'Holopherne. Elle a levé sur César le poignard de Brutus. Devant le Tribunal de Dieu, ou celui de l'histoire, ou celui de sa conscience, elle devait être la " meurtrière de la tyrannie ". Elle ne devait penser ni à ses souffrances ni aux souffrances de ceux qu'elle avait pu aimer. Elle avait " offert sa vie ", sûre d'" avoir bien servi l'humanité ". J.-D.B.

03/2006

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Critique littéraire

Correspondances à trois voix. 1888-1920

En donnant en un seul volume les correspondances Gide - Louÿs et Louÿs-Valéry, cette publication éclaire le rôle d'" entraîneur " joué par Pierre Louÿs dans les débuts littéraires de ses deux amis et le fait que, dans un premier temps, le " trio " qu'il forme avec eux fut bien plus complémentaire que leurs évolutions ultérieures ne le laisseraient deviner. L'intérêt de ces premiers échanges tient à une commune ferveur littéraire qui se manifeste en particulier dans le lancement de quelques revues (Potache-Revue, La Conque et Le Centaure). Les germes de la création, les tâtonnements exprimés par leurs juvéniles poèmes, les réciproques critiques qu'ils se font traduisent, sinon leur totale communion d'esprit, du moins des credo esthétiques communs et une même ambition artistique. Après la mise en sommeil des visées littéraires de Valéry à l'automne 1892 et la brouille définitive intervenue entre Gide et Louÿs en 1896, la correspondance entre Louÿs et Valéry connaît une certaine chute de tension jusqu'à ce que la remise en marche de " l'ouvroir " poétique devienne le prétexte d'échanges enflammés oit ils retrouvent les enthousiasmes de leur jeunesse. Ces lettres presque quotidiennes des années 1916-1917 brassent une foule d'idées et de réflexions qui vont nourrir la création de Valéry avec La Jeune Parque et les poèmes de Charmes, tandis que Louÿs accepte avec bonne grâce de servir de miroir et de jouteur à son ami plus doué. Il y a un demi-siècle, Robert Mallet faisait connaître la plus grande partie des lettres échangées entre Gide et Valéry qui n'avaient pas à être reprises ici, Louÿs demeurant dans la coulisse. Ici et là, des bribes et des fragments épars des correspondances Gide-Louÿs et Louÿs-Valéry ont pu être livrés, mais aucune édition intégrale de ces deux autres côtés du triangle n'a été entreprise. Si nous les publions aujourd'hui d'une manière simultanée, c'est pour marquer à vif les ressemblances, les influences, les interférences et les divergences de ces trois auteurs essentiels de la littérature moderne à travers l'un des plus beaux témoignages de ce qui peut naître du commerce et de l'amitié de trois " esprits ".

06/2004

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Histoire de France

De Gaulle. De l'enfance à l'appel du 18 Juin

Aucun Français, sinon de sang royal, ne fut jamais autant que Charles de Gaulle persuadé d'être né sous le sceau d'une destinée nationale. Son père lui ayant légué la honte de la défaite de 1870, adolescent, il se voyait déjà chasser de France les Allemands à la tête d'une armée de deux cent mille hommes ! Partagé entre la passion de l'écriture et l'envie de servir son pays, il a choisi l'épée sans oublier la plume. Jeune capitaine blessé, fait prisonnier à Douaumont en mars 1916, il a subi la captivité comme une insulte dont, malgré plusieurs tentatives d'évasion, il mettra très longtemps à se débarrasser. Conscient comme peu de ses compatriotes de l'inéluctabilité d'un nouveau conflit avec l'Allemagne vaincue en 1918 et alors que tout le monde vante les mérites défensifs de la ligne Maginot, Charles de Gaulle s'évertue en vain à persuader le haut commandement français et les politiques que la France doit impérativement se doter de grandes unités mécanisées et autonomes. Faute d'un tel effort, répète-t-il sans être entendu, elle sera en cas de conflit immanquablement envahie par les divisions blindées du IIIe Reich nazi. Promu général en juin 1940, à quarante-neuf ans, il réussit à contenir quelques jours dans l'Aisne les colonnes blindées du général Guderian. Il est appelé au gouvernement de Paul Reynaud, mais celui-ci cède la place à son ancien mentor, le maréchal Pétain. Bientôt c'est l'armistice, contre lequel il s'érige sans hésiter, et il se réfugie en Angleterre. Et voici que, le 18 juin 1940, il lance sur les ondes de la BBC l'appel qui rend à la France sa dignité, son espoir et son Histoire. En retraçant cette première partie du parcours de De Gaulle, Georges Fleury révèle des aspects méconnus de la façon dont le chef de la Résistance s'est imposé au sein de la France Libre. Surtout, il dépeint de façon vivante, claire et magistrale l'essence du personnage et la construction d'un destin cohérent et inégalé.

10/2007

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Religion

Le monde de la Bible

Traduite dans la plupart des langues, la Bible appartient au patrimoine mondial. Si elle est plus particulièrement un des fondements du monde occidental, elle n'y est pourtant pas née : les livres de la Bible hébraïque ont été rédigés, entre la fin du IIe millénaire et le Ier siècle avant notre ère, dans le Proche-Orient asiatique. Elle est donc d'abord l'héritage d'une autre culture, d'un autre monde, celui du Proche-Orient ancien de l'âge du fer à l'époque hellénistique. Car le monde de la Bible se définit dans le temps et dans l'espace, bien au-delà de la Terre Sainte. Le texte biblique trace lui-même l'horizon géographique du Livre : il recouvre l'Egypte, la Libye et la Nubie (Ethiopie), la Grèce maritime, les îles de la Méditerranée orientale, l'Aise Mineure méridionale, tout le Proche-Orient jusqu'en Elam (ouest de l'Iran actuel), ainsi que l'Arabie, jusqu'en Arabie du Sud (Yémen actuel). Quant au cadre temporel, il est délimité par les époques au cours desquelles les livres de la Bible ont été consignés - l'époque de David (vers l'an 1000) et le début de la révolte des maccabées (1er siècle avant notre ère). Cependant certaines traditions orales, concernant en particulier Moïse, l'Exode ainsi que les patriarches, remonteraient à la protohistoire de l'ancien Israël (environ XIIIe-XIe siècle). Comment dès lors connaître ce monde dans son étendue, faute d'archives écrites, sinon grâce au va-et-vient constant entre le texte biblique, tel que l'étudient la critique littéraire et la critique historique, et l'archéologie, qui a accumulé ces dernières décennies des découvertes décisives et éclairantes ? La notion même de " monde de la Bible " a une histoire, reflet des conceptions, techniques et méthodes nouvelles apparues depuis le siècle dernier. A ce monde de la Bible, quelque quarante des meilleurs spécialistes mondiaux - archéologues, historiens, exégètes et biblistes - introduisent le lecteur. Leurs contributions, remises à jour pour ce volume, ont initialement paru dans la revue Le monde de la Bible.

09/1998

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Histoire de France

La fortune de la Grande Mademoiselle. Anne Marie Louise d'Orléans, duchesse de Montpensier (1627-1693) Un enjeu politique au XVIIe siècle

Une grande fortune attire l'attention du pouvoir : c'est une constante qui se manifeste notamment en 1400, lorsque les négociations entre les ducs de Berry et de Bourbon, lors du mariage de leurs enfants, apportent au roi les moyens qui permettront le retour à la monarchie au début du XVIe siècle des possessions de la Maison de Bourbon. Quelques décennies plus tard, la patiente reconstitution par la branche de Montpensier d'une partie de cette fortune, augmentée par de judicieux mariages, attire l'attention du roi Henri IV, qui s'empresse d'organiser à l'avance le mariage de son fils puîné avec l'héritière de Montpensier. Cela aboutit dix-huit années plus tard au mariage de Gaston d'Orleans avec Marie de Montpensier, qui donne naissance à Anne Marie Louise d'Orléans. Très jeune héritière, Mademoiselle est fière de son lignage et de sa proximité de la famille royale. Elle n'en va pas moins mettre à rude épreuve les conceptions de la Cour à propos du rôle d'une princesse du sang. Cela lui vaudra deux exils, et son insistance à faire libérer Lauzun emprisonné lui coûtera ses deux plus beaux domaines, dont elle conserve toutefois la jouissance jusqu'à sa mort. Les sources documentaires permettent de cerner les éléments qui composent sa fortune, les enjeux et les péripéties rencontrées dans les multiples facettes de sa gestion, ainsi que les acteurs de celle-ci. Elles permettent aussi d'observer le marché de la dette auquel Mademoiselle a recours à partir des années 1660, d'analyser l'origine sociale de ses préteurs, et d'éclairer l'évolution de ce micromarché, lequel, au-delà de la conjoncture générale, est influencé par la personnalité de l'emprunteuse. Ces analyses éclairent de manière incontestable, sinon immédiatement visible, la règle stratégique qui a prévalu dans la gestion des biens de Mademoiselle : c'est l'intérêt du roi. Ce denier s'est manifesté à chaque fois qu'il l'a pensé utile, et s'est assuré en fin de compte de la transmission des biens à des membres de sa famille proche.

03/2019

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Critique littéraire

Hommage à Michel Lemoine

Michel Lemoine (1944-2016) était sans doute le meilleur connaisseur à la fois de la vie et de l'oeuvre de Georges Simenon. De toutes les composantes de cette oeuvre, depuis les pochades de la jeunesse jusqu'aux Mémoires intimes, point d'orgue de la création, en passant par la production alimentaire sous divers pseudonymes, les Maigres ainsi que les "romans durs" qui ont fait la renommée internationale de l'écrivain, et les Dictées entreprises quand l'imagination romanesque s'est tarie. Disciple du professeur Piron, à qui l'on doit le legs, à l'Université de Liège, des archives du plus célèbre des écrivains liégeois, Michel Lemoine n'a cessé de tisser le fil de la biographie et celui de la création simenoniennes, mais souvent en privilégiant des aspects de cette dernière négligés par d'autres spécialistes. A première vue, on a affaire à des travaux d'érudition sur des sujets marginaux, mais l'ensemble de ces travaux s'avère, à y regarder mieux, une ambitieuse entreprise de connaissance d'un artiste dont la créativité, comme il l'a maintes fois reconnu lui-même, s'enracine profondément dans le vécu personnel. C'est un très modeste aperçu d'une oeuvre critique immense, impeccablement documentée et dont la fiabilité a été maintes fois saluée que nous donnons dans ce volume d'hommage. On y trouvera d'abord un panorama des espaces fictionnels simenoniens, ensuite un gros plan sur le cadre ligérien de plusieurs romans et un article sur l'image de l'Italie dans la fiction comme dans les Dictées. Viennent alors un essai sur le motif des cloches dans le roman et les écrits autobiographiques, un plaidoyer pour l'auteur de L'heure du nègre, suspecté d'ethnocentrisme sinon pire, une étude sur une nouvelle très peu connue, vaguement fantastique, imprégnée par une des obsessions de l'écrivain : celle de l'abolition du moi et de la fusion harmonieuse dans le monde ambiant. Le recueil se clôt sur un essai de synthèse, écrit voici une trentaine d'années, qui entrebâille bien des portes que Michel Lemoine a ensuite ouvertes au large.

01/2019

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Littérature française

Lo nas e Lo manteu : doas novelas de Sent-Petersborg

Deux nouvelles fantastiques de Gogol traduites en occitan par Jean-Pierre Reydy : Le Nez (1836) et Le Manteau (1843). [oc] Gògol, que moriguet en 1852 a 43 ans, arrendut de junes, d'una vita facha de dobtes literaris mai religios, entre neurastenia e exaltacion sempre, escriguet Lo Nas en 1834, Lo Manteu, entre dos tres còps, quauquas annadas tardier. Si Lo Nas, juec literari, dins lo biais fantastic de long de texte, a de que nos far rire e nos balha gran enveja de planher lo que tot d'un còp li manca çò que li servia per sentir mai sinar, Lo Manteu, òm l-i ritz en chena, a de que nos esmòure tant es retrach d'un esser a qu'un tot mai tots manquen, un paubre diable de vita essuercha que lo fantastic - sa tòrna - sus la fin vai venir venjar, far reparacion tan pauc sia a tant de miseria umana. Essenciau 'queu texte per la literatura russa. "Som tots sortits dau Manteu de Gògol" , çò-ditz Torgueniev, mots que tòrna prener lo grand Dostoievsqui. Veiqui çò que Gogòl disia de se-mesma : "An beucòp parlat sus ieu, mas degun a pas jamai definit mon esser vertadier, manca Poshquin. Me disia totjorn que degun escriveire sabia tan be far sentir la platituda de la vita, far ressortir tan fòrt la desconvenencia de l'òme vulgar, far espetar plen uelh totas las besilhs, los petits res que de costum nos eschapen". Jan-Peire Reidi nos balha 'qui d'aquilhs dos textes - ente la vita sociala se juega en mala comedia - 'na crana version lemosina, après aver revirat La Filha dau capitani de Poshquin que meritaria plan maitot l'edicion. Que 'na lenga, literariament, viu de creacions soas e de reviradas. Es de bon remarcar que lo Lemosin Danis Ròcha - que avia maitot publijat daus contes tradicionaus de chas nos dins 'na plan bona lenga - reviret prumier en frances tota l'òbra de Tchecòv (emb la benediccion de l'autor) e Josep Migòt, autre Lemosin, de las novelas dau mesma Tchecòv en lenga nòstra. D'ente tant d'interes lemosin per la literatura russa ?

10/2017

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Littérature anglo-saxonne

Le dévoué

La suite très attendue du Sympathisant, Prix Pulitzer 2016 ! Après avoir réchappé d'un camp de rééducation, Vo Danh (l'homme sans nom, l'espion, l'agent double à la solde des communistes, héros et narrateur du Sympathisant) atterrit à Paris en même temps qu'une cohorte de réfugiés vietnamiens. Il est accompagné de Bon, son frère de sang, toujours aussi résolument anti-communiste (et ignorant de la double identité de Vo Danh). Tous deux logés dans le 11ème arrondissement de Paris, ils se lancent à l'assaut de la capitale bien décidés à faire leur trou et surtout à se remettre de leurs émotions. Hélas, Le Boss, leur seul contact à Paris, n'est autre qu'un trafiquant notoire qui leur offre en guise de job, de devenir ses hommes de main, chargés de régler leur compte aux mauvais payeurs et autres resquilleurs. Bien trop sensible pour supporter toute cette violence, Vo Danh propose au Boss de se lancer dans un trafic de cannabis auprès des intellectuels de gauche et autres philosophes marxistes. Un business plus tranquille et plus lucratif. Du moins le croit-il, car très vite, il se retrouve au coeur d'une brutale lutte de territoire entre dealers algériens. Et comme si tout cela ne suffisait pas, Bon et lui apprennent une incroyable nouvelle : l'homme masqué, leur tortionnaire au camp de rééducation, serait lui aussi à Paris et occuperait un poste important à l'ambassade du Vietnam. Pour Vo Danh qui pensait couler des jours heureux à Paris, boire des crèmes en terrasse tout en se goinfrant de croissant, les ennuis ne font que commencer... " Un roman d'espionnage féroce, drôle et profondément ambivalent. " ELLE " Certainement l'un des romans les plus impressionnants de cette rentrée (...) Cette confession d'un agent secret est plus qu'un roman politique anti-impérialiste. C'est une réflexion subtile sur les ambiguïtés de l'histoire. " Le Monde " Viet Thanh Nguyen [... ] s'est imposé comme un virtuose des narrations labyrinthiques. [... ] Cet ennemi du manichéisme ne défend aucune vérité, sinon la plus trompeuse qui soit, l'inatteignable vérité en chacun. C'est là qu'il est grand " Le Figaro

10/2022

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Décoration

La vie à l'air libre

A l'occasion de la sortie d'un neuvième carnet inspiré par "La métamorphose", le thème de l'année 2014 chez Hermès, Actes Sud et Hermès ont décidé de rééditer l'ensemble des carnets de croquis de Philippe Dumas, réalisés entre 1988 et 1995. Cette échappée intimiste nous mène dans le jardin secret de l'âme d'Hermès, à la croisée des souvenirs et des émerveillements du collectionneur fervent que fut Emile Hermès. Philippe Dumas laisse ici vagabonder son crayon et son pinceau, parmi le foisonnement des objets, tableaux et ouvrages collectionnés par son grand-père tous évocateurs du cheval ou du voyage. Neuf thèmes annuels d'Hermès lui servent de fil d'Ariane : L'exotisme, Vivre la France, La vie à l'air libre, Voyage en Extrême-Orient, La mer, Vive le cheval, Le soleil, La route et La métamorphose donnent ainsi leur titre et leur prétexte respectifs à chacun de ces neuf carnets d'esquisses délicatement aquarellées. Avec son trait vif, léger, habile à restituer le mouvement, son don d'observation inégalable pour saisir le charme de tel délicieux détail, sa sensibilité très personnelle aux murmures des voix humaines bruissant dans ces objets que l'on prétend muets, Philippe Dumas rend vie aux témoins des voyages d'antan. Sans doute cette vie puise-t-elle dans la fraîcheur de ses impressions d'enfance. L'artiste se souvient des premières échappées merveilleuses à travers l'espace et le temps dans le bureau-musée de son grand-père. À sa suite, sans quitter Paris sinon par l'enchantement du regard, retrouvons le dépaysement des routes de l'Orient lointain, des chemins caillouteux de la Sicile, des sentes boisées de l'Ile-de-France invitant au pique-nique ou des routes pavées du vieux Paris, tintinnabulant des grelots des chevaux... Comme le philosophe latin voyait une certaine suavité dans le spectacle de la tempête observé depuis la quiétude du rivage, peut-être songerons-nous qu'il est doux, au siècle de l'avion, de frissonner des épopées vécues par les voyageurs de l'âge du cheval.

04/2014

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Développement personnel

Marcher et renaître. Expériences de marcheurs, sur des milliers de kilomètres, en référence de leur corps confronté au Vivant

Marcher... sur des milliers de kilomètres, mais pour quelle nécessité/quel mystère, sinon de trouver une solution au "souci de soi", ou comment être vivant en ses chairs ? Rude problème. L'homme n'est-il pas d'abord un mort ? Et pour disparaître avec le sourire il lui faudrait conquérir son être-pas : un sujet a créer entre zoologie et politique. C'est ce que peut gagner un pérégrinant au long cours à travers plaines/forêts, villages/fleuves et montagnes ; il y abandonne ses illusions moïques pour joindre la terre qu'il imprime de son pas en reconnaissance de Nature, Ils oit gît le Vivant. Il devient humble ; il prend respect aussi bien de l'arbre que de l'insecte, car il apprend de ses noms. Marcher est devenir vinant ! S'autoconquérir d'un corps alter ; il suffit de l'écouter, d'en comprendre la parole : comment il parle/comment il pense ? Il dit tout le corps marchant en solitude, jusqu'à l'incroyable ! Exemple, MR, une femme : "Mon corps est un temple." Il suffit de lui prêter attention, de voir le dehors en contrepoint. Tout y est déjà écrit, reste à le lire. — "Cette terre qui naissait, c'était moi. Une égalité parfaire." Le marcheur assiste à l'effondrement de son individualité logocentriste, "introduisant l'autre dans le je", qu'il accepte ou refuse ! GL : " Si on a besoin d'aide, on demande. Tout est cadeau ! Ca permet d'entrer en la joie. " Marcher est se sauver ! Jetant à la poubelle ses vieilles peaux : propriété/ pouvoir/violence, afin de joindre le Vivant écologue. Un vertige pour la raison, soit de faire je, lequel n'est pas moi ! Distancié á jamais de son verbe. Et pour la logique ? A la limite d'une incompréhension, le marcheur y affrontant une kinesthésie pour qu'il puisse faire forme psychophysique : une forme parmi d'autres formes au sein du Vivant. Je est le secret de la marche, d'en réussir entre réel (fundamén) et réalité (reproesentaneus) l'équation non métaphysique mais matérielle d'être une corporéité en loi devant elle-même.

06/2019

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Ethnologie et anthropologie

Un roman dahoméen. Francis Aupiais et Bernard Maupoil, deux ethnologues en terrain colonial

Analyse des diverses méthodes de production de données ethnographiques dans un contexte colonial, Un roman dahoméen revient sur deux expériences de collecte spécifiques ayant eu lieu au Dahomey, ancien royaume situé dans l'actuel sud du Bénin. En se concentrant notamment sur les pratiques religieuses vodun (également connues sous le nom de "vodou" et désignant des pratiques occultes d'ordre cosmique issues des cultes animistes africains), l'autrice montre que les approches et les regards ayant historiquement été portés sur ce territoire ont été divergents et n'ont pas toujours engagé les acteurs locaux de la même manière. Valérie Perlès s'est intéressée au parcours dahoméen de deux ethnologues, représentatifs chacun à leur manière de l'occupation française de ce territoire : l'un missionnaire, Francis Aupiais (1877-1945), l'autre administrateur, Bernard Maupoil (1906-1944). Tous deux se sont situés dans le sillage de l'Institut d'ethnologie, et ont travaillé pour des commanditaires différents - l'un privé, l'autre public - qui dans les deux cas sont entrés en résonnance avec la politique coloniale de l'époque. Après avoir analysé les données collectées dans une situation de professionnalisation de l'ethnologie, cet ouvrage interroge plus précisément la question du terrain et la place donnée ou négociée par les élites locales. Qu'il s'agisse de chefs politiques, dignitaires religieux ou "lettrés" , la plupart se sont engagés, sinon dans la production d'un discours positiviste sur leur propre culture, du moins dans la prise de conscience des enjeux cristallisés autour de cette matière ethnographique. Le texte sera accompagné d'une séléction iconographique tirée de deux fonds documentaires qui seront reproduits en couleur. Le premier provient des films documentaires et autochromes réalisés par le missionnaire Francis Aupiais pour le compte des Archives de la planète d'Albert Kahn. Le second analyse les objets réunis par l'administrateur Bernard Maupoil pour le musée d'Ethnographie du Trocadéro, aujourd'hui conservés au Quai Branly. En liant analyse visuelle et regard ethnographique, Un roman dahoméen s'inscrit dans la lignée de livres tels que La Ligne de couleurs de W. E. B. Du Bois.

04/2023

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Littérature étrangère

Le serpent de dieu

Le serpent de Dieu, d'Irini Spanidou, est l'enfance d'Anna en Grèce, dans les années qui suivent la guerre civile. Famille a priori traditionnelle : père officier de carrière, mère au foyer, une soeur cadette, des grands-parents attentionnés, des collatéraux - ô combien - nombreux... Et puis, c'est autre chose. Un récit partiellement, sinon totalement autobiographique, une prise de conscience, une maturation. Le lecteur suit l'itinéraire d'Anna qui la mènera de l'enfance à l'âge adulte - et à la littérature - à travers une série de rencontres, d'abord avec des animaux, puis avec des humains, au cours desquelles elle se trouvera confrontée aux trois réalités qui désormais la hanteront : l'amour, le sexe, la mort. La fillette, pleine de la grâce naïve de l'enfance et, en même temps, d'une stupéfiante précocité, subit l'influence dominatrice - que ne compense en rien la présence discrète d'une mère sacrifiée - d'un père qui cherche à la modeler à sa propre image. Il aime sa fille comme il aime ses soldats et veut lui imposer ses principes et sa discipline. Anna se rebelle, mais au cours d'une ultime épreuve, elle parviendra enfin à la difficile réconciliation de sa conception d'un monde d'amour avec la vision cruelle et destructrice de son père. Anna brosse avec tendresse, toujours avec verve, une galerie de portraits d'un naturel saisissant : le cousin Menelaos, dit "le Boeuf" ; Manolis, l'ordonnance de son père qui lui sert de nounou ; le général Dimitriadis, grand amateur de serpents... Tous, parents, amis, camarades de classe, personnages de rencontre, sont remarquables d'authenticité. Anna sait être observatrice et son imagination l'entraîne parfois aux frontières d'un monde magique où volent les corbeaux fantômes, où revivent les soldats tués au combat, où s'imbriquent la vie et la mort. Par la précision des souvenirs et la puissance de la vision que nous transmet l'enfant à travers les yeux de l'adulte, Le serpent de Dieu est un roman passionnant, une oeuvre qui dérange, attachante comme son héroïne.

10/1988

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Décoration

Les métamorphoses

A l'occasion de la sortie d'un neuvième carnet inspiré par "La métamorphose", le thème de l'année 2014 chez Hermès, Actes Sud et Hermès ont décidé de rééditer l'ensemble des carnets de croquis de Philippe Dumas, réalisés entre 1988 et 1995. Cette échappée intimiste nous mène dans le jardin secret de l'âme d'Hermès, à la croisée des souvenirs et des émerveillements du collectionneur fervent que fut Emile Hermès. Philippe Dumas laisse ici vagabonder son crayon et son pinceau, parmi le foisonnement des objets, tableaux et ouvrages collectionnés par son grand-père tous évocateurs du cheval ou du voyage. Neuf thèmes annuels d'Hermès lui servent de fil d'Ariane : L'exotisme, Vivre la France, La vie à l'air libre, Voyage en Extrême-Orient, La mer, Vive le cheval, Le soleil, La route et La métamorphose donnent ainsi leur titre et leur prétexte respectifs à chacun de ces neuf carnets d'esquisses délicatement aquarellées. Avec son trait vif, léger, habile à restituer le mouvement, son don d'observation inégalable pour saisir le charme de tel délicieux détail, sa sensibilité très personnelle aux murmures des voix humaines bruissant dans ces objets que l'on prétend muets, Philippe Dumas rend vie aux témoins des voyages d'antan. Sans doute cette vie puise-t-elle dans la fraîcheur de ses impressions d'enfance. L'artiste se souvient des premières échappées merveilleuses à travers l'espace et le temps dans le bureau-musée de son grand-père. À sa suite, sans quitter Paris sinon par l'enchantement du regard, retrouvons le dépaysement des routes de l'Orient lointain, des chemins caillouteux de la Sicile, des sentes boisées de l'Ile-de-France invitant au pique-nique ou des routes pavées du vieux Paris, tintinnabulant des grelots des chevaux... Comme le philosophe latin voyait une certaine suavité dans le spectacle de la tempête observé depuis la quiétude du rivage, peut-être songerons-nous qu'il est doux, au siècle de l'avion, de frissonner des épopées vécues par les voyageurs de l'âge du cheval.

04/2014

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Histoire régionale

Le château de Bonaguil en Agenais. Description et histoire

Lorsque, il y a longtemps déjà, je visitai pour la première fois le château de Bonaguil, ce remarquable spécimen de l'architecture militaire française au moyen-âge était à peine connu. Les gens seules du pays et des localités avoisinantes en parlaient comme d'une merveille. Mais leurs dires trouvaient au loin peu d'échos. Séduit par la grandiose beauté des ruines qui se dressaient devant moi, je n'eus qu'un désir, celui d'en connaître l'histoire, puis, une fois connue, de faire part du résultat de mes recherches à tous ceux qui avaient le culte du passé. Présenter le château de Bonaguil comme un des premiers et des plus intéressants monuments de l'architecture militaire en France dans la seconde moitié du XVe siècle, et insister sur ce point qu'il fut bâti d'un seul jet, dans un très court espace de temps, sous l'empire d'idées nou­velles en matière de fortification défensive, telle est la thèse que Viollet le-Duc m'engagea vive­ment à développer, me fournissant de nombreuses preuves à l'appui. Il me restait à écrire, sinon l'histoire proprement dite du château, du moins celle de ses seigneurs. En dehors de la famille de Fumel qui le possédait au moment de la Révolution, J'appris en effet bientôt que les Roquefeuil de Caslelnau, en Quercy, avaient, les premiers, possédé la seigneurie de Bonaguil. Je n'hésitai pas à publier aussitôt ma première édition (1867), dont le but, je l'ai déjà dit, était de faire connaître au plus vite le château de Bonaguil. Ce but fut pleinement atteint. Depuis cette époque jusqu'à aujourd'hui les visiteurs n'ont cessé d'affluer à Bonaguil. Mon dernier mot sera pour remercier mes lecteurs, qui, depuis trente ans, n'ont pas craint de me prendre comme guide dans leurs promenades à travers ce dédale, souvent inextricable, de salles, détours, de fossés, de courtines, mettant sous leur sauvegarde, ou plutôt sous celle de leurs fils, cette troisième édition, qui, très certainement, sera la dernière (extrait de la Préface de l'édition de 1897).

05/2021

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Policiers

La nuit du solstice

Chaque année, à l'époque du solstice d'été, un dangereux maniaque, juché sur les toits de New York, fait tomber un énorme bloc de béton sur les foules qui se pressent à la sortie des théâtres et des cinémas. Crimes parfaits, bien sûr. Pas de piste, pas de mobile apparent. Mooney, parfait prototype de gros flic, dur et débonnaire, absolument rebelle à la hiérarchie, mène l'enquête, dans une ville à l'aspect de bocal putride, parmi les obsédés de la pire espèce, les déchets les plus asociaux qui hantent les bas-fonds de la mégalopole. Très vite, l'enquête va se fondre dans cette atmosphère lourde, insidieuse, rapidement terrifiante, à l'égal de l'extraordinaire Nécropolis qui avait fait la gloire d'Herbert Lieberman (Grand Prix de littérature policière en 1978). On fera connaissance avec deux des plus étonnants personnages que le roman policier américain ait inventés : Watford, l'éternel assisté, vaincu par l'abjection urbaine, qui s'injecte des saloperies, des excréments, toutes sortes de rebuts, sous sa propre peau, perdu dans une manière d'extase rédemptrice : et le richissime Peter Quintius, fleur du gratin, comme l'autre est une fleur de la fange. Quintius élève des cactus dans une serre, des nightbloomers, ainsi appelés parce qu'ils fleurissent la nuit : le maléfice répondant ainsi, page après page, à l'immondice et à l'horreur, comme autant de variations nocturnes et ténébreuses, jusqu'à la nausée. Rarement suspense aura été plus violent et plus maîtrisé, les personnages plus fascinants, la vision d'un auteur de romans noirs plus précise, à l'instar des maîtres de l'après-guerre, de Goodis à McBain, mais sans doute dans une dimension plus foisonnante, qui permet une plongée mémorable dans un univers en proie aux démons, au sang et à l'ignominie. De la fin du livre, nous ne dirons rien, sinon ceci : à New York, rien ne se passe vraiment comme ailleurs. Quand un tueur disparaît, un autre prend aussitôt sa place. L'horreur ne peut pas s'interrompre, ni la nuit des esprits, ni la peur de chacun.

04/1985