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Hippolyte Bourgois

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Histoire de France

Pour l'amour de la République. Le Club Jean Moulin 1958-1970

Voyage au pays des élites du début de la Ve République, ce livre fait revivre un monde disparu. En 1958, le retour de De Gaulle, la guerre d'Algérie et les dysfonctionnements de la IVe République projettent dans l'engagement militant des Parisiens très diplômés. Haut fonctionnaire passé à la clandestinité, Jean Moulin est leur modèle et le compagnon de Résistance de certains d'entre eux. Ces bourgeois libéraux accomplissent une série d'actes hors du commun, et leur histoire éclaire la vie politique d'un jour nouveau. Jean Moulin est l'emblème d'une génération de clubs civiques qui s'est épanouie entre 1958 et 1966. Par sa vitalité, ce mouvement met en question l'image tocquevillienne du déficit associatif français. Jean Moulin illustre aussi la résurgence de l'héritage de 1789 et de la Résistance dans la lutte contre la guerre d'Algérie. Socialement dominants, les clubistes subissent la politique algérienne du pouvoir comme une oppression. L'État, qu'un tiers d'entre eux sert, porte atteinte à leur image de la République. Leur riposte participe de l'intervention des intellectuels de gauche. Mais, sans publicité, ils mènent une action plus originale à l'intérieur de l'État, en suivant certaines des lignes de fracture qui le cisaillent. L'image de l'exécutif fort, appliquée à la République gaullienne, s'en trouve ici révisée. Le Club est également porteur d'une utopie démocratique qu'il appelle le " civisme républicain ". L'idéal d'une démocratie pacifiée fonde son style mesuré. Transcendant les clivages partisans, il veut constituer le " parti du mouvement " en rapprochant les socialistes et les démocrates-chrétiens. Il mise sur l'élection du président de la République au suffrage universel, mais se brise finalement dans le choc des cultures civique et partisane. Après 1965, la IVe République étant enterrée, la guerre finie, et le parti de la gauche non communiste en voie de reconstitution, l'espace ouvert à la fin des années 1950 se referme. Le Club disparaît en 1970, mais son entreprise a mis au jour la vivacité latente de la citoyenneté républicaine dans la société civile. Elle a aussi préfiguré l'émergence de la social-démocratie à la française, qui se manifestera à la fin du XXe siècle.

04/2002

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Histoire de France

Les Français libres. L'autre Résistance

Aux combats de la France libre s'attachent quelques noms mythiques : Keren, Kub Kub, Bir Hakeim, El-Alamein... et, plus tard, Paris, Toulon, Strasbourg, Berchtesgaden. La "croisade" gaulliste pour la libération de la France a été maintes fois retracée. Le visage des hommes et des femmes - plus de 60000 - engagés dans les Forces françaises libres de 1940 à 1943 demeure pourtant dans l'ombre. Sous l'uniforme à croix de Lorraine, ils ont été de tous les fronts, ils ont subi tous les climats : l'Éthiopie, le Levant, le désert libyen, les oasis du Fezzan, l'Italie, la Normandie, Paris, la Provence et l'Alsace, mais aussi la Russie, les cieux d'Angleterre et d'Europe, enfin toutes tes mers du globe, et surtout les convois de l'Atlantique. Jean-François Muracciole évoque dans ce livre le parcours singulier de ces combattants, dégageant un portrait aussi étonnant qu'inédit. Une moitié de Français, souvent bretons, parisiens ou pieds-noirs, y côtoient d'anciens républicains espagnols, des antifascistes de toutes nationalités, des juifs d'Europe centrale et d'Afrique du Nord, persécutés à des titres divers, et des soldats coloniaux venus des quatre coins de l'Empire. Et, pour ta première fois, plus de 2000 femmes y reçoivent un vrai statut militaire. Cette petite troupe bigarrée est issue de milieux socio-culturels élevés, au fort ancrage bourgeois et catholique, et l'engagement y relève d'un patriotisme toujours prégnant, mais aussi de logiques plus intimes, où l'affectivité et les structures familiales ont Leur part. L'auteur n'oublie pas la vie quotidienne des combattants : leurs convictions, leurs joies, leurs peines, leurs souffrances, sans oublier l'évaluation délicate de leurs pertes. Enfin, il révèle l'extraordinaire pépinière de talents politiques, administratifs, industriels et scientifiques qu'ont constitué ces combattants pour la France des Trente Glorieuses. Alors que te souvenir des Français libres tend à s'effacer devant celui des résistants de l'intérieur, ce sont les contours de cette "autre Résistance", extérieure et non pas enracinée dans le sol national, que le lecteur découvrira ici.

11/2009

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Littérature étrangère

Les portes de fer

C'est au seuil de la vieillesse que le narrateur décide de nous raconter son histoire, trois moments de vie qui sont autant d'étapes décisives dans la construction de sa personnalité et de sa sensibilité. Il dépeint tout d'abord ses jeunes années et le tournant qu'a représenté le cancer de sa mère. A l'époque, le narrateur avait décidé d'approfondir sa connaissance de l'allemand afin de pouvoir lire Karl Marx et finalement découvrir une littérature germanique qui bouleverse son adolescence, de Thomas Mann à Rainer Maria Rilke. C'est aussi l'époque des premières amours et de la rencontre avec la fille de son professeur d'allemand, qui lui permet de découvrir Berlin d'avant la chute du mur. Puis vient l'âge de raison, le mariage, la naissance de sa fille Julie, et le divorce. Le narrateur a une quarantaine d'années, il est à présent enseignant et accueille un garçon d'origine serbe dans sa classe. Stanko le fascine, sa discrétion comme cette maturité arrogante qui rejaillit parfois. Mais c'est la rencontre avec la mère du jeune homme qui le trouble encore davantage, notamment lorsqu'elle lui montre une vidéo d'elle et son mari, depuis disparu, lors d'une croisière sur le Danube au moment de passer les Portes de Fer, entre la Serbie et la Roumanie. Passion à nouveau éphémère qui le renvoie en fin de compte à sa condition d'homme solitaire et de père en alternance. A la veille de ses soixante ans enfin, c'est à Rome que nous le retrouvons. Grand-père depuis peu, le narrateur fait une nouvelle rencontre inopinée avec une photographe. Elle l'invite chez elle pour lui montrer son travail avant d'accepter de partir avec lui à Paestum, photographier ces ruines encore vivantes... Jens Christian Grøndahl brosse le portrait de cet homme et de son histoire avec une grande justesse, il s'immisce dans ses remords, ses obsessions, ses envies profondes. Les Portes de Fer parle d'amour et de solitude mais également du désenchantement de l'individu occidental, de ce drame bourgeois que le grand auteur danois réussit à croquer avec une lucidité et une élégance toutes singulières.

01/2016

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Littérature étrangère

Pubis angelical

"Tout commence comme dans un rêve made in Hollywood dans les années 1930 : Lya Kolter, belle parmi les belles, épouse l'homme le plus riche de Vienne. Elle se réveille séquestrée dans un palais des Mille et Une Nuits... Son mari ordonne à distance le rythme de ses jours et fait brûler toutes les copies des films dont elle était la vedette. C'est qu'un secret démoniaque préside à sa naissance... Lya réussira à fuir, mais pour devenir le jouet d'autres vampires, maîtres ou esclaves de la gloire, de la politique, de la trahison, alors qu'elle cherche la pureté et l'amour. Un demi-siècle plus tard, dans un monde concentrationnaire, au milieu d'une nature envahie par les glaciers, W 228, portrait fidèle de Lya, vit un amour fou avec un étranger, malgré les interdits. Son châtiment sera de soulager la misère sexuelle des contagieux ; elle découvrira pourtant le caractère angélique du service rendu (d'où le titre du livre). Un troisième destin de femme, bien contemporain, cette fois, dessine la trame réelle du récit. Nita, une Argentine, vient d'être opérée dans une clinique de Mexico. A travers ses conversations avec une amie, puis avec son ancien amant, militant péroniste, comme par les fragments de son journal intime où elle essaie de composer une image satisfaisante d'elle-même, c'est l'atmosphère étouffante et le snobisme petit-bourgeois du Buenos Aires contemporain qui nous sautent à la gorge. Nita est le lien vivant entre Lya et W 228, qui sont peut-être de simples projections de son imagination ; leurs fantasmes, leur soif frustrée d'un amour tel qu'on le voit à l'écran, leur obsession de la trahison, sont autant de facettes du subconscient collectif d'une génération et d'un milieu de midinettes riches, abreuvées de tangos. Manuel Puig manie ici avec la même maîtrise le kitsch le plus délirant, l'intrigue policière, la psychanalyse. Mais, en même temps, il dresse un étonnant inventaire des rêves de pacotille et de la violence réelle qui sont le vrai visage de l'Argentine d'aujourd'hui." Bulletin Gallimard n° 307, mai-juin-juillet 1981.

05/1981

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Beaux arts

Georges Le Brun (1872-1914). Maître de l'intime

Paysagiste et peintre intimiste, marqué par le symbolisme, Georges Le Brun (1873-1914), originaire de Verviers en Belgique, apprend très tôt à peindre par l’aquarelle. Il ne cesse alors de pratiquer le dessin, notamment comme préparation à ses peintures : carnets, feuilles d’études, mais aussi grands dessins où perspective, échelle et dégradés de tons sont soigneusement calculés. Après un séjour à Bruxelles, Le Brun s’installe dans la Haute Fagne, région rurale de Wallonie. A l’instar de nombreux autres artistes, il pense y trouver une vie apaisante, atemporelle, à même de nourrir son art, dans le grand courant primitiviste qui imprègne l’art moderne au tournant du siècle dans toute l’Europe. Le Brun peint des paysages, des scènes de la vie rurale, des intérieurs intimistes : paysans silencieux occupés à des gestes ancestraux, études de bûcheron, de faucheur, d’éplucheur…, mais aussi paysages aux figures soit absentes soit minuscules, remarquables par leur absence de mouvement et leur « immanence ». L’artiste ne cherche pas à idéaliser mais au contraire à être vrai, à capter le point de vue le plus juste. Il observe, longtemps, patiemment, sans élaborer de discours social. La permanence de la vie rurale le séduit. En cela, son oeuvre évoque Millet et Pissarro, qui au-delà de leur engagement social, représentent le rythme ancestral du travail de la terre et l’harmonie entre paysans et nature. Le Brun partage aussi avec Pissarro l’esprit de synthèse, la sûreté du trait, la recherche de précision. Il nourrit également une passion pour la lumière, proche des impressionnistes défendus dans ses articles. Toute sa vie, en effet, Le Brun écrit des textes qui témoignent de ses prises de position antiacadémiques et de ses connaissances approfondies en art. Ses lettres d’Italie, ses récits de voyage et ses articles de presse notamment pour L’Art moderne, démontrent une écriture savante. Une production littéraire qui contraste avec l’image répandue du peintre, tout entier absorbé par la vie simple des Ardennes. Cette double identité, de bourgeois intellectuel et de peintre rustre, crée l’ambiguïté qui entoure la personnalité et l’art de Le Brun. Il meurt sur le front de l’Yser au début de la Première Guerre mondiale.

11/2015

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Critique littéraire

John Florio alias Shakespeare

La question de l’identité de William Shakespeare hante le monde littéraire depuis 400 ans. Ces dernières années, cette oeuvre immense a été attribuée à plus d’une cinquantaine d’Anglais dont Francis Bacon, Edouard de Vere et Marlowe... L’attribuer, une fois pour toutes, à un « génie » petit-bourgeois de province réfractaire aux langues étrangères, entrepreneur de spectacle à Stratford-upon-Avon ne convainc personne. Par une démonstration-enquête minutieuse et érudite, Lamberto Tassinari dévoile que John Florio était Shakespeare. Fils d’un émigré italien, Michel Angelo Florio, juif converti, prédicateur érudit en religions, John Florio naquit à Londres 12 ans avant le Shakespeare officiel… John, lexicographe, auteur de dictionnaires, polyglotte, traducteur de Montaigne puis de Boccace, précepteur à la cour de Jacques 1er, employé à l’ambassade de France ne cessa de jouer les « passeurs » culturels. Produire l’oeuvre de Shakespeare supposait d’immenses ressources matérielles, circonstances à l’époque rarissimes, telles que la possession d’une riche bibliothèque, la connaissance de langues étrangères (au premier rang desquelles l’italien), des voyages en Europe continentale, la fréquentation de la cour et de la noblesse. Et que dire de cette intimité passionnée avec la musique, avec l’Ecriture sainte, et de sa connaissance précise des humanistes de la Renaissance continentale (Dante, l’Aretin, Giordano Bruno pour l’Italie, Montaigne chez nous) ? La Tempête exprime de façon poignante, quoique cryptée, la plainte de l’exilé, la perte du premier langage, sa consolation par la fantasmagorie et les méandres douloureux du rapport générationnel…Les tourments de l’exil hantent, à fleur de texte l’auteur des Sonnets : sont-ils vraiment de la plume d’un homme voyageant pour ses affaires de Stratford à Londres, et qui ne sortit jamais de son île ? On a souvent remarqué l’étrangeté de la langue de Shakespeare sans jamais faire l’hypothèse qu’il pourrait être étranger… Au fil des pages les preuves s’accumulent... On découvre « Shakespeare » rendu à sa richesse, à sa complexité nées des souffrances de l’exil et du polylinguisme. Et s’il était juif et italien… mais comme le dit Florio « anglais de cœur »…

01/2016

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Sciences politiques

A bas les chefs ! Ecrits libertaires (1847-1863)

"Ce livre n'est point écrit avec de l'encre, c'est de l'acier tourné en in-8° et chargé de fulminate d'idées. C'est un projectile autoricide que je jette à mille exemplaires sur le pavé des civilisés". Toute sa vie, balloté par la misère et l'exil, Déjacque n'a cessé d'écrire. Ouvrier colleur de son état, "poète des misérables" , comme le surnomme son ami Gustave Lefrançais, "tapageur acharné" , il s'arme de sa plume contre les réactionnaires de tout poil. En 1848 à Paris, il chante la gloire des insurgés de Juin, ce qui lui vaut la condamnation et l'exil. A Londres, puis Jersey, où il côtoie les proscrits, il s'attire les foudres des républicains dont il fustige le modérantisme et l'opportunisme. En 1858, à New York, il fonde son propre journal, Le Libertaire, dont il est à la fois le rédacteur, le gérant, le plieur, le porteur et l'actionnaire. On le retrouve enfin à La Nouvelle Orléans, "ville de commerce et d'esclavage, au moral aussi sale que ses rues" , appelant à la vendetta contre les planteurs esclavagistes... Ennemi déclaré des Jésuites et de l'Etat, il hait l'autorité, d'ou qu'elle vienne. Aux rois, aux bourgeois, aux exploiteurs, lui, "infime prolétaire" , lance cet avertissement : "Dent pour dent ! " Mais derrière la violence verbale, cet artificier des mots se révèle un sublime rêveur. La quête du bonheur, de l'harmonie, du socialisme l'anime, ce dont témoigne son texte le plus audacieux, L'Humanisphère. Sous-titré "utopie anarchique" , il nous rappelle que pour Déjacque, l'utopie n'est pas un vain mot mais un acte : écrire, c'est combattre. Ce recueil rend hommage à l'oeuvre injustement méconnue, de Joseph Déjacque. Passé le choc de la première lecture, restent admiration et tendresse pour ce "volontaire de la Révolution" qui n'a jamais baissé pavillon. Thomas Bouchet est enseignant-chercheur en histoire du XIXe siècle à l'université de Bourgogne, il travaille en particulier sur les premiers socialismes. Derniers livres parus ? : "Les Fruits défendus. Socialismes et sensualité du xixe siècle à nos jours" (2014)? ; "Quand les socialistes inventaient l'avenir. Presse, théories et expériences 1825-1860" (en codirection, 2015).

03/2016

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Critique littéraire

Fortune et infortune des Flaubert. Répertoire

On connait la vie et l'oeuvre de Gustave Flaubert. Sa Correspondance, les brouillons et scénarios que sa nièce avait conservés et que les études de génétique ont mieux fait connaître, la documentation qu'il avait accumulée pour rédiger Bouvard et Pécuchet, tous ces précieux documents ont permis de dessiner un portrait assez précis mais subjectif de l'écrivain. Il a toujours voulu n'être qu'un " homme-plume ", un artiste qui a consacré toute sa vie à la littérature. Mais n'était-il pas également un bourgeois malgré lui ? Etait-il vraiment riche ? Commanville l'a-t-il ruiné ? Jusqu'à présent, les réponses apportées à ces questions ne sont guère pertinentes car elles ne prennent pas en compte les documents d'archives qui permettent de lever le voile sur ces interrogations. Ce répertoire fera découvrir une masse documentaire insoupçonnée. Gustave Flaubert a signé un nombre considérable de procurations... Son nom figure dans les actes de notaires, dans les documents de l'enregistrement ou dans les procès-verbaux d'audiences des tribunaux. Il a été un fils de famille et, qu'il le veuille ou non, il a hérité, de la politique patrimoniale et fiscale du clan Flaubert. Ainsi, paradoxalement, l'indivision née de la succession de son père Achille Cléophas l'a fait paraître très riche alors qu'il n'a disposé personnellement, du vivant de sa mère, que des revenus de la part d'héritage qui lui a été attribuée à la mort de son père. Le courtisan qui fréquente la princesse Mathilde, qui est invité au château de Compiègne, a bien du mal à tenir son rang car sa mère contrôle la gestion de la fortune familiale. Une quête fastidieuse mais nécessaire dans les documents d'archives a permis de repérer des centaines de documents, des milliers de pages qui en disent long sur la famille Flaubert. Ce répertoire montre le chemin, offre aux chercheurs des pistes pour approfondir des questions négligées jusqu'à présent. Le tableau chronologique et les index vous invitent à rejoindre les auteurs : venez donc découvrir dans les fonds des Archives départementales tous les documents inédits qui viendront compléter et enrichir les connaissances déjà acquises grâce à la Correspondance, aux brouillons et scénarios.

10/2018

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Histoire de France

Pierre Cot. Un antifasciste radical

Agent soviétique ou pas? Telle est à peu près la seule question que se sont posée les contemporains de Pierre Cot, et celle aussi que l'on ressasse depuis sa mort (1977), à tout propos - en particulier quand il est question de Jean Moulin et de la guerre. Mais outre qu'il est impossible de rien prouver là-dessus au terme d'un examen pointilleux des archives de l'ex-URSS, ne faut-il pas convenir que c'est un débat devenu fort secondaire? N'est-il pas plus intéressant de savoir ce qu'a été précisément un " compagnon de route ", de comprendre comment un jeune bourgeois catholique, patriote et conservateur, brillantissime juriste, en vient à professer un pacifisme radical et un internationalisme intégral, à faire sans faillir de l'URSS une apologie que bien des kominterniens de stricte obédience n'auraient pas osé pousser aussi loin ; de saisir pourquoi son antifascisme irréductible n'a pas su emprunter d'autres voies que l'alignement sur Staline et ses successeurs, et même de déceler pour quelles raisons il n'a pas tout simplement adhéré au parti communiste ? Ne vaut-il pas mieux regarder de près comment le ministre qu'il a été à plusieurs reprises s'est comporté (notamment en matière d'aviation civile et militaire) ? N'est-il pas plus honnête - et de meilleure méthode historique - d'envisager l'homme depuis son enfance et sa jeunesse jusqu'à son grand âge, de cerner les influences - intellectuelles, morales, affectives - qui ont agi sur lui, d'identifier quels événements historiques l'ont marqué (la Grande Guerre en particulier), bref de trier le bon grain de l'ivraie ? Auteur d'une thèse unanimement louée sur le parcours politique de Pierre Cot, Sabine Jansen retrace ici avec finesse et rigueur l'itinéraire d'une figure déroutante de notre passé récent; derrière les clichés de la propagande hostile (l'Action française parlait du " galopin sanglant ") et de l'apologie béate apparaît alors un homme, avec ses contradictions, ses points aveugles, mais aussi avec sa grandeur et sa foi dans l'homme.

10/2002

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Contes et nouvelles

Contes percherons - histoires de veillees, 1

Le nom de Philippe de Chennevières-Pointel (1820-1899), alias Jean de Falaise, ne dit plus grand-chose aux lecteurs d'aujourd'hui. Il parle davantage aux gens du crû, qui savent à quels lieux ces noms sont rattachés. Pourtant, le jeune Baudelaire l'évoquait déjà, alors que lui-même n'était qu'un inconnu ("Le corsaire-satan" , 1845)... S'il faut résumer le personnage à sa biographie officielle, nous dirons qu'il est originaire de Falaise (Calvados, Normandie). Inspecteur des musées de province (1852), puis directeur des Beaux-Arts (1874), le marquis de Chennevières-Pointel entreprit la publication des Archives de l'art français (1851) et forma le projet d'un Inventaire général des richesses d'art de la France. C'est bien limitatif, au regard de l'oeuvre littéraire qu'il laisse derrière lui, et la collecte des contes et récits régionaux qu'il offrit à la postérité. Amoureux des terroirs et de leur patrimoine culturel, cet homme contribua beaucoup à la transmission des traditions et folklores des provinces françaises, sous de multiples pseudonymes comme Jean de Falaise ou M. de Santin. Avec ces 22 contes et récits des veillées, c'est à un voyage dans le temps - pas si loin - au coeur nos campagnes percheronnes qu'il nous convie ici, pour notre plus grand plaisir... PROLOGUE L'ENFANT PERDU GUILLAUME SANS PEUR LA FOIRE DE LA BRIERE LES CAPRICES DE MANETTE LE PETIT SABOTIER LES OUFS DE PAQUES MARIE LA PETITE BERGERE LE FILS DU GENDARME L'ENFANT CHANGE EN NOURRICE LES BONS CHEVAUX DU PERCHE L'OISEAU POMME D'API LA FIN DU MONDE CE QUE PENSAIT DES CONTES D'ENFANTS M. LE CURE DE MARCILLY, LE SOIR DU COMICE DE BELLESME DE LA RENCONTRE QUE FIRENT TROIS BOURGEOIS DE BELLESME COMMENT LE GARS SIMON DEVINT CHIRURGIEN MAJOR DE LA REINE DE PRUSSE TIRATAI L'AVENTURE DU GARDE GENERAL COMMENT LE RAMONEUR ET LE MAITRE PEINTRE DU CHATEAU DE MAUVES RACONTERENT LEURS VOYAGES A LA DUCHESSE D'ALENCON LE VICOMTE DE BABIOLE A MI-CHEMIN DES ANTIPODES BIBLIOGRAPHIE DE L'AUTEUR

04/2023

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Actualité et médias

Anne Sinclair. Femme de tête, dame de coeur

« Belle », « ardente », « enfant gâtée », « grande professionnelle », « exaspérante »… Les qualificatifs et les épithètes ne manquaient pas dès qu’on évoquait Anne Sinclair, avant. De fait, avant le tremblement de terre du 14 mai 2011, tout souriait à l’ancienne star de TF1 : son mari, directeur général du Fonds monétaire international et favori des sondages en France, allait annoncer sa candidature à la présidentielle. Dans un an, c’était à l’Élysée qu’Anne et Dominique réuniraient peut-être leur belle et grande tribu familiale et amicale.jusque-là, l’existence d'Anne Sinclair avait plutôt ressemblé à un conte de fées pour enfant des Trente Glorieuses. Petite-fille d’un des plus grands marchands d’art de l’avant et l’après Seconde Guerre mondiale, fille d’un combattant de la France libre, elle a grandi dans le Paris bourgeois avant de concrétiser ses rêves d’adolescente. D’Europe Nº1 à France Inter en passant par TF1, avec ses émissions 7 sur 7 et Questions à domicile, la carrière d’Anne Sinclair a été récompensée par quatre Sept d’or et a fait d’elle une star. Ce livre est le récit d’une existence exceptionnelle, avec ses parts de lumière mais aussi celles, moins connues, d’ombre. Il s’agit d’une biographie autorisée mais non approuvée : si Anne Sinclair a consacré beaucoup de son temps aux auteurs et leur a ouvert les portes de sa famille ainsi que de ses amis, elle n’a eu aucun droit de regard sur le manuscrit avant sa publication. Le non-lieu prononcé à New York au bénéfice de DSK le 23 août, s’il lève l’hypothèque judiciaire, n’efface pas les cent jours de cauchemar qui ont ébranlé le monde d’Anne Sinclair, touché son cœur, fissuré ses sentiments et fait s’écrouler nombre d’ambitions sans pour autant la faire plier ni tomber. Car tout ce qui n’a pas tué la dame de cœur a renforcé la femme de tête. Elles se retrouvent aujourd’hui l’une face à l’autre afin de décider pour demain. Pour Anne Sinclair, peut-être le face-à-face le plus difficile de sa vie.

10/2011

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Nord-Pas-de-Calais

Tout sur le Nord et le Pas-de-Calais

C'est un pari fou, mais réussi, pour Vera Dupuis et Samuel Dhote que cette sélection de trésors patrimoniaux du Nord et du Pas-de-Calais choisis parmi les nombreuses richesses d'une région attachante. Ce guide en présente une cinquantaine, depuis la métropole lilloise jusqu'à la Côte d'Opale, en passant par les monts de Flandre jusqu'au plat pays. Tout comme dans le Calaisis, l'Audomarois, l'Artois, le bassin minier, le Valenciennois, le Cambrésis, l'Avesnois et le Boulonnais, le patrimoine y est bien valorisé et réserve de belles surprises. En plus de la présentation de sites, liés au paysage façonné par le temps, aux rebondissements de l'histoire, à la volonté de l'homme bâtisseur, cet ouvrage propose également des parcours thématiques : monuments incontournables, musées, jardins remarquables, hauts lieux historiques, art contemporain, découverte nature, patrimoine industriel. Vous saurez tout sur : Anneau de la Mémoire (Ablain-Saint-Nazaire) ; Grand'Place, place des Héros, abbaye bénédictine Saint-Vaast (Arras) ; Ecomusées (Avesnois) ; Centre 1415 (Azincourt) ; Site gallo-romain (Bavay) ; Petite ville de Flandre (Bergues) ; Ville haute (Boulogne-sur-Mer) ; Choeur de Lumière Anthony Caro (Bourbourg) ; Vitraux de l'église (Bouvines) ; Les Bourgeois de Calais (Calais) ; Château de Selles, abbaye de Vaucelles (Cambrai) ; Mont Cassel (Cassel) ; Peintres (Côte d'Opale) ; Villa Cavrois (Croix) ; Hôtel de Ville, beffroi, musée de la Chartreuse (Douai) ; Lieu d'Art et d'Action Contemporain (Dunkerque) ; Château (Esquelbecq) ; Jardins remarquables (de Flandre en Artois) ; Ancienne place forte (Gravelines) ; Château (Hardelot) ; Villas Belle Epoque (Lambersart) ; Musée Matisse (Le Cateau-Cambrésis) ; Louvre-Lens (Lens) ; Cité Vauban (Le Quesnoy) ; Centre historique minier (Lewarde) ; Grand'Place, Vieille-Bourse, hospice Comtesse, hôtel de ville, palais des Beaux-Arts, maison natale Charles de Gaulle, institut pour la photographie, citadelle (Lille) ; Abbaye bénédictine (Maroilles) ; Reconstruction par A. Lurçat (Maubeuge) ; Ville fortifiée (Montreuil-sur-Mer) ; Maison Wilfred Owen (Ors) ; Musée de la Piscine, cimetière (Roubaix) ; Mont Noir (Saint-Jans Cappel) ; Musée Sandelin, ruines de Saint-Bertin (Saint-Orner) ; Institut du monde arabe (Tourcoing) ; Château (Trélon) ; Musée (Valenciennes) ; Musée de Plein Air, musée d'Art moderne (Villeneuve d'Ascq) ; Paris-Roubaix (Wallers-Arenberg) ; Villas Belle Epoque (Wimereux) ; Coupole (Wizernes).

05/2021

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Midi-Pyrénées

Biarritz. Parcours en ville

Beariz, a? l'origine village de pe?cheurs et de baleiniers, attire l'attention des e?lites de?s la premie?re moitie? du XIXe sie?cle. Autour de la crique naturelle du Port-Vieux, qui abritait de modestes chaloupes, s'est de?veloppe?e une architecture luxueuse et fantaisiste. Le gou?t pour le sublime des paysages oce?aniques et l'attrait nouveau pour la the?rapeutique des bains de mer participent a? la fastueuse re?putation d'une " reine des plages et plage des rois ", fre?quente?e de?s 1854 par le couple impe?rial, puis la reine Victoria, E?douard VII, Alphonse XIII... La pre?sence de ces te?tes couronne?es profite a? la ville qui, nimbe?e d'une aura de majeste?, attire nombre de bourgeois bayonnais et d'aristocrates anglais et espagnols. Lieu de destination international, desservi en 1858 par les " trains de plaisir " de la Compagnie du midi, Biarritz s'e?toffe, se colore et s'anime. Jusqu'a? la veille de la Grande Guerre, la surprise et l'inattendu sont les mots d'ordre des nombreuses constructions qui fac?onnent ce littoral de ville?giature. Cette " architecture balne?aire ", loin d'e?tre compose?e d'un style exclusif au bord de mer, permet une liberte? de cre?ation, une pluralite? de re?fe?rences et une dimension spectaculaire rarement vues ailleurs. Ainsi, jusqu'a? la fin des Anne?es folles, la cliente?le chic et select de Biarritz s'attache a? rivaliser d'inge?niosite? et fournit un ve?ritable kale?idoscope de formes architecturales. Cette " e?pope?e des bains de mer " ne constitue pas la seule histoire de Biarritz, mais c'est bien cette bre?ve se?quence qui a sculpte? la ville d'aujourd'hui, ve?ritable engramme du visage d'une e?poque qui se lit, encore aujourd'hui, en parcourant l'architecture du lieu. Par la diversite? des parcours qu'il propose – du phare au Port-Vieux, en bifurquant par le centre-ville ou le quartier Saint-Charles, ou encore en longeant la Co?te des Basques –, ce guide offre une visite unique dans l'histoire architecturale de Biarritz, entre surprises et merveilles d'un imaginaire fastueux.

06/2021

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Histoire de France

La société dans le comté de Vendôme. De l'an mil au XIVe siècle

Le Vendômois passe traditionnellement pour avoir été un haut lieu de la civilisation féodale, parce qu'il fournit vers 1040 la première attestation de l'hommage lige (c'est-à-dire prioritaire) et abonde en indications précoces sur la taxation et la justice seigneuriales au XIe siècle. S'agit-il de faits nouveaux résultant d'une brusque et radicale mutation intervenue autour de l'an mil, ou seulement du reflet de l'apparition de sources écrites plus nombreuses et plus précises — auquel cas il faudrait parler de révélation plutôt que de révolution féodale ? Méthodiquement exploitées, ces sources éclairent, entre 1040 et 1150, des phénomènes sociaux aussi importants que le "jugement de dieu", la réduction volontaire en servage, la remise de cadeaux tenant lieu de monnaie, la dotation des filles par leurs père ou frère, etc. Si les textes qui se rapportent à la période suivante se font plus secs et moins savoureux, on peut dresser en 1311 et 1354-1355 un tableau de la géographie féodale du comté de Vendôme, et mettre en évidence l'émergence dès le XIVe siècle de quelques parvenus, légistes et bourgeois (ce qui est plutôt inattendu dans la France de l'ouest). Il va de soi que l'histoire régionale sort renouvelée de cette étude exhaustive qui multiplie les informations inédites sur la vie des villages, le paysage rural, la démographie et la croissance économique, et qui pour la première fois reconstitue de nombreuses généalogies seigneuriales (parmi lesquelles celle de la famille de Ronsard). Il faut insister également sur la contribution majeure versée par le présent ouvrage aux débats et aux recherches en cours sur l'an mil, sur la chevalerie, sur la justice, sur le servage et la seigneurie... et plus largement sur les ressorts culturels d'une société qui conserve pour nous une certaine étrangeté. Elève de Georges Duby (avec lequel il a collaboré à l'Histoire de la vie privée) et de Pierre Toubert (qui a dirige la thèse d'état dont ce livre est issu), professeur d'histoire médiévale à l'université de Paris XII, Dominique Barthélemy est également l'auteur de l'Ordre seigneurial (xi'-xm siècle) (1990) et Les Deux Ages de la seigneurie banale (Coucy xr-xme siècle) (1984).

02/1994

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Beaux arts

Leo Castelli et les siens

" Je ne suis pas marchand d'art, je suis galeriste " avait coutume de répéter Leo Castelli. Il a régné sur l'art contemporain international pendant plus de quarante ans, au point d'en changer toutes les règles. Après avoir vécu dans de grandes villes d'Europe (Trieste, Vienne, Milan, Budapest, Bucarest et Paris), aux prises avec les convulsions historiques du siècle, ce grand bourgeois dilettante rejoint les États-Unis en 1941, où il ouvre sa propre galerie à New York, en 1957, à l'âge de cinquante ans. Fasciné par les artistes, ses " héros ", il découvre les grands Américains des sixties (Jasper Johns, Robert Rauschenberg, Frank Stella, Roy Lichtenstein, Andy Warhol, James Rosenquist), et les mouvements esthétiques (le Pop Art, l'art minimal, l'art conceptuel), qu'il insère dans le cours de l'histoire de l'art. Organisée à l'européenne et gérée à l'américaine, la galerie Castelli invente la première forme de globalisation du marché de l'art et devient une institution incontournable. En quelques années, le galeriste transforme le statut de l'artiste aux États-Unis, assurant à l'art américain, pendant près de quatre décennies, une absolue hégémonie sur la scène internationale. Les consécrations à la Biennale de Venise pour Robert Rauschenberg en 1964, et Jasper Johns en 1988, sont de nouveaux coups de maître pour Castelli, jusqu'à ce que le marché de l'art américain s'emballe dans la fièvre de la montée des prix. Pourtant, derrière la personnalité d'un personnage érudit, affable et médiatique, se cache une histoire beaucoup plus complexe et mystérieuse qu'il ne le laissait paraître. Grâce à de nombreux entretiens réalisés dans le monde entier et à des documents d'archives inédits, Annie Cohen-Solal, biographe de Sartre et auteur de " Un jour ils auront des peintres ", nous transporte d'Italie en Hongrie, en Roumanie, en France et aux États-Unis, pour raconter la passionnante trajectoire du galeriste, découvrant que sa fonction ressemblait étrangement à celle de ses propres ancêtres, et de ces agents qui travaillaient auprès des Médicis, dans la Toscane de la Renaissance.

10/2009

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Philosophie

Au principe de la République. Le cas Renouvier

La République avait son philosophe et nous ne le savions pas. Elle ne l'a guère reconnu, il est vrai, et l'oubli n'a pas eu de peine à faire son œuvre. Il n'en reste pas moins qu'il a existé, dans la France de la seconde moitié du XIXe siècle, un effort spéculatif de vaste envergure pour élucider les fondements théoriques et les conditions pratiques d'une politique républicaine. En tirant de l'ombre la pensée politique de Charles Renouvier (1815-1903), Marie-Claude Blais renouvelle l'histoire intellectuelle de la IIIe République et lui confère une autre dimension. Elle met en lumière un destin exemplaire. Celui d'un jeune bourgeois en rupture de ban, épris de socialisme utopique, quarante-huitard fervent (il est l'auteur du fameux Manuel républicain) que l'échec de la IIe République, scellé, par le coup d'Etat du 2 décembre 1851, conduit à une révision radicale de ses premiers engagements et à une véritable conversion philosophique. Contre Hegel et toutes les philosophies déterministes de l'histoire, Renouvier opère un retour politique à Kant. Il s'agit de demander à la philosophie critique les bases repensées d'un régime de liberté. Cette entreprise de fondation est déployée dans la Science de la morale, de 1869, qui donne à la philosophie de la liberté républicaine sa théorie du droit et de la justice. Mais Renouvier ne se cantonne pas dans le ciel pur des principes. En 1872, il crée La Critique philosophique, revue hebdomadaire de combat d'idées. Semaine après semaine, il accompagne la période d'établissement et d'affermissement du régime républicain en prenant parti, en philosophe, sur les questions brûlantes de l'heure, qu'il s'agisse de la méthode de gouvernement on de la question sociale, de l'organisation des institutions ou du problème laïc. Ce sont les articulations de cette philosophie de la République que l'ouvrage s'attache à restituer, dans sa double ambition de remontée aux conditions premières et de descente dans le concret des applications. L'interrogation générale dont la République fait aujourd'hui l'objet redonne toute son actualité à cette grande tentative pour en clarifier le principe.

11/2000

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Sciences historiques

L'Affaire des Quatorze. Poésie, police et réseaux de communication à Paris au XVIIIe siècle

Incomparable " exhumeur " d'archives, Robert Darnton a découvert dans celles de la Bastille un étrange dossier fait de paperolles, qui n'étaient pourtant pas les habituelles et séditieuses " Nouvelles à la main ", mais plutôt des noms, des rimes et des indications " Sur l'air de... ". Il s'agit d'un incroyable dossier ayant mobilisé au printemps 1749 le Lieutenant de police et ses forces, sans oublier ses " mouches " (ses indicateurs), pour retrouver l'auteur d'une chanson " Monstre dont la noire furie " qui moquait le roi Louis XV et sa maîtresse avec un succès sans égal dans les cabarets parisiens. De cette anecdote qui n'avait jusqu'alors retenu l'attention de personne, Robert Darnton tire les mailles d'un étonnant filet : celui de la communication politique dans le Paris populaire du XVIIII e siècle où, des siècles après Gutenberg, la plupart des hommes et des femmes (ces dernières surtout) ne maîtrisaient pas la lecture. Constamment, ils échangeaient de vive voix des informations, qui n'ont pour l'essentiel pas laissé de traces Or voici une occasion exceptionnelle d'écrire une histoire de la communication à partir de son élément majeur, l'oralité. Au début de l'Affaire, se trouve un professeur de l'Université de Paris qui avait déclamé un poème qu'il connaissait par coeur et qui comptait quatre-vingts vers. L'art de la mémorisation était une force capitale dans le système de communication de l'Ancien Régime. Mais le moyen mnémotechnique le plus efficace était la musique. Deux des poèmes en rapport avec l'Affaire des Quatorze avaient été composés pour être chantés sur des airs connus que l'on retrouve dans les recueils appelés chansonnier où ils figurent avec d'autres formes d'échanges verbaux - plaisanteries, devinettes, rumeurs et bons mots. La suppression des mauvais propos à l'encontre du gouvernement faisait partie des tâches normales de la police. Malheur dès lors à celui dont la police retrouve dans les poches un bout de papier conservant des rimes ou des portées : ils seront 14 emprisonnés par le Lieutenant, étudiants, abbés, bourgeois établis, piliers de cabaret, amis des femmes publiques, tous milieux confondus, simplement pour avoir moqué le pouvoir en reprenant cet air, loin pourtant de toute intrigue politique.

09/2014

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Beaux arts

Lofts

Lofts nous offre un tableau complet de l'une des aventures architecturales les plus étonnantes de notre siècle : non seulement on a assisté à la transformation et au réemploi d'anciennes constructions industrielles à des fins d'habitation, mais également à de véritables bouleversements dans la philosophie de la vie domestique. Dans une époque où l'on prône le réemploi des anciens bâtiments (voir chez le même éditeur, L'Architecture transformée), il était inévitable que l'on songe à transformer d'anciennes usines, souvent dans le centre-ville ou proches du centre-ville, en lieux de vie. Et comme souvent, ce sont les artistes qui ont lancé le mouvement - pour la simple raison, avant tout, qu'ils étaient à la recherche de vastes volumes à bas prix, et que seules ces anciennes structures correspondaient à leur désir comme à leur budget. De plus, pour tout esprit rebelle - artistiquement ou politiquement -, il y avait sans doute une certaine satisfaction à mener une existence en tout point à contre-courant du modèle bourgeois classique. Mais on s'est aussi aperçu que ces grands volumes pouvaient être agréables à vivre et présenter un charme particulier, en dépit de quelques inconvénients (la difficulté à chauffer, notamment). Et c'est ainsi que, nécessité faisant loi, s'est créé ce qui est à la fois un style d'habitation (avant tout urbain) et un mode de vie qui, marginal et contestataire à ses débuts, n'a pas tardé à être récupéré par toute une frange de la population, soit par goût, soit par snobisme. Outre une histoire du mouvement et de la culture du loft, cet ouvrage nous présente une belle palette d'exemples concrets de ce type de lieux de vie, photographies et commentaires à l'appui, qui donne un panorama très complet de leur diversité, de leur ingéniosité et des solutions, qu'ils apportent chaque fois à des problèmes particuliers. Par la qualité de la présentation et des commentaires des deux auteurs, comme par le choix de sa documentation photographique, Lofts est à la fois une étude remarquable sur la naissance d'un genre et un document sur la manière dont il s'est développé et épanoui. Tous les amateurs d'architecture devraient y trouver leur bonheur.

10/1999

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Beaux arts

Au pied du mur. Bâtir le vide autour des villes (XVIe-XVIIIe siècle)

Dans la ville corsetée d'Ancien Régime où " les bourgeois sont, pour ainsi dire, les uns sur les autres " selon Vauban, les terrains situés au-delà de l'enceinte attisent toutes les convoitises. Si l'administration militaire impose officiellement l'établissement d'une zone non aedificandi – vaste anneau périphérique qui ne cesse de s'élargir au cours des XVIIe et XVIIIe siècles -, l'ensemble des archives dévoile une réalité de terrain bien différente. Au pied des remparts, agents du roi, administrateurs municipaux, gestionnaires militaires et habitants se livrent une guerre sans merci pour s'approprier des espaces que tous considèrent comme légitimes. La zone, souvent interlope, toujours bruyamment revendiquée par la population, bruisse d'infractions et de " petits arrangements " entre voisins de tout rang et de tout bord. Loin du portrait policé qu'offre la cartographie officielle, il n'y est question que de potagers clandestins établis dans les fortifications, de lavoirs, d'étendoirs, de mares à canards et même de futaies à haut vent plantées sur les glacis qui entravent les tirs depuis les bastions. Gendarmer les populations n'est pourtant pas le seul défi auquel doit répondre l'administration militaire. Sur " les dehors " des villes, les ingénieurs du roi se retrouvent confrontés à des travaux pharaoniques impliquant la gestion simultanée d'un grand nombre de corps bâtisseurs et ouvriers, le transport de centaines de milliers de mètres cube de terre, la construction d'imposants ouvrages militaires et l'établissement de terrains rapidement inondables en cas d'attaque. Au fil des décennies, la lente expertise qu'ils acquièrent en fait le principal outil d'un système de modélisation du territoire qui transforme durablement la configuration des villes. Cet ouvrage traite ainsi bien plus que de la construction des marges de la ville à l'époque moderne. Il illustre combien la périphérie urbaine, dont la naissance est encore souvent associée aux mutations de l'ère industrielle, a en réalité constitué l'un des principaux laboratoires de la fabrique urbaine d'Ancien Régime, reconstruisant par la même la généalogie brisée entre villes modernes et contemporaines.

03/2019

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Littérature française

Bab-el-Oued. Bab-el-Oued raconté à Toinet (1955). Alger – Bab-el-Oued (1956).

"Bab-el-Oued raconté à Toinet" (1955). "Alger - Bab-el-Oued" (1956). Avec des extraits de : "Cette haine qui ressemble à l'amour" (1961) - "Journal d'exil" (1963) - "Interdit aux chiens et aux Français" (1966). Si Camus a chanté Belcourt, Brune s'est penché sur le quartier de Cagayous, Bab-el-Oued, ce "melting pot" fascinant. Dans son roman "Cette haine qui ressemble à l'amour" (1961) et son "Journal d'exil" (1963), Brune a longuement déclaré son amour pour ce faubourg d'Alger. Dans "Interdit aux chiens et aux Français" (1966), il a décrit son calvaire qui était celui de toute l'Algérie française. Mais déjà en 1955, dans une série d'articles pour "La Dépêche quotidienne", c'est plein de tendresse et d'humour que Brune a "raconté Bab-el-Oued à Toinet" en y ajoutant une cinquantaine de caricatures pertinentes. Tous ces écrits se trouvent réunis dans cette nouvelle édition. "Bab-el-Oued ? Ce n'est pas une ville espagnole, ni italienne, ni française. C'est une ville nouvelle... une ville comme il n'en existe nulle part ailleurs. C'est une ville-synthèse. Elle est née du brassage de tout ce que la Méditerranée compte de pèlerins de l'aventure, dont les yeux sont accoutumés à chercher au-delà de l'horizon de la mer d'insaisissables eldorados. C'étaient des Napolitains orgueilleux, des Maltais subtils, des Corses fiers comme des condottières, des Andalous nonchalants, des Calabrais têtus, des Catalans tragiques... et des Français plus sceptiques que toutes les races du monde puisqu'ils sont capables de rire même des miracles qu'ils accomplissent. Ils ont importé un prodigieux acharnement au travail et toutes les traditions latines qui comptent parmi les plus somptueuses du monde. Mais ils ont surtout apporté la gaieté et la jeunesse des races régénérées par les échanges... une vivacité que les bourgeois glacés et pincés jugent vulgaire mais qui n'est qu'une manifestation de la spontanéité des gens sincères et simples... la bonhommie familière des peuples qui ont trop souffert pour ne pas avoir appris les vertus de l'indulgence... et qui savent dissimuler les soucis quotidiens derrière des plaisanteries et des rires qui sont la pudeur des gens pauvres. Voilà Bab-el-Oued". (Jean Brune)

05/2015

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Allemagne

Les chartes constitutionnelles des villes d'Allemagne du Sud (XIVe-XVe siècle)

Les sociétés des villes d'Allemagne du Sud n'ont pas peur de l'innovation à la fin du Moyen Age : sur un siècle (fin xiiie-fin xive siècle), beaucoup d'entre elles créent des régimes politiques intégrant des groupes sociaux jusqu'alors exclus de toute participation, sur un principe commun décliné en fonction des situations locales : le conseil urbain est désormais constitué presque partout de délégations de corps de métier (Zünfte). Les citadins ne se contentent pas de cette première innovation. Dans beaucoup de cas, ils procèdent avec grand soin à la mise par écrit de ces dispositions : ce sont ces chartes constitutionnelles qui sont au centre de ce livre. Le passage à l'écrit n'est jamais une évidence ; les difficultés rencontrées par leurs auteurs témoignent de l'importance de cette mise par écrit pour les sociétés qui l'ont produite. Qui sont leurs auteurs, comment ont-ils travaillé ? Eux qui n'étaient sans doute pas en contact avec la théorie savante de leur temps n'ont pas laissé de texte théorique pour éclairer leur démarche, mais ces chartes permettent de dégager les grandes lignes de leur pensée politique. Le soin pris à décrire le nouveau dispositif institutionnel le montre : il ne s'agit pas seulement d'un acte administratif, mais d'un véritable programme politique et social. Ces chartes sont le produit de périodes de troubles, avec ou plus souvent sans violence, pour mettre fin à l'exclusivité politique des élites traditionnelles, en assurant un équilibre politique de long terme. Pour éviter à la fois le retour à un pouvoir oligarchique et la déstabilisation par les masses populaires, leurs concepteurs ont une série de choix à effectuer. Qui désigne les représentants des métiers ? Quel poids ont les différents métiers ? Quel poids politique les élites traditionnelles conservent-elles ? Les promesses démocratiques annoncées ont-elles été tenues ? Il y a bien des manières pour les élites de contourner les garanties d'ouverture offertes par les chartes, mais les métiers, fortunés ou non, se montrent attachés au système et au texte des chartes qui leur donnaient une dignité nouvelle. Cet apprentissage de la démocratie, pour imparfait qu'il soit, témoigne de la créativité intellectuelle des bourgeois de ces villes.

04/2021

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Géopolitique

Histoires diplomatiques. Leçons d'hier pour le monde d'aujourd'hui

Depuis 1945, les Européens de l'ouest sont sortis de l'Histoire grâce aux Etats-Unis, mais doivent aujourd'hui se réhabituer à vivre une tragédie et non un drame bourgeois. Le ''moment occidental'' arrive à son terme, et l'on voit apparaître un monde de grandes puissances qui ont à définir un équilibre similaire à celui que connaissait l'Europe jusqu'en 1914. Or, les Etats appelés à coexister aujourd'hui n'ont ni langage ni tradition ni vision du monde en commun... Tout est donc à réinventer. Gérard Araud propose ici de nourrir le réarmement intellectuel de l'opinion publique française à partir d'exemples tirés de son histoire pour mettre en lumière toute la gamme des obstacles inhérents aux relations internationales. Il nous livre un véritable manuel de diplomatie avec à chaque fois, un rappel historique des faits, mais aussi l'explication des choix diplomatiques et leurs conséquences. Ce livre, audacieux dans sa forme, dresse des parallèles entre histoire et actualité : La guerre de succession d'Espagne et le conflit israélo-palestinien lui permettent d'interroger la meilleure manière de terminer une guerre. La paix d'Amiens de 1803 et le Brexit illustrent l'art de conclure des traités. Le Congrès de Vienne éclaire la distinction entre politique étrangère et diplomatie. La dépêche d'Ems de 1870 interroge la pression des opinions publiques indignées à l'heure des réseaux sociaux. L'Entente cordiale évoque l'idée d'équilibre des puissances incarnée aujourd'hui par les Etats-Unis. La Première Guerre mondiale montre comment les alliances comme l'OTAN peuvent dévier de leurs causes initiales. Le Traité de Versailles permet de comprendre que la " question allemande " est aussi une " question française " . Le désastre de mai 1940 se pose comme matrice de la relation de la France aux Etats-Unis. L'expédition de Suez de 1956, leçon sur la militarisation d'une politique étrangère, informe l'engagement de la France au Mali. Enfin, le refus français l'invasion de l'Irak en 2003 démontre que la stature d'un pays ne se résume pas à son PIB ou sa force de frappe. Cet essai brillant, manifeste du réalisme en politique étrangère, se dévore comme un livre d'histoire.

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Epistémologie

La vie entre éthique et science

Cet ouvrage collectif est le fruit d'un dialogue entre des philosophes et des scientifiques autour de la question de la vie. En la prenant pour fil conducteur, les auteurs envisagent les problèmes que pose l'articulation entre l'éthique et la science. Leur réflexion commune s'appuie sur les sources philosophiques, les textes talmudiques commentés par Levinas, les neurosciences, les sciences cognitives et les sciences humaines et sociales. L'évaluation et la description des objets que sont la nature, le vivant et l'humain se prêtent à des développements de plus en plus précis et de plus en plus informés. Pourtant, à mesure que leur visée se déploie, la vie ne s'y exprime que de manière partielle. Le phénomène de la vie tel que nous l'expérimentons en première personne, depuis l'intérieur, dans son épaisseur subjective, intersubjective ou simplement personnelle, ne semble pas se réduire aux données quantifiables et exprimables de la naturalisation, produites par la science. Ainsi, dans un même phénomène, celui de la vie, se croisent des regards radicalement différents ? : d'un côté, la visée d'éclairage et de systématisation, l'enjeu d'une meilleure explication, et d'un autre côté, l'aspiration à protéger et rendre justice au cas particulier et exceptionnel. Si le pouvoir de la science est considérable, l'éthique met constamment en question la légitimité? de ses applications. Que signifie développer un pouvoir scientifique s'il doit être soumis a ? la validation éthique ? Entre une posture dogmatique et une résignation a ? une fonction purement consultative, l'éthique peut-elle se frayer une troisième voie ? Le rapport privilégié? au pouvoir du théorique est-il réservé? a ? la science ? N'est-il pas aussi l'apanage de l'éthique qui oscille constamment entre la tentation d'élaborer une théorie du bien, en légiférant et en privilégiant les principes, et une valorisation du fait unique et concret qui leur fait exception ? Ouvrage collectif sous la direction de Flora Bastiani et Joëlle Hansel. Avec les contributions de ? : Flora Bastiani, Arnaud Bouaniche, Sacha Bourgeois-Gironde François Brémondy, Aline Desmedt, Corinne Enaudeau, Val Grangirard, Georges Hansel, Joëlle Hansel, Michel Olivier, Charlotte Piarulli, Albert Piette, Panu-Matti Pöykkö, Jean-François Rey, Jean-Michel Salanskis, Yves Sobel, Jan Sokol, Yannick Souladié

12/2021

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Sports

Les origines du sport ouvrier en Europe

Le mouvement ouvrier se constitue en Europe, en même temps que se développe l'industrie. C'est donc logiquement en Angleterre que naissent les premières associations ouvrières. Le reste de l'Europe suivra au rythme de son industrialisation. La naissance d'associations sportives strictement ouvrières est pourtant plus tardive, ce qui ne veut pas dire que les ouvriers ne se livraient pas à des activités physiques dans un cadre organisé. Engagés très tôt dans les sociétés de jeux traditionnels puis de gymnastique, de tir et de préparation militaire, ils seront les témoins d'abord, les acteurs ensuite, des premiers clubs sportifs dits bourgeois. La conscience nationale précédera le plus souvent l'avènement d'une conscience de classe et il faudra attendre la liberté d'expression syndicale puis la constitution des partis politiques pour que les organisations ouvrières s'autonomisent. Quant au sport, il reste longtemps une préoccupation marginale pour les dirigeants du mouvement ouvrier, alors que les dirigeants du commerce et de l'industrie ont déjà créé des organisations sportives patronales et corporatives. La création des premières Internationales sportives ouvrières au début du XXe siècle témoigne alors d'une étroite interdépendance entre organisations politiques et ouvrières. Mais les femmes ouvrières resteront longtemps en marge de cette dynamique sociale. Cet ouvrage, le premier du genre publié en France, bénéficie des contributions des plus éminents spécialistes européens de l'histoire du mouvement ouvrier et de l'histoire du sport. Il propose des éléments de réflexion sur les conditions d'apparition, de transformation et de diffusion des pratiques sportives de la classe ouvrière, tout en s'attachant à décrire aussi précisément que possible l'avènement d'un sport travailliste national et international, né de la volonté des dirigeants des organisations ouvrières d'utiliser le sport à des fins réformistes ou révolutionnaires. Les conflits et les scissions qui en marqueront l'évolution sont révélateurs des enjeux idéologiques que traverse l'Europe. Ainsi le sport s'affirme comme l'élément majeur d'une culture ouvrière en perpétuelle recomposition. Sportifs de tous les pays... unissez-vous ! Mais le sport, en l'occurrence, divise bien plus qu'il n'unit...

01/1994

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Période mai 68

Le zéphyr au Gai Menton. A propos du souffle libertaire et festif de Mai 68

Préfacé et conclu par Raoul Vaneigem, un des prophètes de Mai 68, cet essai est la suite logique du travail heuristique commencé avec "les 72 Immortelles" sur la Commune de Paris dont on a célébré le cent-cinquantenaire en 2021, et poursuivi avec "La grande déchirure", publié par les éditions du Croquant à l'occasion du centenaire du Congrès de Tours. Ce dossier est non seulement basé sur un rappel des faits avec une éphéméride des événements mais il est une analyse historique, sociologique et politique de toutes les traces de la "Commune étudiante". Se référant à un poéme de Rimbaud, le "Zéphyr au gai menton" est un souffle libertaire et festif qui a balayé pendant presque deux mois la société française et a réussi à en ébranler les fondamentaux bourgeois... Cet ébranlement que l'auteur a vécu, et qu'il rapporte dans un témoignage personnel sur la révolte des milieux du cinéma et à la radio-télévision publique, est l'objet de cette étude dont les conséquences se sont fait sentir pendant des décennies et qui continuent à paralyser notre réflexion idéologique... En effet, Mai 68 marque sans aucun doute, la résurgence d'une force spirituelle enfouie et retenue dans la nappe phréatique du potentiel d'autonomie, de révolte et de renaissance populaire bafoué et refoulé depuis que la guillotine a mis fin à la Révolution française le 9 thermidor an II : le désir d'une République sociale, juste, fraternelle et libertaire. Le droit de vivre ne se mendie pas, il se prend. Ce désir, qui a affleuré pendant tout le XIXe siècle, a été imaginé et proclamé par tous les utopistes dont l'influence a été brutalement éradiquée par l'irruption du marxisme. Et le matérialisme historique a induit le bolchevisme, qui a été la force de frappe politique du mouvement ouvrier, condamnant le réformisme de la social-démocratie mais rejetant impitoyablement aussi l'anarchie. Aujourd'hui où l'imbroglio idéologique à gauche obstrue toute tentative réelle de réaliser l'émancipation humaine, nous avons un besoin vital du "zéphyr au gai menton" afin qu'il vienne nous gratifier de ces nuages d'utopies pour mettre fin à la sécheresse épouvantable du désert politique.

12/2023

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Théologie

Le cantique de l'amour

Texte parfois présenté comme le plus profane des livres bibliques, texte matriciel d'un très grand nombre de traités spirituels et mystiques, le Cantique des Cantiques engage une double réflexion sur le conflit des interprétations d'une part, sur la dichotomie entre amour profane et amour sacré d'autre part. Le projet de ce numéro est de renverser la perspective et de lire ce texte comme celui qui nous oblige précisément non seulement à articuler la lettre et l'esprit mais aussi à penser l'unité de l'amour.

03/2022

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Droit

Droit et attractivité économique : le cas de l'OHADA

Cet ouvrage, qui rassemble les actes du colloque international qui s'est tenu le 20 juin 2013 à l'amphithéâtre Liard à la Sorbonne (Paris), est le fruit de la collaboration entre l'Institut de Recherche Juridique de la Sorbonne (IRJS) et l'Association pour l'Efficacité du Droit et de la Justice dans l'espace de l'OHADA (AEDJ). Cette association, créée à l'initiative des doctorants de l'Institut, ressortissants de différents pays africains, a choisi de s'attaquer aux problématiques contemporaines de l'effectivité du droit en Afrique subsaharienne. Ils sont partis de l'idée répandue que l'objectif principal des états africains est d'adopter des textes, sans toujours se donner les moyens de leur application, pour poser la lancinante question de l'attractivité économique du système juridique de l'Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA). Conçu pour faire des états membres "un pôle de développement" , le système juridique de l'OHADA a été analysé sans complaisance et sous l'angle de l'attractivité économique par les contributeurs à cet ouvrage. L'objectif de ce colloque international visait à établir un bilan des vingt ans de l'effectivité du droit de l'OHADA ainsi qu'à ouvrir une réflexion prospective sur son évolution. La première partie de cet ouvrage met l'accent sur l'état du système juridique de l'OHADA au regard de la perception de la sécurité juridique et de la perception de la sécurité juridictionnelle. Il ne suffit pas de réformer les textes pour qu'ils soient efficaces. La réalité, notamment sur le plan juridictionnel, révèle que les justiciables des états parties ont encore l'impression que certains praticiens sont toujours prisonniers des réflexes du passé. Dans sa seconde partie, l'ouvrage met en évidence l'actualité et les perspectives de l'attractivité économique de l'espace de l'OHADA, un accent particulier étant mis sur les pistes de réflexion pour une meilleure application du droit de l'OHADA. Ont contribué à cet ouvrage : Protais Ayangma Amang, Martine Béhar-Touchais, Loïc Cadiet, Frédérique Chifflot-Bourgeois, Philippe Delebecque, Véronique Goncalves, Yvette Rachel Kalieu Elongo, François Komoin, Benoit Le Bars, Roger Masamba, Joachim Oliveira et Marcel Serekoisse-Samba, Filiga Michel Sawadogo, Dorothé Cossi Sossa, Marc Trouyet.

12/2013

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Littérature étrangère

Un petit roman Lumpen

Dans ce court roman, Roberto Bolaño abandonne les territoires qui ont marqué son parcours et son imaginaire personnel pour se déplacer vers la ville de Rome. C'est le décor où plusieurs personnages excessifs déambulent, tendus entre l'inquiétude et la folie. Après la mort soudaine de ses parents dans un accident de voiture, Bianca, la jeune protagoniste, commence en effet une véritable descente aux enfers, côtoyant la délinquance et le mal. Elle se rappelle sa vie avec son frère, tous deux adolescents au moment de la mort brutale de leurs parents. Livrés à eux-mêmes, ils abandonnent rapidement leurs études et vont essayer de survivre : Bianca, la narratrice, travaille dans un salon de coiffure, son jeune frère se fait engager dans un gymnase où il fait la connaissance de deux individus étranges, le Bolognais et le Libyen. Ces derniers finissent par proposer à la jeune fille de se prostituer à un ancien acteur de péplums, Maciste, afin de pouvoir le voler. De la même manière que le titre du roman est un écho ironique aux trois petits romans bourgeois de l'écrivain chilien José Donoso, Rome et son passé, ici rappelé par le personnage de Maciste, héros de péplum, ancienne figure du nationalisme et du fascisme italien, n'apparaissent que sous leurs aspects les plus défaits. Il n'y a plus rien d'épique, Maciste est aveugle, sa gloire n'est même plus un souvenir et il n'apparaît que parce que les deux personnages indifférenciés - le Libyen et le Bolognais - veulent le voler (est-il vraiment riche, le lecteur en doute). Bolaño recycle donc cette fin de l'épopée, du grand récit (de carton pâte), se rappelle sans doute de la prostituée fellinienne qui erre dans les Nuits de Cabiria, affirmant une nouvelle fois que l'expérience de la difficile frontière entre le bien et le mal est faite par les personnages à la marge, pasoliniens pour rester en Italie, pris entre la terreur à la solitude extrême et l'impérieuse nécessité de l'affection, comme le dit Patricia Espinosa. Le titre modeste et ironique de Petit roman lumpen ne doit pas tromper le lecteur : nous sommes bien face à une œuvre, la dernière publiée du vivant de l'auteur, où, une fois de plus, sont rassemblés des personnages touchants, luttant pour leur survie, cherchant l'amour, en équilibre au bord d'un abîme.

03/2012

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Actualité et médias

Lionel

On a toujours eu tort de prendre Lionel Jospin pour un homme simple, transparent, terne et austère. Il faut, comme Claude Askolovitch, se plonger dans l'étrange histoire de sa vie pour comprendre pourquoi ce fin politique a eu, depuis toujours, le besoin absolu de se forger une armure. Dans quel but ? Sans doute pour échapper à son clan familial. Pour devenir énarque. Pour être digne de sa morale, de ses convictions, de ses fonctions, de la gauche, cette autre famille qu'il dirige et qu'il va finir par incarner... Dans cette biographie, Claude Askolovitch a voulu, aussi, raconter le destin d'un homme qui a menti sur son passé tout en étant obsédé par sa propre cohérence : d'où ce Jospin militant révolutionnaire infiltré au Parti socialiste de François Mitterrand, qui devint le premier dirigeant de ce parti sans avoir rompu les liens avec sa secte d'origine ; qui fut trotskiste et socialiste à la fois, écartelé entre sa vérité officielle et ses rendez-vous clandestins, prisonnier de toutes ses fidélités... En chemin, l'auteur éclaire les zones d'ombre d'un être secret et riche de tous ceux qui l'ont aimé et subi à la fois : son père Robert, immense tribun à l'éloquence inutile, ce pacifiste qui voulut changer le monde et ne parvint qu'à se tromper. Sa mère, Mireille, sage-femme et militante, qui imposa aux siens sa morale et son amour. Ses femmes : Elisabeth la fantasque, la première épouse, celle du Lionel radical, militant, plein d'espoirs encore et de tourments déjà ; Sylviane, la compagne de l'accomplissement, la philosophe qui complète un gouvernant enfin apaisé. Ses amis, notamment le plus inconnu d'entre eux, l'ami perdu : Michel Lautrec, son plus proche compagnon, un frère rencontré à 20 ans, un éducateur d'enfants qui lui enseigna la révolte, l'intransigeance, la révolution, et ne pardonna pas à Lionel de devenir un bourgeois, un " installé ". Voici le roman vrai d'un homme irréductible, qui prétend imposer ses conditions au monde. D'un politique à la fois construit et habité par des fantômes. D'une personnalité infiniment plus complexe, profonde, intéressante, lorsque l'on fait effort pour le connaître de l'intérieur, que ne permet de le supposer le masque qu'il s'est lui-même imposé.

08/2001

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Littérature étrangère

Vie de Milena. De Prague à Vienne

Biographie d'une intellectuelle et vision de l'histoire tchécoslovaque... Si, incontestablement, c'est la correspondance de Milena Jesenská (1896-1944) avec Franz Kafka qui l'a fait entrer dans la légende - les Lettres à Milena sont un témoignage saisissant de leur amour - Milena est à elle seule toute une histoire et un personnage attachant qui n'aura eu de cesse de fasciner ses contemporains. Elle est la première traductrice de Kafka en tchèque. Brillante, rebelle, généreuse, elle est une journaliste remarquable, temoin incontournable de l'Histoire de son pays entre la chute de l'Empire austro-hongrois (1918) et l'occupation nazie de la Tchécoslovaquie (1939). Une femme à contre-courant. Issue d'un milieu bourgeois, Milena fréquente les cafés littéraires et l'élite artistique pragoise de l'époque - notamment Karel Capek et Max Brod. à Vienne, où elle s'installe avec son premier mari, elle écrit ses premiers articles comme correspondante de presse où déjà elle se démarque par l'emploi d'un ton nouveau, d'un style particulier qui fait vivre le quotidien des rues. De retour à Prague, Milena dont l'engagement s'appuyait sur un sens concret de la solidarité, plus que sur des certitudes idéologiques, écrit dans la presse communiste, puis se rétracte et devient une ardente adversaire des dogmatiques à la solde de Moscou. Arrêtée en novembre 1939, elle est déportée à Ravensbrück où elle meurt juste avant la libération. Hommage posthume, on lui décerne en 1995 le titre de " Juste parmi les Nations " par l'Institut Yad Vashem de Jérusalem. De la fille à la mère : Deux figures libres et rebelles en résonance. En écrivant sur sa mère, avec qui elle a grandi jusqu'à ses onze ans, Jana Cerná en livre un portrait intime et inédit. Chacune a marqué son entourage et son époque, avec une similitude troublante. Milena Jesenská s'est imposée en tant qu'observatrice influente et respectée de la politique avant et pendant le Protectorat de Bohême-Moravie. Au moment de l'éclatement de la Seconde Guerre mondiale, elle soutient plusieurs familles juives dans leur fuite du pays avant d'être incarcérée par les nazis. Sa fille, Jana Cerná, n'a quant à elle pas hésité à critiquer le régime communiste et à dévoiler la machinerie du pouvoir dans la Tchécoslovaquie des années 1950 et 1960.

10/2014