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Poètes en partance. De Charles Baudelaire à Henri Michaux

Extraits

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Littérature française

Vies antérieures

Ce livre s'inscrit dans une tradition, prolonge un genre qui nous a déjà donné des vies parallèles, imaginaires, brèves et même minuscules. Il s'ouvre sur une citation de John Keats que Baudelaire paraphrase en ces termes dans l'un de ses poèmes en prose : "Le poète jouit de cet incomparable privilège, qu'il peut à sa guise être lui-même et autrui. Comme ces âmes errantes qui cherchent un corps, il entre, quand il veut, dans le personnage de chacun". Traduire, interpréter, rêver sa propre vie en se prenant pour un autre, c'est dire un souci poétique, exprimé ici par l'évocation de personnages apparemment aussi divers que le scribe égyptien, Simonide, Esope, un peintre chinois du siècle dernier ou Henri Michaux vu en rêve... Mais ces personnages sont autant de fantômes ou de prête-noms, dont l'apparition est souvent due à un détail. D'un récit à l'autre, et d'échos en associations, c'est la voix du narrateur qui fait le lien ; un narrateur dont la mémoire va bien au-delà des souvenirs personnels, et qui semble croire à cette vérité populaire : "Dis-moi qui tu hantes... je te dirai qui tu es".

03/1991

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Notions

Pesanteur et portance. Une éthique de la gravité

La thématique du corps-vécu dans l'épreuve de la gravité est au coeur de cette publication polyphonique. Il s'agit ici d'explorer la façon dont l'expérimentation de la pesanteur et du fait d'être porté, notamment en danse-contact improvisation et dans des pratiques motrices non curatives, voire certaines pratiques artistiques ancrées dans la matière (écriture, chant, pratiques performatives, etc.), peut densifier la conscience corporelle. C'est ainsi d'une anthropologie de la "portance" (Emmanuel de Saint Aubert, 2015) à partir de la clinique du care (Winnicott, 1970), et plus largement de la place accordée au corps soignant dans le soin au corps, dont il sera question ici. Nous soulignerons la nécessaire interdépendance anthropologique des corps, vulnérabilité psychophysique qui, loin de nous dégrader, nous élève : ce sera là un point de convergence entre l'éthique née du poids du corps et les care ethics (Gilligan, Tronto seq.).

12/2022

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Poésie

Moi, j'aime la Belgique ! (poème parlé marché)

"Nous entrons dans un monde de nationalités d'emprunt. Nous serons des immigrants légers. Plus d'évasion d'impôts à la Charles Baudelaire : nous apportons notre moitié rêveuse à la Belgique, elle apporte la sienne à la France. Exemple, je m'assieds sur une banquette d'un café d'Anvers où je laisse s'écouler un Escaut de temps. Devenu rivière de moi-même, je me réfléchis, nous nous réfléchissons à plusieurs dans nos confluences. Des ombres s'asseoient à côté de moi, ni plus anciennes ni moins réelles, je leur parle elles me parlent elles ne passent plus. Rubens s'entretient avec Spilliaert et Ensor. Le chanteur Jacques Brel souffle dans les cheveux du petit Emile Verhaeren. D'imperturbables iguanodons se désaltèrent, croqués par un dessinateur de bandes dessinées. La grande Garabagne d'Henri Michaux ? Non, nous sommes dans un pays réel rêvé ! Vous préférez la Suisse ? Pourquoi pas, mon livre est une méthode universelle - le PPM, Poème Parlé Marché". Jacques Darras.

03/2001

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Instruments de musique

L'invitation au voyage. Mélodie pour choeur et piano sur le poème de Charles Beaudelaire

C'est en 2006 que j'ai écrit cette mélodie pour choeur et piano sur le poème de Charles Baudelaire. Elle fait un peu figure d'exception, car toutes mes autres oeuvres vocales sont sur des textes sacrés. Elle fut créée par le choeur Figure humaine, fondé et dirigé par mon grand ami Denis Rouger qui fut pendant de nombreuses années chef de choeur de la Maîtrise de Notre-Dame de Paris, avant d'aller enseigner la direction de choeur à la Hochschule de Stuttgart. Nous avons donc longuement collaboré à la cathédrale Notre­-Dame, et ces années passées à travailler avec ce grand musicien sont chères à mon coeur. Denis Rouger a lui­-même écrit de nombreuses et très belles transcriptions pour choeur de mélodies françaises, et c'est ce magnifique travail qui m'a porté à composer cette pièce.

11/2021

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Histoire des idées politiques

Les bras chargés de fusils, la tête de poèmes

Ce recueil des écrits de Saïda Menebhi regroupe ses poèmes, ses lettres de prisons ainsi que ses analyses de la condition des femmes marocaines en partant de celle des prostituées. Morte à l'âge de 25 ans en prison, faute de soins suite à une grève de la faim, après une condamnation pour atteinte à la sureté de l'Etat, elle laisse à ses camarades et à ses proches ses quelques mots, témoignages implacables de sa détermination communiste et féministe. (...) Nous avons tenu bon Et affronté les douleurs Car nous savons Qu'être en prison N'est pas un problème Il s'agit d'aller de l'avant.

04/2023

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Littérature française

Portes à portes

Mais que se passe-t-il dans cette belle demeure du XVIIIe siècle, route des Gardes à Meudon ? Est-elle vraiment hantée comme le proclame Marie, la vieille folle du quartier ? Dominique, fringant promoteur immobilier, va pouvoir le vérifier en y installant sa petite famille. Car si les murs ont des oreilles, les portes, elles, ont des choses à raconter ! De celles qui changent l'Histoire et que la noble - et bavarde - balise va nous dévoiler peu à peu, remontant le cours de sa mémoire séculaire. Le jeune couple, déchiré entre le stress professionnel de Anne et les espérances inassouvies de Dominique ne s'attend pas à être confronté à une vérité d'une banalité... fatale.

12/2023

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Poésie

Arbracadabrants

"Le procédé stylistique des Arbracadabranu est proche de celui qu'utilise Paul Colinet, [...] dans ses poèmes dadaïstes de l'Humour vert.[...] On pourra aussi penser aux fables ou peuplades imaginaires créées par Henri Michaux, notamment dans son Voyage en Grande Garabagne. Mais là où Colinet fait preuve de dynamitage brutal et là où Michaux laisse sourdre une atmosphère d'humour grinçant et d'angoisse qui lui est familière, Béatrice Libers pratique souvent un humour léger, primesautier, par touches évocatrices." Eric Brogniet, extrait de la préface.

02/2021

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Critique littéraire

LE MYTHE DE LA PASSANTE. De Baudelaire à Mandiargues

" Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais ! "... En adressant à une passante inconnue le sonnet que lui avait inspiré leur brève rencontre, Baudelaire lançait une bouteille à la mer. Est-elle jamais parvenue à sa destinataire ? Cette histoire d'amour manqué a pourtant créé un frisson nouveau. Dès la publication du poème, l'étrange désir de vivre une seconde fois la scène bouleversante a poussé toute une lignée de lecteurs à la réécrire. Sur le mode de la variation ou du supplément, poèmes, contes, romans ou chansons ont multiplié, depuis lors, les rendez-vous avec la fugitive sans nom. D'un poème de circonstance est né ainsi un des mythes les plus secrets de la modernité, reconnaissable à son cortège de figures toujours fascinantes, éphémères et interdites, ainsi qu'à un répertoire de scénarios où la perte et l'écriture ne cessent de nouer, dénouer et renouer leurs relations. Si les femmes, depuis Baudelaire, ne passent décidément plus de la même façon dans la rue, c'est que certains extravagants guettent, un sonnet à la main, le retour de la passante.

11/1999

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Poésie

Poteaux d'angle

S'est-il jamais senti de ce monde ? A-t-il jamais perçu une appartenance, une parenté, une filiation ? Henri Michaux semble être né par mégarde et l'existence lui fut souvent à charge. Entre lui et les choses, entre lui et les êtres : un abîme. Un abîme qui déborde d'un bric-à-brac de peurs, de sursauts, de cris, de hantises, de rires cruels, de scalps, d'insomnies. Henri Michaux est singulier parce qu'il est radicalement seul, abandonné, retranché, exclu. Abandonné volontaire, retranché volontaire, exclu volontaire. S'il ne fuit pas systématiquement les autres, s'il se trouve des compagnies, il a en lui ce surcroît de lucidité ou d'alarme qui maintient la distance, ce tranchant de l'intelligence qui coupe jusqu'à l'air du temps. Aussi, quand il aborde un genre littéraire a priori peu fait pour lui, celui très noble des "Pensées", il s'emploie à le détourner, le dévoyer, le mettre en péril et en perdition. Les Poteaux d'angle d'Henri Michaux apparaissent comme les plus égarants et les plus réjouissants poteaux indicateurs jamais offerts au balisage de la raison, de la conscience et de nos comportements grégaires. Ce sont des aphorismes pour vivre à l'écart, des préceptes pour ne pas se laisser faire, des réflexions à contre-norme, des conseils qui n'ont pas de conseils à vous donner.

02/2004

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Littérature française

Un barbare en Asie

"Quand je vis l'Inde, et quand je vis la Chine, pour la première fois, des peuples, sur cette terre, me parurent mériter d'être réels. Joyeux, je fonçais dans ce réel, persuadé que j'en rapportais beaucoup. Y croyais-je complètement ? Voyage réel entre deux imaginaires. Peut-être au fond de moi les observais-je comme des voyages imaginaires qui se seraient réalisés sans moi, oeuvre d' "autres". Pays qu'un autre aurait inventés. J'en avais la surprise, l'émotion, l'agacement. C'est qu'il manque beaucoup à ce voyage pour être réel. Je le sus plus tard. Faisais-je exprès de laisser de côté ce qui précisément allait faire en plusieurs de ces pays de la réalité nouvelle : la politique ? [...] Ce livre qui ne me convient plus, qui me gêne et me heurte, me fait honte, ne me permet de corriger que des bagatelles le plus souvent. Il a sa résistance. Comme s'il était un personnage. Il a un ton. A cause de ce ton, tout ce que je voudrais en contrepoids y introduire de plus grave, de plus réfléchi, de plus approfondi, de plus expérimenté, de plus instruit, me revient, m'est renvoyé... Comme ne lui convenant pas. Ici, barbare on fut, barbare on doit rester."Henri Michaux.

12/1985

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Littérature française

Ailleurs

"L'auteur a vécu très souvent ailleurs : deux ans en Garabagne, à peu près autant au pays de la Magie, un peu moins à Poddema. Ou beaucoup plus. Les dates précises manquent. Ces pays ne lui ont pas toujours plu excessivement. Par endroits, il a failli s'y apprivoiser. Pas vraiment. Les pays, on se saurait assez s'en méfier. Il est revenu chez lui après chaque voyage. Il n'a pas une résistance indéfinie. Certains lecteurs ont trouvé ces pays un peu étranges. Cela ne durera pas. Cette impression passe déjà. Il traduit aussi le Monde, celui qui voulait s'en échapper. Qui pourrait échapper ? Le vase est clos. Ces pays, on le constatera, sont en somme parfaitement naturels. On les retrouvera partout bientôt... Naturels comme les plantes, les insectes, naturels comme la faim, l'habitude, l'âge, l'usage, les usages, la présence de l'inconnu tout près du connu. Derrière ce qui est, ce qui a failli être, ce qui tendait à être, menaçait d'être, et qui entre des millions de "possibles" commençait à être, mais n'a pu parfaire son installation. . ". Henri Michaux.

07/1993

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Poésie

Le jardin exalté

"Rythme sourd, fort, mais également intérieur, tel le martèlement d'un coeur, qui aurait été musical, un coeur venu aux arbres, qu'ils nous avaient caché, issu d'un grand coeur végétal, retrouvé, en ? n perçu, audible aux possédés de l'émotion souveraine... "

01/1983

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Poésie

Choix de poèmes

CONTRE ! Je vous construirai une ville avec des loques, moi ! Je vous construirai sans plan et sans ciment. Un édifice que vous ne détruirez pas, Et qu'une espèce d'évidence écumante. Soutiendra et gonflera, qui viendra vous braire au nez, Et au nez gelé de tous vos Parthénons, vos arts arabes, et de vos Mings. Avec de la fumée, avec de la dilution de brouillard. Et du son de peau de tambour, Je vous assoirai des forteresses écrasantes et superbes, Des forteresses faites exclusivement de remous et de secousses, Contre lesquelles votre ordre multimillénaire et votre géométrie. Tomberont en fadaises et galimatias et poussière de sable sans raison. [...] Henri Michaux.

09/1976

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Poésie

Face aux verrous

«Qui, ayant suivi mes signes sera induit par mon exemple, à en faire lui-même selon son être et ses besoins, ira, ou je me trompe fort, à une fête, à un débrayage non encore connu, à une désincrustation, à une vie nouvelle ouverte, à une écriture inespérée, soulageante, où il pourra enfin s'exprimer loin des mots, des mots, des mots des autres». Henri Michaux.

03/1992

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Poésie

Épreuves, exorcismes. 1940-1944

"Il serait bien extraordinaire que des milliers d'événements qui surviennent chaque année résultât une harmonie parfaite. Il y en a toujours qui ne passent pas, et qu'on garde en soi, blessants. Une des choses à faire : l'exorcisme. Toute situation est dépendance et centaines de dépendances. Il serait inouï qu'il en résultât une satisfaction sans ombre ou qu'un homme pût, si actif fût-il, les combattre toutes efficacement, dans la réalité. Une des choses à faire : l'exorcisme. L'exorcisme, réaction en force, en attaque de bélier, est le véritable poème du prisonnier. Dans le lieu même de la souffrance et de l'idée fixe, on introduit une exaltation telle, une si magnifique violence, unies au martèlement des mots, que le mal progressivement dissous est remplacé par une boule aérienne et démoniaque - état merveilleux ! [... ]Pour qui l'a compris, les poèmes du début de ce livre ne sont point précisément faits en haine de ceci, ou de cela, mais pour se délivrer d'emprises. La plupart des textes qui suivent sont en quelque sorte des exorcismes par ruse. Leur raison d'être : tenir en échec les puissances environnantes du monde hostile". Henri Michaux.

01/1989

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Littérature française

Bras cassé

L'individu a au moins deux manières très distinctes de vivre son corps : à ces deux modes de vie s'accordent les noms de droit et de gauche. Dans le corps droit est perçue la représentation sociale, déterminante du corps visible, a contrario, le corps gauche est une manière intérieure, porté par les sensations et l'imagination. Un bras cassé, le droit, provoque une rupture dans la perception du corps, point de départ de ce texte, voyage intérieur, côté gauche.

01/2021

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Littérature française

Face à ce qui se dérobe

Ce volume contient Bras cassé, Relations avec les apparitions, Dans l'eau changeante des résonances, Survenue de la contemplation, Arrivée à Alicante et Moriturus.

01/1976

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Poésie

Plume. (précédé de) Lointain intérieur

C'est peut-être le recueil où apparaît avec le plus d'ampleur le thème essentiel de l'oeuvre d'Henri Michaux : le refus de la réalité quotidienne - "sa défaite : le quotidien" - et la revendication d'"autre chose". Cet autre chose souvent proposé, on le sait, sous la forme de situations imaginaires qui témoignent chez le poète du constant besoin d'inventer. Tantôt avec les couleurs apparemment légères de l'humour, tantôt avec celles d'une angoisse existentielle que l'humour ne parvient plus à cacher. Toujours, il est vrai, d'un "lointain intérieur", c'est-à-dire de ces confins du subconscient que Michaux ne se lasse pas d'explorer. A une autre distance, dirait-on, et sous une forme plus familière qui nous montre que ce poète peut être un merveilleux conteur, son imagination a projeté un personnage, "Plume". A travers les aventures à la fois plaisantes et amères dont il est le héros, Plume est bien ce que les Histoires de la littérature appellent un "type" : un homme dans l'embarras, singulièrement, toujours malmené et mal reçu, parce qu'inadapté aux exigences sociales. C'est le "coupable-né", celui qui, en toutes circonstances, "n'a pas suivi l'affaire" et se refuse à la suivre. Mythe très représentatif d'une époque où le social est particulièrement contraignant - ce qui lui donne sa dimension.

03/2007

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Littérature française

Affrontements

Ce recueil rassemble pour la première fois des textes qui ont été publiés par diverses revues, ou qui avaient paru séparément aux Editions Fata Morgana. Un poème, Sa voix, est inédit. En rêvant à partir de peintures énigmatiques est une rêverie à partir de tableaux de Magritte. Idéogrammes en Chine est une escale dans l'écriture et la calligraphie chinoises. Affrontements réunit des dialogues que Michaux ne considère pas comme du théâtre ("Prière aux comédiens de s'abstenir"), mais comme des moments de confrontation intérieure. Une voix pour l'insubordination est écrit dans l'esprit de Connaissance par les gouffres. Comme un ensablement... est l'analyse des sensations de l'écrivain qui, à la suite d'un accident, a le pied dans le plâtre. Le problème de l'herbier arrive à rendre inquiétant un de ces innocents albums de plantes séchées. Après est le compte rendu d'une crise organique, texte mystérieux et bouleversant, comme une annonciation de la mort. Sa voix, En Occident le jardin d'une femme indienne et Fille de la montagne sont trois poèmes inspirés.

12/1986

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Poésie

La Vie dans les plis

La séance de sac. Je crache sur ma vie. Je m'en désolidarise. Qui ne fait mieux que sa vie ? Cela commença quand j'étais enfant. Il y avait un grand adulte encombrant. Comment me venger de lui ? Je le mis dans un sac. Là je pouvais le battre à mon aise. Il criait, mais je ne l'écoutais pas. Il n'était pas intéressant. Cette habitude de mon enfance, je l'ai sagement gardée. Les possibilités d'intervention qu'on acquiert en devenant adulte, outre qu'elles ne vont pas loin, je m'en méfiais. À qui est au lit, on n'offre pas une chaise. Cette habitude, dis-je, je l'ai justement gardée, et jusqu'aujourd'hui gardée secrète. C'était plus sûr. Son inconvénient - car il y en a un - c'est que grâce à elle, je supporte trop facilement des gens impossibles. Je sais que je les attends au sac. Voilà qui donne une merveilleuse patience.[...]

03/2007

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Critique littéraire

SITOT LUS. Lettres à Franz Hellens 1922-1952

Ce livre de lettres, Sitôt lus, cet incunable exhumé, secret et intime de l'avant-garde éclaircit la genèse et la ramification de l'œuvre de Michaux, Les Rêves et la jambe. La polémique violente de l'art moderne contre Freud, une dissémination textuelle et circulaire qui se cherche en puissance, marque l'époque de l'herméneutique en philosophie et la phénoménologie dans l'art (tachisme). L'angoisse de Michaux pour la pureté de la langue française s'épuise entre un Malherbe, Port-Royal, Rivarol, Paulhan, Valéry, Ponge, à la recherche de l'objet véritable de l'Institution littéraire, l'Académie française. Les 52 lettres de cette correspondance inédite couvrent la période de 1922 à 1952. Henri Michaux (1899-1984) découvre Mélusine (1920) de Franz Hellens (1881-1972), l'auteur de Les Hors le Vent (1909). Michaux s'engage, encouragé et soutenu par Hellens, dans sa revue le Disque Vert, qui lui ouvrira les portes de la critique et d'une autorité littéraire dans les milieux parisiens. Une photographie inconnue d'Ecuador, une riche documentation et la mise en page annotée, témoignent d'une fidélité philologique aux ambiguïtés sémantiques de la main d'un auteur voilé, qui " reparaisse et réapparaisse ". L. C.

11/1999

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Littérature française

Les commencements. Dessins d'enfants ; Essais d'enfants

"Créer un poncif, c'est le génie" écrivait Baudelaire dans Fusées. C'est, semble-t-il, ce à quoi s'attache Michaux, à sa manière, dans ce texte encore une fois inclassable, publié initialement en 1983. Ce poncif en question, celui de l'enfant-artiste (enfance de l'art diront certains), obsède les artistes du vingtième siècle - on songe à Picasso - fascinés qu'ils étaient par la question de l'origine et du geste primitif. Apologie de l'enfance, de la liberté de création, de l'authenticité en art, Les commencements sont une double invitation : d'abord à un retour en arrière, en ce temps peut-être rêvé où la simplicité faisait loi. Invitation ensuite à un refus, au refus de ce que Michaux lui-même appelle "l'enrégimentement adulte" , qui amène le petit d'homme à ne plus croire au miracle, et à déserter l'Inconnu. Ce traité sur les dessins de l'âge tendre montre qu'avant toute maîtrise de la technique et du message, avant la recherche et l'effort, viennent la couleur, le trait, la forme. De leur découverte et répétition naît cette sensibilité à laquelle chacun doit rester ? dèle.

09/2023

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Récits de voyage

Ecuador. Journal de voyage, Edition revue et corrigée

J'arrivai pour la première fois dans ce pays, comme il faisait à peu près nuit déjà. Il restait deux heures à faire à cheval. Trois cavaliers allaient m'accompagner. Je m'attendais à trotter. On se mit, au contraire, à descendre dans d'invraisemblables pierres, où bientôt, dans l'ombre épaisse, j'étais comme un aveugle. Le cheval connaissait le chemin. A mesure que l'obscurité se faisait plus pleine, son pas devenait plus prudent et sensé. Je le laissais faire. Il tournait ici, puis là, puis atterrissait à un palier plus bas. Il était le plus lent, je perdais de vue les autres, même la jument blanche de Mortensen. On était obligé de m'attendre.

11/1990

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Littérature française (poches)

Façons d'endormi, façons d'éveillé

Rêves : amas de faits-divers, des petits faits-divers de la personne répétés en vrac en vitesse, faits-divers qui renvoient à d'autres faits de toute date, de faits passés où l'on trouva à redire, par quoi on fut attaqué, troublé. Rêve-réponse qui renvoie la balle. Alors pourquoi vouloir à tout prix interpréter ? Un sage arabe répond : " Un rêve non interprété ressemble à un oiseau qui plane au-dessus de la maison, sans se poser. "

03/2004

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Littérature française

Chemins cherchés, chemins perdus, transgressions

Ce recueil de textes et de poèmes d'Henri Michaux comprend huit parties. Les ravagés sont des "pages venues en considérant des peintures d'aliénés, hommes et femmes en difficulté qui ne purent surmonter l'insurmontable. Internés la plupart. Avec leur problème secret, diffus, cent fois découvert, caché pourtant, ils livrent avant tout et d'emblée leur énorme, indicible malaise". Après Coups d'arrêt et En route vers l'homme, textes en prose, on trouve une évocation de L'enfant-singe du Burundhi. La Messagère partie en avant et Quand tombent les toits sont deux textes dialogués à plusieurs personnages. Enfin viennent les poèmes de Jours de silence et de Mains élues : "Voici l'heure du messager sans chair, sans nomination qui accorde largement route coupée à ce qui gaspille le sommet sans attribut émerge Le comparable cède devant l'incomparable".

01/1982

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Pléiades

Oeuvres Complètes. Tome 2

« S'il veut se coucher lui-même sur le papier, et non une ouvre, et non une île de soi-même, il tranche dans sa chair et voilà... » écrivait emblématiquement Michaux dès 1926. De ses premiers écrits (1922-1926) et jusqu'à ses derniers recueils, l'ouvre de Michaux va se déplier - à travers plus de vingt livres ou recueils, un tourbillon de plaquettes, de livres illustrés et de textes dispersés -, en proie à une fragmentation éperdue qui constitue son rythme propre et peut-être aussi son « genre ». Rythme d'un corps, cour frêle, souffle court, dont il aura fallu admettre, d'emblée, bien que sans jamais l'accepter, la limite, pour découvrir son propre illimité. Genre qui conjugue et déplace tous ceux de la « littérature » : récits, poèmes, poèmes en prose, fables, contes, confessions, journal, aphorismes, etc. À la suite de chaque recueil, une section « En marge » donne à lire l'ensemble des textes qui lui sont liés d'une manière ou d'une autre : fragments manuscrits inédits, textes publiés dans des revues ou des plaquettes et jamais repris, etc. Chaque volume contient des « Textes épars » recueillis pour la première fois.

04/2001

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Poésie

Ailleurs. Voyage en Grande Garabagne, au pays de la magie ici, Poddema

Nouvelle édition revue et corrigée

03/2007

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Critique littéraire

Donc c'est non

"Je cherche une secrétaire qui sache pour moi de quarante à cinquante façons écrire non. Cette imploration. presque désespérée, résume à elle seule les lettres de Henri Michaux réunies par Jean-Luc Outers. Il n'y est question que de refus : les demandes d'interviews. les adaptations scéniques de ses textes, les anthologies. les colloques ou les numéros de revues qui lui sont consacrés. les rééditions. y compris en livre de poche ou dans la Bibliothèque de la Pléiade. le conférences et commémorations, les prix littéraires, les publications de photos... C'est à tout cela, qui n'est plus la littérature mais son institution sinon son décorum ou le carnaval médiatique qui l'agite, que Henri Michaux n'a cessé de s'opposer sa vie durant. Alors qu'on le poursuit sans répit. il cherche l'ombre, il se cache. Il part en croisade contre la "vedettomanie" , multipliant les lettres dont la production s'intensifie à mesure que s'accroît la notoriété. "Du moins que je ne finisse pas gavé de mon propre nom", écrira celui qui n'éprouvait que dégoût pour toute forme de reconnaissance. Plutôt qu'une litanie monocorde de refus, ces lettres frappent par leur singularité et leur style souvent cinglant et drôle : elles instaurent, à leur manière, une philosophie du non.

03/2016

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Poésie

Moments. Traversées du temps

"Qu'il décrive ses expériences avec les hallucinogènes ou, plus récemment, qu'il s'attache à élucider les problèmes du rêve, Henri Michaux a publié, surtout depuis dix ou quinze ans, des livres d'analyse, de connaissance. Moments vient nous rappeler qu'à travers cette vaste entreprise expérimentale, la vocation poétique de l'auteur de La nuit remue s'est poursuivie, merveilleusement fidèle à elle-même. Ces longs et beaux poèmes disent tous, malgré leur diversité de ton, certains états, certains "moments" d'effusion, d'extase, de visions. Poèmes-rêveries d'après la drogue pour la plupart, il est vrai, où flotte encore parfois comme une odeur de drogue."Bulletin Gallimard n° 254, mai-juin-juillet 1973.

10/2014

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Poésie

A distance. Suivi de Annonciation

"Henri Michaux est singulier parce qu'il est radicalement seul, abandonné, retranché, exclu. Abandonné volontaire, retranché volontaire, exclu volontaire. S'il ne fuit pas systématiquement les autres, s'il se trouve des compagnies, il ne renonce en aucun cas à ce surcroît de lucidité ou d'alarme qui préserve un rien d'éloignement, une sorte d'intervalle. Et son intelligence paraît si affûtée qu'elle coupe jusqu'à l'air du temps. Poète de l'affrontement, de l'expérimentation, de la connaissance intérieure, il ne se connaît pas de repos. Chaque respiration, chaque vision, chaque rêve remémoré lui sont autant de combats. Il est l'homme des nuits sans fond, des fureurs muettes, des ravages absolus, minuscules ou bouffons, des révoltes murées entre mémoire et coeur. Mémoire violente et cour affolé", André Velter.

10/2014