Recherche

Paribas

Extraits

ActuaLitté

Critique

De l'exclusion à l'abjection. Lisières et bas-fond dans la transcréation québécoise

Dans la production artistique québécoise s'établit souvent un rapport de force entre des groupes dominants et des exclus, des êtres "gâchés", qui témoigne d'une fabrique de l'exclusion foncièrement injuste et répressive. L'autrice de cet ouvrage observe cette violence dans la littérature et le cinéma par une analyse qui s'inspire non seulement de la sociologie et de l'anthropologie, mais aussi de l'histoire ou de la psychologie. Se fondant entre autres sur les théories de Durkheim, Foucault et Kristeva, elle fait état de la manufacture de l'exclusion qui ne saurait fonctionner sans la phobie ancestrale des sociétés humaines pour l'abjection, objet du mal par excellence, et dont la représentation procure, paradoxalement, une jouissance. Paroxysme de l'abjection : la mort. Dans le corpus étudié, l'autrice braque la lumière sur douze parias et marginaux - de Séraphin Poudrier (Un homme et son péché) à Wilfrid (Littoral) en passant par Thomas Roy (Sur le seuil) -, qui entraînent dans leur sillage décès, crimes et suicides, souvent illustrés de manière presque complaisante. Le point commun de ces personnages inoubliables, et la raison de leur rejet parla société bien-pensante, est, curieusement, leur supériorité. En somme, cette étude fouillée illustre bien le paradoxe qui oppose l'abjection de ces intouchables à leur pureté et le rejet qu'ils provoquent à une attirance certaine des auteurs, des réalisateurs et du public.

05/2024

ActuaLitté

Actualité médiatique France

Un trésor français

La France possède un trésor inestimable : cinéma, musique, livres, jeux vidéo. Cependant, ceux-ci sont encore souvent considérés au pire comme des passetemps non essentiels, au mieux comme d'anecdotiques contributions à la balance commerciale. C'est oublier que les industries culturelles et créatives contribuent largement à notre économie et pèsent de tout leur poids dans notre capacité d'influence à travers le monde. Ce soft power, dont est capable l'économie créative, beaucoup de pays nous l'envient, voire le copient. Doit-on préférer les chicaneries franco-françaises ou nous lancer dans une bataille culturelle mondiale qui est aussi celle de la défense de nos valeurs ? Pendant six ans à la tête d'UniFrance, l'organisme d'exportation du cinéma français, j'ai eu la chance de voir que, partout dans le monde, la culture française est admirée et respectée, que Catherine Deneuve est attendue au Japon comme une idole que l'on vénère, qu'Agnès Varda inspire encore les jeunes féministes américaines et que la nouvelle génération d'acteurs et réalisateurs français force l'admiration des plus grands festivals internationaux. Sous forme de carnet de bord et d'annotations impressionnistes, avec des artistes et des cinéastes comme guides de voyage, j'ai voulu raconter des rencontres extraordinaires, mais aussi les failles d'un système et son manque d'efficacité. N'ayons pas peur d'être fier de notre trésor national ! Isabelle Giordano Isabelle Giordano a été pendant plus de dix ans "Madame Cinéma" sur Canal Plus, productrice et rédactrice en chef pour la télévision et la radio (France TV, Arte, France Inter). Elle fut la directrice générale d'UniFrance Films de 2013 à 2019, en charge de promouvoir le cinéma français sur la scène internationale, et de juillet 2019 à décembre 2020, présidente du Comité stratégique du Pass Culture. Elle est aujourd'hui déléguée générale de la Fondation BNP Paribas.

06/2021

ActuaLitté

Sciences politiques

La mort de l'élite progressiste

"Les progressistes ont fait trop de concessions à l'élite du pouvoir. Ils ont succombé à l'opportunisme puis à la peur en entraînant avec eux leurs institutions. Ils ont renoncé à leur fonction morale. Ils n'ont pas dénoncé les abus des milieux d'affaires quand ils en avaient l'occasion, et ont banni de leurs rangs ceux qui osaient le faire. L'une après l'autre, ces institutions ont succombé à l'appât du gain, aux harangues patriotiques, à l'idéologie de la guerre permanente, à la peur des ennemis de l'intérieur comme de l'extérieur et à la méfiance à l'égard des militants de gauche, à qui l'élite progressiste devait jadis son honnêteté". De plus en plus puissant, l'Etat-entreprise n'a même plus à répondre à ses détracteurs progressistes. Les médias, les syndicats, les universités, les artistes et le Parti démocrate se sont tous inclinés devant la grande entreprise et, bordés de leur prétendue neutralité, défendent désormais les intérêts de celle-ci dans une consternante pantomime de démocratie. l'élite progressiste américaine, détachée du monde, dépourvue de toute crédibilité, a déserté la tribune politique, cédant la place au populisme d'extrême droite. A la fois récit du naufrage volontaire du contre-pouvoir, depuis la Première Guerre mondiale jusqu'à l'invasion de l'Irak, et constat d'un alarmant vide idéologique, ce livre salue aussi les révoltés, libres parias, qui persistent à épuiser le champ du possible.

10/2012

ActuaLitté

Science-fiction

Souvenirs d'une vampire Tome 3 : Trahie

Caitlin Paine se réveille d'un profond coma et découvre qu'elle a été transformée. Maintenant, elle est une vampire à part entière, une sang-pur. Elle découvre avec émerveillement ses nouveaux pouvoirs, comme sa capacité de voler et sa force surhumaine. Elle découvre que son véritable amour, Caleb, est toujours à ses côtés, attendant patiemment qu'elle guérisse. Tous ses espoirs semblent réalisés. Jusqu'à ce que tout se mette à aller mal. Caitlin est bouleversée de surprendre Caleb avec son ex-femme Sera. Et avant que Caleb ne puisse s'expliquer, elle lui ordonne de partir. Défaite, le coeur brisé, Caitlin souhaite mourir, sa seule consolation venant de sa jeune louve, Rose. Caitlin trouve également du réconfort dans son nouvel entourage. Elle découvre qu'elle a été emmenée dans une île secrète sur le fleuve Hudson, parmi un coven d'élite regroupant des vampires adolescents, des garçons et des filles ayant vécu les mêmes choses. Elle apprend que cet endroit accueille les exclus, les parias dans son genre. Elle s'y fait une grande amie, Polly, et commence son entraînement de combattante vampire d'élite. Elle a peut-être trouvé sa nouvelle maison. Mais une guerre de grande envergure entre vampires a éclaté, et son frère Sam est toujours prisonnier quelque part, s'étant fait kidnapper par Samantha. Et le maléfique Kyle porte maintenant l'Epée mythique. Rien ne l'arrêtera dans sa guérilla pour anéantir New York...

05/2013

ActuaLitté

Sciences historiques

L'HOMME EN GUERRE 1901-2001. De la Marne à Sarajevo

Le XXè siècle a été particulièrement belligène. Aux deux guerres mondiales se sont ajoutés les conflits d'Extrême-Orient, Corée, Viêt-nam, les guerres de décolonisation, Indochine, Algérie, celles du Proche-Orient, la guerre du Golfe... Ces conflits ont mis en jeu des forces très diverses : des troupes conventionnelles ou des armées révolutionnaires. Pour l'homme, toutes ces guerres présentent un caractère différent. Elles impliquent des appelés, des réservistes ou des engagés. La combativité a dû s'adapter à toute une série d'armes nouvelles, artillerie lourde, blindé, aviation, armes chimiques. Les pertes ont été extrêmement variables, de quelques dizaines à plusieurs millions de morts parfois. Au cours du siècle, le combattant a connu la guerre traditionnelle mais aussi des mutations profondes. Ainsi, l'efficacité croissante des services de santé, ou encore les sorts divers réservés aux prisonniers de guerre. Certains pays ont appliqué strictement les conventions internationales, d'autres leur ont infligé des traitements que l'on croyait révolus. Autre caractère du XXè siècle, le culte des morts, tout au moins chez les Occidentaux, est associé, pour la première fois dans l'Histoire, à des cimetierres militaires considérés comme lieux de mémoire. Dernière innovation, le statut changeant des anciens combattants, tenus pour des héros ou des parias par les opinions publiques, suivant la nature des conflits. Dans tous les domaines, on observe une grande variété de comportements, à la mesure de la guerre elle-même qui reste, suivant la formule de Clausewitz, " un caméléon ".

01/1997

ActuaLitté

Témoins

Ils vivent enchaînés. Une vie à libérer les "ensorcelés", les derniers oubliés d'Afrique

Les yeux rivés sur le compteur, Grégoire se faufile entre les camions embouteillés dans la rue principale de Bouaké (Côte d'Ivoire), au volant de sa Peugeot 505. Ce Béninois patron d'une petite flotte de taxis, ancien réparateur de pneus et père de six enfants, avait tout pour avoir la vie confortable d'un chef d'entreprise à succès. Pourtant un jour, sa prospérité s'effondre et il se retrouve au bord du suicide. Rattrapé par une voix intérieure, il revient à l'Evangile de son enfance et choisit de se dévouer corps et âme à secourir les exclus : "La vie qu'on t'a donnée n'est pas pour toi". Les malades trop pauvres pour se soigner, les prisonniers parqués dans des conditions inhumaines, les enfants des rues et les lépreux deviennent sa priorité. Mais sa grande découverte, ce sont ces "fous" , parias d'une société africaine rejetant les malades mentaux comme possédés, qui vivent enchaînés à des arbres. Avec les membres de l'association Saint-Camille, qui l'accompagnent dans son oeuvre, il sillonne désormais les routes, la foi chevillée au corps, pour tenter d'endiguer les misères qu'il côtoie. Et si on lui demande quels sont ses plans, le chauffeur de taxi répond que ce n'est plus lui qui conduit : désormais c'est Dieu qui guide sa vie... Le témoignage exceptionnel d'un apôtre des temps modernes.

10/2021

ActuaLitté

Notions

Ceux qui manquent

Il y a plusieurs façons de ne pas être quelqu'un. L'une d'elles, la plus humaine sans doute, c'est d'être une non-personne. Mais qui désigne-t-on ainsi ? La question serait triviale si les non-personnes étaient rares ou d'une seule nature. En vérité, elles sont nombreuses et diverses. Le pari de ce livre est que l'on peut néanmoins en distinguer trois types. Il est d'abord question de l'absent, ce sujet sans corps, institué durant un temps variable lorsque quelqu'un quitte son domicile sans revenir comme attendu. Dans une configuration inverse, on rencontre les individus qui, tout en étant présents, sont privés d'une part de leur personnalité sociale, juridique ou politique, tels les parias, les condamnés ou les bannis. Enfin, on s'interroge quant au statut singulier du cadavre, qui défie la distinction entre chose et personne. En passant de la littérature à la philosophie et des mythes à l'histoire du droit, des fantômes de l'Antiquité et du Moyen Age aux hors-la-loi modernes, cet essai redécouvre les vies et les aventures de Gulliver, de Peter Schlemihl, du colonel Chabert et de bien d'autres encore. Ce faisant, il se penche aussi sur les pratiques et sur les croyances collectives, sans omettre ces rites, parfois ludiques, par lesquels adultes et enfants se comptent et s'exceptent du décompte.

04/2023

ActuaLitté

Sociologie

Les rebuts du monde. Figures du paria

Le paria est un mot voyageur extraordinairement révélateur. On le croit originaire de l'Inde, il y est inventé au XVIe siècle par des militaires, des missionnaires et des savants. Deux siècles plus tard, il en revient et se répand dans les espaces politiques et littéraires européens. Pour les philosophes des Lumières, les hiérarchies lointaines sont prétexte à fustiger les tyrannies d'ici. Le discours sur l'autre est un discours sur soi. Mais dans cet Occident qui se libère, l'émancipation ne vaut pas pour tous. Le paria ressurgit alors comme le laissé-pour-compte des droits humains récemment proclamés. Dans les discours et combats politiques, il représente tour à tour les esclaves, les " hommes de couleur libres ", les juifs, les femmes, le peuple, les prolétaires... Théâtre et littérature en propagent la représentation, il prend aussi les traits du poète ou de l'artiste maudit dont la marginalité est idéalisée. La culture romantique exalte sa sensibilité, le paria est ainsi grandi d'être proscrit, sans être libéré pour autant. Avec érudition et brio, passant de la littérature aux discours politiques et aux constructions théoriques (chez Max Weber, Georg Simmel ou Hannah Arendt notamment), Eleni Varikas retrace ces métamorphoses et suit ces figures qui, d'hier à aujourd'hui, disent les meurtrissures de tous les " rebuts du monde ". Chemin faisant, elle rappelle l'exigence toujours actuelle de ces parias rebelles qui, obstinément, réclament l'admission au rang de l'humanité de chaque individu particulier.

10/2007

ActuaLitté

Actualité médiatique internati

Éveil violent. Témoignage d'une conscience ébranlée par la crise du covid-19

Le 27 décembre 2020, la première campagne vaccinale anti covid 19 est lancée en France ; un an plus tard, 90, 5% de la population, âgée de plus de douze ans, est vaccinée : ce sont les chiffres officiels... Mais que s'est-il donc passé pour que l'auteure, hésitante pour commencer, à propos de ce nouveau vaccin, soit devenue, au fil du temps, réticente à la politique des autorités sanitaires, puis, toujours chemin faisant, récalcitrante, et enfin résolument hostile à cette vaccination de masse, jusqu'à faire partie de ces parias, bientôt mis au ban de la société avec l'approbation de la population vaccinée presque tout entière ? C'est ce que raconte Geneviève Roch dans cet ouvrage où elle livre son témoignage avec lucidité et en toute bonne foi. Se laissant guider par son solide bon sens, elle mène une véritable enquête afin d'appréhender "au plus vrai" l'évolution d'une situation qu'elle comprend de moins en moins bien. Tout au long de sa démonstration, elle rejette toute appartenance à la mouvance "complotiste" . Sur ce dernier concept, toutefois, elle s'interroge, se demandant en quoi consisterait le complot et ce qu'auraient à gagner tous ces chercheurs, scientifiques ou médecins - accusés de complotisme - à produire des études, à écrire des livres, à publier des articles pour mettre en garde contre cette vaccination anti covid, allant même, pour certains, jusqu'à renoncer à exercer.

03/2023

ActuaLitté

Musique, danse

Le succès d'une amitié

Nous avons grandi pauvres dans des quartiers riches, nous avons essuyé les plâtres et vécu des drames, mais nous sommes toujours restés proches de ce que nous sommes. Nous avons enchanté des dizaines de milliers de fans et gagné plus d'argent qu'on n'en a jamais rêvé. Nous avons réconforté des gens et fait hurler des centaines d'autres. Nous avons fait des erreurs, nous avons fait de grandes choses. Nous avons été des stars, nous avons été des parias. Nous avons été sensibles à la misère du globe, nous l'avons parfois oubliée pour préférer nos intérêts. Nous n'avons jamais été meilleurs ni pires que les autres, nous avons juste réussi à être ce que nous voulions. Mais jamais, jamais, jamais, nous n'avons lâché l'affaire. Jamais nous n'avons baissé les bras. Nous sommes les acteurs de notre succès, nous ne devons rien à personne, à part à vous qui lisez ces lignes. Personne ne nous enlèvera ça. De la 9e Zone jusqu'à la scène de Bercy, nous avons été, nous sommes, et nous resterons la Sexion d'Assaut. Un groupe de huit adolescents liés par une amitié indéfectible qui nous a permis de tout inventer. Des refrains, des carrières, des vies. Nous avons tout fait ensemble, nous avons tout géré, le succès comme la tempête, les coups de chance et les coups de pute. Jamais nous ne nous sommes tirés dessus. Jamais. A cause de ce que nous avons traversé, nous sommes unis. Et nous le resterons.

11/2013

ActuaLitté

SHOAH,PERSECUTIONS ANTISEMITES

Et du fond de tes blessures, je te guérirai.... Un médecin de l'OSE, de la Résistance en France aux camps de personnes déplacées en Allemagne

Pour les rescapés juifs de la guerre, la Shoah ne s'arrête pas en 1945. La majorité est rassemblée dans des camps en Alle-magne, mélangée à ses bourreaux. Ce livre raconte leur histoire à travers un double prisme : celui de rapports de médecins de l'Ouvre de secours aux enfants (OSE) en mission dans ces camps et celui des souvenirs de l'un d'entre eux, le Dr Revel. Ce médecin juif alsacien né en 1901 à Bouxwiller, livre ses mémoires et pousse un cri d'alarme. Il y raconte de manière factuelle et avec beaucoup d'humilité les étapes d'une vie toute entière tournée vers les autres. Aussitôt démobilisé, il s'engage aux côtés de l'OSE, puis entre dans la résistance pour le compte de l'Armée secrète et devient médecin dans le maquis du Grésivaudan. En 1945, il répond à deux missions de l'OSE dans les camps de personnes déplacées, d'abord à Buchenwald, d'où il doit sortir les adolescents les plus malades pour les amener en Suisse, et surtout à Neustadt, sur les rives de la Baltique, en zone d'occupation britannique, où il doit évaluer l'état sanitaire des Juifs présents. Il y décrit avec force détails une situation épouvantable, celle de parias devenus des apatrides dont personne ne veut. Ce livre est donc aussi un cri de détresse, de révolte et d'espoir que le titre, reprenant un verset du prophète Jérémie, résume bien : "Et du fond de tes blessures, je te guérirai" (Jérémie, verset 17, chapitre 30).

10/2022

ActuaLitté

Décoration

Les Gobelins au siècle des Lumières. Un âge d'or de la manufacture royale

Dirigée successivement par les architectes Jules-Robert de Cotte, Jean-Charles Garnier d'Isle, Jacques-Germain Soufflot et le peintre Jean-Baptiste Marie Pierre, sous l'autorité de directeurs généraux des Bâtiments du roi, tels que le duc d'Antin, le marquis de Marigny et le comte d'Angiviller, la manufacture royale des Gobelins connaît au XVIIIe siècle son apogée artistique et technique - quarante suites différentes créées en cent ans. Les plus grands maîtres du temps (Charles Coypel, Jean-Baptiste Oudry, Charles Natoire, François Boucher, Carle Vanloo, etc.), du style rocaille au néoclassicisme, conçoivent pour les métiers les gigantesques modèles nécessaires, puisant leur inspiration dans tous les domaines, profanes ou sacrés, historiques ou mythologiques. Sous la conduite d'entrepreneurs d'exception, tel Jacques Neilson, et accompagnant l'intérêt de l'époque pour les sciences et les techniques, le tissage des tapisseries atteint un niveau de perfection qui suscite l'admiration sans réserve de Diderot lors des Salons. Les élites européennes (souverains, ministres ambassadeurs...) sont enthousiasmées par ces oeuvres, objets de cadeaux qui vont orner les murs des grandes demeures, grâce à l'intervention d'architectes inventifs, tel l'Écossais Robert Adam. Cet ouvrage, la première synthèse jamais écrite sur le sujet, traite de l'ensemble des tentures produites à cette époque. Son iconographie reproduit en couleur - le plus souvent pour la première fois - un ensemble de tapisseries sélectionnées pour leur état de fraîcheur exceptionnel : pièces de L'Ancien Testament d'Antoine Coypel, du Nouveau Testament de Jean Jouvenet et Jean Restout, de la fameuse Histoire de Don Quichotte et de L'Iliade de Charles Coypel, de L'Histoire d'Esther de Jean-François de Troy, de L'Ambassade turque de Charles Parrocel, des Chasses de Louis XV de Jean-Baptiste Oudry, de L'Histoire de Thésée de Charles Vanloo ou des Amours des dieux de François Boucher. Un ensemble de modèles peints décoratifs ou d'esquisses, dont plusieurs cartons d'alentour spectaculaires du peintre de fleurs Maurice Jacques photographiés après la restauration accomplie grâce à un mécénat de la Fondation BNP Paribas, des sièges couverts en tapisserie, des tableaux faits sur métier et des planches gravées des ateliers viennent compléter cette évocation des Gobelins au temps des philosophes.

04/2014

ActuaLitté

Littérature française

Les saisons mortes

Coincé entre deux âges, le corps et l'âme séparés, Ilès, dans sa dualité, languissait en n'évoluant que physiquement dans la solitude et la lassitude. Inquiet, confus, et dans l'attente de franchir la vitre le séparant de l'autre monde, il se voyait déjà envahi de symptômes de déchéances physiques. De ce désespoir naissait l'empathie, de l'empathie une douleur couleur de la pitié à l'égard de son pays renversé sur sa carapace et de la nature violée dans son intimité. Ne cessant de s'interroger, son verbe cousu de soins attentifs, interpellait en révélant sa sensibilité, parfois dans l'harmonie, parfois dans le conflit. En souhaitant devenir maître de son destin, le voici dépendant de l'ombre sous ses pas qui grandissait et le dépassait : la vie, ses aléas, ses canevas... Le déclin. La transition était finalement un basculement sans conséquence d'une réalité dans une autre réalité. Se reconnaissant dans la philosophie et la résignation du roseau sachant s'incliner aux vents sans se briser, la liberté d'être soi retrouvée, et les hésitations chassées, il part à la conquête du tangible, du concret et de l'Amour lénifiant qui sauve. Des éventualités qui lui permettaient de s'évader dans des refuges auxiliaires en étant aux côtés de ceux à qui on a effacé l'identité, des plus démunis, des oubliés de la société, des alités souffrant de maladies synonymes du trépas, et aussi des parias perdus dans des mers, entraînés par les courants de la mort, les regards sombrant dans l'irréel et les flottements guidés par le doute et le hasard.

10/2018

ActuaLitté

Religion

Juifs er protestants en France, les affinités électives (XVIe-XXIe siècle)

Y a-t-il eu, face aux juifs, des chrétiens différents, capables de s'extraire plus vite de cet antijudaïsme pluriséculaire dont on sait qu'il a frayé la voie à l'antisémitisme, dans l'Allemagne luthérienne comme dans la France catholique ? Il semble que ce fut le cas des protestants français. Calvin a été le premier à parler autrement des juifs et de leur salut et, en dépit d'exceptions, ses héritiers l'ont suivi, parfois sous les traits d'un millénarisme philosémite. L'histoire a fait le reste. Marquée par les tribulations, l'exil et la fidélité, elle a rendu les huguenots français, nourris de l'Ancien Testament, exceptionnellement proches des juifs. Les deux minorités se croisaient dans le Livre, dans la diaspora européenne, dans la modernité. La Révolution française a fait des uns et des autres des citoyens de plein droit, la République laïque les a vus actifs dans plusieurs de ses chantiers. Expérience unique de judéo-protestantisme, que les antisémites et les maurrassiens ont violemment dénoncée. Les protestants ont été dreyfusards. N'avaient-ils pas eu leur affaire Calas ? De même, pendant les années noires, les replis secrets des Cévennes ont accueilli par centaines les nouveaux parias de Vichy, tandis que l'Église réformée rappelait publiquement la solidarité des chrétiens et des juifs. Il n'y a désormais une mémoire partagée, même si le conflit israélo-palestinien est venu troubler les choses. Ce sont ces affinités électives entre deux minorités situées tantôt à la périphérie, tantôt au cœur de l'histoire de France, que ce livre a entrepris de décrire.

03/2004

ActuaLitté

Policiers

L'amour à Paris. Nouveaux mémoires de Marie-François Goron, ancien chef de la Sûreté

Des salles tristes et froides des commissariats aux bouges insalubres, des maisons publiques aux tribunaux bondés, le breton Marie-François Coron, chef de la Sûreté pendant la Belle Epoque, nous fait découvrir les coulisses de la rue, les arcanes du désespoir et de la misère. Dans ce tableau vaudevillesque teinté d'un argot fin de siècle qui nous fait goûter aux joies de la fée verte comme à celles de la morphine, Goron nous livre un portrait sans fard et sans détour sur les moeurs de son temps, s'indignant contre des lois qu'il juge dépassées et qu'il est pourtant contraint d'appliquer, cherchant à démontrer la barbarie de certains règlements de police qui organisent l'esclavage de la femme et du pauvre, peignant une société en proie à des démons que l'on retrouve, un siècle plus tard, toujours aussi tenaces dans la nôtre. Ouvrez donc la porte des asiles des amours passagères, laissez-vous guider au fil de l'histoire de la détresse humaine, au bras des flibustiers de l'asphalte parisien et des bonimenteuses, des criminels, des empoisonneuses, des aventuriers et des escrocs en tous genres, et n'oubliez pas de suivre la piste jusqu'au bout car le vrai peut parfois n'être pas vraisemblable ! Jamais réédités dans leur intégralité, les seconds Mémoires de Marie-François Goron, vont vous faire l'effet d'un sacré voyage dans le temps, vapeur et électricité comprises. Dans ce volume. vous pourrez lire : 1. - L'Amour criminel ; 2. - Les Industries de l'Amour ; 3. - Les Parias de l'Amour ; 4. - Le Marché aux Femmes.

12/2018

ActuaLitté

Critique littéraire

La bonté, une certaine folie ?

Don Quichotte, Jean Valjean, Monsieur Pickwick et l'Idiot sont des hommes au destin peu commun, des originaux ou des parias qui sont très souvent seuls tout en étant en contact avec la société. Ils ont un comportement inhabituel qui les fait passer pour fous aux yeux des autres. Comment se manifeste leur folie ? Ils se montrent bienveillants envers leurs semblables et tentent de faire triompher les valeurs du Christ : l'amour, le pardon et la paix. Mais c'est le contraire qui se produit car il y a une inadéquation fondamentale entre ces antihéros et la société dans laquelle ils vivent. À la lecture de l'Évangile selon Saint Jean on constate que certains passages semblent s'entretenir de nos quatre personnages : « Ce que je vous commande, c'est de vous aimer les uns les autres. Si le monde vous hait, sachez que moi, il m'a pris en haine avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait son bien ; mais parce que vous n'êtes pas du monde, puisque mon choix vous a tirés du monde, pour cette raison, le monde vous hait. » (Jn 15, 17-19) Youssef Ferdjani plaide donc ici pour la folie. Faire preuve de bonté s'apparente à une forme de suicide puisque les valeurs du Christ sont bafouées dans la société humaine. Cette idée a été développée par plusieurs philosophes : Érasme, Kierkegaard et Nietzsche. Mais ce sont les grands écrivains Cervantès, Hugo, Dickens et Dostoïevski qui ont le mieux donné vie à cette tension entre bonté et folie. Un ouvrage destiné à ceux qui ont pris le parti de la « douce » folie !

10/2015

ActuaLitté

Théâtre

Médée black ; Ailleurs la vraie vie ; Un ange à ma porte

Le mythe de Médée fascine depuis l'Antiquité artistes, poètes et dramaturges. Michel Azama s'inscrit dans cette lignée et sa Médée black fait ressurgir avec force les ressorts oubliés de cette figure. Dans une Louisiane aussi jazzy que sensuelle et inquiétante, les politiques comme Créon frayent avec les dealers et autres petites frappes, dans une connivence coupable et interlope. Médée, avec sa peau noire, est l'archétype de l'étrangère à qui Jason demande de faire place nette pour ne pas freiner ses ambitions. Elle punira la lâcheté de ce dernier par le tabou ultime du meurtre de leurs enfants. Dans les deux autres textes du recueil, Azama évoque les nouveaux parias de nos sociétés que sont les migrants, arrachés à leurs terres d'origine, poussés sur les routes par la misère ou la guerre. Dans Ailleurs, la vraie vie, des gens de télévision et une policière montrent, telles des lucarnes-miroirs, l'inanité de notre époque qui utilise ces miséreux parvenus sur nos rives comme les canaris dans les mines, annonçant par leur asphyxie le coup de grisou. Dans Un ange à ma porte, un homme, ballotté et rudoyé à son arrivée après une traversée dangereuse, prend la parole, pointant la crise morale d'une Europe qui tourne le dos à ses traditions humanistes. La puissance théâtrale d'Azama et sa haute langue, mâtinée d'instants crus et âpres, apparaissent dans ces trois textes aux distributions modulables. Renouant avec le traitement poétique autant que politique qu'il avait déjà employé dans son célèbre Croisades, il propose ici des oeuvres fortes, urgentes et nécessaires.

09/2018

ActuaLitté

Littérature française

Maldita Historia. Saga d'une famille entre guerres et exil

"Il revisite l'histoire familiale, ce qui forgera sa personnalité, à savoir la guerre, la Guerre d'Espagne, une guerre presque effacée de la mémoire de son pays de naissance, un pays qui a vécu sous la tutelle d'un dictateur pendant quatre décennies. Un pays où, pendant trop longtemps, seule pouvait être évoquée une mémoire réinventée par le vainqueur, laissant comme seule vérité le miroir du révisionnisme s'instituer aux côtés de la peur". Préface de Carmen Negrín. Présidente du CIIMER Présidente d'honneur de la fondation Juan Negrin. Dans une République espagnole qu'on assassine lentement à l'ombre de la trahison, plus d'un demi-million d'Espagnols républicains deviennent apatrides, parias. A l'aube de la Seconde Guerre, c'est tout un peuple qui se voit privé de son droit fondamental de vivre et trouve refuge dans la terre de la "Liberté, Egalité, Fraternité" . Mais à quel prix ? Il y a exactement 80 ans, la famille de l'auteur a vécu cette tourmente, la guerre, la fuite, la peur. Une histoire banale qui ne saurait être effacée ni oubliée ; une histoire transmise de père en fils. L'Histoire de la honte qui se transforme en fierté. Notre histoire vers la liberté. A travers sa propre déchirure, cette saga familiale redonne vie aux héros oubliés de notre Histoire, à ces milliers de soldats et ces centaines de milliers d'exilés. Né à Barcelone lors du plus grand bombardement sur les civils en mars 1938, José de la Pena entre comme réfugié en France à l'âge de 11 mois avec la Retirada. Après des années à travailler sur les souvenirs de son père et son oncle au coeur de la Guerre d'Espagne, il retrace l'histoire de sa famille dans un récit poignant et cruellement réaliste.

07/2019

ActuaLitté

Sciences historiques

Rituel et société à Madagascar. Les Antemoro de la côte sud-est

Dans le nord de Madagascar se développent à partir du Xe siècle des ports cosmopolites accueillant des migrants de diverses régions de l'océan Indien. Au XVe siècle, des musulmans venus du nord-est s'installent à l'embouchure du fleuve Matatàna, dans le sud-est de l'île. Au début du XVIe siècle, ils se constituent en aristocratie dans un royaume dit "antemoro", premier état fondé dans la Grande Ile, qui disparait au XIXe siècle à la suite de révoltes des roturiers. A partir du religieux s'est élaboré dans l'espace antemoro une société à "pseudo-castes" unique à Madagascar. Cette société se caractérise par la séparation des pouvoirs politique et religieux, et par l'existence d'un groupe de parias. Les aristocrates utilisent une écriture en caractères arabes et des manuscrits à contenu magico-religieux qui fondaient jadis leur prééminence. L'étude comparative des cérémonies observées à la fin du XXe siècle révèle l'unité des grands rituels, qui forment un système, inscrit dans une pensée analogique. L'auteur montre l'universalité des dispositifs rituels en même temps que leurs particularités culturelles, et développe une réflexion générale sur la royauté sacrée. Par une "archéologie" du rituel, P. Beaujard s'attache en outre à saisir les influences qui sont à l'oeuvre dans la construction de l'édifice politico-religieux antemoro. Venues d'Asie du Sud-Est, du monde musulman et d'Afrique de l'Est, elles témoignent de la place singulière de Madagascar à la confluence de divers réseaux d'échanges de l'océan Indien, à différentes époques. Après Princes et paysans (1983) et Mythe et société à Madagascar (1991), ce livre est le dernier d'une trilogie qui vise à éclairer les rapports entre mythes, rituels et organisation politique.

08/2020

ActuaLitté

Sociologie

LES LOGIQUES DE L'EXCLUSION. Enquête sociologique au coeur des problèmes d'une communauté

L'enquête sur les problèmes d'une cité de banlieue à la fin des années 1950 que présente ici Norbert Elias est d'une actualité surprenante car elle éclaire les débats les plus actuels sur l'exclusion. Elle met en effet au jour, de façon très concrète, le racisme sans race, l'exclusion sans fracture économique ainsi que toute une série de thèmes qui sont au cœur des préoccupations de nos sociétés contemporaines : le respect, la dignité, l'estime de soi. Dans cette petite ville d'Angleterre, formée de lotissements successifs, les tensions sont multiples entre les habitants et les nouveaux venus. Les premiers considèrent les seconds comme des étrangers qui ne partagent pas leurs valeurs et ont le sentiment qu'ils menacent leur mode de vie. Ils les tiennent à distance dans la vie courante, les écartent des lieux de décision, des associations de loisirs, des clubs et des églises. Et ce rejet se perpétue sur deux ou trois générations, entretenu par les rumeurs et les commérages. Or nul racisme ici au sens propre, nulle menace de chômage à cette époque - les uns et les autres sont des ouvriers ou des petits bourgeois et travaillent dans les mêmes usines. Ce refus de la relation à l'autre, explique Norbert Elias, est à replacer dans un contexte plus large de rapport de pouvoir : le groupe dominant reproduit sa domination - et renforce sa cohésion - en excluant les " marginaux ", cette image collective confortant à son tour l'image que chacun se fait de soi à l'intérieur du groupe. Ainsi, du côté des exclus, " ces jeunes qui, sachant qu'ils indisposaient ceux qui les traitaient en parias, trouvaient là une incitation supplémentaire, peut-être l'incitation majeure à se mal conduire ".

09/1997

ActuaLitté

Romans historiques

La pénitente d'Euskal Herria

« La révélation d'Ezilda plonge ses parents dans la stupéfaction et les laisse sans voix l'espace d'un instant, le temps qu'une bouffée de colère monte en eux. Pierra s'emporte le premier. Le courroux plisse tout à coup son front. Il ôte la pipe de sa bouche rageusement. Ne me dis pas que tu as fauté avec ce garçon. Tu n'as pas osé faire une chose pareille... » Agriculteurs souletins, Pierra et Marie commencent enfin à récolter les fruits d'un travail quotidien acharné. A Ezilda, leur première-née qui vient de fêter son dix-huitième anniversaire, ils lèguent avec émotion un patrimoine et une réputation intacts. Tourmentée par un terrible secret, la jeune femme renonce aux devoirs de sa charge. A contre-courant, elle se jette à corps perdu dans le tourbillon des passions que déchaînent son étrange beauté et son caractère brûlant. Ecartelée entre le bien et le mal, déchirée entre l'amour et la haine, fera-t-elle le choix d'une vie conforme à la tradition et renouer avec la paix de son âme ? Au fil d'une intrigue sentimentale et policière haletante, Alain Lombardi nous entraîne sur les chemins pyrénéens de la transhumance dans un livre foisonnant. A ses côtés, nous partageons le quotidien des bergers et des « Hirondelles », ces jeunes filles venues de Navarre et d'Aragon qui s'embauchent dans les usines sandalières de Mauléon à l'aube de l'âge d'or de l'espadrille. Il guide nos pas à Saint-Jean-de-Luz, à la rencontre des kaskarotes, ces femmes de marins-pêcheurs impudiques qui font tourner bien des têtes et chavirer les coeurs. De Biarritz à Bayonne et jusqu'aux forges de l'Adour, nous nous mêlons à la foule des paysans, ouvriers, parias, bourgeois et autres anarchistes. Qu'ils soient héros ou « salauds », aucun ne nous laisse indifférents, tant il est difficile de distinguer les uns des autres. La Pénitente d'Euskal Herria fait suite à son premier roman Le Pénitent de Sartène, paru aux Editions du Panthéon.

11/2015

ActuaLitté

Littérature française

La maison de pilate. Tome 1

Don Ramire doit enlever Isabel, c'est quasiment un ordre de cette dernière qui se méfie de son époux récemment libéré de haute lutte des geôles royales. En effet, Medina Celi voudrait voir Isabel épouser Don Juan Palomas, ce que son épouse de haute noblesse considère comme une mésalliance. Le roi fait proclamer l'interdiction de séjour dans la ville de Séville à tous les mendiants, miséreux et autres parias qui l'encombrent, ce qui provoque une violente révolte attisée par le sombre Pedro Gil, mais rapidement maîtrisée grâce à une intervention double de Medina Celi. Mais l'enlèvement d'Isabel par Ramire est vouée à l'échec. Les deux amoureux tombent dans un guet-apens organisé par Moncade et le comte-duc. Attaqué par une vingtaine de spadassins, Ramire a beau se battre comme un lion, il ne parvient ni à s'échapper ni à sauver sa belle. Il succombe sous le nombre et tombe sous la coupe du sinistre Moghrab. La partie est-elle perdue ? "La maison de Pilate" est la suite du "Roi des gueux" . L'ensemble représente un roman-fleuve de cape et d'épée d'environ 1300 pages. Autant le premier tome démarrait sur les chapeaux de roues, autant le second ralentit et donne parfois un peu l'impression de tirer à la ligne. Longues descriptions, longues interrogations, reprises des épisodes précédents et tirades un brin indigestes. On trouve encore quelques belles batailles et quelques actes de bravoure chevaleresque. Cependant l'accent est un peu trop mis sur le côté sentimental. Les amours contrariées de Ramire et Moncade, les changements de partenaires et les romances déçues. De plus, le comte a un sosie qui n'est autre que le roi des gueux. Soliman, Moghrab et Hussein le noir ne sont en fait qu'une seule et même personne, ce qui embrouille un brin le lecteur qui peut aisément se perdre dans les personnages. Féval use et abuse un peu de ce procédé rocambolesque assez peu vraisemblable. Conclusion : pas le meilleur titre du grand Paul Féval.

02/2023

ActuaLitté

Littérature française

Michel Mohrt, réfractaire stendhalien

Naviguer dans l'oeuvre de Michel Mohrt et pénétrer dans l'intimité de l'écrivain, telle est l'ambition de cet essai écrit par un ami qui l'a côtoyé pendant quarante ans. Le 17 août 2011 disparaissait à l'âge de 97 ans un émigré de l'intérieur, quoique membre de l'Académie française, éternel déraciné et voyageur nostalgique en rupture de ban avec son époque. Les points de repère de son existence sont autant de thèmes traversant ses livres : la Bretagne, Nice et les Alpes du Sud, les Etats-Unis, l'Angleterre, Venise... Le marin a rompu les amarres pour vivre en homme libre, rêvant de créer un impossible phalanstère composé d'esprits lucides, de fidèles lui ressemblant. Ses ports d'attache sont la littérature et l'histoire qui nourrissent son amour de la liberté. Mohrt ne veut pas se laisser embrigader et souhaite préserver son quant-à-soi. Il convoque les écrivains du XIXe siècle, Chateaubriand et surtout Stendhal dont il renouvelle le thème de la chasse au bonheur. "J'ai compris que la seule vengeance, c'est le bonheur... Oui, il y a le bonheur. Et le mépris : les deux béquilles qui me soutiennent dans la vie". Il s'érige en porte-parole des vaincus, en Cassandre de nos guerres civiles, en caution morale des parias de l'Histoire. Sous sa plume, le romantisme des causes perdues n'est pas un vain mot. Mais il sait aussi faire souffler un fort vent d'Ouest sur les lettres françaises en révélant Faulkner, Styron ou Kerouac. Ce réfractaire qui a su dire "non" aux dérives de son époque est tout sauf un écrivain mineur. Il est grand temps de redécouvrir l'oeuvre de cet aristocrate au caractère bien trempé qui a toujours préféré l'air du large à l'air du temps. Cet essai est suivi d'une pièce de théâtre inédite de Michel Mohrt, "Siegfried 40" , écrite en 1944.

03/2021

ActuaLitté

Littérature anglo-saxonne

Belles de nuit

Les Belles de nuit fut interdit pour sa supposée obscénité et étrillé par la critique. Il s'agit donc aujourd'hui de réparer une injustice et de saluer la lucidité de Jim Tully, l'ancien trimardeur qui préférait l'école de la vie aux leçons de morale. Leora Blair, une ravissante jeune fi lle de l'Ohio, issue d'une famille modeste, décide de se prostituer pour fuir son milieu et s'élever au-dessus de sa condition. Elle est engagée à Chicago par Madame Rosenbloom, la propriétaire d'une maison close, dont les clients sont des hommes politiques, des magistrats, toutes sortes de notables et de grands voyous... A leur contact et à celui des autres filles, Leora ouvre les yeux sur le monde corrompu dans lequel elle vit. Comme souvent chez Tully, le récit prend la forme d'une mosaïque d'histoires, ce qui nous permet de suivre aussi le parcours de Madame Rosenbloom, de son protecteur haut placé et de quelques " fi lles de la maison ". Dans ce roman, Tully s'intéresse moins aux activités sexuelles des prostituées qu'à leurs trajectoires personnelles. Il leur donne la parole comme peu d'écrivains avaient osé le faire avant lui. Raconter une histoire dans laquelle des femmes - ni anges, ni démons - s'affranchissent par la prostitution, c'était évidemment briser un tabou dans l'Amérique puritaine des années 1930. Belles de nuit fut interdit pour sa supposée obscénité et étrillé par la critique. Il s'agit donc aujourd'hui de réparer une injustice et de saluer la lucidité de Jim Tully, l'ancien trimardeur qui préférait l'école de la vie aux leçons de morale. Tully se mettait à hauteur des parias, des exclus, des exploités, des marginaux, des inadaptés, des victimes de la société. Il ne prêchait pas, ne militait pas, mais n'avait pas son pareil pour les écouter et restituer leurs histoires dans leur rude et naïve simplicité.

03/2023

ActuaLitté

Ouvrages généraux

Grandeur et déclin d'un hôtel parisien. L'hôtel de Lauzun et ses propriétaires au XVIIe siècle

Une guerre intestine divise la société à l'aube du règne de Louis XIV. Sous la régence d'Anne d'Autriche, des bourgeois ont investi massivement l'administration de l'Etat et la gestion des finances royales. Déjà en germe au XVIe siècle, l'apparition de cette nouvelle classe de dirigeants suscite une hostilité marquée de la part de la noblesse mais aussi de la population qui souffre du poids croissant de l'impôt. C'est au coeur de ces années marquées par de vives tensions que naît sur l'île Saint-Louis un des plus beaux hôtels parisiens, l'hôtel de Lauzun, construit entre 1656 et 1660 par un financier dont le parcours de "parvenus" est emblématique. Charles Gruyn a fait carrière au service de la couronne et devient la cible de critiques acerbes, soulignant ses origines modestes et son enrichissement jugé frauduleux. Les jugements de ses contemporains marquent encore aujourd'hui son historiographie ainsi que celle de l'hôtel qu'il a fait construire sur les quais de la Seine. Il en va de même des propriétaires qui ont occupé l'hôtel après la famille Gruyn : le comte de Lauzun, favori déchu de Louis XIV, et le couple Richelieu-Mazarin, formé par les descendants des deux cardinaux-ministres, dont le destin fut marqué par des conflits familiaux qui menèrent à sa mise à l'écart de la cour. Au XVIIIe siècle, l'histoire de l'hôtel de Lauzun est ainsi marquée par la présence de parias qui évoluent dans un cadre somptueux, l'architecture et le décor intérieur (réalisé par Michel Dorigny, élève de Simon Vouet) comptant parmi les plus belles créations de l'époque. L'hôtel se démarque-t-il des constructions de son temps ? Quel rôle a joué le statut social du commanditaire et des propriétaires successifs dans sa conception et sa préservation ? De quelle manière ont-ils occupé les lieux ? L'histoire de l'art et l'histoire sociale, politique et financière sont mises à contribution pour apporter des éléments de réponse.

05/2021

ActuaLitté

Littérature française

La maison de pilate. Tome 2

Don Ramire doit enlever Isabel, c'est quasiment un ordre de cette dernière qui se méfie de son époux récemment libéré de haute lutte des geôles royales. En effet, Medina Celi voudrait voir Isabel épouser Don Juan Palomas, ce que son épouse de haute noblesse considère comme une mésalliance. Le roi fait proclamer l'interdiction de séjour dans la ville de Séville à tous les mendiants, miséreux et autres parias qui l'encombrent, ce qui provoque une violente révolte attisée par le sombre Pedro Gil, mais rapidement maîtrisée grâce à une intervention double de Medina Celi. Mais l'enlèvement d'Isabel par Ramire est vouée à l'échec. Les deux amoureux tombent dans un guet-apens organisé par Moncade et le comte-duc. Attaqué par une vingtaine de spadassins, Ramire a beau se battre comme un lion, il ne parvient ni à s'échapper ni à sauver sa belle. Il succombe sous le nombre et tombe sous la coupe du sinistre Moghrab. La partie est-elle perdue ? "La maison de Pilate" est la suite du "Roi des gueux" . L'ensemble représente un roman-fleuve de cape et d'épée d'environ 1300 pages. Autant le premier tome démarrait sur les chapeaux de roues, autant le second ralentit et donne parfois un peu l'impression de tirer à la ligne. Longues descriptions, longues interrogations, reprises des épisodes précédents et tirades un brin indigestes. On trouve encore quelques belles batailles et quelques actes de bravoure chevaleresque. Cependant l'accent est un peu trop mis sur le côté sentimental. Les amours contrariées de Ramire et Moncade, les changements de partenaires et les romances déçues. De plus, le comte a un sosie qui n'est autre que le roi des gueux. Soliman, Moghrab et Hussein le noir ne sont en fait qu'une seule et même personne, ce qui embrouille un brin le lecteur qui peut aisément se perdre dans les personnages. Féval use et abuse un peu de ce procédé rocambolesque assez peu vraisemblable. Conclusion : pas le meilleur titre du grand Paul Féval.

02/2023

ActuaLitté

BD tout public

Qui se couche avec les chiens, se lève avec les puces

Tereza Lochmannova commente ainsi le titre de son album de dessins: "C'est un proverbe qui va très bien avec mon travail pour plusieurs raisons (...) 1. il y a souvent des chiens dans mes dessins et c'est plutôt des chiens malheureux. 2. il y a un côté déterministe, l'idée d'être marqué par quelque chose, une réalité brute : "c'est comme ça" 3. le père de Franz Kafka disait souvent ce proverbe à son fils, quand Kafka était petit. Il entendait cette phrase d'un père autoritaire qui n'a cessé de lui faire peur jusqu'à sa mort. J'adore Kafka, en plus il était pragois comme moi." Et aussi : "Ma mère adorait les chiens, c'est probablement pour ça que longtemps mes rapports ont été plutôt froids avec eux. Ce n'est que plus tard qu'ils ont commencé à m'inspirer de la pitié et même une sorte de malaise, du fait que leur vie n'a de sens que s'ils ont un maître. Dans la communauté des animaux ce sont les seuls à devenir des parias, des réprouvés, quand ils sont libres. Et pourtant j'éprouve une affinité étrange avec eux, née de la compassion et de la haine. Ils me poursuivent, de façon inattendue, par ex dans les peintures de Leon Golub ("Beware of a Dog !") et encore récemment dans un roman de Gombrowicz où ils prennent la forme de créatures mi-chiens mi-villageois...Ils réclament mon attention. Ils me collent aux basques, à la manière de ces bribes d'expériences vécues que je transforme en dessins, sans qu'il y ait un destinataire précis. Pendant 2 ans (2015-2016) le vieux cahier ligné de mon père a servi de support et de réceptacle à mes délires presque quotidiens, ceux d'une "paria" volontairement exilée à Paris. Incapables de se défaire de moi, ils s'y sont néanmoins stockés, jusqu'à faire de ce cahier le dépositaire de "ce qui ne rentre plus dans ma tête". Aujourd'hui le cahier des délires prend une nouvelle forme, indépendante, et les chiens peuvent enfin aller se coucher avec les puces."

11/2016

ActuaLitté

Psychologie, psychanalyse

La vieillesse. Essai

Les vieillards sont-ils des hommes ? À voir la manière dont notre société les traite, il est permis d'en douter. Elle admet qu'ils n'ont ni les mêmes besoins ni les mêmes droits que les autres membres de la collectivité puisqu'elle leur refuse le minimum que ceux-ci jugent nécessaire ; elle les condamne délibérément à la misère, aux taudis, aux infirmités, à la solitude, au désespoir. Pour apaiser sa conscience, ses idéologues ont forgé des mythes, d'ailleurs contradictoires, qui incitent l'adulte à voir dans le vieillard non pas son semblable mais un autre. Il est le Sage vénérable qui domine de très haut ce monde terrestre. Il est un vieux fou qui radote et extravague. Qu'on le situe au-dessus ou en dessous de notre espèce, en tout cas on l'en exile. Mais plutôt que de déguiser la réalité, on estime encore préférable de radicalement l'ignorer : la vieillesse est un secret honteux et un sujet interdit. Quand j'ai dit que j'y consacrais un livre, on s'est le plus souvent exclamé : " Quelle idée ! C'est triste ! C'est morbide ! " C'est justement pourquoi j'ai écrit ces pages. J'ai voulu décrire en vérité la condition de ces parias et la manière dont ils la vivent, j'ai voulu faire entendre leur voix ; on sera obligé de reconnaître que c'est une voix humaine. On comprendra alors que leur malheureux sort dénonce l'échec de toute notre civilisation : impossible de le concilier avec la morale humaniste que professe la classe dominante. Celle-ci n'est pas seulement responsable d'une " politique de la vieillesse " qui confine à la barbarie. Elle a préfabriqué ces fins de vie désolées ; elles sont l'inéluctable conséquence de l'exploitation des travailleurs, de l'atomisation de la société, de la misère d'une culture réservée à un mandarinat. Elles prouvent que tout est à reprendre dès le départ : le système mutilant qui est le nôtre doit être radicalement bouleversé. C'est pourquoi on évite si soigneusement d'aborder la question du dernier âge. C'est pourquoi il faut briser la conspiration du silence : je demande à mes lecteurs de m'y aider.

01/1970

ActuaLitté

Philosophie

La vieillesse

"Les vieillards sont-ils des hommes ? A voir la manière dont notre société les traite, il est permis d'en douter. Elle admet qu'ils n'ont ni les mêmes besoins ni les mêmes droits que les autres membres de la collectivité puisqu'elle leur refuse le minimum que ceux-ci jugent nécessaire ; elle les condamne délibérément à la misère, aux taudis, aux infirmités, à la solitude, au désespoir. Pour apaiser sa conscience, ses idéologues ont forgé des mythes, d'ailleurs contradictoires, qui incitent l'adulte à voir dans le vieillard non pas son semblable mais un autre. Il est le Sage vénérable qui domine de très haut ce monde terrestre. Il est un vieux fou qui radote et extravague. Qu'on le situe au-dessus ou en dessous de notre espèce, en tout cas on l'en exile. Mais plutôt que de déguiser la réalité, on estime encore préférable de radicalement l'ignorer : la vieillesse est un secret honteux et un sujet interdit. Quand j'ai dit que j'y consacrais un livre, on s'est le plus souvent exclamé : "Quelle idée ! C'est triste ! C'est morbide ! " C'est justement pourquoi j'ai écrit ces pages. J'ai voulu décrire en vérité la condition de ces parias et la manière dont ils la vivent, j'ai voulu faire entendre leur voix ; on sera obligé de reconnaître que c'est une voix humaine. On comprendra alors que leur malheureux sort dénonce l'échec de toute notre civilisation : impossible de le concilier avec la morale humaniste que professe la classe dominante. Celle-ci n'est pas seulement responsable d'une "politique de la vieillesse" qui confine à la barbarie. Elle a préfabriquée ces fins de vie désolées ; elles sont l'inéluctable conséquence de l'exploitation des travailleurs, de l'atomisation de la société, de la misère d'une culture réservée à un mandarinat. Elles prouvent que tout est à reprendre dès le départ : le système mutilant qui est le nôtre doit être radicalement bouleversé. C'est pourquoi on évite si soigneusement d'aborder la question du dernier âge. C'est pourquoi il faut briser la conspiration du silence : je demande à mes lecteurs de m'y aider". Simone de Beauvoir.

02/2020

ActuaLitté

Histoire de France

Plus noir dans la nuit. La grande grève des mineurs de 1948

Qui s'en souvient ? Fin 1948, la troupe est envoyée dans tous les bassins miniers, réprimer, brutalement, la grande grève des mineurs. Six morts, deux mille arrestations, autant de condamnations à de la prison entraînent autant de licenciements. Or, être viré pour un mineur, c'était tout perdre. La maison, l'école, le médecin, le chauffage, tout appartenait aux puissantes Houillères. Pire encore, dans le Pas-de-Calais, les ouvriers grévistes ont interdiction de travailler dans la région. "Moi vivant, t'auras plus jamais de boulot !", tonne le chef de Georges Carbonnier après sa sortie de prison. Chassé du coron, Georges empile meubles et vêtements sur une charrette à bras et traverse la cité, avec Simone, son épouse et leur bébé. Le début d'une longue errance, pour eux et pour d'autres. Colette et René Lebrun échouent, avec leurs enfants, dans une baraque en bois, sans eau, ni électricité. Norbert et Lucienne Gilmez n'ont plus rien. Jeanne et Henri Couchey emménagent dans un blockhaus désaffecté, ruisselant d'eau et grouillant de souris. Leur crime à tous était le même. Être communistes et grévistes en pleine guerre froide, sans que nul ne se soucie ni de leur grève héroïque, en 1941, contre les nazis, ni de leur ardeur à extraire le charbon à la Libération. Ce livre fait revivre cette histoire oubliée, à travers ceux qui l'ont vécue. Norbert, Colette, Jeanne et les autres, au soir de leur vie, racontent ici leur jeunesse dans ce monde des mines désormais englouti et leur fureur d'avoir été traités en parias. Voici Lucienne, sur le marché de Bully-les-Mines faisant essayer à sa fille un paletot rouge qu'elle ne peut lui payer. Voilà Colette qui, à Vermelles, se lève à 2 heures le matin pour nettoyer des bureaux. Voici Jeanne et Henri, le résistant, le militant qui "en a fait des sabotages contre les Boches !" et en fut si mal récompensé. La retraite venue, Georges et Norbert n'ont pas cessé de réclamer réparation des tourments passés, se heurtant à l'indifférence de tous les gouvernements successifs. Enfin, en 2013, ils obtiennent 30000 euros par famille. "Ce n'est pas assez !" clame Norbert, 92 ans, qui refuse de baisser les bras et continue le combat de sa vie : "Quand j'aurai gagné, je pourrai mourir content !"

03/2014