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Massimo Mattioli

Extraits

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Genres et mouvements

Transalpina, n 26/2023. les mysteres urbains en italie vol. ii : les reecritures du xx? siecle

Etrange histoire que celle des mystères urbains : un genre littéraire qui rencontre un succès extraordinaire au XIXe siècle, à partir de la publication du texte fondateur, Les Mystères de Paris d'Eugène Sue (1842-1843), et qu'on délaisse complètement par la suite, si bien que certains critiques ont pu, sans trop d'hésitations, le déclarer mort et enterré. Mais en est-il vraiment ainsi ? En réalité, il n'est pas impossible de repérer des traces "posthumes" des mystères urbains, des cas de "survivance" même, pourvu que l'on se munisse d'une certaine ouverture d'esprit et d'un regard perçant. La littérature italienne du XXe siècle, sur laquelle porte ce numéro de Transalpina, montre qu'un oubli apparent peut dissimuler une latence féconde : de Massimo Bontempelli et Alberto Savinio à Anna Maria Ortese et jusqu'à Roberto Saviano, d'Italo Calvino à Paolo Zanotti, d'Emilio De Rossignoli à Umberto Eco en passant par Gianfranco Manfredi, pour descendre, au fur et à mesure, vers les créations contemporaines du dessinateur Elfo (Giancarlo Ascari) et de la romancière de science-fiction Nicoletta Vallorani, sans oublier l'écrivain qui, plus que tout autre, semble vouloir faire revivre dans son oeuvre la grande saison des mystères du XIXe siècle, Dino Buzzati, nombreux sont les auteurs – et les artistes – qui se sont inspirés des maîtres, étrangers et italiens, de ce genre, pour écrire l'épopée des bas-fonds de la littérature contemporaine.

09/2023

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Thrillers

Les Somnambules

Trois amis d'enfance. Un crime partagé. Jusqu'où iront-ils pour préserver ce secret ? La Via Appia, à l'aube, déserte. Massimo Caccia descend vers Rome comme tous les matins lorsqu'il est percuté par une Range Rover qui le dépasse en trombe avant de disparaître. Premier avertissement. Deux jours plus tard, c'est la fille de Gabriele Leonetti, son ami d'enfance, qui est enlevée. Deuxième avertissement. Quant à Dario Damiani, le troisième ami, aujourd'hui ministre, sa fête d'anniversaire est brusquement interrompue par les services de sécurité à la suite d'un étrange incident. Troisième avertissement. Advient alors ce qu'ils redoutaient tous les trois depuis toujours. Ils avaient cru s'en être sortis, mais vingt-cinq ans plus tard, la nuit terrible de l'été de leurs 18 ans revient les hanter. Et lorsque la vérité de leur crime resté impuni risque d'éclater, c'est l'amitié d'autrefois qui éclate elle aussi. Ce sont désormais des hommes qui ont une position sociale, une réputation et une famille à défendre. Pour sauver leur présent, ils sont prêts à tout, même à l'impensable. Fuite en avant fatale, destins croisés et retournements : dans ce nouveau thriller lancé à cent à l'heure dans les rues de Rome, Gilda Piersanti démonte l'engrenage d'une violence irréversible et dévoile le retour des manipulations de jeunesse qui enfoncent ses protagonistes dans une spirale noircie par la trahison, le ressentiment et même la haine.

04/2022

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Revues de cinéma

Cahiers du cinéma N° 793, décembre 2022

Alors que les successifs confinements ont rendu plus visibles une série de bouleversements dans la création et la diffusion cinématographique, les Cahiers ont voulu s'emparer de cette crise et, suite à l'appel à des états généraux du cinéma du mois d'octobre, faire un point sur la situation du cinéma d'auteur en France. Ce numéro donne des perspectives critiques pour s'éloigner des diktats et conclusions trop rapides du box-office. Pour cela, on interroge des cinéastes, des spécialistes économiques, on retrace le parcours de la production et la distribution de films récents importants pour la revue, mais surtout on regarde les films français qui ont marquée cette année, et ce qu'ils nous disent sur leur propre fabrication et leur vision du monde et de la société française. Et pour ce dernier numéro, on vous dévoile les tops 10 de la rédaction, dévoilant quel est le plus beau film de 2022 pour les Cahiers du cinéma. Sans oublier des nombreuses critiques, certaines accompagnées des entretiens, sur les films importants qui arrivent dans les salles ce mois-ci, comme Le Parfum vert de Nicolas Pariser, Poet de Darezhan Omirbaev, She Said de Maria Schrader, Les Années super 8 d'Annie Ernaux et David Ernaux-Briot, Godland... Ainsi que l'actualité des ressorties, DVDs, livres, où il est question d'Ernst Lubitsch, Marie-Claude Treilhou, Dennis Hopper, ou encore de l'extraordinaire Anna d'Alberto Grifi et Massimo Sarchielli, dont la restauration est un véritable événement cinématographique.

12/2022

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DCG1 Introduction au droit

Expert DCG Année 1re année. UE 1, UE 8, UE 9, Edition 2023-2024

Les études de cas proposées en DCG et DSCG sont des mises en situation concrètes et progressives, tirées de cas réels, invitant l'étudiant à réinvestir les savoirs acquis dans le cours (en présentiel ou dans un manuel si candidat libre) : compétences testées, points de méthodologie et conseils des examinateurs, pistes de corrigés intégrant des rappels du cours, nombreux schémas et tableaux de synthèse. Les matières suivent le découpage de l'enseignement dans les lycées (l'essentiel des prépas), soit 3 à 5 UE par ouvrage (un ouvrage = une année). Pour chaque UE, 3 à 5 sujets types d'examen (même forme qu'à l'examen : barème, durée...) sont proposés, soit 15 à 20 pour chaque titre.

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DCG1 Introduction au droit

1re année DCG. Tout l'entraînement DCG 1, DCG 8, DCG 9, Edition 2021-2022

Les études de cas proposées en DCG et DSCG s'inscrivent dans l'esprit de la réforme. Ce sont des mises en situation concrètes et progressives, tirées de cas réels, invitant l'étudiant à réinvestir les savoirs acquis dans le cours (en présentiel ou dans un manuel si candidat libre) : compétences testées, points de méthodologie et conseils des examinateurs, pistes de corrigés intégrant des rappels du cours, nombreux schémas et tableaux de synthèse. Les matières suivent le découpage de l'enseignement dans les lycées (l'essentiel des prépas), soit 3 à 5 UE par ouvrage (un ouvrage = une année). Pour chaque UE, 3 à 5 sujets types d'examen (même forme qu'à l'examen : barème, durée...) sont proposés, soit 15 à 20 pour chaque titre.

11/2021

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Thérapies familiales

L'enfant, une ressource dans la thérapie familiale. Séminaires de Maurizio Andolfi

Les symptômes présentés par un enfant trouvent toujours leurs origines dans une problématique familiale ! Selon Maurizio Andolfi, le thérapeute ne doit pas se focaliser sur les difficultés de l'enfant, mais explorer l'histoire de sa famille, en particulier les événements pesants voire traumatiques qui l'ont marquée au fil des générations. Dans cette perspective l'enfant devient un sujet compétent qui guide le thérapeute dans son univers relationnel, constituant ainsi une ressource active au service de la famille et de la thérapie. Les théories systémiques et la thérapie familiale ont été riches d'enseignement durant ces quarante dernières années. Pourtant, peu nombreux sont les thérapeutes qui considèrent l'enfant comme une ressource réelle. Exceptionnellement convié aux séances, peu sollicité, il est trop souvent considéré comme gênant dans la rencontre avec les adultes.

06/2023

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Religion

Don Giussani. Son expérience de l´homme et de Dieu

Don Luigi Giussani est considéré comme "l'un des éducateurs les plus importants du XXe siècle", ayant eu un impact profond sur la vie de nombreuses personnes. Massimo Camisasca, qui l'a accompagné pendants plusieurs décennies, esquisse sa figure à travers la description de l'oeuvre et ses idées. Son enseignement s'articule autour des thèmes qui l'accompagneront tout au long de son itinéraire d'homme et d'éducateur, dans un approfondissement continu : le sens religieux et la nature raisonnable de la foi, l'hypothèse et la réalité de la Révélation, la pédagogie du Christ dans sa révélation, la nature de l'Eglise en tant que continuité de la présence du Christ dans l'histoire jusqu'à aujourd'hui. Ce que reprennent les 15 chapitres de "Don Giussani, son expérience de l'homme et de Dieu". Plus qu'une biographie au sens classique, c'est une "biographie spirituelle" que Mgr Camisasca offre de Don Luigi Giussani. Avec celle-ci, il souhaite le rendre accessible " à ceux qui ne l'ont pas connu, à ceux qui n'ont pas eu la chance de l'entendre parler, de passer du temps avec lui ou de lire ses livres ". Une des vocations de Don Giussani a été son sens de l´éducation. "L´éducation est ce qui resume son existence. C'est pourquoi il n'est pas un seul de ses écrits qui ne parle d'éducation, et surtout il n'est pas une seule de ses interventions qui n'ait été animée par l'intention d'influer de façon décisive sur la vie d'autres personnes".

05/2019

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Histoire de la gastronomie

Cuisine et spiritualité. Récits de chefs, moines, cueilleuses et bouddhistes zen

" Quand la salle à manger s'est éteinte, j'ai redécouvert le pouvoir de la cuisine en tant que langage " , raconte Daniel Humm, un des plus grands chefs du monde. La pandémie, mais aussi la crise climatique et de manière générale, la faillite de notre système agroalimentaire ont incité de nombreux cuisiniers - de Massimo Bottura à Alain Ducasse - à repenser leur métier et la manière dont nous nous nourrissons. En tendant l'oreille, nous pourrions entendre le murmure d'une tomate et s'en inspirer, d'après le Japonais Toshio Tanahashi, surnommé the Veg Whisperer et consultant d'enseignes étoilées ; aussi puissant que délicieux, le rituel du thé au lotus serait un symbole de l'éveil de notre conscience, selon la nonne-philosophe et cuisinière coréenne Jeong Kwan... Ainsi la cuisine se transforme en un langage universel qui relie, à travers de nombreux rites, les hommes à la nature, les vivants à l'au-delà, le passé à l'avenir, des cultures que tout semble opposer. A travers des pratiques comme la cueillette sauvage, la méditation, la fermentation ou le baru gongyang, ce repas rituel des bouddhistes zen coréens ; en passant de Paris à Séoul, de New York au Jura suisse ; d'une fricassée de shiitakés légèrement caramélisés à un sorbet vert émeraude aux feuilles de poivre sansho, ce livre nous fait pénétrer dans les cuisines de plusieurs figures culinaires et spirituelles, d'hier et d'aujourd'hui, ces ambassadeurs qui se sont donné pour mission de redonner un sens à notre alimentation. Nourrir le ventre ainsi que l'âme, allier engagement et don de soi.

11/2023

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Beaux arts

Chastel et l'Italie 1947-1990. Lettres choisies et annotées

Couvrant près de quarante ans, la correspondance échangée entre André Chastel (1952-1990) et de nombreux historiens de l'art, historiens, philologues et artistes italiens témoigne de la richesse des relations nouées avec l'Italie dès l'immédiat après-guerre. Glanés dans les archives Chastel de la bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art à Paris ainsi que dans celles de ses correspondants en Italie, ces écrits évoluent, passant petit à petit de simples courriers administratifs à de véritables débats scientifiques, allant même jusqu'à offrir des témoignages d'amitié vraie entretenue avec Roberto Longhi, Giuliano Briganti, Sergio Bettini ou Enrico Castelnuovo. Ils documentent tout autant l'engagement de Chastel en faveur d'un renouveau de l'histoire de l'art en France que l'intérêt porté parallèlement aux approches méthodologiques de ses collègues italiens, de Roberto Longhi à Bernard Berenson, en passant par Carlo Ludovico Ragghianti, Eugenio Garin et Sergio Bettini. Ils nous renseignent également sur la réception de ses travaux en Italie, comme dans le cas de son Art italien (Paris, Larousse, 1956), traduit et publié dès 1957 grâce à Roberto Longhi. S'y manifeste également son engagement pour la défense du patrimoine, notamment dans le cadre de sa participation au rayonnement du "Centro internazionale di studi di architettura Andrea Palladio " de Vicence. Bien au-delà du milieu des historiens de l'art, ce "dialogue" de Chastel avec l'Italie invite aussi les personnalités les plus en vue de l'époque, tels Mario Praz, Vittore Branca, Italo Calvino et Federico Fellini, et révèle, dans les lettres adressées aux peintres Massimo Campigli et Zoran Music ou au photographe Milton Gendel, des aspects inédits des réflexions de Chastel.

03/2020

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Littérature française

Orient-Express Tome 2

A nouveau réunis dans un train de luxe qui emmène cette fois vedettes de cinéma, artistes, journalistes et stars du Tout-Paris d'aujourd'hui jusqu'à Istamboul, où aura lieu la première mondiale du film qu'on a tiré des souvenirs de Paul de Morley, l'ambassadeur et Lise retrouvent des visages et des souvenirs qui sont ceux de la nostalgie et de l'aventure. De l'intrépide Isabelle Stroumza, perdue dans un train bloqué par la neige en Roumanie, à Natalia, la ballerine brisée, ce sont autant de regards farouches ou désespérés qui passent devant nous, au gré des haltes et des paysages. Et tandis que ce train de luxe roule lui-même vers d'autres aventures - quel mystère, encore, au bout du voyage ? - les destins se nouent. Celui d'Irène, la femme laide, qui aime à Vienne jusqu'au crime, et celui de Sonia, la Berlinoise de vingt ans qui va refuser l'ordre nazi. A leurs côtés, beaucoup d'autres, déchirantes ou ironiques : Bianca et Massimo, les jumeaux pâles d'une Venise noire ; Margareth, guide trop zélée d'un écrivain français égaré dans l'Allemagne en guerre ; ou Carla, fille d'une chanteuse illustre qu'on retrouve à Vienne, à mendier dans les ruines. Comme Orient-Express I, c'est toute la nostalgie d'un temps révolu que Pierre-Jean Remy raconte avec délices au rythme de ces trains légendaires eux aussi disparus qui allaient de Sofia à Berlin et de Vienne à Venise. Et plus encore peut-être qu'Orient-Express I, Orient-Express II est un livre magique où l'aventure et l'amour finissent toujours par se retrouver dans de miraculeuses descriptions de palais baroques, de gares perdues, de foules déchaînées et de trains de luxe qui nous entraînent très loin sur les chemins du rêve et de l'évasion.

06/1984

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Revues

L'atelier du roman N° 104, mars 2021 : Désir d'ailleurs : désir de liberté ? VIIe Rencontre de Thélème

PAS de liberté, me semble-t-il, sans une part de clandestinité. Il y a un bonheur à se trouver où personne ne sait que l'on est, où l'on n'est connu de personne. C'est pourquoi est si décevant et pénible le tourisme industrialisé qui nous vend des "destinations". François Taillandier. Jean-Jacques Rousseau nous engageait déjà, de son temps, à nous méfier de ces "grands" explorateurs qui prétendent aller étudier les moeurs d'habitants de contrées lointaines à défaut d'éprouver la moindre empathie pour leurs voisins immédiats. Denis Grozdanovitch. STEVENSON et Conrad, Pierre Benoit et Schoendoerffer, venez à notre secours ! Arrosez-nous d'un grand seau de réalité glacée et vivifiante ! Vive l'ailleurs ! Slobodan Despot. DANS Le Roman de Londres de Milos Tsernianski il y a une implacable description de ce que l'existence individuelle a dû abandonner parmi les ruines de la guerre. Massimo Rizzante. DANS Alger, rue des Bananiers, Béatrice Commengé a échappé aux deux défauts, celui d'une poésie affectée et celui d'une narration conventionnelle. Elle a choisi assurément une voie plus difficile, mais littérairement plus sûre, si paradoxale que paraisse cette double qualification. René de Ceccatty. SI Dieu ne nous aide pas, Alexandre Steiger non plus. Car il sait "garder ses distances" vis-à-vis de la réalité sans tomber dans les travers d'une consensuelle et positive apologie, pas même d'une simple acceptation. Patrick Carneau. DANS sa tentative de résurrection des antiquités polynésiennes, Segalen reprend le langage soutenu que Flaubert avait déjà utilisé dans Salammbô, paru en 1862. Les Immémoriaux tropicalisent Salammbô, le déplaçant de Carthage àTahiti. Riccardo Pineri. GUIDES par le sourire narquois et l'humour praguois de Danny, Les Lâches de Josef Skvoreckÿ explorent l'infime frontière entre sens et futilité, entre être et paraître, entre sérieux et comique. Florian Beauvallet. BRASSERIES, je vous aime et vous me manquez. Tenez bon, car la vie, pour moi, ne recommencera vraiment qu'au moment de franchir à nouveau votre porte à tambour. Benoît Duteurtre.

03/2021

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Archéologie

L'incroyable odyssée du grand obélisque d'Axoum

Ce dossier d'Histoire captivant nous plonge au coeur de l'Afrique, pour un voyage dans le temps qui nous enseigne avec passion sur une part méconnue du Patrimoine universel. Dans le nord de l'Ethiopie, la partie sub-saharienne du pays, une part importante du Patrimoine de l'Humanité gît sous terre, resté le même depuis plus de deux mille ans. Dans la zone archéologique les grands obélisques, magnifiquement décorés, marquent les tombes royales, témoignages de croyances en l'au-delà. Ces monolithes, les plus grands jamais travaillés par la main de l'homme, peuvent dépasser le poids de cinq cents tonnes. De cette grandeur passée nous reste un nom, Axoum " l'endroit où il y a beaucoup d'eau ". Berceau d'une mythologie millénaire associée aux légendes de la reine de Saba et de l'Arche d'Alliance, de l'antique Axoum ne demeurent que les majestueuses stèles funéraires qui y furent érigées et les importants monuments liés à l'arrivée du christianisme dans le pays dès le début du 4e siècle. La ville devint ainsi le berceau de l'Eglise orthodoxe éthiopienne jusqu'à nos jours. Un de ces obélisques, haut de 24 mètres, trouvé brisé en cinq morceaux sur le sol, pesant près de deux cents tonnes, fut transporté à Rome en 1937 sur ordre de Mussolini. Après moult péripéties il fut érigé à la gloire du " Nouvel Empire romain ", en face de l'ancien Ministère des Colonies, à proximité du Circo Massimo. L'obélisque restitué a retrouvé sa haute valeur symbolique et politique le 4 septembre 2008, exactement à l'endroit où il fut trouvé en 1935. Suite à des engagements pris par le gouvernement italien, ce monument a rejoint sa place originale, au milieu du champ de stèles d'Axoum. Cet ouvrage nous raconte l'incroyable odyssée d'un monument-symbole. Il nous rappelle un siècle d'histoire des idées, protagoniste d'une lente prise de conscience du respect dû au Patrimoine culturel universel, de sa conservation et de sa restitution au pays d'origine.

06/2022

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Sociologie

Durkheim fut-il durkheimien ?

« Durkheim fut-il durkheimien ? » La question, que pose Raymond Boudon en conclusion du colloque organisé par l’Académie des Sciences morales et politiques à l’occasion du 150e anniversaire de la naissance de Durkheim, a de quoi surprendre. Il s’en explique ainsi : « Je me suis souvent demandé quels principes régissaient l’interprétation des textes. À première vue, le cas des textes scientifiques paraît plus simple que celui des textes littéraires. Mais, à tout prendre, je n’en suis pas si sûr et je me sens parfois déconcerté par l’assurance avec laquelle les commentateurs donnent à croire que leurs interprétations présentent la pensée de tel auteur telle qu’elle est supposant par là qu’il est aussi facile de décrire une pensée qu’une chaise ou une pipe. » Si Durkheim et Max Weber, les deux fondateurs de la sociologie, n’ont jamais connu une audience comparable à celle de Marx ou Freud, c’est sans doute que leurs pensées étaient moins aisément susceptibles d’être caricaturées, même si elles le furent. Ainsi on peut s’interroger pour savoir si Durkheim se serait reconnu dans les assertions de certains de ses lecteurs qui assignent à sa pensée un strict « causalisme ». Les deux pères de la sociologie moderne offrent des outils bien plus subtils pour l’analyse des sociétés et des relations entre l’individu et la société. Mais comme c’est le cas de beaucoup de pionniers, ils ont exprimé leurs intuitions novatrices d’une façon qui passe parfois pour incertaine aux yeux du lecteur moderne. C’est donc à une (re)lecture attentive de l’œuvre de Durkheim – ou mieux, des œuvres de Durkheim – que Raymond Boudon a invité 12 universitaires français et étrangers afin de tenter de retrouver la vigueur, la justesse et le caractère novateur de sa pensée. Ont participé à ce volume : Jean Baechler (Académie des Sciences morales et politiques), Pierre Birnbaum (Université Paris I Panthéon-Sorbonne), Raymond Boudon (Académie des Sciences morales et politiques), Massimo Borlandi (Université de Turin), François Chazel (Université Paris-Sorbonne, Paris IV), Mohammed Cherkaoui (CNRS, Université Paris-Sorbonne, Paris IV), Hans Joas (Université de Freiburg-im-Brisgau, Université de Chicago), Steven Lukes (New York University), Philippe Raynaud (Paris II Panthéon-Assas, EHESS), Bertrand Saint-Sernin (Académie des Sciences morales et politiques), François Terré (Académie des Sciences morales et politiques).

09/2011

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Histoire des idées politiques

Analyse de la déraison

Sous le titre d'Analyse de la déraison, le choix des quelque 71 textes de ce volume, rédigés de 1945 à la fin des "? Trente Glorieuses ? ", entend rendre justice à une oeuvre décisive de philosophie politique. Loin de s'en tenir à la publication d'ouvrages philosophiques d'importance, Augusto Del Noce n'a cessé de prendre part aux débats de son temps, afin de discerner de quel fond et de quelle histoire idéologiques provenaient les choix progressifs de la société contemporaine, et quelles pouvaient en être les conséquences. L'analyse de la ressemblance et parfois de la concomitance entre le fascisme et un certain antifascisme, la définition du totalitarisme aux multiples visages, souvent inattendus, la description des conséquences auxquelles mène une "? société permissive ? " (point sur lequel Del Noce se trouve d'accord avec un esprit qui pourrait sembler au regard français son adversaire le plus diamétralement opposé, Pasolini), la généalogie des étranges alliances ayant permis l'émergence progressive de cette société (de Sade au surréalisme et au marxisme, dans le dépassement-accomplissement que leur donne à chacun, paradoxalement, la société bourgeoise par sa propre expansion - ce que Del Noce comme Pasolini appellent le totalitarisme de la dissolution), voilà autant de points sur lesquels la lecture de Del Noce est éclairante et décisive pour notre temps. Pour aider le lecteur à le mesurer, il a donc paru utile de lui proposer, sous la guise d'articles de presse, un parcours dans la pensée de l'auteur ? : études serrées de généalogie historico-­philosophique (ainsi à propos du surréalisme, de la "? révolution sexuelle ? " ou du "? nouveau totalitarisme ? "), réflexions sur l'actualité (le "? colonialisme à l'envers ? ", le terrorisme), monographie sur un concept central, l'autorité, et les raisons de sa mécompréhension contemporaine, engagements argumentés sur une question, celle du divorce, qui est loin de se réduire à la problématique spécifiquement italienne dans un pays concordataire, mais qui révèle en acte, pour ainsi dire, les questions de rationalité ou de manquement à la rationalité que nos sociétés contemporaines font paraître, par l'intermédiaire d'un auteur cherchant à fonder la modernité en renvoyant dos à dos "? pensée réactionnaire ? " et "? progressisme ? ". L'oeuvre que poursuivait Del Noce est bien celle, aussi problématique que féconde, que Massimo Borghesi, en 2011, appelait "? la légitimation critique de la modernité? ".

06/2023

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Italie

Leone Ginzburg, un intellectuel contre le fascisme. Suivi de Entretiens avec Giovanni de Luna, Paola Agosti et Martin Rueff

Leone Ginzburg (1909-1944) fonde en 1933, avec Giulio Einaudi et Cesare Pavese, les éditions Einaudi. Il meurt de sa radicalité en 1944, assassiné par les nazis. Il a inscrit la culture comme premier front de l'antifascisme. Florence Mauro raconte sa vie tirée comme un trait droit et sans bavure, sans aucune compromission, marquée par l'exigence intellectuelle. A la fin des années 1920 à Turin s'était formé un groupe de jeunes, au lycée d'Azeglio et ensuite à l'université. Leur maître Augusto Monti disait qu'il leur enseignait Dante et la politique. Les élèves se nommaient : Leone Ginzburg, Cesare Pavese, Noberto Bobbio, Massimo Mila, Vittorio Foa, Mario Lévi. Leone Ginzburg (1909-1944) est apparu très vite comme la figure émergeante de ce groupe par son attitude morale exemplaire, tant sur le plan intellectuel que politique. En 1933 il fonde, avec Giulio Einaudi et Cesare Pavese, les éditions Einaudi : en 1937 et 1938, il y installe les grandes collections, historiques, scientifiques, et les traductions de la littérature européenne : lui-même, d'origine russe et russophone, traduit les auteurs russes ou révise des traductions (Gogol, Tolstoï, Pouchkine, Dostoïevski, Tourgueniev) tandis que Cesare Pavese traduit les textes les plus novateurs de la littérature américaine (Sinclair Lewis, Herman Melville, John Dos Passos, Gertrude Stein...). De 1941 à 1943, condamné par le régime fasciste à la relégation dans un petit village des monts des Abruzzes, il écrit sans cesse pour la " Casa " Einaudi, et exige l'excellence du travail éditorial. Dans une incessante revendication de ses positions antifascistes, Ginzburg est mort de sa radicalité en 1944, à la prison romaine de Regina Coeli, assassiné par les nazis. Avec une écriture impliquée, Florence Mauro raconte la vie de Leone Ginzburg tirée comme un trait droit et sans bavure, sans aucune compromission, marquée par l'exigence intellectuelle. Par sa lutte jamais relâchée pour la liberté d'écrire, de traduire, d'enseigner, de transmettre, il a contribué à maintenir un rempart indispensable contre la montée d'une société totalitaire. L'autrice remet en lumière son intransigeance et sa radicalité face aux événements contemporains de sa génération. Il est un modèle qui parle aujourd'hui et enseigne à ne pas manquer de vigilance. Elle transmet au lecteur d'aujourd'hui son empathie pour le personnage de Leone Ginzburg qui devient par moments héros de roman : elle l'imagine dans une quotidienneté, avec ses camarades de lycée dans les cafés de Turin, ou avec sa famille dans le confino des Abruzzes où il est exilé par le pouvoir fasciste. Elle le met en scène, se fondant sur des écrits retrouvés, des témoignages, des archives. Elle décrit ses enquêtes dans les archives à Turin et à Rome, ses déambulations sur les pas de Leone Ginzburg, ses rencontres avec des témoins ou des historiens. A travers le geste d'écriture, Leone Ginzburg inscrit la culture comme premier front de l'antifascisme. Pour lui tout acte de langage devient acte politique. Comment des articles écrits dans la célèbre revue La Cultura - reprise par la Casa Einaudi - apparaissent-ils comme les mots les plus engagés de la Résistance ? Comment la Casa Einaudi est-elle au coeur, dès sa création, d'un des enjeux essentiels de la démocratie, du renouvellement d'un patrimoine qui a fondé un pays, et de sa très nécessaire leçon de résistance à venir ? Il est à noter que l'épouse de Leone, Natalia Ginzburg, née Natalia Levi, a été une grande écrivaine. Leone et Natalia ont eu trois enfants dont Carlo Ginzburg le célèbre historien pionnier de la micro-histoire et historien de l'art.

09/2022

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Histoire de France

Intercenales/petites pièces à lire entre convives

Ces Petites pièces à lire entre convives illustrent, au sein de l'oeuvre latine si diverse d'Alberti (1404-1472) - d'abord plus connue pour ses dialogues de morale et ses traités techniques et théoriques -, la veine du serio ludere, cet art d'inspiration lucianesque qui a été si bien défini par Roberto Cardini dans Alberti o della nascita dell'umorismo moderno (1993). Ce dernier recueil ne fut jamais totalement achevé. Il resta, jusqu'à la mort de son auteur, in fieri, tel une sorte de laboratoire de l'invention, voire de l'expérimentation poétique, et par suite connut une fortune éditoriale des plus mouvementées. Eparpillées en divers manuscrits, les pièces qui le composent ne figureront pas dans la première édition des petites oeuvres latines publiées par Massimi autour de 1500 : il faudra attendre la fin du XIXe siècle pour que Girolamo Mancini publie en 1890 les deux premiers livres et le quatrième (le Defunctus et l'Anuli) et le XXe siècle pour que Cecil Grayson publie Uxoria. C'est seulement un hasard providentiel du dernier après-guerre (la découverte, dans les combles du couvent des dominicains de Pistoia, d'un manuscrit contenant les livres IV à X), qui permettra de se former pour la première fois une idée approchante de l'oeuvre intégrale. L'édition partielle des Intercenali inedite par Eugenio Garin (1964 et 1965) sera suivie à brève distance de l'édition des dix livres avec traduction anglaise de David Marsh (1987) et de deux éditions italiennes, de I. Gaghella (1998) et de F. Bacchelli-L. D'ascia (2003). Approfondissement de l'édition critique insérée dans le volume des Opere Latine publiées en 2010 (Roma, Istituto poligrafico) où elle est suivie de la traduction italienne de M. Letizia Bracciali Magnini, la présente édition, accompagnée en vis-à-vis par la traduction française de Claude Laurens qui conserve à ces textes toute leur vivacité et alacrité, est la première qui débrouille l'écheveau inextricable de la tradition, la seule qui soit fondée sur une hypothèse d'ensemble et sur la collation complète des témoins dont les rapports réciproques sont discutés dans l'Introduction générale consacrée tout entière à la prodigieuse génétique du texte (et qui, à cet égard fera date), ainsi que dans les introductions à chacune des pièces ; la seule aussi qui reproduise l'agencement (succession des livres et ordre des pièces à l'intérieur de chaque livre) du manuscrit P, lequel conserve, pour autant qu'on puisse le savoir, la rédaction "ultime" des Intercenales. Chaque texte a été pour la première fois subdivisé en paragraphes qui répondent à des scansions logiques, mais les portions de textes ainsi délimitées sont en général brèves, de façon à faciliter la triangulation parfois très complexe entre le texte et sa justification philologique et son commentaire qui occupent le deuxième tome. Dans le deuxième tome qu'il pourra ouvrir commodément à côté du premier, le lecteur trouvera, donné dans l'ordre des pièces, l'apparat critique, précédé pour la première fois, pour la vingtaine de textes transmis en rédactions multiples, par l'apparat rédactionnel. Suit, pour chacune d'elles, un vaste commentaire, mis en français, comme la grande Introduction, par Frank La Brasca, et fruit lui aussi de recherches de première main pour répondre aux objectifs suivants : la discussion sans complaisance des principales conjectures proposées par ses prédécesseurs et parfois aussi repoussées ; l'attention aiguë portée aux faits de langue, le latin d'Alberti mêlant, même si elles ont des poids différents, toutes les phases de la latinité ; le "démontage des textes" mettant à jour le travail de mosaïque théorisé ailleurs par l'auteur et permettant de mesurer le taux d'originalité de compositions nourries de culture antique ; mais aussi l'intertextualité interne, voire les autocitations - Alberti étant un de ces auteurs qui se sont constamment réécrits eux-mêmes ; enfin l'identification par un des meilleurs connaisseurs des genres et des styles qu'il expérimente dans une oeuvre placée, on le vérifiera avec délices, sous le signe de la varietas.

02/2018

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Poésie

Les litanies de la Madone & autres poèmes spirituels. Edition bilingue français-italien

En ce temps-là, à la fin de xixe siècle, pour l'atteindre, le voyageur descendait à Aquilée, avant d'emprunter de lourds landaus et le vaporino, dans les sinuosités d'un cours d'eau et de canaux à travers la lagune. Alors, au terme d'un itinéraire en soi, isolé du monde, hors du temps et voilé jusqu'au dernier instant, se découvrait l'île de Grado, lambeau de terre et de sable, balayé par les vents, sous le soleil et sur le merveilleux miroir azuré de la mer et du ciel. Là, sur cette île, fille de la jadis puissante Aquilée et mère de Venise, où la vie, depuis des siècles, a ralenti, jusqu'à s'arrêter presque, et où quelques pêcheurs habitent de modestes maisons ou des cabanes de paille ou de roseaux sur des saillies de boues argileuses, les casoni, au milieu de ces visages sur lesquels le dur labeur a gravé rides et sillons de fatigue, d'êtres qui savent à peine lire, d'humbles et d'humiliés à la foi solide, ardente, naît le poète Biagio Marin (1891-1985). De 1912 à sa mort, son oeuvre ne cessera de chanter ce monde. Lumière et voix, luse et vose, de même que la liturgie, les hymnes, les psaumes, écho des patriarches anciens, les chants d'amour et de louange, la récitation du rosaire et les rites ancestraux, parmi lesquels la procession à Barbana, le perdón, fascinent Marin. Ses vers, à de rares exceptions, sont en dialecte de Grado (gradese), un dialecte séculaire, au développement comme à l'arrêt, qui n'est plus le frioulan et pas encore le vénitien. Les consonnes, liquides et douces, y transforment le t italien en d (duto pour tutto), le c en s (baso pour bacio, ou crose pour croce), ou le v en b (bose ou vose pour voce)... Les douleurs se disent duluri et non dolori ; le nid : nío et non nido ; les vents : vinti et non venti... Et de longues voyelles tendent à suspendre tout écoulement. En ce dialecte se donnent les thèmes de Marin : la mer, matricielle (mar, la mer ; mare, la mère), et les bancs de sable (dossi), le soleil (sol) et les nuages (nuòlo), parfois orageux (nenbo), la lumière (luse) et quelques couleurs, où resplendissent le bleu intense de l'azur (selesto ou asuro), le turquin, le rouge, l'or et le blanc, et qui rarement se mélangent, mais sont, d'après Pier Paolo Pasolini, " utilisées "pures", chacune dans sa zone, pour constituer un paysage absolu et complètement poétisé ". Ajoutons-y les bateaux, trabacs, bragozzi et vaporini, quelques gemmes et autant de fleurs, au nombre desquelles la rose, sur le rosier ou dans la roseraie (rosèr), et l'on aura une idée presque complète de ce qui fait le socle de la plupart des poèmes. Certes, Marin a traversé le xxe siècle, en a connu quantité de mouvements, de courants et d'avant-gardes artistiques, en a vécu les barbaries et en a consigné, dans ses carnets, bien des sollicitations, au point selon Carlo Bo de s'identifier avec son époque, mais son oeuvre est restée identique à elle-même, insulaire, d'un seul bloc, de son commencement à sa fin. Immobile, immuable est cette oeuvre, par ses thèmes, brodant sur les mêmes paysages et les mêmes valeurs, sur d'identiques motifs, aussi ténus que les avancées du temps, mais aussi par ses mots invariants, quelques centaines tout au plus, moins d'un millier assurément, et dans sa forme, célébration du quatrain, ce paradigme de l'expression populaire. Une circularité, une permanence en résultent. Aussi la litanie est-elle leur genre, en miroir des siècles et des années aussi inconsistants, interminables, que les heures : le " non-temps " de la mer, du ciel et de la lagune. La langue, anoblie, semble défaire les liens du poème avec l'Histoire, la culture et la vie sociale, mais celles-ci font puissamment retour par le dialecte et par les rites des gens de l'île. " Profonds, les thèmes qui parcourent la poésie de Marin, d'une valeur éternelle pour tous les hommes : la fraîcheur de la nature toujours résurgente, l'affectivité de ses différentes intensités et nuances, le scintillement de l'"occasion" en laquelle semble se manifester un simple prodige et pourtant des plus rares, le ciel et la mer comme réalité, métaphores d'une immanence divine qui se dépasse en halos de transcendance, le murmure des voix de la quotidienneté perçu comme une constante et imperceptible musique ", commente Andrea Zanzotto. Dès lors, le principe de cette oeuvre poétique est le dénuement, l'abrégé des contenus du monde, la réduction de la variété de celui-ci à quelques signes essentiels : rares éléments ou mots, à l'identique, du moins en apparence, comme dans une cérémonie à vif. Le vocabulaire pauvre, choisi, ferait même de Marin, selon Pasolini, un poète pétrarquien, et non dantesque, élargissant dans le champ sémantique et syntaxique, par des combinaisons toujours renouvelées, ce qu'il restreint dans le champ lexical. D'où une conciliation des contraires, et une si chrétienne coïncidence : la pauvreté promet la richesse, l'agrandissement immense, au point de faire de Grado un modèle de l'univers entier, d'une totalité achevée et parfaite. Car Grado et le monde, c'est tout un. Une telle distension imite, " par essentialité " commente encore Pier Paolo Pasolini, le sentiment religieux. En 1949, Marin publie la première édition des Litanies de la Madone, un recueil composé à partir de 1936, et qu'il n'avait pas souhaité rendre public auparavant, pour éviter toute méprise sur sa " laïcité " - à l'instar du Rossignol de l'église catholique de Pasolini. C'est un chant de louange à la mère, la sienne, bien sûr, du nom de Marie, et qui mourut jeune de tuberculose, et les autres qui se sont brûlées au service de Dieu et de leurs prochains. L'image, si humaine, de la Madone, presque adolescente, tendre et proche, dans sa maternité, de la sensibilité populaire, célèbre avec Marin la créativité de Dieu. " Dans l'itération des apostrophes latines, selon la tradition mariale qui résonnait en lui depuis l'enfance, vibrent les anciens rites populaires de l'île de Grado, les prières chorales dans la grande basilique de Sant'Eufemia, le culte de la Madonna delle Grazie, la ritualité séculaire de la procession votive des bateaux de la région à la Madone de Barbana, le rosaire privé des femmes, et lui se distrait en suivant un rayon de soleil ; parmi elles, la grand-mère qui prend soin de lui, orphelin ; et se détache, des années lointaines, l'image de la mère perdue trop vite, lui laissant à peine le souvenir d'un petit visage souriant penché sur lui, avec ses boucles blondes et ses yeux bleus, et l'écho perdu de douces paroles que le temps a consumées ; et un regret sans fin ", écrit Edda Serra, l'éminente spécialiste de l'oeuvre marinien. Pourtant, s'élevant contre l'Eglise, dont il n'accepte ni l'institution, matérialiste, sinon idolâtre, ni la discipline, ni les sacrements, Marin révoque le " sacerdotalisme ", qui serait devenu plus que Dieu, comme dans la légende du Grand Inquisiteur de Dostoïevski. A l'inverse, dans ses rituels d'identification de soi et du monde, qu'il soit minéral, végétal, animal ou humain, depuis la plus humble amibe et jusqu'à l'être le plus philosophe, le plus poète ou le plus saint, il tend à l'union de l'île et du sujet poétique, résolvant voluptueusement, par un sensualisme chaud, avec ivresse, l'autobiographie dans des paysages, sous la lumière de la Création. Sous une telle lumière, ce que chante la poésie, c'est ce que le philosophe Massimo Cacciari appelle la " liesse ", qui lui confère sa force, et dont les symboles sont le vol, les cieux, les oiseaux et les nuages, la proue du navire menant au loin, le blanc, pour fuir la mort et faire le désespoir léger. Chant du peu de terre, de la ligne incisive qu'est l'horizon marin, de la lagune ouverte, plongée dans le grand silence des cieux, du soleil et de l'orgue des vents invisibles, du vol des nuages, de leur rougeoiement au couchant et de leur dissolution sous l'éclat de Midi, de l'été à l'air chaud et léger, consolant l'âme de sa tristesse et de sa solitude (solitàe), et tendant au néant (ninte) de l'expérience mystique, le creuset ardent de la vie manifesterait alors davantage que la puissance et la gloire de Dieu, son amour, et notre misère si nous nous éloignons de Lui.

10/2020