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Innocent Himbaza

Extraits

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Généralités

Les conquistadors

Une vision renouvelée des conquistadors et de leur épopée qui a changé le monde. Les conquistadors, premiers explorateurs et colonisateurs de l'Amérique latine, sont devenus un sujet de légende et de cauchemars. A leur époque, ils ont été glorifiés en aventurier héroïques, propageant la culture chrétienne et contribuant à bâtir un empire comme le monde n'en avait encore jamais vu, pour le compte de l'empereur Charles Quint et de ses successeurs. Aujourd'hui, à l'inverse, ils sont devenus l'emblème de la cruauté et de l'exploitation. Ces hommes, parmi les premiers génocidaires, ont décimé les civilisations pluriséculaires des Aztèques et des Incas et commis des atrocités sans nom dans leur quête d'or et de gloire. Avec Les Conquistadors, l'historien mexicain Fernando Cervantes taille dans les couches sédimentées par le temps du mythe et de la fiction, démêle des idées reçues devenues des pseudo-vérités et immerge le lecteur dans le monde de l'impérialisme du Moyen Age tardif. Une ingénieuse construction binaire rythme le livre, où les chapitres narratifs de cette épopée, depuis l'expédition fameuse de Christophe Colomb jusqu'aux dernières conquêtes des années 1540, alternent avec des chapitres de réflexion. Fort d'une immense quantité de sources -journaux, lettres, chroniques, pamphlets, traités, etc. -, Cervantes nous éclaire sur les idées qui animèrent ces explorateurs et leurs monarques commanditaires et redéfinit l'histoire de la conquête du Nouveau Monde. Une synthèse exceptionnelle, sur le fond comme par la forme, qui s'impose comme un futur classique. Traduit de l'anglais par Johan-Frédérik Hel Guedj "Cervantes reconstitue avec talent une histoire complexe, pleines de nuances dérangeantes, qui réduit à néant le récit simpliste de conquistadors brutaux soumettant d'innocents indigènes. L'ampleur des recherches de ce livre est stupéfiante, mais les facultés d'analyse que Cervantes appliquent à ses propres découvertes sont encore plus impressionnantes. [... ] l'auteur réussit à formuler des argumentations ardues dans une langue d'une merveilleuse simplicité. En plus, et ce qui ne gâte rien, il sait raconter une histoire". The Times

03/2022

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Romans noirs

Dernière sortie pour Wonderland

" Un pédophile se cachait-il derrière l'auteur d'Alice au Pays des Merveilles ? Lewis Carroll a-t-il brouillé les cartes ? Sous les airs d'un roman gigogne, à la construction virtuose, l'enquête de Ghislain Gilberti remonte la piste, les actes et les faux-semblants d'un effroyable pervers. " Norah Spencer, CBS News " Un pédophile se cachait-il derrière l'auteur d' Alice au Pays des Merveilles ? Lewis Carroll a-t-il brouillé les cartes ? Sous les airs d'un roman gigogne, à la construction virtuose, l'enquête de Ghislain Gilberti remonte la piste, les actes et les faux-semblants d'un effroyable pervers. " Norah Spencer, CBS News Durant une free party, Alice Price, étudiante et artiste de la scène électronique underground, goûte à une drogue inconnue. Les effets du produit la dépassent rapidement et, aux frontières de l'overdose, un étrange lapin blanc la propulse au coeur d'un monde parallèle et piégé : l'univers de Lewis Carroll. La chenille, le chapelier fou, le lièvre de mars, le chat du Cheshire, tous les personnages du conte victorien sont là et invitent cette Alice contemporaine dans les sombres mystères de la création du vrai Wonderland. Les innocents ne sont pas toujours ceux que l'on croit, les alliés sont rares et les périls nombreux. Si elle veut rester vivante, la jeune Alice n'a plus le choix et doit reconstituer le puzzle diabolique de Lewis Carroll. En brisant le mythe Disney, Ghislain Gilberti s'attaque à un emblème intouchable de l'Angleterre depuis le XIXe siècle : Lewis Carroll, introverti maladif, toxicomane, atteint du syndrome de puer aeternus, amateur de photographies pornographiques infantiles, pédophile... C'est sans concession que Dernière Sortie pour Wonderland referme pour toujours la porte du Pays des Merveilles et met un point final à la pudibonderie hypocrite que même Tim Burton n'a pas pu briser avec ses dernières adaptations cinématographiques.

12/1949

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Littérature francophone

Pretextat

L'unanimisme se porte bien et voici son dernier-né, un roman du jeune et brillant Pierre Bost. On y voit aux prises le groupe de villageois normands que dirige l'hôtelier ivrogne Prétextat Hauchecorne et le groupe parisien des Lagny-Phonar, villégiatureurs innocents auxquels Prétextat ne pardonne pas d'avoir, cette année, délaissé sa gargote pour s'installer en deux villas jumelles. Or cul-terreux est maître chez lui et le fera bien voir. La caractéristique de Prétextat est le comique et une satire sans rancune. Rien non plus du roman naturaliste : une manière désinvolte et piquante, au contraire, de traiter le "sujet" . C'est une longue nouvelle pleine d'allant, d'entrain, de subtilité omique, d'une langue bien étoffée et très moderne. Paris-Soir (16 décembre 1925) Pierre Bost a supérieurement réussi l'âme de son Normand [... ] Tout est clair et lumineux dans ce livre comme le beau ciel des beaux étés normands. On débite en ce moment sous le nom de romans beaucoup de marchandises qui n'ont rien à voir avec la littérature. Entre elles et Prétextat il y a autant de différence qu'entre des bronzes dits de commerce et une belle oeuvre d'art. Le Radical (22 janvier 1926) Bost est un conteur. L'art de Bost consiste à ne point fatiguer le lecteur de ces mille détails qui révèlent le psychologue fastidieux. De plus, ce livre est un tableau vivant de toute la Normandie. Il sait en faire mouvoir les moindres arbustes. Ce livre est sur le même plan que " La Brière " de Châteaubriant, que " Raboliot " de Genevoix. Vous n'en douterez plus lorsque vous l'aurez lu. Le Rappel (17 juin 1926) Prétextat, dont le paysan normand eût ravi Flaubert, est un roman léger, malicieux [... ] Il y a du Marivaux et du Proust (sans la langue pâteuse) chez Pierre Bost. La Femme de France (10 juillet 1927)

04/2021

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Histoire de France

La reine Jeanne. Comtesse de Provence

" La Belle Jeanne est, pour nous autres Provençaux, ce que Marie Stuart est pour les Ecossais : un mirage d'amours rétrospectives, un regret de jeunesse, de nationalité, de poésies enfouies. Et les rapports ne manquent pas entre les deux royales et tragiques enchanteresses. " Ainsi s'exprimait Mistral dans la préface de son drame la Reino Jano. Jeanne 1er (1326-1382) descendait de Charles d'Anjou, frère de Saint Louis, qui apporta à la maison d'Anjou à la fois le comté de Provence et le royaume de Naples. C'est ainsi que Jeanne, à dix-sept ans, désignée comme héritière par son grand-père Robert d'Anjou, devint Reine de Naples, comtesse de Provence et de Forcalquier, au grand dam de ses oncles les princes de Tarente et de Duras (Durazzo). Jolie, charmante, frivole dans sa jeunesse, elle supporta toute sa vie le soupçon de complicité dans l'assassinat en 1345 de son jeune premier mari André de Hongrie, d'autant que moins d'un an après, elle se remaria avec son cousin Louis de Tarente, l'instigateur du meurtre. Le pape Clément VI la déclara innocente, mais il est vrai qu'elle lui avait vendu sa bonne ville d'Avignon pour 80 000 florins. Bafouée par son second mari, humiliée par son troisième, Jaime III d'Aragon, roi de Majorque, un déréglé sexuel, elle prit un quatrième mari. Othon de Brunswick. Au début du grand schisme, Jeanne ayant légitimement mais imprudemment pris le parti de Clément VII, pape en Avignon, Urbain VI, le pape de Rome, la déclara schismatique et incita son cousin, Charles de Duras, bien que son héritier naturel, à la chasser du trône. Charles de Duras s'empara de Naples, emprisonna la reine Jeanne et finit par la faire étouffer sous son matelas... afin que la mort parût naturelle. La vie romanesque de cette reine martyre, Dominique Paladilhe ne la raconte pas en romancier comme ses prédécesseurs ont eu tendance à le faire, mais en historien soucieux de coller aux documents et aux témoignages du temps.

01/1997

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Littérature française

Apollonie et les jours

" Tu te rappelles d'Altagène, de ce que tu m'as donné la première fois que nous nous sommes vus ? -C'était des œufs de mésange, de mésange bleue, murmure Appolonie. -Veux-tu être ma femme ? " Au moment où il prononce ces mots sa voix se frêle un peu. Il ne savait pas qu'il allait les dire. Mais la vois d'Appolonie qui lui répond est claire, alors il élève la petite main de la jeune fille, la retourne et y dépose un baiser. En ce jour de mai de l'année 1912, que pourraient -ils craindre ? La guerre est encore loin, ils ne peuvent même pas la sentir approcher. D'autres, ailleurs, sûrement ! En tous cas pas eux ! Un tel amour, si confiant, et depuis toujours ! Un amour qui a grandi avec eux sans même qu'ils y pensent, et dans cette île bénie des Dieux, où la splendeur sans égale des paysages peut donner l'illusion d'un monde nouveau, oui !. Il ne semble pas vain de croire à l'éternité, malgré la folie des hommes. Mais si le destin collectif et proche est la guerre ; celui de Jean-Baptiste et d'Appolonie porte un nom, dont Pauline et ses vingt printemps seront l'instrument coupable et aveugle. " Apollonie est une jeune femme corse qui, comme la majorité d'entre elles, en ce début du XXe siècle, rêve d'un destin fait d'amour. Son fiancé est celui qu'elle a choisi et qu'elle désire. Mais dans cette rude vie de paysans accrochés à leurs terres, dans cette vallée du Taravu pétrie de traditions, le drame rattrape aussi les innocents... Drapée dans son choix, maintenue tout juste vivante par un espoir irradié par la pureté de ses souvenirs, égrenant les jours de la vie au côté des siens et participant avec courage aux bouleversements de ce siècle ? Apollonie attend le retour du bagne de Jean-Baptiste...

07/2005

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ouvrages généraux

Massacres oubliés dans les Hauts-de-France 1940-1944

Comment supporter que les massacres de civils innocents sombrent dans la nuit ? Comment accepter que l'on oublie Ascq, Courrières, Oignies, Aubigny-en-Artois, Tavaux et d'autres noms de communes marquées par une injustifiable sauvagerie lors de la Seconde guerre mondiale ? Car il y eut aussi Haubourdin, Etreux, Plomion, Beuvry, Etrun, Emmerin, Carvin, Wahagnies, Bruay-en-Artois, Marchiennes, Nieppe, Bergues... Dans le temps qui passe, les innocentes victimes de la barbarie nazie seraient mortes pour rien ! Fondés sur des documents saisissants et des témoignages poignants, nos deux documentaires de 52 minutes et le livret qui les accompagne répondent à des objectifs simples et forts : désir de vérité, envie de justice, volonté d'éclairer les consciences. Du vécu, du ressenti, du réfléchi... Et puis, de l'engagement ! Dans le Nord et le Pas-de-Calais, dans l'Aisne et dans la Somme, la Seconde guerre mondiale a ravagé les villes et endeuillé les familles. Terribles épreuves trop souvent ignorées ou sous-estimées, des sauvageries de l'invasion aux bombardements de la Libération ! Non seulement ces terribles épreuves, ont été surmontées, mais l'on tient à se passer le flambeau d'une génération à l'autre. Hommes, femmes, enfants : la triste Histoire les a privés de vie, une autre histoire doit les sortir de l'ombre. C'est notre intime conviction. Pas question d'éteindre la flamme, des citoyens résolus sont l'âme de ce voyage. Quelles lumières au bout du cauchemar ? C'est le sens de leur vie, de leur implication. Hélas, l'invasion de l'Ukraine déclenchée en février 2022 sur ordre du président russe donne plus d'intensité et d'amplitude aux multiples témoignages que nous avons recueillis. Pascal Percq et Bruno Vouters (auteurs) Rémi Vouters (réalisateur) Production Equipe Monac. 1 Coordination Jean-Louis Accettone Le livret est accompagné de 2 DVD (52 minutes) : Massacres oubliés et les Flambeaux d'Ascq

02/2023

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Cinéma

Zoom arrière N° 1/2019 : Les films de Brian de Palma

Entamée dès le milieu des années 1960, la carrière de Brian De Palma est bornée par plusieurs titres devenus des classiques, entourés d’autres moins reconnus et parfois moins réussis, mais toujours personnels et tous destinés à célébrer les plaisirs de l’Image tout en en désignant les pièges. Qu’il ait été considéré comme un petit épigone hitchcockien ou au contraire comme un maître de la désillusion cinématographique, le réalisateur s’est bâti une réputation d’incontournable. Faisant à ses débuts un usage indépendant et contestataire du cinéma, avec des comédies chaotiques et engagées, il œuvra par la suite de manière plus subversive au sein de la production américaine en compagnie de ses camarades du « Nouvel Hollywood », signant une série de thrillers qui fit en une dizaine d’années sa gloire auprès des cinéphiles (Phantom of the Paradise, Carrie, Pulsions, Blow Out, Scarface…). Ayant gagné sa position, il put ensuite prendre les commandes de productions confortables, diriger des stars et bénéficier de succès critiques et publics d’envergure (Les Incorruptibles, L’Impasse, Mission : Impossible…) entre quelques échecs, tout en continuant à préserver sa conception singulière de la mise en scène et ses inclinaisons thématiques. Mais concevant un cinéma anti-hollywoodien par bien des aspects, il finit par se tourner de plus en plus, à partir des années 2000 et Femme fatale, vers l’étranger pour produire ses films. Revisiter cette filmographie riche de 29 longs métrages, c’est retrouver des figures de style reconnaissables entre toutes, du split-screen au travelling circulaire, aussi bien que des préoccupations d’auteur persistantes, de la tentation irrépressible du voyeurisme à l’incessant débusquage de la fausseté des images. Eternels retours qui font de Brian De Palma un cinéaste de l’obsession. Volontiers provocateur et amoureux éperdu de la Forme, il n’hésite pas à étaler au grand jour et à chaque occasion ses idées fixes. En résulte un cinéma tout sauf discret mais souvent étourdissant et dénonçant parfois dans le même temps cet étourdissement. Un cinéma n’ayant rien d’innocent, lesté de la conscience d’arriver « après ». D’où son caractère ultra-référentiel, qu’il était inévitable de souligner dans ces pages, en commençant par l’influence primordiale d’Alfred Hitchcock et en continuant avec d’autres parentés peut-être moins évidentes. Au fil de la filmographie, il fallait tenter de démêler l’écheveau régulièrement complexifié par l’accumulation de miroirs réfléchissants, d’effets saisissants et de sortilèges trompeurs. A ces tâches s’est attelé le collectif Zoom Arrière, constitué d’une dizaine de contributeurs de sensibilités cinéphiles diverses.

04/2019

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Littérature française

Prétoire sous influence. Ce qui vous a été donné vous sera repris

La justice et le monde juridique ne sont pas synonymes, arrivent rarement à se conjuguer ensemble. Sur le banc des accusés se tient Gaudens Profane, un administratif sans histoire travaillant dans une multinationale spécialisée dans la distribution des eaux aux activités complexes. A-t-il perpétré, organisé, l'enlèvement de la famille Tapageur, un foyer très discret dont le chef de famille fréquente les ors du pouvoir ? Trop de preuves à charge existent contre lui pour ne pas croire à son implication au sein du tribunal acquis à l'accusation, et que dire de sa mollesse suspecte à se défendre ? Pourtant, la balance de la justice peine suffisamment à se stabiliser au regard d'un trop-plein de témoignages et autres incohérences administratives du dossier d'instruction, pour ne pas semer dans les esprits un doute raisonnable. Est-il un faux innocent ou une victime expiatoire de la broyeuse pénale ? Au cours de ce procès hors normes, le comportement des avocats, des juges, des médias, des témoins, du pouvoir, pose question. Rien ne se passe comme prévu dans un procès, où d'habitude tout est quasiment arrangé à l'avance, à l'intérieur d'un enclos réservé à l'entre soi du microcosme juridique, condamnation ou liberté. Un procès n'est que la représentation d'un spectacle exutoire dissimulant les coulisses. Les codes sont cassés, tout concours à plonger dans l'ambiguïté et le doute des jurés sincères jetés en pâture dans le conclave judiciaire du délibéré, à la merci d'un président roué et madré, connaissant toutes les ficelles de la manipulation et de la réinterprétation des lois et jurisprudence. Rien n'est simple dans un jugement : qui ment, qui dit la vérité ! Que va-t-il ressortir à l'issue de ce procès ? Comment vont réagir les jurés ? L'intégralité du procès, suivi du délibéré, permet de comprendre les rouages d'un système aujourd'hui à bout de souffle et de s'interroger sur chaque jugement rendu. Nous croyons tout connaître de la justice au travers de la diffusion d'informations ou des images télévisuelles présentées à nos yeux en tant que vérité ! Ne jamais se fier aux apparences ! Ce roman tente de soulever le voile méconnu d'influences parasitant la sérénité judiciaire, au travers des médias, des avocats, des juges, des politiques, du monde carcéral s'arrogeant le droit de juger, d'affirmer des vérités, se vantant d'impartialité sur les hommes et les femmes. Une question se pose alors. Doit-on croire les propos d'une personne retenue par une laisse ? Les éléments de réponse sont à l'intérieur de l'ouvrage.

08/2021

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Beaux arts

Titien

Titien (1488-1490 - 1576) est le contemporain de Vasari, Michel-Ange, Tintoret et Véronèse. Il reste le souverain indiscuté de la scène vénitienne durant trois quarts de siècle. Formé dans l'atelier des Bellini et bientôt associé à Giorgione, il est dès son adolescence l'un des artistes le plus en vue à Venise. À la mort de Giovanni Bellini, en 1516, il est nommé peintre officiel de la République de Venise. Le cercle de ses commanditaires s'étend rapidement, grâce notamment au soutien de l'Arétin : son ami écrivain et essayiste ne cesse, dans ses Lettres, de décrire et de louer ses tableaux, et, ce faisant, lui permet de tisser un puissant réseau de relations. Malgré les guerres de religion et les voyages, les succès s'enchaînent : Mantoue et Ferrare auprès de Frédéric II Gonzague, Rome auprès du pape Paul III, Augsbourg auprès de Charles Quint. Enfin, il peint pour Philippe II, roi d'Espagne, et se fixe définitivement à Venise où il meurt en 1576. Titien est l'auteur d'une oeuvre immense. On lui connaît directement deux cent soixante-dix oeuvres : portraits, scènes religieuses, mythologiques, allégoriques ou érotiques. La vision sereine de ses débuts s'estompe dans sa période maniériste, au profit d'une maîtrise toujours plus libérée. Puis les guerres de religion donnent à ses travaux un ton plus dramatique, mais avec un chromatisme plus expressif. Titien est avant tout un peintre de la liberté. Une liberté thématique. Il privilégie le rendu expressif de l'aspect physique et moral de ses sujets et donne naissance au nouveau genre qu'est le portrait officiel. Parallèlement, il détourne les thèmes religieux pour exalter les plaisirs terrestres et les fastes de la mondanité. Sa peinture transpire le bonheur païen et innocent. Une liberté technique. Le recours aux tout nouveaux liants et pigments, comme à la toile, suscite à Venise recherches et inventions. Alors que l'école florentine continue d'accorder la primauté à la ligne et au dessin préparatoire, Venise privilégie la spontanéité de la touche et la richesse des coloris. S'attachant moins aux détails, Titien va jusqu'à mélanger et projeter les couleurs du bout des doigts, dans une gamme chromatique plus restreinte où se juxtaposent des taches qu'on dirait informes. Une liberté de diffusion. La toile ne présente pas les contraintes des panneaux ou des fresques. Elle se transporte aisément, même de grands formats, se montre et suscite l'envie des amateurs. C'est dans ce climat d'ouverture que l'artiste déploie son talent et connaît fortune et reconnaissance.

10/2012

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Pléiades

Bartleby Le Scribe ; Billy Budd marin et autres romans

Entre 1853 et 1856, Melville publie près d'une quinzaine de contes et de courts récits dans des magazines. Certains d'entre eux connaîtront un destin exceptionnel, comme "Les Encantadas", suite de croquis consacrés aux îles Galápagos, "Benito Cereno", inoubliable relation de la révolte d'un navire négrier, et ce qui est sans doute la "tragédie urbaine" la plus célèbre de l'histoire de la littérature : "Bartleby le scribe", dont on n'aura jamais fini d'interroger le mystère, qui est un mystère sans secret. Melville n'en a pourtant pas terminé avec les formes longues. Il travaille à un feuilleton, Israël Potter, tout à la fois biographie (largement fictionnelle) d'un héros obscur de la guerre d'indépendance, réflexion ironique sur l'Histoire et sur l'écriture de l'Histoire, et méditation sur la banqueroute des ambitions humaines : peut-être le plus intimement autobiographique de ses écrits. Israël Potter paraît en volume en 1855, deux avant un roman méconnu, singulier, à découvrir, L'Escroc à la confiance. Trois chapitres y forment une sorte d'"art poétique", et tout y est problématique, du narrateur aux personnages en passant par la construction du sens, qui échoit au lecteur lui-même. L'Escroc est un roman pour notre temps ; il n'y a pas lieu de s'étonner qu'il ait laissé les critiques de 1857 aussi perplexes que l'employeur de Bartleby face à son clerc. Melville n'y gagne pas un penny. Il va désormais se consacrer à la poésie, pendant trente ans - et aux douanes de New York, qui l'emploieront vingt années durant. Il doit lutter pour que ses oeuvres poétiques soient publiées. Lorsqu'elles le sont, elles ne récoltent qu'indifférence ou mépris. En 1885 sans doute, peu avant de prendre sa retraite des douanes, il compose une ballade intitulée "Billy aux fers", brève évocation d'un marin à la veille de son exécution pour mutinerie. C'est de ce poème que sortira son ultime fiction... Trente-trois années passeront avant que le livre - Billy Budd, marin - ne soit publié. Dans ce récit intérieur plus encore que dans les autres romans, le "mystère de l'iniquité" est à l'oeuvre, et la pureté n'existe que sous le regard de son éternel adversaire, le "diabolisme incarné". Billy Budd sera pendu. Le livre s'achève sur "Billy aux fers" et sur un compte rendu officiel qui dit que l'innocent est coupable. Tel est le monde : apparence et mensonge.

02/2010

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Littérature française

Le chemin d'Izarra

En 1944, à la libération de Bayonne, Zeta, 18 ans, fille de chocolatiers, est tondue en place publique. Manex Irribarne, collaborateur et trafiquant au marché noir, résistant de la dernière heure, excite la foule dans ce sens. Puis il assassine les parents de la jeune fille pour les voler. Mais Zeta le surprend et lui fait signer des aveux. Quelques années plus tard, Manex récupère ces aveux et s'efforce de ruiner Zeta, qui entre-temps a repris et développé la chocolaterie familiale. Par peur, elle prend la fuite avec sa fille, Mayalen, et s'installe sous un faux nom à Pampelune. L'Espagne est encore sous la coupe de Franco. Tandis que ses entreprises criminelles prospèrent des deux côtés de la frontière, Manex rencontre une riche industrielle et l'épouse. Ils ont une fille, Bidane. Mayalen et Bidane font connaissance à Pampelune et deviennent amies. Lorsque, à sa mort, Zeta dévoile son passé à sa fille, celle-ci n'aura de cesse de se venger de Manex ; elle y parviendra par l'intermédiaire d'un groupuscule de l'ETA avant de s'enfuir en exil. Puis, à la mort de Franco, en 1975, elle rentrera en Espagne et se fera violer à Biarritz par le fiancé de Bidane, la veille de leur mariage. Conçus quasiment la même nuit, naissent alors Jakes, le fils de Mayalen, et Jakine, la fille de Bidane. De nos jours, Jakes et Jakine marchent sur le chemin de Compostelle, mais pas dans le même sens : lui, parti de Bayonne, se rend à Saint-Jacques pour expier une humiliation vécue par sa mère jadis ; elle a pris la route pour moderniser le chemin séculaire, développer un chaîne d'hôtels et de restaurants. Ils vont se croiser à Ostabat, et tomber amoureux alors qu'un crime est commis au refuge où ils dorment. Quand on retrouve leur ADN sur le corps de la victime, ils ne comprennent pas, se savent innocents et prennent la fuite. Commence alors une grande traque. Quel lien secret peut unir deux familles issues d'horizons aussi éloignés ?

06/2015

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Genres et mouvements

Les Romans gothiques anglais (1764-1831). Collections de la Bibliothèque nationale de France

La fin du siècle des Lumières voit l'apparition en Angleterre d'un nouveau genre littéraire promis à un grand succès : le roman gothique. Le texte fondateur, publié en 1764, a pour titre The Castle of Otranto, a gothic story ; il est l'oeuvre d'Horace Walpole, fils du célèbre homme d'Etat britannique Robert Walpole. Ce roman est à l'origine d'une abondante production littéraire et d'un véritable engouement qui va traverser la Manche, comme en témoignent les nombreuses traductions et imitations qui vont voir le jour en Europe, et notamment en France. Le roman gothique place l'imaginaire au pouvoir et promeut une nouvelle esthétique à l'opposé de l'esthétique classique. C'est désormais le triomphe de l'émotion sur la raison, de l'obscurité sur la lumière, de l'inconscient sur le conscient. C'est enfin et surtout l'irruption du surnaturel et l'importance donnée au cadre médiéval dans lequel il surgit : châteaux, monastères, chapelles en ruines, cryptes et souterrains ténébreux propices aux apparitions spectrales et macabres suscitant la terreur et l'horreur chez le lecteur. Ces édifices gothiques sont le théâtre de crimes et de violences exercées contre des innocents, séquestrés et persécutés, victimes des tyrannies féodale et religieuse. La vague gothique va déferler sur l'Europe pendant une soixantaine d'années, et rencontrer un succès grandissant auprès d'un public friand de sensations fortes. Parmi les auteurs les plus célèbres, il convient de citer, outre Horace Walpole, Ann Radcliffe, Matthew Gregory Lewis et Charles Robert Maturin. D'autres auteurs connurent une renommée égale en leur temps mais leurs oeuvres ont sombré dans l'oubli. Si le genre gothique a disparu en tant que genre romanesque, il va donner cependant naissance au roman noir et au genre fantastique et se perpétuer jusqu'à nos jours en investissant de nouveaux modes d'expression tels que le cinéma et la bande dessinée. Comme le remarque à juste titre Maurice Lévy, qui en était le grand spécialiste, le roman gothique fournit un "formidable réservoir d'images" qui va contribuer à enrichir l'imaginaire collectif occidental.

07/2021

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Psychologie, psychanalyse

Des jeux et des hommes. Psychologie des relations humaines

Les hommes ont tendance à vivre en jouant avec logique à certains "jeux" dans leurs relations avec autrui. Ils jouent à ces jeux pour toutes sortes de raisons : pour éviter d'affronter la réalité, pour cacher des motifs profonds, pour rationaliser leurs activités, ou pour rester "en dehors du coup". Ces jeux - sauf quand ils se révèlent destructeurs - sont à la fois souhaitables et nécessaires. Le docteur Berne présente une analyse fascinante de trente-six jeux qu'il classe sous diverses rubriques : les "jeux vitaux" qui transcendent un mode spécifique de réaction dans une situation donnée, et affectent chaque action du joueur; les "jeux conjugaux", auxquels deux personnes peuvent recourir afin de supporter une vie de frustration ou d'insatisfaction (un jeu conjugal des plus joués est celui de "la femme frigide", où l'un des deux joueurs provoque une discussion menant à la colère, à l'aliénation des sentiments, pour éviter les rapports sexuels); les "jeux sexuels", où quelqu'un provoque des réactions sexuelles chez quelqu'un d'autre, puis, agit comme si lui ou elle était la victime innocente; les "jeux de société", sociaux par définition, et qui vont du cancan perpétuel au gémissement chronique; les "jeux des bas-fonds" tel que "aux gendarmes et aux voleurs", pratiqués le plus souvent pour des gains matériels, mais pouvant aussi viser à des avantages psychologiques; les "jeux du cabinet de consultation", peuvent être joués par un malade avec un médecin afin d'éviter la guérison. Le docteur Berne, poursuit dans cet ouvrage le développement et l'élaboration d'un concept qu'il a déjà décrit pour le spécialiste, et qu'il emploie dans son nouveau système de psychiatrie individuelle et sociale, où la thérapeutique de groupe tient lieu de méthode fondamentale, et où l'analyse des jeux forme un élément majeur du traitement. Le docteur Berne montre en outre comment ce concept peut aider à prendre une nouvelle conscience de soi, ainsi qu'à mener une existence plus constructive. Ce livre dont le succès est considérable aux États-Unis, traite de façon concise, claire et spirituelle un sujet profondément sérieux qui concerne chacun de nous de la façon la plus intime.

02/2000

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Littérature française

Les injusticiers. roman

Ce roman vrai gravite autour de deux personnages principaux : Andreï Vychinski d'une part, procureur général des procès de Moscou organisés par Staline et John Parnell Thomas d'autre part, procureur de la Liste Noire à Hollywood à l'époque de la " chasse aux sorcières " engagée par la Commission des activités anti-américaines créée et dirigée par J. Parnell Thomas avec l'appui du sénateur Mac Carthy et du chef du FBI Edgar Hoover. Au nom d'une justice dévoyée, tous deux ont trahi les devoirs de leur charge, traqué des innocents et déchainé la haine. Mensonges, menaces, fausses accusations, dénonciations en rafale : la férocité, la lâcheté et le cynisme sont communs à la Russie stalinienne de longue date et l'Amérique à l'aube de la guerre froide, les grandes figures de la littérature soviétique appelant à la mise à mort des traitres supposés comme les acteurs, scénaristes et réalisateurs américains dénoncent leurs amis pour sauver leur peau ou leur gagne-pain. Notables soviétiques, mafieux américains, scénaristes et acteurs hollywoodiens, espions et truands sont les " héros " de cette épopée de l'abjection que le scénariste Dalton Trumbo a appelée l' " ère du crapaud " . L'infâmie du grand nombre ne fait apparaitre que plus héroïque la résistance de quelques-uns (réunis au " Comittee for the First Amendment " qui comprend notamment Brecht, John Huston, Billy Wilder, Gene Kelly, Rita Hayworth, Humphrey Bogart, Lauren Bacall, Bette Davis, Henry Fonda...) Le destin des deux anciens procureurs converge lorsque Vychinski, nommé représentant permanent de l'Union soviétique au Conseil de sécurité de l'ONU après la mort de Staline et menacé par la haine vigilante de Malenkov, prépare sa défection à l'Ouest en écrivant ses Mémoires qu'il s'apprête à remettre à... J. Thomas Parnell, devenu éditeur après s'être retrouvé emprisonné en compagnie de deux scénaristes qu'il avait fait condamner... Mais ils ne se rencontreront jamais, Vychinski mourant brutalement à New York en 1954 avant de mettre son projet à exécution. Fondé sur des archives retrouvées et des rencontres personnelles, ce roman raconte une tragédie humaine hantée par la question : qu'est-ce que la justice ? Et que devient la Loi quand elle est aux mains des injusticiers ?

10/2023

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Histoire de France

1961, l'étrange victoire. FLN, terrorisme et instrumentalisation mémorielle

Le 17 octobre 2012, la France par la voix du président de la République reconnaissait officiellement la "répression sanglante" de la manifestation organisée, 51 ans auparavant, par le Front de Libération nationale algérien (FLN) sur le pavé parisien. Si le savoir historique a indéniablement progressé, les buts réels de la fédération de France du FLN dans le déclenchement des manifestations d'octobre 1961 n'ont aucune visibilité, parce que le travail des historiens est parasité par le débat politique et émotionnel autour de ce drame. L'inacceptable, bien que légitime, étouffement de l'événement par les pouvoirs publics a engendré un mouvement citoyen multiforme pour une reconnaissance des faits à sens unique. Si la manifestation du 17 octobre 1961 était pacifique sur la forme, elle ne l'était pas sur le fond. Il s'agissait d'une action de guerre subversive visant à provoquer la mort d'innocents sous les coups de la police. Le long silence de 1' Etat français autour de la guerre d'Algérie en France a provoqué une focalisation de la recherche et de l'intérêt des citoyens sur le "régime de terreur" des pouvoirs publics et les "violences policières". Une question pourtant essentielle demeure : les responsabilités du FLN, une organisation pré-étatique autoproclamée, un parti aux visées totalitaires et portant en germes la nature dictatoriale du gouvernement algérien contemporain. Ce livre rétablit la vérité sur ces événements et pointe du doigt, ceux qui, depuis l'orée des années 1990, manipulent l'histoire à des fins partisanes, en prenant pour exemple les manoeuvres de désinformation autour la force de police auxiliaire (FPA). Des manipulateurs de symboles empêchent les citoyens de comprendre totalement et sereinement les faits ; ils parasitent le processus psychologique (et politique) du bilan objectif de notre histoire coloniale dépeinte comme un épisode honteux. Il est impossible d'accepter que nos concitoyens puisse traverser une phase de doute mondialisé la tête basse... C'est la l'enjeu de la seconde bataille de Paris qui n'est rien d'autre qu'une des facettes de la guerre des mémoires. Ce livre est une démonstration des limites de l'historiographie du temps présent.

10/2014

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Esotérisme

L'ombre du temple. Vienne 1312-2012

16 Octobre 1311, dans les faubourgs de Lyon, 1500 templiers anonymes battent le pavé. Le concile oecuménique de Vienne va s'ouvrir. Ils attendent d'en découdre avec Clément V au sein même de la cathédrale St-Maurice. Philippe le Bel à Pontoise s'apprête à rejoindre ses légistes à Mâcon. Il veut en finir avec ces moines chevaliers, ces arbitres, aux réseaux européens structurés détenant un pouvoir insupportable. Comme pour les juifs, le roi séquestre leurs biens ! A l'aube du Concile, Guillaume de Nogaret s'inquiète aussi : qui arrêtera Enguerrand de Marigny ? Effaré par cette hardiesse, le pape craint un schisme. " Doit-il sacrifier l'Ordre du Temple pour sauver la mémoire de Boniface VIII ? ". La messe est déjà dite : " Nous sommes innocents Clément, tu l'as reconnu à Chinon en août 1308 et tu nous trahis encore ! " Bertrand de Got, frappé de népotisme se bouche les tympans, les Pères s'insurgent contre lui... En 1698, l'éminent historiographe de Colbert, Etienne Baluze de Tulle, voit ses travaux en France mis à l'index. Il prouve l'innocence des Templiers et dévoile les vices des papes en Avignon. Il dérange Rome, Louis XIV lui indique le chemin de l'exil, ses écrits survivront ! Bibliophile invétéré, Christian Rollat lève le voile sur les archives secrètes du Vatican, TOUTES transférées manu militari à Paris en 1810 sur ordre de l'Empereur. L'académicien François J.M Raynouard s'empressera de décortiquer les archives de l'Ordre du Temple et du procès. 700 ans après ce concile, l'auteur retrace au jour le jour ce passé nébuleux, l'aboutissement de ce guet-apens en secouant les tabous de l'Historiquement correct. Qu'on le grave dans la primatiale : " l'Ordre du Temple a été dissous oui, mais jamais condamné ". Ses dignitaires, coupables d'avoir enduré la torture sans autre forme de procès, marqueront le début des fantasmes ésotériques... Le VRAI parchemin de Chinon a resurgi en 2007 ! La vox populi en appelle donc sa sainteté Benoit XVI de réhabiliter Jacques de Molay à titre posthume. En 2011 C.Q.F.D...

06/2011

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Critique littéraire

Partigia. Primo Levi, la Résistance et la mémoire

Il y a une saison, dans la vie de Primo Levi, à propos de laquelle l'écrivain chimiste a toujours été avare : sa période, courte et malheureuse, de partisan. Les trois mois passés dans la Vallée d'Aoste, au col de Joux, à l'automne 1943. Dans Le Système périodique , la Résistance n'occupe pas plus de quatre pages, sévères : "Nous avions faim et froid, nous étions les partisans les plus désarmés du Piémont et, probablement, les plus démunis. Nous manquions d'hommes capables, et étions au contraire submergés par un déluge de gens disqualifiés, de bonne foi et de mauvaise foi, qui arrivaient de la plaine à la recherche d'une organisation inexistante". La chute de la bande dans "l'aube de neige spectrale" du 13 décembre était donc à la fois logique et "conforme à la justice". Comment expliquer une représentation de la Résistance des origines si désacralisante, si dissonante par rapport à la mythologie antifasciste sur les premiers partisans en montagne ? Sinon par l'existence "entre nous, dans l'esprit de chacun", d'un vilain secret : "Nous nous étions trouvés obligés en conscience d'exécuter une condamnation et nous l'avions fait, mais nous en étions sortis démolis, démoralisés, désireux de voir tout finir et de finir nous-mêmes". Les deux résistants exécutés étaient innocents. Aujourd'hui, leur souvenir est entretenu comme "victimes du fascisme" sur le monument commémoratif à Turin. Le mouchard infiltré sera condamné à la Libération, sur la base notamment du témoignage de Primo Levi. Sa condamnation à mort sera commuée en détention et il sortira libre pour utiliser ses compétences d'infiltré dans les organisations néo-fascistes au profit des services secrets américains. Tout l'enjeu de l'enquête/récit/analyse de Luzzatto devient alors une éblouissante réflexion sur deux martyrologes en tension, celui de la Résistance et celui de la déportation - des tensions qui traversèrent l'existence de Primo Levi, quand il dénonçait tantôt au nom de son expérience ratée de partisan les remontées néo-fascistes ou, au nom des déportés raciaux, les offensives du négationnisme contre les camps de la mort. Une tension qui traversa aussi la République italienne, mais le lecteur français songe tout autant aux affrontements de mémoire qui partagent sa société.

06/2016

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Histoire de France

Les Juifs de France durant la IIe Guerre mondiale. Volume 1, Deux communautés fort peu miscibles

Dans ce volume, résolument anticonformiste, on évoque le refus d'assimilation à la Nation française de la majorité des Juifs de France durant l'entre-deux-guerres, qui faisait contraste avec leur intégration massive à la vie politique, médiatique, économique et financière du pays. Durant la Grande Guerre, les Juifs de France avaient démontré un patriotisme tel que diverses canailleries, durant les années Vingt et Trente, n'avaient pu déclencher de réaction antijuive notable. L'immigration massive de Juifs d'Europe de l'Est et du Centre a triplé l'importance numérique de la communauté juive, de 1910 à 1939, introduisant quantité d'Ashkénazes, en grande partie yiddishophones, qui développent, de 1933 à 1939, une germanophobie haineuse et un bellicisme acharné, très dangereux pour la Nation française, démoralisée par un chômage durable de grande ampleur et par le désastre économique et social du Front Populaire, personnalisé, à tort ou à raison, par Léon Blum et son entourage. En septembre 1939, la Nation est précipitée dans une guerre dépourvue d'intérêt national et perdue d'avance, par la disproportion entre la puissance industrielle et militaire du IIIe Reich et celle de la France, dont l'armée, obsolète et peu motivée, doit affronter seule une Wehrmacht très performante. L'Allié polonais s'est effondré en un temps record en septembre 1939, et le britannique ne fait rien ou presque en mai 1940, tandis que l'URSS et le Komintern sont de fidèles collaborateurs du Reich jusqu'au 22 juin 1941. Une fois la débâcle consommée, plus complète, plus humiliante, plus honteuse que celle de 1870, vient le temps de l'apurement des comptes, approuvé par une énorme majorité de Français, qui ne changeront d'avis, mais de façon radicale, que durant l'été de 1942, lors des rafles de femmes et d'enfants juifs et de la déportation d'innocents vers l'Est, où les attend un sort dont on ne sait à l'époque rien de précis. L'une des plus importantes questions alors soulevées est celle de l'homogénéité de la Nation. Doit-on ou non admettre qu'une communauté qui refuse de s'assimiler à la Nation continue d'être très influente dans la vie économique, politique et médiatique du pays ?

04/2018

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Histoire de France

Les guerres de Religion entre Velay et Vivarais sous le règne d'Henri III (1575-1589)

Année 1575, le pouvoir royal se montre toujours incapable d'établir la paix et d'accorder des droits aux protestants : il y a ainsi un seul lieu de culte protestant pour tout le Velay, à Saint-Voy ! Peu à peu il finit par approuver, à demi-mot mais cela suffit, une " solution terrible": l'éradication des rebelles à sa politique d'unification religieuse, la ruine des villes dans lesquelles s'abritent les hérétiques, afin d'obtenir de force leur mort, leur conversion ou leur exil. Ceux-ci sont massacrés à Paris lors de la Saint-Barthélemy, puis en province. Au Puy-en-Velay, le chroniqueur Jean Burel relate un massacre tardif en 1574 à mettre à l'actif du farouche baron ligueur Saint-Vidal, gouverneur militaire du Velay puis du Gévaudan. Tout au long de ces années, on assiste à la montée en puissance d'un extrémisme religieux, exclusif, purificateur, implacable, sourd à la voix des innocents. La " Sainte Ligue catholique " sera assez puissante pour assassiner le roi Henri III en août 1589 afin de mettre à sa place un " roi ligueur ", Les nouvelles recherches d'Alain Debard couvrent la période 1574-1589 coïncidant peu ou prou avec le règne d'Henri III. Parallèlement l'ouvrage souligne la lutte que mènent contre l'extrémisme religieux, protestants et catholiques tolérants, " humanistes " et parmi eux l'évêque du Puy, qui finiront par l'emporter bien plus tard, grâce à Henri de Navarre en 1598, sur un champ de mines. En définitive, seules les Lumières, la Révolution française et la République viendront à bout de ces idées terrifiantes. Mais l'histoire se déroule dans une sorte de continuité que révèlent de mortelles répétitions. Les rouages qui alimentent la haine de l'autre, l'exclusion doivent être distingués — il y a des signes précurseurs, certains hommes de pouvoir l'attisent et s'en servent par ambition personnelle, comme l'ont si bien fait les Guise au XVIe siècle — et il faut les combattre indéfiniment." Tout s'en va, tout revient, éternellement roule la roue de l'être " écrit Nietzche.

07/2018

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Littérature érotique et sentim

Les protecteurs Tome 1 : Absolution

Mais ce que je ressentais le plus, c'était la perfection que ces deux hommes m'apportaient. Et je sus à ce moment-là que je ferais n'importe quoi pour la préserver. N'importe quoi. - Cole Après quatre années passées à l'étranger, l'artiste Jonas Davenport revient à la maison pour réaliser son rêve de posséder son propre studio et galerie d'art. Mais, alors qu'il est prêt à mettre son obscur passé derrière lui pour toujours, celui-ci revient le hanter avec une ardeur redoublée. La seule chose qui retient l'ex-policier Mace Calhoun de retourner son propre pistolet contre lui après une perte douloureuse est son rôle dans une organisation souterraine cherchant à obtenir justice pour des innocents en prenant la vie des coupables. Mettre fin à la vie du jeune artiste qui avait commis des crimes indicibles contre les victimes les plus vulnérables aurait dû être la chose la plus facile au monde. Alors, pourquoi ne peut-il appuyer sur la gâchette ? Après des années de combats dans une guerre dévastatrice et sans fin, le Navy Seal Cole Bridgerton rentre à la maison pour se livrer à une tout autre bataille - faire face à la découverte que la jeune soeur qui a fui la maison huit ans plus tôt est perdue à jamais. Il a besoin de réponses et la seule personne pouvant les lui donner est un jeune homme luttant pour se reconstruire. Mais il ne s'attendait pas à ressentir quelque chose de plus fort pour l'artiste torturé. Cole et Mace. L'un vit selon les règles, l'autre fait les siennes. L'un veut rendre justice par la loi tandis que l'autre veut utiliser son arme. Deux hommes, l'un lumière, l'autre obscurité, se retrouveront eux-mêmes et l'un l'autre lorsqu'ils seront obligés de collaborer afin de protéger Jonas d'un mal invisible qui ne reculera devant rien pour faire taire à jamais le jeune artiste. Mais les cicatrices de chaque homme sont profondes, si bien que la force de leur trio pourrait ne pas être suffisante pour les sauver...

05/2017

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Histoire internationale

Politiques de Thomas Sankara et de Blaise Compaoré. Et enseignements de l'Eglise catholique

Du 7 novembre 1982 au 31 octobre 2014, pendant 32 ans, de jeunes officiers ont instauré un régime de terreur dans leur pays, d'abord appelé Haute-Volta et ensuite Burkina Faso. Pendant toute cette période, le régime de terreur n'a fait que changer de nom : Le Conseil national du peuple (CSP), le Conseil national de la Révolution (CNR), le Front populaire (FP), la IVe République. C'était le même esprit du mal qui animait les responsables : les "quatre chefs historiques", ensuite Thomas Sankara et après Blaise Compaoré. Ces responsables étaient influencés par l'idéologie marxiste-léniniste sous la conduite d'un parti clandestin, le Parti africain de l'indépendance (PAI). Au cours des 32 ans, ils ont violé les droits humains (plus de 300 crimes de sang extrajudiciaires impunis, plus de 5 000 fonctionnaires mis à la retraite d'office...), commis des crimes économiques, menti au peuple, commis des injustices à travers les Tribunaux populaires de la révolution (TPR) en condamnant plus de 700 innocents... "Le premier assassinat politique de notre histoire" est survenu en novembre 1982, avec le meurtre du lieutenant-colonel Badembié Nézien, en présence de Thomas et de Blaise. L'assassinat des "7 conjurés" du 11 juin 1984 a été organisé par Thomas Sankara. L'auteur du présent ouvrage a été témoin de certaines exactions citées plus haut. Il en a été une victime. La publication de ce livre est pour lui la réalisation d'un rêve : l'expression d'un devoir de vérité et de mémoire. C'est aussi un acte de foi et un engagement dans la nouvelle évangélisation. Il affirme que Thomas Sankara était impliqué dans certains crimes de sang et économiques. Il a brisé la carrière de milliers de fonctionnaires. L'auteur conclut que ce qu'on dit de Thomas Sankara n'est qu'un mythe : Sankara est un homme intègre, un croyant, un héros... Dire que Thomas est un héros est une imposture ! Après avoir refusé de s'engager dans le marxisme-léninisme et dans les sectes, l'auteur respecte le choix des Burkinabè qui se sont fourvoyés dans ces voies. Mais il dénonce la double appartenance surtout des chrétiens.

06/2015

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Sciences politiques

Du conflit de civilisation à la guerre de substitution

Provoquer la guerre, sans l'aimer et sans la faireâ! Le Ponce Pilate américain s'en lave les mainsâ! C'est aux provinces de l'Empire de le servir et aux soumis de lui obéir, aux dépens de leurs propres intérêts. Plutôt des intérêts vitaux de leurs peuples. Il suffit que l'oracle de Kiev, Zelensky, parle pour que tout le monde se mette à maudire le Satan du Kremlin. Dès que ce saltimbanque, dont on loue le nationalisme qu'on exècre chez soi, tousse, c'est tout le corps européen qui souffre... mais c'est seulement Renault qui plie bagage. Par nationalisme ukrainien et pour se passer du gaz russe, BHL, qui passe sa vie entre le sud de la France et Marrakech, propose au Français de baisser leur chauffage d'un degré. Une écologiste qui se chauffe à la bouse de vache double la mise : deux degrésâ! En temps de guerre, outre les innocents tués et les populations déplacées, la première victime c'est la vérité, et le premier bénéficiaire c'est la propagande. Comme avant lui Nasser, Mossadegh, Saddam, Bachar, Kadhafi, Poutine serait la réincarnation d'Hitlerâ! Et Soljenitsyne, prix Nobel de littérature et dissident historique autrefois sanctifié en Occident, est renvoyé au Goulag pour son soutien post mortem au "âcriminel de guerreâ" . L'ennemi n'est plus Daech, mais la Russie. Le péril majeur n'est plus le totalitarisme vert, que Poutine a éradiqué en Tchétchénie avant de l'écraser en Syrie, mais le fantôme du totalitarisme rouge ressuscité par les thuriféraires des Etats-Unis. Thèse de Mezri Haddad : la théorie du choc des civilisations n'est pas caduque. C'est juste le point d'impact qui s'est déplacé en faisant tomber les pions du grand échiquierâ! Le choc ne serait plus entre l'islamisme et l'Occident, mais entre des démocraties finissantes et des autoritarismes ré-émergents, entre un modèle de civilisation spirituellement desséché et un modèle en plein renouveau orthodoxe et exaltation nationaliste. Une guerre qui se joue sur le même continent et à l'intérieur de la même ère civilisationnelle... pour le meilleur ou pour le pireâ!

10/2022

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Littérature française

L'ange de Pigalle

" Je ne suis pas une pute, je suis une fillette des Ardennes qui s'est perdue, une femme, une mère, avec un coeur, une âme, qui s'est prostituée pendant plus de cinquante ans. " Linda a soixante-dix-neuf ans. Elle a grandi dans une maison sans eau, sans électricité... sans argent. Lorsqu'un garçon la séduit et la conduit à Paris, l'innocente se rêve une autre vie. Mais, en cet hiver 1963, Gérard l'oblige, à tout juste dix-neuf ans, à se prostituer. De morsures en caresses, il l'enchaîne à ce métier. Une plaie s'ouvre, qui ne se refermera jamais. A travers la voix de Linda, c'est le parcours de toutes les infortunées qui se raconte de l'intérieur - l'extrême violence des débuts, l'engrenage de l'argent, les avortements, les demandes les plus effrayantes, mais aussi d'infinis moments de tendresse avec certains clients. Ce livre, Linda l'a écrit pour sa fille, à qui elle a toujours caché son métier. Un moyen de se réconcilier avec elle-même et avec les siens. Sous la plume de Jean Arcelin, elle alerte aussi les plus jeunes : "On ne s'élève jamais en vendant son corps, au contraire, on descend toujours plus bas, parfois jusqu'aux ténèbres... " A propos de l'autrice Linda est née en 1943 dans les Ardennes. Après plus de cinquante ans de prostitution à Paris, elle a définitivement tourné la page et vit dans les Alpes-Maritimes. " Un document brut, un style cru et minutieux, loin des clichés sur "les filles de Madame Claude", qui livre la vérité d'une travailleuse du sexe. " Libération " Un livre bouleversant et exceptionnel. |... ] Un récit sans tabou. " Jean-Marc Sève, Le Magazine de la santé, France 5 " Fort, touchant, émouvant... Un témoignage marquant. [... ] Son livre, c'est un message aux jeunes filles, aux moins jeunes pour expliquer la prostitution et ses ravages. Mais surtout à sa fille pour lui dire qu'elle l'aime plus que tout. Une vérité toute nue qui touche en plein coeur. Un lourd voile se lève. " Nice Matin

10/2022

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Littérature française

Pourquoi tu danses quand tu marches ?

Un matin, sur le chemin de l'école maternelle, à Paris, une petite fille interroge son père : "Dis papa, pourquoi tu danses quand tu marches ? " . La question est innocente et grave. Pourquoi son père boite-t-il, pourquoi ne fait-il pas de vélo, de trottinette... ? Le père ne peut pas se dérober. Il faut raconter ce qui est arrivé à sa jambe, réveiller les souvenirs, retourner à Djibouti, au quartier du Château d'eau, au pays de l'enfance. Dans ce pays de lumière et de poussière, où la maladie, les fièvres d'abord puis cette jambe qui ne voulait plus tenir, l'ont rendu différent, unique. Il était le "gringalet" et "l'avorton" mais aussi le meilleur élève de l'école, le préféré de Madame Annick, son institutrice venue de France, un lecteur insatiable, le roi des dissertations. Abdourahman Waberi se souvient du désert mouvant de Djibouti, de la mer Rouge, de la plage de la Siesta, des maisons en tôles d'aluminium de son quartier, de sa solitude immense et des figures qui l'ont marqué à jamais : Papa-la-Tige qui vendait des bibelots aux touristes, sa mère Zahra, tremblante, dure, silencieuse, sa grand-mère surnommée Cochise en hommage au chef indien parce qu'elle régnait sur la famille, la bonne Ladane, dont il était amoureux en secret. Il raconte le drame, ce moment qui a tout bouleversé, le combat qu'il a engagé ensuite et qui a fait de lui un homme qui sait le prix de la poésie, du silence, de la liberté, un homme qui danse toujours. " Pourquoi tu danses quand tu marches ? offre une leçon : comment ne pas subir la marche d'autrui et comment choisir de danser sur le fil de sa propre vie. " Jeune Afrique - Anne Bocandé " Waberi exorcise d'un coup bien des années de "crainte antique" liée au regard de l'autre. " L'Humanité - Muriel Steinmetz " La bouleversante confession d'un père qui explique son handicap à sa fille " Le Figaro - Mohammed Aïssaoui " Cette belle leçon de danse entre un père et sa fille montre que la littérature est aussi un art de la transmission " Le Figaro - Mohammed Aïssaoui

08/2019

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Poésie

Le Bestiaire n°III de Marcel Broodthaers. Poèmes, 1960-1963

Dans Le Bestiaire de Marcel Broodthaers, figure majeure de l'art post-duchampien dont on célébrera le centenaire en 2024, un réseau secret de correspondances relie les animaux réels ou imaginaires qu'on croise au fil des pages ? : l'abîme, l'agneau, l'aigle, l'alcoolique, le banquier, le boeuf, l'huile et le vinaigre, la mer, le rhinocéros... Leur seule énumération communique déjà une joie venue de l'enfance, joie de semer le désordre dans les catégories ordinaires. Marcel Broodthaers, relisant et détournant les Fables de Jean de la Fontaine, cherche à brouiller la frontière entre humain et non-humain ? : "? tout est emmêlement - la figure naïve de l'animal et la figure innocente de l'homme ? ", note Jean Daive, passeur avec Maria Gilissen-Broodthaers de sa poésie. Pour approcher ces nuances infinies, qui travaillent les frontières entre les règnes comme elles travaillent les règnes eux-mêmes, l'écriture de l'artiste belge se fait labile, tramée de dessins et de ratures qui l'interrompent et la relancent. A l'image de ce qu'il avait fait avec Un coup de dés jamais n'abolira le hasard de Stéphane Mallarmé, dont il avait caviardé chaque vers pour repousser plus loin encore la limite entre sens et non- sens, il ne cesse dans Le Bestiaire de raturer ce qu'il écrit. Les poèmes de ce volume relèvent d'une intranquillité enthousiaste, comme le souligne Jean Daive ? : "? dire et raturer, redire et raturer, écrire et raturer, et raturer la rature, et de nouveau la rature la raturer et l'expliciter autrement ? "... Cette intranquillité se traduit dans l'entremêlement d'un désir d'écrire de la poésie et d'un désir de dépasser la poésie. On peut se souvenir que c'est à partir d'une cinquantaine d'exemplaires invendus des poèmes de son Pense-Bête qu'il réalisait sa première oeuvre plastique en 1963-1964, en les figeant dans une base informe de plâtre. Plus tard, ce sont deux vers du Bestiaire qui lui donneront l'idée de son fameux musée imaginaire, initié en 1968, le Département des aigles ? : "? Ô Tristesse, envol de canards sauvages / Ô Mélancolie, aigre château des aigles ? "... Comme si sa pratique conceptuelle et critique naissait chaque fois des cendres de sa poésie.

03/2024

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Littérature française

Le grand porteur

Le Grand Porteur est un éléphant aux défenses exceptionnelles, que le guide Claude Grécourt, chasseur professionnel, poursuit depuis des années. C'est aussi pour Jonathan le catéchiste (l'action se déroule en Afrique Centrale) la main de Dieu qui vient punir les hommes de leurs péchés. Le Grand Porteur, en effet, régulièrement ravage et détruit les plantations. Le métier de Grécourt est d'organiser des "safaris". Il prépare la chasse et aide discrètement le client à se croire l'auteur du beau coup de fusil. Grécourt a pour client un nommé Gaussin. Il ne sait pas que cet homme d'affaires très riche et très actif a appris, par les médecins, qu'il est condamné à mourir bientôt, et qu'il a voulu, avant cette échéance, non point tant tuer une grosse bête, mais surtout agir à la limite de ses forces. Jonathan a repéré un troupeau de buffles. Grécourt indique à Gaussin le vieux mâle à tuer, le tue à sa place et lui en fait l'honneur. Au terme de cette chasse, la petite troupe revient au village. C'est pour apprendre que les éléphants sont venus, ont dévasté la future récolte, et que le Grand Porteur a tué le petit-fils de Jonathan. Les trois hommes se mettent à la poursuite de l'éléphant : Jonathan, parce qu'il est bouleversé de découvrir un Dieu aveugle qui frappe indifféremment l'innocent et le coupable, Grécourt, parce qu'il pense à la beauté des défenses et à la perfection qu'elles représentent, Gaussin, parce qu'il est fasciné par la perspective d'un effort qui le dépasse. Par pudeur, Gaussin cache à ses compagnons qu'il est lui-même condamné comme l'est le Grand Porteur. La poursuite dure des jours et des jours. Gaussin, quoique replié sur lui-même, forcera l'amitié de Grécourt. Ils atteignent enfin la bête. Gaussin la manque à sa première balle. Pendant deux jours encore ils traquent l'éléphant blessé, et quand Gaussin l'a enfin au bout de son fusil, il ne tire pas. Il s'aperçoit que "pouvoir et ne pas vouloir" c'est le sommet de l'orgueil. Il s'abandonne à cet orgueil. C'est Jonathan qui, à la sagaie, tuera l'éléphant, mais il sera aussi tué par lui. Et l'on devine que Gaussin, épuisé, va sans doute mourir. Dans ce roman, situé à mi-chemin entre Jean Hougron et Hemingway, c'est-à-dire entre le roman d'aventures et le récit lyrico-psychologique, l'atmosphère de la brousse est évoquée sans faux exotisme, avec vigueur et discrétion. L'écriture est nette, discrète. Les trois hommes ont du poids, ils vivent.

09/1961

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Romans historiques

Le Chevalier noir et la Dame blanche Tome 2 : La marque du temple

Le jour de la Saint-Jean-Baptiste, à huit jours des calendes de juillet, en l'an de disgrâce 1348, la Bête immonde à la face hideuse nous avait saisi la main. Le Mal noir rôdait autour de nous depuis trois ans, entraînant dans son sillage criminels et innocents. La pestilence ravagea la baronnie, la comté de Pierregord et les royaumes les plus lointains de l'Occident à l'Orient. Du Sud au Nord. En moins d'un an un feu sur trois disparut à tout jamais. Simple écuyer du baron de Beynac, je franchis les quelques lieues qui nous séparaient de sa seigneurie de Commarque pour rejoindre enfin, par des voies souterraines, ma douce mie Isabeau de Guirande et poursuivre mon enquête criminelle. Après avoir risqué ma vie et celle de mes compains de route à moult reprises, et franchi des obstacles que nous pensions insurmontables, mon fidèle ami, Arnaud de la Vigerie, disparut dans d'étranges circonstances. Je pris le commandement de la place à charge de la mieux remparer pour déboter un assaut anglais. En poursuivant mes investigations sur l'origine criminelle de la pestilence, je fus à nouveau victime de tentatives de meurtre et me heurtai à une épouvantable conspiration du silence. D'aucuns la baillèrent de leur vie dans d'atroces souffrances pour m'avoir mis sur la voie d'un incroyable secret. Alors que j'envisageai de signer le pacte du Diable avec la trop belle châtelaine de Guirande, l'épouse du baron de Beynac, j'appris trois nouvelles stupéfiantes. Des pans entiers de ma vie vacillèrent alors. De grâce, aidez-moi à trancher les têtes de l'Hydre de Lerne et à percer le mystérieux secret de l'Ordre du Temple. Pour découvrir l'emplacement du fabuleux trésor des hérétiques albigeois. Caché depuis plus d'un siècle. Bertrand Brachet de Born "Chevalier bachelier" "A nouvel éditeur privilège de la fraîcheur, pour un roman qui n'a rien d'un produit formaté. L'auteur a pris le temps de s'imprégner de la grande et de la petite histoire et de la langue occitane, pour mieux les oublier et les réinventer avec une spontanéité et une verdeur de langage qui font tout le charme, la fluidité et l'originalité de son livre. A suivre". Historia juillet 2006

01/2020

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Philosophie

Un été avec Montaigne

"Les gens seraient étendus sur la plage ou bien, sirotant un apéritif, ils s'apprêteraient à déjeuner, et ils entendraient causer de Montaigne sur le poste. Quand Philippe Val m'a demandé de parler des Essais sur France Inter durant l'été, quelques minutes chaque jour de la semaine, l'idée m'a semblé très bizarre, et le défi si risqué que je n'ai pas osé m'y soustraire. D'abord, réduire Montaigne à des extraits, c'était absolument contraire à tout ce que j'avais appris, aux conceptions régnantes du temps où j'étais étudiant. À l'époque, l'on dénonçait la morale traditionnelle tirée des Essais sous la forme de sentences et l'on prônait le retour au texte dans sa complexité et ses contradictions. Quiconque aurait osé découper Montaigne et le servir en morceaux aurait été aussitôt ridiculisé, traité de minus habens, voué aux poubelles de l'histoire comme un avatar de Pierre Charron, l'auteur d'un Traité de la sagesse fait de maximes empruntées aux Essais. Revenir sur un tel interdit, ou trouver comment le contourner, la provocation était tentante. Ensuite, choisir une quarantaine de passages de quelques lignes afin de les gloser brièvement, d'en montrer à la fois l'épaisseur historique et la portée actuelle, la gageure paraissait intenable. Fallait-il choisir les pages au hasard, comme saint Augustin ouvrant la Bible ? Prier une main innocente de les désigner ? Ou bien traverser au galop les grands thèmes de l'oeuvre ? Donner un aperçu de sa richesse et de sa diversité ? Ou encore me contenter de retenir certains de mes fragments préférés, sans souci d'unité ni d'exhaustivité ? J'ai fait tout cela à la fois, sans ordre ni préméditation. Enfin, occuper l'antenne à l'heure de Lucien Jeunesse, auquel je dois la meilleure part de ma culture adolescente, c'était une offre qui ne se refuse pas". En 40 chapitres, Antoine Compagnon interprète Montaigne d'une façon claire, limpide, drôle. De l'engagement jusqu'au trône du monde en passant par la conversation ou l'éducation. Professeur au collège de France, ce grand spécialiste de l'autobiographie nous présente un Montaigne estival qui permet de bronzer notre âme. L'été avec Montaigne bénéficiera d'une forte promotion sur l'antenne de France Inter (Messages et émissions).

05/2013

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Littérature étrangère

Les Paradis aveugles

Tout comme Roman sans titre, initialement paru aux Éditions des Femmes en 1992, et réédité par Sabine Wespieser éditeur en 2010, Les Paradis aveugles n’est pas une nouveauté. Il s’agit d’un des premiers romans de Duong Thu Huong, paru en 1988 au Vietnam, où il s’est vendu à plus de quarante mille exemplaires. La réalité qu’il dénonce – la Réforme agraire initiée en 1953 et ses conséquences désastreuses sur la société vietnamienne – de même que son succès ont conduit à l’arrestation de son auteur trois années plus tard. La première édition des Paradis aveugles en France, également aux Éditions des Femmes, date précisément de 1991. Hàng, la jeune héroïne de ce roman, travaille en URSS, comme nombre de Vietnamiens alors. Elle est appelée à Moscou, au chevet de son oncle malade. C’est l’occasion pour elle d’une plongée dans un passé douloureux. Son oncle Chinh en effet, fonctionnaire zélé du Parti communiste, fut l’un des ardents serviteurs de cette Réforme qui ravagea les campagnes. La mère de Hàng, par piété fraternelle et par respect des traditions, n’osa jamais s’opposer aux diktats édictés par son frère. Et quand enfin il tomba en disgrâce, elle continua de le soutenir : « La Réforme agraire, comme un ouragan, avait dévasté champs et rizières, semé la désolation. On se racontait publiquement les malheurs, les injustices subis. On invoquait à haute voix l'âme des innocents massacrés. Dans les demeures, les lampes à huile brûlaient toute la nuit. Les maisons ouvraient leurs portes, les conversations roulaient, les réunions battaient leur plein... On réclamait le châtiment des délateurs, la réhabilitation de l'honneur bafoué, le règlement des dettes de sang... De tous, oncle Chinh était le plus haï. Personne ne savait où il s'était caché. Pour assouvir la vengeance des villageois, seules restaient ma mère et la maison des ancêtres. Une nuit, la foule surexcitée, armée de bâtons et de couteaux, encercla la maison, et somma ma mère de venir régler les dettes de sang accumulées par son frère ». Dans ce livre de jeunesse, Duong Thu Huong fait déjà montre de la puissance d’évocation qu’elle déploiera dans ses grands romans ultérieurs. Chant d’amour à un Vietnam démembré, ce livre d’où sourd une puissante nostalgie interroge le paradis marxiste… celui de tous les aveuglements.

11/2012

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Littérature érotique et sentim

Le sixième monde Tome 1 : La piste des éclairs

L'apocalypse climatique a englouti la majeure partie du monde, mais Dinétah, l'ancienne réserve navajo, a connu une véritable renaissance. Les dieux et les héros des légendes ont pris vie... tout comme les monstres. Maggie Hoskie est une chasseuse de monstres et une tueuse aux dons surnaturels, le dernier espoir d'une famille qui fait appel à elle pour retrouver une fillette disparue. Cependant, la créature qui a enlevé l'enfant n'est que l'une des pièces d'un vaste et terrifiant puzzle que Maggie va devoir résoudre pour protéger les innocents. A contrecoeur, elle accepte l'aide de Kai Arviso, un homme-médecine peu conventionnel. Sillonnant la réserve, ils déterrent de vieilles légendes, s'acoquinent avec un personnage des plus louches et affrontent une magie des plus noires dans un monde dévasté à la technologie mourante. Pour survivre, et découvrir ce qui se trame derrière ces disparitions, Maggie devra affronter son douloureux passé. Bienvenue dans le Sixième Monde. " Vite, annulez Supernatural et donnez-nous cinq saisons avec cette chasseuse de monstres amérindienne et son compagnon charmeur et charmant. " The New York Times " Une histoire sensationnelle et originale. " Charlaine Harris, autrice de True Blood " Agréable, drôle, terrifiant, génial. " Daniel José Older, auteur de Shadowshaper et Star Wars : Baroud d'honneur " De l'action à couper le souffle, des personnages fascinants et une vision inédite du futur proche de l'Amérique, bref, un véritable tour de force qui relance la bit-lit ! " Charlie Jane Anders, autrice de Tous les oiseaux du ciel " Une histoire puissante et farouchement personnelle dans un décor post-apocalyptique fascinant. " Kate Elliott, autrice de La Couronne d'étoiles " Roanhorse dépeint de manière frappante la terre des Navajos, leurs légendes et leur culture dans ce merveilleux premier roman qui inaugure la série du Sixième Monde. Roanhorse déroule une histoire fascinante avec une magie haute en couleurs dans un monde ravagé par l'homme et les catastrophes naturelles. Tous les amateurs d'imaginaire apprécieront la plume forte de cette autrice amérindienne. " Publishers Weekly " Comment ne pas aimer La Piste des Eclairs ? C'est un sacré bon roman et un prélude fantastique pour ce qui s'annonce comme une série captivante ! " Tor. com " J'aurais pu lire les aventures de Maggie, avec son côté combatif, ses blessures et sa persévérance, sur des centaines de pages supplémentaires. J'en redemande ! " Anomaly

01/2020