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Littérature française

Une courtisane aux péripéties à l'eau d'ortie

Ce roman est un roman vivace, vivant écrit par un homme en colére. Connu pour avoir vomi ses vérités sur l'incarcération des cadres gestionnaires au temps de la purge initiée par des forces pas si occultes que cela, RACHID HARBI Kabyle-Algérien a pris cette fois sa plume pour aile, tâter les douleurs sociétaires. Ancien cadre de l'eniem emprisonné en 1996, deux fois acquitté, il a réglé ses comptes avec le pouvoir et le systéme judiciaire à travers des écrits journalistiques et deux livres parus il ya quelques années. A soixante sept ans, attendri peut etre, il vient de publier un récit qui narre l'histoire singuliére, mais pas du tout ordinaire, d'une jeune algérienne moyenne éprise de vie tout simplement une jeune fille martyrisée et qui à l'aide de son seul " karma ", a fini par sortir la téte de l'eau. Chebha personnage de cet ouvrage, prénom d'emprunt, a bel et bien éxisté. Cette histoire est bien réelle. C'est celle de l'éclosion d'une fillette de son extinction puis de sa résurrection. Violée par le deuxième mari de sa mére qui s'avérera étre son géniteur à l'age de trois ans. Déchirée donc par le doigt de son pére, elle survit au choc, se soulève et se porte avec la douleur accrochée à ses haillons, pour aller courageusement affronter le monde et l'école algérienne. Elle en sort bachelière devient universitaire. Un jour, elle découvre que ferroudja sa mére couche avec un amant dans un garage égaré dans les bois. Le traumatisme la féle, elle se met à boire, à fréquenter les bouges et les cabarets. Elle découvre l'argent et le luxe. Chebha est d'une beauté lumineuse. Elle devient méme la femelle d'un prince Quatari et d'une vice consul étranger. Elle vend surtout son corp tous les soirs notamment lorsqu'elle va chez el houaria la madame claude algérienne, entremetteuse de son état. La fiction se méle à la réalité lorsque Pédro, un ibérique en tombe amoureux. Il la sort de la nasse et lui rend sa dignité. La vraie chebha éxiste, elle est aujourd'hui mére de famille, propriétaire d'un superbe commerce et d'une très belle villa sur les hauteurs de la corniche oranaise. La chebha du roman livre sous la plume de l'auteur toute cette détresse et ses insanités que subit la femme algérienne au quotidien.

11/2015

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Réalité virtuelle

Métavers. Et s'il avait toujours existé ?

Le cinéaste Jan Kounen et Romuald Leterrier, tous deux grands spécialistes du chamanisme, co-signent ici une réflexion pour une harmonisation entre sciences, technologies et spiritualités. Pourquoi un ouvrage sur le Métavers coécrit par deux fervents défenseurs de la cause écologique, deux amoureux de la protection de la biodiversité, des peuples natifs et de leurs savoirs traditionnels ? Le cinéaste Jan Kounen et Romuald Leterrier, tous les deux grands spécialistes du chamanisme, co-signent ici une réflexion pour une harmonisation entre sciences, technologies et spiritualités. A travers ce livre, ils démontrent les liens entre technologie et nature, loin de toute pensée binaire. Ils se sont intéressés à la façon dont une technologie matérialiste pourrait contribuer à faire advenir un paradigme idéaliste-spirituel donnant une place centrale à la conscience. Au fil de leurs propos, nous verrons combien il est urgent de réinvestir les outils numériques avec de la conscience, de l'éthique, de l'altruisme, de la coopération. Tout au long de cet ouvrage se déploie une analyse des liens entre les technologies informatiques et les univers du chamanisme. Les auteurs nous emmènent dans une vertigineuse exploration allant des jungles de l'Amazonie aux derniers développements de l'IA, aux méandres de l'inconscient collectif et de l'âme du monde, à la rencontre des esprits et des archétypes. Par cette mise en perspective, entre spiritualité et technologie, ils tentent de faire entrevoir un nouveau monde numérique dans lequel la conscience serait centrale. Alors, bien sûr, leur vision du métavers n'est pas celle des GAFA ou du transhumanisme ! Les auteurs sont convaincus qu'il est important de ne pas tourner le dos à la technologie. L'enjeu et la perspective de ce livre sont d'offrir une résistance aux ambitions toujours plus mercantiles d'une certaine minorité dominante. Critiquer la technologie ou lui tourner le dos est une erreur. Nous devons collectivement utiliser les outils du matérialisme pour mettre clairement en évidence ses limites. Notre proposition est de concevoir ce que serait la quintessence de la technologie au service d'un monde plus conscient, dans une société post-matérialiste. C'est dans cet état d'esprit emprunt des savoirs issus des peuples natifs, que se dessine le métavers du futur. Un futur idéal où fusionnent la technologie et les pensées multiples de notre humanité en reliance avec le vivant dans son unité.

11/2023

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Beaux arts

Observations sur la peinture

Bonnard utilisait ses agendas comme carnets de notes et de croquis. Si quelques agendas antérieurs à 1927 ont été perdus ou sont encore en mains privées, ceux conservés au département des estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France, ont le mérite de présenter un ensemble homogène de dessins croqués sur le vif et d'annotations faites par l'artiste au fil des jours entre 1927 et 1946. Bonnard utilisait des agendas de petites dimensions, "Bijou" ou "Mignon", qu'il pouvait garder sur lui en permanence et dans lesquels il écrit et dessine presque quotidiennement. L'artiste y consigneait des éléments qui peuvent sembler prosaïques comme la liste des courses, ses rendez- vous. Il notait également quotidiennement le temps qu'il faisait, élément important pour un peintre attentif aux effets de la lumière et le lieu où il se trouvait, lorsqu'il était en déplacement. On trouve également quelques notations artistiques à proprement parler. Ces notations témoignent de la recherche perpétuelle de l'artiste de moyens plastiques aptes à traduire l'émotion. "Il ne s'agit pas de peindre la vie. Il s'agit de rendre vivante la peinture". Ces remarques sont bien plus des intuitions nées de son expérience de peintre que l'énoncé de théories artistiques. Ces agendas renferment surtout de multiples croquis qui permettent d'appréhender sa recherche constante autour des motifs auxquels il s'attache dans ces années. Il notait tout un répertoire de formes qu'il exploitait ou non ensuite dans ses peintures : nus, portraits, parfois paysages. Les motifs empruntés à son quotidien sont très présents : portraits de ses proches, animaux domestiques, lieux familiers. Il lui arrivait de tourner autour d'un sujet, jouant sur le cadrage, la composition, sans souci de la couleur. Ses recherches autour des nus à la toilette sont particulièrement révélatrices de cette approche. On assiste ainsi à la genèse des nus dans le bain. On trouve également plusieurs portraits, thème récurrent de son oeuvre notamment à la fin de sa vie. Les paysages, croqués souvent au cours de vacances, sont également nombreux et s'avèrent plus présents que dans ses peintures. Ces dessins permettent à l'artiste de délimiter ses sujets, d'en déterminer les contours et les volumes sans recourir à la couleur. Certains se limitent à quelques lignes traduisant une vision fugace. Les motifs émergent le plus souvent d'une profusion de traits hachurés qui permettent de suggérer l'ombre et le volume, et semblent évoquer les couleurs. Ces carnets permettent de rentrer dans l'intimité de l'artiste et de saisir au quotidien sa perpétuelle quête plastique.

10/2019

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Histoire de France

Archives de l'Occident. Tome 1, Le Moyen Age (Ve-XVe siècle)

"Il en va de l'histoire comme des autres sciences. Le laboratoire, ce sont ici les archives, les musées, les bibliothèques. Le matériau, c'est le document, écrit ou non écrit, qu'une analyse transmue en témoignage et qu'une critique confronte à d'autres témoignages. Il y a le document qui parle de lui-même parce qu'il a été conçu pour raconter - ce qui ne signifie pas qu'il soit sincère. Le récit, la chronique, le journal sont précieux, tout comme le tableau figuré, souvent parce qu'ils fourmillent de détails empruntés à l'observation, toujours parce qu'ils proposent une explication, un éclairage, une version. L'historien sait ne pas négliger de tels témoignages. Il en sait la fragilité. S'imposent le recoupement, la attique, l'assemblage. Le témoin unique ne témoigne de rien que de sa propre version : le peintre des travaux champêtres n'a jamais tenu un mancheron et l'acteur d'une bataille n'en a vu que son entourage. Il y a aussi le document né de l'action, dont l'auteur n'aurait jamais pensé qu'il serait un jour matière première de l'analyse historique. C'est la lettre, la décision, le compte, mais c'est aussi le plan de la ville ou l'ordonnance des champs, l'appareil de la construction ou la forme du soc. Mais ce document, comme la cornue du chimiste ou le microscope du biologiste, ne répond bien souvent à l'interrogation qu'en désavouant l'idée préconçue de l'historien et en le contraignant à de nouveaux points de vue, à de nouvelles questions. La recherche est ici comme ailleurs un interminable dialogue. Autant qu'au maître, à l'étudiant, à l'élève tentés de prendre leur part à l'expérience de l'historien, la collection qui s'ouvre avec ce livre s'adresse à tous ceux qui souhaitent passer derrière le décor planté par l'écriture des historiens quand ceux-ci parviennent à des résultats, qui veulent poser eux-mêmes les questions que suggère l'intelligente de notre temps à la diversité du témoignage des temps passés. Ce que nous proposons ici, c'est évidemment un choix. Les textes inconnus ou peu connus côtoient les pièces illustres qu'on se serait étonné de ne pas trouver sous le prétexte qu'elles sont ailleurs. Des actes solennels alternent avec ceux de la pratique quotidienne. Des récits en forme ont place à côté de l'information diffuse qu'il faut extraire d'une phrase ou d'un vestige archéologique." Jean Favier, de l'Institut.

11/1992

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Histoire de France

Chevalerie et christianisme aux XIIe et XIIIe siècles

La chevalerie présente deux acceptions, l'une sociale et l'autre idéologique. D'une part, le groupe aristocratique des combattants à cheval, et d'autre part les valeurs qui lui imposent des comportements spécifiques. Devons-nous la mêler inextricablement au christianisme? Les penseurs des mie et mue siècles justifient la prépondérance sociale des chevaliers par le péché d'Adam et la rupture de l'harmonie originelle qu'il entraîne. Ils considèrent que les miles "élu parmi mille", selon l'étymologie d'Isidore de Séville ont pour vocation divine de défendre le faible et de faire régner la justice, instaurant par les armes la paix. Cette théologie politique marque l'évolution de l'adoubement, qui emprunte alors à l'onction royale et aux sacrements chrétiens bien des éléments de son rituel. En recevant l'épée, dûment bénie, et la colée, le nouveau chevalier intègre un ordre, tout comme le clerc est ordonné. La prédication lui rappelle les devoirs spécifiques de l'état qu'il vient d'adopter, en particulier de mitiger sa violence et d'exercer sa puissance avec droiture et modération. Elle l'encourage à partir en croisade pour défendre la Chrétienté. Jusqu'aux années 1990, dans leurs analyses sur la chevalerie, les historiens ont repris la trame du discours normatif des clercs, que nous venons brièvement de présenter. Ils ont tenu pour vraisemblable l'influence extérieure de l'Eglise dans la mitigation de la violence nobiliaire, grâce à l'influence sur le code chevaleresque de la Paix de Dieu et plus largement du message évangélique. Depuis les vingt dernières années, d'autres spécialistes remettent en cause ce modèle, remarquant la nature idéale des discours des clercs médiévaux sur la chevalerie, qu'il conviendrait de déconstruire. Ils adoptent l'anthropologie culturelle pour méthode afin de conclure que, tout au long du Moyen Age et de façon endogène, la société guerrière produit ses propres codes de conduite pour épargner les vies de ses membres dans les combats, pour augmenter son honneur et pour affirmer sa domination sur la paysannerie. Toute superficielle, la religiosité des chevaliers ne serait donc pour rien dans l'autocontrôle de leur violence. Le débat apparaît en toile de fond du présent ouvrage, où les meilleurs spécialistes de la question se penchent sur les rapports complexes et paradoxaux entre le christianisme et les guerriers nobiliaires. Ils analysent ainsi autant la piété chevaleresque que la part de l'Eglise dans la guerre menée par l'aristocratie au cours d'une période charnière, où les normes, mentalités et conduites connaissent de profonds bouleversements.

12/2011

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Esthétique

Libre cours. A l'épreuve de l'oisiveté

Par son originalité et la simplicité apparente de son style alerte Marion Milner occupe une place à part dans le panthéon de la pensée psychanalytique. Sa réflexion sur la créativité dans la séance comme à l'extérieur de ce cadre sont une source constante de renouvellement pour la réflexion. Sa perspective s'inscrit dans le sillon tracé par Winnicott : il s'agit pour elle de souligner les mouvements susceptibles de favoriser l'authenticité d'un sujet - en s'affranchissant de la pression que peuvent exercer sur lui ceux qu'il aime ou qu'il redoute. Dans ce livre, la réflexion emprunte le chemin de l'analyse des états d'âme qui accompagnent les variations du quotidien dans les situations les moins bien balisées. C'est ainsi que l'auteur est amenée à poser la question de la vacance : que faire de son temps libre ? Si l'on a des certitudes sur le monde, une telle interrogation disparait. Mais si l'on est moins affirmatif, plus conscient de l'identité des autres que de la sienne propre, le problème devient réel. Le risque de vivre par raccroc, à la remorque de l'autre, de ses désirs et de son bien être, s'accroit. En l'occurrence, malgré leur émancipation, la question reste cruciale pour bien des femmes. Faisant recours à une méthode tient de l'enquête, de la psychanalyse et de l'observation de soi, l'auteur, qui a mené constamment une double activité de peintre et de psychanalyste, s'efforce de recenser et d'analyser les mouvements intimes de la vie quotidienne pour parvenir à cerner ce qui nous rend créatif et peut arracher notre pensée aux ornières du conformisme, de la routine et de la complaisance. Pour y parvenir, Marion Milner part de l'analyse de son journal intime. Elle en reprend les notations cursives pour en souligner certains aspects imprévus et profonds. Au demeurant, lorsque certaines de ses pensées sont consacrées aux jours les plus noirs de la décennie précédant la seconde guerre mondiale, elles offrent une ressaisie remarquable de l'écho intérieur de la montée des fascismes en Europe. Libre cours rappelle alors les plus belles pages du Monde d'hier de Stefan Zweig. A ce titre, comme le souhaite l'auteur, le livre permet "à toute personne ordinaire de prendre conscience de certains des processus à l'oeuvre à l'intérieur d'elle-même". Et de ce qu'il en advient en temps de crise.

07/2023

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Ecrits sur l'art

Devant la douleur des autres

L'un des traits distinctifs de la vie moderne est qu'elle dispense d'innombrables occasions de considérer (à distance, à travers le support de l'appareil photographique) les horreurs qui adviennent dans toutes les parties du monde. Les images d'atrocités sont devenues, par le biais de l'écran de télévision ou d'ordinateur, une sorte de lieu commun. Mais la description de la cruauté a-t-elle pour conséquence d'immuniser les spectateurs contre la violence ou de les y inciter ? Leur perception de la réalité est-elle érodée par le barrage quotidien des images ? Que signifie se sentir concerné parles souffrances des gens dans des zones de conflit lointaines ? Il y a vingt-cinq ans, l'essai désormais classique de Susan Sontag, Sur la photographie, définissait les termes du débat. Le présent livre s'attache à reconsidérer en profondeur l'interaction qui s'opère entre l'" actualité ", l'art et la manière dont nous comprenons la description contemporaine de la guerre et du désastre. On prête volontiers aux images le pouvoir d'inspirer la protestation, d'engendrer la violence ou de produire l'apathie : autant de thèses que Susan Sontag réévalue en retraçant la longue histoire de la représentation de la douleur des autres - depuis Désastres de la guerre de Goya jusqu'aux documents photographiques de la Guerre de Sécession, de la Première Guerre mondiale, du lynchage des Noirs dans le sud des Etats-Unis, de la guerre civile espagnole. des camps de concentration nazis jusqu'aux images contemporaines venues de Bosnie, de Sierra Leone, du Rwanda, d'Israël et de Palestine, ou de New York, le 11 septembre 2001. Ce livre nous parle aussi de la manière dont on fait (et comprend) la guerre aujourd'hui, convoquant nombre d'exemples empruntés à l'histoire et quantité de thèses émanant de sources littéraires inattendues. Platon, Léonard de Vinci, Edmund Burke, Wordsworth, Baudelaire et Virginia Woolf participent tous à cette passionnante réflexion sur la vision moderne de la violence et de l'atrocité. L'ouvrage contient aussi une critique virulente du provincialisme de certains " experts " médiatiques qui dénigrent la réalité de la guerre et substituent à une intelligence politique du conflit un discours désinvolte prônant l'existence d'une nouvelle " société du spectacle " universelle. De même que Sur la photographie nous invitait à repenser la nature de notre modernité. Devant la douleur des autres modifiera notre appréciation non seulement des usages et de la signification des images, mais aussi de la nature de la guerre, des limites de la compassion et des obligations de la conscience.

10/2022

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Poches Littérature internation

Le détour

" Je ne vois pas comment on peut se remettre de cette lecture, c'est hallucinant. Personne n'a parlé de la Seconde Guerre mondiale comme cette femme. " Juliette Arnaud, France Inter. Un nouveau classique à ranger aux côtés des livres de Charlotte Delbo, de Primo Levi et de Ruth Klüger. Publié pour la première fois en 1979, Le Détour est le fruit de vingt-cinq années d'écriture. Il relate le parcours de Luce d'Eramo qui, élevée dans une famille de dignitaires fascistes, partit de son propre chef en Italie en 1944 pour intégrer un Lager, un camp de travail nazi. S'il demeure méconnu en Italie, Le Détour rencontra immédiatement en Italie un immense succès et connaît depuis quelques années une nouvelle vague de traductions dans le monde entier. La force et l'acuité de ce texte - qui traque aussi sans complaisance les travestissements de la mémoire - le rattachent de fait aux plus grands témoignages de femmes sur l'expérience des camps, tels ceux de Charlotte Delbo et de Ruth Klüger. Nous devons la découverte de ce livre à ce passage des Carnets de Goliarda Sapienza : " Fini de lire Le Détour de Luce d'Eramo, assurément le plus beau livre de ces dix dernières années et peut-être un chef-d'oeuvre absolu ; cela m'obligera à relire Si c'est un homme et Le Dernier des Justes, pour vérifier ce que je soupçonne. C'est-à-dire que le livre de Luce est le plus actuel sur ce sujet, le plus durement approfondi dans la démonstration de l'aventure nazie, le plus polémique et courageux. " L'originalité du Détour tient de fait à ce que vécut Luce d'Eramo durant la Seconde Guerre mondiale mais aussi au difficile processus de remémoration dans lequel elle s'engagea par la suite, et dont le livre témoigne. Les textes qui composent ce récit ont été écrits successivement en 1953, 1954, 1961, 1975 et 1977. Ils sont présentés dans l'ordre chronologique de leur rédaction, et non dans celui des événements qu'ils décrivent. La confusion qui en découle parfois répond à celle que connut Luce d'Eramo, aux esquives de sa mémoire et aux détours qu'elle emprunta avant de retrouver la cohérence de son histoire. A sa publication en Italie, en 1979, le livre rencontra des centaines de milliers de lecteurs. En se plongeant dans ce texte, il revient au lecteur francophone de vivre à son tour - au-delà de l'histoire stupéfiante d'une adolescente idéaliste faisant volontairement l'expérience des camps nazis - l'expérience d'une femme en quête de sa vérité.

01/2021

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Littérature française

Sex toy

Didrie est une adolescente de treize ans qui va mal. Elle sèche le lycée et préfère traîner avec une bande de garçons de son âge qui passent leur temps à se saouler et à surfer de façon compulsive sur des sites pornos. Bien qu’elle déteste cette atmosphère, Didrie s’enlise dans l’alcool, peut-être à cause de cette obsession d’une sexualité malsaine qu’elle a le sentiment de voir dans les yeux de tous les hommes, y compris dans ceux de son propre père. L’effroi et le dégoût que lui inspirent le viol, la prostitution et la pédophilie empêchent son corps de se développer. Romantique sous ses allures de rebelle, elle voue un amour chaste et absolu à son amoureux, Frankie, qui lui permet tout juste d’échapper à une existence de plus en plus sordide. Mais à force de perdre pied avec la réalité, ses pires cauchemars vont prendre le dessus, jusqu’à faire d’elle à la fois la victime et l’instigatrice d’un drame effroyable. Écrit selon le point de vue d’une jeune fille basculant dans la folie sans s’en apercevoir, Sex Toy est un monologue ininterrompu qui semble avoir été rédigé d’un seul souffle. Dès la première page, on est happés, emportés par un flot qui emprunte ses mots au registre des adolescents d’aujourd’hui. Avec une sensibilité époustouflante, Jean-Marie Gourio réussit à épouser les pensées d’une gamine de treize ans, rendant compte des difficultés de la puberté, et d’un rapport ambivalent, entre fascination et répulsion, au corps et au sexe. Le ton est suffocant, les mots sont crus, d’une violence presque insoutenable. Mais comment restituer autrement la commotion intérieure suscitée par ces images pornographiques sur des jeunes gens fragiles, entièrement livrés à eux-mêmes ? En s’emparant de phénomènes récents tels que la consommation pathologique d’alcool chez les jeunes, l’invasion incontrôlée du porno dans leur quotidien, le danger des réseaux sociaux sur Internet, Jean-Marie Gourio décrit des ados fracassés par la vie, incapables de distinguer ni le bien du mal ni la réalité de la fiction, et qui souffrent d’une perte complète de repères. Sans porter aucun jugement sur ses personnages, il exhibe froidement les mécanismes de la tragédie qui va se dérouler sous nos yeux. Roman noir au suspense infernal, Sex Toy est aussi un livre sans concession qui suscite une réflexion sociale. Un livre coup de poing qui questionne la société sur son incapacité à protéger la jeunesse, un réquisitoire puissant et troublant contre la démission des adultes face au désarroi des adolescents.

08/2012

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Littérature française

Oeuvres complètes. Volume 22, Romans Tome 4 (1913-1915)

Jamais Ramuz n’aura tenté des formules romanesques aussi variées que durant les années qu’embrasse ce tome, de 1912 à 1915. La Vie meilleure, publié dans « La Semaine littéraire » en 1912, n’a pas été repris en volume par son auteur. Centré sur la figure rimbaldienne d’un rétameur vagabond qui espère réparer la laideur du monde par le pouvoir de l’imagination, ce roman d’apprentissage rappelle par sa forme les textes qui l’ont précédé, mais prépare par ses thèmes plusieurs œuvres à venir comme Le Garçon savoyard ou Adam et Ève. Construction de la maison, écrit au début de 1914, est resté jusqu’à ce jour inédit. L’écrivain le jugeait pourtant porteur d’« un ton nouveau », et pour cause : c’est là une première tentative d’exprimer le vignoble de Lavaux, qui deviendra bientôt la terre promise de sa poétique. Intimement lié à un sol âpre mais fertile dont il s’agit de tirer le fruit, le vigneron y apparaît déjà comme le modèle du poète, jusque dans les aspirations contradictoires que lui prête Ramuz : vivre au jour le jour, au gré des pentes et des saisons, ou accroître un patrimoine. La Guerre dans le Haut-Pays, paru dans les « Cahiers vaudois » en 1915, emprunte son intrigue à l’histoire vaudoise. Selon un schéma fréquent dans le roman historique classique, Ramuz intensifie le tragique de la guerre civile (celle qui déchire la petite collectivité des Ormonts lors de la Révolution vaudoise) en plaçant de part et d’autre de la ligne de tir un père et un fils. Le récit penche pourtant du côté du légendaire, dans la mesure où il confère avant tout au passé le pouvoir de fonder le présent de la collectivité. Dans leur diversité, les romans réunis ici illustrent les voies explorées par Ramuz pour donner corps à une aspiration qu’il place sous les auspices de Cézanne – ce peintre qui, « par le moyen du sol, dresse pour nous un art en face de celui de Paris, un art de race et de milieu ». Ce volume contient La Vie meilleure, Construction de la maison et La Guerre dans le Haut-Pays. Le disque qui l’accompagne comprend une reproduction du manuscrit de Construction de la maison avec sa transcription en regard, deux documents autographes relatifs à La Guerre dans le Haut-Pays, ainsi que les deux versions de ce roman (l’édition originale de 1915 et celle des Œuvres complètes de 1941) qu’un logiciel permet de comparer.

06/2012

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Histoire de France

Archives de l'Occident. Tome 3, Les Temps modernes (1559-1700)

"Il en va de l'histoire comme des autres sciences. Le laboratoire, ce sont ici les archives, les musées, les bibliothèques. Le matériau, c'est le document, écrit ou non écrit, qu'une analyse transmue en témoignage et qu'une critique confronte à d'autres témoignages. "Il y a le document qui parle de lui-même parce qu'il a été conçu pour raconter — ce qui ne signifie pas qu'il soit sincère. Le récit, la chronique, le journal sont précieux, tout comme le tableau figuré, souvent parce qu'ils fourmillent de détails empruntés à l'observation, toujours parce qu'ils proposent une explication, un éclairage, une version. L'historien sait ne pas négliger de tels témoignages. Il en sait la fragilité. S'imposent le recoupement, la critique, l'assemblage. Le témoin unique ne témoigne de rien que de sa propre version : le peintre des travaux champêtres n'a jamais tenu un mancheron et l'acteur d'une bataille n'en a vu que son entourage. "Il y a aussi le document né de l'action, dont l'auteur n'aurait jamais pensé qu'il serait un jour matière première de l'analyse historique. C'est la lettre, la décision, le compte, mais c'est aussi le plan de la ville ou l'ordonnance des champs, l'appareil de la construction ou la forme du soc. Mais ce document, comme la cornue du chimiste ou le microscope du biologiste, ne répond bien souvent à l'interrogation qu'en désavouant l'idée préconçue de l'historien et en le contraignant à de nouveaux points de vue, à de nouvelles questions. La recherché est ici comme ailleurs un interminable dialogue. "Autant qu'au maître, à l'étudiant, à l'élève tentés de prendre leur part à l'expérience de l'historien, cette collection s'adresse à tous ceux qui souhaitent passer derrière le décor planté par l'écriture des historiens quand ceux-ci parviennent à des résultats, qui veulent poser eux-mêmes les questions que suggère l'intelligence de notre temps à la diversité du témoignage des temps passés. "Ce que nous proposons ici, c'est évidemment un choix. Les textes inconnus ou peu connus côtoient les pièces illustres qu'on se serait étonné de ne pas trouver sous le prétexte qu'elles sont ailleurs. Des actes solennels alternent avec ceux de la pratique quotidienne. Des récits en forme ont place à côté de l'information diffuse qu'il faut extraire d'une phrase ou d'un vestige archéologique." Jean Favier, de l'Institut

05/1995

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Histoire de France

Archives de la France. Tome 4, Le XVIIème siècle

" Il en va de l'histoire comme des autres sciences. Le laboratoire, ce sont ici les archives, les musées, les bibliothèques. Le matériau, c'est le document, écrit ou non écrit, qu'une analyse transmue en témoignage et qu'une critique confronte à d'autres témoignages. Il y a le document qui parle de lui-même parce qu'il a été conçu pour raconter - ce qui ne signifie pas qu'il soit sincère. Le récit, la chronique, le journal sont précieux, tout comme le tableau figuré, souvent parce qu'ils fourmillent de détails empruntés à l'observation, toujours parce qu'ils proposent une explication, un éclairage, une version. L'historien sait ne pas négliger de tels témoignages. Il en sait la fragilité. S'imposent le recoupement, la critique, l'assemblage. Le témoin unique ne témoigne de rien que de sa propre version : le peintre des travaux champêtres n'a jamais tenu un mancheron et l'acteur d'une bataille n'en a vu que son entourage. Il y a aussi le document né de l'action, dont l'auteur n'aurait jamais pensé qu'il serait un jour matière première de l'analyse historique. C'est la lettre, la décision, le compte, mais c'est aussi le plan de la ville ou l'ordonnance des champs, l'appareil de la construction ou la forme du soc. Mais ce document, comme la cornue du chimiste ou le microscope du biologiste, ne répond bien souvent à l'interrogation qu'en désavouant l'idée préconçue de l'historien et en le contraignant à de nouveaux points de vue, à de nouvelles questions. La recherche est ici comme ailleurs un interminable dialogue. Autant qu'au maître, à l'étudiant, à l'élève tentés de prendre leur part à l'expérience de l'historien, cette collection s'adresse à tous ceux qui souhaitent passer derrière le décor planté par l'écriture des historiens quand ceux-ci parviennent à des résultats, qui veulent poser eux-mêmes les questions que suggère l'intelligence de notre temps à la diversité du témoignage des temps passés. Ce que nous proposons ici, c'est évidemment un choix. Les textes inconnus ou peu connus côtoient les pièces illustres qu'on se serait étonné de ne pas trouver sous le prétexte qu'elles sont ailleurs. Des actes solennels alternent avec ceux de la pratique quotidienne. Des récits en forme ont place à côté de l'information diffuse qu'il faut extraire d'une phrase ou d'un vestige archéologique. " Jean Favier, de l'Institut

05/2001

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Littérature érotique et sentim

Ces dames de Lesbos. Nouvelles érotiques

" L'amour unisexuel fut de tous temps et son attente accompagnait déjà le premier frisson humain de volupté. Nous allons donc tenter de donner idée des formes curieuses prises par lui à travers le temps. " - Renée DunanPOUR UN PUBLIC AVERTI. Ce recueil de onze textes érotiques présente un panorama du saphisme à travers les âges, de Babylone au Paris du XXe siècle en passant par la Rome antique et les amazones. En guise d'introduction, l'auteure emprunte quelques vers de Lesbos de Baudelaire pour illustrer le propos du recueil. S'enchainent ensuite les récits voluptueux au dénouement plaisant. Un recueil classique de l'érotisme français du XXe siècle.EXTRAIT.Lesbos, terre des nuits chaudes et langoureuses,Qui font qu'à leur miroir, stérile volupté,Les femmes aux yeux creux, de leur corps amoureuses,Caressent les fruits mûrs de leur nubilité.Ainsi s'exprimait, parlant de l'île illustre où florissait jadis l'amour féminin, le poète Charles Baudelaire, dans ses Fleurs du Mal.Lesbos ! A ce nom s'élèvent et tournoient dans l'air les blanches colombes d'Aphrodite. Les jeunes filles sentent un frisson courir sur leurs membres, et les historiens vieillis dans les souvenirs d'un passé lointain et bien aboli croient voir reparaître, suivant le cortège des vierges sacrées, l'image de Psappha, l'admirable poétesse aimée des adolescentes.Dans les sentes de l'île fameuse, peuplée de beaux arbres, de demeures agrestes et de pâturages harmonieux, voilà encore que se devinent les belles filles rêveuses, deux à deux enlacées, car la tradition et le souvenir toujours vivants des humains attribuent à Lesbos comme une parure et une gloire cette passion étrange des femmes entre elles.A PROPOS DE L'AUTEUR.Renée Dunan (Avignon, 1892-1936) est une femme de lettres et poétesse française, anarchiste et assurément féministe. Appartenant au mouvement intellectuel et littéraire du dadaïsme, elle a publié dans la revue anarchiste de L'En-dehors " Le nudisme, revendication révolutionnaire ? " et " Le nudisme et la moralité ". Ses romans s'inscrivent dans des genres variés mais elle s'illustre principalement dans l'érotisme féminin.A PROPOS DE LA COLLECTION.Retrouvez les plus grands noms de la littérature érotique dans notre collection Grands classiques érotiques.Autrefois poussés à la clandestinité et relégués dans " l'Enfer des bibliothèques ", les auteurs de ces ouvres incontournables du genre sont aujourd'hui reconnus mondialement. Du Marquis de Sade à Alphonse Momas et ses multiples pseudonymes, en passant par le lyrique Alfred de Musset ou la féministe Renée Dunan, les Grands classiques érotiques proposent un catalogue complet et varié qui contentera tant les novices que les connaisseurs.

04/2018

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Animaux, nature

Ego-dictionnaire du cheval

Le cheval n'est pas un animal ! C'est un monde. C'est en tout cas ce que pense Laurence Bougault qui le considère comme un objet culturel complexe, au carrefour de toutes les activités humaines : véhicule, outil de conquête, attribut de prestige, objet d'art, thérapeute, sportif, travailleur des campagnes, des bois et des villes, artiste de cirque, compagnon, ami, et même objet de culte. Entre lui et l'homme, il se produit comme une fusion, un échange d'âme, au point qu'on pense souvent qu'il nous reflète... Son corps lui-même s'humanise : il n'a pas des pattes mais des jambes, il n'a pas une gueule mais une bouche, on évoque ses mins, sa croupe comme s'il était une femme... Depuis 2003, Laurence Bougault ne cesse d'écrire sur ce sujet inépuisable : récit de voyage à cheval, Sous Ceci/ des chevaux d'Afrique ; Amazone de /a Paix, guide pratique, Chevaux entiers et étalons : essai, La liberté du Centaure ; roman, Les Métamorphoses de l'Amour-Cheval ; poèmes, Eclats de chevauchées, toutes les formes lui semblent propices à rendre compte de la magie de la plus noble conquête de l'homme. Dans le Dictionnaire égoïste du cheval, elle scrute les chevaux sous des angles variés. Cheval de guerre, arts équestres, tableaux de maîtres, ou détails d'anatomie, techniques équestres, chevaux célèbres mais aussi anecdotes et souvenirs personnels, expressions et mots de la langue courante empruntés à l'univers équestre, se croisent et se font échos pour créer une certaine image du cheval, un mythe personnel. Quand on se rencontre, dans le monde infiniment grand du cheval, on se regarde en coin, on se renifle de travers, on se toise, comme le font deux étalons. Pour commencer, on se jette des noms propres à la figure, histoire de voir, de savoir, si on est de la même famille ou d'une famille rivale. La Guériniére, Bancher, Oliveira : vous êtes de la famille de la légèreté, du moins vous y prétendez... La seconde attaque porte sur les races : on n'est pas du même monde si on aime les Pur Sang, les Arabes ou si on aime les Frisons, les Quarters Horses... Dis-moi qui est ta monture, je te dirai qui tu es. Tout cela nous amène ensuite, à condition qu'on n'ait pas déjà rué dans les brancarts et envoyé paître l'autre, à la question passionnelle de la discipline : CSO ou Hunter ? Dressage ou Doma Vaquera ? Endurance ou Complet ? Attelage ou Voltige ? On ne traîne pas toujours sur les mêmes paddocks.

04/2017

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Esotérisme

Le roi du monde et L'ésotérisme de Dante et La grande Triade

On peut déjà comprendre que le "Roi du Monde" doit avoir une fonction essentiellement ordonnatrice et régulatrice (et l'on remarquera que ce n'est pas sans raison que ce dernier mot a la même racine que " rex " et " regere "), fonction pouvant se résumer dans un mot comme celui d' "équilibre" ou d' "harmonie" : ce que nous entendons par là, c'est le reflet, dans le monde manifesté, de l'immutabilité du Principe suprême. Par les mêmes considérations, le "Roi du Monde" a pour attributs fondamentaux la "Justice" et la "Paix" , qui ne sont que les formes revêtues plus spécialement par cet équilibre et cette harmonie dans le "monde de l'homme" . C'est là encore un point de la plus grande importance ; et, outre sa portée générale, nous le signalons à ceux qui se laissent aller à certaines craintes chimériques. Les anciens initiés participaient indistinctement à tous les cultes extérieurs, suivant les coutumes établies dans les divers pays où ils se trouvaient ; et c'est aussi parce qu'il voyait cette unité fondamentale, et non par l'effet d'un "syncrétisme" superficiel, que Dante a employé indifféremment, selon les cas, un langage emprunté soit au christianisme, soit à l'antiquité-gréco romaine. La métaphysique pure n'est ni païenne ni chrétienne, elle est universelle. Il est de l'essence même du symbolisme initiatique de ne pouvoir se réduire à des formules plus ou moins étroitement systématiques, comme celles où se complaît la philosophie profane. Le rôle des symboles est d'être le support de conceptions dont les possibilités d'extension sont véritablement illimitées, et toute expression n'est elle-même qu'un symbole. Il faut donc toujours réserver la part de l'inexprimable, qui est même, dans l'ordre de la métaphysique pure, ce qui importe le plus. Beaucoup comprendront sans doute, par le seul titre de cette étude, qu'elle se rapporte surtout au symbolisme de la tradition extrême-orientale, car on sait assez généralement le rôle que joue dans celle-ci le ternaire formé par les termes "Ciel, Terre, Homme" (Tien-ti-jen). C'est ce ternaire que l'on s'est habitué à désigner plus particulièrement par le nom de "Triade" , même si l'on n'en comprend pas toujours exactement le sens et la portée, que nous nous attacherons précisément à expliquer ici, en signalant d'ailleurs aussi les correspondances qui se trouvent à cet égard dans d'autres formes traditionnelles. Nous y avons déjà consacré un chapitre dans une autre étude, mais le sujet mérite d'être traité avec plus de développements.

03/2021

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Décoration

La lettre et l'image. La figuration dans l'alphabet latin du VIIIe siècle à nos jours

Les lettres ont d'abord été des images. Comme on sait, le mot "alphabet" a été formé à partir des lettres aleph et beth, qui représentent respectivement, dans leur graphie ancienne, une tête de taureau (à l'envers) et une maison, dont le tracé emprunte à un hiéroglyphe égyptien où l'on peut reconnaître notre b couché. Or, à toutes les époques, se révèle le souci constant - secret ou avoué - de rechercher dans le dessin des lettres cette figuration perdue. Et tout se passe comme si les utilisateurs de l'alphabet latin (qu'il s'agisse de poètes, de calligraphes ou de peintres, mais aussi de pédagogues, d'enfants ou de sociologues) refusaient la sécheresse géométrique de son tracé, comme s'ils s'efforçaient de retourner instinctivement aux enfances de l'écriture et de redécouvrir, enfouis sous les sédiments laissés par des millénaires de civilisation, les mots-images, les dessins parlants, les signes-choses, les "paroles peintes" des écritures premières. C'est ainsi que, du Moyen Age jusqu'à nos jours, on retrouve ces alphabets faits de lettres-fleurs, de lettres-animaux, de lettres-hommes ou de lettres-objets. Et la publicité contemporaine fait fréquemment appel à ces alphabets animés qui réintroduisent dans la lettre une image visible. Notre propos aura donc été de prendre en compte cette pérennité à travers le temps et l'espace, à l'aide d'enjambements parfois audacieux et de rapprochements imprévus. De Simmias de Rhodes à Apollinaire, de Rabelais à Hugo ou à Goethe, de Sterne à Edward Lear ou Kipling, mais aussi de Daumier à Klee ou de Raban Maur à Kandinsky, on ne compte plus les auteurs et les artistes qui ont été fascinés par le pouvoir des lettres, le jeu de leurs combinaisons et qui leur assignent un rôle comparable à celui qu'elles jouent aussi bien dans la plupart des religions que dans les arts talismaniques ou dans la thaumaturgie. De cette démarche (qui paraîtra à certains singulière), on ne trouvera pas mention dans les dictionnaires et les encyclopédies, non plus (sinon très fragmentairement) dans les histoires de l'art et de la communication. C'est cette lacune que vient combler ce livre, en proposant une somme encyclopédique qui nous offre de cette conception animiste du monde des exemples savoureux et ludiques. Car si Platon déjà, par la bouche de Socrate, demandait que les lettres eussent "de la ressemblance avec les choses". Humpty-Dumpty, pour sa part, dit à Alice : " Mon nom signifie la forme que j'ai. "

10/2003

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Ethnologie

Les Pandé de Bali : la formation d'une "caste" et la valeur d'un titre

Avant-propos Brève note sur la transcription et la prononciation des mots balinais Introduction Première partie Le positionnement du fait Pandé Chapitre I : Le repérage des groupes Pandé 1. Les artisans et les Pandé dans l'ancienne société 1. 1 Présentation des sources 1. 2 Les chartes des anciens rois de Bali 1. 3 Les sources javanaises 1. 4 Les sources néerlandaises 2. Les métiers de Pandé, la parenté et le titre de Pandé dans la société contemporaine 2. 1 Groupes d'artisans et groupe de parenté 2. 2 Différences et similitudes des groupes Pandé 2. 3 Les Pandé Bali Aga Chapitre II : Les cadres de l'identité Pandé 1. Groupes locaux ou localisés et unités translocales 1. 1 Introduction au contexte de la parenté 1. 2 Unités de résidence, sanggah, sanggah gedé et dadia 1. 3 Les unités translocales : parenté et hiérarchie 2. Déformations et déplacements des groupes de parenté 2. 1 Fusions et scissions 2. 2 Localisation et délocalisation Deuxième partie Le cas des Pandé Bratan Chapitre III : La formation d'un groupe titré 1. Les groupes localisés et leurs temples 1. 1 Les dadia et familles du Nord et du Sud 1. 2 Les différences inscrites dans les temples 2. La tradition des origines et l'origine de la tradition 2. 1 Les nouveaux Pandé Bratan du Sud 2. 2 Les Bratanais et l'ancien village de Bratan 2. 3 Changements sociaux et glissements d'identité Chapitre IV : La mise en écriture du récit des origines 1. La version de Jadi 1. 1 Mpu Bumi Sakti, l'ancêtre de Madura 1. 2 Les voyages à Bali 1. 3 Les circonstances du départ de Madura 1. 4 Le châtiment de Brahma 2. Les différences de la version de Mengwi 2. 1 Les références au fonds littéraire javanais 2. 2 Les emprunts à la chronique de Gélgél 2. 3 L'appel à la tradition des Pandé Tusan 2. 4 Autres distorsions et réajustements Troisième partie L'idéologie Pandé Besi et ses fondements Chapitre V : Le mouvement Pandé et son contexte social 1. L'affirmation de la différence Pandé 1. 1 Les signes d'un statut noble 1. 2 Le refus de l'eau lustrale brahmanique 1. 3 L'impulsion en faveur de l'unité 2. Conformité et opposition aux valeurs de la société de castes 2. 1 L'attraction du statut de Satria 2. 2 Les implications de la dissidence religieuse Chapitre VI : La double tradition écrite des Pandé Besi 1. Présentation des manuscrits étudiés 1. 1 Les textes non-retenus 1. 2 Les textes de la tradition Pandé Besi 2. L'histoire des guerriers de Majapahit 2. 1 Le fait et le dit des ancêtres javanais 2. 2 La conformité au modèle Triwangsa 3. Le "Trésor Révélé" 3. 1 Aji Besi, le forgeron primordial 3. 2 Antériorité, supériorité et séparation des Pandé Besi 4. Acceptation et contestation de la hiérarchie des castes Conclusion Appendice A : Le texte balinais de l'histoire des origines des Pandé de Serongga Appendice B : Traduction du texte et commentaires introductifs Appendice C : Quatre documents sur l'affaire de Ben

01/1987

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Compositeurs

Luciano Berio. Coro

Coro de Luciano Berio est l'une des oeuvres magistrales de la musique récente, une oeuvre qui marque l'aboutissement du travail que le compositeur a effectué sur la voix. Composée entre 1974 et 1976 pour une formation insolite de 40 chanteurs et 40 instrumentistes disposés sous forme d'autant de duos voix et instrument, l'oeuvre fut créée en 1976 à Donaueschingen sous la direction du compositeur, puis augmentée d'une partie supplémentaire, à Graz en 1977 sous la direction de Leif Segerstam. Dans sa forme, elle présente une alternance entre des parties solistes et des parties chorales : les premières croissent jusqu'à rejoindre les secondes, les duos s'additionnant les uns aux autres, les secondes décroissant jusqu'à devenir des parties solistes. Berio croise également des textes de provenance diverses : d'une part des poésies pour la plupart anonymes, qui glorifient l'amour, d'autre part, un poème de Pablo Neruda qui renvoie à la répression d'une manifestation populaire et au sang qui coule dans les rues. La musique elle-même est faite d'emprunts à différentes musiques populaires, y compris celle des Pygmées révélée par l'ethnomusicologue Simha Arom, qui joue un rôle important ; ces différentes sources sont absorbées par le langage personnel de Berio. Cette fresque d'une heure environ est donc plus qu'une oeuvre de musique destinée au concert : comme Sinfonia composée quelques années plus tôt, elle pose des questions éthiques, politiques et esthétiques, exprimant à travers la musique l'utopie d'une assemblée humaine faisant fi des différences de culture et d'identité. En ce sens, Coro pourrait être perçu dans le sillage de la Neuvième Symphonie de Beethoven, comme un hymne à la fraternité et à la liberté. L'oeuvre offre des perspectives constamment changeantes, tantôt à partir des individus, qui se multiplient, tantôt à partir de la masse, qui se divise et emporte l'auditeur dans son flux ininterrompu, d'une expressivité et d'une vitalité irrésistibles. Alain Poirier donne un grand nombre de clés pour mieux pénétrer le sens de cette oeuvre. Il offre d'abord une remarquable synthèse de la musique et de la pensée de Berio, puis aborde sa manière de traiter les relations entre texte et musique, qui constituent un aspect essentiel de son style. Etudiant les diverses facettes de Coro, il s'attarde tout particulièrement sur la manière dont Berio a construit le soubassement harmonique de l'oeuvre, qui lui confère son unité, sa cohérence profonde. C'est la partie la plus analytique de cette étude par ailleurs tout à fait abordable par les profanes. Dans un chapitre conclusif, il s'attache à l'impact de l'oeuvre et à sa réception. Curieusement, cette oeuvre majeure du répertoire contemporain n'avait pas fait jusque-là l'objet d'une étude approfondie. Sa diffusion a sans doute été freinée par un dispositif vocal et instrumental particulier, non standard. Mais Coro n'en demeure pas moins une des réussites les plus éclatantes de la musique récente, une oeuvre d'une immense générosité, et qui ne peut laisser indifférent.

03/2023

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Droit des biens

Patrimoine. Edition 2023-2024

Tous les outils pour diversifier un patrimoine et en optimiser la gestion et la transmission. Le Mémento Patrimoine 2023-2024 apporte une vision transversale, complète et fiable des principaux supports de placement et du cadre de l'investissement Le Mémento Patrimoine 2023-2024 décrit tant les avantages que les dangers ou inconvénients des principaux supports de l'investissement privé : > placements mobiliers ou financiers : actions, OPC, PEL, objets d'art, or, diamants, chevaux, assurance-vie et contrats de capitalisation, etc. > placements immobiliers : locaux nus ou meublés, immobilier de loisirs ou de services, parkings, anneaux d'amarrage, terres agricoles, etc. - Toutes les solutions pour OPTIMISER votre stratégie patrimoniale Il vous accompagne à chaque étape, de l'investissement initial à la transmission aux proches, en combinant étroitement : > les aspects juridiques : incidences des régimes matrimoniaux, choix du véhicule d'investissement, démembrement de propriété, protection des mineurs et majeurs vulnérables, organisation de la transmission, > les aspects fiscaux : incitations à l'investissement locatif, revenus fonciers, imposition des dividendes et des revenus de capitaux mobiliers, plus-values, IFI, droits de mutation, etc. > les aspects financiers : financement par l'emprunt, rentabilité comparée en fonction des différents prélèvements fiscaux, etc. Il vous accompagne à chaque étape : de l'investissement initial à la transmission aux proches. Nouveautés 2023 : - Aménagements du statut des baux issus de la loi Climat - Nouveau régime du cautionnement issu de la réforme du droit des sûretés - Nouveau statut européen de prestataire de services de financement participatif (PSFP) - Aménagement du régime d'imposition des plus-values de cession de cryptomonnaies - Réforme du dispositif fiscal en faveur de l'investissement dans la forêt (Defi-forêt) - Création d'une obligation d'information renforcée pesant sur le notaire par la loi confortant le respect des principes de la République - Nouvelles solutions jurisprudentielles relatives au statut de l'usufruitier de droits sociaux - Nouveau dispositif de réduction d'impôt en faveur de l'investissement locatif Loc'Avantages - Modifications du régime de l'assurance emprunteur par la loi Lemoine du 28 février 2022 - Nouveaux commentaires administratifs du régime du Dutreil-transmission - Réforme de la publicité légale et généralisation du guichet unique électronique - Nouvelles solutions jurisprudentielles relatives à l'habilitation familiale LES + > Des dossiers thématiques pointus pour faire le point sur des sujets complexes : - Société civile : outil de gestion et de transmission du patrimoine - Trust et fiducie - Optimisation fiscale internationale de la gestion du patrimoine - Protection du conjoint survivant - Divorce : conséquences patrimoniales et fiscales - Gestion de portefeuille : quelle responsabilité ? - Récupération des aides sociales sur le patrimoine > Des prises de position motivées pour vous guider dans vos choix.

06/2023

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Sciences politiques

Paix et guerres au XXIe siècle

« L’âge des guerres s’achèvera-t-il en une orgie de violence ou en un apaisement progressif ? » C’est sur cette interrogation, émise en pleine Guerre froide dans laquelle il voyait la troisième des « guerres en chaîne » du XXe siècle, que Raymond Aron concluait sa magistrale étude sur Paix et guerre entre les nations. Grâce au recul qui est le nôtre, il est possible d’apporter à cette question une autre réponse que celle qu’il avait lui-même proposée, à savoir que « nous savons que nous ne savons pas la réponse à cette interrogation ». En effet, la fin pacifique de la guerre froide à laquelle personne ne s’attendait a corroboré l’espoir d’un « apaisement progressif » et démenti la crainte d’une « orgie de violence ». Depuis la fin de la guerre froide, le système international est caractérisé par une stabilité d’ensemble, la paix prévaut au niveau du système dans son ensemble, c’est-à-dire entre grandes puissances en général, et entre démocraties occidentales en particulier, d’un côté, des guerres limitées, à l’échelle locale ou régionale, et récurrentes de l’autre. Comment comprendre l’absence de risque de guerre majeure, au plan international, entre les grandes puissances ? Pourquoi de nos jours les États européens et nord-américains n’imaginent-ils même pas recourir à la force dans leurs relations mutuelles ? À quels facteurs faut-il attribuer les interventions armées multiples auxquelles ces mêmes pays recourent dans des zones périphériques allant de l’ex- Yougoslavie à la Libye en passant par l’Afghanistan et l’Irak ? Qu’est-ce qui explique que certains conflits armés remontant à plus d’un demi-siècle, du Proche-Orient au sous-continent indien, continuent de connaître des épisodes violents ? Autant de questions auxquelles cet ouvrage tente de répondre à l’aide d’outils et de concepts empruntés aux théories des relations internationales. La paix qui prévaut de nos jours entre grandes puissances s’explique par la structure unipolaire du système interétatique avec à sa tête les États-Unis. Au sein de cette hiérarchie, les États occidentaux forment une communauté démocratique qui tout à la fois explique la paix régionale dont ils jouissent dans leurs relations réciproques et la face cachée de cette paix que sont les guerres d’interventions menées contre des régimes qualifiés de voyous. Enfin, les inimitiés durables entre Pakistanais et Indiens d’un côté, Israéliens et Palestiniens de l’autre, renvoient au mécanisme du dilemme de sécurité entre des entités se niant mutuellement le droit d’exister Une réflexion à la fois synthétique et dynamique sur l’état de la politique internationale au début du XXIe siècle.

10/2011

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Religion

La Prophétie du Lion, tome 1

La Prophétie du Lion est le premier tome de la Saga '' Les Guerriers de l'Atlas '', qui narre les aventures de la fratrie Ben Bari Les cinq fils du clan Ben Bari vivaient en paix au milieu de leur famille, quand la mort de leur grand-père, Caïd en titre, vient bouleverser le cours de leur si paisible existence. Du jour au lendemain, ils doivent quitter la chaleur de leur foyer, poursuivis par 'Youssef Le Borgne', fils du Vizir 'Tahar Ben Kedab'. Le 'taleb Salah', guide spirituel de la tribu réunifiée de l'Atlas, leur révèle l'existence de la Prophétie du Lion, qui les concernerait directement. De la passion, des combats épiques, des scènes d'amour en terre d'Islam, de la trahison ... L'intrigue menée sur un rythme haletant, va vous guider au coeur du Maroc du onzième siècle, au pays des légendes, des exorcismes, des Djinns, des visions prophétiques, la vallée de l'Atlas, Marrakech et ses alentours ... Cette fable décrit les rouages d'une société guerrière où les valeurs chevaleresques, le respect, le courage, l'amour de la connaissance, étaient les traits principaux des guerriers de l'Atlas, sortis de leur montagne, dans un grondement de tonnerre, pour fonder un vaste Empire, qui fit date dans l'histoire de l'Humanité. Et, si l'islam n'était qu'amour ? Ce roman présente et vulgarise, une vision humaniste de l'Islam, ouverte sur le monde, loin des caricatures actuelles. Et, si l'islam que l'on présente comme une religion guerrière, n'était, au fond, qu'un message d'amour, dévoyé, à dessein, par certains ? Découvrez une galerie de personnages qui pratiquent une foi éclairée, qui gardent une distanciation par rapport aux écrits. La tribu de l'Atlas se réunit sous la bannière de la Justice, Dieu ne pouvant être ni l'otage, ni l'alibi d'aucun combat ici-bas, car le grand Allah sacralise la vie ; il n'est qu'amour infini. Le slogan unificateur des guerriers de l'Atlas est : " la foi, éclairée par l'intelligence " (emprunté par l'auteur à la Bible, St-Paul) Dans ce roman, les femmes ont un rôle déterminant. Elles participent aux côtés des hommes à la bataille pour abattre la tyrannie du Vizir, ne sont pas cantonnées dans des missions ou tâches subalternes : telle est la véritable place de la femme dans l'islam. Découvrez les scènes d'amour à l'oriental, les déclarations poétiques : " Quand la femme de l'Atlas sourit, c'est l'arc-en-ciel qui fleurit " (Marwan Ben Bari, élu de la prophétie) " La véritable gloire, ce n'est pas de remporter mille victoires ; mais savoir résister à la violence, lorsque notre coeur réclame vengeance '' (Skander Ben Bari, élu de la Prophétie)

04/2019

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Art mural, graffitis, tags

Affiches cubaines. Révolution et cinéma, 1959-2019

Le renversement de la dictature du général Batista le 1er janvier 1959, à laquelle succède le gouvernement révolutionnaire présidé par Fidel Castro, amorce de profonds changements dans la société et l'esthétique cubaines. D'une logique capitaliste avec ses codes visuels empruntés aux Etats-Unis, Cuba se tourne vers un système communiste où prédominent institutions et commande publiques. La production graphique délaisse la publicité pour se mettre au service des idéaux du nouveau régime : l'engagement politique national, la solidarité internationale avec les pays du tiers-monde par le biais de l'OSPAAAL (Organisation de Solidarité des Peuples d'Afrique, d'Asie et d'Amérique Latine) - dont Ernesto Che Guevera est l'un des instigateurs -, et l'éducation culturelle des masses, notamment par le biais du cinéma promu par l'ICAC (Instituto Cubano del Arte e Industria Cinematográficos) créé en mars 1959. Dans le contexte économique du pays, où la rareté de l'électricité rend la télévision et la radio peu accessibles, l'affiche devient le mode de communication le plus efficace. Durant les années 1960-1970, âge d'or de l'affiche cubaine, les graphistes cherchent à créer un style un rupture avec la manière hollywoodienne, qui s'éloigne aussi de la propagande soviétique. Les pénuries de matériaux - papier, encre -, stimulent la créativité en imposant des contraintes. La sérigraphie, technique d'impression artisanale largement adoptée, détermine les grandes lignes de cette nouvelle école : solides contours noirs et choix restreints de couleurs appliquées en aplats. Les affiches commandées par l'OSPAAAL, pliées en quatre et glissées dans la revue Tricontinental diffusée à travers le monde, cherchent à faire passer des messages simples évoquant l'union dans la lutte révolutionnaire tout en transcendant la barrière de la langue, d'où l'émergence de leitmotivs graphiques immédiatement reconnaissables : drapeaux et symboles nationaux, poing levé... L'ICAIC, de son côté, produit des affiches spécifiquement cubaines, souvent dessinées, pour chaque film diffusé. Grâce aux festivals de cinéma, elles sont connues et collectionnées dès les années 1960. Cette âge d'or est suivi d'une période mois féconde, marquée par "el período especial" , crise économique en temps de paix après l'effondrement du bloc de l'Est. Le nombre d'affiches produites d'effondre, la bureaucratie omniprésente entrave la créativité, et de nombreux graphistes phare émigrent. Ce champ de création connaît un renouveau depuis le début des années 2000, dans le domaine culturel plutôt que celui de la communication à grande échelle, renouant avec une dimension expérimentale et artistique. A travers cette production artistique, populaire dans le sens où elle s'adresse à tous et investit l'espace public, ce livre invite à voyager dans le passé et le présent d'un pays dont l'histoire récente reste peu étudiée.

03/2023

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Littérature française

Inconvénients de la perfection

Connaît-on jamais son père ? Dans un très beau texte de reconnaissance, Xavier Girard tente d'approcher au plus près celui dont la présence fut toujours volontairement retenue, parcimonieuse, et souvent énigmatique. Malgré cette sorte de douceur ou de réserve élégante, entre nous la drôle de guerre n'avait jamais cessé. Et il y avait par-dessus tout cette habitude d'être ailleurs, un ailleurs sans véritable endroit où personne, pas même mes frères aînés, me disais-je, ne tentait de le suivre ne sachant dans quelle direction le chercher. Comment faisait-il pour nous tenir à distance sans jamais l'exiger ? Nos rapports étaient placés sous un signe d'autorité dont nous ignorions les décrets et nos pauvres essais pour y échapper (mais y en eut-il vraiment ? ) échouaient contre un mur de silence. Il y avait chez lui, avec son air de ne toucher à rien, cette façon d'étouffer toute demande d'explication et toute complainte. Son calme et son sérieux ne se débarrassaient jamais d'une espèce d'empêchement immobile qui n'avait d'autre signification que de n'être jamais déclaré. Connaît-on jamais son père ? De quels souvenirs, sensations, moments partagés, sommes-nous les dépositaires ? Il est difficile d'échapper à l'aveuglement des fils, au subjectif, tant l'image ou les images qu'il nous reste sont passées au tamis du souvenir. Et que faire lorsque l'absence ou la distance envahissent tout. Dans un très beau texte de reconnaissance, Xavier Girard tente d'approcher au plus près celui dont la présence fut toujours volontairement retenue, parcimonieuse, et souvent énigmatique. Peu de gestes, encore moins de paroles, une part manquante, tout cela est le prétexte à une quête ou enquête à laquelle se livre Xavier Girard. Mais comment remonter le temps lorsque tout se dérobe ? Où se cache son père ? Dans ses collections de jouets, ses tableaux, peints dans une autre vie, sa fascination pour les tortues ou les bigorneaux ? Ou faut-il le chercher dans le retrait et la fin de non recevoir qu'il opposait sans un mot à chaque effusion consolante. Ce portrait de père rempli de blancs n'est pas que cela. C'est aussi une incursion magnifique sur les terres de l'enfance, où, sous les ciels chahutés de la côte normande, dans la lumière éblouissante de la Riviera, dans la pénombre d'une cave remplie de tableaux délaissés, nous suivons cet enfant qui, peu à peu, emprunte la voie des livres, de la musique, et de la peinture à l'inverse de son père. Et même si les questions ne trouvent pas de réponses, l'important est ailleurs. Comme si la résolution de l'énigme se trouvait justement dans l'impossibilité à la faire disparaître.

08/2023

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Histoire ancienne

Elevage et forêt sur la montagne dijonnaise à la fin du Moyen Age. Deux établissements forestiers d'éleveurs en Terre de Saint-Seine (Saint-Martin-du-Mont, Côte d'Or)

Les deux établissements désertés dont il est ici question sont localisés à environ 1,5 km l'un de l'autre dans le massif forestier couvrant les marges du finage de Saint-Martin-du-Mont sur la Montagne dijonnaise, à une vingtaine de km au nord-ouest de la capitale bourguignonne. Celui des bois de Cestres a fait l'objet d'une fouille aussi exhaustive que possible entre 2003 et 2012. Celui des bois de La Combe d'Eté a été sondé en 2012. Ils ont tous les deux été fondés, occupés et désertés au XIVe siècle et présentent la même configuration de hameaux spécialisés dans l'élevage ovin. Sans doute s'agit-il, pour l'un, des Bordes Gaudot attestées dans la documentation écrite comme actives de 1323 à 1413 et déclarées comme désertées en 1417, pour l'autre des Bordes de Cuylles ou Descuilles citées en 1371 et en 1394-1395. La commune actuelle, l'une des plus vastes de Côte d'Or, est l'héritière directe de la "Terre de Saint-Seine". C'est le domaine proche de l'abbaye bénédictine éponyme fondée au Temps mérovingiens sur la route qui, de Dijon à Troyes en Champagne, assure un passage commode entre le sillon rhodanien et le bassin de la Seine. Aux Xllle et XIVe siècles, cet itinéraire constitue l'un des axes majeurs du commerce international de la laine, emprunté notamment par les marchands italiens fréquentant les foires de Champagne. Avec la fondation tardive des deux établissements dans ses marges forestières, l'abbaye entendait participer de cette dynamique économique. Mais celle-ci décline au siècle suivant sous les coups des désordres liés à la guerre de Cent Ans et à la Peste Noire. L'ensemble a offert la possibilité non seulement de conduire une fouille approfondie sur des habitats ruraux désertés du bas Moyen Age, ce qui reste somme toute encore peu courant, mais aussi de mettre au jour les témoins matériels d'un puissant phénomène surtout connu par la documentation écrite. Il a aussi permis d'étudier non seulement les habitats, la culture matérielle et les activités de production des groupes résidents, mais aussi, sous le couvert forestier protecteur, l'organisation des territoires exploités alentours. Trois parties complémentaires structurent ainsi le présent ouvrage. Il s'ouvre par une monographie archéologique décrivant le détail des constructions et des mobiliers enregistrés à la fouille, pour évoquer les niveaux techniques et les conditions de vie. Il se poursuit avec un essai d'Archéogéographie du territoire associant l'étude du parcellaire, l'analyse physico-chimique des sols et celle des cortèges végétaux, afin de restituer le paysage environnant et les modalités d'exploitation des ressources. Il s'achève par une étude des documents écrits, dénombrements, comptabilités, actes notariés, pour témoigner du contexte socio-économique.

01/2018

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Pléiades

Oeuvres romanesques. Tome 2, Vers le phare ; Orlando ; Les Vagues ; Flush ; Les Années ; Entre les actes

Cette édition propose, dans des traductions pour la plupart nouvelles, tous les livres de fiction publiés par Woolf ou, pour Entre les actes, au lendemain de sa mort : dix romans, et un recueil de nouvelles, Lundi ou mardi, qui n'avait jamais été traduit dans notre langue en l'état. S'y ajoutent les nouvelles publiées par l'auteur mais jamais rassemblées par elle, ainsi qu'un large choix de nouvelles demeurées inédites de son vivant. Les nouvelles éparses qui présentent un lien génétique ou thématique avec un roman sont réunies dans une section Autour placée à la suite de ce roman. On trouvera ainsi, Autour de "Mrs. Dalloway", un ensemble de textes dans lequel Woolf voyait "un couloir menant de Mrs. Dalloway à un nouveau livre" ; ce "nouveau livre" sera un nouveau chef-d'oeuvre, Vers le Phare. Romans et nouvelles, donc, mais ces termes ne s'emploient ici que par convention. Woolf en avait conscience : "Je crois bien que je vais inventer un nouveau nom pour mes livres, pour remplacer "roman". Un nouveau ... de Virginia Woolf. Mais quoi ? Elégie ? " L'élégie, qui a partie liée avec la mort, est une forme poétique, et le roman, chez Woolf, emprunte en effet à la poésie ("Il aura une part de l'exaltation de la poésie"), aussi bien qu'à l'essai et au théâtre ("Il sera dramatique"), jusqu'à un certain point ("mais ce ne sera pas du théâtre"). Play-poem, "poème dramatique", qualifiera Les Vagues ; essay-novel, "roman-essai", désigne Les Années ; Flush et Orlando partagent la même indication de genre : a Biography, ce qui ne dit à peu près rien de ces deux livres, mais confirme qu'il faut ici renoncer aux catégories reçues et, plus largement, considérer d'un oeil neuf tout ce qui semblait définir le romanesque : "Le récit peut-être vacillera ; l'intrigue peut-être s'écroulera ; les personnages peut-être s'effondreront. Il sera peut-être nécessaire d'élargir l'idée que nous nous faisons du roman". Elargir : rompre avec la continuité chronologique, en finir avec l'hégémonie de la représentation, faire du vécu subjectif de la conscience la véritable matière du roman. Woolf le reconnaissait, elle n'avait pas le don de la réalité : "J'immatérialise le propos. . ". Il s'agissait moins pour elle de bâtir des intrigues que d'isoler des "moments d'être", déchirures éclairantes dans l'obscur tissu d'une existence, témoignant "qu'une chose réelle existe derrière les apparences". "Je rends [cette chose] réelle en la mettant dans des mots. Ce sont mes mots et eux seuls qui lui donnent son intégrité ; et cette intégrité signifie qu'elle a perdu le pouvoir de me faire souffrir".

03/2012

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Pléiades

Oeuvres romanesques. Tome 1, Traversées ; Nuit et jour ; Lundi ou mardi ; La Chambre de Jacob ; Mrs Dalloway

Cette édition propose, dans des traductions pour la plupart nouvelles, tous les livres de fiction publiés par Woolf ou, pour Entre les actes, au lendemain de sa mort : dix romans, et un recueil de nouvelles, Lundi ou mardi, qui n'avait jamais été traduit dans notre langue en l'état. S'y ajoutent les nouvelles publiées par l'auteur mais jamais rassemblées par elle, ainsi qu'un large choix de nouvelles demeurées inédites de son vivant. Les nouvelles éparses qui présentent un lien génétique ou thématique avec un roman sont réunies dans une section Autour placée à la suite de ce roman. On trouvera ainsi, Autour de "Mrs. Dalloway", un ensemble de textes dans lequel Woolf voyait "un couloir menant de Mrs. Dalloway à un nouveau livre" ; ce "nouveau livre" sera un nouveau chef-d'oeuvre, Vers le Phare. Romans et nouvelles, donc, mais ces termes ne s'emploient ici que par convention. Woolf en avait conscience : "Je crois bien que je vais inventer un nouveau nom pour mes livres, pour remplacer "roman". Un nouveau ... de Virginia Woolf. Mais quoi ? Elégie ? " L'élégie, qui a partie liée avec la mort, est une forme poétique, et le roman, chez Woolf, emprunte en effet à la poésie ("Il aura une part de l'exaltation de la poésie"), aussi bien qu'à l'essai et au théâtre ("Il sera dramatique"), jusqu'à un certain point ("mais ce ne sera pas du théâtre"). Play-poem, "poème dramatique", qualifiera Les Vagues ; essay-novel, "roman-essai", désigne Les Années ; Flush et Orlando partagent la même indication de genre : a Biography, ce qui ne dit à peu près rien de ces deux livres, mais confirme qu'il faut ici renoncer aux catégories reçues et, plus largement, considérer d'un oeil neuf tout ce qui semblait définir le romanesque : "Le récit peut-être vacillera ; l'intrigue peut-être s'écroulera ; les personnages peut-être s'effondreront. Il sera peut-être nécessaire d'élargir l'idée que nous nous faisons du roman". Elargir : rompre avec la continuité chronologique, en finir avec l'hégémonie de la représentation, faire du vécu subjectif de la conscience la véritable matière du roman. Woolf le reconnaissait, elle n'avait pas le don de la réalité : "J'immatérialise le propos. . ". Il s'agissait moins pour elle de bâtir des intrigues que d'isoler des "moments d'être", déchirures éclairantes dans l'obscur tissu d'une existence, témoignant "qu'une chose réelle existe derrière les apparences". "Je rends [cette chose] réelle en la mettant dans des mots. Ce sont mes mots et eux seuls qui lui donnent son intégrité ; et cette intégrité signifie qu'elle a perdu le pouvoir de me faire souffrir".

03/2012

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Pléiades

Oeuvres romanesques. Coffret 2 volumes

Cette édition propose, dans des traductions pour la plupart nouvelles, tous les livres de fiction publiés par Woolf ou, pour Entre les actes, au lendemain de sa mort : dix romans, et un recueil de nouvelles, Lundi ou mardi, qui n'avait jamais été traduit dans notre langue en l'état. S'y ajoutent les nouvelles publiées par l'auteur mais jamais rassemblées par elle, ainsi qu'un large choix de nouvelles demeurées inédites de son vivant. Les nouvelles éparses qui présentent un lien génétique ou thématique avec un roman sont réunies dans une section Autour placée à la suite de ce roman. On trouvera ainsi, Autour de "Mrs. Dalloway" , un ensemble de textes dans lequel Woolf voyait "un couloir menant de Mrs. Dalloway à un nouveau livre" ; ce "nouveau livre" sera un nouveau chef-d'oeuvre, Vers le Phare. Romans et nouvelles, donc, mais ces termes ne s'emploient ici que par convention. Woolf en avait conscience : "Je crois bien que je vais inventer un nouveau nom pour mes livres, pour remplacer "roman". Un nouveau ... de Virginia Woolf. Mais quoi ? Elégie ? " L'élégie, qui a partie liée avec la mort, est une forme poétique, et le roman, chez Woolf, emprunte en effet à la poésie ("Il aura une part de l'exaltation de la poésie"), aussi bien qu'à l'essai et au théâtre ("Il sera dramatique"), jusqu'à un certain point ("mais ce ne sera pas du théâtre"). Play-poem, "poème dramatique" , qualifiera Les Vagues ; essay-novel, "roman-essai" , désigne Les Années ; Flush et Orlando partagent la même indication de genre : a Biography, ce qui ne dit à peu près rien de ces deux livres, mais confirme qu'il faut ici renoncer aux catégories reçues et, plus largement, considérer d'un oeil neuf tout ce qui semblait définir le romanesque : "Le récit peut-être vacillera ; l'intrigue peut-être s'écroulera ; les personnages peut-être s'effondreront. Il sera peut-être nécessaire d'élargir l'idée que nous nous faisons du roman". Elargir : rompre avec la continuité chronologique, en finir avec l'hégémonie de la représentation, faire du vécu subjectif de la conscience la véritable matière du roman. Woolf le reconnaissait, elle n'avait pas le don de la réalité : "J'immatérialise le propos... " Il s'agissait moins pour elle de bâtir des intrigues que d'isoler des "moments d'être" , déchirures éclairantes dans l'obscur tissu d'une existence, témoignant "qu'une chose réelle existe derrière les apparences" . "Je rends [cette chose] réelle en la mettant dans des mots. Ce sont mes mots et eux seuls qui lui donnent son intégrité ; et cette intégrité signifie qu'elle a perdu le pouvoir de me faire souffrir".

03/2012

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Poésie

Chants d'Innocence ; Le Mariage du Ciel et de l'Enfer ; Chants d'Expérience

William Blake (1757-1827) brille désormais au firmament de la littérature universelle comme un astre énigmatique. Fils d’un marchand de chaussettes disciple de Swedenborg, il écrit des poèmes dès l’âge de douze ans ; à quatorze ans, il est mis en apprentissage chez un graveur et y assimile toutes les techniques de cet art difficile, dont il va faire son métier. En même temps il se forme à la peinture, au dessin, à l'histoire de l’art, et copie les maîtres anciens. Et c’est dans ces mêmes années d’adolescence que, pour la première fois, il voit passer des anges dans un chant de blé. Son destin de poète est alors tout tracé : manieur de mots, il écrit des poèmes; manieur de burin, il grave des planches où les images serviront en quelque sorte d’écrin aux vers ; manieur de pinceau, il les enlumine à l'aquarelle. C'est ainsi qu’il compose en 1788 son premier grand recueil, les Chants d’Innocence, dont chaque exemplaire est évidemment unique. Il y joue ”sur un flûtiau” des chansons ”pour enfants” : le style est naïf, doux et bucolique, emprunte aux comptines et aux berceuses, le poète contemple avec attendrissement la petite enfance, sa pureté et ses jeux charmants, et s’émerveille de la présence du Dieu sauveur, qui toujours la tient sous sa garde. Mais voilà qu'en 1794, selon la même technique, il grave des Chants d’Expérience, qui, reprenant un à un les titres et les thèmes des Chants d’Innocence, en offrent la version noire et comme maudite : enfance affamée et battue, iniquité partout, Dieu méchant, monde déchu, innocence perdue, universel esclavage. La vie, l’amour, Dieu même, tout est à réinventer. Dans ce message dû à la voix tonnante d’un vieux barde s’entend alors distinctement un autre Blake, amoureux des corps, libertaire et rageur, celui-là même qui s'est enthousiasmé pour la Révolution française. C'est qu’entre ces deux dates, entre ces deux séries de Chants formant diptyque, celui qui avait vu passer les anges s’en est allé visiter l’Enfer : en 1794, il finit de graver un long texte en prose, le Mariage du Ciel et de l’Enfer, parodie sarcastique du Ciel et l’Enfer de Swedenborg, virulente charge contre les Églises, les États et les conventions morales, où il procède à une inversion des valeurs qui culmine dans des ”Proverbes de l’Enfer” bien dignes de figurer dans une anthologie de l’humour noir.On ne peut qu’admirer l’art puissant de cet enlumineur illuminé, dont Gide, qui traduisit le Mariage, alla jusqu’à écrire : ”L’astre Blake étincelle dans cette reculée région du ciel où brille aussi l’astre Lautréamont.

04/2010

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Religion

Problèmes chrétiens sur la liberté religieuse

Deux questions, en particulier, nous ont semblé mériter une étude un peu approfondie : 1. Dans quelle mesure l'exposé conciliaire devra-t-il s'appuyer sur l'Ecriture sainte et les données fondamentales de la foi, ou, au contraire, sur des arguments de raison, empruntés à des considérations de droit naturel ? et, 2. Quelle attitude la Déclaration devra-t-elle adopter à l'égard des positions antérieures de l'Eglise, qui, comme on sait, furent pendant quinze siècles peu favorables à la thèse qu'il s'agit maintenant de proclamer ? C'est à ces deux questions que voudraient répondre, au moins en quelque mesure, les deux études qui constituent l'essentiel du présent ouvrage et auxquelles nous avons donné pour titres : Liberté religieuse et Révélation évangélique, Liberté religieuse et Fluctuations théologiques. La première des deux questions mentionnées est plus complexe qu'il ne semble, parce qu'on a trop souvent ignoré ou méconnu l'équivoque qui se cache sous la notion de "droit à la liberté religieuse". Il faut, en effet, (et c'est à certains égards la clef de tout), distinguer en matière religieuse deux "droits à la liberté", profondément différents. Il y a d'abord celui qui nous est directement et indubitablement enseigné dans l'Evangile, du fait même que Dieu nous y enseigne la vraie religion ; puisqu'en nous révélant comment Il entend être servi par les hommes, le Créateur nous révèle en même temps et le devoir et le droit que nous avons de Le servir en cette manière, réprouvant et excluant par là même tout prétendu "droit" qui 'voudrait s'y opposer. Mais, en dehors même de ce droit sacré à la liberté, qui nous est révélé dans l'Evangile comme un privilège absolu et inviolable de la vraie religion, on peut parler aussi d'un droit général "à la liberté en matière de religion", c'est-à-dire d'un droit dont bénéficient pareillement tous les tenants d'une opinion quelconque en matière religieuse, que cette opinion soit vraie ou fausse, qu'elle soit positive ou négative (comme chez les agnostiques et les athées), qu'elle naisse d'un désir sincère d'adhérer ainsi à la vérité ou, au contraire, d'un mépris coupable pour toute question de ce genre... Il s'agit alors d'un droit fondé, non plus sur l'excellence de la vérité religieuse et sur les intentions salvifiques de Dieu, mais simplement sur la nature et la dignité de la personne humaine, qui, en certaines matières, et spécialement en ce qui touche ses rapports directs avec le Créateur, échappe de plein droit au contrôle des autres humains, même à celui du pouvoir humain le plus haut, c'est-à-dire de l'autorité publique.

04/1997

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Romans policiers

L'Aventure de Shoscombe Old Place. Une nouvelle d'Arthur Conan Doyle

L'Aventure de Shoscombe Old Place (The Adventure of Shoscombe Old Place en version originale), est la dernière des cinquante-six nouvelles d'Arthur Conan Doyle mettant en scène le détective Sherlock Holmes. Elle est parue pour la première fois le 5 mars 1927 dans l'hebdomadaire américain Liberty, avant d'être regroupée avec d'autres nouvelles dans le recueil Les Archives de Sherlock Holmes (The Case-Book of Sherlock Holmes). Résumé Mystère initial Au 221B Baker Street, Sherlock Holmes a reçu une lettre de John Mason, un entraîneur équestre résidant au manoir de Shoscombe Old Place. Holmes demande des informations sur les habitants du manoir à Watson car ce dernier y a eu ses "quartiers d'été" auparavant. Watson évoque sir Robert Noberton, dont John Mason est l'employé. Sir Robert est un homme qui aime le jeu et les femmes, mais dont les finances sont au plus mal. Sir Robert n'est pas le maître des lieux : Shoscombe Old Place appartient à sa soeur lady Beatrice Falder, veuve, âgée, et en mauvaise santé. De plus, lady Beatrice n'est en réalité qu'usufruitière de la demeure, qui reviendra au frère de son défunt mari lorsqu'elle décèdera. A la suite du récit de Watson, John Mason arrive à l'appartement du détective. Mason explique qu'une course hippique va bientôt se jouer, et que sir Robert a emprunté beaucoup d'argent pour parier sur l'un de ses poulains particulièrement bien entrainé. Une victoire sauverait ses finances, dans le cas contraire la ruine serait catastrophique. Le sujet qui préoccupe John Mason est l'étrange comportement depuis une semaine de sir Robert et de lady Beatrice. Cette dernière, qui aimait particulièrement les chevaux de l'écurie, ne montre plus aucune affection pour eux, et s'est mise à boire. Quant à sir Robert, il a confisqué l'épagneul de sa soeur et l'a confié à Josiah Barnes, un aubergiste tenant son affaire à proximité du manoir. La possibilité d'une violente dispute entre le frère et la soeur est alors envisagée : peut-être lady Beatrice a-t-elle appris que sa femme de chambre, Carrie Evans, avait eu une liaison avec sir Robert. Cependant, le mystère va plus loin : Mason et le majordome Stephens ont découvert que sir Robert s'est rendu de nuit dans une crypte située au fond du parc du manoir pour y rencontrer un inconnu. Il semble de plus que, dans cette crypte, sir Robert a retiré des ossements d'un ancien cercueil pour les cacher maladroitement sous une planche. Enfin, le matin même, un morceau de fémur humain a été retrouvé dans les cendres de la chaudière centrale du manoir.

01/2023