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Extraits

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Religion

Les Eglises slaves. Des origines au XVe siècle

La présente série est composée d'ouvrages à but pédagogique : outils d'information et instruments de travail sur tout sujet historique dont l'intérêt, à un titre ou à un autre, peut avoir valeur d'actualité. Nombreux sont ceux qui seront intéressés par de tels dossiers, faciles d'accès mais dotés de l'équipement voulu pour aller loin dans une enquête donnée. Chaque ouvrage est conçu sur un modèle sensiblement unifié : un texte magistral simple occupe la page de droite, sur deux colonnes ; une citation ou document figure en vis-à-vis sur la page de gauche. Cette organisation synoptique n'est pas rigide : elle connaît les modulations réclamées par le thème étudié ou voulues par l'auteur. On a donc mis l'histoire du christianisme à la portée de tous, comme terrain d'exploration culturelle et religieuse, certes, mais aussi et surtout comme lumière opportune pour bien des problèmes et questions qui se posent aujourd'hui. Cet ouvrage montre d'abord comment les peuples slaves, participant dès lors pleinement à une Respublica christiana, ont fait leur entrée dans la communauté des Etats chrétiens, entre la fin du IXe s. et l'an Mil. Au XIIIe siècle seulement - avec la double poussée, vers l'Est, des peuples germaniques et des cités italiennes, vers l'Ouest, des Tatars-, la chrétienté de l'an Mil se fractura et s'érigea en deux universalismes antagonistes,autour de Rome et de Constantinople. Les peuples slaves se trouvèrent alors répartis de part et d'autre d'une frontière suivant exactement la ligne de partage de ces deux universalismes : le romain, avec les Slaves de l'Ouest, Croates, Moraves, Polonais et Tchèques, réunis par une vie culturelle d'expression latine ; le slavo-byzantin, avec les Bulgares, les Russes et les Serbes dont la culture se développa à partir du slavon et dans l'alphabet cyrillique. Cette division a perduré en dépit des avatars de l'histoire. La chute de Constantinople permit seulement à l'Eglise russe de développer l'idéologie "Moscou, troisième Rome". Les événements qui ont agité récemment l'Europe centrale et orientale ont révélé combien les églises et les temples étaient bien les lieux où s'étaient conservées les identités culturelles et nationales des peuples slaves.

06/1991

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Essais généraux

Palma Africana

Dans Palma Africana, l'anthropologue australien Michael Taussig poursuit son étude de la matière et explore la production d'huile de palme en Colombie. Alors que cette dernière envahit tout, des chips au vernis à ongles, et a fait son chemin pour envahir les biens de consommation courante présents sur les étals de nos supermarchés, l'auteur examine les conséquences écologiques, politiques et sociales de cette exploitation. La production mondiale d'huile de palme a presque doublé en vingt ans et les plantations de palmiers à huile remplacent peu à peu ce qui fut une oasis de vie pour les animaux, les oiseaux et les plantes. Dans un contexte encore marqué par le conflit entre la guérilla des FARC et les paramilitaires colombiens, l'agrobusiness en est venu à menacer l'habitat indigène, tout en donnant lieu à des conditions de travail abusives et à des violations majeures des droits de l'homme. Bien que la liste de l'intrication des horreurs induites par cette exploitation soit longue, nos terminologies habituelles ("? disparition de l'habitat naturel ? ", "? violation des droits de l'homme ? ", "? changement climatique ? "...) semblent dépassées. Sous la forme d'une déambulation anthropo-poétique au coeur des marécages colombiens, ce sont aussi les mots et l'écriture qu'interrogent l'auteur. Dans un récit riche en références littéraires, Michael Taussig prend date des ruminations de ses prédécesseurs, comme Roland Barthes, pour qui les arbres forment un alphabet où le palmier est le plus charmant. William Burroughs arguait, face à ses détracteurs, que les mots étaient aussi vivants que des animaux et n'aimaient pas être maintenus en pages - coupez ces dernières et ils seront rendus à leur liberté. Pensé à partir d'une vie d'exploration philosophique et ethnographique en Colombie, Palma Africana cherche à contrecarrer la banalité de la destruction du monde et offre une vision pénétrante de notre condition humaine. Illustré de photographies prises sur le terrain par l'auteur et écrit avec la verve expérimentale propre à l'anthropologue, ce livre est le Triste Tropique de Michael Taussig pour le XXIe siècle.

10/2021

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Design

La syntaxe de l'image. Introduction à l'alphabétisation visuelle

Dans cet essai introduisant le concept de "littératie visuelle ", Donis A. Dondis livre une approche précise et documentée des mécanismes en place lors de la lecture d'une image. Par opposition à la littératie verbale, la littératie visuelle peut être comprise comme une forme d'" alphabétisation visuelle" , dans le sens du développement de notre capacité à "lire" et à déchiffrer les images. La Syntaxe de l'image, publié en anglais en 1973, dresse un constat concernant le système scolaire plus que jamais d'actualité. Donis A. Dondis souligne la pauvreté de l'enseignement des études visuelles en Occident et plaide pour le développement d'une véritable "syntaxe visuelle" , aussi rigoureuse que la grammaire. En effet, bien qu'il nous paraisse intuitif de comprendre immédiatement et directement ce que l'on voit, l'autrice démontre ici qu'il s'agît plutôt d'un processus s'apparentant à l'apprentissage d'une langue, avec un alphabet, un lexique et une syntaxe nécessitant un enseignement spécifique. L'autrice étaye ses principaux arguments par des exemples et exercices illustrés, utilisés pour démontrer l'importance des " éléments fondamentaux" intervenant dans la conception d'un objet visuel (le point, la ligne, l'équilibre, etc.), ainsi que les informations qu'ils permettent de transmettre. Ces applications concrètes montrent comment fonctionnent les différentes combinaisons syntaxiques qui composent un travail abouti, et ainsi en renforcer l'efficacité visuelle. Ces exemples simples, illustrés sous forme de schémas et faisant références aux domaines de la peinture, de la sculpture, de l'architecture, de la publicité, du cinéma ou encore de la télévision, permettent d'appréhender de façon claire la teneur de cette nouvelle grammaire. Cet ouvrage traduit pour la première fois en français est devenu un ouvrage de référence dans les pays anglosaxons, mais également hispanophones, depuis sa publication dans les années 1970. Au même titre que Voir le voir de John Berger, La Syntaxe de l'image aspire à devenir classique de la littérature sur la communication visuelle. Cet ouvrage poursuit l'effort entreprit par les Editions B42 visant à publier des ouvrages stimulant notre compréhension du monde par les formes qui le composent.

09/2023

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Critique littéraire

Le courage N° 3 : Age d'or/Age de fer

Plus qu'une revue, Le Courage est un essai à plusieurs auteurs. Comme dans les numéros précédents, ceux du numéro 3 interviennent sur un sujet unique  : Age d'or / Age de fer. L'âge de fer, nous y sommes. La marée de la violence populiste déferle sur le monde. L'un est élu, l'autre menace. Qu'est-ce que cela fait ? Comment tenir ? De quelle façon protéger les choses de l'esprit ? Ecrivains, cinéastes, artistes, ils sont vingt-trois (plus un), dans sept langues et quatre alphabets différents, à réfléchir d'un point de vue littéraire et artistique à cette situation inédite dans nos vies. Japonaise, Egyptienne, Israélien, Pakistanais, Libanais, Allemand, Anglais, Américains, Brésilien, Français, sous forme d'essai, de fiction, de photographies, de dessin, de conversation, ils réfléchissent aux temps actuels et futurs. Etre femme à l'ère du virilisme revanchard est-il devenu plus difficile ? Y a-t-il une jeunesse dangereuse ? Le Brexit est-il un néo-puritanisme ? Les âges d'or passés du romantisme et de la fête peuvent-ils revenir ? La démocratie est-elle en danger ? Les clowns sont-ils des monstres ? Les inhumains s'imaginent-ils nous faire peur ? Comme à chaque numéro, Le Courage donne la parole à trois jeunes écrivains jusque-là non publiés, publiant leurs premières fictions et une conversation sur l'avenir qu'ils contribueront à créer. Contre cet âge de fer, nous promettons un âge d'or. Les auteurs : Gregory Buchakjian - Arthur Chevalier - Viktor Cohen - Gilles Collard - Philippe Corbé - Charles Dantzig - Dyego Garcia - Adrien Goetz - Patrick Higgins - Christophe Honoré - Intezar Hussain - Nicolas Idier - Miles Joris - Klaus Mann - Yukie Nakao - Laurent Nunez - Barack Obama - Maud Octallinn - Jason Oddy - Silvana Paternostro - Yirmi Pinkus - Joseph Sainderichin - Sandrine Treiner - Miral al-Tahawy et Donald J. Trump.

05/2017

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Poésie

Voix Vives, de Méditerranée en Méditerranée. Anthologie Sète, Edition 2011

A l'image du Festival auquel elle est liée, cette anthologie réunit des poètes de toutes les Méditerranée. Les quatre Méditerranée qui nous sont familières, celles des pays latins, d'Afrique du Nord, des Balkans ou d'Orient (dont sont issus en grande majorité les poètes invités chaque année), et une cinquième, celle dont l'Histoire a "exporté" la culture dans le monde, en Amérique du Sud, en Amérique centrale, en Afrique - qu'il s'agisse de l'Afrique de l'Ouest, de l'Afrique centrale ou de l'Afrique australe - et dans les territoires de la Francophonie. A l'image du Festival, elle propose chacun des textes dans sa langue originale, à laquelle est réservée ici la "belle page", la page de droite, et donne en regard la traduction en français. Ainsi apparaît-elle d'emblée comme une vaste plateforme ouverte aux voix multiples de poètes venus de toutes les rives, rassemblés en une parole poétique plurielle révélant la musique des langues et des alphabets comme autant d'identités profondément ancrées dans l'histoire des civilisations. Il n'existe pas une poésie méditerranéenne qui serait unie sous une identité littéraire clairement définie. Elle relève plutôt d'un même souffle, celui d'une polyphonie de voix et de cultures dont l'histoire se mêle, se noue, se dénoue, conjugue guerre, exil, adversité, générosité, sensualité. Poésie plurielle, elle est, comme toute poésie, parole de liberté et génère en cela des passerelles entre les cultures. La voix des poètes est porteuse de mots essentiels, de vérités, d'interrogations qui animent les êtres et les peuples. Ces mêmes questionnements qui habitent aujourd'hui de nombreux peuples de la Méditerranée et qui sont aussi les nôtres.

09/2011

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Décoration

Les Abécédaires français illustrés du xixe siècle

Les abécédaires illustrés qui servaient à apprendre à lire aux enfants ont été les livres les plus répandus en France au XIXe siècle. Petits livrets fragiles bientôt dégradés par un usage quotidien, un siècle a suffi à les faire disparaître. Voici qu'aujourd'hui, dans un superbe album, Ségolène Le Men les ressuscite à partir d'un fonds jusque-là inexploré de près de 700 alphabets conservés à la Bibliothèque nationale. Avant d'analyser le contenu de ces ouvrages au charme suranné, l'auteur évoque les problèmes de production, de diffusion et d'utilisation des abécédaires à figures. Puis elle aborde leur pédagogie en tant que livres d'apprentissage où le texte et l'image déploient deux traditions différentes, voire opposées, fondées ici sur le raisonnement et là sur la mémoire, enracinées ici dans le mouvement littéraire des Lumières, de Jean-Jacques Rousseau à Buffon, et là dans l'imagerie populaire. L'importance de l'éducation à la maison et du climat familial, à ce niveau tout élémentaire, se manifeste aux dépens de l'éducation scolaire dans l'iconographie des frontispices de la leçon de lecture. Mises à part les visées générales éducatives avant tout morales et religieuses, deux thèmes de lecture courante apparaissent souvent dans les abécédaires : les arts et métiers et l'histoire naturelle. L'un et l'autre démontrent le processus d'élaboration de la culture imposée à l'enfant par l'adulte. Ségolène Le Men a rapproché ici les listes de mots illustrés, les notices d'accompagnement et les vignettes elles-mêmes, de façon à mettre en évidence des modifications insensibles au premier abord, par exemple le passage significatif autour de 1850 du mot " usurier " au mot " usine ". Surprenante révélation, à travers des séquences d'images enfantines, que ces représentations d'un monde et d'une société qui n'ont plus rien de commun avec les nôtres.

10/1984

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Littérature étrangère

Ton visage demain. Tome 3, Poison et ombre et adieu

Avons-nous une âme capable de supporter ce que nous devons vivre ? Devons-nous toujours raconter ce qui nous arrive ? Connaissons-nous vraiment celle ou celui qui vit à nos côtés ? Pourquoi nous trompons-nous si souvent ? Connaissons-nous le véritable prix de nos erreurs ? Et si nous le connaissions, serions-nous prêts à le payer ? Conclusion idéale d'un travail prodigieux, peut-être le plus réussi d'un auteur qui compte parmi les grands d'aujourd'hui, ce troisième volume achève le roman Ton visage demain et nous pose une série de questions cruciales auxquelles le plus souvent nous n'aimerions pas avoir à répondre. Le lecteur retrouve le héros-narrateur, Jaime (ou Jack ou Jacques) Deza, en train de regarder par une nuit pluvieuse plusieurs enregistrements d'actes d'une violence extrême perpétrés en toute impunité contre des dirigeants politiques, des célébrités ou de simples citoyens. Deza comprend alors quelle est la véritable nature du travail qu'il effectue pour son patron, le laconique et dangereux Mr Tupra, au sein de la mystérieuse équipe de traducteurs-analystes-espions, sise dans le " bâtiment sans nom " du prestigieux MI6, les services secrets britanniques. Il quitte sans regret le groupe et rentre aussitôt à Madrid. Mais l'ombre de Mr Tupra va le poursuivre, car en Espagne débute pour notre protagoniste une autre vie (ou une autre descente en enfer ?) qui lui fera découvrir qu'il porte en lui, comme nous tous, si raisonnables, la possibilité de devenir Sir Death ou Sir Punishment, l'ange noir de la violence et de la mort. La métamorphose de Deza n'est cependant qu'une des multiples histoires de ce roman riche et haletant, qui se lit d'une traite, comme un roman d'espionnage. C'est l'oeuvre d'un auteur au sommet de son art, une sorte de synthèse qui est à la fois un condensé de son travail et son expression la plus aboutie.

01/2010

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Traduction

Edgar Allan Poe traduit par Charles Baudelaire. Une fraternité littéraire

"(...) Aucun homme, je le répète, n'a raconté avec plus de magie les exceptions de la vie humaine et de la nature ; les ardeurs de curiosité de la convalescence ; les fins de saisons chargées de splendeurs énervantes, les temps chauds, humides et brumeux, où le vent du sud amollit et détend les nerfs comme les cordes d'un instrument, où les yeux se remplissent de larmes qui ne viennent pas du coeur ; l'hallucination laissant d'abord place au doute, bientôt convaincue et raisonneuse comme un livre ; l'absurde s'installant dans l'intelligence et la gouvernant avec une épouvantable logique ; l'hystérie usurpant la place de la volonté, la contradiction établie entre les nerfs et l'esprit, et l'homme désaccordé au point d'exprimer la douleur par le rire. Il analyse ce qu'il y a de plus fugitif, il soupèse l'impondérable et décrit, avec cette manière minutieuse et scientifique dont les effets sont terribles, tout cet imaginaire qui flotte autour de l'homme nerveux et le conduit à mal. (...)" Charles Baudelaire, Edgar Poe, sa vie et ses oeuvres (texte introductif du recueil Histoires extraordinaires) Charles Baudelaire est l'un des traducteurs d'Edgar Allan Poe. ? Sans doute celui qui en fut le plus proche par son univers au point que beaucoup de critiques de l'époque trouvèrent entre eux une véritable fraternité littéraire. Pour la première fois, nous réunissons dans un seul volume l'ensemble des oeuvres de Poe qui furent traduites par Baudelaire, soit : - trois recueils de contes (Histoires extraordinaires, Nouvelles histoires extraordinaires, Histoires grotesques et sérieuses) - un roman (Aventures d'Arthur Gordon Pym) - un essai (Eurêka) ... et une thèse introductive d'Arthur-S. ? Patterson en rapport direct avec le sujet : L'influence d'Edgar Poe sur Charles Baudelaire. L'ensemble étant préfacé par le texte d'Alice Seelow, spécialiste de cette symbiose entre les deux hommes.

02/2021

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Edition

Espaces, formes et métissages de la collection éditoriale. Europe/Amériques XIX-XXIe siècles

Elément majeur dans les stratégies des éditeurs pour conquérir et fidéliser les lecteurs et lectrices, la collection est aussi, aux XIXe et XXe siècles, l'un des principaux vecteurs de circulation des savoirs. Si la collection est le plus souvent conçue pour un public cible dans un cadre national, son modèle s'exporte aussi au-delà des frontières et s'avère suffisamment malléable pour s'adapter à de nouveaux espaces, géographiques et linguistiques. Par son approche transnationale et comparative, cet ouvrage apporte un nouvel éclairage sur les processus de diffusion et de réception des collections éditoriales dans toute leur diversité. En analysant une vaste gamme de collections (littéraires, scientifiques, historiques, politiques...), les contributions réunies dans ce volume interrogent leur rôle dans les processus de transfert culturel, sur le continent européen et dans les Amériques, tout en mettant en évidence les évolutions du marché du livre et les mutations culturelles qui les accompagnent. Comment les modèles éditoriaux circulent-ils et se transforment-ils dans l'espace et dans le temps ? Quels moyens mettent en oeuvre les éditeurs, les auteurs, les traducteurs, les illustrateurs ou les graphistes pour la diffusion et l'acclimatation de productions étrangères ? Dans quelle mesure les collections ont elles contribué à la construction et au renforcement des identités nationales ? C'est notamment à ces diverses questions que cet ouvrage tente de répondre en mettant au jour les similarités et les hybridations dans les différents espaces, géographiques, sociaux, religieux et institutionnels. La problématique de l'adaptation des modèles éditoriaux et celle du "métissage" dans la formation et la circulation des savoirs constituent les thèmes centraux d'un ouvrage qui, dans une approche globale, donne à lire à la fois les stratégies individuelles et les sociétés en mutation. Par l'étude de ses formes, de ses usages et de ses récupérations, c'est toute la complexité de la collection éditoriale qui est ainsi dévoilée.

09/2021

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Critique Poésie

Zbigniew Herbert et la poétique du don

Après avoir publié l'édition complète, bilingue, des poèmes de Zbigniew Herbert, ainsi que ses trois volumes d'essais, le Bruit du temps offre maintenant à ses lecteurs Zbigniew Herbert et la poétique du don, exploration synthétique de son oeuvre, de sa biographie et de ses traductions en anglais et en chinois. Cette somme originale est le fruit de la collaboration de chercheurs de trois continents : comparatistes, linguistes, musicologues, spécialistes d'art pictural et de littérature, traducteurs. Avec leur sensibilité et leurs outils propres et dans un langage intelligible, ils projettent une nouvelle lumière sur un poète et essayiste dont l'écriture vibrante, l'ironie, la plurivocité, l'approche historique et philosophique séduisent des lecteurs internationaux. Ces études fouillées posent le contexte historique de l'Europe du xxe siècle, analysent le processus de création et la vision inédite du totalitarisme de l'auteur. La perspective du don : don du poème, dédicace qui appelle une signification supplémentaire, démarche esthétique, don de liberté et de pensée, don fait au lecteur, instaurant un lien social et spirituel, enraciné dans une tradition humaniste et retrouvant le rite grec antique, permet de revisiter cette oeuvre foisonnante qui n'a pas encore livré tous ses secrets. Ainsi que le résume l'un des auteurs : "D'un même mouvement, il s'agit de faire un don aux vivants et aux morts une restitution". L'édition est enrichie de multiples renvois, de dessins de Herbert et de reproductions de tableaux. Récemment traduit et publié en Pologne, l'ouvrage a été salué comme "un livre important et nécessaire qui complète de manière essentielle les recherches herbertologiques, en élargissant le champ de leur problématique et de leurs perspectives de recherche, et est en outre, une précieuse contribution aux études littéraires" . Aux lecteurs qui ne connaîtraient pas encore l'oeuvre de cet écrivain polonais majeur, ce volume propose une découverte de son univers dans toute son épaisseur intellectuelle et sensuelle. A l'égal de ses maîtres, Eliot et Rilke, Herbert réenchante la littérature, pour qu'elle soit plaisir, réflexion et vecteur de vie.

12/2021

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Critique littéraire

Dictionnaire didactique de la langue française. Grammaire, linguistique, rhétorique, narratologie, expression et stylistique, avec la conjugaison des principaux verbes

Le dictionnaire didactique de la langue française (DDLF) est à la fois une grammaire complète du français contemporain tenant compte des dernières recherches et s'ouvrant sur la linguistique générale. Un traité de linguistique, pièce maîtresse de ce dictionnaire destiné à renouveler l'enseignement du français. Un traité de rhétorique passant en revue les figures de cet " art de persuader " au service de ceux qui veulent apprendre à parler et à écrire selon des règles qui ont fait leurs preuves. Une introduction à la sémiotique narrative dans l'esprit de Greimas et des travaux de l'Ecole de Paris. Un guide pratique destiné à tous les usagers de la langue française, assorti de nombreux conseils permettant de résoudre les problèmes concrets d'écriture et d'expression. Un ouvrage de réflexion sur le langage, avec des articles de synthèse sur le fonctionnement de la langue, la formation et les changements de sens des mots, l'étude des sources gréco-latines du français, la place des anglicismes et des américanismes dans la langue française, les spécificités de l'argot, l'intérêt des onomatopées et des exposés sur le structuralisme, la sémiologie, la sémiotique, etc. Les atouts complémentaires du DDLF : Une étude approfondie des verbes et des conjugaisons : tous les verbes difficiles sont étudiés avec leur conjugaison complète et leurs constructions délicates. Une étude originale de la ponctuation vue sous l'angle de la signification avec des exemples neufs et significatifs. Des centaines de citations du XVIe siècle à nos jours appuient toutes les analyses. Un système de renvois oriente " systématiquement " la recherche en indiquant, à partir d'une notion étudiée, le réseau des notions complémentaires, indispensables à l'exploration d'un champ déterminé. Cet ouvrage s'adresse prioritairement à tous les enseignants, aux étudiants de Lettres et de linguistique, aux spécialistes du langage (écrivains, traducteurs, journalistes, etc.). Mais grâce à son guide pratique, il concerne également tous les " usagers " du français qui ont besoin d'une aide pour résoudre les problèmes courants d'écriture ou d'expression orale.

12/1997

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Beaux arts

Comment regarder l'impressionnisme

Ce guide dans la nouvelle collection Guides Hazan fournit à tous - étudiant, amateur, curieux, érudit - des clés pour découvrir et comprendre l'impressionnisme. Comment regarder l'impressionnisme ? La question est plus complexe qu'il n'y paraît, tant notre familiarité est grande avec ce mouvement dont les oeuvres phares sont reproduites ad nauseam, du puzzle miniature à l'affiche 4 par 3. Peintres de l'instant, virtuoses du plein air, membres d'un mouvement sans manifeste émergeant aux marges du Salon officiel, traducteurs sensibles des loisirs, des plaisirs et des jours, artistes incompris, nombreuses sont les idées reçues qui méritent un examen minutieux. Il faut en effet affûter son regard et saisir les nuances qui cernent l'oeuvre déterminant de ces peintres, nés dans les années 1830-1840, qui se regroupèrent - mais pas tous - pour exposer collectivement entre 1874 et 1886, et dont les principaux représentants ont pour nom Monet, Cézanne, Pissarro, Degas, Caillebotte, etc. Face aux tableaux, il n'est pas toujours aisé de déterminer ce qu'en définitive, nous voyons... et ne voyons pas, ou plus. L'objectif du présent livre est de répondre à ce constat en donnant au lecteur - étudiant, amateur, curieux, érudit - des clés pour apprendre à voir, aiguiser son regard et améliorer sa compréhension des oeuvres. Qui sont les impressionnistes et comment ont-ils peint ? Quels objectifs ont-ils poursuivi ? Qu'ont-ils représenté, au moyen de quels dispositifs visuels et picturaux ? Pour qui ont-ils travaillé ? Combiner, grâce à cet ouvrage, des regards pluriels, concrets et complémentaires sur les oeuvres impressionnistes, c'est décrypter combien de décisions, de maîtrise technique et d'invention président à l'élaboration d'une oeuvre d'art - fût-elle guidée par la volonté de traduire l'instantanéité de la perception. C'est aussi s'approcher au plus près des oeuvres impressionnistes et de leur sens, en s'appuyant sur des exemples et une illustration richement commentée.

04/2018

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Histoire de France

Le Diable dans un bénitier. L'art de la calomnie en France, 1650-1800

Le Gazetier cuirassé; Le Diable dans un bénitier; La Police de Paris dévoilée; La Vie secrète de Pierre Manuel : quatre libelles parmi des centaines d'autres, pornographiques, délateurs, politiques. Leur accumulation fait corpus, tisse un récit si riche en intrigues et en anecdotes où les vies privées deviennent des affaires publiques qu'il semble que son invraisemblance ne peut être véridique. Mais les archives de la police et des services diplomatiques le confirment en tout point. Surtout, ce corpus est une mine concernant le statut de l'écrivain, le marché du livre, le journalisme, l'opinion publique et l'idéologie dans la France du XVIIIe siècle. L'art et la politique de la calomnie, développés sous les régimes de Louis XV, de Louis XVI, de la monarchie constitutionnelle de 1789-1792 et sous la République jacobine de 1792-1794, créent un univers en soi. Une foule de plumitifs et d'écrivailleurs, fruit de l'explosion démographique de la république des lettres, crèvent la faim à Paris, subsistent grâce à des travaux alimentaires pour quelques mécènes, et, lorsque l'embastillement pour dettes menace, se réfugient à Londres notamment où ils se font précepteurs, traducteurs, colporteurs de brochures, tout en produisant en série plagiée, grâce aux rapports fournis par des informateurs secrets à Paris et à Versailles, des opuscules qui diffament le souverain et ses ministres, les danseuses et les hommes du monde, et dénoncent la dépravation et le despotisme. Leurs ouvrages sont édités par les imprimeries qui prolifèrent aux frontières du royaume d'où elles ont tissé des réseaux complexes de contrebandiers qui fournissent partout en France libraires et colporteurs. Le gouvernement français réplique en envoyant des agents secrets pour assassiner, enlever ou soudoyer les libellistes. La calomnie dans la France du XVIIIe siècle est un courant littéraire et un genre politique qui, après avoir sapé l'autorité de la monarchie absolue, s'intégra à la culture politique républicaine pour atteindre son point extrême sous Robespierre. L'évolution des contenus conforta la permanence de la forme.

02/2010

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Critique littéraire

La Bible imprimée dans l'Europe moderne

Les Bibles imprimées sont non seulement les témoins des mentalités religieuses des éditeurs et des imprimeurs de l'époque, mais aussi des objets physiques. Ce recueil de communications rédigées par des spécialistes de domaines très divers reflète ces deux aspects de la recherche actuelle. Certaines de ces études permettent ainsi de déchiffrer, à travers la composition typographique des bibles hébraïques ou polyglottes de Venise, d'Alcalá, de Paris et d'Anvers, les principes de critique que suivaient leurs rédacteurs. D'autres recherches s'attachent à restituer la vie des ateliers d'imprimerie au XVIe siècle et les enjeux économiques auxquels ils étaient soumis. D'autres encore étudient le rôle qu'a pu jouer la Bible dans l'éducation de la jeunesse en Europe et dans la formation de la mentalité puritaine de la Nouvelle-Angleterre. Une communication évoque les perquisitions menées dans les couvents d'Italie afin d'y traquer les bibles en langue vernaculaire, une autre la promulgation des premières lois de censure de la librairie en France. Quant à la diffusion de la Bible de la Réforme, elle est ici analysée dans ses diverses recensions théologiques et ses multiples variations suivant les pays — en Allemagne, à Genève et en Angleterre, Etats largement acquis à la Réforme, mais aussi en Italie, en Espagne, en Hongrie et en Pologne, pays restés ou redevenus catholiques —, à partir des versions imprimées de plus en plus savantes que rédigeaient des théologiens réformés et auxquelles des traducteurs catholiques puisaient sans vergogne. En illustrant le texte de la Bible, les graveurs cherchaient soit à en éclairer le sens, soit à l'embellir de scènes édifiantes, voire, parfois, d'une Bethsabée voluptueuse. En Allemagne et en Finlande, la fonte typographique choisie pour les bibles devint un symbole qui aida à la création de la conscience nationale. Ainsi, la Bible parlait à un public plus vaste que celui des érudits.

12/1999

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Religion

Le Livre de la pauvreté spirituelle. Ou l'Imitation de la vie pauvre de notre Seigneur Jésus Christ

"J'estime que cet ouvrage, surtout en raison des beautés de premier ordre qu'il contient, mérite d'être publié" : le 22 avril 1914, Mgr Adam, vicaire général du diocèse de Paris, signe l'imprimatur d'un texte de jean Tauler à paraître chez Tralin, "libraire-éditeur, 12, rue du Vieux Colombier". Le traducteur de ce texte, qui a voulu rester anonyme, nous est présenté par l'éditeur comme "l'un des prêtres les plus distingués du diocèse de Strasbourg", "chanoine, archiprêtre aussi modeste que savant". Voici alors 40 ans que l'Alsace a été annexée par le Reich allemand et le mystérieux chanoine strasbourgeois n'a pas renoncé à user d'un français raffiné pour faire découvrir à ses contemporains les trésors de la plus haute mystique. Deux mois plus tard, l'attentat de Sarajevo rouvre les anciennes plaies : le 3 août, l'Allemagne déclare la guerre à la France. S'étonnera-t-on si l'édition Tralin du Livre de la pauvreté spirituelle est passée quelque peu inaperçue et si ce texte " de premier ordre " reste aujourd'hui encore inconnu en français ? Comme si un sort malin s'acharnait sur cet ouvrage lumineux... De tous les livres parus sous le nom du disciple de Maître Eckhart, Charles Schmidt, l'un de ses meilleurs spécialistes, estimait que ce texte bien structuré et d'une pensée très proche des Sermons "tenait le premier rang parmi les oeuvres authentiques et qu'il devait lui être attribué sans conteste". Bien que contemporains de Tauler, aucun des manuscrits des Sermons n'est autographe. Si ceux du Livre de la pauvreté spirituelle sont plus tardifs (1429 et 1448) et anonymes, il n'empêche que ce texte admirable n'a cessé pendant plus de quatre siècles d'être attribué à Tauler, avant que le P. Denifle, en 1877, ne suscite les doutes. "Aussi bien, concluait le vaillant éditeur de 1914, l'ouvrage dont nous offrons la traduction peut être de qui on voudra : le lecteur jugera s'il est digne ou indigne de Tauler, sous le vocable de qui, par une ancienne habitude, nous le mettons. Pour nous, il suffit que ce livre soit destiné à faire, encore aujourd'hui, quelque bien aux âmes, et cela, nous l'espérons fermement. C'est le seul but que nous ayons en le publiant." Un siècle plus tard nous n'avons d'autre conviction ni d'autre but.

09/2012

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Littérature française

Jerada, ce lieu

Jerada est une ville minière située dans le Maroc oriental, à 60 km au sud de la wilaya d'Oujda, près de la frontière algérienne. La région a hérité des charbonnages d'un patrimoine d'une valeur inestimable. La ville elle-même est témoin d'une histoire industrielle et sociale particulière qui remonte au protectorat français. Au début des années 1950, Jerada était divisée en quatre parties distinctes : la cité européenne, le quartier des ingénieurs, la cité des agents ou "cité des évolués" (chefs porions, contremaîtres, ingénieurs assimilés...) et le village ou "cité marocaine" , celle des ouvriers et des mineurs. Jerada est composée de petites maisons cubiques et uniformes, alignées le long des rues tracées au cordeau. Selon qu'ils étaient mariés ou célibataires, zoufria , les ouvriers logeaient dans la zone qui correspondait à leur statut familial. Les mineurs et les ouvriers marocains venaient de différentes régions du pays. A la jonction des quatre zones est fondée la "cité indigène" à côté des bâtiments des Affaires indigènes ou zai et des Kissaria, des galeries dans lesquelles s'organisait l'espace commercial. Les Européens - encadrement et maîtrise - habitaient une résidence à part, avec ses pavillons et ses immeubles aux toits à doubles pentes en tuiles rouges rappelant l'architecture et l'urbanisme des villages européens. Cette juxtaposition des quartiers renforçait leurs caractères différenciés, ce qui en faisait des villes dans la ville. En 2000 la mine fut fermée et la cité ouvrière entièrement démolie. Frappée par la crise Jerada s'est peu à peu vidée de sa population (environ 60. 000 habitants). Parmi ceux qui n'ont pu quitter la ville, beaucoup sont astreints à des pratiques dangereuses de survie comme l'exploitation clandestine du charbon. A travers ce récit, Abdelkader Benhar décline l'importance de cette cité minière particulière par une ballade en son coeur et en son histoire : Hassi Blal, la Maison des mineurs, le Cercle des ingénieurs, le hammam, le four de Moussa, le cinéma... comme il s'interroge sur les conséquences de la fermeture de sa mine. Jerada, ce lieu est une mine d'information importante pour ses enfants, tous ceux qui ont vécu et travaillé dans cette cité, et tous ceux qui s'intéressent à ce patrimoine et plus généralement au Maroc. Ouahib Mortada (traducteur)

09/2017

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Critique littéraire

Anton Tchekhov, une vie

Anton Tchekhov. Une vie est la biographie faisant autorité sur cet auteur russe si populaire, mais assez peu documenté hors de Russie. Résultat d'un long travail de recherches menées durant les années 1980 et 1990, ce livre a pour source des archives personnelles de la famille Tchekhov jusqu'alors inconnues, ainsi que des correspondances inédites. Si ces documents étaient jusqu'alors ignorés, c'est parce qu'ils avaient été interdits sous l'URSS, ou bien oubliés des universitaires. Michael Frayn, traducteur d'oeuvres d'Anton Tchekhov et de Léon Tolstoï, dit à propos de cet ouvrage qu'il est " l'ultime biographie sur Tchekhov, et elle le restera probablement longtemps. Donald Rayfield commence avec l'énorme avantage d'utiliser des toutes nouvelles sources interdites par pudibonderie sous le régime soviétique, ou habilement ignorées des universitaires. Mais sa maîtrise de toutes les sources, qu'elles soient anciennes ou nouvelles – représentant une énorme archive – est magistrale, sa connaissance globale de la période historique impressionnante ; sa connaissance du russe sensible à chaque nuance d'une langue russe quotidienne voire familière, et son style assuré. Il réussit à capturer un portrait du réputé allusif Tchekhov qui commence enfin à prendre figure humaine – mais se révèle surtout extraordinaire. " Le travail de recherche minutieux de Donald Rayfield se ressent dans cette épaisse biographie au style fluide et agréable bien que fourmillante de détails, alors même qu'elle recouvre une vie longue de seulement quarante-quatre ans. Courte existence que l'on suit chronologiquement depuis l'enfance, à travers la maladie, les histoires de coeur et, bien évidemment, l'écriture, d'abord de nouvelles pour les journaux, puis du célèbre L'île de Sakhaline. Notes de voyage, et des non moins fameuses pièces aux débuts chaotiques. Cette biographie s'attarde sur chaque détail, des noms des animaux de compagnie de l'auteur, à ses relations compliquées avec ses frères et soeurs. L'on suit l'évolution de sa carrière littéraire, les difficultés financières qui l'accompagnent, ainsi que les premiers succès. Anton Tchekhov se révèle tout aussi grand voyageur que séducteur, pilier d'une famille modeste aux caisses souvent vides, et médecin philantrope finançant des écoles autour de Taganrog et Melikhovo, là où se trouvent respectivement sa maison de famille, et sa datcha.

02/2019

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Revues

Europe N° 1115, mars 2022 : Georges Séféris, Gilles Ortlieb

Dans la proximité physique comme dans l'exil, Georges Séféris (1900-1971) partagea toute sa vie les nombreuses épreuves qui, au cours du XXe siècle, furent imposées au peuple grec. Chez ce natif de Smyrne, sur la côte orientale de la mer Egée, la gravité de ton et de registre poétique a été déterminée par l'expérience précoce du déracinement, à l'occasion de la "Grande Catastrophe" des années 20, qui fit des milliers de victimes en Asie Mineure et provoqua l'afflux en Grèce de plus d'un million de réfugiés. Poète, diariste, épistolier, romancier, essayiste, traducteur, Séféris a expérimenté ces différentes possibilités d'écriture qui tendent toutes à conférer à l'homme un temps et un espace habitables. "Maître en art et en droiture de vie", il considéra qu'il était de son devoir de dénoncer les abus du pouvoir et notamment la dictature des colonels. Prix Nobel de littérature en 1963, cet admirable poète apparaît comme le héraut d'un style fragmentaire construit sur l'éphémère, mais qui fascine par les profondeurs sur lesquelles il ouvre. Son oeuvre, enracinée dans le passé et le présent de la Grèce et de l'hellénisme, ne s'en adresse pas moins à tous, portée, comme l'écrivait Gaëtan Picon, par "une langue si simple, proche du langage de tous les jours, de l'oraison du matin et du soir, mais toujours consacrée par la solennité poétique". Forte déjà d'une trentaine de livres, l'oeuvre de Gilles Ortlieb est celle d'un écrivain tour à tour flâneur, fantôme, voyageur sans bagages, aventurier de la lenteur, archéologue des friches et des jachères, scribe de l'effacement, géographe de filme du monde, veilleur et éveilleur, dont le langage, soumis au réel, évolue entre le souci d'harmonie et la réceptivité aux surprises. Voir et nommer, pour Gilles Ortlieb, c'est une manière de sauver ce qui reste de paysages à l'abandon d'écrivains et de peintres aux traces effacées parle temps. Le cahier que nous lui consacrons tente de suivre les variations et la basse continue d'une écriture qui emprunte volontiers des chemins de traverse et se sert des mots "moins pour dévoiler leur sens immédiat que pour les contraindre à livrer ce que cache leur silence".

03/2022

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Critique littéraire

Allégories de la lecture. Le langage figuré chez Rousseau, Nietzsche, Rilke et Proust

Comme le note justement le traducteur dans sa préface, "à sa mort en 1983, Paul de Man était parmi les plus célèbres théoriciens de la littérature aux Etats-Unis, où il enseignait depuis plus de trente ans et où son nom était presque universellement associé à la critique déconstructrice. L'oeuvre de de Man reste cependant assez peu connue en Europe, bien qu'une discussion s'y soit récemment entamée sur 1' "affaire de Man" à la suite de ses activités journalistiques en Belgique de 1940 à 1942. Comme ce débat a inévitablement soulevé la question du rapport entre son journalisme et son oeuvre critique et théorique, la publication de celle-ci en Europe s'avère aujourd'hui particulièrement urgente ". Depuis la mort de Paul de Man, on mesure encore mieux la richesse de l'héritage. De nombreux ouvrages posthumes voient le jour aux Etats-Unis The Rhetoric of Romanticsm (1984), The Resistance to Theory (1986), Critical Wrltings (1989), Aesthetic Ideology (à paraître en 1990). Mais de son vivant, en dehors de nombreux articles (dont certains parurent directement en français dans Critique ou dans Poétique dont il fut membre du Conseil de Rédaction jusqu'à sa mort), Paul de Man n'a publié que deux livres, Blinduess and Insight (1971) et Allegories o f Reading (1979), considéré unanimement et à juste titre comme son oeuvre fondamentale. On voit en effet s'y rassembler les grands motifs d'une interprétation originale de la philosophie, du langage, de la littérature, de la rhétorique et de la politique. Cette interprétation s'avance à travers des lectures toujours singulières et inventives (Rousseau, Nietzsche, Rilke, Proust, etc.). Elle noue en une sorte d'idiome théorique inédit des traditions qui restent souvent intraduisibles l'une à l'autre : une déconstruction dont le style paraît plutôt lié à la philosophie continentale, une critique de la tradition des formalismes et du "New Criticism", une pragmatique et une théorie du "speech act" performatif déplacée, refondue puis mise en oeuvre dans l'approche de textes littéraires, philosophiques ou politiques, une réélaboration savante et audacieuse de la rhétorique traditionnelle. La critique de l'idéologie esthétique et organiciste, l'articulation d'une pensée du politique sur une théorie de la littérature, l'analyse des paradoxes de la promesse ou d'une certaine illisibilité du lisible, tout cela paraît faire de ce livre une des provocations les plus saisissantes de ce temps.

09/1989

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Revues

Europe N° 1109-1110, septembre-octobre 2021 : Alexandre Vialatte

L'idéal d'Alexandre Valatte (1901-1971) était d'être "sobre, rapide dense comme le marbre, aérien comme le papillon". Sans oublier l'humour : "Il m'a toujours semblé, écrivait-il, qu'il y a une parenté entre les plus hauts moments de l'art et les raccourcis saugrenus qui déclenchent le rire." Par bonheur, son humour est aux antipodes de celui des amuseurs patentés. Il est fait de précision de rapidité, de poésie et d'apparente incongruité. "Je ne vois pas ce qui n'est pas fantaisie à commencer par la réalité", écrivait-il à son amie Ferny Besson. Même le tragique est traité chez lui avec le décalage du rire, cette politesse du coeur. Traducteur précoce de Kafka dès sa découverte du Château au milieu des années vingt, Vialatte considérait que le véritable artiste "est celui qui crée son monde, un univers à lui qui ne date que de son oeuvre". Il disait aussi : "Ecrire c'est courir après un sujet qui vous échappe, courir jusqu'au bout du vent. Mais où est le bout du vent ? "... Dans ses romans comme dans ses chroniques, le chatoiement de l'écriture vient souvent d'un jeu de lumière dans l'ironie qui en fait varier l'intensité. Férocité, dérision et tendresse se superposent dans le plissé de la phrase de cet écrivain qui a su éviter la lourdeur du sérieux pour dire des choses graves. Tanguy Viel : Romans, essais, récit de voyage à quatre mains, livret d'opéra, l'oeuvre de Tanguy Viel affirme sa cohérence à travers des cheminements et des dispositifs singuliers : c'est une attention, toujours vive et inquiète, à la puissance des formes. Le souci formel n'est pas pour cet écrivain une manière de styliser après coup le monde, mais l'impulsion même de sa découverte et de sa saisie. Une ligne de basse parcourt son oeuvre : la mélancolie. C'est elle qui donne une couleur à ses livres, empruntant volontiers au film noir ses codes, son atmosphère et sa tension. Cette mélancolie relève aussi d'un sentiment générationnel, celui de venir après : après l'époque lumineuse du récit sans ombre, ni soupçon ; après les expérimentations formelles et leurs dispositifs inventifs ; après le temps de la confiance dans l'Histoire. L'écrivain travaille avec ces ruines, les collectionne pour mieux leur redonner mouvement et énergie.

08/2021

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Policiers

L'aiguille dans la botte de foin

« Perro » (le Chien) Lascano est un commissaire intègre, une position plutôt difficile à tenir dans un pays comme l’Argentine des années 70, dirigé par une dictature militaire. C’est aussi un homme perturbé et taciturne depuis la mort de sa femme Marisa. Un matin, Lascano est envoyé sur une scène de meurtre où deux corps sans vie ont été signalés. Une fois sur les lieux, il trouve en fait trois cadavres mais pour lui, le troisième n’a aucun lien avec les deux autres car il ne porte pas la trace des méthodes d’«exécution » propres aux militaires.Amancio Pérez Lastra est né avec une cuiller en argent dans la bouche, mais maintenant il est aux abois. Submergé par les dettes, il cherche le meilleur moyen de s’en sortir. Quelqu’un va lui donner un coup de pouce : c’est Giribaldi, major dans l’armée. Ce dernier dirige l’un des escadrons de la mort qui abandonnent les corps non identifiables de tous les « subversifs » tombés dans leurs filets. Giribaldi est un individu dangereux et aigri. Incarnation de la violence aveugle des militaires, il va tenter par tous les moyens d’empêcher Lascano de faire la lumière sur l’affaire du troisième corps…Ernesto Mallo nous plonge dans une période sombre de l’Argentine de la fin des années 70, où les disparus hantaient les esprits et où la justice se résumait à cette phrase : « Protéger le bien, c’est protéger les biens ». Il nous livre une vision sans concession de la violence politique, de la police, de l’armée et des jeunes qui se sont réfugiés dans la clandestinité. De nombreux détails concernant la topographie, l’ambiance et la cuisine propres au Buenos Aires de ces années donnent de l’authenticité à ce roman qui se lit aussi comme un passionnant document. Quant à l’écriture vive et rythmée, elle confère un ton tranchant au récit, ponctué au détour des pages par de discrètes oasis de poésie.L’Aiguille dans la botte de foin est le premier volume d’une série. Son auteur est dramaturge, traducteur et homme de radio. Il a été récompensé par le prix Memorial Silverio de la célèbre Semana Negra de Gijon, le festival du roman noir organisé par Paco Ignacio Taibo II.

09/2009

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Poésie

Poèmes d'Edgar Allan Poe, adaptation en vers français par Stellamaris

Poète lui-même, Stellamaris possède cette qualité rare de s'intéresser aux autres : autres poètes, autres humains... C'est ainsi qu'après plusieurs années vouées à l'apprentissage de la prosodie, sa passion pour la poésie et son penchant naturel qui le pousse vers l'autre l'ont amené à devenir éditeur dans le but d'aider à la promotion des auteurs et amis qu'il admire et qui le touchent par leur écriture et leur parcours de vie. Pour notre plus grand plaisir - encore plus pour ceux qui comme moi ne connaissent pas du tout l'anglais - Stellamaris a récemment approfondi son intérêt pour d'autres auteurs en s'attaquant avec enthousiasme à la traduction de la quasi-intégralité des poèmes d'Edgar Poe écrits en anglais. Stellamaris semble d'ailleurs avoir avec cet auteur des affinités particulières... est-ce une attirance pour la féerie et le fantastique ? En tous cas, le résultat de cette fusion, à la fois mystérieuse et résultant d'un travail de titan, est somptueux, magique ! Le style de l'auteur, si personnel, dans lequel s'est moulé Stellamaris ravira, à mon avis, tout autant les amoureux de la prosodie que ceux de la poésie libre, tant s'exprime librement l'inspiration forte qui emporte comme une vague l'auteur, le traducteur, et bien sûr le lecteur. Peut-être est-ce une partialité de ma part, mais je crois discerner dans le style d'Edgar Allan Poe une relation particulière à la musique : refrains, répétitions, jeu de sonorités qui concourent à l'expression d'une "ambiance" , musique et poésie étant ici si manifestement liées. Un grand merci à Stellamaris pour cette découverte qui restera capitale pour moi, et je pense que sans cette originale, géniale et très courageuse initiative, bon nombre de férus de la poésie seraient passés à côté de ce poète extraordinaire. Domi J'ai découvert l'illustrateur qu'est Didier Collobert à l'occasion d'un recueil de Haïkus que j'ai eu la joie de publier, " Un certain vertige ". J'ai aussitôt pensé à lui pour le présent recueil, et ses premières esquisses m'ont conforté dans mon choix... Je trouve que le résultat, remarquable, aide grandement à rentrer dans l'ambiance si particulière qu'Edgar Allan Poe distille au fil de ses poèmes... Merci infiniment, Didier ! Stellamaris

09/2014

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Autres éditeurs (A à E)

Un Livre de nonsense

Lorsque Patrick Reumaux nous a fait, sans trop y croire, la proposition de publier les poèmes-comptines (limericks) d'Edward Lear en nous confiant son édition du xixe, l'idée de redonner vie, pour la première fois en français, à ce somptueux album pour enfant, publié conjointement à Londres et à New York, avec ses dessins rehaussés en couleurs, a aussitôt suscité notre enthousiasme. Il faut dire que nous venions de redécouvrir le genre grâce au Journal du poète Georges Séféris, lui- même tellement amateur de limericks qu'il en était venu à collectionner les vues de Grèce d'Edward Lear, qui était aussi un paysagiste et écrivain voyageur talentueux. Et que cette découverte ne faisait que raviver un goût ancien éprouvé dès l'adolescence, à un moment où nous lisions avec enchantement les poèmes d'un autre admirateur d'Edward Lear, Français celui-ci : Jean Tardieu (qui reproduit un dessin de l'album dans son Obscurité du jour). Le plaisir que procurent ces poèmes-comptines, tous construits sur le même modèle, - avec une image qui, comme l'écrit Patrick Reumaux, "fait boiter et rougir le texte en avouant tout ce qu'il tait" - est si délectable qu'il incite à en inventer d'autres, et si évident qu'il n'a guère besoin d'être commenté. Le traducteur en décrit néanmoins très bien l'effet disruptif : "Lear a dans sa trousse à dessins toute une série de pinces-monseigneur, les limericks, plus redoutables que les pinces d'un crabe pour forcer le coffre du sens. L'effet de surprise, l'apparente absurdité qui en résulte, provoque un irrésistible éclat de rire, mais il est trop tard : le fric-frac a eu lieu, le coffre est forcé, le corset victorien délacé, le cambrioleur, hilare d'avoir réussi son coup, se promène l'air de rien dans la chambre à coucher". Mais il sait y voir aussi un simple retour à l'esprit (parfois cruel) de l'enfance, n'oubliant pas que c'est pour les enfants du comte de Derby que Lear les a écrits. Dans le poème que lui consacre W. H. Auden, un autre de nos auteurs, Lear est devenu un pays où des essaims d'enfants rêvent de s'établir. Un Nonsenseland qui est, en Angleterre au moins, aussi connu aujourd'hui encore que le Wonderland de son contemporain Lewis Carroll.

10/2022

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Littérature française

Clelia de Giuseppe Garibaldi

Rome, 1867. L'Italie est constituée depuis le 7 mars 1861 en royaume unifié, auquel manquaient encore la Vénétie, où l'Autriche maintenait sa domination depuis 1815, et le Latium romain, dernier vestige des Etats de l'Eglise, où le pape maintient sa royauté. En 1866, la Prusse, alliée du nouveau royaume, et victorieuse de l'Autriche à Sadowa, a de fait restitué Venise et sa province à l'Italie ( le plébiscite ne fut qu'une formalité) ; mais le roi Victor Emmanuel II de Piémont- Sardaigne, héritier de l'attentisme de Cavour, n'ose encore proclamer Rome capitale du royaume, pour ménager son allié Napoléon III, " l'empereur de l'équivoque ", lequel, pour ménager lui-même à l'intérieur le puissant parti catholique ultramontain des contre-révolution-naires français, soutient officieusement le pouvoir du pape. La demi-mesure par laquelle, en 1865, le gouvernement a transféré la Capitale de Turin à Florence est un scandale pour les patriotes italiens de toutes tendances, dont Giuseppe Garibaldi est depuis 1848 le fédérateur et le libre condottière. Arrêté et assigné à résidence dans son île en novembre 1867, après l'échec de sa troisième tentative de forcer le cours de l'histoire pour libérer Rome, il trompe l'ennui de cette oisiveté forcée par deux manifestes politiques sur la " question romaine ", sous la forme du roman-feuilleton, où il essaie d'imiter Eugène Sue, et Dumas père, qui fut son ami et compagnon. Le résultat littéraire est très inégal ; c'est pourquoi le traducteur - il s'en explique dans sa préface-, a jugé bon de remédier autant que possible à cette insuffisance, dans l'esprit même des intentions de l'auteur, comme Dumas l'avait fait pour les Mémoires de Garibaldi, mais en respectant rigoureusement l'économie du texte. Clelia, le plus poétique de ses essais romanesques, a deux grands mérites : celui de nous livrer les sentiments d'un homme extraordinaire, dont on a pu dire, en dépit de toutes les étiquettes que lui a collées la manie moderne des idéologies, qu'il fut tout ensemble " à sa façon, conservateur, et révolutionnaire " (Alfonso Piscitelli); et celui de nous transporter au cœur de ces terres italiques devenues sujettes de l'histoire après avoir porté les maîtres du monde, demeurée comme hors du temps, et que Garibaldi, en fils généreux, s'efforçait de réveiller d'un long sommeil. ?? ?? ?? ?? 1

12/2010

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Littérature anglo-saxonne

Charles Dickens. De Grandes Espérances

Découvrir aujourd'hui le chef-d'oeuvre de Charles Dickens, dans cette nouvelle traduction, constitue un choc. Personne ne nous avait prévenus que De Grandes Espérances, ce classique des classiques, est aussi le plus bluffant des romans ! A-t-on encore besoin du cinéma et des séries télévisées, quand on a un tel livre entre les mains ? Page après page (et on les tourne très vite), De Grandes Espérances démontre qu'en matière de suspense, de rythme, de puissance de suggestion, les mots n'ont aucun besoin des images : ils les contiennent déjà - et avec une force incomparable - dès lors que la traduction restitue au texte tout son éclat et sa vivacité d'origine. La lecture achevée, on ne sait ce qu'il faut admirer le plus dans ces Grandes Espérances. L'intrigue digne des plus grands romans d'aventures ? Les scènes d'anthologie, qui font passer le lecteur par toutes les émotions ? Les dialogues, où l'art du traducteur Jean-Jacques Greif fait merveille ? Les personnages inoubliables : Pip, le bagnard en fuite, l'inquiétante Miss Havisham, Joe le forgeron, la belle Estella au coeur de glace... ? Et dans quelle catégorie ranger ce livre, qui semble contenir tous les romans possibles ? Récit d'apprentissage, histoire d'amour grand format, roman social, feuilleton à rebondissements : De Grandes Espérances est tout cela à la fois. RESUME La vie n'est pas facile pour Pip. Orphelin, élevé à la dure, comment pourrait-il échapper à sa triste condition de garçon de la campagne, voué à devenir forgeron ? Reçu chez l'étrange, vieille et riche mademoiselle Havisham, il fait la connaissance de sa fille adoptive, la ravissante Estella. Depuis qu'elle a été abandonnée le jour de ses noces, le temps semble s'être arrêté dans la maison de la vieille femme. Elle ne vit plus que pour se venger des hommes, et Estella, dont Pip tombe amoureux, est l'instrument de cette vengeance... De plus en plus honteux de ses origines, Pip se réfugie dans son rêve de devenir un gentleman... Or un jour, il est informé qu'un bienfaiteur anonyme désire lui allouer une importante somme d'argent, pour financer son installation à Londres et favoriser son ascension sociale. Alors que ses espoirs de grandeur se réalisent enfin, et qu'il s'apprête à revoir Estella, Pip est loin de soupçonner ce qui l'attend.

08/2022

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Sciences politiques

Pierre Naville. Biographie d'un révolutionnaire marxiste Tome 2, Du front anticapitaliste au socialisme autogestionnaire, 1939-1993

Témoin de son époque, Pierre Naville participe à tous les débats qui agitent la gauche révolutionnaire et le monde des lettres et des sciences, de 1924 à nos jours. Membre du mouvement surréaliste, directeur avec Benjamin Péret de La Révolution surréaliste, Pierre Naville s'efforce d'unir la pensée subversive d'André Breton à l'action politique révolutionnaire. Découvrant Marx, Hegel, la révolution d'Octobre, Lénine et Léon Trotsky, il rompt avec sa classe d'origine et devient un leader éminent de l'opposition de gauche en France, de 1929 à 1939. Prenant ses distances par rapport au mouvement trotskiste à l'été 1945, il se tourne avec passion vers la recherche scientifique. Alliant marxisme et scientificité, il prône un objectivisme radical. Traducteur de l'oeuvre de Watson, il se présente comme un théoricien reconnu du béhaviorisme. Praticien de l'orientation professionnelle, il met en lumière le poids des déterminants sociaux et économiques dans l'orientation de l'élève au sein de l'appareil scolaire. Cofondateur de la sociologie du travail avec Georges Friedmann, il s'applique à démontrer, par ses enquêtes et ses nombreuses publications, le degré d'aliénation qui s'abat sur le travailleur confronté au circuit économique du capitalisme. Spécialiste de Clausewitz, il analyse tous les rouages de la machine de guerre et de son impérialisme déployés dans le cadre des guerres de Corée et d'Indochine. Animateur de la Nouvelle gauche, membre fondateur du PSU, Pierre Naville défend sans relâche une pensée socialiste rénovée et pluraliste, reposant sur un rassemblement des forces communistes et non communistes. Il se bat sur tous les fronts. Contre le jeu des blocs, il oppose le neutralisme et la construction d'une Europe sociale au service des peuples. Il combat sans cesse la répression coloniale de la IVe et de la Ve République, le pouvoir gaullien, son capitalisme d'Etat, sa technocratie, son complexe militaro-industriel. Il lutte sans répit contre le socialisme soviétique et son arbitraire politique. Dans cette entreprise de défrichage de nouvelles perspectives socialistes, Pierre Naville manifeste une pensée marxiste innovante qui débouche sur une recherche fertile, sur l'autogestion et sur l'application nouvelle d'une planification démocratique et décentralisée où l'ouvrier, le syndicaliste, le consommateur deviennent des acteurs politiques privilégiés, fondement premier d'une démocratie citoyenne à construire.

05/2017

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Littérature Espagnole

Je chante et la montagne danse

Dans un village perché en haut des Pyrénées, on conserve la mémoire des drames familiaux, des persécutions guidées par l'ignorance, des exécutions sommaires de la guerre civile. Mais rien, jamais, ne vient altérer la profonde beauté du lieu, terre propice à l'imagination, à la poésie, aux histoires transmises de génération en génération. Chaque voix raconte : d'abord les nuages et l'éclair qui foudroya Domènec, le paysan poète. Puis Dolceta, qui ne peut s'empêcher de rire lorsqu'elle se rappelle avoir été pendue pour sorcellerie. Sió, qui dut s'occuper seule de ses deux enfants. Puis les trompettes de la mort qui annoncent l'immuabilité du cycle de la vie. Le chevreuil, l'ours, la femme amoureuse, l'homme blessé par balle, et les autres. Dans ce lieu hors du temps, amitiés, mariages, deuils, naissances s'entrelacent au fil des saisons. Ode à la puissance de la nature, Je chante et la montagne danse mêle les légendes et le folklore catalans aux histoires bien réelles de ceux qui habitent ce lieu protégé par ses montagnes. Aussi limpide que poétique, la langue d'Irene Solà est un doux murmure qui enveloppe, transporte et résonne longtemps. Traduit du catalan par Edmond Raillard "Il y a tellement de beauté dans ce roman que chaque page vous fait tomber amoureux de la nature, de l'imagination, des mots et de la vie. Un roman intemporel et unique". Mariana Enriquez "Chaque page témoigne merveilleusement de la passion d'Irene Solà pour l'écriture, pour les paysages décrits et pour les personnages qu'elle a créés". Times Out "Un roman remarquablement écrit, admirablement construit, merveilleusement profond". Kirkus Reviews, starred review "Une fable universelle, drôle et profondément émouvante". Max Porter Irene Solà est une écrivaine, poète et artiste née en 1990 en Catalogne. Ses poèmes et ses courts-métrages ont été présentés à la Whitechapel Gallery de Londres, ainsi qu'à Barcelone, Santander et Gérone. Je chante et la montagne danse a obtenu quatre prix littéraires, dont le prix de littérature de l'Union européenne en 2019. Il sera traduit en dix-sept langues. Le livre a également été adapté au théâtre en Catalogne. Edmond Raillard est professeur émérite à l'Université Grenoble Alpes et traducteur du castillan et du catalan. Il a reçu le Grand Prix de la Société des gens de lettres, le prix Laure-Bataillon, et le prix Rhône-Alpes du livre.

05/2022

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XVIIIe siècle

Le triomphe des Lumières. L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert

L'Encyclopédie ou le fer de lance des Lumières. Dans la conscience collective moderne, le terme " encyclopédie " véhicule l'idée d'un ouvrage de référence exposant de manière systématique des connaissances universelles ou spécialisées. Il n'en fut pas toujours ainsi. Dans l'Antiquité grecque, l'expression enkyklios paideia (" instruction circulaire ") ne désignait pas une forme concrète d'oeuvre, une encyclopédie, mais une éducation qui ferait le tour des connaissances, autrement dit une culture générale. Le mot, sinon la chose, n'a fait son apparition que tardivement, et l'usage moderne ne s'est imposé qu'avec l'Encyclopédie " de Diderot et d'Alembert ". Cette immense publication devait, dans l'esprit de ses éditeurs, présenter un tableau exact de l'état de toutes les connaissances humaines au milieu du siècle des Lumières. A une époque encore embourbée dans quantité d'archaïsmes, l'Encyclopédie se présente comme l'image d'une France moderne, à la pointe du progrès, en même temps que la somme de toutes ses compétences. Conçue par un groupe de libres-penseurs, elle était animée d'un esprit rationaliste, critique, irréligieux, et s'appuyait sur les conceptions de la nouvelle philosophie empiriste anglaise alors en plein essor. Au milieu des années 1740, une nouvelle génération de " philosophes " fait son entrée sur la scène, bien moins frileuse que ses aînés, Voltaire et Montesquieu. Au même moment, le libraire Le Breton flaire la belle affaire, la traduction française d'une encyclopédie anglaise en deux volumes, et engage le jeune et déjà célèbre homme de sciences d'Alembert afin qu'il dirige l'entreprise ; Diderot est recruté comme traducteur, mais va rapidement se hisser au même niveau que son coéquipier. L'entreprise est complètement refondée par les deux directeurs, qui la transforment en fer de lance des Lumières contre l'obscurantisme, la monarchie de droit divin et le conservatisme des élites. Attaquée par les uns, soutenue par les autres, sa publication sera menée à bien par tâtonnements et ajustements successifs. Deux fois interdit par le pouvoir royal, prohibé par le pape, l'ouvrage devait constituer dix volumes ; à son achèvement, il en atteignit vingt-huit qui contiennent plus de 74 000 articles illustrés de près de 2 600 gravures. Ces chiffres colossaux laissent imaginer le travail qu'il a fallu abattre pour mener à bien en une génération (1751-1772) la plus importante de toutes les aventures éditoriales françaises.

01/2024

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Littérature française

Les Doublures.. Manuscrits du Souffleur et autres documents

Les Doublures - titre provisoire du roman Le Souffleur ou le Théâtre de société publié chez Jean-Jacques Pauvert en 1960 - est une plongée dans les manuscrits et les archives de Pierre Klossowski, disparu il y a vingt ans, dont l'oeuvre inclassable, écrite et picturale, traverse le XXâe siècle. Comment les personnages du roman se dédoublent au gré de la folie du narrateur, quelles personnalités du monde littéraire et de sa vie privée ont inspiré l'auteur, quels rapports la fiction entretient avec l'histoire et l'actualité (résistance et collaboration, guerres coloniales, coup d'Etat des généraux, prise du pouvoir par de Gaulle, révolution des moeurs...), comment le personnage de Roberte devient maîtresse du jeu et instigatrice d'une utopie néo-A­fouriériste, après avoir été victime d'un époux pervers dans les deux premiers volumes de la trilogie, Roberte ce Soir et La Révocation de l'Edit de Nantes : c'est ce que l'on découvrira en lisant ce volume constitué d'inédits et de textes introuvables, brouillons, lettres, fragments d'entretiens, textes de circonstance, et d'un dossier de presse. Dans les manuscrits, où tous les possibles narratifs sont encore ouverts, on croisera la silhouette fantomatique d'André Gide, déjà reconnaissable dans le prologue du Souffleur, mais aussi les figures de Gilberte Lambrichs, Pierre Leyris, Gabriel Marcel, Jean Paulhan, peut-être Georges Bataille et Jacques Lacan, et surtout Jean Carrive, "proprement le souffleur" , jeune poète surréaliste devenu érudit et traducteur, écrivain sans oeuvre dont l' "âme violente" inspire ces "Nouveaux Mystères de Paris" . "âQui me lisant, qui m'écoutant, pourra jamais me suivre dans le genre de nostalgie que je vais tenter de dépeindreâ? Qui de nous n'a pas connu la joie d'un attachement, n'a pas senti les forces lui revenir dans les pires détresses dès que le visage aimé en se penchant vers lui apportait la sourde promesse de ressources inespérées ? Mais en est-il deux ou trois qui aient connu le souci insensé de faire partager à autrui l'émotion particulière que leur procurait le visage de la compagne élue, et ce souci, comment peut-il devenir à la longue aussi indispensable que la sensation que procure la dilapidation à pleines mains du trésor que l'on possèdeâ? â" (Pierre Klossowski, Projet de préface.)

09/2021

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Les lettres du rêve

Les lettres du rêve explorent la racine Ha-L-M, une très jolie racine en arabe ! Qui nous a parue évidente pour ouvrir joyeusement la nouvelle collection "Racines" du Port a jauni. Elle rassemble dans une même famille les mots rêve - holm, apaisement, bonté - hilm, puberté - ihtilâm, papilles gustatives - halama et téton du sein - houlayma. A l'inverse de Layla Zarqa (qui a écrit l'autre titre de cette nouvelle collection, Les Lettres du jardin), Raphaële Frier a aimé l'idée d'explorer le sens de ces mots mis ensemble, creuser le lien qui les unit dans la sensation du corps de l'enfant qui tête, dans le souvenir éveillé du rêve. Kam a choisi de relier le thème du rêve au surréalisme, dont on retrouve l'inspiration dans son graphisme. Dans cette série de mots, il a ressenti un frottement entre sensation de l'enfance et monde des adultes, entre nature et culture, entre ville et campagne. Autour de ces thèmes, il a dessiné une série d'images dont les motifs, les gestes, les couleurs se répondent et se transforment. ---------------------- Les Lettres du rêve est le second titre de cette nouvelle collection (Les lettres de...) inspirée par la structure linguistique des langues sémitiques : en arabe (comme en hébreu), la plupart des mots ont pour origine trois sons, une racine qui se retrouve dans tous les mots d'une même famille. A partir de cette racine se fabriquent des mots selon des schèmes, en rajoutant des lettres avant, après, au milieu, de nouveaux sons. Comme un motif musical autour duquel on brode. Comme une formule qui se complexifie. Parfois, la racine est très claire, très simple : par exemple, la racine K-T-B rassemble dans une même famille tous les noms et verbe liés à l'écriture et l'on voit bien le lien entre un livre - kitâb, un écrivain - kâtib, un bureau - maktab, le destin (ce qui est écrit) - maktoub et le verbe d'écrire - kataba. Mais d'autres fois, on se demande ce qui peut bien avoir fait pousser ces mots dans le même champ, dans la même famille, à partir de la même racine tant leur sens semble à prime écoute éloigné. Par exemple : Comme l'indique "Les lettres du jardin", la racine J-N-N rassemble dans une même famille les mots jardin - junayna, paradis - janna, fou - majnoun, djinn ou esprit malin - djinn et le bébé dans la ventre de sa mère - janine. La racine CH-'-R rassemble dans une même famille les mots sentiments - chou'our, les 5 sens - macha'ir, cheveux - cha'r, poésie - chi'r et petites pâtes en cheveux d'ange - cha'riya. Certaines racines sont moins "drôles", mais tout aussi poétiques. Par exemple, la racine H-D-D rassemble dans une même famille les mots frontières - houdoud, forgeron - haddad, fer - hadid, amertume - hidda et deuil - hidad. Le jeu est infini... Le jeu et l'enjeu de la collection Racines est d'explorer celles qui nous surprennent, en proposant un champ de mots linguistiquement de la même famille, sémantiquement étrangement ensemble, comme point de départ d'une écriture poétique et graphique. ------------------- En pratique, nous donnons une liste de mots d'une même famille à un. e poète : il. elle écrit deux poèmes en utilisant, autant que possible, les mots de cette famille. Le poème peut jouer sur les mots, chercher la truculence linguistique et le rythme, se rapprocher de la comptine. Ou au contraire, explorer le fonds et le sens, questionner le lien sémantique entre ces mots. Nous donnons cette même liste à un. e illustrateur. trice : il. elle propose huit illustrations + trois motifs pour la couverture en cherchant un principe graphique ludique faisant écho aux mots. Cette nouvelle collection est donc basée sur le jeu et l'apprentissage linguistique. Chaque livre est composé de : - une couverture avec rabat, à l'intérieur de laquelle on retrouve l'alphabet arabe et des consignes prononciation / l'alphabet français et des consignes de prononciation (à compléter dans la maquette présentée ici) / la racine et son champ de mots, placés dans le rabat, qu'on peut garder ouvert pendant qu'on lit le livre afin de se rappeler du champ de mots. - deux pages de poèmes, qui ouvrent le livre de chaque côté et accueillent le lecteur, dans l'une et l'autre langue. - huit pages d'illustration : deux accompagnent les poèmes, six sont pensées comme des cartes de jeu (ou de Tarot) et associent une illustration et un mot (avec sa prononciation dans les deux langues). - une affiche centrale : attachée au centre du livre (avec deux points métal), elle peut facilement être détachée et accrochée au mur d'une chambre ou d'une classe pour garder en mémoire les mots et leur prononciation. Chaque livre sera accompagné d'un jeu de cartes (vendu séparément) composé de cartes reprenant les mots illustrations du livre + cartes de jeu d'écriture et de calligraphie. Nous réaliserons la version sonore du livre, gratuite en libre accès sur notre site, pour accompagner la sortie de chaque titre.

03/2023