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Trotski

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Sciences politiques

CLR James. La vie révolutionnaire d'un "Platon noir"

Qui, en France, connaît C.L.R. James ? Né en 1901 à Trinidad, alors colonie de la Couronne britannique, et mort à Londres en 1989, celui que le Times dénomma à la fin de sa vie le "Platon noir de notre génération" est pourtant une figure intellectuelle et politique majeure d'un siècle qu'il aura traversé presque de part en part. Intellectuel diasporique par excellence, militant panafricain de la première heure, James a pris part aux grands mouvements de décolonisation de son temps en Afrique et dans la Caraïbe et fut un acteur de premier plan des luttes noires aux Etats-Unis. Fervent partisan de Trotski avant de rompre avec l'héritage de ce dernier pour défendre la thèse de l'auto-émancipation des masses ouvrières-populages, James eut un destin étroitement imbriqué dans celui du marxisme au XXe siècle. Pour ce "marxiste noir", révolution socialiste et luttes anticoloniales-antiracistes étaient intimement enchevêtrées : elles s'inscrivaient dans l'horizon d'une "révolution mondiale" dont la source et le centre ne pouvaient plus être la seule Europe. C'est à celle-ci que James s'est voué corps et âme pendant plus de cinq décennies, débattant et collaborant avec ses contemporains aux quatre coins du monde. Dans une conjoncture où la gauche radicale éprouve de grandes difficultés à renouveler ses stratégies face aux revendications des minorités non blanches et où la critique de l'eurocentrisme bat de l'aile, méditer la vie et l'oeuvre de James pourrait se révéler essentiel dans la tâche de construction d'une pensée de l'émancipation qui soit, enfin, à la mesure du monde.

01/2016

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BD tout public

La Poussière des aïeux

La scène se passe au Mexique. Eusebio Ramirez est le gardien du musée des Masques. De retour d'une visite au cimetière, pour tromper son ennui il écrit des lettres à propos de la famille Rojas dont il est l'ami, et dont les membres défunts ont chacun leur autel des morts, où leur photo voisine avec… un masque. Les différents chapitres de l'album relatent, à travers le témoignage de ce narrateur pas toujours fiable, les circonstances de la mort de ces différents personnages, à des époques elles-mêmes diverses : XIXe siècle, révolution mexicaine, années trente, années soixante-dix, époque contemporaine. D'autres séquences, réminiscentes de l'inspiration macabre d'un Posada, matérialisent les rêves d'Eusebio et nous entraînent dans une crypte pour célébrer la vie après la mort. Fasciné par les rites funéraires du Mexique - pays dans lequel il a séjourné en 2005-2006, et où la mort, loin d'être un tabou, fait partie de la vie quotidienne et est célébrée de manière éminemment festive -, Felix Pestemer a conçu ce livre original et spectaculaire, entièrement dessiné au crayon, et dont l'esthétique rappelle celle des grands muralistes mexicains. Le récit contient de nombreuses allusions à des personnalités ayant marqué l'histoire du pays, comme le peintre Diego Rivera ou Léon Trotzki.

01/2012

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Histoire internationale

12 assassinats politiques qui ont changé l'Histoire

Assassinés. L'histoire du monde est jonchée des cadavres d'hommes et de femmes de pouvoir ou de partis, éliminés dans le sang par des conspirations d'opposants ou des actes individuels de tueurs solitaires. Jean-Pax Méfret revient avec des détails souvent peu connus ou inédits sur douze assassinats emblématiques qui ont marqué l'Histoire. Quelles raisons ont-elles poussé Ravaillac à poignarder Henri IV ? Qui était vraiment Charlotte Corday, la jeune meurtrière du député montagnard Jean-Paul Marat ? Pourquoi le président américain Abraham Lincoln est-il mort dans un grand éclat de rire sous les balles d'un comédien ? Comment un jury d'Assises put-il acquitter l'assassin de Jean Jaurès ? Qui décida de faire exécuter l'amiral Darlan à Alger en 1942 ? Ce livre foisonne de précisions sur les morts violentes de personnalités: le président de la République française Sadi Carnot tué à Lyon par un anarchiste italien, l'assassinat à Marseille par des terroristes croates du monarque serbe Alexandre de Yougoslavie, Léon Trotsky au Mexique, Martin Luther King à Memphis, Robert Kennedy à Los Angeles, Bachir Gemayel à Beyrouth, Yitzhak Rabin à Tel Aviv... Un long voyage à travers l'Histoire où la mort violente est à la croisée des chemins.

10/2013

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Droit

Au-delà du capitalisme ?

L'histoire s'est-elle arrêtée avec l'échec de la construction d'une société sans classes ? Le capitalisme a-t-il fait preuve de son immortalité ? C'est peut-être entre les lignes de l'œuvre des théoriciens du socialisme qu'il faut chercher la réponse à ces interrogations, plus que dans leurs intentions déclarées : " La production capitaliste, elle, est arrivée au stade où le travail de haute direction, entièrement séparé de la propriété du capital, court les rues. " (Marx) " Nous, parti du prolétariat, nous ne pouvons prendre nulle part l'art d'organiser la grande production à l'instar des trusts, - nulle part à moins que nous n'allions la chercher chez les spécialistes les plus qualifiés du capitalisme. " (Lénine) " Nous n'avons pas inventé la planification. C'est dans son principe, la même méthode qu'utilisent Morgan et son état-major (mieux que nous) pour gérer son trust, à savoir : prévision, coordination, direction..." (Trotski) " [Dans] toutes les élections, la présentation des candidats, leur soutien, etc., doivent s'effectuer sous l'angle non seulement de leur fermeté politique, mais aussi de leurs capacités de dirigeants, de leur ancienneté administrative, de leurs qualités d'organisateurs..." (Boukharine) Quel acteur social se trouve au cœur de ces quatre affirmations ? Vous répondez : les intellectuels, les bureaucrates, les technocrates, les managers ou mieux, les cadres ? Ce livre pousse cette perception du rôle historique des cadres jusqu'à son terme. Au sein du mode de production capitaliste émerge progressivement une nouvelle structure de classe, de nouveaux rapports de production, préfigurant un mode de production alternatif, dont la classe dirigeante serait celle des cadres. Les tentatives de construction du socialisme ont dégénéré dans des variantes de telles sociétés post-capitalistes, et pas les meilleures qu'on puisse concevoir. Reste alors ouverte la question : comment remettre le projet socialiste sur ses rails ?

07/1998

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Beaux arts

Jacqueline Lamba. Peintre rebelle, muse de l'amour fou

Jacqueline Lamba est la jeune femme qui, une nuit de mai 1934, décide d'aller à la rencontre d'André Breton. Avec lui, elle flâne jusqu'aux premières lumières du matin dans un Paris enchanté. Quelques mois plus tard, elle devient sa femme, la mère d'Aube, unique enfant du poète. Breton dédie à Jacqueline ses oeuvres L'Amour fou, L'Air de l'eau, Fata Morgana. Muse de l'écrivain et des photographes surréalistes, Jacqueline Lamba est surtout, et tout d'abord, une artiste d'un talent remarquable et d'une exceptionnelle sensibilité. Dans sa peinture se reflètent le courage et la passion d'une femme scandaleusement belle et rebelle qui a su se révolter contre les valeurs conservatrices de la société, en vivant toute sa vie dans l'art et pour l'art. Elle a été en contact avec les plus grands artistes et intellectuels du XXe siècle : Antonin Artaud, Claude Cahun, Marcel Duchamp, Max Ernst, Frida Kahlo, Dora Maar, Picasso, Diego Rivera, Jean-Paul Sartre, Trotski et beaucoup d'autres. Elle a vécu à une époque de grande effervescence artistique, littéraire, révolutionnaire. De Paris à New York, du Mexique à la Provence, de Marseille, où elle se réfugie à la villa Air-Bel avec d'autres intellectuels de l'Amérique du nord, où elle a fait plusieurs séjours avec son deuxième mari, le sculpteur américain David Hare. Jacqueline Lamba traverse des lieux et des moments fondamentaux de l'histoire. Protagoniste du passage du surréalisme à l'expressionnisme abstrait américain, son art, comme sa vie, est avant-gardiste, lyrique, provocateur, car comme elle l'écrit dans son Manifeste de peinture, Jacqueline Lamba a toujours vécu et peint "au nom de la liberté et de l'amour" .

05/2010

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Histoire internationale

Les rêves de la jeune Russie des Soviets. Une lecture antiproductiviste de l'histoire du stalinisme

En renvoyant dos à dos les analyses de droite comme de gauche, "antitotalitariennes" ou nostalgiques d'une tragédie stalinienne qui n'a pas seulement tué des millions d'humains mais jusqu'à l'idée de communisme, Paul Ariès montre que ce qu'on nomme le stalinisme fut l'antithèse du communisme ce qu'avaient pressenti beaucoup de bolcheviks dès Octobre. Et pourtant... Au coeur même de la tourmente, les meilleurs esprits avaient imaginé un nouveau mode de vie dans tous les domaines de l'existence. Comme si la famine qui décimait la population ne pouvait pas empêcher de débattre de démocratie, de design, de sexualité, de pédagogie, de culture, d'éducation. La jeune Russie des Soviets fut le pays le plus avancé en matière d'écologie et de conservation de la nature, qu'elle fut le pays où l'on envisagea le plus sérieusement du monde la disparition des grandes villes. L'objectif de Lénine n'était pas de construire le socialisme, et encore moins le communisme, mais de réaliser ce qu'il nommait le "capitalisme d'Etat", dont le modèle fut d'abord l'économie de guerre allemande, puis le taylorisme, le fordisme et le behaviorisme nord-américains. La tragédie russe a commencé sur le terrain économique avec la volonté de produire toujours plus, à la façon des grandes firmes capitalistes, avec l'invention d'un modèle de management fondé directement sur la terreur. Paul Ariès explique que la cause ultime de cette tragédie ne furent ni la folie des hommes ni les idées d'égalité, mais la foi béate dans le productivisme. Les productivistes bolcheviks, de Lénine à Trotski, détruisirent toutes les expériences qui auraient pu permettre d'écrire une autre histoire. L'austérité et le sacrifice débouchent toujours sur la terreur.

09/2017

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Histoire internationale

Drapiers, magistrats, savants. La famille Naville, 500 ans d'histoire genevoise

Le 8 décembre 1506, un certain Jaques Naville, originaire de Marsier près d'Annecy, obtient la bourgeoisie de Genève. Il est tailleur de pierre, un métier d'avenir dans une ville qui doit constamment ériger des fortifications pour se défendre. Surviennent la Réforme et la naissance de la République. Les Naville se font drapiers puis négociants en horlogerie, grâce à l'impact des Foires de Genève. Leur succès remarquable dans les affaires et les mariages donne aux Naville l'envie de gouverner. Mal leur en a pris : conservateurs, ils sont brisés, voire exécutés par les révolutions des XVIIIe et XIXe siècles. La famille trouve alors sa vocation véritable : la science. Philosophes et théologiens se succèdent, un institut d'éducation aux méthodes révolutionnaires répand dans toute l'Europe les principes familiaux de droiture et morale chrétienne, un égyptologue devient une sommité mondiale et sera reçu à l'Institut de France, tout comme avant lui Ernest Naville, père du système électoral de la représentation proportionnelle. Entre temps, les Naville ont pris leur essor hors de Genève. Banquiers et intellectuels à Paris, ils fréquentent Trotsky, Dreyfus et les surréalistes. Industriels à Zurich, ils fondent ce qui deviendra AluSuisse. Pionniers en Amérique du Sud, ils développent un domaine deux fois grand comme le canton de Genève. Cette saga historique et familiale illustre un aspect essentiel de Genève après la Réforme : la promotion des élites.

12/2006

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Espagnol apprentissage

Les militantes du POUM (1935-1980)

Fondé en septembre 1935 en Espagne, le POUM (Parti Ouvrier d’Unification Marxiste) a joué un rôle important dans la guerre civile espagnole (1936-1939), principalement en Catalogne, région dans laquelle il était majoritairement implanté. Héritier des idées des penseurs marxistes (Karl Marx, Friedrich Engels, Auguste Bebel, Alexandra Kollontaï puis Lénine et Léon Trotsky), ainsi qu’en partie de l’idéologie anarchiste, il disparaît de la scène politique prématurément en juin 1937 lorsqu’il est déclaré illégal et victime d’une double persécution : franquiste et communiste. Nous proposons ici l’étude d’un aspect peu connu du parti jusqu’à aujourd’hui : les femmes du POUM. L’analyse s’appuie sur plusieurs objets. L'action militante : sur le front mais aussi et surtout à l’arrière-garde, où on retrouve les femmes en politique (au sein du parti mais également dans leur propre Secrétariat, le SFPOUM), dans les moyens de communication (presse et radio), dans des organisations d’aide à la population civile (entre autres le Secours Rouge International) ou encore dans l’enseignement et l’aide aux enfants, beaucoup d’entre elles ayant été institutrices. Le problème de la survie du parti en exil se pose également et présente l’évolution d’un militantisme politique vers un militantisme plus culturel. En exil, ce sont principalement les casals et centres catalans qui ont permis aux femmes de maintenir une activité militante.

02/2015

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Autres langues

Renaissance et mission de la catalanité. Edition bilingue français-catalan

S'il est bien un texte qui méritait d'être sorti de l'oubli c'est bien cette Renaissance et mission de la catalanité de Jean Rous. Rédigé sur plusieurs années (de 1978 environ à 1985), au crépuscule d'une vie, il résonne d'une expérience politique et intellectuelle hors du commun. C'est à Prades de Conflent qu'est né, en 1908 «Jean Rous le Catalan» qui a été un des principaux collaborateurs de Trotsky en France, a vécu les débats internes à Barcelone lors de la terrible guerre civile d'Espagne, puis la Résistance et la prison des années 1941-43, a été un militant pour le socialisme, combattant pour la décolonisation, conseiller de L S Senghor, proche de Pau Casals, actif auprès des forces socialistes catalanes du nord et du sud dans les années 1970 et tant d'autres événements, toujours à l'avant-garde de la réflexion et dans l'action. Une personnalité hors du commun, disions-nous, toujours attentive à sa catalanité, revenant en pays catalan dans les années 1978/79, et mettant au service de sa terre natale son expérience, sa conscience et son engagement. Un témoignage passionnant qui donne à connaître un petit bout de l'espace - temps d'un XXe siècle qui reste encore à découvrir. Ce livre est présenté en version bilingue français et catalan.

05/2015

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Littérature française

Ecrire la révolution

Un temps oubliée, décriée, ridiculisée, la révolution est aujourd'hui à nouveau un problème politique clé. Outre le printemps arabe, Occupy Wall Street, Nuit debout, ainsi que les commémorations d'Octobre 17 et de mai 68 qui en ont réactivé l'imaginaire (voire le désir), un nombre croissant de romans, de récits, de pièces de théâtre et de recueils de poésie contemporains ont pour thème l'insurrection, le soulèvement et la révolte. Une bibliographie comprenant une cinquantaine de titres permet d'en mesurer l'importance. Cette présence de la révolution dans le champ culturel contemporain nous enjoint à reprendre une question posée il y a près d'un siècle par Léon Trotsky, à savoir : comment penser les rapports entre Littérature et Révolution ? De Jack London au Comité invisible, en passant entre autres par Alfred Döblin, Louis Aragon, Jean Genet et Pierre Michon, cet ouvrage interroge la manière dont les révolutions politiques (réelles ou imaginées, passées ou projetées) ont suscité des configurations et des questionnements esthétiques depuis le début du XXe siècle. Quelles relations entretiennent, dans ces textes, le poétique et le politique ? L'écrivain et le révolutionnaire ? La fiction et l'action ? Aux différentes contributions qui esquissent des réponses à ces interrogations s'ajoutent trois entretiens avec des écrivains (Arno Bertina, Leslie Kaplan, Nathalie Quintane) dont l'oeuvre littéraire trame à nouveaux frais la question politique.

11/2018

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Sciences politiques

Les marxistes dans la théorie des conflits internationaux

Cet ouvrage est consacré aux principaux théoriciens marxistes. II montre comment ces penseurs ont rendu compte des conflits internationaux. Le paradigme marxiste se présente tout à la fois comme un cadre d'analyse, mais aussi une praxis. C'est pourquoi il a fait l'objet de tant de controverses théoriques et de luttes politiques. Cependant, il ne s'agit pas de se situer ici sur ce plan. Cette étude s'attache plutôt à montrer dans une première partie comment les pères fondateurs et les premiers théoriciens marxistes (Marx, Engels, Lénine, Trotsky, Kautsky, Luxemburg, Liebknecht, Jaurès, Bernstein, Bauer) ont abordé la domination mondiale du capitalisme, et quelles approches ils ont élaborées sur la paix et la guerre. Dans la seconde partie, l'auteur traite de l'Ecole de la dépendance (Celso Furtado, André Gunder Frank, Fernando Henrique Cardoso) et des néomarxistes (Immanuel Wallerstein, Robert Cox, Stephen Gill, Eric Hobsbawm) pour évaluer les travaux critiques qu'ils ont menés sur les partages violents du monde. Par-delà les spécificités de chacun de ces penseurs, ce livre souligne la cohérence de la théorie marxiste en tant que matrice explicative des relations internationales. Cette dernière s'articule autour de quelques notions clés comme la lutte des classes, l'impérialisme et le capitalisme. Autant de concepts qui se retrouvent, avec la mondialisation de l'économie de marché, au coeur des questionnements actuels.

11/2018

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Critique littéraire

Guillaume Tell. Résistant et citoyen du monde

Un nom si bref et si vibrant qu'il se fixe dans la mémoire comme la flèche dans la cible. Une apparition - à l'automne du Moyen Âge -, ou plutôt la fixation soudaine d'une image jusque-là errante. Un thème à la fois local et universel, bien plus complexe qu'il n'apparaît au premier regard. Une aventure poursuivie sur un demi-millénaire, portée par les poètes, les artistes, les hôtes de la Suisse, accueillie par les nations, diffusée au-delà des Océans, en dépit des perplexités, des réserves des érudits. Une méditation cent fois reprise sur l'imbrication des thèmes de la violence et de la liberté. Voilà ce que voudrait montrer ce livre qui propose aux lecteurs bien des itinéraires, européens d'abord mais aussi intercontinentaux, de Turquie en Chine et au Japon, des États-Unis au Paraguay, des Philippines à Cuba. Plaisir d'entendre s'exprimer à propos de Tell des hommes aussi différents que Chateaubriand et Victor Hugo, Ruskin et Petöfi, Tartarin de Tarascon et Mark Twain, Mazzini et Engels, Bakounine et Clemenceau, voire Trotzki, sans parler des champions de la Révolution française et, bien sûr, du poète au rôle déterminant, Friedrich Schiller, mis sur la piste par Goethe. L'apologie est sans cesse confrontée aux propos critiques et les voix du monde n'empêchent pas le débat interhelvétique de se poursuivre d'une génération à l'autre.

01/2005

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Histoire internationale

Beria. Le bourreau politique de Staline

De 1938 à 1953, Lavrenti Beria a été un rouage essentiel du système stalinien, qu'il a ensuite tenté d'amender avant de payer de sa vie cette tentative avortée. Manipulateur, d'une cruauté sans bornes, c'est ainsi qu'il entra dans l'histoire. Or, la figure de Beria s'avère au regard des faits et à l'analyse bien plus complexe : bourreau certes, mais aussi fin politique. Fils de paysans misérables, il connaît une ascension fulgurante. Flanqué d'une cohorte de tortionnaires, il dirige la police politique soviétique, le NKVD, pendant sept années décisives (1938-1945) au cours desquelles la nomenklatura consolide son pouvoir. Il organise la déportation meurtrière des peuples du Caucase, planifie les meurtres de Trotsky et de ses ennemis politiques. Mais, à la mort de Staline, Beria est le premier à saisir que le régime, à bout de souffle, ne peut survivre qu'en desserrant le carcan de la terreur policière. Il commence a démanteler le goulag, propose la réunification de l'Allemagne ; en somme, des mesures annonciatrices de la pérestroïka gorbatchévienne. Nommé ministre de l'Intérieur en mars 1953, il est arrêté par ses pairs en juin et fusillé en décembre pour un complot infondé. A l'appui de nombreux documents d'archives rendus publics à la chute de l'Union soviétique, Jean-Jacques Marie brosse le portrait complet de l'un des acteurs majeurs de l'URSS sous Staline.

09/2013

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Littérature française

Kavarna

Quand Bo idar Lenz reçut la lettre du Professeur August Ruthemberg, psychothérapeute viennois, l'invitant le 24 janvier 2013 à un 'Banquet de Platon' au 'Café Central' en compagnie de sept analystes, la perplexité le hanta pendant des jours. Cette invitation baroque était étrange, voire inquiétante vu le choix de ce lieu et de cette date à un siècle de différence. En effet, il était encore habité par les fantômes de Freud, Polgar, Zweig, Kraus, Schnitzler, ainsi que des peintres emblématiques de la modernité viennoise, Klimt, Kokoschka, Schiele, sans oublier des révolutionnaires russes, Trotski, Lénine, et les dictateurs qui avaient ébranlé les fondements de notre civilisation, Staline et Hitler. Ce monde perdu l'envahissait d'une immonde nostalgie. L'Histoire de l'Empire austro-hongrois avait vu une bourgeoisie juive favoriser la naissance et le développement d'une vie culturelle, économique et scientifique exceptionnelle et donner à Vienne le statut de capitale du XXe siècle alors même que montait l'antisémitisme et se répandait un mouvement pangermaniste en Europe. Quel fil d'Ariane avait mené Ruthemberg à les réunir sous prétexte de partager des cas cliniques illustrant le combat éternel entre Eros et Thanatos ? Lenz sentait confusément que la raison de leur convocation à ce banquet était singulière et qu'il allait découvrir un secret commun, caché à leur insu pendant des générations. D'origine slovène, né en 1947 à Paris, Ferdinand Thiry se revendique "écrivain clandestin" - dissimulé sous un pseudonyme, unique moyen selon lui d'écrire en toute liberté. Il parcourt l'Europe, la Russie, l'Asie centrale, l'Extrême-Orient et l'Amérique latine. Devenu médecin et ethnologue, il disparaît durant une décennie en brousse africaine, puis on le retrouve chercheur à Berkeley en Californie. Il édite son premier roman 'La Fuite et le Partage' qui traduit les détournements d'une vie intérieure en quête d'identité. Depuis, il a publié plus de quinze livres dont deux recueils de nouvelles et un journal.

05/2021

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Littérature étrangère

Requiem pour une révolution. Le grand roman de la Révolution russe

Alors qu'il avait immigré, adolescent, à New York pour fuir les pogroms de, sa Russie natale, Alexander Til retourne àPetrograd à la veille de la révolution d'Octobre. Il s'engage dans le mouvement bolchevik, dans l'espoir de transformer la Russie en une société libre et égalitaire. Commence alors un périple mouvementé, qui le voit prendre part à chaque séquence de la grande révolution : idéaliste enflammé, il devient bientôt le témoin, horrifié des atrocités perpétrées au nom de la cause, qui plongent le. peuple russe dans des abîmes de souffrance. Entouré de Lili Ioussoupova, la sublime princesse rouge soeur de l'assassin de Raspoutine -, dont il tombe fou amoureux malgré lui, d'Atticus Tuohy, un mercenaire russo-irlandais au coeur noir; et de Ronzha, poète visionnaire qui a pressenti les purges staliniennes, il avancera pendant plus de trente-cinq ans aux côtés, tour à tour, de Trotski, Lénine et Staline, croyant en eux, doutant d'eux et enfin s'y opposant, toujours s'efforçant de trouver un sens à là marche terrifiante des événements, jusqu'à ce que l'horreur de la réalité. ait définitivement raison de ses roues. Avec sa maîtrise et son brio habituels, Robert Littell associe étroitement l'histoire et la fiction, imaginant un dénouement audacieux pour aider la Russie à sortir de l'enfer dans lequel l'ont plongée la folie de ses dirigeants et les dérives de l'idéologie. Tout au long de cette fresque portée par un souffle d'une rare puissance, initialement parue en 1989, Littell dessine le grand roman de la Révolution russe, comme il donnera, quinze ans plus tard, La Compagnie, son grand roman de la CIA. Et se repèrent déjà ici les traces d'une inspiration qui conduira à son roman consacré au poète Mandelstam, L'Hirondelle avant l'orage, qui mettra en lumière le rôle vital que l'art peut jouer dans la lutte contre le pouvoir.

03/2014

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Histoire de France

Meurtres au maquis

L'histoire est comme les icebergs, elle bascule et se découvre avec la marche du temps. Il aura fallu la chute du mur de Berlin, l'effondrement de l'Union soviétique pour que l'on sache enfin comment Pietro Tresso - fondateur du Parti communiste italien avec Antonio Gramsci et Amadeo Bordiga - fut assassiné, en octobre 1943, au maquis FTP Wodli, en Haute-Loire. Tresso, dit Blasco, combattait à la fois fascisme et stalinisme. Tresso et ses compagnons, Abram Sadek, Pierre Salini et Jean Reboul, avaient été condamnés aux travaux forces par les tribunaux de Pétain en 1942. Comme tant d'autres, ils connurent les camps d'internement, les transferts menottés et les prisons. Ils s'évadèrent de celle du Puy-en-Velay dans la nuit du 1er octobre 1943 avec une centaine de résistants pour rejoindre le maquis dans les forêts montagneuses du pays d'Yssingeaux. Les combattants furent isolés, puis détenus à nouveau et assassinés par d'autres combattants. Des partisans qui se prévalaient de Staline, quand les quatre se réclamaient de Trotsky. Le silence recouvrit ces meurtres pendant plus d'un demi-siècle. Mensonges, dénégations, peurs et faux-fuyants voleront pourtant en éclats : les partisans du maquis Wodli, aujourd'hui des messieurs âgés, permettent enfin d'établir la vérité. Pierre Broué et Raymond Vacheron relatent comment ces meurtres ont été ordonnés par les agents de la machine policière du Kremlin. Meurtres au Maquis est à la fois une enquête et un récit d'investigation, un réquisitoire contre le stalinisme réglant ses comptes dans les rangs mêmes des partisans.

04/1997

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Histoire internationale

Le Mexique "cardéniste" dans la presse régionale française : Le Petit Marseillais (1934-1940)

A travers le prisme journalistique, ce livre nous emmène au coeur du Mexique de Làzaro Cârdenas dont le mandat est marqué par une série de réformes et de moments forts que l'on retrouve dans les colonnes du Petit Marseillais. Le conflit avec l'Eglise mené par les Cristeros, l'exil de Plutarco Elias Calles, l'assassinat du leader communiste Léon Trotsky, le soutien à la République Espagnole pendant la Guerre Civile, l'expropriation des compagnies pétrolières, ou encore le coup d'Etat du général Saturnino Cedillo, sont quelques-uns des épisodes qui ont jalonné la période du Cardénisme. La politique mise en oeuvre par le nouveau président mexicain ne manquera pas d'entraîner des répercussions pour les intérêts économiques de la France, générant des tensions dont la presse, une des sources privilégiées d'information de l'époque, se fait l'écho. Comment le Mexique est-il perçu par la France ? Comment la presse rend-elle compte de la situation au Mexique ? Quels sont les événements qui ont retenu l'attention des journalistes ? Quelle hiérarchie occupe le Mexique par rapport aux autres informations sur l'étranger ? Voici quelques-unes des questions auxquelles répond cette vaste étude menée dans les archives marseillaises à partir du dépouillement minutieux de 2 275 journaux. Cet ouvrage nous plonge dans les arcanes du quatrième pouvoir dans une succession de tableaux qui examinent aussi bien le texte que l'iconographie, brossant un portrait significatif d'un pan de l'actualité d'avant-guerre. La sensibilité idéologique conservatrice du "plus important des journaux de province", affleure dans cette évocation d'un Mexique en pleine mutation.

09/2014

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Sciences politiques

Clarté 1919-1924. Tome 1, Du pacifisme à l'internationalisme prolétarien : itinéraire politique et culturel

Face à l'immense tragédie de 1914-1918, Clarté, mise sur pied par Henri Barbusse à l'été 1919, cherche à organiser le rassemblement des intellectuels combattants décidés à bannir l'ordre de la guerre dans l'opinion. Soutenant au départ une démarche internationaliste et pacifiste, ils s'engagent très vite dans une dénonciation de l'ordre bourgeois qui les a précipités dans cette effroyable tuerie. La révolution russe victorieuse représente pour eux le modèle socialiste qui saura donner naissance à une société égalitaire et anti-guerrière. Ils fustigent alors la trahison des socialistes de l'Union sacrée et apportent leur soutien au jeune parti communiste naissant. Condamnant tout amour des armes et de la gloire militaire, ils s'attaquent aux écrivains patriotes, aux cadres de l'armée et de la justice, aux chefs de gouvernement, serviteurs zélés de l'appareil nationaliste et de ses crimes. S'inspirant des réalisations soviétiques, ils veulent fonder une éthique et une culture d'essence prolétarienne. Croyant en l'imminence d'une poussée sociale violente, la défaite du prolétariat allemand en octobre 1923 les plonge dans le doute et l'incertitude. Mais en s'inspirant à la fois du modèle bolchévique et sorélien, ils retrouvent foi dans la lutte politique. Ils jettent les bases d'un langage artistique français et occidental d'inspiration communiste et entreprennent une critique systématique de la culture bourgeoise jusqu'en 1924, ce qui les conduira à rejoindre le groupe d'André Breton au cours du printemps 1925. A l'automne 1927, ils se décideront à servir la cause de Léon Trotsky et du trotskisme face au pouvoir stalinien.

07/2011

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Histoire des idées politiques

De la cruauté en politique. De l'Antiquité aux Khmers rouges

" L'Etat se nomme toujours patrie quand il prépare un assassinat " (Friedrich Dürrenmatt) Cruauté et politique : il serait présomptueux de vouloir traiter ce thème dans toute son amplitude historique alors que depuis la plus Haute Antiquité les hommes ont eu une singulière tendance à obéir à l'impératif " Massacrez-vous les uns les autres ! ". Si la cruauté est de toutes les époques, elle est aussi de tous les continents, même si cet ouvrage privilégie l'Europe " de l'Atlantique à l'Oural ", un espace géo-politico-culturel qui nous concerne au premier chef. La cruauté ici retenue le sera dans son sens originel et étymologique, du latin crudelitas qui évoque une chair sanguinolente, indique que le sang coule et induit la mise à mort. Le terme exprime aussi une inclination à faire souffrir, à voir souffrir et à y prendre du plaisir. Toute notre histoire est marquée au sceau du crime politique et déjà, lors de la guerre de Troie, Agamemnon n'hésita pas à offrir aux dieux sa fille Iphigénie en sacrifice humain afin qu'ils favorisent les Grecs. Depuis ce sacrifice initial, les assassinats pour raison politique se sont multipliés, à commencer par ceux des chefs dont la mort visait à modifier radicalement la donne du pouvoir : César, Henri IV, Lincoln, Alexandre II, François-Ferdinand, Trotski ou Kennedy... Ils ont souvent été maquillés en procès religieux et/ou politiques, de Jeanne d'Arc à Nicolas Boukharine en passant par Charles Ier ou Louis XVI. Sans oublier les massacreurs mondialement connus comme Attila, Gengis Khan ou Timour - " l'homme d'acier " en turco-mongol, qui en russe deviendra " Staline " -, Vlad l'Empaleur ou Ivan le Terrible, en attendant que les régimes totalitaires du XXe siècle instaurent une cruauté à grande échelle qui visait des dizaines de millions de personnes et établissait la terreur de masse comme moyen ordinaire de gouvernement. Qui ? Pourquoi ? Comment ? Dans quelles circonstances - guerres de religion, guerres nationales, guerres civiles, guerres totales ? Bourreaux et victimes ? Autant d'interrogations auxquelles les vingt-quatre auteurs de l'ouvrage tentent d'apporter des réponses de contributions englobant deux millénaires.

11/2023

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Histoire des idées politiques

L'anarchisme et notre époque. Suivi du Manifeste de l'armée insurrectionnelle d'Ukraine et autres textes... ainsi que de "Makhno est mort !"

"L'anarchisme, ce n'est pas seulement une doctrine qui traite de la vie sociale de l'homme, comprise dans le sens étroit que lui prêtent les dictionnaires politiques et, parfois, lors de meetings, nos orateurs propagandistes. C'est aussi un enseignement qui embrasse la vie de l'homme dans son intégralité." Ainsi commence cette nouvelle édition de ces textes, trop souvent négligés par les penseurs d'aujourd'hui, signés du plus célèbre anarchiste ukrainien de la Révolution russe et de la terrible guerre civile qui ensanglanta la future URSS dans les années vingt. Des textes fondateurs de la pensée politique de celui qui réussit à tenir tête à Lénine, Trotsky comme à l'armée des contre-révolutionnaires sous les ordres du général Dénikine. Ce recueil est précédé de la vibrante nécrologie que Lucile Pelletier, célèbre militante anarchiste française, écrivit en 1934 dans la revue libertaire, La Révolution prolétarienne, en hommage à Nestor Makhno. Paysan, ouvrier, anarchiste, ennemi des bolcheviks comme des Russes blancs, chef de guerre, théoricien, révolutionnaire, accusé d'antisémitisme, leader des paysans ukrainiens, homme d'action, prisonnier politique, "terroriste", mais aussi organisateur de talent, Nestor Makhno est un personnage fascinant que les textes que nous publions ont peine à cerner. Réfugié à Paris en 1925 — après avoir vécu d'incroyables aventures dans une Europe centrale en ébullition depuis son départ d'Ukraine en 1921 — malade, épuisé, Nestor Makhno, tout d'abord ouvrier fondeur puis tourneur chez Renault, bénéficie dans les derniers jours de sa vie de la solidarité des anarchistes français. C'est Hélène Châtelain qui définit le mieux Makhno : "La légende construite parla propagande soviétique en fait un anarchiste-bandit-antisémite contre-révolutionnaire ; pour ceux de Gouliaïpolié, il défend au contraire la liberté et les pauvres, et les journaux makhnovistes montrent qu'il a aussi défendu les Juifs".

08/2021

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Sciences politiques

Socialisme : la fin d'une histoire ?

L'histoire du socialisme est l'histoire d'une ambition gigantesque, la poursuite du rêve d'une société maîtrisant son destin. Cette ambition a engendré enthousiasme, espoir, réformes et violence. On est mort pour et par elle, on a vécu pour et par elle, et la question de savoir ce qu'il en reste paraît légitime. Mais qu'est-ce au fond que le socialisme ? Quelle est sa place dans nos démocraties libérales, alors que ce mouvement a connu ces dernières années un net recul en Europe ? A-t-il les ressources nécessaires pour se renouveler ? Ou est-ce la fin d'une histoire ? Autant de questions qu'un historien engagé, qui " a fait ses gammes politiques dans l'ombre portée de Mai 1968 ", se pose dans cet essai d'une grande perspicacité. En trois chapitres habilement menés, il convoque les premiers révolutionnaires (Fourier, Blanqui), les maîtres à penser (Karl Marx, Jean Jaurès, Léon Blum) et les icônes (Lénine, Trotsky, Mao) du socialisme, sans oublier des réformistes moins connus comme Eduard Bernstein ou Henri de Man. Il montre comment, d'abord transcendés par leur foi en une transformation globale de la société, encore revendiquée par le candidat François Mitterrand dans son discours d'Epinay en 1971, les socialistes ont abandonné définitivement au cours de ces trois dernières décennies toute idée d'une refonte totale de l'économie pour assumer un compromis avec le capitalisme. Aucune tendance en Europe n'y échappe, que ce soit celle des travaillistes en Grande-Bretagne ou celle de la social-démocratie en Allemagne et en Suède. Le socialisme ne serait-il plus désormais qu'une famille politique comme les autres ? Ou bien reste-t-il porteur d'une réorganisation future de l'humanité ?

03/2012

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Histoire internationale

Histoire de l'Internationale communiste 1919-1943

Créée en 1919 pour assurer la relève de ses deux devancières, la IIIe Internationale, communiste (Komintern ou Comintern selon les divers acronymes adoptés par les langues occidentales), se voulut à la fois un parti mondial et un appareil international capable de coordonner les lunes à l'échelle de la planète : le succès des bolcheviks en Russie, fragile, n'avait pas suffi à lancer la révolution dans tous les pays : écrasée en Hongrie et plusieurs fois battue en Allemagne, celle-ci y avorta en 1923. Quand elle fut dissoute par Staline en 1943, l'Internationale n'était plus qu'un organisme policier au service de l'Etat soviétique, épuré et domestiqué comme il se devait. Ayant dès 1923 imposé à ses sections des aventures ou des alliances paralysantes, disposant de leurs directions à son gré, traquant les esprits indépendants, elle n'avait conduit aucun de ses partis au pouvoir. Comme le parti en Russie, elle avait fait l'objet de purges massives et avait perdu des dizaines, sinon des centaines de milliers de militants. Pourtant, la fleur du mouvement révolutionnaire (ouvriers, soldats, femmes, étudiants, intellectuels...) lui avait longtemps consacré son dévouement, son ardeur, parfois sa vie. Des vingt-quatre années - les unes lumineuses, les autres calamiteuses voire sanglantes - d'une organisation qui aura tant fait peur aux régimes bourgeois, Pierre Broué, biographe de Trotsky, fait un récit dépouillé des poncifs de toute sorte attachés à la IIIe Internationale. Avec minutie et chaleur, cet infatigable découvreur d'archives fait revivre une foule de combattants obscurs et oubliés (quand ce n'est pas ostracisés) et, de l'Indonésie au Chili, évoque de multiples épisodes passés aux pertes et profits par l'Histoire ou par les historiens - pas tous staliniens. Il donne là une somme - à la fois épopée et instrument de travail - d'une densité et d'une richesse d'information exceptionnelles.

10/1997

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Histoire internationale

Hiéroglyphes

Après avoir évoqué, dans La Corde raide, son adolescence dans une Vienne encore heureuse, la Palestine des premiers kibboutz, la bohème journalistique du Berlin des années 20, Arthur Koestler fait revivre dans ce volume l'euphorie de son adhésion au communisme (1931 il adhère au Parti communiste allemand), quand les lendemains chantaient en URSS (voyage en URSS de 1932-1933) ; et que, comme l'annonçait Trotsky "le citoyen moyen de la société sans classe" qui s'édifiait à l'Est allait "s'élever au niveau d'un Aristote, d'un Goethe, d'un Marx". Notre édition rassemble en un seul volume Hiéroglyphes I et Hiéroglyphes II. Ce livre autobiographique narrant sa relation personnelle au communisme demeure aussi une étude documentée de l'Europe qui précède la Seconde Guerre mondiale puisque A Koestler voyage en Hongrie, en Autriche, en Allemagne, en Espagne, en France et en Angleterre. L'auteur rapporte les expériences qui ont marqué sa vie notamment lorsqu'il fut accusé d'espionnage au profit d'une puissance étrangère pendant la guerre civile espagnole et emprisonné dans les geôles franquistes ou encore sa détention au camp de Vernet par les autorités françaises (1939). Juif hongrois né à Budapest en 1905, Arthur Koestler fait ses études à Vienne, puis devient journaliste en Palestine. Revenu en Europe, il adhère au Parti communiste allemand, trouvant là une réponse à la menace nazie. Egalement séduit par l'utopie soviétique, il part un an en URSS, puis participe à la guerre civile espagnole. A partir de 1938, ayant rompu avec le Parti communiste, il combattra sans relâche le régime stalinien, notamment à travers son roman majeur, Le Zéro et l'Infini. A partir de 1940, il vit en Angleterre, où il se suicidera avec sa femme en mars 1983. Son ouvre de romancier, philosophe, historien et essayiste lui vaut une renommée mondiale.

10/2013

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Littérature française

Gobineau et le gobinisme

A la rencontre de Gobineau : Robert Dreyfus, "Gobineau, qui est-ce ?. " . Bernard Faÿ, Les légendes du comte de Gobineau Abel Bonnard, Gobineau Daniel Halévy, Jacques de Boisjoslin Le romancier : Jean Cocteau, Eloge des Pléiades Alain, Gobineau romanesque Jean Prévost, Le comte de Gobineau et l'amour Le politique et le philosophe : Albert Thibaudet, Tocqueville et Gobineau Ernest-Antoine Seillière, La philosophie religieuse de Gobineau Paul Masson-Oursel, La logique de l'Asie et l'harmonie inter-humaine selon Gobineau Jean Louverné, Gobineau sinologue Gobineau et le gobinisme : Hermann Keyserling, Réflexions sur Gobineau Elie Faure, Destin de Gobineau Clément Serpeille de Gobineau, Le gobinisme et la politique moderne Warren C. Kincaid, L'influence de l'oeuvre scientifique du comte de Gobineau en Amérique et en Scandinavie Textes : Arthur de Gobineau, Notes inédites - Le Village de Saint-Georges - Lettres à Marie Dragoumis - Lettre à dom Pedro II, empereur du Brésil Clément Serpeille de Gobineau, Gobineau et le mouvement gobiniste (Bibliographie) Léon Trotsky, Qu'est-ce que le national-socialisme ? Jean Giraudoux, Combat avec l'Ange (II) L'air du mois : Pierre Drieu la Rochelle, Une semaine à Berlin Jean Guérin, Stavisky Pierre Abraham, Dures extrémités Denis Saurat, Le monstre du Loch Ness et Hitler Georges Rotvand, Fait divers espagnol Jean Vaudal, Lectures René Daumal, Les Ballets Joos Boris de Schloezer, Prodiges musicaux Georgette Camille, Marianne Oswald Denis Marion, Une femme qu'a le coeur trop petit Antonin Artaud, Métro au Studio des Champs-Elysées Eugène Dabit, La loi de lynch aux Agriculteurs - Madame Bovary au Ciné-Opéra Denis Marion, Les Aventures du Roi Pausole, de Granowsky André Lhote, Amédée de La Patelière au Salon d'Automne Roger Brielle, Dessins de Pascin à la Galerie Krogh Pierre Abraham, J'efface tout et je recommence Charles-Albert Cingria, Navigation fluviale L. Rivier, Dictature Henri Pourrat, Janvier

04/1991

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Sciences politiques

En l'an 68. Trublions, enragés & messianiques ouvrent le bal du Diable sous l'enseigne de la postmodernité

Mai 68 fut une véritable Révolution et non un chahut d'étudiants. Une révolution mondiale qui à l'opposé de 1917 a pleinement réussi et vu le triomphe posthume de Trotsky. A savoir l'échec du marxisme-léninisme qui avait érigé la classe ouvrière en idole messianique. Le joli mois de Mai consacra lui, les théories freudo-marxistes d'Herbert Marcuse et ultra libérales de Milton Friedman, les Ecoles de Francfort et de Chicago s'étant combinées pour former un mélange détonnant et changer la face du monde. Les minorités agissantes devinrent les forces subversives porteuses de l'assomption eschatologique. Le messianisme révolutionnaire n'a en vérité jamais visé l'émancipation des hommes, mais uniquement la destruction de l'ordre existant. Le prolétariat russe n'aura été ainsi entre les mains des bolchéviques qu'un instrument... La Terreur rouge de 1918 le récompensera de sa crédulité à coups d'exécutions massives, de famine et de goulag. Au demeurant la révolution ultra libérale-libertaire conduit tout aussi inéluctablement à l'élimination des classes laborieuses par le déclassement et le chômage de masse. Cinquante ans après, les protagonistes de l'émeute soixante-huitarde, trotskistes et maoïstes, sont devenus les grands passeurs de l'hédonisme californien, se faisant les agents les plus actifs de l'américanisation du Vieux continent et au-delà, de sa tiers-mondisation. Ils furent aussi généralement d'ardents promoteurs idéologiques des guerres destinées, au nom de la Démocratie et des Droits de l'Homme, à diffuser le monothéisme du marché, nouvelle religion annonciatrice d'une Gouvernante mondiale en progestation assistée. Tous ou presque occupent aujourd'hui des postes de contrôle politiques, culturels, universitaires, médiatiques d'où ils ont avec succès engagé la grande mutation du paradigme sociétal et culturel du monde occidental. Soit la négation absolue de toutes les références métaphysiques ayant servi jusqu'à ce jour de base à la civilisation.

08/2018

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Sciences politiques

Nouvelles du ghetto. Combattre le fascisme à Londres (1925-1939)

Fils d'immigrants juifs venus d'Europe de l'Est, Joe Jacobs est né en 1913 dans le quartier juif de White Chapel, au coeur de l'East End de Londres. Il connaît une enfance difficile et miséreuse ? : son père meurt un an après sa naissance et la famille est constamment à court d'argent. A l'âge de 12 ans, Joe perd un oeil et sa soeur aînée décède de la tuberculose dans des conditions sordides. Joe plonge dans l'action politique en 1925 ? : il a 12 ans. Il décrit ce qu'il ressent comme la première dose d'un toxicomane ? : "? J'étais exalté... très certainement quelque chose était entré dans mon système sanguin.? " En 1926, il est "? profondément affecté? " par la grève générale où il voit la police montée attaquer la foule à coups de bâton. C'est au sein du Parti communiste que Joe va gagner ses galons. Il décrit de manière vivante l'immense variété d'activités et d'organisations dans lesquelles le Parti communiste était impliqué. La façon dont il parle de son parti est révélatrice de l'époque. Ainsi, si Joe fait plusieurs fois références à Trotsky et aux oppositionnels, il avoue avoir refusé de les lire à l'époque et avoir accepté l'idée qu'ils étaient des traîtres. Joe nous propose également une chronique de la résistance de la classe ouvrière de Grande-Bretagne au fascisme autochtone, un phénomène fort peu connu en France. Il nous fait ainsi revivre la "? bataille de Cable Street ? ", au cours de laquelle plusieurs dizaines milliers de Londonien·nes se sont mobilisé·es pour empêcher les fascistes de Sir Oswald Mosley de manifester dans les rues du quartier juif. (Un événement évoqué par Ken Follet dans son roman Le Siècle.) Le lien de Joe avec le Parti communiste de Grande-Bretagne allait bientôt être rompu. Un peu plus d'un an après cette mobilisation, Joe allait être exclu. Il réintègrera le parti après la guerre avant d'en être rapidement à nouveau expulsé. Le récit s'arrête avec la mort prématurée de Joe. Janet Simon, la fille de Joe Jacobs, qui a permis la publication de l'édition anglaise, ajoutera deux chapitres à partir des notes, documents et correspondances laissés par son père.

09/2022

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Sciences politiques

Pierre Naville. Biographie d'un révolutionnaire marxiste Tome 2, Du front anticapitaliste au socialisme autogestionnaire, 1939-1993

Témoin de son époque, Pierre Naville participe à tous les débats qui agitent la gauche révolutionnaire et le monde des lettres et des sciences, de 1924 à nos jours. Membre du mouvement surréaliste, directeur avec Benjamin Péret de La Révolution surréaliste, Pierre Naville s'efforce d'unir la pensée subversive d'André Breton à l'action politique révolutionnaire. Découvrant Marx, Hegel, la révolution d'Octobre, Lénine et Léon Trotsky, il rompt avec sa classe d'origine et devient un leader éminent de l'opposition de gauche en France, de 1929 à 1939. Prenant ses distances par rapport au mouvement trotskiste à l'été 1945, il se tourne avec passion vers la recherche scientifique. Alliant marxisme et scientificité, il prône un objectivisme radical. Traducteur de l'oeuvre de Watson, il se présente comme un théoricien reconnu du béhaviorisme. Praticien de l'orientation professionnelle, il met en lumière le poids des déterminants sociaux et économiques dans l'orientation de l'élève au sein de l'appareil scolaire. Cofondateur de la sociologie du travail avec Georges Friedmann, il s'applique à démontrer, par ses enquêtes et ses nombreuses publications, le degré d'aliénation qui s'abat sur le travailleur confronté au circuit économique du capitalisme. Spécialiste de Clausewitz, il analyse tous les rouages de la machine de guerre et de son impérialisme déployés dans le cadre des guerres de Corée et d'Indochine. Animateur de la Nouvelle gauche, membre fondateur du PSU, Pierre Naville défend sans relâche une pensée socialiste rénovée et pluraliste, reposant sur un rassemblement des forces communistes et non communistes. Il se bat sur tous les fronts. Contre le jeu des blocs, il oppose le neutralisme et la construction d'une Europe sociale au service des peuples. Il combat sans cesse la répression coloniale de la IVe et de la Ve République, le pouvoir gaullien, son capitalisme d'Etat, sa technocratie, son complexe militaro-industriel. Il lutte sans répit contre le socialisme soviétique et son arbitraire politique. Dans cette entreprise de défrichage de nouvelles perspectives socialistes, Pierre Naville manifeste une pensée marxiste innovante qui débouche sur une recherche fertile, sur l'autogestion et sur l'application nouvelle d'une planification démocratique et décentralisée où l'ouvrier, le syndicaliste, le consommateur deviennent des acteurs politiques privilégiés, fondement premier d'une démocratie citoyenne à construire.

05/2017

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Histoire internationale

La Révolution russe, une histoire française. Lectures et représentations depuis 1917

La Révolution russe aura bientôt cent ans, mais on peut douter que son anniversaire fasse l'objet de commémorations. En France particulièrement, on croit savoir depuis Le Passé d'une illusion de François Furet (1995) et Le Livre noir du communisme (1997) qu'elle est à l'origine d'un cauchemar totalitaire aussi dangereux que le nazisme mais plus durable et plus meurtrier. Et pourtant... En 1968, la Sorbonne était ornée de portraits de Lénine alors qu'on redécouvrait Nestor Makhno. le Parti communiste français, fort de dizaines de milliers de militants et de millions d'électeurs, avait été créé en 1920 justement pour suivre l'exemple des bolcheviks russes. Et, chaque année, le PCF célébrait la " Révolution socialiste d'Octobre ". D'ailleurs, parmi les premiers communistes français qui avaient côtoyé Lénine et Trotski au Kremlin aux temps héroïques on trouve Victor Serge et Boris Souvarine, les pionniers de l'histoire de la révolution et du bolchevisme en France. Comment un tel retournement, de l'engouement au dénigrement et à l'effacement, a-t-il été possible ? Pour le comprendre, l'auteur propose de suivre les lectures et les représentations données de l'événement en France depuis 1917 jusqu'aujourd'hui. Une large place est accordée aux représentations littéraires ou cinématographiques tant il est vrai, par exemple, que le cliché du " bolchevik en veste de cuir " doit plus à l'Année nue de Boris Pilniak ou au Docteur Jivago de David Lean qu'au travail des historiens. L'influence de telles oeuvres étrangères est d'autant plus déterminante que, du côté français, c'est d'emblée une vision négative et sensationnaliste qui est véhiculée, notamment par Joseph Kessel. Au fil des interprétations contradictoires des historiens concernant 1917 en Russie, c'est aussi une histoire intellectuelle et politique de la France qui se lit. Même à gauche, le pays de la " Grande révolution " s'y montre beaucoup plus rétif qu'on pourrait le croire vis-à-vis de la nouvelle venue. Le Parti communiste finit par imposer sa lecture et, dans la France des années 1950-1960, la reprise du discours déterministe des Soviétiques fait longtemps bon ménage avec la prédominance de l'école des Annales. Ainsi, les voix révolutionnaires dissidentes ont été mises sous le boisseau et le tranchant subversif d'Octobre a été bien émoussé. Mai 1968 n'y change rien, pas plus que la publication de travaux essayant de rendre la complexité d'une révolution populaire défaite dans sa propre victoire. La route était dégagée pour un retour des approches conservatrices que la disparition de l'URSS a ultérieurement galvanisées et médiatisées. Parcours historiographique à travers des auteurs de générations différentes et d'opinions opposées, le travail d'Eric Aunoble éclaire de multiples facettes de la Révolution russe et entend rendre aux " dix jours qui ébranlèrent le monde " une richesse que le statut de modèle ou de repoussoir avait éclipsée. Le livre se veut aussi un encouragement à reprendre l'étude des années 1917-1921, tant elles peuvent encore apprendre à ceux qui visent l'émancipation aujourd'hui.

01/2016

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Sciences politiques

Le déluge 1916-1931. Un nouvel ordre mondial

Dans ce nouvel opus, Adam Tooze décrit et analyse les changements essentiels survenus pendant et après la Première Guerre mondiale - le plus important, qui constitue le thème principal du livre, étant l'accession des Etats-Unis à une position de suprématie économique, politique et morale sans précédent. Première économie mondiale, l'Amérique devient à partir de 1916 le "banquier" de la guerre, animée, selon l'auteur, par le dessein très clair d'exercer son hégémonie financière sur les pays de l'Entente devenus dépendants de ses prêts. Avec la disparition de ses empires naguère dominants au profit du grand empire américain et de sa prééminence économique et militaire, l'Europe se trouve ravalée au rang de "province" ; en 1918, le Président Wilson est en mesure de jouer le rôle d'arbitre du nouvel ordre mondial auquel il aspirait en imposant la paix au monde entier, avec son projet fétiche et idéaliste de Société des Nations. Pourtant, quand vient le moment d'endosser concrètement sa position de leader mondial, l'Amérique recule : le Congrès américain ne ratifie pas le traité de paix ; Washington n'intègre pas la Société des Nations. Selon l'auteur, les Etats-Unis n'ont pas encore atteint la maturité démocratique nécessaire pour assumer leurs responsabilités. Il faudra attendre une génération, sous les présidences de Roosevelt et Truman, pour que ce soit le cas. Une fois le traité de Versailles signé par l'Allemagne, une seconde guerre était-elle inévitable ? L'insistance des Alliés pour obtenir des réparations (et celle des Etats-Unis pour obtenir le remboursement des dettes de guerre) contribua-t-elle à l'échec de la République de Weimar ? Deux questions essentielles auxquelles l'auteur répond par la négative. A la fin des années 20, les Européens étaient en chemin vers un retour à la normalité, et des hommes d'Etat tels G. Stresemann en Allemagne et A. Briand en France travaillaient patiemment à une consolidation des liens qui déboucherait sur la CEE dans les années 50. Mais alors qu'en 1928, Hitler et Trotski désespéraient de voir un jour la chute de l'ordre capitaliste, l'année suivante, la faillite de Wall Street déclenchera une nouvelle série d'événements qui entraîneront la sortie de la Grande-Bretagne de l'étalon-or en 1931 et plongeront l'Allemagne dans le chaos économique et politique. Ceci étant, Adam Tooze récuse la vision, défendue par certains historiens modernes, de l'entre-deux-guerres comme d'une période où l'Europe renoua avec ses démons passés et rejeta le libéralisme démocratique au profit de l'autocratie et du fascisme. Pour lui, les principales nations d'Europe et d'Asie luttèrent alors pour s'adapter à la modernité et à la géopolitique moderne, s'acheminant tant bien que mal vers la création d'une structure qui garantirait la sécurité internationale - sans parvenir, au final, à couper sur le plan financier, le cordon avec Washington. De manière générale, l'auteur n'hésite d'ailleurs pas à s'inscrire en faux par rapport aux récits conventionnels de la période (il montre aussi que ce n'est pas le traité de Versailles mais celui de Washington, en 1922, qui scella le nouvel ordre mondial régi par la suprématie des Etats-Unis).

10/2015

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Littérature française

L'autre Joseph

" Joseph Djougachvili, dit Staline, surnommé Sosso dans les premières années de sa vie, est né en Géorgie, à Gori, en 1878. Quelques années plus tard, à quelques rues de là, naissait un autre Joseph, Davrichachvili, ou Davrichewy. " Dès les premières lignes de son nouveau roman, Kéthévane Davrichewy avertit son lecteur : la mémoire familiale sera la matière de son livre, tout comme pour La Mer Noire, paru en 2010. Mais cette fois, parce que son mythique arrière-grand-père a grandi avec Staline, et que sa vie entière en a été marquée, l'histoire intime prend une autre dimension, que ne manquera pas d'interroger la romancière. Kéthévane Davrichewy, avec la simplicité et le naturel qu'on lui connaît, entre de plain-pied dans l'enfance de " l'autre Joseph " : fils du préfet de Gori, il grandit dans une communauté encore archaïque, au milieu des gamins des rues, fascinés comme lui par les légendes bibliques et par les histoires de bandits caucasiens racontées lors des veillées. Même si le gamin exalté, batailleur et arrogant qu'est Sosso - dont la mère travaille dans sa famille comme couturière - agace bien souvent le petit Joseph, il partage avec lui des rêves d'héroïsme et de grandeur. La ressemblance entre les deux garçons est frappante, mais c'est bien plus tard, alors que son père continue de subvenir aux besoins de Sosso jeune homme, que Joseph comprendra les liens de sang qui vraisemblablement les unissent. Après les années d'enfance, tous deux sont envoyés à Tiflis afin de poursuivre leur scolarité : Sosso au séminaire, Joseph au collège. Le solide gaillard que ce dernier est devenu y prend sous sa protection un gamin malingre, romantique et poète, Lev Rosenfeld. Il se garde bien de lui parler de Sosso, qu'il voit le moins possible, et qui, les années passant, se révèle au séminaire un agitateur notoire, puis un activiste qu'on finit par expédier en Sibérie. Lev Rosenfeld, devenu Kamenev, sera avec Staline et Zinoviev l'un des membres du triumvirat soviétique. Pendant que Sosso met à profit son exil pour réfléchir à son avenir - c'est ce qu'il confiera à Joseph -, celui-ci part étudier à Paris. En ces premières années du vingtième siècle, la ville bouillonne d'idées révolutionnaires. Joseph y retrouve Kamenev, amoureux de la soeur de Trotsky. De retour à Tiflis, les deux amis de Gori vont bientôt combattre au coude à coude dans les rangs de la révolution de 1905. Joseph veut une Géorgie indépendante ; Sosso le Bolchévik a d'autres visées. La distance se creuse, nourrie par les anciennes rivalités... Alors que le futur Staline marche vers son destin, Joseph entre dans une vie adulte tumultueuse, dont la première étape sera la fuite et l'exil. Alternant une narration enlevée où le quotidien des gamins bagarreurs de Gori transformés en ardents révolutionnaires se vit à hauteur d'homme, et des chapitres où elle met en perspective la figure de son fougueux aïeul, Kéthévane Davrichewy écrit un roman de formation en miroir : depuis sa tendre enfance, Joseph a été obligé de prendre en compte son encombrant camarade. Ses choix ultérieurs - pilote d'avion, il s'engage du côté de la France lors de la Grande Guerre, avant d'entrer dans les services secrets... - ont certainement été dictés par l'ombre menaçante du maître du Kremlin. Et c'est bien après la mort du dictateur qu'il publiera des mémoires au titre improbable : Ah ! Ce qu'on rigolait bien avec mon copain Staline. Kéthévane Davrichewy - ses livres précédents l'ont illustré - excelle dans la peinture des années déterminantes qui marquent le passage à l'âge adulte et la perte de l'innocence. Apprivoisant la légende familiale, elle a mené son enquête et, sous sa plume subtile, l'autre Joseph s'incarne en un passionnant personnage de roman.

01/2016