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Sadjo Tounkara

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Littérature étrangère

Les aventures de Lucky Pierre

Lucky Pierre, star du porno à Cinécity, est l'objet de toutes les convoitises et sa vie ne semble être faite que de sexe. Mais derrière cet apparent triomphe se cache une âme fragile et sensible, qui n'a cesse de vouloir fuir la véritable dictature imposée par la responsable de la ville, grande maîtresse du sado-masochisme, secondée par d'efficaces et implacables milices. Cette tyrannie, bien sûr, suscite ses dissidents, pour lesquels Lucky Pierre éprouve des sentiments ambivalents. Mais la prison sous forme d'écran n'a pas de limite ni de fin, et lorsqu'on retrouve Lucky Pierre courant nu et en érection dans la ville hivernale, se croyant enfin sauvé, c'est pour réaliser que tout ceci est illusion, sa fugue faisant partie du scénario. Roman cinématographique, Les Aventures de Lucky Pierre sont aussi une réflexion ironique sur les débordements de la fiction. Recourant aux techniques du burlesque, de la satire, de l'humour, de la répétition et de la variation, Robert Coover nous invite dans un univers où le réel semble supplanté par sa représentation, dans un jeu vertigineux qui est aussi un terrible miroir de nos propres fantasmes et de nos névroses.

08/2005

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Policiers

La Nébuleuse iNSIEME

Londres, 11 mars 2000. Henry McTavish, de Scotland Yard, est chargé d'enquêter sur la mort d'Edward Dalliwell, un avocat réputé. Dalliwell, qui était célibataire, a été trouvé pendu (dans sa riche demeure, vêtu d'un costume de sado-maso. Suicide ou accident. Bangkok, 19 mars 2000. L'inspecteur principal Togliatti Marchesi, de la Police royale de Thaïlande, est aux prises avec une affaire délicate: le ministre Surayud Kontho, un des hommes les plus influents du pays, est mort dans un bordel de luxe de la capitale, une seringue plantée dans le bras. Accident ou meurtre camouflé. Montréal, 28 mars 2000. Mario Gingras, surintendant de la GRC, accompagne McTavish chez Robert Poirier, un avocat influent de la métropole avec qui travaillait Dalliwell. Or, Simon Léonard, le jeune patron du SCRS au Québec, s'intéresse à la multinationale pour laquelle travaille Poirier. Londres, 3 avril 2000. Quand McTavish apprend qu'un certain inspecteur Togliatti, Marchesi tient à lui parler, il ne se doute pas que son enquête va soudain prendre une tout autre direction, qui va le mener inévitablement vers de terribles ennuis, mais surtout une découverte stupéfiante: celle de la nébuleuse Insieme !

12/2005

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Ethnologie

La Bible des Roms

Paru en 1959 sous le titre Zanko, Chef tribal, Traditions, coutumes ; légendes des Tsiganes chaldérach, ce livre marque un tournant dans l'histoire de la civilisation des Roms. Pour la première fois, un dépositaire de la mémoire romani, Zanko, la transmettait à un "gadjo" : "je ne vous ai pas dit notre secret pour que vous le gardiez pour vous. Je sais ce que j'ai fait. Je suis Vieux. J'ai vu beaucoup de choses. Je ne veux plus qu'on nous prenne pour des sauvages. Je ne veux pas que mes enfants et mes petits-enfants soient traités comme nous l'avons été". L'homme à qui s'adresse Zanko est le père Chatard, un dominicain qui, sous l'Occupation, était intervenu pour adoucir les conditions d'internement d'enfants tsiganes. Il poursuivra après la guerre son combat en faveur des Roms, au prix d'être inquiété par sa hiérarchie et par les services de l'Etat. Les deux amis souhaitaient que l'ouvrage soit présenté comme la Bible du peuple rom. C'est sous ce titre que nous le republions. Il rassemble les récits des origines, raconte la naissance et la fin du premier monde, la chute du roi Pharavono - malédiction après laquelle les Roms n'eurent plus ni roi ni territoire - puis détaille les coutumes et pratiques religieuses de ce peuple.

05/2017

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Ethnologie

L'éthnologue désireux. Chronique des Badjos d'Indonésie

En amour, nous pensons être à l'abri de manipulations... la société est là pour s'en charger. L'auteur, ethnologue, enquête sur un événement qui provoque l'émotion dans ce village de nomades de la mer, les Badjos d'Indonésie. Il interroge les habitants, consulte les chamans, fini par découvrir une forme inhabituelle d'éthique, déterminante. Pourquoi cette société interdit-elle les désirs qui portent atteinte à l'ordre social, et malgré tout offre les moyens pour les réaliser ? Comment l'individu se retrouve-t-il ? Bientôt, à la fois les lettres de son amie et sa vie dans le village, le conduisent à une introspection : comment ne plus être complice des règles imposées par l'amour ? Lentement, l'ethnologue se fait explorateur du psychisme dans ces deux civilisations, si loin l'une de l'autre. Les conclusions de son enquête sont étonnantes. S'y révèle un chefd'oeuvre de l'art badjo : celui de créer une société équilibrée et solidaire. Avec justesse, et non sans subjectivité, à travers des situations de la vie quotidienne, l'auteur réussit à nous transmettre l'âme de cette culture unique. L'ouvrage ouvre sur des questions, qui sont les nôtres : quelle place une société donne-t-elle aux contraintes de l'amour ? La conscience morale peut-elle cohabiter avec le vice et la tentation ? La magie avec le marivaudage ?

11/2020

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Littérature étrangère

Place ouverte à Bordeaux

L'héroïne, mère d'une fille de seize ans, divorcée, est artiste plasticienne. Un matin, elle lit un article d'un critique d'art qu'elle ne connaît pas, mais dont chaque mot la touche. Elle trouve son numéro de portable et, après vingt-quatre heures de tergiversations, lui envoie un texto pour lui dire qu'elle a aimé son article. Il lui répond un peu laconiquement. Et puis, finalement, lui envoie un autre message dans lequel il lui propose de se rencontrer. Elle part passer le week-end à Bergen. Ils dorment ensemble, sans se toucher. Il la raccompagne à l'aéroport et lui dit qu'ils voudraient qu'ils deviennent des amoureux. Elle refuse en riant. Et, de fil en aiguille, ils le deviennent. Elle vient de s'ouvrir physiquement, elle n'a auparavant pas eu de place pour l'amour physique, la jouissance. Elle a eu tout son contrôle. Mais alors qu'elle découvre la communion physique et que cela devient important pour elle, Johannes la lui refuse. Leurs relations sexuelles sont sporadiques, sans engagement de la part de Johannes, qui se complaît en revanche à lui raconter ses aventures avec d'autres, ses visites dans des clubs de strip-tease, ses séances d'échangisme. Leur relation devient sado-masochiste.

10/2014

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Théâtre

Coup de lune La partie de carte Le voyage de noce

Coup de Lune est une farce burlesque. Verdun, vieux tailleur besogneux, est l'ami de jeunesse du président Centaure. Quand le président vient chez son ami, il a sa sacro-sainte valise contenant le téléphone rouge qui commande la guerre et la paix. Faustine, une jeune voisine, va troubler le coeur du président et brouiller les cartes du monde en se servant du téléphone rouge pour donner "un coup de fil" . Dans La partie de cartes, Fred et Miette vont se séparer. Ils jouent une dernière partie de cartes ensemble. Enjeu : la dernière nuit d'amour. L'arrivée de Jules, le père de Fred, personnage extravagant, va brouiller les cartes, c'est le cas de dire. Le voyage de noces se passe dans un bastringue de Rotterdam. Le patron Cornélius et un vieil écrivain, Charlemagne, parlent de départs et d'îles désertes. Au deuxième tableau, Charlemagne est dans une île déserte du Pacifique, avec la jolie Iris et un perroquet sado-masochiste. Au troisième tableau, on retrouve le bar de Rotterdam : le perroquet est empaillé ; Iris est devenue putain ; Charlemagne est poignardé par des voyous, mais ressuscite de derrière le comptoir au moment où on ne s'y attend pas.

03/1986

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Littérature étrangère

Le contentement de Jennifer Wilson

Je comprends tout à fait que le sexe a de nombreux usages. Encore que, personnellement, je reconnaisse avec tristesse qu'il ne m'est toujours apparu que d'une seule utilité : quand je fais l'amour, je ne suis pas censée parler. Jennifer Wilson est une jeune femme antisociale, par nature et par choix. Enfermée jour et nuit dans des pièces insonorisées, elle prête sa voix à une station de radio écossaise, égrenant, les nouvelles d'un monde de plus en plus chaotique, donnant la réplique dans des films de séries Z ou vantant les mérites de produits quelconques. Elle se dit incapable d'émotions. Ses pratiques sado-masochistes semblent lui donner raison. Le doute s'insinue lorsqu'un amnésique fait irruption dans sa vie. Il prétend être né à Paris en 1619. Grand écrivain incompris, cet homme s'appelle Savinien de Cyrano de Bergerac. Le Contentement de Jennifer Wilson raconte leur idylle, entre conte de fée et réalité sordide : un livre drôle et étrange, écrit avec une assurance remarquable. Comme Jeanette Winterson et Angela Carter, A. L. Kennedy sait pertinemment que l'on peut tout faire dans le cadre d'une fiction. De sa plume satirique, elle dissèque avec éloquence les désillusions de toute une génération.

11/2004

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Sports

Le kyûdô, art sacré de l'éveil

Plus qu'aucune autre arme, l'arc a accompagné l'homme tout au long de sa longue histoire. Compagnon de sa survie, à la chasse comme à la guerre, il fut sacralisé en Inde et en Chine. Au Japon, il sera tout à la fois instrument d'éducation à travers l'éthique shintô et objet de transcendance et d'illumination (satori) par son intime association aux préceptes du bouddhisme zen. Après le XVIème siècle, la technique du tir à l'arc de guerre (kyûjutsu) se métamorphose progressivement en art consacré à la réalisation spirituelle, le kyûdô. Plusieurs maîtres furent impliqués dans ce progrès, en particulier le dernier d'entre eux, maître Anzawa Heijirô, créateur du sadô ou « gand tir intérieur ». Désormais, l'arc devient une ascèse et une philosophie, la cible n'est plus hors de soi mais dans son propre cœur. Associant la beauté du geste, la concentration mentale, le non-ego et l'esprit de vérité, le kyûdô est devenu un art d'éveil et d'harmonie. Cet ouvrage, le plus complet à ce jour sur le sujet, vous fera découvrir toutes les facettes du kyûdô, à la fois dans ses aspects techniques (préparation du matériel, prise de l'arc, position, libération de la flèche, etc.) que dans sa dimension spirituelle (méditation, voie du non-mental, satori). Cet ouvrage était publié auparavant aux éditions Alphée.

05/2015

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Philosophie

La panique morale

" Le clonage suscite toutes sortes d'interrogations techniques ou psychologiques. Mais est-il immoral ? L'adoption d'enfants par des couples de même sexe pose certainement des problèmes d'acceptation sociale. Mais est-elle immorale ? Différentes pratiques sexuelles (sado-masochisme, échangisme, etc.) heurtent la sensibilité de ceux qui valorisent des normes de fidélité et de réciprocité. Mais sont-elles immorales ? La pornographie est un genre qu'on peut trouver contestable pour des raisons esthétiques ou politiques. Mais est-elle immorale ? La prostitution est, dans la plupart des conditions où elle s'exerce, un système d'exploitation répugnant. Mais l'acte d'échanger des services sexuels contre rémunération est-il immoral ? A toutes ces questions, il faudrait répondre non. Pourtant, on continue de dénoncer le clonage, l'homoparentalité, les pratiques sexuelles non conformes aux normes de fidélité ou de réciprocité, la prostitution, la pornographie, comme " immoraux. " Au lieu d'aider à démonter nos préjugés, tout indique que l'appel à la morale, au contraire, les renforce. Au lieu d'aider à calmer nos appréhensions injustifiées face à tout ce qui paraît neuf ou déviant, l'appel à la morale les alimente. Et, progressivement, la panique remplace la réflexion. Ne serait-il pas temps de penser ironiquement - philosophiquement - tout ce fatras d'effrois et de trop hâtives conclusions ? " R.O.

11/2004

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Musique, danse

Fun House. Les années Rock&Folk

On est loin ici d'une musique hippisante, des mots peace and love : c'est plutôt WAR ; musique en révolte qui appelle à la guerre contre l'ordre établi, à la profanation d'une morale. Musique perverse, à l'image du chanteur, Iggy, qui descend dans le public pour se livrer à une agression physique caractérisée, de type sado-masochiste. Martèlement sans fin de la batterie, cris étranglés de saxophone, rugissement des amplis saturés – une sorte de tornade rouge, une lave incandescente qui déverse un flot ininterrompu de décibels. La rock'n'roll music retrouve des équivalences de l'esthétique free jazz : au cri pur et tranchant du saxophone répondent la saturation des amplis, le larsen, la réverbération. Paul Alessandrini, dès son arrivée à Rock&Folk en 1969, témoigne tant de la sortie de Fun House des Stooges que de la rencontre au sommet entre Pink Floyd et Frank Zappa lors du festival d'Amougies. A la pointe des débats qui agitent le monde du rock dans les années soixante-dix, il va traquer en esthète les nouvelles tendances musicales, interviewant Robert Fripp, les New York Dolls, Can ou Bob Marley. De l'héritage du Velvet aux prémices du punk dans le New York de 1976, des volutes de Tangerine Dream aux figures de David Bowie ou de Kraftwerk, c'est une décennie fertile qui s'écrit dans une langue subtile et visionnaire, au long d'articles devenus historiques.

01/2015

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Littérature française

Melancholia. Ma solitude féconde

Autant le dire tout de suite, je suis une dépendante affective. Vous vous reconnaissez dans mon début d'histoire de vie chaotique ? Vous vivez une histoire d'amour compliquée de type dominant/dominé, sado/maso ? Vous acceptez tout de l'autre tout en l'idéalisant ? Il y a de fortes chances pour que vous souffriez du même mal-être que moi. Notre monde est celui du vide sidéral. Laissez-moi donc vous expliquer ce qu'est la peur de l'abandon et la dépendance affective qu'elle engendre. Melancholia, ma solitude féconde fait partie de ces textes intemporels parce qu'il touche à des sujets universellement vécus sans la moindre distinction de classe sociale ou d'époque car la cruauté est partout où l'Homme demeure. Il décrit la naissance d'une victime. L'influence de l'éducation rigide et du manque d'amour sur la femme adulte en devenir et la manière dont elle acceptera tout naturellement l'inacceptable. C'est l'histoire d'un être qui oscillera durant sa vie entre amour, haine et peur de l'autre. Celle d'une âme mise à nu, d'un début de vie gâchée mais aussi d'une belle résilience. Un long cheminement spirituel dans lequel seule une solitude féconde réussira à transformer l'auteure en une âme apaisée, débarrassée de sa quête éperdue d'amour et de sa peur de l'abandon.

03/2021

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Sociologie

Humanités en souffrance à la Santé. Des abandons en abondance

L'auteur a recueilli les récits de vie de ses patients détenus à la maison d'arrêt la Santé. Leur itinéraire est marqué par des traumatismes, des séparations, des abandons, des deuils, des maltraitances dans la petite enfance. La répétition de ces blessures et leurs reviviscences par la suite finirent par transformer ces victimes à répétition en délinquants ou en criminels à l'occasion d'une décompensation, d'un geste impulsif, d'une colère clastique ou tout simplement pour satisfaire leurs besoins primaires... L'ouvrage revêt la forme d'un " j'accuse par procuration ", rédigé par un clinicien qui défend l'humanité de ses patients. Cette ethnographie des douleurs marquées par l'abandon et la lutte contre l'abandon interpelle nos parts d'humanité, réfute le concept de " résilience " comme un opium du traumatisé, sollicite un effort de compréhension, voire dans certains cas une empathie. Les itinéraires de ces détenus marqués par leur ambivalence reflètent la difficulté de combler leurs blessures narcissiques, de satisfaire leurs désirs, mais également d'assurer leurs besoins élémentaires. La Santé est peuplée d'humanités qui ont souvent eu du mal à freiner l'exploration de leurs limites dans une société qui érige l'hyperconsommation et l'immédiateté en doctrines de la vie quotidienne. Désormais, ces humanités sont confrontées à un système carcéral qui connaît ses propres limites : la Santé est-elle devenue un hôpital psychiatrique ? Une prison sociale ? Une quarantaine pour sans-papiers ? Un club sado-masochiste ?...

05/2005

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Littérature française

Tourments et espoirs

Malgré la haine : Un petit garçon entre au cours préparatoire. Tout se passe bien jusqu'au moment où ses camarades apprennent qu'il est juif. Aussitôt victime de leur ostracisme, il est mis au ban de sa classe. Malgré la méchanceté des petits, l'avenir semble sourire à l'enfant molesté. L'innocente : Une jeune SDF est violée et assassinée. Le journaliste chargé de l'enquête se retrouve, à son insu, impliqué dans la tourmente de cette affaire. L'étrange rencontre : Un soir d'orage, un étudiant demande à une jeune femme de le laisser téléphoner à un taxi. Cette rencontre banale va l'entrainer dans une aventure à la limite du fantastique. Enfer intime : Une succession d'évènements entraîne Jean-Paul sur le chemin de ses souvenirs et l'oblige à rouvrir les blessures de son âme. "Enfer intime" est une histoire poignante sur l'amour, le deuil, l'érotisme. L'ultime étreinte : Condamné par une grave maladie, un jeune homme est au désespoir. Malgré son angoisse, il noue une relation ambiguë avec une aide-soignante. Un huis-clos oppressant autour de la mort, l'apparente absurdité de l'existence et la sensualité. Les âmes mutilées : Mû par des forces obscures, un couple d'amants sincèrement épris noue une troublante relation sado-masochiste. Vies brisées : Dans un train, deux hommes dialoguent. Ils sympathisent. Un événement imprévu révèle, dans toute sa dimension, le drame vécu par l'un d'eux.

10/2018

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Mots-croisés

Derniers mots croisés diaboliques

Depuis l'invention des mots croisés modernes par Robert Scipion dans les années 1970, le Nouvel Observateur est devenu le rendez-vous des cruciverbistes les plus exigeants : désirant à la fois réfléchir, s'amuser, buter, pester, s'émerveiller, éclater de rire. Lorsqu'il a pris sa suite en 2003, Jacques Drillon a eu à coeur de maintenir les grilles à ce niveau de qualité. Sans doute plus fantasque, plus capricieux que Scipion, jouant sur plus de registres (argot, à-peu-près sonores, allusions, nature grammaticale des mots, homophonies), il a par surcroît haussé le niveau de contrainte technique qu'il s'imposait, passant de 10 % de cases noires à 6 ou 7 %, horizon réputé inatteignable jusqu'alors ; c'est lui qui a fixé la codification des définitions (la règle du jeu, en quelque sorte), montré qu'on pouvait considérablement élargir le champ des énigmes proposées aux joueurs, approfondi le rapport sado-masochiste qui s'établit entre l'oedipe et le sphinx (toutes choses analysées dans Théorie des mots croisés, Gallimard, 2015). Il a déjà réuni les trois premières centaines de grilles en trois volumes de cent chacun, dans l'ordre chronologique de leur parution. Le présent volume contient la totalité des 345 autres problèmes publiés dans le Nouvel Observateur, jusqu'à son départ en 2017. C'est donc par ses dernières grilles, les plus difficiles, les plus réjouissantes, les plus originales, que se clôt l'édition complète de cette oeuvre à proprement parler cruciale...

04/2021

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Histoire internationale

Hommes illustres et symboles du Moronou (Côte d'Ivoire)

Des hommes illustres ont marqué de leur histoire personnelle le Moronou. Seuls sont évoqués dans cet ouvrage les plus remarquables des hommes et les symboles les plus caractéristiques (objets, us et coutumes et pratiques). Sortant de l'ombre et brillant à la lumière de tout leur éclat, ils servent de modèles et perpétuent la mémoire de tout un peuple. Ces hommes de renom appartiennent à toutes les couches sociales : des rois et chefs, rayonnant de leur aura à la tête du peuple, tels Dangui Kpanyi et les capitaines de son armée - Tingbo, Aklatia et Boa Badjo - véritables héros, qui sacrifièrent leur vie pour sauver la nation en danger. Ou Tano Kakou de l'Alangwa et les chefs de sa génération qui sonnèrent la résistance à la pénétration française. Mais des hommes de renom ayant marqué leur époque, il n'y eut pas que des chefs. On discerne aussi, dans la société civile, ceux qui, par leur travail et mérite, se sont élevés au-dessus du commun : des opérateurs économiques, des éducateurs, des hommes de foi ou encore des militants politiques, engagés et convaincus de la justesse des idées qu'ils défendaient. La croyance ancestrale en un Dieu unique, au-dessus de tout, l'Etre suprême "Nyamien Kpli", en relation avec les hommes par l'intermédiaire des "dieux inférieurs", trouve aussi sa place dans ces pages. Ce livre aborde aussi la structure familiale, si caractéristique, à dominante matrilinéaire, où cependant la filiation paternelle est loin d'être inexistante. Croyances anciennes, organisation et fonctionnement de la société, traits spécifiques, sont ainsi évoqués comme des symboles inhérents de cette société si généreuse en hommes remarquables.

11/2020

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Policiers

La fiancée gitane

Quand elle rentre à l'aube, fourbue, éméchée, la voix éraillée par sa nuit dans les bars de karaoké, dévastée par la tristesse de la chair assouvie furtivement avec des inconnus, Elena Blanco a un rituel : examiner pendant des heures les images d'une caméra de surveillance placée devant la porte cochère de son immeuble. Qui craint-elle de voir ? Ou, plutôt, qui plus que tout au monde voudrait-elle voir ? Une affaire non résolue pour cette enquêtrice hors pair, la seule dans sa carrière. Mais c'est bien plus qu'une affaire, c'est un drame personnel qui a brisé sa vie et qui hante chaque seconde de son existence. Pour l'heure, il lui faut éloigner ses démons et aller de l'avant car l'antenne de police qu'elle dirige à Madrid se trouve saisie d'un cas bien étrange : le meurtre d'une gitane disparue après l'enterrement de sa vie de jeune fille. La mort, d'un sadisme avéré, a manifestement été donnée par un esprit effroyablement retors. Le mode opératoire n'est pas sans rappeler un crime survenu sept ans plus tôt, et dont la victime n'est autre que Lara, la soeur de la gitane, qui s'apprêtait elle aussi à épouser un gadjo. Pourtant, l'assassin de Lara est déjà sous les verrous. De fausses pistes en indices délusoires, dans des sites madrilènes illustres ou mystérieux mais tous chargés d'histoire, l'auteur déplie une intrigue horrifique avec une exemplaire économie d'effets ; et porte sur les fonts baptismaux un nouveau personnage promis à un bien bel avenir.

02/2019

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Sociologie

Tsiganes, ou ces inconnus qu'on appelle aussi Gitans, Bohémiens, Roms, Gypsies, Manouches, Rabouins, Gens du voyage.... Certains personnages inconnus qu'on appelle : Gitans, Bohémiens, Roms, Romanichels, Gypsies, Gens-du-voyage, Romanos, Manouches, Raboui

Ce livre est construit en deux parties : " Souvenirs " et " Définitions ". " Souvenirs " est le récit de la rencontre de Patrick Williams avec les Manouches de la Creuse et avec les Rom Kalderash de Paris. Il plonge d'emblée le lecteur dans un véritable roman initiatique, le héros s'émerveillant (avec le lecteur) à chaque découverte. Mais, bien que marié à une Romni kalderash et devenu chef d'une famille rom, Patrick Williams reste un gadjo, et un intellectuel. Cette partie s'achève sur son engagement dans l'ethnologie, laquelle, citant Leonardo Piasere, " invente un domaine qui est "comme-la-vie" ". Et Patrick Williams d'ajouter : " M'installer dans le "comme", voilà qui me convenait ". La deuxième partie, " Définitions ", explore ce qui n'a jamais cessé de l'intriguer : que les Manouches et les Roms apparaissent à la fois si différents et si semblables. Qu'en est-il dès lors de la totalité tsigane ? L'ethnologue s'appuie pour cela – entre autres – sur sa connaissance de la grande majorité des travaux d'ethnologie publiés sur les " Tsiganes " et cherche constamment à rebondir du particulier au général, du général au particulier. Cette partie traite d'une question fondamentale pour tout chercheur(e) en anthropologie sociale : en quoi, au-delà du groupe humain plus ou moins défini qui est étudié, leur sujet de recherche peut nous en apprendre sur la société environnante, voire sur l'humanité en tant que telle ? Œuvre majeure qui dépasse les limites d'une simple ethnographie des Tsiganes, cet ouvrage est le magnifique testament d'un grand anthropologue, rigoureux et libre, souvent poète, qui vient éclairer la vie.

08/2022

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Littérature érotique

La Vénus à la fourrure

Classique de l'érotisme et chef-d'oeuvre de l'auteur qui s'est inspiré de sa liaison avec une grande dame de l'empire austro-hongrois pour l'écrire, "La Vénus à la fourrure" a longtemps été objet de scandale avent de devenir livre culte. Premier grand texte de la littérature occidentale s'attachant à décrire une relation amoureuse sado-masochiste, il s'inscrit dans un vaste cycle de romans autobiographiques : "Le Legs de Caïn". Trés théâtral et très élaboré sur le plan esthétique, multipliant les mises en scène et les jeux de rôles et de miroirs, le roman repose sur un effet de mise en abîme. Dans le prologue, le narrateur rêve d'une Vénus éprise de volupté cruelle avant de rendre visite à son ami Séverin chez qui il découvre le portrait d'une Vénus en fourrure. Séverin lui confie alors le manuscrit de sa confession où il relate une expérience amoureuse avec une femme dominatrice nommée Wanda von Dunajew. Un contrat signé avec cette femme l'engage à être son esclave soumis. Le rituel érotique commande que Wanda doit toujours être vêtue d'une fourrure lorsqu'elle le flagelle. La vie et l'oeuvre de Sacher-Masoch sont intimement liées. Une grande partie de son oeuvre a généralement pour héroïnes des femmes dominatrices, cruelles ou despotiques exhibant leur pouvoir à travers une panoplie de fourrures, de fouets et de bottes. Le pessimisme profond de ses récits donnera naissance au terme de "masochisme" utilisé par Krafft-Ebing et Freud pour qualifier cette forme de sexualité.

05/2023

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Ethnologie et anthropologie

Dictionnaire du peuple rrom

Minorité transnationale répartie aux quatre coins de la planète, les Rroms font régulièrement la une de l'actualité en raison de la stigmatisation dont ils sont victimes. Cependant, au-delà de leur apport culturel, parfois réduit à un folklore, ils sont mal connus. Cet ouvrage sous forme de dictionnaire permet de découvrir, à travers son histoire, sa culture, ses figures les plus marquantes, l'histoire de ce peuple sans Etat qui revendique une existence et des droits. Si l'histoire de la nation rrom reste largement à écrire, cet ouvrage s'attache à présenter certaines de ses nombreuses figures marquantes : artistes, écrivains, poètes, sportifs, résistants... L'histoire de ce peuple est également déclinée par pays et par thème. Ses pratiques culturelles font l'objet de nombreuses entrées, particulièrement dans les domaines de la musique, du cinéma mais aussi de la peinture. Les formes de stigmatisation que connaissent les Rroms sont également traitées, notamment au niveau européen. Un lourd héritage historique tragique sur lequel ce Dictionnaire revient. Peu connues, les associations rroms sont largement décrites, et notamment leur coordination au niveau international. Leur histoire et leurs animateurs sont ici présentés mais aussi leurs d­ébats. L'ensemble, d'une lecture agréable, permet également de découvrir des aspects inattendus de la communauté rrom. L'ouvrage est composé de deux parties et comporte quelque 300 notices. La première partie est consacrée aux notions, aux événements ou aux lieux ? : "Afghanistan", "Caravane", "Flamenco", "Gadjo", "Gitan", "Nation", "Rrobia" (esclavage), "Samudaripen" (génocide), "Sédentarisation", "Ukraine", "Zygeuner", etc. La seconde est composée de notices biographiques de personnalités rroms, connues et moins connues du grand public. Ce Dictionnaire du peuple rrom est l'aboutissement d'un long travail de recherche mené par l'autrice depuis de nombreuses années au cours desquelles elle a tissé de nombreux liens avec cette communauté et ses associations.

05/2023

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Indépendants

Fièvres nocturnes

Artiste faisant l'objet d'un véritable culte, Toshio Saeki est l'inventeur d'un style unique, dans un domaine qu'il a totalement transformé, l'ero guro - qu'on peut traduire par "scènes érotico-grotesques". Ce genre, dont on attribue la paternité à l'écrivain Edogawa Ranpo, trouve sa source aux origines du dessin japonais classique, nourrissant de monstres et de scènes cauchemardesques de nombreuses estampes à travers le temps. Saeki, en déclinant les motifs traditionnels et en les mêlant à ses propres obsessions, a fait écho aux angoisses de sa génération, la jeunesse des années 1970, qui a cru pouvoir s'affranchir des conventions d'une société paternaliste avant de connaître la désillusion. La société humaine, sa violence et ses tares sont le support de scènes dont la cruauté provoque l'effroi ou le rire, poussant dans ses retranchements la mécanique du fantasme. Le sado-masochisme ne recouvre ici aucune réalité, puisant dans l'onirisme une forme de poésie macabre. Stimulé par la censure qui sévit au Japon - il est prohibé de montrer les sexes - Saeki fait de l'interdit une contrainte artistique et déporte vers l'absurde et l'onirisme le plus vieux sujet du monde. Son style précis, qui rappelle aux européens la fameuse "ligne claire" d'Hergé et Joost Swarte, reste étrange pour le lecteur japonais comme pour le lecteur occidental, chacun trouvant dans ce trait à la simplicité parfaite une forme d'exotisme inédit. Cette perception ne s'explique que par l'originalité absolue d'un imagier extravagant, sorti tout droit de la plume d'un artiste qui a consacré sa vie à tracer au plus près "ce qui se déroule dans sa tête lorsqu'il ferme les yeux".

06/2022

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Photographie

Dans la vie noire et blanche de Robert Mapplethorpe

Du photographe, Robert Mapplethorpe, la légende a surtout retenu, outre le génie artistique, une réputation de pornographie et de soufre. Pourtant, avec son visage angélique et démoniaque, cet enfant terrible du trash sexuel des années 1970 fut l'inventeur d'une esthétique en noir et blanc qui, aujourd'hui comme hier, éblouit, fascine, effraie. On le rencontre, en majesté, dans le livre de sa complice et égérie, Patti Smith ("Just Kids") ; on le croise, via des témoignages plus ou moins fiables, dans les bas-fonds du New York de la Factory ou de quelques autres lieux de création et de damnation - mais l'homme, lui, garde son mystère. D'où le projet du récit biographique de Judith Benhamou-Huet : qui était vraiment cette brebis galeuse du Queens devenue l'un des photographes les plus côtés ? Pourquoi s'est-il jeté dans les flammes d'un brasier de vices et de sado-masochisme ? Qui étaient ses amants et ses ennemis ? Comment s'est-il transformé en machine de guerre de la réussite artistique ? A quelles douleurs originelles devait-il ses obsessions - dont on s'arrache les reflets dans les salles d'enchères de la planète ? Pour aller à la rencontre de ce nouveau "Querelle" (Mapplethorpe vénérait Jean Genet), Judith Benhamou-Huet a interviewé une quarantaine de personnes qui ont rencontré ou fréquenté l'artiste. De son premier boy-friend officiel à son dernier, qui l'a veillé sur son lit de mort, de son avocat à son frère cadet devenu son assistant, en passant par son modèle mythique Ken Moody, ils racontent tous le parcours déterminé de l'homme en noir et blanc - qui passa sa vie à chercher son chemin entre le Bien et le Mal. Au passage, on croise dans ce livre les silhouettes de Loulou de la Falaise, de Pierre Bergé, de Carolina Herrera, de la Princesse Margaret et de tout le Gotha new yorkais des seventies.

03/2014

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Critique littéraire

L'aventure ambiguë. Un témoignage sur la condition humaine

"J'ai lu beaucoup de livres dans ma vie, mais il y en a deux qui ne me quittent jamais. D'ailleurs, si vous ouvrez mon sac, vous les y trouverez. Ce sont Cahier d'un retour au pays natal d'Aimé CESAIRE et L'Aventure Ambiguë de Cheikh Hamidou KANE. Ces deux livres-là ne me quitteront jamais". C'est à peu près en ces termes que Sophie Eckoue, qui présente l'émission "Livres sans frontières" sur Radio France internationale (RFI), a répondu à une question d'un jeune membre du "Club REI" de Ndjamena (Tchad) qui lui demandait quels étaient ses livres favoris. Hommage ne pouvait être plus grand, venant d'une dame de grande culture qui affirme par ailleurs avoir lu depuis sa tendre enfance, énormément, et toutes sortes de livres, de revues, de journaux. C'est une preuve, parmi des centaines d'autres, effectives, et des millions, potentielles, que L'Aventure ambiguë est une oeuvre majeure de la littérature universelle, par-delà les frontières, les époques, les cultures et les civilisations. Oeuvre qui a été au programme de nombreuses universités sur les cinq continents, L'Aventure ambiguë est la preuve que l'on peut bien être prophète chez soi. Depuis 1961, des dizaines de promotions de lycéens, d'étudiants, d'instituteurs, d'administrateurs, de juges, de financiers, de douaniers, de travailleurs sociaux, bref, des millions de Sénégalais et d'Africains, étudiants à tous les niveaux du système d'enseignement ou travailleurs de tous les secteurs de l'administration, ont eu, à un moment ou à un autre, L'Aventure ambiguë dans leur programme de formation, en alternance ou concomitamment avec d'autres oeuvres majeures de notre littérature telles Les Bouts de bois de Dieu de Sembene Ousmane, L'Exil d'Albouri de Cheik Aliou Ndao, Maïmouna d'Abdoulaye Sadji... Il est donc logique que, cinquante après que cette oeuvre a paru au firmament de notre littérature et s'y maintient avec une constance peu commune, que l'on procède à une sorte de bilan, que l'on la revisite non seulement à l'aune des problèmes qu'elle révélait en son temps, mais encore que l'on la relise en la mettant en perspective dans le champ sociopolitique, culturel et civilisationnel qui prévaut de nos jours dans notre pays, sur notre continent et dans le monde. Il y a dans ce livre des intuitions fulgurantes qui trouvent leur pleine signification dans notre contexte mondialisé, en perte de valeurs, de repère et de sens.

07/2017

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Revues Ethnologie

Barvalo. Roms, Sinti, Gitans, Manouches, Voyageurs... Edition bilingue français-romani

Si les populations romani constituent la plus grande minorité ethnique d'Europe (12 millions de personnes), elles font l'objet, hier comme aujourd'hui, de nombreuses discriminations. Tout en mettant l'accent sur l'antitsiganisme contre lequel toutes luttent, il s'agit cependant ici de faire connaître, d'affirmer et de revendiquer la richesse et la diversité des cultures romani. " Barvalo ", le mot qui donne son titre à cet ouvrage et à l'exposition au Mucem (Marseille) qu'il accompagne, signifie en romani " riche " et par extension " fier ". Il est programmatique et défend, en s'intéressant à l'histoire et à la diversité des populations romani d'Europe, neuf siècles de présence européenne et d'affirmation culturelle. L'exposition comme le livre, entièrement bilingue français-romani, ont été conçus de manière collaborative avec un comité composé de cinq commissaires et quatorze experts d'origine romani (Roms, Sinti, Manouches, Gitans, Gens du voyage/Voyageurs) et non romani, de nationalités et de profils différents. Tous et toutes oeuvrent à ce projet depuis 2018 et ont contribué au livre. Ce catalogue, richement illustré, est découpé en trois grandes parties. La première présente l'ambition du projet : une minorité discriminée, voire persécutée (ce sont 500 000 personnes romani qui ont péri dans les camps nazis), est invitée à prendre la parole. Les directrices et directeur d'ouvrage y présentent la méthodologie de ce travail collaboratif ainsi que les enquêtes de terrain commandées dans ce cadre. La seconde partie s'attache à renverser le regard, par la reconnaissance notamment du rôle des représentations stéréotypées dans la culture et le folklore. Il s'agit également d'affirmer que le temps est venu de valoriser en tant que tel l'héritage et le patrimoine romani. La troisième partie, intitulée " Nous sommes le peuple romani " (Ian Hancock), propose une réflexion contrastée sur les notions d'appartenance et d'identité, au fil de la longue histoire des populations romani en Europe. La présentation de l'installation de l'artiste Gabi Jimenez, le " Musée du gadjo ", est centrale et prend le parti d'inverser la perception du lecteur/visiteur. La " gadjologie ", une science imaginaire et parodique de l'Autre selon la perception romani, que l'artiste met en scène vient ainsi révéler ainsi l'absurdité de l'essentialisation de l'Autre quand elle est poussée à son extrême. Se trouve aussi questionné par ce biais le rôle du musée d'ethnographie comme diffuseur d'une " vérité ". Au fil de l'ouvrage, on trouvera aussi des espaces sensibles et incarnés, avec la parole de quatre personnes vivant en France et appartenant chacune à un groupe romani distinct ; leurs récits personnels et familiaux entrent en résonnance avec une histoire européenne plus large et partagée. Enfin, le livre se clôt par une galerie de portraits de personnalités célèbres et moins connues, témoignant de la richesse des cultures romani et de la fierté des différentes communautés à contribuer à la diversité culturelle des sociétés européennes, afin d'affirmer haut et fort : " Barvalo ".

05/2023

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Littérature française

Le silence ne sera qu'un souvenir

Mikluš, le vieux Tsigane, emporte son secret dans sa tombe. Et se repend. Il revoit le petit Dilino, l’idiot, qui jouait du violon pour les gadjé, sur une rive slovaque du Danube, Dilino le souffre-douleur des autres enfants rom. Il est trop tard pour raconter, toute sa vie Mikluš aura été trop lâche et se sera tu. Il est trop tard pour raconter, « s’il suffisait de glisser un erratum sur la dernière page de sa vie pour se réconcilier avec elle, ça se saurait ». Et pourtant. La communauté rom qui vit aux abords de Stupava a traversé les décennies. Du début du XXe siècle jusqu’à la chute du mur de Berlin, alors que les journalistes occidentaux affluent, Mikluš en invective un au hasard, ou tout aussi bien prend à partie le lecteur, l’attrape par le col et lui crache : « Regarde ! » Alors le lecteur regarde, enfin, et découvre « ces crasseux Tsiganes, voleurs de poules et sans savates ». Dilino avec son violon et ses cheveux blonds ne sait pas d’où il vient, ni qui est la Vieille, cette sorcière qui parfois s’occupe de lui. Avant d’être la Vieille, elle était Chnepki. Chnepki avait une si jolie voix, qui enchantait toute la communauté rom. Elle devait son surnom à ce petit oiseau qui ne fait pas d’esbroufe, picore quand il a le temps et passe le plus clair de ses journées à chanter, un oiseau qu’on n’entend plus guère sur cette rive-ci du Danube. Chnepki non plus ne chante plus. Depuis qu’un jour maudit, alors que résonnaient les bottes et fleurissaient les croix gammées, son enfance fut volée. Le père fou de douleur est assassiné. Chnepki n’a plus chanté jusqu’au jour où apparut Lubko, le gadjo à la belle tignasse blonde. Avec ses gouges et son violon, il a égayé la communauté au rythme de sa musique et de la danse de ses marionnettes sculptées. Mais le mal était entré. Et le régime communiste,par ses méthodes expéditives et discriminatoires de contrôle des naissances, achève de rendre folle la pauvre Chnepki. Elle a eu un enfant, elle n’en aura pas deux. Le silence ne sera qu’un souvenir porte le poids de la culpabilité, celle du vieux Mikluš qui n’a pas su faire se rejoindre les êtres, alors qu’un mot aurait suffi à les rendre à leur existence ; celle aussi qui pousse à stigmatiser une communauté, dans l’ignorance et l’aveuglement. Avec l’histoire que nous raconte Mikluš, c’est l’histoire des Roms et du XXe siècle que nous traversons, celle d’une communauté persécutée dont on aura égaré le dossier à Nuremberg. Une discrimination qui se poursuit sous des formes de plus en plus sournoises en ce début de XXIe siècle. Sans jamais sombrer dans le plaidoyer, Laurence Vilaine s’attache avant tout à faire parler Mikluš, enfin, et à nous raconter l’histoire de Chnepki, Lubko, Maruška et Dilino. Quand les étiquettes tombent et que surgissent les visages et les destins.

09/2011