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Littérature française

L'orgue de barbarie

Un monde qui s'écroule, celui de la noblesse, à travers cette famille dont deux frères sont l'un industriel, l'autre évêque. Confrontée aux événements qui ponctuent la période allant de l'occupation, à la fin de la guerre d'Algérie, elle subit, outre les difficultés de l'industrie textile, une sorte de maléfice liée, en apparence, à la présence d'un orgue de barbarie offert à l'un des petits-enfants par un officier allemand. Le prélat et l'homme d'affaires apprécient différemment l'évolution de leurs enfants, neveux et petits-enfants, en rupture avec la stricte observance des us et coutumes de la noblesse. En dehors des différentes péripéties romanesques, cet ouvrage fort bien documenté sur le plan historique, est aussi une suite de drames, de séquences, de dialogues, sur une période encore récente de notre Histoire. Avec ce roman, son septième ouvrage, André Trabet persiste dans le style qui lui est le plus familier, celui des dialogues. Ce sont de véritables passes d'armes qui voient s'opposer un noble industriel avec son alter ego, officier allemand, pendant l'Occupation. Ce sont aussi les rapports de plus en plus difficiles entre deux générations malgré le délicat arbitrage du prélat de la famille. Avec des drames qui se succèdent, plus proches de la réalité historique que de l'imaginaire, le lecteur est en permanence tenu en haleine et désireux d'en connaître le dénouement.

02/2015

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Genres et mouvements

Etudes françaises Volume 58 N° 2/2022 : Le récit de malheur au XIXe siècle

Ce dossier entreprend une réflexion sur les logiques culturelles, sociales, historiques du mauvais sort à l'oeuvre dans le récit du XIXe siècle. Série d'embarras qui jettent dans la misère, malchance qui s'acharne, écarts à la coutume qui attisent l'adversité, réactivation des fautes familiales forment, bien souvent, la trame narrative du récit de malheur : celui-ci narre en effet les coups du destin et la dégradation du héros dans une société dont les valeurs politiques, culturelles, familiales sont en transition. S'y développent des cosmologies qui ne comprennent ni le bonheur ni le malheur de la même façon. C'est pourquoi les articles ici rassemblés examinent les multiples systèmes symboliques d'interprétation et de détection de l'infortune qui structurent le récit moderne, en faisant l'hypothèse que le malheur répétitif y sanctionne les ratés de la coutume et les failles dans le vivre-ensemble. Qu'est-ce qui porte malheur ? Qui est frappé par le sort funeste (et qui ne l'est pas) ? Comment le malheur s'annonce-t-il ? Peut-il être évité ? Est-il intégralement narré ou raconté ? La dynamique narrative repose-t-elle sur l'exploration de parcours de vies déviées et malheureuses ? Ce dossier propose une variété de réponses à ces questions en étudiant, dans certaines oeuvres de Balzac, Sand, Mérimée, Stendhal et Zola, les formes plurielles du malheur (maléfice, hasard, vengeance, viol, handicap sexuel et social, mort, vicissitude conjugale, nouage de l'aiguillette) et ses particularités textuelles.

01/2023

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Littérature française

Le Bain de Diane

Les digressions qui composent Le bain de Diane ont pour point de départ le maléfice d'une vision que résume l'exhortation d'Ovide : Nec videamus labra Dianae ! Ce qu'il en coûte d'avoir vu comme par hasard les lèvres "infernales" de la déesse, c'est ce qu'illustre la scène décrite et méditée dans cet opuscule, perpétuée, est-il besoin de le rappeler, par la peinture et la statuaire occidentales sous le titre de deux noms : Diane et Actéon. L'homme, un chasseur, au gré d'une poursuite de quelque fauve, surprenant fortuitement la nudité divine, du coup métamorphosé en cerf, d'un geste de pudeur de la déesse, et déchiqueté par sa propre meute. Mais dans le présent texte, loin de nous paraître, comme chez Ovide, l'innocente victime d'une fatalité aussi choquante, nous voyons Actéon projeter de façon prémonitoire sa propre légende comme une vocation, le prédestinant à dévoiler les mystères prétendus de Diane, quitte à divulguer, par son propre sacrifice, les secrets d'une divinité aussi contradictoire que provocante. La manière dont il s'y prépare, abandonnant l'exercice du chasseur pour celui spirituel de l'anachorète, nous le montre égaré, hors de l'espace du mythe, dans les antinomies de la conscience ratiocinante, déjà traqué par le dilemme du libre (ou du serf) arbitre. Coupable, non coupable ? Plaider coupable c'est expier le non-voulu fortuit pour se l'approprier comme voulu. Plaidant coupable, Actéon révèle du même coup le sens occulte du geste, apparemment punitif, de la déesse. S'il guette ce geste comme le moment propice d'une extase sacrilège, que signifie que l'homme soit châtié dans le Cerf, le fauve par excellence consacré à la déesse ? Si ce n'est que Diane, réduisant l'homme au silence de l'animal, lui accorde la possession bestiale de sa divinité. Exercice spirituel qui, à défaut de résoudre le dilemme du libre et du serf-arbitre, tourne à la délectation morose de la "cervitude volontaire".

11/1980

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Policiers

La nuit du solstice

Chaque année, à l'époque du solstice d'été, un dangereux maniaque, juché sur les toits de New York, fait tomber un énorme bloc de béton sur les foules qui se pressent à la sortie des théâtres et des cinémas. Crimes parfaits, bien sûr. Pas de piste, pas de mobile apparent. Mooney, parfait prototype de gros flic, dur et débonnaire, absolument rebelle à la hiérarchie, mène l'enquête, dans une ville à l'aspect de bocal putride, parmi les obsédés de la pire espèce, les déchets les plus asociaux qui hantent les bas-fonds de la mégalopole. Très vite, l'enquête va se fondre dans cette atmosphère lourde, insidieuse, rapidement terrifiante, à l'égal de l'extraordinaire Nécropolis qui avait fait la gloire d'Herbert Lieberman (Grand Prix de littérature policière en 1978). On fera connaissance avec deux des plus étonnants personnages que le roman policier américain ait inventés : Watford, l'éternel assisté, vaincu par l'abjection urbaine, qui s'injecte des saloperies, des excréments, toutes sortes de rebuts, sous sa propre peau, perdu dans une manière d'extase rédemptrice : et le richissime Peter Quintius, fleur du gratin, comme l'autre est une fleur de la fange. Quintius élève des cactus dans une serre, des nightbloomers, ainsi appelés parce qu'ils fleurissent la nuit : le maléfice répondant ainsi, page après page, à l'immondice et à l'horreur, comme autant de variations nocturnes et ténébreuses, jusqu'à la nausée. Rarement suspense aura été plus violent et plus maîtrisé, les personnages plus fascinants, la vision d'un auteur de romans noirs plus précise, à l'instar des maîtres de l'après-guerre, de Goodis à McBain, mais sans doute dans une dimension plus foisonnante, qui permet une plongée mémorable dans un univers en proie aux démons, au sang et à l'ignominie. De la fin du livre, nous ne dirons rien, sinon ceci : à New York, rien ne se passe vraiment comme ailleurs. Quand un tueur disparaît, un autre prend aussitôt sa place. L'horreur ne peut pas s'interrompre, ni la nuit des esprits, ni la peur de chacun.

04/1985