Recherche

Correspondance avec les artistes. 1903-1918

Extraits

ActuaLitté

Beaux arts

Lettres à Alice (1914-1919). Correspondance de guerre

D'une malle en osier oubliée est sorti un trésor de guerre. Plus d'une centaine de lettres, inédites, écrites de la main de Derain, toute une correspondance des années de guerre adressée à sa " chère Alice " . Des courriers en mauvais état, à l'écriture irrégulière, tracée avec une encre souvent effacée par l'humidité, mais qui enrichissent prodigieusement la masse épistolaire des années 1914-1919. Décryptées, transcrites et classées, ces lettres disent le quotidien du soldat Derain pendant les quatre années de guerre : ses premiers élans, ses déceptions, son désoeuvrement et ses peurs, sa solitude, sa frustration de ne pas participer à la vie artistique parisienne, ses tentatives, par Alice interposée, de s'inscrire sur le marché de l'art. Elles nous parlent aussi d'un homme que la guerre sépare de sa famille et de ses proches. Les propos de Derain révèlent le caractère affirmé d'Alice, sa compagne, qui deviendra sa femme en 1926. Son esprit libre causait parfois bien du tourment à André, mais il lui avoue en 1917 qu'elle est " le seul être humain dont [il] recherche le vrai suffrage " . Ce volume réunit 254 lettres écrites par André Derain à Alice. Témoignage exceptionnel d'un Français dans la Grande guerre, il est aussi une chronique de la scène artistique racontée d'une plume sensible par un artiste d'une rare intelligence. En coédition avec le Centre André Derain et le Centre Georges Pompidou. Avec la collaboration scientifique du musée de la Grande guerre du pays de Meaux. Ouvrage publié sous la direction de Geneviève Taillade et Cécile Debray. Edition établie, présentée et annotée par Christina Fabiani et Valérie Loth.

10/2017

ActuaLitté

Beaux arts

Franz Marc August Macke. L'aventure du cavalier bleu

Cette exposition présente deux figures majeures de l'expressionnisme allemand et du mouvement Der Blaue Reiter [Le Cavalier bleu], Franz Marc (1880-1916) et August Macke (1887-1914). Dès 1910, ces artistes nouent une amitié portée par leur intérêt commun pour l'art français et plus particulièrement, pour Cézanne, Van Gogh, Gauguin et le fauvisme, qu'ils découvrent lors de leur séjour à Paris. Tous deux expriment dans leurs premiers tableaux, souvent peints en plein-air, une même fascination spirituelle pour le paysage et la nature. C'est au moment de leur rencontre en 1911 avec Vassily Kandinsky et de la création de l'Almanach du Blaue Reiter, que leur peinture prend un tournant plus radical, plus stylisé. Franz Marc abandonne la peinture de plein-air et commence à peindre ses fameux chevaux bleus qui inspirent le titre de la revue. Si Marc co-édite avec Kandinsky l'Almanach, August Macke en réunit les visuels ethnographiques et rédige une étude sur les masques africains. Très actifs, ils collaborent également à l'organisation d'expositions internationales d'avant-garde comme à Cologne en 1912 et à Berlin en 1913 tout en poursuivant leur propre évolution. Ainsi Franz Marc, marqué par l'exposition des Futuristes italiens et par les tableaux de Robert Delaunay, se tourne vers l'abstraction en 1913. Macke, quant à lui, va se distancier de la spiritualité intellectuelle de Kandinsky pour privilégier un rapport plus évident entre l'homme et la nature notamment au cours de son voyage en Tunisie avec Paul Klee. Mobilisés dès août 1914, les deux artistes meurent au front laissant des oeuvres inachevés mais emblématiques du versant hédoniste, coloré et séduisant de l'expressionnisme allemand.

03/2019

ActuaLitté

Histoire de France

Avec les tirailleurs sénégalais (1917-1919) : Lettres inédites du front d'Orient. Tome 2 (avril 1918 - avril 1919)

Ces lettres d'amour et de guerre préentent le récit de la participation de l'adjudant Escholier à l'Armée d'Orient et à l'étonnante épopée qui l'amène, en 1918, des monts de Macédoine aux plaines de Hongrie. Le gradé blanc noue des liens avec les tirailleurs noirs et ce livre pose un regard de plus en plus juste sur les soldats africains et les inscrit déjà dans notre mémoire collective.

09/2013

ActuaLitté

Critique littéraire

Correspondance avec ses amis Bénisti 1934-1958

Voici une cinquantaine de lettres d'Albert Camus à des proches d'Alger rencontrés quand il avait vingt ans : le sculpteur et peintre Louis Bénisti (1903-1995), son frère Lucien et leurs épouses respectives. Aux lettres et fac-similés sont associées, comme autant de traces d'un univers sensible et partagé, des reproductions d'oeuvres de Louis Bénisti, de photographies et d'autres documents. A la faveur de ce dialogue amical, intellectuel et artistique, Camus exprime son idée et sa pédagogie de la philosophie ou ses exigences et scrupules d'éditeur. Surtout, il se livre en toute confiance et simplicité. Confronté à la maladie et aux difficultés de sa vie affective, il aborde la carrière littéraire à la fois inquiet et empli d'espoir, jusqu'à l'arrivée du tourbillon de la célébrité. Exceptionnelle par la précocité et la longévité des amitiés qui la fondent, cette correspondance inédite affine notre vision de l'écrivain. Elle éclaire aussi l'effervescence créatrice d'une jeune génération dans l'Algérie des années 1930.

10/2019

ActuaLitté

Mouvements artistiques

Les primitifs à Bruges et à Paris, 1900-1902-1904. 2e édition

Les primitifs à Bruges et à Paris, 1900-1902-1904 : vieux maîtres de France et des Pays-Bas (2e éd.) / Georges Lafenestre,... Date de l'édition originale : 1904 Le présent ouvrage s'inscrit dans une politique de conservation patrimoniale des ouvrages de la littérature Française mise en place avec la BNF. HACHETTE LIVRE et la BNF proposent ainsi un catalogue de titres indisponibles, la BNF ayant numérisé ces oeuvres et HACHETTE LIVRE les imprimant à la demande. Certains de ces ouvrages reflètent des courants de pensée caractéristiques de leur époque, mais qui seraient aujourd'hui jugés condamnables. Ils n'en appartiennent pas moins à l'histoire des idées en France et sont susceptibles de présenter un intérêt scientifique ou historique. Le sens de notre démarche éditoriale consiste ainsi à permettre l'accès à ces oeuvres sans pour autant que nous en cautionnions en aucune façon le contenu.

03/2023

ActuaLitté

Sciences historiques

Reconnaître les uniformes 1914-1918

Entre 1914 et 1918, la France a levé la plus grande armée de toute son histoire : plus de huit millions de ses enfants sont passés sous l'uniforme. La conjugaison d'une armée pléthorique et du besoin quasi vital de tenir les siens informés aboutit à un usage intensif de la photographie. Mieux que de longs discours, l'envoi d'un cliché à sa famille permet au soldat de montrer son nouvel aspect, d'attester qu'il a toujours bonne mine et de présenter ses amis, ses camarades de l'escouade ou, plus rarement, ses chefs. Il est donc fréquent, dans un lot de vieilles photos de famille, de compter une bonne proportion de clichés de la Grande Guerre. Ils apportent de précieuses informations historiques (voire généalogiques) et sont relativement faciles à dater. Or, pour identifier le sujet de la photo, pour comprendre et exploiter les indications qu'il nous donne, il faut disposer d'une documentation copieuse - et la maîtriser. Ecueils et faux amis sont nombreux, une identification fine n'est parfois possible qu'à l'issue d'une étude comparative avec d'autres clichés ou des objets d'époque (uniformes, équipements, insignes ou décorations). A partir de cas concrets, ce guide donne à chacun les repères utiles pour s'orienter dans ce qui, par bien des aspects, s'apparente à une jungle. Avec quelques "trucs" simples, il sera ainsi possible au lecteur de dater et d'identifier la plupart des photos de militaires qu'il rencontrera au gré de ses recherches.

05/2013

ActuaLitté

Histoire des Etats-Unis (1776

Les noirs americains. 1914-1918

L'histoire des Africains-Américains est marquée au fer rouge par l'esclavage, la ségrégation et les violences raciales. Sans oublier les résistances, les victoires remportées dans la douleur et les cultures artistiques d'une richesse inouïe, comme le gospel et le jazz. De la révolte de Nat Turner en 1831 à l'abolition de l'esclavage en 1865, des lois qui imposent la ségrégation au fameux I Have a Dream de Martin Luther King, du mouvement Black Power à l'élection de Barack Obama jusqu'au slogan "Black Lives Matter" , l'auteur analyse les combats, les conquêtes et les espoirs vécus par les Noirs américains depuis deux siècles.

10/2022

ActuaLitté

Beaux arts

La Vie d'artiste. Tome 1, Les artistes

Après le succès des deux volumes (Cahiers Rouges 2007, 2012) des Vies des artistes de Giorgio Vasari, les Cahiers Rouges accueillent un classique moderne de l'histoire de l'art. Dans La Vie d'artiste, publié en 1970 chez Grasset, Maurice Rheims revient sur la place des artistes dans les sociétés où ils ont vécu depuis deux mille ans. Etaient-ils les serviteurs ou les amis des puissants ? Etaient-ils de modestes artisans ou, déjà, des célébrités couvertes d'or ? Etaient-ils adulés ou méprisés ? Charles Quint ramassant le pinceau de Titien, est-ce une vérité historique, ou un fait légendaire ? De la Rome antique au Paris des années folles, en passant par la Florence de la Renaissance et le Versailles du Grand Siècle, Maurice Rheims répond à toutes ces questions avec un savoir hors pair et un sens imparable de l'anecdote. En plus d'une passionnante histoire de la condition des artistes à travers les âges, ce livre est une histoire de l'art telle qu'elle n'avait jamais été racontée. Commissaire-priseur exceptionnel, qui a organisé la vente des plus grandes collections du monde et évalué la succession Picasso, Maurice Rheims sait mieux que personne qu'il n'y a pas d'art sans marché. Il revient sur les premières formes de négoce, la naissance et les transformations du mécénat, sur les origines et l'explosion de la spéculation financière sur les cotes des peintres. La Vie d'artiste ou que signifie et qu'a signifié pratiquement : être un artiste.

04/2015

ActuaLitté

Histoire de France

Aglaé (1820-1913)

Aglaé de Prangey a vécu près d'un siècle née cinq ans après Waterloo, elle s'est éteinte à la veille de la guerre de 1914-1918. Grandie dans la mythologie de l'Émigration et de la Restauration, elle a connu l'essor culturel et politique du règne de Juillet puis, transplantée de son Hainaut natal à Compiègne, elle a assisté à la fête impériale, ses " séries " et ses chasses, côtoyant Mérimée, Sainte-Beuve ou l'empereur François-Joseph. À travers son beau-frère, le général de Prangey, ami de Mac Mahon et du duc d'Aumale, elle a suivi de près Sedan, la République des ducs ou l'affaire Dreyfus, sans oublier les prodigieux progrès techniques et les vertiges de la Belle Époque. Douairière à l'œil sagace et discrètement sceptique, Aglaé traverse le siècle autant qu'il la traverse. Cette Nordiste, fille, femme et mère d'officiers, a fasciné et façonné son entourage par son éthique, sa culture, sa " tenue à la française " héritée en droite ligne de l'école Maintenon. C'est son parcours intellectuel que Françoise Wagener s'est plu à retracer, au prisme d'une mémoire orale imprégnée des catégories de la vieille aristocratie terrienne et de l'esprit des lieux où s'est déroulée cette paisible et fructueuse existence.

10/2002

ActuaLitté

Récits de voyage

Voyages (1872-1913)

Pierre Loti reste un des modèles les plus accomplis de l'écrivain-voyageur. Marin autant que romancier, il sillonna sans relâche ses continents favoris, curieux de l'identité de chaque peuple, avec une fascination particulière pour les mondes en train de disparaître. Ces récits de voyages peuvent être lus comme les "Essais" d'une vie, au sens à la fois intime et universel que Montaigne donnait à ce mot. Chacun de ces fragments autobiographiques met en scène l'initiation du voyageur au pays qu'il traverse, à ses paysages, son histoire et ses moeurs. Loti se situe dans la lignée des grands écrivains qui, de Chateaubriand à Lamartine ou Gautier, ont parcouru le Maghreb et le Proche-Orient. Mais il se singularise par le fait d'avoir été l'un des premiers à évoquer l'île de Pâques et Angkor, tandis que la Chine, et Pékin en particulier, lui inspira des récits d'une justesse et d'une virtuosité incomparables. Le lecteur d'aujourd'hui éprouvera en lisant ces écrits d'un navigateur d'autrefois tout le charme des univers révolus et sans doute aussi la nostalgie d'une certaine façon de voyager. Un art qui chez Loti, "coureur des mers, coureur des rêves", consistait, en partant vers tous les horizons, à partir avant tout à la recherche de lui-même.

01/2018

ActuaLitté

Poésie

Poésies. 1913-1926

Les expériences auxquelles va se livrer Éluard entre Le devoir et l'inquiétude (1917) et Les dessous d'une vie (1926) n'ont pas pour but d'affirmer l'originalité ou la virtuosité d'un écrivain, d'aiguiser ou de souligner sa singularité, ni de créer "un frisson nouveau" pour les "connaisseurs". Éluard n'est pas non plus à cette époque "à la recherche de lui-même", comme on dit. Tout se passe au contraire comme s'il s'était trouvé d'emblée, en même temps qu'il prend congé de Grindel pour adopter le nom de sa grand-mère. La voix la plus éluardienne se fait entendre dès le début, inimitable comme eau de source, effervescente de limpidité, volubiles et lisses vocalises de bulles d'oxygène naissant.

10/2007

ActuaLitté

Revues

La Nouvelle Revue Française (1908-1943) N° 652, janvier 2022

Editorial : Michel Crépu, "Le voir et crier à la garde, c'est tout un", écrivait Giono de Machiavel... Beauté de la politique : Julien Syrac, Des trois beautés, ou comment faireCynthia Fleury, L'exercice du ralentissement (entretien)Jérémie Gallon, Realpolitik, la confrontation avec le réel (entretien)Catherine Volpilhac-Auger, Laideur et beauté de la politique. MontesquieuEryck de Rubercy, L'ordre comme idéal politique. De Machiavel à GoetheMariano José De Larra, L'homme ballonBlanche Cerquiglini, Les classiques ou l'art de la récupérationKarine Tuil, Tout est politiqueConversation épistolaire : Michel Crépu - Pierre Michon, Une variation sur La ronde de nuit. DialogueLa littérature aujourd'hui : nouvelles voix : Charles Daubas, Chaud froid de toucanAnne Emmanuelle Volterra, Fragments d'objetsArthur Larrue, Amour livreNoemie Parant, L'accident. Lettre à tous les validesPatrick Laurent, Le promenéDouble vue : André Pieyre de Mandiargues, Partie gagnée (présenté par Eric Dussert)La forme et le fond : Olivier Barrot, British Racing GreenNina Leger, Ouvrir les lieux, défaire l'oubliChristophe Langlois, Au seuil de l'invisible. Graduel de Jean-Pierre LemaireArts : Patrick Amine, Les colères de Georg BaselitzNotes de lecture : Michel Crépu, Pascal Quignard, L'amour la mer (Ed. Gallimard)Géraldine Blanc, Emmanuelle Fournier-Lorentz, Villa royale (Ed. Gallimard) - Uli Wittmann, Le crocodile blanc et autres hasards (Mercure de France)Mikaël Gómez Guthart, Miguel de Unamuno, Aphorismes et définitions (Rivages)Gabrielle Lécrivain, Frances A. Yates, Les dernières pièces de Shakespeare (Allia)Antoine Ginesy, Emanuele Coccia, Philosophie de la maison. L'espace domestique et le bonheur (Rivages)

01/2022

ActuaLitté

Psychologie, psychanalyse

Correspondance complète. 1907-1926

Avec cette nouvelle édition d'une correspondance enfin complète, c'est véritablement un nouveau livre qui est proposé au lecteur. L'année 1907, où commence cette Correspondance, est pour Freud une année capitale : elle marque la fin de son isolement, le début de ce qui allait devenir le mouvement psychanalytique. Abraham joue un rôle de premier plan au sein de ce mouvement dont la finalité est double : d'une part, propager la science psychanalytique déjà assurée de ses principes mais qui ne cesse de conquérir de nouveaux domaines - d'où l'importance des publications, de l'enseignement, de la création des sociétés locales ; d'autre part, maintenir la cohésion du groupe tout en favorisant la recherche individuelle, dans un champ qui, plus que tout autre, exclut le critère du «bon sens». Tâche difficile, qui suppose plus d'une révision déchirante et à laquelle excelle Abraham, souvent plus lucide que Freud à reconnaître, chez un Jung ou un Rank, la déviation naissante. Document historique de premier ordre, la Correspondance Freud - Abraham est aussi une discussion scientifique riche, précise, un dialogue psychanalytique, à la fois sérieux et enthousiaste, que suscite une occasion toujours renouvelée : un traitement en cours, une hypothèse théorique, un projet de revue ou même - mais, cette fois, Freud est réticent - un projet de film. En Abraham, Freud sut d'emblée qu'il avait trouvé un disciple qui ne serait pas un fils - soumis ou rebelle - mais un maître à son tour.

05/2006

ActuaLitté

Littérature française

Oeuvres complètes. Volume 22, Romans Tome 4 (1913-1915)

Jamais Ramuz n’aura tenté des formules romanesques aussi variées que durant les années qu’embrasse ce tome, de 1912 à 1915. La Vie meilleure, publié dans « La Semaine littéraire » en 1912, n’a pas été repris en volume par son auteur. Centré sur la figure rimbaldienne d’un rétameur vagabond qui espère réparer la laideur du monde par le pouvoir de l’imagination, ce roman d’apprentissage rappelle par sa forme les textes qui l’ont précédé, mais prépare par ses thèmes plusieurs œuvres à venir comme Le Garçon savoyard ou Adam et Ève. Construction de la maison, écrit au début de 1914, est resté jusqu’à ce jour inédit. L’écrivain le jugeait pourtant porteur d’« un ton nouveau », et pour cause : c’est là une première tentative d’exprimer le vignoble de Lavaux, qui deviendra bientôt la terre promise de sa poétique. Intimement lié à un sol âpre mais fertile dont il s’agit de tirer le fruit, le vigneron y apparaît déjà comme le modèle du poète, jusque dans les aspirations contradictoires que lui prête Ramuz : vivre au jour le jour, au gré des pentes et des saisons, ou accroître un patrimoine. La Guerre dans le Haut-Pays, paru dans les « Cahiers vaudois » en 1915, emprunte son intrigue à l’histoire vaudoise. Selon un schéma fréquent dans le roman historique classique, Ramuz intensifie le tragique de la guerre civile (celle qui déchire la petite collectivité des Ormonts lors de la Révolution vaudoise) en plaçant de part et d’autre de la ligne de tir un père et un fils. Le récit penche pourtant du côté du légendaire, dans la mesure où il confère avant tout au passé le pouvoir de fonder le présent de la collectivité. Dans leur diversité, les romans réunis ici illustrent les voies explorées par Ramuz pour donner corps à une aspiration qu’il place sous les auspices de Cézanne – ce peintre qui, « par le moyen du sol, dresse pour nous un art en face de celui de Paris, un art de race et de milieu ». Ce volume contient La Vie meilleure, Construction de la maison et La Guerre dans le Haut-Pays. Le disque qui l’accompagne comprend une reproduction du manuscrit de Construction de la maison avec sa transcription en regard, deux documents autographes relatifs à La Guerre dans le Haut-Pays, ainsi que les deux versions de ce roman (l’édition originale de 1915 et celle des Œuvres complètes de 1941) qu’un logiciel permet de comparer.

06/2012

ActuaLitté

Histoire internationale

La ville assiégée. Janina (Ioannina), octobre 1912 - mars 1913

Les guerres des Balkans sont restées dans l'ombre de la Grande Guerre. A la veille de la guerre de 1914-1918, six siècles après la domination ottomane, les Balkans se transforment en une véritable poudrière. En octobre 1912, le Monténégro, la Serbie, la Grèce et la Bulgarie déclenchent la guerre sur plusieurs fronts contre l'Empire ottoman. Les Grecs assiègent Janina, l'actuelle Ioannina, capitale de la région de l'Epire, héritière gréco-romaine, près de l'Adriatique. Dans ce contexte, l'auteure, Guy Chantepleure, femme du consul de France, est le témoin privilégié de ce siège. Elle décrit les souffrances des populations, ainsi que les combats, les morts inutiles. Depuis les montagnes escarpées de l'Epire, elle observe, impuissante, la lutte vaine des soldats, les uns pour conserver cette terre ; les autres pour la récupérer. De monts en collines, face à autant de dénuement, le souhait qu'elle exprime est que les cimetières cessent de s'agrandir, les hôpitaux de se remplir. Mais par-delà les privations et souffrances, cette femme, à la fois sur le front et protégée, pose un regard singulier, naïf parfois, sur les événements. Elle les rend plus supportables et, paradoxalement, offre un récit sur le quotidien, l'environnement et le multiculturalisme dans les Balkans qui finit par fasciner.

04/2014

ActuaLitté

Histoire de la peinture

Carnets (1913-1918). Tourments d'un peintre pour réformer le cubisme

"Comment envisager maintenant le problème de la peinture après la guerre ? " , se demandait Maurice Esmein en novembre 1916. Peintre talentueux et critique avisé, il interrogeait les pratiques artistiques de son temps et parcourait les "culs-de-sac" dans lesquels ses contemporains se perdaient. Commentant, parfois sévèrement, les oeuvres de Monnet, de Renoir, de Matisse ou Picasso, fustigeant ses propres erreurs, il était à la recherche d'un genre pictural neuf, d'une "peinture complète" , qui allierait la sensualité à l'intellect, la forme à la matière, la complexité cubiste avec la naïveté sensible de l'impressionnisme. En cela, Esmein était un artiste chercheur : il explorait les moyens d'enrichir le cubisme en y introduisant plus de beauté plastique et d'animation par la lumière. Son entreprise fut interrompue par la Grande Guerre. Engagé volontaire comme infirmier, il fut tué en Champagne. Les Carnets ici publiés pour la première fois permettent de renouer avec les réflexions de cet artiste encore en devenir, et d'imaginer les voies picturales dont son décès nous a privés. Ils sont précédés d'une présentation de la vie et de l'oeuvre du peintre par Jean Esmein.

11/2022

ActuaLitté

Religion

Psaumes. Traductions 1918-1953

Les psaumes, ça n'est pas fait pour dormir dans des vieux livres poussiéreux, ni pour être ânonné ou roucoulé sur des airs qui manquent d'air, de beauté, de culot. C'est fait pour vivre aujourd'hui, louer, crier, pleurer, prier, danser ce qui fait le fond et l'arrière-fond de notre présent avec toute la panoplie des douleurs, espoirs, tristesses, joies. Plutôt que de les retraduire, Paul Claudel a voulu les répondre comme l'écho, en les recréant en toute liberté dans cette langue charnelle, baroque, bruissante qui fait son génie. Le résultat est explosif.

11/2008

ActuaLitté

Littérature étrangère

Oeuvres complètes. Tome 2, Dieu le Ver, Correspondance, 1905-1928

Complémentaire du carnet de bord reconstitué il y a quatre ans en tant que Tout, la correspondance que le lecteur français découvrira ici est le fruit d'une folie. Soit dit sans préjuger du jugement que les uns ou les autres porteront sur l'impossible apostolat du solipsiste apostat, aux prises, dans ces pages, avec son prochain, il fallait à tout le moins de l'idée fixe pour reprendre, à distance, à contre-courant des caprices de l'histoire et des vents politiques, la collecte de vieux papiers dont personne ne s'était soucié depuis l'année des accords de Munich. Folie ou passion, longue patience et course poursuite - perdue de justesse - contre la mort des derniers survivants dispersés entre trois continents, le jeu en valait la chandelle. Le résultat est là : trois cent soixante-dix-neuf lettres à une vingtaine de destinataires, amis ou amantes, proches ou fantoches, qui nous conduisent de la première réaction du monde extérieur au Monde comme conscience et comme rien en 1905 jusqu'à la négation logique de la dernière maladie. Billets de deux lignes ou opuscules de cinquante pages, lettres-cours de philosophie pratique ou romans intimes, d'amour, de mendicité ou de beuverie, lettres-provocations, exercices de style, commentaires sur Stendhal et Voltaire, la Rome antique, la dysenterie et la thermodynamique, cabotines, propagandesques, pragmatiques ou sans autre objet que le pur hédonisme de l'écrit, l'ensemble, en majeure partie inédit en tchèque, ne ressemble, au meilleur sens du terme, à " rien ". Tout un monde donc, au sein duquel le contrepoint fourni par la présence-absence de l'autre donne à entendre quelques-uns des textes non seulement les plus amphibies, mais littérairement les plus achevés et les plus innovateurs de toute l'œuvre de Klima et, en tant que tout, l'expression la plus parlante de son " contradictionisme ".

01/2005

ActuaLitté

Histoire de France

La loi de 1905 n'aura pas lieu. Histoire politique des séparations des Eglises et de l'Etat (1902-1908) Tome 1, L'impossible "loi de liberté" (1902-1905)

Enquête policière autant qu'ouvrage d'histoire politique et d'érudition, ce livre nous entraîne dans les passionnantes aventures des grands hommes qui ont été les acteurs de la séparation des Eglises et de l'Etat en France, comme Briand, Buisson, Clemenceau, Combes, Jaurès et les autres, sans oublier le combat des femmes pour exister face au sexisme ordinaire. L'ouvrage révèle l'importance des modèles étrangers (le Mexique, le Japon...), traque les oublis et les déformations de la mémoire collective, profane la légende dorée d'une "mise au pas" ou d'un "compromis" comme la légende noire d'une "persécution", montre les failles encore présentes dans le renouveau historiographique de ces dernières décennies.

09/2019

ActuaLitté

Critique littéraire

Correspondance 1911-1931

Jean Cocteau (1889-1963) demeura, par-delà les modes, fidèle au souvenir d'Anna de Noailles (1876-1933). Il savait par coeur Lee Eblouissements (1907) quatre ans avant d'en connaître l'auteur. Quand elle mourut, il parla d'elle comme d'"une soeur". En 1963, il lui consacra son dernier livre. Pour la femme-poète fascinante du Coeur innombrable et du Visage émerveillé, "Pallas" moqueuse et "Sibylle" inspirée, la dévotion du Prince frivole s'était muée en une solide amitié, dont témoigne cette correspondance en majeure partie inédite : de 1911 à 1931, trente-six lettres d'elle et quarante-six de lui. Toute une époque y revit, et particulièrement le Cocteau débutant qu'éclaire aussi le témoignage de Jacques-Emile Blanche, révélé en annexe. On comprend comment, au jeune homme fragile de 1911, Anna de Noailles avait insufflé sa foi en la puissance surnaturelle de la poésie.

12/2019

ActuaLitté

Critique littéraire

Correspondance (1912-1942)

Cette correspondance nous révèle l'attitude de deux hommes face à la crise de civilisation qu'entraîne la première guerre mondiale, et face au communisme qui se développe les années suivantes. Elle souligne la différence de l'idée qu'ils se font de l'humanisme.

11/2014

ActuaLitté

Beaux arts

Correspondance (1893-1912)

Riche de près de 300 lettres, la correspondance entre Auguste Rodin (1840-1917) et Antoine Bourdelle (1861-1929) couvre quelque vingt années de création et d'amitié qui voient, de 1893 à 1913, les deux artistes échanger autour de l'art et de la vie. Aux premiers envois qui trahissent des rapports hiérarchiques et déférents s'ensuivent rapidement des lettres où sourdent la sympathie et la complicité. Au praticien Bourdelle et au maître "Monsieur Rodin" succèdent de "chers amis" pleins d'une admiration réciproque. Sous la plume des deux artistes défilent les années et les questions, les doutes et les craintes. On y parle de la taille des marbres, on y dit la peur de ne pouvoir tenir les délais, on y écrit les succès. Ici l'argent qui ne vient pas, les comptes que l'on règle, le conseil esthétique, là les joies que l'on partage. C'est l'histoire de l'art qui se lit et s'écrit, c'est l'histoire, enfin, de deux hommes décidés à s'aider et à collaborer, coûte que coûte.

05/2013

ActuaLitté

Critique littéraire

Correspondance 1897-1919

Stefan Zweig a dix-neuf ans en 1900. A peine sa thèse de philosophie achevée, il échappe aux devoirs de sociabilité qui lui impose sa famille pour se vouer à l'écriture et voyager, de Vienne à Paris, de Londres à la Belgique, du Tyrol aux Etats-Unis, de l'Italie à l'Inde. il rencontre de grands contemporains tels Rilke, Hesse, Schnitzler, Buber, Hofmannsthal ou Romain Rolland auxquels il écrira les lettres rassemblées pour la première fois dans ce volume. Il parvient à faire jouer son théâtre sur les plus grandes scènes, publie des chroniques littéraires dans des revues prestigieuses et met à profit sa familiarité presque instinctive avec les rouages du monde éditorial afin d'imposer en Allemagne le succès de son " cher maître " Emile Verhaeren. Il faut l'expérience de la guerre pour que Zweig découvre le lien qui le rattache à l'Autriche et comprenne les contradictions qui opposent son identité juive et son patriotisme. Il mesure aussi les limites de ses amitiés d'écrivain cosmopolite. Ces lettres passionnantes, dont certaines furent écrites en français, dévoilent au jour le jour les mondes de Stefan Zweig : la bourgeoisie juive viennoise, les réseaux lettrés européens, les revues et maisons d'édition autrichiennes et allemandes, les itinéraires de l'errance distinguée et les terribles " années d'apprentissage " de la guerre. Ce choix de lettres constitue le témoignage d'un des auteurs majeurs de la littérature mondiale sur une période essentielle de l'Histoire européenne.

10/2000

ActuaLitté

Critique littéraire

Correspondance. 1919-1935

Singulier destin que celui de ces lettres ! Traitant de sujets "sensibles" en des temps de "guerre froide", leur publication fut différée pendant quarante ans (de 1947 à 1987) car il s'agissait là d'une véritable bombe idéologique. Cette correspondance croisée, bien loin de n'être que l'évocation de la rencontre et de l'amitié entre ces deux hommes, est aussi et surtout un document psychologique et un acte politique. En 1987, quelque peu hâtivement, fut proposée une version aux transcriptions incomplètes ou réécrites ("francisation" des textes d'Istrati). En 1990, une nouvelle édition parut, mais ans l'indispensable fidélité aux autographes. Il convient d'en procurer enfin une version intègre, à défaut de pouvoir être intégrale, des lettres ayant été perdues, voire détruites. Ainsi, par souci d'authenticité et afin de rendre évident le travail opiniâtre d'Istrati pour maitriser une langue qui n'était pas celle "maternelle", c'est le texte brut des lettres qui est donné, toute francisation étant exclue. Cette correspondance nous renseigne sur une "politique de l'Amitié" telle que la concevait et la vivait chacun d'eux, sur leurs illusions et leurs contradictions quand ils entendaient ériger une mythique "indépendance de l'Esprit" face aux pouvoirs et aux totalitarismes du XXe siècle. Elle révèle aussi que, l'Histoire ayant fait irruption plus qu'en d'autres siècles dans la vie des peuples et des individus, amitiés et amours n'ont pu y échapper et, parfois, n'y ont pas résisté... C'est ce qu'il advint à ces deux hommes. A la fusion lyrique des débuts succède la prise de conscience de divergences irréversibles. Ces lettres sont inséparables des engagements comme des errements politiques de l'époque, où le refus de l'indifférence, le courage, l'exigence de vérité ont pu se transformer en crédulité, en sectarisme. La fin ne peut qu'être tragique. André Gide pensait que le monde serait sauvé par "les hérétiques" et non par les conformistes. Aux lecteurs d'en juger sur pièces.

05/2019

ActuaLitté

Critique littéraire

Correspondance. 1911-1924

La correspondance entre Jacques Rivière et Gaston Gallimard est l'histoire d'une amitié aussi improbable que surprenante. Elle commence avec leur rencontre à La N.R.F. N.R.F., en 1911 : Jacques Rivière venait d'être nommé secrétaire de la revue (il en sera le directeur de 1919 à 1925) et Gaston Gallimard cofondateur des Éditions de la N.R.F. (il en deviendra le gérant, puis le directeur). L'affection s'y exprime sans ambages. Ni la séparation due à la guerre, pendant laquelle la revue cesse de paraître, ni les conflits avec ses fondateurs lors de sa reparution en 1919 ne l'interrompent. Elle s'achève avec la dernière lettre de Rivière, le 13 septembre 1924, cinq mois avant sa mort, le 14 février 1925. Les lettres de Jacques Rivière et de Gaston Gallimard nous font témoins des origines et du développement de La N.R.F. et de ses Éditions. Elles résument la brève carrière de Rivière, romancier, critique et essayiste, et les débuts de celle de Gallimard dans l'édition. Elles sont peut-être plus précieuses encore quand elles éclairent la personnalité de deux hommes venus d'univers si éloignés qu'ils peuvent paraître antinomiques, mais qui, tous deux, font coïncider leur entreprise avec ce que la littérature de leur temps compte de meilleur.

07/1994

ActuaLitté

Correspondance

Correspondance 1941-1958

"A mesure qu'on avance en âge, les idoles changent et se déforment, vous êtes resté le même pour moi." L'idole ? Georges Nicole (1898-1959), critique de poésie renommé et professeur au collège de Nyon. L'admirateur ? Son élève Yves Velan (1925-2017), futur écrivain au parcours hors du commun. Leur correspondance s'ouvre au début des années 1940 sur La Côte lémanique. Alors que Velan vient de perdre son père, Nicole l'entoure d'une sollicitude durable : à la fois figure paternelle de substitution et mentor, il accompagne le romancier durant ses années de formation, au fil d'un échange qui permet au lecteur de plonger dans la genèse d'une oeuvre toute d'exigence et de rigueur. Aux antipodes l'un de l'autre à bien des égards, Georges Nicole et Yves Velan sont pourtant liés par une connivence profonde, fondée sur leur affection mutuelle, le partage de leurs tourments existentiels et un amour viscéral pour la littérature. Correspondance établie, annotée et présentée par Océane Guillemin, responsable de recherches au Centre des littératures en Suisse romande de l'université de Lausanne.

06/2022

ActuaLitté

Critique littéraire

Correspondance 1914-1922

Marcel Proust-Jacques Rivière, Correspondance 1914-1922 Jacques Rivière est l'un des premiers admirateurs de Proust. Rattrapant immédiatement l'erreur du comité de lecture Gallimard qui laissa Du côté de chez Swann paraître chez Grasset en 1913, il envoie à Proust des lettres d'une rare prescience et insiste pour publier dans la N. R. F. des extraits d'A l'ombre des jeunes filles en fleurs. Interrompue par la guerre, leur relation renaît en 1919. Gallimard est devenu l'éditeur à part entière de Proust, et Rivière dirige désormais seul la N. R. F. Leurs fréquents échanges, dont la quasi-intégralité nous est parvenue, constituent l'une des plus exceptionnelles correspondances littéraires du XXe siècle ; ils se poursuivent durant les quatre dernières années de la vie de Proust. Alité, il corrige, remanie et publie peu à peu son chef-d'oeuvre, sans toujours simplifier la tâche d'un Jacques Rivière qu'il tient pourtant en haute estime, et dont le dévouement reste inlassable.

10/2013

ActuaLitté

Critique littéraire

Correspondance. 1911-1949

Ce volume rassemble pour la première fois l'intégralité de la correspondance échangée entre deux hommes de théâtre hors du commun, Jacques Copeau (1879-1949) et Louis Jouvet (1887-1951), dont l'influence n'a pas cessé de nourrir les pratiques contemporaines. Ce qui les unit d'abord, au-delà d'un compagnonnage exemplaire qui les verra côte à côte au Théâtre du Vieux-Colombier de 1913 à 1922, fut le rêve d'une fraternité artistique idéale, d'une utopie théâtrale. Que les circonstances, différends ou querelles d'amour-propre aient fait dégénérer cette mystique, personne ne le contestera. Mais des premiers spectacles de 1913 à l'aventure mouvementée des deux saisons américaines, en passant par la réalisation des dispositifs fixes des scènes new-yorkaises et parisiennes ou leurs échanges sur "la comédie nouvelle" et sur l'éducation originale du comédien des temps modernes, le dialogue entre Jacques Copeau et Louis Jouvet révèle la complicité émouvante qui les a liés, notamment pendant la Première Guerre mondiale. Leurs lettres composent donc un récit unique, celui d'un don de chacun à l'autre, et cela même après le départ de Louis Jouvet du Vieux-Colombier. Jacques Copeau, alors retiré en Bourgogne à la recherche de formules dramatiques inédites, reste le "patron", auquel le cadet, devenu à son tour un des animateurs incontestés de la scène parisienne, rendra hommage jusqu'à sa mort, en octobre 1949.

10/2013

ActuaLitté

Critique littéraire

Correspondance. 1934-1968

" Il va sans dire que lorsque la question se posera : les quelques centaines de lettres qu'il m'a écrites [sic] sont à la disposition de celui, celle ou ceux qui assumeront la responsabilité de son "héritage" littéraire " (lettre 695). Ce post-scriptum de la lettre d'Armand Petitjean écrite le 10 octobre 1968, au lendemain de la mort de Jean Paulhan, et reçue par Dominique Aury, dernière compagne du directeur de La Nouvelle Revue française, reflète bien la préscience historique et la sensibilité de l'auteur. Ce corpus de presque sept cents lettres s'échelonne sur plus de trente ans, de 1934 à 1968. Le lecteur assiste de près à une véritable et passionnante aventure intellectuelle à travers la période la plus turbulente du XXe siècle : les journées de février 1934, le Front populaire, l'Anschluss, la crise de Munich, la " Drôle de Guerre ", la défaite, l'Occupation, la Libération, les débuts de la Guerre froide, la résurrection de La NRF en 1953, la crise algérienne, l'établissement de la Ve République... Indissociable de cette aventure intellectuelle, et actrice aussi capitale que les deux hommes, s'illustre La NRF elle-même, déjà bien établie en tant qu'institution politico-culturelle. Qu'apprend-on à la lecture de ces lettres, en sus de leur inestimable valeur historique ? Pardessus tout, il s'agit de l'amitié. Dès le début, les deux hommes ont conscience d'être sur la même longueur d'ondes. Comme dans toute amitié qui dure, il y a pourtant des querelles et même des menaces de rupture. Des différences vont les opposer, notamment sous l'Occupation. Tour à tour, les lettres révèlent l'humour partagé, la franchise, la fidélité, l'intelligence de cette amitié, en dépit des colères, des vicissitudes, des réconciliations qui la soumettent à l'épreuve. Aléas du destin, aléas de l'histoire, complicités et discussions, exigences à l'égard de soi, à l'égard de l'ami, affection indéfectible : la correspondance de ces deux hommes nous livre enfin ses richesses, sa complexité humaine et historique.

01/2011

ActuaLitté

Littérature étrangère

Correspondance (1910-1954)

Le grand poète russe Boris Pasternak, auteur du Docteur Jivago, avait une cousine, Olga Freidenberg, professeur de littérature grecque à l'Université de Léningrad, née comme lui en 1890, et qui devait le précéder de quelques années seulement dans la mort. Une enfance commune, un moment romanesque d'exaltation partagée au seuil de leur vie d'adultes, puis, surmontant la séparation imposée par de longues années d'épreuves matérielles et d'isolement moral, la complicité spirituelle intacte de deux héritiers des valeurs menacées par la barbarie : voilà ce que cette correspondance, ensevelie sous les décombres d'une époque de destructions, nous ramène au grand jour. Deux écrivains, l'un illustre, l'autre inconnu, s'y manifestent avec l'éclat inimitable de la spontanéité. Leur dialogue nous fait mieux comprendre l'itinéraire qui a mené Pasternak de Ma soeur la vie au Docteur Jivago. Il nous révèle la forte personnalité d'une femme à l'intelligence pénétrante, dont l'ouvre scientifique considérable a été en grande partie étouffée par un environnement hostile. Il projette enfin une vive lueur sur le drame de l'intelligentsia russe face à la Révolution.

03/1987