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Baudelaire Rimbaud

Extraits

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Sciences politiques

Mémoires. Tome 1, La pointe du couteau

Avant de devenir un privilège, la liberté est un choix, une exigence et un combat. Très jeune, Gérard Chaliand s'est juré de vivre libre. Sa nature l'y pousse. Ses lectures de Rimbaud et de Cendrars l'en convainquent. A dix-huit ans, il s'embarque pour Alger où, seul et sans ressources, il apprend à subsister par ses propres moyens. Au retour, il s'inscrit aux Langues O où il découvre l'extraordinaire diversité des peuples et des civilisations. Brûlé par son insatiable besoin d'apprendre, de comprendre, de découvrir et d'aimer, il parcourt l'Europe, le Moyen-Orient puis l'Asie. Il a vingt-cinq ans quand le Mouvement de libération du peuple algérien l'entraîne en politique. Il s'engage dans un réseau de soutien au FLN, puis s'installe à Alger après l'indépendance où il rencontre de nombreux responsables de ces mouvements de libération nationale qui agitent le tiers-monde. Refusant de se laisser aveugler par les discours idéologiques, il veut vérifier sur le terrain la réalité des faits et la sincérité des hommes. Il part dans les maquis de la Guinée-Bissau, au côté d'Amilcar Cabral. Cette expérience décisive détermine son existence. Il ira là où ça se passe pour participer physiquement à l'action, pour observer, analyser et témoigner. Ses innombrables conférences dans le monde entier et sa bibliographie impressionnante témoignent de sa volonté obstinée de dire le vrai. Il est présent sur les lieux conflictuels de la planète. Au coeur du Vietnam en guerre, bien sûr, en Amérique du Sud, dans les camps palestiniens de Jordanie, en Israël, en Irak, au Liban mais aussi aux Etats-Unis et dans ces universités américaines dont il apprécie particulièrement l'énergie féconde. Cette expérience si rare, menée hors de toute institution, en fait un spécialiste reconnu et mondialement sollicité des guerres de libération. Ceux qui chassent en solitaire doivent tout emporter à la pointe du couteau.

05/2011

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Littérature étrangère

Maurice Sachs

L'oeuvre de Maurice Sachs, c'est sa vie même. Cette oeuvre-là n'a pas les belles proportions des classiques. Elle est baroque, ou cubiste, ou fauve, ou un sale mélange des trois. Sachs, toute sa vie, fait des coups, des malversations et des saloperies. Il écrit des livres : Alias, Au temps du Bouf sur le toit, Le Sabbat, La chasse à courre. Il connaît des amours, noue et dénoue des amitiés, se marie, se convertit deux fois. Mais ces insignifiances, c'est pour meubler. D'ailleurs, les meubles, il n'y est pas attaché, surtout ceux des autres. Il les vend. Il «emprunte» et se «refait». En attendant que la vraie vie commence sous des auspices meilleurs que ceux de son enfance : un père tôt parti sans lui dire s'il est juif ou pas, une mère fantasque experte en escroqueries. Sachs, qui fut l'aventurier même dans le Paris de l'entre-deux-guerres dont il se voulut le chroniqueur, rêve d'une vie d'ordre. Il rencontre des jeunes gens passionnés de littérature, beaux et intelligents. Il aimerait à son tour jouer le rôle de Maritain, Cocteau ou Max Jacob à l'égard d'une certaine jeunesse de leur époque, qui les entoura, et les adula. Mais il aurait fallu que le nom de Sachs brillât au ciel de la gloire. Il n'en fut rien. Car sa gloire ne fut pas tardive. Elle ne fut jamais. Le départ de Sachs pour l'Allemagne en novembre 1942, comme travailleur volontaire, n'est pas celui de Rimbaud pour le Harrar : l'un a son ouvre derrière lui, l'autre devant ; l'un finit dans le négoce, l'autre à la Gestapo. Et on ne pourra pas appeler gloire posthume la réputation sulfureuse du «Juif collabo» abattu par la S S sur le bord d'une route au crépuscule du Reich. Sous l'effervescence picaresque d'une vie de drôlerie et de total amoralisme court quelque chose de tragique.

10/1988

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Policiers

Play Boy

Play Boy, c'est un titre qui se veut aventureux. Une référence au célèbre magazine un temps si sulfureux ? Oui et non. La vie elle-même n'est-elle pas une aventure, un long combat pour une existence dont le but est plutôt incertain ? Mais si la vie est difficile, elle est surtout courte, et donc précieuse, et donc belle. Et c'est justement pour laisser une trace de leur passage que certains ne veulent périr sans avoir crié témoignage. Il y a des guerres, des enfers, des famines, des violences. Le monde est triste, négatif. L'homme est dualité : bon et mauvais. La nature est brute, et s'exécute. Mais il y a aussi de la lumière sur les ombres du temps. Une lumière qui éclaire notre passage, et qui parfois l'éclabousse. Les hommes sont des messagers intemporels. Parce qu'il faut bien croire en quelque chose, parce qu'il faut bien rêver que tout cela ne soit pas vain... L'Art, donc, nous y voilà. L'art comme un goût tout à chacun : moderne, ancien, old school, futuriste. Oui, c'est bien pour laisser une empreinte que nous peignons, écrivons, photographions, bref, que nous illustrons les détails de l'illusion finale : la vie. Pascal Pacaly Livre illustré par la fine fleur de la création contemporaine de France, des USA, du Mexique, du Japon... des artistes du monde entier dans un livre unique ! Charlélie Couture, Robert Waldo Brunelle Jr, Jérémy Magnin, Abraham Orozco, Mike Rimbaud, Carlos Olmo, Éric Fleury, François Maigret, Virginie Bathory, Niko Kko, Toto Pissaco, Stéphane Zoz, Laurent Fièvre, Wendy Develotte, Mikaël Petit, Elliot Feldman, Alexandre Miralles, Éric Viou, Jean-Louis Orozco Medina, Fofy, Ludovic Fevin, Jym Factory, Toshiya Trash Tsudura, Senyphine, Bianca Olson, Emmanuel Grange, Bulbe Bulbe, Romain Lubière, Robert David Elwood, Peter Skull, Richard J Frost, Lou Rusconi, JR Williams, Dadu Phoenix, Patrice Woolley, Sylvain Tentaculesque, Ludovic Sallé, Régis Gonzalez, Alexis Chomel

10/2015

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Critique littéraire

Benjamin Fondane entre philosophie et littérature

Né à Jassy en 1898, Benjamin Fondane vécut à Paris de 1924 à 1944, et fut assassiné à Auschwitz . A la fois poète, philosophe, essayiste, dramaturge et cinéaste, il est l'auteur d'une oeuvre considérable, marquée par trois cultures : roumaine, juive et française. Résolument moderne, Fondane s'est tenu à distance des systèmes littéraires et philosophiques, tout en se passionnant pour les aspects novateurs de la pensée et de l'art de son époque. Une figure attachante, peu connue du grand public, qui nous plonge dans un monde d'entre deux guerres où se cherchait l'Europe. Monique Jutrin, professeur de littérature à l'Université de Paris, puis à celle de Tel-Aviv, éditrice et fondatrice de la société d'études Benjamin Fondane, directrice des Cahiers Benjamin Fondane, a rassemblé ici un certain nombre de textes de l'auteur envisageait de regrouper en livre. Selon une note destinée à sa femme et à sa soeur, probablement rédigée en automne 1942, au moment où il espérait pouvoir quitter la France pour l'Argentine, Fondane avait lui-même songé à réunir ses articles en volume sous le titre : Chroniques de la nuit obscure . Fin mai 1944, dans son testament littéraire de Drancy, Fondane prévoyait un volume comprenant ses articles de philosophie. Il précise qu'ils sont rassemblés dans un carton portant le titre : Essais épars, avec en sous-titre : Chroniques de la philosophie vivante. C'est ainsi que, en rassemblant aujourd'hui ces articles épars, j'ai la sensation de réaliser un voeu de l'auteur. J'y ai joint des inédits. Si ces écrits des années vingt et trente peuvent intéresser le lecteur d'aujourd'hui, c'est que Fondane y a pris position dans les grands débats de son époque, tant littéraires et philosophiques qu'idéologiques : à propos de Dada et du surréalisme, du marxisme, de la psychanalyse, des liens entre poésie et métaphysique, de la lecture de Rimbaud ou de Lautréamont...

08/2015

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Littérature française

Le combat des racines Tome 1

" A cette fleur qui a poussé sur un champ radioactif, à cette lionne dont on a voulu limer les griffes, indomptable et incontrôlable. Son arme a toujours été son cartable, son éducation scolaire. Depuis toute petite assoiffée de romans et de Baudelaire, cette femme c'est ma mère que je découvre en lisant, car vous pouvez le comprendre, ce genre d'êtres ne délivre ses sentiments qu'en écrivant. Parfois, la froideur peut être mal comprise, mais dessous ce bloc de glace se cache une femme dont l'Algérie est éprise : C'est la rébellion, la dissidence, de quoi faire jalouser son Ex la France, de quoi faire réfléchir quelques internationales instances. Sur le plan de l'homme ou de la femme, bien plus qu'une espèce animale, un être doué de raison et de tort qui pour goûter au parfum de la liberté affronterait la mort, la faim et le froid, suivant ainsi sa propre loi, celle du ça, du moi et du surmoi, à savoir celle de l'inconscience, pourtant la seule à se rebeller contre l'injustice et l'indifférence, et cette héroïne, dont on est vite accro, a fait ce choix de s'attacher à sa liberté comme à un velcro, se mettant ainsi tout le monde à dos. Mieux vaut vivre reine déchue qu'entourée d'hypocrites courtisans. Plutôt que d'être une sédentaire dépressive qui se contente d'une tisane pour goûter à l'ivresse de la vie, elle a préféré être une gitane qui rit, qui danse, un Amazigh, un insoumis ! Cette femme à elle seule c'est l'Algérie entière qui s'est auto détruite. En raison de sa beauté et sa générosité, elle ne savait pas compter quand elle aimait. Elle a laissé place à ses fossoyeurs, menteurs et voleurs lui manger son coeur. Puissiez-vous tout comme je l'ai fait, vous réfugier dans ce journal qui a mis tant d'années à sortir. Vous y sentir comme dans votre maison, et par dessus tout, ouvrir votre coeur ainsi que de nouveaux horizons ! "

03/2020

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Sciences historiques

Les chiffonniers de Paris

Les chiffonniers de Paris au XIXe siècle : un sujet original et inattendu. Un sujet d'une grande richesse, entre histoire, économie, urbanisme, littérature et art. Morceau de vieux linge, le chiffon sert à la fabrication du papier. Or la demande explose après la révolution Industrielle, avec l'essor de l'instruction et l'abondance de la presse. Le chiffonnier est à la fois l'inquiétant rôdeur des nuits de la capitale et l'agent indispensable des progrès de la société. Sa figure hante l'oeuvre des écrivains et des peintres, d'Hugo à Baudelaire et Théophile Gautier, de Daumier à Gavarni. Dans son Tableau de Paris, Louis-Séhastlen Mercier repérait en 1781 sa montée en puissance : "Le voyez-vous, cet homme qui, à l'aide de son croc, ramasse ce qu'il trouve dans la fange et le jette dans sa hotte ?... Ce vil chiffon est la matière première qui deviendra l'ornement de nos bibliothèques, le trésor précieux de l'esprit humain. Le chiffonnier précède Montesquieu, Buffon et Rousseau." On voit les dimensions que prend le sujet. Antoine Compagnon les explore avec une érudition inépuisable, De l'hygiène des rues de Paris à l'administration des déchets ; de la prostitution, dont le monde recoupe celui des chiffonniers, à leur recrutement et aux mythes qui les entourent. C'est à une plongée toujours surprenante dans le Paris nocturne que nous convie l'auteur, le Paris des bas-fonds et celui de l'imaginaire collectif. Qui croirait que le premier dessin cité dans le Grand dictionnaire universel de Pierre Larousse à l'article "Caricature" montre un chiffonnier ? Le crépuscule du chiffonnage parisien date de la fin du Second Empire : on fabrique maintenant le papier avec la fibre de bois et, en 1883, le préfet Eugène Poubelle décrète que les ordures seront déposées dans des récipients, lesquels prendront son nom. Mais le malfaisant marchand d'habits des Enfants du paradis, le film de Carné, suffit à illustrer la survivance du chiffonnier dans les représentation de Paris.

10/2017

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Actualité et médias

Mauritanides. Chroniques du temps qui ne passe pas

Cet ouvrage reprend une centaine de chroniques publiées par l'intellectuel et journaliste mauritanien Habib Ould Mahfoudh (1960-2001). Lesdites chroniques sont parues dans les colonnes de divers organes de presse locaux, parmi lesquels celui qu'il a fondé lui-même (Le Calame), entre 1991 et la date de sa disparition prématurée. L'ironie mordante qui parcourt la plupart de ces textes et leur indéniable qualité d'écriture témoignent d'un mariage particulièrement réussi des traditions littéraires orales et écrites de Mauritanie avec des apports culturels francophones, aussi éclectiques que judicieusement arrangés et choisis par cet ancien professeur de français des établissements secondaires mauritaniens. Ces textes constituent une somme unique de témoignages au jour le jour sur une décennie (1991-2001) d'évolution politique de la Mauritanie. Ils regorgent de notations, de références, de citations et parfois de longs développements, qui attestent de l'étendue des connaissances de leur auteur sur l'histoire, la société et la culture de son pays. Ils offrent une sorte de manuel de sociologie sauvage appliquée en particulier aux traits grotesques ou affligeants d'un petit despotisme rural, qui s'est parfois montré capable des pires exactions, comme celles dont ont été victimes les communautés noires de Mauritanie en 1989-91. Esprit rebelle, confronté aux tracasseries d'une administration ubuesque, Habib a régulièrement fustigé dans ses chroniques la bêtise communautaire et la xénophobie, l'arbitraire, la bigoterie, la flagornerie courtisane et la langue de bois. Il excelle à subvertir les formules toutes faites, les syntagmes figés, où somnole la sottise ordinaire. Ce recueil est tout en même temps une ardente défense de la liberté de la presse sous des cieux tropicaux où elle est souvent mise à mal, un diagnostic des dérives autoritaires observées en Afrique et ailleurs sous la houlette des militaires putschistes, et un objet littéraire non identifié où se côtoient avec humour les classiques de la littérature arabe et européenne, les poètes populaires maures et les chansonniers français, Baudelaire et San Antonio, Emmanuel Kant et Pierre Dac.

11/2012

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Littérature française

Oscar de Profundis

La fin du monde est proche. Une pluie glacée s'abat sur les hordes de sans-abri à qui les nantis ont abandonné le centre-ville de Montréal. En cette nuit du 14 au 15 novembre, règne pourtant une effervescence inhabituelle : Oscar de Profundis revient dans sa ville natale pour deux concerts exceptionnels. La rock star s'est fait longtemps prier. Traumatisé enfant, Oscar a fui Montréal des années auparavant. Dans un Etat mondial qui baragouine le sino-américain, il n'a gardé de ses origines que le culte de la langue française dont il révère les écrivains - le De profundis clamavi de Baudelaire est tatoué sur son dos - et truffe de citations ses chansons. S'appliquant, grâce à son immense fortune, à vivre en marge de l'apocalypse, il accumule dans ses nombreuses résidences les vestiges - livres, disques, films ou même sépultures - d'une civilisation engloutie. L'emploi du temps de son court séjour a été verrouillé. Une immense villa du XIXe siècle accueille la star et sa suite. Tout contact avec l'extérieur est proscrit, d'autant que s'est déclarée la maladie noire, qui a déjà débarrassé plusieurs métropoles de ses miséreux. Dehors, des bandes rivales, sachant leurs jours comptés, mettent la ville à sac. L'une d'entre elles pourtant, menée par la grande Cate, aisément repérable grâce à l'épervier qui ne la quitte jamais, se résout à une ultime révolte. Quand l'état d'urgence est proclamé et les aéroports bouclés, assignant à résidence la rock star, Cate et les siens passent à l'action. Catherine Mavrikakis, sondant avec son acuité coutumière les arcanes d'un monde voué à sa perte, livre ici une envoûtante fable apocalyptique, où les dérives hallucinées d'Oscar, reclus et sous l'emprise de drogues, répondent aux atermoiements des gueux désespérés. Mais le pire n'est pas toujours sûr : après bien des péripéties, le seul libraire de la ville s'en sortira, sauvé par Scott Fitzgerald et Hermann Hesse.

08/2016

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Littérature étrangère

Le rose Tiepolo

Toute sa vie, Tiepolo aura peint sur commande pour les églises et les palais, couvrant de fresques jusqu'aux vastes plafonds de la Résidence de Würzburg ou du palais royal de Madrid. Dans son oeuvre s'anime toute la vie d'une époque - le dix-huitième siècle - qui l'admira sans se préoccuper de le comprendre. Il ne fut que plus facile à Tiepolo de lui échapper, et de livrer son secret à ses seules gravures, trente-trois Capricci et Scherzi. Chacune est comme le chapitre d'un roman noir, éblouissant et muet, peuplé de personnages hétéroclites et déconcertants : éphèbes épanouis et Orientaux ésotériques, Satyres et Satyresses, hiboux et serpents - et même Polichinelle et la Mort. De page en page, nous les retrouvons côtoyant Vénus, le Temps ou Moïse, Armide ou la cohorte des anges, Cléopâtre ou Béatrice de Bourgogne : une foule bigarrée, une troupe de bohémiens itinérants, cette " tribu prophétique aux prunelles ardentes " dont parle Baudelaire. Plus qu'un brillant intermède dans l'histoire de la peinture, l'art de Tiepolo fut une manière à travers laquelle les formes se manifestèrent, un certain style dans le déploiement de leur défi. Ses figures révèlent une fluidité sans effort ni obstacle. Toutes accédaient au ciel sans oublier la terre, incarnant une dernière fois la vertu suprême de la civilisation italienne : la sprezzatura. Nul mieux que Tiepolo ne sut donner à voir ce que Nietzsche appelait " l'Olympe de l'apparence ". Après La ruine de Kasch (1987), Les noces de Cadmos et Harmonie (1991), Ka (2000) et K. (2005), Le rose Tiepolo se présente comme le cinquième volet d'une oeuvre en devenir, dont les différents moments, fortement articulés entre eux, élaborent les matières les plus diverses, sans qu'aucun ne puisse être assigné à un genre établi. Le présent ouvrage, entre récit et essai, est enrichi de plus de quatre-vingts illustrations faisant contrepoint au texte, et réalise une véritable osmose entre l'image et le mot.

05/2009

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Critique littéraire

La blessure du réel. La poésie et l'art à l'épreuve du monde

Ce livre cherche à penser les conditions modernes de la création poétique et artistique, en dehors des facilités actuelles liées à un discours passe-partout qui autorise toutes sortes de dérives, en reprenant un fil conducteur pas tout à fait perdu mais de moins en moins visible, une généalogie (certes non exhaustive) : celle qui part de la pensée de Vico (XVIIIe siècle) et de son anthropologie philosophique anti-cartésienne, et qui se propose de réhabiliter l'imagination pensante des poètes, mais aussi celle de certains philosophes qui ont osé penser contre la philosophie, ou sur ses marges. Ce fil généalogique se déroule à travers des oeuvres et des figures majeures de la modernité européenne, de Vico à Hölderlin, de Leopardi à Rilke, de Baudelaire à Kierkegaard, de Celan à Campana, de Staël à Morandi, à Giacometti. S'ils relèvent de modes d'expression et de domaines différents, une chose les réunit : c'est le sens d'un faire qui touche au "réel", qui le transforme ou le transpose, qui s'expose aussi à sa force parfois destructrice. D'où la question permanente d'un dépassement du nihilisme, d'un principe de "résistance", sur lequel la peinture, la poésie, la philosophie se rencontrent, s'entretiennent et se reconnaissent. Cette rencontre a pour enjeu le sens et l'existence même de l'oeuvre, sa consistance, sa capacité à durer, et la possibilité d'interpréter le monde, au-delà de la simple compréhension, sur le mode de l'épreuve. La pratique de l'art et de la poésie - telle est la "thèse" de ce livre - n'est pas une façon de se dérober à la " force " du monde, voire à sa "pesanteur", de s'abriter dans un "autre" monde ou dans un espace de jeu gratuit, selon une tendance autotélique très forte aujourd'hui, mais une confrontation tendue, un polemos qui se déroule dans le monde, dans le temps, qui fait de l'oeuvre une expérience.

10/2011

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Littérature française (poches)

Mon voyage en Amérique. suivi de Le retour

Premier texte autobiographique de son auteur, ce Journal d'une traversée de l'Atlantique donne l'occasion à Freddy Sauser, futur Blaise Cendrars, de faire l'inventaire de ses espoirs, de ses hantises et de ses lectures. Sur le Birma, il s'arrange pour ne jamais rencontrer l'"ostrogoth qui partage [sa] cabine". Vivant donc sur le pont, il observe l'océan qu'il associe à l'agitation de son âme. Sur un mode baudelairien, il perçoit le voyage comme un espace-temps suspendu. La contemplation de la mer - il compare les "collines" d'eau au "balancement gracieux des mammouths" - convoque une foule d'associations artistiques, et sous la plume du jeune écrivain défilent oeuvres et d'auteurs : Odilon Redon, Léonard de Vinci ou Ferdinand Hodler en peinture, Bach, Mozart et Beethoven en musique et, en littérature, Remy de Gourmont, Huysmans, Baudelaire, Verlaine, Maeterlinck, Maupassant. Ces jeux de reprise et de couture qui resteront sa marque sont nombreux dans ce premier écrit, rattachant l'écrivain en devenir à ce "jeu de miroirs littéraires dont Cendrars a très bien vu qu'il était la littérature même". Faisant diptyque avec Mon voyage en Amérique, Le Retour prend lui aussi la forme d'un cahier de notes. Mais le contraste est fort : oubliés l'orgueil et l'exubérance de l'aller, tout lyrisme a disparu. Confronté à lui-même, rentrant seul, le voyageur désabusé s'identifie à tous les "fatigués d'Amérique". Plus tard, en 1950, il confiera qu'à New York, en 1912, il mourait de faim mais "apaisait [s]a furie d'apprendre" en s'enfermant à la Central Library. Le jour de Pâques, la bibliothèque étant fermée, il était entré par hasard dans une église de la 5e avenue où se donnait La Création de Haydn. Et c'est à la suite de cette audition qu'il avait écrit, d'une traite, le poème qui signera son entrée dans l'avant-garde parisienne : Les Pâques à New York.

02/2015

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Ethnologie

Non-Lieux. Introduction à une anthropologie de la surmodernité

Après La Traversée du Luxembourg, Un ethnologue dans le métro et Domaines et châteaux, Marc Augé poursuit son anthropologie du quotidien en explorant les non-lieux, ces espaces d'anonymat qui accueillent chaque jour des individus plus nombreux. Les non-lieux, ce sont aussi bien les installations nécessaires à la circulation accélérée des personnes et des biens (voies rapides, échangeurs, gare, aéroports) que les moyens de transport eux-mêmes (voitures trains, trains ou avions). Mais également les grandes chaînes hôtelières aux chambres interchangeables, les supermarchés ou encore, différemment, les camps de transit prolongé où sont parqués les réfugiés de la planète. Le non-lieu est donc tout le contraire d'une demeure, d'une résidence, d'un lieu au sens commun du terme. Seul, mais semblable aux autres, l'utilisateur du non-lieu entretient avec celui-ci une relation contractuelle symbolisée par le billet de train ou d'avion, la carte présentée au péage ou même au chariot poussé dans les travées d'une grande surface. Dans ces non-lieux, on ne conquiert son anonymat qu'en fournissant la preuve de son identité - passeport, carte de crédit, chèque ou tout autre permis qui en autorise l'accès. Attentif à l'usage des mots, relisant les lieux décrits par Châteaubriand, Baudelaire ou les " passages " parisiens de Walter Benjamin, l'ethnologue remarque que l'on peut se croiser à un carrefour alors que l'échangeur interdit toute rencontre. Si le voyageur flâne en chemin ou s'égare sur une route de traverse, le passager qui prend le TGV ou l'avion est déterminé par sa destination. Aujourd'hui, les repères de l'identité et le statut de l'histoire changent en même temps que l'organisation de l'espace terrestre. Dans ce livre, Marc Augé ouvre de nouvelles perspectives en proposant une anthropologie de la surmodernité qui nous introduit à ce que pourrait être une ethnologie de la solitude.

03/2002

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Critique littéraire

Bruxelles. La ville vue par les écrivains du XIXe siècle

Les écrivains du mouvement réaliste (1840-1880) ont été les témoins direct des mutations sociales, aussi bien en ce qui concerne les conditions de vie que les mentalités opérées au XIXe siècle.Au fil de l'histoire de la littérature française de Belgique, ces écrivains ont été les premiers à créer des oeuvres originales et à décrire leur environnement tel qu'il était. Pourquoi donc leur réel talent fut-il ignoré, dans leur pays, méconnu, voire méprisé ? Alors que de grands écrivains français leur reconnaissaient non seulement ce talent mais aussi une " identité belge " propre. Ce sont ces auteurs réalistes qui ont préparé le terrain et créé le ferment de l'éclosion de la littérature française de Belgique. Il était temps de leur attribuer la place qui leur revient, de les réhabiliter.A travers une véritable promenade littéraire pour le moins surprenante, émergent des pans historiques oubliés, des lieux pittoresques souvent disparus de la ville de Bruxelles et de ses environs. On prend réellement conscience de la qualité de vie que cette époque offrait à ses habitants. Les descriptions sont précises. Comme s'il s'agissait d'un grand reportage sur cette période, dominée encore par un esprit largement bucolique, proche de la nature. On s'immerge littéralement, en pleine objectivité, au centre de la physionomie et les moeurs bruxelloises au XIXe siècle. On les savoure avec bonheur et, sans retenue, on se laisse entraîner par ces riches évocations littéraires.On mesure aussi le fossé qui s'est creusé entre la vie de cette jeune capitale et l'actuelle capitale de l'Europe.Le lecteur trouvera au fil de sa lecture les évocations de quelques grands auteurs étrangers, tels que Brontë, Baudelaire, Hugo, de Nerval, illustres visiteurs ou résidents de la ville à cette époque, dont la prose rejoint la plupart du temps, par la forme et le fond, celle des écrivains réalistes belges.Il faut lire cet essai pour le plaisir de la découverte.

11/2019

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Critique

Marceline Desbordes-Valmore, Les Pleurs

A l'heure où la littérature, et a fortiori la poésie, sont affaire virile, essentiellement réservée à une élite sociale et intellectuelle parisienne, le destin de Marceline Desbordes-Valmore fait figure d'anomalie à plusieurs titres. Femme provinciale modeste, d'abord comédienne et chanteuse de métier, autodidacte, elle est pourtant tôt reconnue et obtient une notoriété dont attestent les nombreux hommages qui lui sont dédiés au fil du siècle par Lamartine, Baudelaire, Verlaine, Saint Beuve, plus tard par Aragon, Stefan Zweig, Yves Bonnefoy. Si elle tient un statut particulier au sein de l'histoire littéraire, cette "oubliée admirée" - selon les mots de Christine Planté - s'est pourtant souvent vue réduite à une image sentimentale et larmoyante, portrait qui a joué en sa défaveur à l'heure d'un regain d'intérêt pour les figures féminines des siècles passés, et en partie encouragé par le titre de l'un de ses recueils les plus célèbres, qui fait l'objet de la présente étude, Les Pleurs. Paru en 1833, ce recueil est pourtant bien plus que le témoignage d'une douleur personnelle, et mérite d'être lu au-delà de la biographie ou des représentations réductrices entourant la "sincérité féminine" . Si la poésie passionnée et l'épanchement des pleurs en sont constitutifs, ils y prennent une valeur universelle au travers d'un dialogue entre le soi et l'autre. Les pièces amoureuses y côtoient par ailleurs des morceaux didactiques, teintés de politique et d'une indignation sociale qui s'affirmera dans ses oeuvres plus tardives, pour forger un ensemble pluriel. L'écriture, surtout, par la grande part qu'elle offre à l'oralité et surtout à la vocalité, par sa recherche de simplicité et de mouvement, mérite d'être redécouverte. Marceline Desbordes-Valmore s'y inscrit dans une tradition poétique ancienne et contemporaine, masculine et féminine, et y travaille l'émotion comme catalyseur d'une parole à la fois personnelle et en partage, dont les contributions de cet ouvrage tentent de restituer la richesse.

10/2022

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Sociologie

George Brummell, dandy, saint et martyr

George Brummell, prince des dandys, ne doit pas être confondu avec tous les épigones qui ont usurpé et dévalué ce titre. L'envers des élégants qui rivalisent entre eux par la coupe ou la richesse de leurs parures, le dandysme selon Brummell est un art du dépouillement, déjà illustré, en d'autres temps, par la peinture et la sagesse orientales. A ce titre, il s'oppose radicalement à toutes les formes d'excentricité, incarnées par Barbey d'Aurevilly, biographe de Brummell, et, à l'occasion, par Baudelaire. Il introduit ainsi une forme inédite d'harmonie fondée sur la négativité, par où il rejoint l'esthétique des troubadours ou de Mallarmé. Par là, il présente dans le monde le modèle d'un homme sans qualités, bien fait pour déstabiliser les lords et les ladies de la cour du régent. Il parachève son personnage par la pratique d'un humour assassin dont chaque trait détient une perle de la pensée, pour peu que soit dégagée la "substantifique moëlle" qu'il recèle, à quoi échouèrent jusqu'ici ses différents critiques. Si Brummell a exercé pendant vingt ans une souveraineté absolue dans tous les salons d'Europe, c'est qu'il introduisait, à travers son déni de la mode, une subversion de tous les idéaux et de toutes les valeurs de l'ancien monde, pour quoi il fut plusieurs fois comparé à Napoléon par ses contemporains. Un point toutefois est resté ignoré des historiens, c'est que cette action destructrice impliquait la propre disparition de son auteur, ce qu'il accomplit lui-même par sa ruine financière préméditée, sa disgrâce provoquée auprès du régent, son exil en France enfin où il va connaître la misère, la prison pour dettes, la folie et la mort, annonçant par là le destin d'un autre personnage, Oscar Wilde, son seul héritier, qui, après avoir connu une gloire pareille à la sienne, parcourra le même chemin de croix, au terme duquel il éprouvera, comme Brummell, une même apothéose.

02/2023

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Ecrits sur l'art

Les arpenteurs de rêves. Dessins du musée d'Orsay

Dans ce XIXème siècle qualifié de "siècle de papier" , les arts graphiques ont occupé une place de choix dans l'oeuvre des artistes représentés dans les collections du musée d'Orsay. En raison de la fragilité des oeuvres sur papier à la lumière, la majeure partie de ces feuilles sont conservées en réserves, consultables uniquement sur rendez-vous, et donc restent encore à être découvertes par le grand public. Le catalogue propose un cheminement par et à travers l'imaginaire des artistes, sans les enfermer dans des mouvements et en tissant un dialogue plutôt par association libre entre leurs dessins. Ainsi le terme d'arpenteur se réfère-t-il au mouvement : celui de la main qui trace des lignes. Tracé, trajet, retours, repentirs, reprises sont partie intégrante du dessin, sans chemin déterminé : le dessin comme lieu d'expérimentation, d'hésitations, où le doute reste visible. On y percevra le cheminement de l'artiste, cheminement qui pourra aboutir à autre chose, à un tableau, un décor, une sculpture, un objet, une architecture, mais le plus souvent le cheminement reste sans but, ou sans but autre que de dessiner mieux, mieux saisir la forme, mieux donner corps à ses rêves, parfois pur plaisir et délassement. "Arpenteur" traduit donc l'idée du dynamisme du dessin, de sa dimension inchoative et progressive. Le catalogue est aussi une invitation au voyage, moins au voyage pittoresque qu'au voyage dans l'imaginaire. Les "rêves" sont entendus au sens large, de monde intérieur, d'onirisme, de songe, rêverie et imagination créatrice. Les artistes dessinent "la carte du monde imaginaire (qui) n'est tracée que dans les songes" (Charles Nodier, Rêveries). Ils pénètrent la "seconde vie" qu'est le rêve et percent "ces portes d'ivoire ou de corne qui nous séparent du monde invisible". (Gérard de Nerval, Aurélia). Grâce au pouvoir de l'imagination, ils créent "un monde nouveau" apparenté avec l'infini (Charles Baudelaire, Salon de 1859, III, "La reine des facultés").

07/2022

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XIXe siècle

Louis Janmot. Le poème de l'âme

Commencé à Rome en 1835 et poursuivi jusqu'en 1881, Le Poème de l'âme est le grand oeuvre de l'artiste lyonnais Louis Janmot (1814-1892), à la fois pictural et littéraire. Il illustre en 34 compositions accompagnées d'un long poème le parcours initiatique d'une âme sur la Terre. Formé de deux cycles respectivement composés de 18 peintures et de 16 grands dessins, il fut qualifié par Henri Focillon, directeur du musée des Beaux-Arts de Lyon de 1913 à 1924, "d'ensemble le plus remarquable, le plus cohérent et le plus étrange du spiritualisme romantique" . Le premier cycle, achevé en 1854, raconte les premières années au Ciel et sur la Terre d'une âme, représentée sous les traits d'un jeune garçon et accompagnée d'une jeune fille. On suit les étapes et les vicissitudes de leur parcours, de la naissance du garçon jusqu'à la mort prématurée de la jeune femme. Théophile Gautier et Baudelaire furent attirés par ces toiles exposées à l'Exposition Universelle de 1855, grâce à l'intervention de Delacroix. Achevé en 1881, le second cycle raconte comment le garçon, désormais seul, est confronté aux tentations et aux malheurs de l'âme humaine. Un poème de 2814 vers, écrit par Janmot et intitulé L'Ame, accompagne les oeuvres. Il renforce leur signification et leur est indissociable. L'ensemble compose une oeuvre hybride, littéraire et picturale, qui invite à la contemplation, à l'écoute, à la déambulation. Janmot, peintre de l'âme, est un artiste très singulier dans son temps, mais son oeuvre fait écho à celle de plusieurs autres artistes tels que William Blake, Philipp Otto Runge ou Francisco de Goya avant lui, ses contemporains les Préraphaélites, ou encore, plus tard, les symbolistes, en particulier Odilon Redon qui a été en contact avec lui. L'ouvrage replace Le Poème de l'âme et son auteur à la croisée de références, d'influences et de courants aussi bien littéraires, religieux et philosophiques qu'artistiques.

09/2023

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Histoire littéraire

Lettres européennes. Histoire de la littérature européenne

Nous connaissons tous le cyclope de L'Odyssée, mais combien d'entre nous savent que ses traits rappellent ceux de Tepegöz dans Oghuz, une épopée turque ? Ou que Shakespeare a repris l'intrigue de Hamlet dans une chronique de Saxo Grammaticus, historien danois du xiie ? siècle ? Ou encore que Mélisande, l'héroïne de Maurice Maeterlinck, par sa longue chevelure évoque la Raiponce du conte des frères Grimm ? Ce sont ces filiations, ces entrelacements que mettent en évidence les Lettres européennes. "? L'Europe n'a pas réussi à penser sa littérature comme une unité historique et je ne cesserai de répéter que c'est là son irréparable échec intellectuel ? ", écrit, en 2005, le romancier tchèque Milan Kundera. Irréparable ? C'est le défi que cet ouvrage veut relever : retracer l'histoire de la littérature du continent Europe, de l'Antiquité à nos jours. Période après période, chaque chapitre effectue un tour d'Europe, donnant un aperçu des évolutions littéraires les plus importantes de l'époque, suivi de l'étude d'un genre littéraire caractéristique, puis d'une présentation de quelques-uns des auteurs phares d'alors, dont le rayonnement éclaire encore notre littérature. Cette troisième édition est enrichie d'un chapitre consacré à l'écriture du xxie ? siècle, composé de courts portraits d'écrivains d'aujourd'hui. Une grande traversée de la littérature européenne, de Homère à Zadie Smith, en passant par Dante, Goethe, Baudelaire, Dostoïevski, Virginia Woolf, Cavafy, Auður Ava Ólafsdóttir et Olga Tokarczuk. Cet ouvrage, fruit de la collaboration de plus de 200 universitaires, critiques littéraires et écrivains de toute l'Europe, est dirigé par Annick Benoit-Dusausoy, professeure agrégée en classes préparatoires au Lycée Saint-Louis à Paris, Guy Fontaine, créateur de la résidence d'écrivains européens villa Marguerite Yourcenar, Jan Je ? drzejewski, professeur de littérature anglaise et comparée à l'Université d'Ulster et Timour Muhidine, maître de conférences en langue et littérature turques à l'INALCO.

10/2021

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Philosophie

Lumières pour enfants. Emission pour la jeunesse

Ce volume prend sa place naturelle après Trois pièces radiophoniques déjà parues dans la même collection. Il regroupe en effet les émissions destinées à la jeunesse réalisées par Benjamin avant la mainmise des nazis sur la radio. Ici, Benjamin cherche à renouveler le conte. « Comment ? Par des récits qui semblent inspirés de Baudelaire et de Kafka, des récits qui associent curieusement l’escroquerie et la catastrophe et qui, comme en passant, traduisent la vision benjaminienne de l’Histoire comme une catastrophe continue. De qui est-il question ? De brigands et de charlatans, de sorcières au bûcher, d’escrocs, d’imposteurs, de marginaux, de personnages suspects comme Cagliostro ou Faust, de bootleggers de la Prohibition, et même d’un faux messie blasphémateur, le fameux Sabbataï Zevi dont Benjamin a découvert l’existence grâce à son ami Gershom Scholem. Autant de personnages qui cherchent à survivre dans un contexte général de catastrophe : le tremblement de terre de Lisbonne, les inondations du Mississippi, la destruction de Pompéi, etc. Les contes pour enfants de Benjamin ne sont pas des contes de fée, ils adressent plutôt un avertissement aux jeunes gens, un avertissement prophétique […]. En cela, ces contes de la catastrophe imminente demeurent fidèles à la vocation des contes traditionnels qui, dans l’esprit de Benjamin et d’Ernst Bloch, doivent aussi être des récits d’émancipation, animés malgré tout par un principe d’espérance, ô combien fugitif, à l’opposé des mythes asservissants ». (Jean Lacoste, La Quinzaine littéraire) Que Benjamin ait été aussi un conteur, on le savait déjà. Mais ici, à travers les prismes de l'enfance et la profusion labyrinthique de récits hantés par le merveilleux, c'est le projet d'une pédagogie libre qui s'énonce familièrement, à la façon des devinettes. Tant dans le « je me souviens » berlinois qui ponctue le livre que dans l'évocation d'évènements lointains, ces « lumières » pour enfants clignotent pour tous comme le butin enjoué de ce collectionneur d'histoires qu'était Benjamin.

05/2011

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Beaux arts

Du Romantisme à l'Art Déco. Lectures croisées

Les textes réunis dans le présent recueil traitent de domaines ou de questions chers à Jean-Paul Bouillon, à qui l'on doit bien des études marquantes sur l'art des XIXe et XXe siècles, tant par l'ouverture de champs négligés avant lui que par la qualité de ses propositions méthodologiques. On ne s'étonnera donc guère d'y trouver des contributions relatives au dialogue et à la synthèse des arts, à la figure de l'artiste, à la critique d'art, au marché de l'art comme à la notion de "modernité". Les auteurs ont eu à coeur de s'interroger sur la couleur comme sur la relation entre sculpture et musique, de revenir sur des artistes emblématiques tels que Baudelaire, Edmond de Goncourt, Zola, Maurice Denis, Degas, Cézanne ou Kandinsky, d'apporter un éclairage neuf sur des figures moins consacrées aujourd'hui telles que le peintre et théoricien Alexandre Séon, le critique Guillaume Janneau ou le marchand Léon Gauchez. Mais, au-delà de la découverte d'objets ou de relations nouvelles, d'artistes méconnus ou d'autres inédites, il s'agit aussi de porter la réflexion sur l'histoire de l'art elle-même, sur la définition de ses objets de recherche, sur les modèles historiographiques "lettré" ou scientifique, sur l'idée ambiguë d'"ordre" ou celle de hiérarchie artistique, le tout suivant les principes méthodologiques dont Jean-Paul Bouillon s'est fait le défenseur. Ne convient-il pas, à cet égard, de tenter de clarifier la notion même de mouvement artistique pour, avant d'en user ou d'en abuser, saisir celle-ci dans son historicité ? Cette mise au point passe d'abord par la solidité de références que ne déforment plus les a priori dogmatiques ou les schèmes figés d'une histoire de l'art soumise aux diktats "progressistes". L'histoire de l'art retrouve ainsi une pleine légitimité pour traiter du néo-impressionnisme ou du cubisme, du décor religieux comme des Prix de Rome de l'entre-deux-guerres, en marge du récit orthodoxe de la modernité.

04/2011

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Critique littéraire

Les amitiés littéraires

Louis Aguettant, professeur de littérature aux Facultés catholiques de Lyon, est surtout connu aujourd'hui grâce à ses deux grands ouvrages sur La Musique de piano des origines à Ravel et Victor Hugo, poète de la nature, ainsi que par ses deux volumes d'analyse poétique consacrés à Verlaine et à Baudelaire. Ce nouveau livre recueille des études, publiées de son vivant, où se révèlent tout son charme, son génie critique et son style, qui le rendaient irrésistible auprès de ses étudiants, aussi bien que des auditeurs de ses conférences. On le voit ici tout proche de ses contemporains, de Valéry, de Claudel, de Gabriel Fauré, ravis de découvrir à Lyon (la Province paraissait bien loin, en ce temps-là, aux Parisiens !) l'amitié d'un esprit aussi souverain, dont les études sur Eupalinos, les Cinq Grandes Odes, La Bonne Chanson, faisaient leur admiration. Leurs lettres reproduites dans ce livre en portent un témoignage non équivoque. Louis Aguettant se serait sans doute réjoui que ce volume lui permette de rendre " vie " à son plus vieil ami, le poète Louis Mercier, dont une petite anthologie illustre la vertu franciscaine ou le vaste lyrisme. Les deux derniers articles de Louis Aguettant montrent deux aspects fondamentaux de sa personnalité : son classicisme, son attachement à la tradition française, son catholicisme fervent, à travers un éloge d'Emile Mâle, exégète des cathédrales de France, et, d'autre part, l'exquise sensibilité, la fantaisie, la prose flexible, de cet amoureux fou de la poésie, dans ce Monologue sur Marcel Ormoy, où c'est lui-même qu'il semble dessiner d'un pinceau si léger au moment de disparaître. Un an plus tôt, il avait payé sa dette à la poésie anglaise qui l'avait accompagné et enchanté toute sa vie, en traduisant un grand poème de Robert Browning, Abt Vogler, " une magnifique expression d'optimisme transcendant ", disait-il.

11/2001

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Pléiades

Oeuvres

Homme-orchestre, touche-à-tout inspiré qui faisait son miel de tous les genres et de tous les sujets, Thomas De Quincey (1785-1859) est, pour beaucoup de lecteurs français, " seulement " l'auteur des Confessions d'un mangeur d'opium anglais. Traduit successivement par Musset et Baudelaire (qui en tire la moitié de ses Paradis artificiels), ce livre phare inspira, il est vrai, des générations d'écrivains : Balzac, Poe, Gautier, Huysmans... Parce que le portrait des autres est l'une des façons les plus justes de s'auto-dépeindre, De Quincey, créant un genre nouveau, mêla souvent autobiographie et biographie, notamment dans ses Souvenirs de la région des Lacs et des poètes lakistes. Ami intime, entre autres figures du premier romantisme, de deux des plus grands poètes anglais, Wordsworth et Coleridge, il est un portraitiste à l'oeil acéré et à la dent dure, particulièrement pour ses anciennes idoles : la description de Wordsworth coupant les pages d'un livre à l'aide d'un couteau beurré le dispute en raillerie aux célèbres Derniers Jours d'Emmanuel Kant. Les liens qu'il tisse, dans Suspiria de profundis surtout, entre la souffrance de l'adulte et les "malheurs" de l'enfance, aussi bien que le rôle central qu'il accorde aux rêves (ou aux rêveries liées à l'opium), décrits dans une prose poétique qui contribue à sa réputation de styliste, font de lui un précurseur de la psychanalyse. Borges, qui compte au nombre de ses admirateurs fervents et partage son goût pour tout ce qui touche aux mots et à l'érudition en général, adoptera le genre si original de ses essais mêlés de fiction (La Malle-poste anglaise, Du heurt à la porte dans Macbeth...). L'art de De Quincey, c'est enfin, comme dans De l'assassinat considéré comme un des Beaux-Arts, celui de l'humour noir poussé à son paroxysme.

04/2011

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Poésie

Poésie 1944-2004

Au point culminant de la poésie belge contemporaine, Philippe Jones joue un rôle particulier. Non point celui d'un phare, de ceux que célébrait Baudelaire : il est trop discret pour revendiquer une situation privilégiée. Mais depuis plus d'un demi-siècle (le poète est né à Bruxelles en 1924) son œuvre a pris l'extension d'un archipel de corail. Pourtant, si ses branches s'étendent de part et d'autre de la frontière, on ne les remarque pas toujours comme il le faudrait, parce que les critiques sont souvent myopes et que de ce côté-ci, on n'attache pas à la poésie l'intérêt qu'elle suscite dans de nombreux autres pays européens (en Italie ou en Angleterre par exemple). Ainsi, alors que cette œuvre s'est imposée depuis la dernière guerre comme une des plus marquantes du paysage littéraire d'outre-Quiévrain, aux côtés de celles de Marcel Thiry, Albert Ayguesparse, Fernand Verhesen, André Miguel, Liliane Wouters, Jean Tordeur, Achille Chavée, Robert Goffin, sans parler de Norge et d'Henri Michaux (que l'on s'est plu à annexer) il est fort peu et mal représenté dans nos anthologies et nos histoires. À la faveur de ce volume qui réunit à présent son œuvre poétique complète, nous allons enfin pouvoir prendre la mesure d'un homme qui n'a cessé d'être l'exemple de la rigueur dans sa démarche et de la fidélité à une conception de la poésie exempte de toute concession à la mode et aux sirènes médiatiques. Une poésie qui n'est pure que parce qu'elle est vraie, lieu de recherche d'une vérité de l'être nourrie de la recherche d'une vérité du monde. Frédéric Nietzsche écrivait : " Notre chasse à la vérité/est celle d'une chasse au bonheur. " Ces deux attitudes ont trouvé leur point de jonction dans l'œuvre de Philippe Jones, où le bonheur consiste précisément à trouver la vérité de soi, comme celle des autres, la vérité de l'amour dans la vision de la nature. CHARLES DOBZYNSKI

05/2005

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Sciences historiques

Histoire du rire et de la dérision

Le rire est une vertu que Dieu a donnée aux hommes pour les consoler d'être intelligents, disait Marcel Pagnol. Une vertu qui a plus de deux mille ans, comme en témoignent les recueils d'histoires drôles dont Grecs et Romains étaient déjà friands. Mais peut-on rire de tout ? Oui, affirme Démocrite, dont le rire désabusé a des accents étonnement modernes. Oui, dit aussi Cicéron qui répertorie mille façons de faire rire. Non, proclament en revanche les Pères de l'Église, car le rire est un phénomène diabolique, une insulte à la création divine, une manifestation d'orgueil. Leurs arguments ne sont cependant guère entendus au Moyen Age : les rois s'entourent de fous, les hommes jouent à se moquer les uns des autres lors des charivaris, et l'humour, qui n'est encore que parodie, se glisse même dans les sermons des prédicateurs. Avec Rabelais apparaît une autre façon de rire, un rire ambigu qui ébranle toutes les certitudes et se prolonge au-delà de la Renaissance, un rire tour à tour picaresque, grotesque, burlesque. La monarchie absolue veut faire rentrer les rieurs dans le rang. Mais peut-on domestiquer le rire ? Déguisé en humour acide, il ronge peu à peu les fondements du pouvoir et de la société. C'est tout naturellement qu'au XIXe siècle il trouve son terrain de prédilection dans la satire politique, tandis que les philosophes dissèquent ses vertus, parfois pour les déplorer, et que Baudelaire recherche le " comique absolu ". L'ironie devient un mode de relation de l'homme au monde. Elle protège contre l'angoisse et l'exprime en même temps. " Je ris avec le vieux machiniste Destin ", écrit Victor Hugo qui fixe en des formules immortelles l'ambiguïté du rire. Avec les Zutistes, Fumistes et autres J'menfoutistes, le XIXe siècle s'achève sur une apothéose du rire insensé. Le monde va désormais tout tourner en dérision, ses dieux comme ses démons.

09/2000

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Poésie

Anthologie de la poésie amoureuse française. De Trouvères à Apollinaire

L'amour peut mener à l'extase, à la jouissance, au bonheur, mais parfois se heurter aussi à l'absence, devenir cauchemar, susciter la jalousie, ou sombrer dans les reproches et les malédictions. Déclinant l'amour sous toutes ses formes au moyen de rubriques thématiques - où les poèmes sont classés par ordre chronologique -, Jean-Paul Goujon, dans cette anthologie non classique, nous propose un merveilleux voyage, empreint d'embrasement des sens, de rêveries extatiques, d'irrésistibles apparitions brunes, blondes ou rousses, de drôlerie, et parfois de cynisme ou d'acrimonie. Il porte un regard neuf sur la poésie amoureuse française, avec près de 700 poèmes s'échelonnant du XII siècle à 1914, révélant notamment toute la richesse des XVIe et XVIIe siècles. Son choix se révèle très vaste, et fort varié. Outre les écrivains proprement dits (Villon, Louise Labé, Ronsard, La Fontaine, Baudelaire, Nerval, Hugo, Mallarmé, Verlaine, Louys, Apollinaire, etc...), une place non négligeable a été réservée à une certaine " paralittérature chansons populaires, romances, couplets, poètes dits " fantaisistes ", poésies poissardes et autres. La poésie féminine, trop souvent oubliée ou bien limitée à de rares grandes figures, y retrouve également toutes ses lettres de noblesse : Marguerite de Navarre, la Reine Margot, Catherine des Roches, Anne de La Vigne, Renée Vivien... N'ont pas été oubliés non plus les poètes francophones de Belgique et du Canada. Enfin, on trouvera ici, à côté des grands, quantité de poètes moins célèbres ou peu connus, tels Maclou de La Haye, Christofle de Beaujeu, François de Louvencourt, Isaac de Benserade, Jean-Joseph Vadé, Albert Glatigny, Jean Goudezki, etc., ainsi qu'un grand nombre d'anonymes, qui, tous, ont su trouver des accents souvent très prenants et originaux. Si, dans sa copieuse préface, Jean-Paul Goujon dresse un panorama à la fois fouillé et ample de la poésie française, il rappelle avant tout le plaisir qu'il a eu à lire et à découvrir tant de poètes si divers. Un plaisir à partager.

11/2010

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Critique littéraire

Théophile Gautier

Théophile Gautier (1811-1872) est le personnage le plus flamboyant de l'histoire littéraire du XIXe siècle. Le gilet rouge qu'il portait lors de la bataille d'Hernani suffit à le rendre célèbre en une soirée. Puis, à vingt-quatre ans, son roman Mademoiselle de Maupin, fut considéré comme un événement par toute une génération. Prodigieusement doué, il aborda tous les genres et collectionna les succès tout au long de sa vie. Son premier ballet, Giselle, se révéla la plus grande réussite de toute l'histoire de la danse. Ses récits de voyage en firent le maître d'un genre à la mode. Le Roman de la momie et Le Capitaine Fracasse ravirent des générations de lecteurs. Mais, pour ses amis, il était d'abord un poète ; Baudelaire lui dédia Les Fleurs du Mal - on connaît la dédicace fameuse : " Au poète impeccable, au parfait magicien ès lettres françaises... ", et Flaubert disait : " On reconnaîtra plus tard que c'était un grand poète. " Le feuilleton du lundi de Théophile Gautier (d'abord dans la Presse, puis dans le Moniteur) fit de lui, pendant plus de trente ans, le critique dramatique et artistique le plus courtisé et le plus redouté de Paris. À cela s'ajoutait un réseau d'influence, car ses amis étaient innombrables. Mais il considérait son travail de journaliste, qui était à la fois son gagne-pain et la source d'un pouvoir considérable sur les arts et les lettres, comme une servitude qui le détournait de son œuvre de poète - cela ne l'empêcha pourtant pas de composer Émaux et Camées. De l'avis des Goncourt sa parole était un enchantement : ses tirades improvisées faisaient la joie des invités de la Présidente, de la princesse Mathilde ou de la Païva, et sa séduction lui valut de nombreuses aventures féminines. C'est une existence d'une richesse exceptionnelle que relate avec minutie et brio Gérard de Senneville.

10/2004

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Histoire de la photographie

Flou

Une photo floue est-elle une photo ratée ? En photographie, le flou a cette particularité d'être à la fois l'erreur la plus basique à éviter en même temps qu'une forme extrêmement difficile à obtenir - entre erreur technique primaire et ambition artistique. Pauline Martin a eu l'excellente idée de nous faire parcourir l'histoire de la photographie à travers le prisme du flou, depuis l'invention du procédé jusqu'à nos jours. On y découvrira que, selon les époques, le flou est tantôt considéré comme une valeur positive, tantôt négative. Dans un développement historico-thématique, les oeuvres présentées racontent l'évolution de cette forme dont les usages n'ont cessé de se modifier selon les époques et les pratiques, qu'elles aient été amateures, artistiques, scientifiques, ou encore de reportage. Jalonné de citations, le livre crée un dialogue entre les images et la manière dont le flou a été décrit par des auteurs et des artistes aussi divers que Charles Baudelaire, Julia Margaret Cameron ou Pierre Bourdieu, faisant ainsi valoir les enjeux du flou dans la perception du monde. Car comme le souligne Serge Tisseron dans son texte, "Si l'évolution rapide du monde nous rend anxieux, nous allons probablement préférer les images nettes, stables. Si, au contraire, nous sommes angoissés par une certaine rigidité autour de nous (...), nous allons privilégier le mouvement, l'aspiration vers l'avenir" . En préambule, le texte de Pauline Martin raconte l'histoire du flou, terme à l'origine dédié à une certaine pratique picturale avant de prendre le sens que nous lui connaissons. Son expertise est complétée par quatre textes : Martin Barnes se penche sur la valorisation du flou au XIXe siècle en Grande-Bretagne ; Martine Beugnet s'intéresse aux débuts du cinéma ; quand Florian Ebner et Michel Poivert se concentrent respectivement sur les années 1980 en Allemagne et sur la pratique contemporaine. Une contribution personnelle de Sébastien Lifshitz et une interview de Serge Tisseron complètent cet ouvrage de référence.

03/2023

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Thèmes picturaux

Univers imaginaires. Fantasy, fantastique et science-fiction

LE LIVRE Cre ation e ditoriale hors du commun, cette anthologie illustre e rassemble les genres du fantastique, de la fantasy, de la science- fiction. Autant d'oeuvres ayant pour point commun la volonte de s'affranchir du monde re el pour explorer les contre es de l'imaginaire, que cet imaginaire soit lie au surnaturel ou non, qu'il fasse intervenir la magie ou la super-science. Ces genres tre s populaires aujourd'hui ont une riche histoire, parfois fort ancienne - certaines oeuvres de l'Antiquite classique peuvent e tre rattache es au genre fantastique, la fantasy puise aux sources du merveilleux me die val et du conte populaire, et la science-fiction a pre s de deux sie cles d'existence. Au-dela de la classification par genre, le parti pris est ici celui d'une re partition des textes et des images par the mes, renvoyant au contenu des oeuvres pluto t qu'a leur identite litte raire. Des cre atures extraordinaires aux voyages a travers l'espace et le temps en passant par une plane te peuple e d'androi des, les antres des dieux et de mons, croisant la route de he ros surpuissants, sans omettre de parcourir de fabuleuses cite s, les douze chapitres enchai nent les re cits par association d'histoires, toutes relevant de la loi commune d'une imagination re solue a de clore l'ordre familier du monde. Des auteurs "historiques" (Shelley, Baudelaire, Carroll, Wilde, Stoker, Wells, Verne, Kafka, Borges...) aux incontournables (Orwell, Huxley, Bradbury, Ray, Asimov, Tolkien, Lovecraft, Barjavel, Dick, Le Guin...), sans oublier une myriade de contemporains (Martin, Damiaso, Brussolo, Bacigalupi, Ken Liu, Gaiman, Niogret...), ce livre-univers de ploie une constellation d'imaginaires, tanto t teinte s de subversion, tanto t pe tris d'humour, et toujours dote s d'une force narrative singulie re. Les cre ations visuelles de Goya, Blake, Siudmak, Giancola, Druillet, Nenezic... font e cho a la magie du verbe dans sa teneur la plus te ne breuse a ses sommets les plus fe eriques.

10/2022

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Chocolat

Audaces de chocolat. Artisans créateurs pour recettes d'exception. Artisans créateurs pour recettes d'exception

A l'occasion des 140 ans de la chocolaterie Weiss, plus de vingt chefs français et étrangers, pâtissiers d'excellence et artisans engagés, nous livrent leurs recettes de pâtisseries, entremets et autres surprises au chocolat. Cet ouvrage richement illustré nous invite dans les coulisses de la Maison Weiss, l'une des plus anciennes chocolateries françaises. Depuis l'ouverture de la première boutique en 1882, Weiss produit ses chocolats de la fève à la tablette et développe l'art de l'assemblage. Partez à la rencontre d'Eugène Weiss, le fondateur visionnaire et audacieux, suivez toutes les étapes de fabrication des chocolats, comprenez comment sont pensés les assemblages et tombez sous le charme des spécialités protégées dans leurs écrins enrubannées d'argent. Les maîtres chocolatiers Weiss sélectionnent avec savoir-faire les meilleures fèves, associent les cacaos de plusieurs origines, imaginent le goût des grands chocolats, et... inspirent les plus grands pâtissiers et artisans créateurs du monde entier ! Cet ouvrage regroupe plus de vingt d'entre eux : chefs pâtissiers, MOF, chefs de restaurant, pâtissiers de palace ou de boutique, tous ont eu carte blanche pour donner leur vision du chocolat en s'inspirant des assemblages Weiss et pour livrer des recettes aussi généreuses et audacieuses que gourmandes. Chefs participants Agnès et Pierre / Béziat Frères / Sébastien Bras / Baptiste Brichon / Patrice Cabannes / Jonathan Chauve / Henri Desmoulins / Marie Dieudonné / Grégory Doyen / François Gagnaire / Marion Goettlé / Jeffery Koo / Kévin Lacote /Clément Le Déoré /Raoul Maeder /Jacques Marcon / Michaël Pretet / Morgane Raimbaud / Johanna Roques /Christophe Roure / Hari Unterrainer

10/2022

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Poésie

Quatrains à odeur de vin et de rose

Omar Khayyâm, poète persan du XIIe siècle, est l'un des savants les plus célèbres de son temps. Ce personnage, dont la vie est entourée de mystères, était mathématicien, astronome et philosophe. Mais la tradition a également conservé de lui un recueil de quatrains poétiques, qui n'ont pas été publiés de son vivant en raison du fanatisme et de la superstition de l'époque. Qu'il soit l'auteur de tous ces quatrains ou non, les plus anciens, publiés en 1341 sous le titre Compagnons des hommes libres, sont l'oeuvre d'un grand poète dont l'inspiration est étonnamment moderne et avant-gardiste. Sans cesse, Omar Khayyâm prêche la jouissance et l'oubli de tout sauf de l'instant, bien avant le carpe diem de Ronsard ou le memento mori que l'on retrouve chez Beaudelaire. Si les quatrains d'Omar Khayyâm tiennent du prodige, c'est qu'ils ne parlent que de mirages. Nouvelle traduction ou comment ne pas être persan. La difficulté de la traduction tient à toujours vouloir être dans la ressemblance. Or le persan, enclin à la préciosité, aux allitérations, aux jeux de mots, aux calembours ou aux non-dits, est difficile à traduire. D'où le choix de cette nouvelle traduction. Des poèmes, oui mais en français. Une nouvelle traduction comme une invitation à retrouver l'ivresse des quatrains à l'odeur de rose – où le vin même avait cette odeur – qui enchantèrent la première jeunesse du traducteur, Patrick Reumaux, né sur les hauteurs d'Alger. Ecrivain, poète, il a reçu de nombreux prix notamment pour ses traductions de la poésie du monde entier.

05/2021