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Critique littéraire

La Nouvelle Revue Française N° 639, novembre 2019

La littérature aujourd'hui : la nouvelle, du fantastique au féminisme : Arthur Larrue, Plus immoral que Richard Wagner et Jack l'EventreurChloé Delaume, La dixième foisSalim Bachi, Les singesGaëlle Obiégly, La commandeBeata Umubyeyi Mairesse, Le fardeau de la femme blancheClaire Richard, Le donNina Yargekov, La princesse qui ne voulait pas travaillerEntretien : Michel Crépu - Michel Onfray, Onfray en conversation (entretien)Berceuse, faites entrer la nuit : J. M. G. Le Clézio, La rivière TaniersLionel Esparza, La ritournelle et le ruisseau Christian Bobin, AlinaGuy Goffette, Du fond du tempsPaule Du Bouchet, Vénéneuse berceuseArts : Stéphanie Cochet - Jacques Barsac - Pernette Perriand-Barsac, Charlotte Perriand, la beauté du geste (entretien)Emmanuelle Lambert, Giono lui-mêmeLa forme et le fond : Guillaume Louet, Raymond Schwab, le dernier des méconnusOlivier Guez, Berlin, capitale du XX ? siècleNotes de lecture : Gaëlle Flament, Sigrid Nunez, L'ami (Ed. Stock)Gabrielle Lécrivain, Maggie Nelson, Bleuets (Ed. du sous-sol)Michel Crépu, Beata Umubyeyi Mairesse, Tous tes enfants dispersés (Ed. Autrement)Gaëlle Flament, Anne Pauly, Avant que j'oublie (Ed. Verdier)Michaël de Saint-Cheron, Martine de Rabaudy, A l'Absente (Ed. Gallimard)Chronique de l'amateur : Michel Crépu, La docte ignorance du rhinocéros blanc

11/2019

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Droit

Résister, responsabiliser, anticiper. Ou comment humaniser la mondialisation

Comment humaniser la mondialisation ? Ce livre est né d’une interrogation sur le rôle du droit face aux effets de la mondialisation. D’un côté, celle-ci renforce l’humanisme juridique par le développement international des droits de l’homme, la reconnaissance des biens publics mondiaux, l’affirmation d’un droit humanitaire et d’une justice pénale internationale. Mais de l’autre, elle le menace par le durcissement du contrôle des migrations, l’aggravation des exclusions sociales, la multiplication des atteintes à l’environnement, la persistance des crimes internationaux les plus graves ou les risques d’asservissement engendrés par les nouvelles technologies. À force d’être invoquée à tort et à travers sans être pour autant mieux appliquée, la ritournelle humaniste, n’annonce-t-elle pas, en réalité, la mise à mort de l’humanisme juridique ? À moins d’inventer un nouvel humanisme, ou plutôt de se projeter dans l’avenir en faisant le pari, utopique mais réaliste, qu’il est possible d’humaniser la mondialisation autour de trois objectifs : résister à la déshumanisation, responsabiliser ses acteurs, anticiper sur les risques à venir. Tel est l’esprit qui anime ce livre de combat.

01/2013

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Littérature française

De mon plein gré

Elle a passé la nuit avec un homme et est venue se présenter à la police. Alors ce dimanche matin, au deuxième étage du commissariat, une enquête est en cours. L'haleine encore vive de trop de rhum coca, elle est interrogée par le Major, bourru et bienveillant, puis par Jeanne, aux avant-bras tatoués, et enfin par Carole qui vapote et humilie son collègue sans discontinuer. Elle est expertisée psychologiquement, ses empreintes sont relevées, un avocat prépare déjà sa défense, ses amis lui tournent le dos, alors elle ne sait plus exactement. S'est-elle livrée à la police elle-même après avoir commis l'irréparable, cette nuit-là ? Inspiré de l'histoire de l'auteure, De mon plein gré est bref, haletant, vibrant au rythme d'une ritournelle de questions qui semblent autant d'accusations. Mathilde Forget dessine l'ambiguïté des mots, des situations et du regard social sur les agressions sexuelles à travers un objet littéraire étonnant, d'une grâce presque ludique. Il se lit comme une enquête et dévoile peu à peu la violence inouïe du drame et de la suspicion qui plane très souvent sur sa victime.

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Littérature française

J'aurai tant aimé

Avec Je me souviens et ses 480 évocations de situations ordinaires, universelles et porteuses d'émotions subtiles, Georges Perec nous a mis dans la tête une ritournelle entêtante. Le livre se termine par une invitation à prolonger le jeu : à suivre... J'aurai tant aimé relève le défi : 480 souvenirs de bonheurs légers, un inventaire des petites joies qui scandent les jours et s'envolent aussitôt éprouvées. De se trouver ainsi épinglées et réunies, elles acquièrent une force poétique insoupçonnée, ouvrant à une autre manière de savourer les plaisirs et les jours. Extraits : " J'aurai tant aimé croire que j'ai un cancer et découvrir que c'est une tendinite. " " J'aurai tant aimé la magie des commencements amoureux, la découverte d'une femme encore superposable à l'idée que je m'en fais, avant la révélation plus ou moins douloureuse de l'écart entre les deux. " " J'aurai tant aimé les orages, et compter les secondes entre l'éclair et le tonnerre. " " J'aurai tant aimé préparer du jus d'orange, opération salissante et fastidieuse produisant un nectar que je n'arrive jamais à boire assez lentement. " " J'aurai tant aimé faire répéter des bêtises à l'écho. "

02/2018

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Littérature étrangère

Rien à déclarer

" La vie, ce sera ça, désormais, pensa-t-il. Un catalogue. Les conversations, les rencontres, les gens, les départs, les arrivées. Les choses qui passent. Rien d'effroyable. " A New York ou dans le Michigan, à La Nouvelle-Orléans, à Paris, à Dublin, des hommes et des femmes se penchent sur leur passé. Solitaires le plus souvent, parfois malgré eux (ils sont séparés, veufs ou simplement célibataires), ils s'interrogent aussi sur leur avenir. Sans amertume, même quand la nostalgie joue en sourdine la petite musique des regrets, la ritournelle des occasions perdues et des rendez-vous manqués. Rien d'autobiographique dans ces nouvelles, nous assure l'auteur. On est pourtant tenté d'y lire, entre les lignes, le bilan de la maison Ford. Car s'il ne dit jamais " je ", il y a un peu de Richard Ford dans chacun de ces personnages, ne serait-ce qu'un certain goût pour l'ironie. Tout en saluant au passage deux de ses modèles : James Salter, pour sa précision, sa cruauté et sa mélancolie, et Alice Munro, championne incontestée du discours indirect libre. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Josée Kamoun.

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Littérature française

Le miraculé de Saint-Pierre

"Quand les sauveteurs le découvrirent, il avait le visage scellé, d'où le cri ne pouvait jaillir. Il faisait très froid dans le cachot. La ville déserte et saccagée était recouverte de suie noire. Les buissons, les hautes herbes scintillaient. L'air avait une transparence vibrante, métallique. Il pénétrait dans les poumons comme la pointe d'une lame. Le colonel vit, dans son regard, l'enfant qu'il avait été et qui était demeuré et qui levait vers lui des yeux de la même couleur que les siens, de la même eau de terre trempée et effacée. Le prisonnier, hébété, répétait les mêmes phrases en créole comme une ritournelle". Seul survivant de l'éruption de la montagne Pelée du 8 mai 1902, Louis-Auguste Cyparis, appelé "le Miraculé de Saint-Pierre", est découvert gravement brûlé dans son cachot. Une destinée bien singulière attend alors ce Moïse des laves. L'écriture lumineuse de Gaston-Paul Effa, entre effroi et volupté, portant l'histoire du miraculé, jette un jour neuf sur l'histoire des Caraïbes, de l'Afrique et, au-delà, de tous les opprimés. Cantique d'espérance, ce roman est une invitation à éclairer la nuit humaine.

02/2017

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Musique, danse

PJ Harvey. Dry

C'est une carte de visite de moins de quarante minutes : avec Dry, autrement dit en onze chansons, PJ Harvey s'est fait un nom — c'est pourtant encore celui d'un trio, que la jeune femme compose avec le bassiste Stephen Vaughan et le batteur Robert Ellis. Plus encore que "différent", Dry est un album surprenant, qui contient des morceaux que son autrice a composés pour personne d'autre qu'elle : à coeur ouvert, PJ Harvey y dit ses amours contrariées sur un lot de guitares rutilantes et pourtant réches ("Oh My Lover"), emplit ses ritournelles de figures bibliques ("Sheela-Na-Gig", "Happy and Bleeding") ou matraque l'ennui de tous les jours jusqu'à obtenir satisfaction ("Victory", "Dress"). Une fois sorties de sa chambre, les chansons de PJ Harvey épatent : les managers du label Too Pure d'abord, John Peel ensuite... et puis le reste du monde en cette année 1992.

02/2020

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Poésie

Doucement (!)

C'est par le refrain de Charles Trenet, Douce France, que Katia Bouchoueva nous fait entrer dans ce nouveau recueil. Depuis ce leitmotiv elle esquisse un panorama tre s situe , dans un territoire tanto t urbain, tanto t campagnard ou se croise une foule e clectique de personnes, des voix, des e tres protecteurs aux noms d'animaux, des lieux arpente s comme des corps accueillants, des strophes aux accents de contes. Mais cette douceur, qui est pour l'auteure attache e a la France, montre aussi son revers tyrannique par petites touches sur ces tranches de vie. Ainsi, le vers tre s libre et vivant de Katia Bouchoueva nous emme ne par bonds, par sauts, en visite, dessinant les contours de son espace de jeu avec la langue et brodant sur la chanson sa propre ritournelle. Les anges asexue s et ceux qui ont un sexe et ceux qui en ont deux - traversent, traversent les plaines des ventres, les grottes et les te tons. Tout y est bon, disent-ils, tout y est bon : immeubles des anne es 60, colonnes Morris, ronds-points, sorties d'autoroutes, lacs et montagnes. Et tes yeux comme des petites olives - noires mais adoucies - ta machine ad-mi-ni-stra-tive douce aussi.

09/2020

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Littérature française

Petites dents, grands crocs

Sarah Barry, épouse et mère en apparence comblée, a quitté les RH d'une grande entreprise pour s'accorder une année d'écriture. Mais alors qu'elle dispose enfin du temps nécessaire, le piège de la domesticité semble se refermer sur elle. Cela commence par une fatigue inhabituelle, des chutes de cheveux, et puis il y a ces maux de tête lancinants. Quand il n'est pas en voyage d'affaires, son mari la couve, la chahute, la questionne. Entraînant leur fils dans ce manège qui ne tourne plus très rond. A moins que ce ne soit elle qui fantasme ?? Dans une langue et un rythme envoûtants, sorte de ritournelle noire où les vampires prennent les atours de la tendresse, Emilie Guillaumin offre avec ce troisième livre un regard sans concession sur le couple et la maternité. A propos de l'autrice Après des études de lettres à la Sorbonne et de criminologie à New York, Emilie Guillaumin a passé deux ans au sein de l'armée de terre française, aventure dont elle a tiré Féminine, puis L'Embuscade, qui a reçu un très bel accueil de la critique et du public. Petites dents, grands crocs est son troisième roman.

01/2023

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Littérature française

Mes années japonaises

"Dès mon arrivée à Tôkyô, j'avais été frappé par la beauté exceptionnelle de sa lumière. La nuit tombant, des marchands de patates douces cuites à la braise avançaient leurs carrioles, éclairées de lanternes en papier, en chantonnant des mélopées lugubres comme des thrènes qui invitaient la clientèle. Dans la journée, d'autres voiturettes, elles modernes, collectaient les vieux journaux, elles aussi en faisant retentir des ritournelles, mais moins tristes". René de Ceccatty relate ici son lointain séjour au Japon et les années qu'il a consacrées à la littérature de ce pays. Dans cette évocation, il nous livre un autoportrait sans complaisance, puisant dans ses souvenirs comme dans certaines lettres envoyées et conservées par sa mère... Le Japon et la découverte d'une nouvelle forme de pensée et de rapport au monde l'auront marqué à jamais, comme une deuxième naissance, influençant son parcours artistique et sentimental. Avec beaucoup de détermination et d'énergie, René de Ceccatty réussit à s'arracher au temps présent en écrivant, et à ranimer non le passé comme passé, mais "le présent du passé" .

05/2019

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Esthétique

Sur l’épaule des dieux. Les arts d’Edouard Glissant

Passionné par les arts et cultures, Edouard Glissant fréquente les artistes, tout au long de sa vie : il se rend aux ateliers, accompagne les créations, écrit pour les catalogues d'exposition ou les festivals de musique. Il se lie d'amitié avec plusieurs d'entre eux, comme le sculpteur cubain Agustín Cárdenas, le peintre argentin Antonio Seguí ou le trompettiste de jazz martiniquais Jacques Coursil. Le poète-philosophe, disparu en 2011, multiplie les occasions pour faire découvrir l'art des Caraïbes et de l'Amérique du Sud, tremplin pour la mondialité. Sa relation aux peintres, sculpteurs et musiciens, ouvre son oeuvre à une nouvelle pensée de l'art, qu'Aliocha Wald Lasowski nomme ici chaosthétique : beauté de la trace, fulgurance de l'éclat, puissances de l'étendue et du tremblement s'accordent à l'expérience baroque du Tout-monde. A travers les imaginaires de l'archipel, le penseur de la créolisation fait entendre une partition inattendue du réel, tout en ritournelles, puissantes et légères, qui renouvellent les rythmes du vivant.

02/2022

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Littérature française

Kalidou. Les tribulations d'un jeune Foutanké

De son lit d'hôpital, Kalidou se raconte son histoire, le film d'une vie dans lequel se côtoient des souvenirs bons et moins bons. Ils défilent pêle-mêle, passent et repassent telle une ritournelle dans sa tête de malade luttant pour la survie. Très tôt, Kalidou, né au Fouta, quitta les bancs de l'école française et coranique pour aller vers la ville sacrifiant ainsi à un " rite " bien connu des Sénégalais et des Africains en général : l'exode rural. Puis il alla tenter sa chance hors du pays, notamment en Afrique au sud du Sahara. Des destinations bien connues et très prisées de ses compatriotes lui ouvrirent leurs bras. Tour à tour, il séjourna en Côte d'Ivoire, au Cameroun et en Angola. Grâce à une ambition débordante et un flair provincial pour le commerce, il réussit à se faire " une place au soleil ". Parallèlement, il mène une vie intime assez débridée marquée par des rencontres de fortune, des relations plus ou moins durables, des mariages, etc. Malheureusement, il finit par attraper le méchant VIH et amorça une descente inéluctable aux enfers... Voici venu pour lui le temps des souvenirs mais surtout des regrets. Que n'aurait-il pas donné pour refaire sa vie au lieu de ressasser éternellement les regrets d'une existence toutefois riche en enseignements à tous égards ?

04/2017

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Littérature scandinave

La vie que tu as laissée

"Il chantait pour les enfants lorsqu'ils étaient petits. Il se souvient de leurs mains potelées qui applaudissaient maladroitement, de leurs visages concentrés qui ne savaient pas encore façonner ces mots, si difficiles dans une petite bouche d'enfant : "Encore ! Encore ! " C'est ce qu'ils criaient, et il continuait. Toujours la même chanson. Une chanson qui ne veut pas le laisser en paix. La nuit le recouvre de son aile noire, pesante, et la chanson des enfants lui revient, mais il ne se souvient plus du texte, seulement de la mélodie et de fragments comme une ritournelle : Et l'on pendouilla Pierre, tralala lala lala lala lala la la, et l'on pendouilla Pieeerre, et sa Jeanette avec et sa Jeanette avec. ". . Une grande serre est à l'abandon aux abords d'un village danois. Elle appartenait autrefois à Albert et à Nelly qui vivaient là, avec leurs jumeaux. Jusqu'à ce que la tragédie frappe la famille. Désormais, Albert y demeure seul, enfermé dans ses souvenirs et ses regrets. Lorsqu'une femme fraîchement divorcée et sa fille Anemone s'installent dans la maison juste à côté de la serre, Albert reprend doucement goût à la vie au contact de l'enfant, mais l'équilibre fragile du village en est affecté. Traduit du danois par Catherine Renaud

03/2022

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Divers

Mandoline

Comme tirées d'un sommeil lourd, comme échappées d'une fable sans âge ou de l'album cartonné d'un enfant depuis longtemps sénile, quelques notes de musique s'élèvent à la façon d'un génie sorti d'une bouteille. Noires, croches, blanches s'envolent, se transforment, s'aplatissent, glissent, se transportent plus loin, plus loin réapparaissent et se métamorphosent encore. Sur leur passage, les objets inanimés s'activent, les êtres se sentent secoués d'un frisson, d'une sensation, de l'amorce d'une idée, d'une action. Mais le temps d'esquisser un geste, la scie hélas s'esquive, déjà l'antienne passe à l'as. Faisant fi, faisant flûte du temps, les notes, en mille transcriptions imprévisibles, farandole de signes minuscules ou fumeroles charbonneuses, traversent librement les époques, les cases et les pages où les êtres comme les choses restent englués dans une sourde lourde mélancolie. La ritournelle passe, ses notes tantôt caressent des caboches, tantôt les traversent, les meuvent, les émeuvent, les enchante et tout aussitôt les quitte, les laisse à leur langueur. Dans ces espaces étanches où pas une parole ne s'échange, où aucun son ne vibre, vivement virevoltent les notes : elles se sont faufilées silencieuses par le combiné d'un téléphone, elles sortiront, gracieux gribouillis, d'un tuyau ou d'une conque. Dans ces volutes graphiques, à travers ces notations évanouies rien n'aura été communiqué, aucun secret trahi. Chut ! Qu'entends-je ? ... L'écrit.

09/2023

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Lecture 6-9 ans

Si j'étais grand Tome 2 : 3 pièces à lire, à jouer

Ces trois nouvelles pièces courtes à lire et à jouer par les jeunes ont été commandées par la Compagnie du Réfectoire pour le projet "Si j'étais grand". Trois auteurs phares du théâtre jeunesse ont creusé la question des rêves et des utopies d'une enfance d'aujourd'hui. Dans L'Enfant de par là-bas, Jean-Pierre Cannet raconte l'histoire de Polin qui, après la perte de ses parents dans l'incendie de leur caravane, vit avec ses deux grands-mères ; l'une lit l'avenir, l'autre est funambule. Cet enfant du voyage ne veut ni être placé en famille d'accueil, ni aller à l'école. Il s'enfuit. Cannet livre un texte puissant qui transporte au-delà des apparences et des préjugés. Chez Bruno Castan, un petit groupe de jeunes gens piopiotent tranquillement, adossés à un muret. Un village ? Une rue ? En tout cas, il ne se passe pas grand-chose, c'est La Glume. On parle de tout, de rien. De la façon dont on voudrait mourir. Comme l'utopie majeure ? Ça pourrait être sombre, mais la verve désespérément optimiste de Castan emporte le morceau. Dans Deux Citrons, Philippe Dorin crée, comme souvent et pour notre plaisir, des situations presque immobiles dans lesquelles il instille un mouvement quasi imperceptible et pourtant inexorable. À la manière d'une ritournelle, ses personnages sont des enfants qui jouent, des enfants qui jouent des rôles, des rôles de théâtre, un théâtre dans le théâtre. En pointilliste, Dorin propose une partition douce-amère, pleine de charme et de tendresse.

05/2012

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Littérature étrangère

Un monde ailleurs

La Navy vient juste de reprendre Guadalcanal quand James et Anne Langer s'installent à Long Island. Leur fils aîné, Rennie, est parti là-bas, très loin, dans le Pacifique, où il se bat contre les Japonais. Leur guerre à eux est d'un autre ordre, plus intime. C'est la guerre que les hommes et les femmes mènent contre le temps, l'usure des corps et des âmes. Ce livre est donc le récit d'une victoire incertaine et d'une défaite annoncée. Pendant ce temps, la vie continue. On va au cinéma voir des films avec William Bendix et Ann Sheridan. Les femmes participent à l'effort de guerre. Elles sont infirmières ou travaillent en usine, elles lisent Ambre et se coiffent à la Veronica Lake. Et les matins sont bleus sur les dunes de Long Island. Quand Rennie est porté disparu, son jeune frère commence à faire des cauchemars. Il ne peut savoir que le pire est encore à venir. Avec un sens aigu du détail et du suspens, Stewart O'Nan raconte l'éclatement de cette famille - détruite par la maladie, l'infidélité et la guerre -, et ses tentatives de réconciliation. C'est aussi le portrait lyrique et précis d'une Amérique perdue, avec ses étés brûlants, ses ritournelles et ses marques démodées, à une époque où les guerres n'étaient pas encore froides.

09/2000

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Actualité et médias

Comment se dire adieu

La mort fut l'exactitude du quinquennat de François Hollande, son excuse et son répit. Sans le terrorisme, il ne serait rien resté de cette présidence, sinon un glissement vers la vérité du socialisme : n'être qu'une droite civilisée. Les suppliciés de Daech ont distrait le pouvoir de son indécence. Devant leurs cercueils, François Hollande s'inventa un discours, un instant fondateur, une raison d'être. Le socialisme est devenu ceci : une adhésion salvatrice à la raison d'Etat, une adéquation avec les forces armées, une détestation des contestations, un assentiment aux banalités gestionnaires, un ralliement à l'identitarisme ambiant, tout ceci habillé et masqué de commémorations, emphases et ritournelles. Ces hommes ne sont pas détestables. Ils font de leur moins mal. Aux prises avec un pays que d'autres poussent vers un fascisme ronronnant, les socialistes louvoient, arrangent, préservent, compromettent, et attendent de l'adversaire qu'il soit pire, pour jouir un peu plus longtemps de la morale et des palais. L'auteur les aime, comme on aime ses semblables, et ce livre est un arrachement à lui-même. Tout ce qu'on racontait, jadis, sur les lendemains qui chantent étaient une plaisanterie saumâtre. Ce livre n'est pas d'anecdotes. Il n'y a rien à révéler. Tout est là. C'est arrivé. Ca nous est arrivé.

01/2017

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Rock

Listen to me. Un portrait de Buddy Holly

"La première chanson que j'ai appris à jouer était 'That'll Be The Day' par Buddy Holly." - John Lennon. 22 ans. Une fulgurance. Il y aura, pour toujours, un avant et un après Buddy Holly. En quelques mois discographiques, Charles Hardin Holley a bouleversé à jamais la musique rock, avec sa ligne claire, ses Stratocaster, sa silhouette de grand échalas et ses lunettes trademarkées. Et des chansons sublimes, ritournelles éternelles : "Well... Allright", "Peggy Sue", "That'll Be The Day", et tant d'autres, qui auront inspiré, influencé des générations entières de musiciens (Lennon, McCartney, Jagger, Dylan, Reed, etc.). Alain Feydri s'est littéralement plongé dans la biographie d'une des plus grandes figures du rock, non pas avec un masque et des palmes, mais bien équipé d'un scaphandre très très longue durée. Buddy Holly, né en 1936 à Lubbock, dans un Texas plus que puritain, au sein d'une famille Baptiste fondamentaliste, sera constamment partagé, dans sa courte existence, entre ses racines religieuses et le rock'n'roll, musique du diable. C'est en pur styliste, qu'Alain Feydri vous prend par la main (ou l'oreille) pour vous faire (re)découvrir l'oeuvre magistrale de Buddy Holly, sans se départir de son humour légèrement décalé, mais toujours habité par son amour inconditionnel pour la musique.

04/2021

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Poésie

Reprenant à l'inverse la forme rigoureuse adoptée dans Plouk Town, une suite de onze parties à l'ampleur et à la longueur décroissante, Là est le second volet d'un dyptique consacré à la description crue et terriblement lucide du quotidien des habitants d'une banlieue populaire du Nord de la France. Un quotidien rugueux, parfois sordide, fait de labeur abrutissant ou de désoeuvrement, d'existences noyées dans l'alcool ou submergées de violence, auxquelles seuls les néons du supermarché ou les lueurs du petit écran apportent un semblant de lumière... Les résumés des Feux de l'amour relevés dans Télé Z reviennent à la manière d'une ritournelle : mis en parallèle avec les propos ou bribes de vies d'habitants de la banlieue lilloise, ces imbroglios sentimentaux de nantis américains produisent des effets de télescopage particulièrement frappants, amers ou grotesques. La narration se déploie tantôt librement, tantôt sous des contraintes formelles plus ou moins facilement identifiables, notamment des textes "à démarreurs", fortement scandés. Avec Là, Ian Monk poursuit une oeuvre poétique d'une ambition peu commune mettre en scène une certaine réalité contemporaine, rarement représentée dans la littérature, qui a conquis au fil du temps et des lectures publiques l'admiration d'un lectorat conséquent relativement à l'audience habituelle de la poésie : après un premier tirage de huit cents exemplaires en grand format, Plouk Town connaît aujourd'hui une seconde vie en format de poche. Ian Monk réussit le tour de force de concilier exigence formelle et poésie populaire, tant par les thèmes abordés que par le niveau d'accessibilité de son texte, d'une force immédiate.

03/2014

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Romance et érotique LGBT

Écoute ton coeur, il sait

Dans cet apprentissage de soi, le coeur connaît quelques bouleversements, il apprend, il est confronté aux émotions, aux rencontres. Enzo a grandi. Le lycée est derrière lui et il se construit au fil du temps. Le passage à l'âge adulte signifie aussi pour lui de faire face aux vicissitudes imposées par la vie. Les hauts et quelques bas qui entravent cette tranquillité à laquelle il aspire comme tout un chacun. Un amour se profile, puis s'installe. Une fulgurance, une de plus, mais certainement pas une de trop. L'évidence de cet amour le gagne et l'atteint jusqu'à ce jour où l'incertitude le fait douter, le fait chavirer. Enzo va devoir vivre l'absence, celle de l'être aimé par-dessus tout. Il va devoir affronter ses propres démons, de ceux qui vous font parfois sombrer. Mais, ici encore, une phrase, aucunement " maladroite " cette fois-ci, va résonner dans sa tête, comme une ritournelle optimiste que ses proches lui répètent alors qu'il perd espoir. Car, quoi de plus juste, alors que tout semble impossible, que de se raccrocher à ce muscle qui nous fait tous vivre ? Ce coeur qui bat, qui vous souffle au creux de l'oreille la plus simple des vérités, celle des sentiments profonds. " Ecoute ton coeur, il sait " lui sont soufflés. Finira-t-il par entendre ces mots ? Enzo, dans ce second tome, expérimente l'incertain, le doute, mais aussi et surtout l'amour au sens le plus pur du terme. Alors, ce coeur, qui le guide depuis toujours, saura-t-il finalement se faire entendre et prendre le dessus sur un mental parfois contrarié ?

04/2024

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Paramédical

Les clés de la mémoire pour les Dys. Méthode mnémotechnique - Dyslexie, dysorthographie

Sabrina Ruiz partage ici son parcours et rappelle que nous ne sommes pas tous égaux face aux apprentissages. Elle raconte ses difficultés d'enfant Dys, qui l'ont ensuite poursuivie dans sa vie d'adulte, au travail et en famille. Un jour, elle décide "qu'il faut faire quelque chose". Afin d'aider ses enfants confrontés aux mêmes difficultés, elle met au point des "astuces" pour leur permettre de mieux lire et écrire. Elle crée alors une page Facebook pour partager son expérience. Des dizaines de milliers de personnes suivent sa page et beaucoup la contactent : parents, enseignants démunis, auxiliaires de vie scolaire, étudiants... Aujourd'hui, elle présente dans ce livre ses astuces mnémotechniques pour fixer en mémoire l'orthographe des mots, les poésies, les conjugaisons... Pour "mettre les mots en situation", elle fait appel aux dessins et aux couleurs. Elle joue avec les sons, onomatopées, ritournelles... ll ne s'agit pas d'une méthode au sens classique. L'auteure veut avant tout montrer que, pour les enfants dyslexiques et dysorthographiques, la mémorisation passe par la voix, le geste, le ressenti... autant que par le simple regard. Tout le corps est partie prenante. Ce petit ouvrage ne prétend pas apporter des solutions à tous les problèmes. Il souhaite juste offrir quelques clés pour "ouvrir la porte de la mémoire" et redonner confiance aux enfants et à leurs parents. Chacun pourra s'en inspirer, l'adapter à sa propre situation et l'utiliser pour d'autres apprentissages.

02/2019

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Théâtre

Etudes théâtrales N° 60-61/2014 : Les voix marionnettiques

Ce numéro entend observer comment les arts dramatiques, scéniques et visuels se saisissent du corps marionnettique – marionnette, effigie, pantin, corps artificiel, acteur ou danseur marionnettisé ... –, se règlent ou se dérèglent sur lui pour se réinventer et ouvrir de nouvelles voies à l'incarnation de la parole et à l'animation des figures («anima», faut-il le rappeler, signifie «souffle»). Des voix en playback marionnettisant les acteurs (Carmelo Bene) aux effigies harcelées par des voix (Gisèle Vienne) en passant par ces voix venues désarticuler et/ou animer le personnage (de Yeats à Kossi Efoui), multiples sont les écritures à dialoguer avec les pratiques vocales marionnettiques : soit qu'elles multiplient les écarts, les zones de friction ou d'émancipation entre la voix et le corps, soient qu'elles jouent du décentrement, voire de la mise à distance, entre l'origine de la voix et sa répartition dans l'espace. Entre dématérialisation des corps (ombres, projections, hologrammes, …) et corps affirmant leur matérialité, comment la dimension vocale et sonore de ces corps vient-elle dire quelque chose de nos discours (intimes et idéologiques), de nos ritournelles et de nos mondes ? Comment les artistes se mettent-ils à l'écoute de la voix marionnettique et s'efforcent-ils de la traduire ? La réflexion se veut transversale de par la diversité des territoires visités (Argentine, Belgique, France, Iran, Italie, Japon, Québec...) et des époques abordées (des pratiques traditionnelles comme le Bunraku aux formes scéniques très contemporaines d'avatars ou de masques vidéo).

06/2015

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Musique, danse

Yayla. Musique et musiciens de villages en Turquie méridionale, avec 1 CD audio

Les Yayla sont les estives où les yörük, nomades et semi-nomades turkmènes, mènent leurs troupeaux au mois de mai, dans de longues transhumances ; et c'est plus souvent, désormais, le lieu où ces nomades ont fini par se sédentariser. Ainsi, au sud-ouest de la Turquie, non loin de la Méditerranée, dans quelques yayla du Taurus occidental, des musiciens répètent à l'envi de petites musiques formulaires pour inciter des parents ou amis à danser. Ceux-ci enchaînent les figures bras levés, en tournoyant, sur un cycle de quatre pas, dont un suspendu. La musique du lieu révèle son charme discret, mais irrésistible : une métrique boiteuse omniprésente, des mélodies dont l'ambitus ne dépasse guère une sixte, et qu'il est difficile au premier abord de distinguer entre elles, tant les lois combinatoires de leur formation sont subtiles. Ainsi ces anciens nomades suspendent-ils le temps, en l'enfermant dans le cercle de la répétition, de la ritournelle. L'ethnomusicologue, venu là d'abord pour apprendre les secrets du baglama, petit luth emblématique de cette société, y rencontre l'amitié indéfectible des maîtres de musique, derniers témoins de la vie pastorale d'antan. Ensemble ils interrogent le devenir et les mutations de cette société, depuis le passé préservé dans les mémoires, jusqu'au présent ethnographique ; en s'immergeant dans le temps vécu, en épousant ses rythmes, l'ethnomusicologue apprend à capter les vibrations et les intensités qui traversent ce territoire, à saisir les enjeux esthétiques et politiques qui s'y expérimentent. La monographie qui en résulte part de ce petit pays de danseurs, de ses conceptions musicales, de ses habitus, en explorant les concepts de rythme, de territoire, de minorité. Interrogeant la nature profonde de ce monde rural qui reste fort peu étudié par l'anthropologie, l'auteur propose une "géomusicologie" : car la musique est ici non seulement objet d'étude, mais aussi trait d'union entre un paysage et les hommes qui l'habitent.

12/2011

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Lecture 9-12 ans

Ernest & Sherlock apprentis détectives Tome 3 : L'incroyable vol du violon Lady Blunt

Nouvelle enquête pour Ernest et son fidèle compagnon à quatre pattes, le " redoutable " Sherlock, et cette fois encore, ils vont devoir se creuser les méninges ! En effet, alors même que le commissaire Latruffe s'apprête à emmener madame Barbarain à un concert à l'occasion duquel son ami violoniste Youri Koutiakov doit jouer le célèbre Lady Blunt (un des derniers stradivarius), on apprend que celui-ci a disparu, volé durant la nuit à son actuel propriétaire, un dénommé Shaun Kendall. Et comme d'habitude, les suspects ne manquent pas : Léonce Coudray, directeur du théâtre, Valentine Dubreuil, ex-épouse de l'actuel propriétaire du Lady Blunt, Silvio Pinelli, collectionneur et Bogdan Kavalev, second violoniste soliste de l'orchestre. Si vous souhaitez connaître la suite : Sans surprise, tous les suspects ont un alibi a priori solide, ce qui ne manque pas de mettre une fois encore le commissaire Latruffe dans tous ses états ! Par chance, le flair incroyable de Sherlock permettra à Ernest de démasquer le coupable ; ou plus exactement, les coupables : un duo de voleurs que tout semble a priori opposer, tant par leurs caractères que par leurs physiques respectifs (et c'est justement ce détail qui constituera la clé de l'énigme), à savoir l'ex-épouse et le collectionneur ; la ritournelle " C'est moi Laurel, c'est toi Hardy, c'est toi le gros et moi le petit ! C'est moi Laurel, c'est toi Hardy, et nous sommes de bons amis ! Une issue, cette fois, doublement heureuse : non seulement notre équipe de détectives mettra la main sur le précieux violon mais surtout, le commissaire Latruffe déclarera sa flamme à Violette Barbarin qui acceptera sa demande en mariage ! A l'instar des autres titres de la série, l'objet du vol (le violon Lady Blunt) existe réellement ; une note d'auteur ainsi qu'une illustration viennent d'ailleurs clore le récit.

03/2019

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Cinéma

Espace négatif

««Dieu merci, je suis athée», aimait à dire Bunuel dans l'une de ces boutades malicieuses dont il avait le secret, qui sert de titre à un tableau de Manny Farber en 1981. Peut-être faut-il nous en souvenir à notre tour pour pouvoir suivre ce dernier (aussi original comme peintre que comme critique), ainsi que sa compagne Patricia Patterson (elle a coécrit une partie de ce livre), sur la voie inattendue de la mobilisation aventureuse du cinéma et de ses auteurs, qui l'a mené de la découverte, dans les années cinquante, des «films souterrains» de Hawks, Fuller ou Siegel, alors méprisés par l'ensemble de la critique américaine, à la défense pas toujours évidente là-bas, dans les années soixante-dix, de ceux de Godard, Fassbinder ou Chantal Akerman. Mais peut-être faut-il surtout, plutôt que de rappeler une fois de plus ses combats longtemps solitaires en faveur des séries B et de leur style bas de casse (à l'encontre des prétentions arty d'un certain cinéma hollywoodien et européen), revenir aujourd'hui avec lui à ce qui, ici et là, n'a toujours pas été enseveli sous les oripeaux du Grand Art. En substituant ainsi à la transcendance «éléphant blanc» de l'auteur l'immanence «termite» de la politique, à la fixation sur le nom propre de l'un la ligne de fuite anonyme de l'autre, à l'avenir majoritaire du tout-à-l'auteur le devenir minoritaire des films eux-mêmes, aux filiations internes du cinéma les alliances externes avec le réel, aux héritages critiques de la cinéphilie les contagions cliniques des alliages artistiques, et aux invariants religieusement entretenus de la politique des auteurs les variations chaotiques de ses ritournelles funky, Manny Farber, le critique termite, a su faire flèche de tout bois pour s'en prendre au bois même de l'arbre de la cinéphilie, à ses racines les plus profondes autant qu'à ses branches les plus apparentes. Plus encore qu'un terrier, on l'aura deviné, la galerie termite est un rhizome en creux, en négatif, qui prolifère tel un bienheureux chiendent à l'orée, dans les interstices et sous la surface du bâti cinématographique.» Patrice Rollet.

03/2004

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BD tout public

Le retour à la terre Tome 1 : La vraie vie. Edition spéciale

Ah, la campagne, les petites fleurs, les bébêtes qui montent qui montent, et tout et tout... Quel citadin n'a rêvé d'aller s'y ressourcer ? Manu Larcenet a chopé le virus l'an dernier. A lui et à Mariette, sa compagne, le gazouillis des oiseaux, le doux bruit des ruisseaux et tout et tout ! Quand, comme Manu, on a passé sa vie en banlieue parisienne, ça change. Toujours timide, Manu était à cent années-lumière d'imaginer que le récit de sa nouvelle vie pouvait intéresser le moindre lecteur. Et puis, il est difficile de s'occuper d'un châtaignier de 45 mètres déposé dans son jardin par des voisins sympas tout en s'observant par la fenêtre ! Heureusement, parmi les amis venus découvrir le nouveau monde de l'auteur des Cosmonautes du Futur, se trouvait Ferri, l'homme qui raconte les folles aventures d'Aimé Lacapelle, le détective paysan qui trace son sillon dans Fluide Glacial. C'est Ferri qui s'est collé au récit des avatars de nos deux citadins depuis leur arrivée aux Ravenelles, 89 habitants (dont une jolie boulangère). Mais tout n'est pas rose quand on se met au vert ! Quel citadin exilé, n'a pas ressenti sur le coup de 18h le manque lancinant du bruit du Périf ? L'eau-de-vie de M. Henri le proprio peut consoler, mais on sent parfois le besoin d'un réconfort moral. Problème, allez dénicher un psy aux Ravenelles (89 hab.) ! Il serait plus facile d'y trouver un ancien maire ruiné par le fisc et installé, à poil et barbu, dans un arbre centenaire. C'est dire ! D'autant que certains effets secondaires sont redoutables. Manu, guitariste et chanteur punk plutôt urbain (avec des accents hardcore assez prononcés), concocte désormais des ritournelles que ne renieraient pas Francis Cabrel. C'est ça aussi, vivre aux Ravenelles (89 h.) ! Tête des Groggies, l'ancien groupe rock du Manu de Juvisy, lorsqu'ils déboulent en visite ! Ca sera l'occasion de découvrir que M. Henri se débrouille comme un chef à l'accordéon. Dès qu'il comprendra qu'il doit jouer en mi majeur et non en sol, ça promet des boeufs campagnards du feu de Dieu ! Pas chiens, Larcenet et Ferri traitent ce retour à la terre par histoires courtes d'une demi-page. 90 (bonnes) idées en 45 planches ! Ca rend généreux la vie au grand air ! Sitôt l'album refermé, on rêve d'une suite. Peut-être Manu nous présentera-t-il alors la boulangère des Ravenelles (89 h.) !

03/2010

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Littérature française

Michel buhler helvetiquement votre

Michel Bühler "Hélvètiquement vôtre" La chanson de Michel Bühler est à l'opposé du tout-venant, de ces insipides ritournelles que pissent en continu les robinets du showbiz et des médias asservis. De ce qu'ils n'osent même plus qualifier de "chanson" mais de "son" . De ce son dont on nourrit les ânes. Cet Helvète puise son art dans d'autres origines, entre Commune et Communale. Commune comme ces soixante-et-onze jours d'utopie qui imaginèrent une démocratie directe, hélas furtive, vite réprimée ; commune comme un chant commun, mutualisé. Communale pour l'instit' qu'il fut, pour encore cette idée de partage, de transmission... Le chant de Bühler est, sinon de combat, au moins d'engagement. A l'évidence d'utilité publique. Il n'existe pas pour franchement distraire, encore que, mais pour témoigner, instruire, à la manière d'une gazette. Pour bien le situer, il nous faut tirer de l'oubli ce terme si beau d'éducation populaire qui, en des temps pas si lointains, allait de pair avec la chanson. Avant que celle-ci, par abandon autant que par vouloir, ne devienne majoritairement outil d'abrutissement... Ca fait cinquante ans que, avec un succès fluctuant digne des montagnes suisses, il chante les gens, la marche de ce monde qui ne sait vraiment que reculer, les méfaits de la mondialisation, la lutte des peuples à disposer d'eux-mêmes. Un chant toujours remis sur le métier, tissé d'humanité, frappé au coin du bon sens. Qui plus que jamais, se heurte au silence, à l'indifférence, et vit dans le maquis où il partage le sort des siens, d'autres artistes de sa trempe, de son caractère, rebelles et insoumis au seul fait qu'ils osent chanter quand rien ne les invite à le faire encore. Ce qui frappe au premier abord chez Bühler, c'est l'évocation des gens, des petites gens. Ceux qui, justement, n'ont jamais voix au chapitre. En cela, Michel Bühler est parent des François Béranger, Anne Sylvestre, Gilles Vigneault, Michèle Bernard et autres encore, qui font large place dans leurs vers à ces vies anonymes, aux espoirs et aux souffrances des peuples, aux lieux où ils vivent. Bühler est empathie, dont le chant rend justice aux déclassés, leur rend la dignité dont on les a spolié. Dans ses vers, les gens existent. Au moins, là, ils ne sont pas invisibles. Le chant de Bühler n'est pas "moderne" au sens des canons, des dogmes du moment : programmateurs et journaleux le raillent pour ça. Mais lui comme nous s'en contrefoutent : il est sans âge et survivra aux modes dérisoires et futiles, aux chanteurs qu'on produit en batterie, hors sol, aux chansons à l'obsolescence programmée, à peine chantée déjà oubliées. Il est d'un chant puissant qui existe depuis toujours et existera longtemps encore, qui trouvera toujours les sillons, les sentiers, les maquis s'il le faut, pour exister, pour instiller une différence qui, à ben l'écouter, n'est jamais qu'une expression de bon sens. Michel Bühler est de cette tradition de colporteurs de nouvelles, de chansons, de presqu

11/2022

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Critique littéraire

Études anglaises - N°1/2016. The Pictures of Oscar Wilde

Joseph BRISTOW : Oscar Wilde, Ronald Gower, and the Shakespeare Monument Le mercredi 10 octobre 1888, Oscar Wilde figurait parmi les orateurs qui prononcèrent l'éloge de Sir Ronald Gower (1845-1916) lors de l'inauguration de l'imposant monument, érigé en l'honneur de Shakespeare à Stratford-upon-Avon et conçu par Gower. Cet événement, moment le plus connu où Wilde et Gower apparaissent ensemble en public, met en évidence un aspect important de l'intérêt porté par Wilde aux arts plastiques. Comme le note Roger Fry, qui le rencontra à Venise en 1891, l'aristocrate au physique avantageux est "le modèle de Lord Henry dans Dorian Gray" . Au début de sa carrière, Gower fut parfois menacé par des scandales liés à sa préférence sexuelle pour les hommes, les militaires en particulier. Il est intéressant de noter le contraste entre la manière dont Gower sut habilement se défendre contre les allégations diffamatoires à son encontre et le destin tragique de Wilde au cours des procès de 1895, suite auxquels l'écrivain fut condamné à purger une peine de prison de deux ans pour "outrage aux bonnes moeurs" . En 1898, Gower, qui avait mis un terme à sa carrière artistique après l'érection du monument en l'honneur de Shakespeare, adopta Frank Hird, son amant âgé de vingt-cinq ans. Michael Patrick GILLESPIE : The Branding of Oscar Wilde Bien qu'au cours de sa vie, Oscar Wilde ait été entouré par un certain nombre de personnages flamboyants, il se démarqua de ceux-ci en raison du grand talent dont il fit preuve quand il s'est agi de se forger une image de marque. Cette démarche va bien au-delà de la simple mise en scène de soi, et elle a de bien plus larges implications en termes de rapports à la société. C'est grâce à la création de cette image de marque que Wilde se distingua d'une génération d'excentriques, grâce à l'habileté dont il fit preuve dans l'élaboration d'une image publique singulière, image qui parvint à frapper les esprits tout en échappant aux foudres de la censure. Cette image était celle d'un artiste apparemment sans inhibition mais qui, en réalité, savait parfaitement susciter le frisson sans pour autant provoquer de la révulsion. Entre ses années d'étudiant à Oxford et les procès de 1895, la "marque Wilde" protégea sa vanité et accrut sa réputation, à travers sa capacité à changer de registre et à s'adapter à des environnements différents. Comprendre le fonctionnement de cette image de marque et l'engagement de Wilde envers cette dernière au gré des situations, permet d'offrir un aperçu de l'évolution de sa carrière d'écrivain et de saisir au mieux les perspectives changeantes dont les lecteurs doivent avoir conscience afin de comprendre son oeuvre. Anne-Florence GILLARD-ESTRADA : Oscar Wilde's Aesthetics in the Making : The Reviews of the Grosvenor Gallery exhibitions of 1877 and 1879 En 1877 et 1879, Wilde publie dans des périodiques irlandais des comptes rendus des première et troisième expositions de la Grosvenor Gallery. Ces textes constituent un premier commentaire de Wilde sur les développements qui touchaient les arts visuels depuis une quinzaine d'années environ. Wilde évoque dans ces comptes rendus les oeuvres d'artistes alors associés à "l'école classique" ou à l' "Esthétisme" (mouvements qui se recoupaient souvent). En outre, Wilde dialogue avec les commentateurs ou les critiques d'art qui étaient favorables à cette peinture. C'est dans ce terreau fertile que l'esthétique de Wilde prend forme, et cet article se propose en particulier d'explorer l'esthétique de l'ambiguïté et de l'ambivalence qui caractérise ces tableaux et qui apparaît comme centrale dans les deux comptes rendus de Wilde. Nicholas FRANKEL : Portraiture in Oscar Wilde's Fiction Wilde se rendit compte dès le début de sa carrière que le genre du portrait reposait sur une dichotomie entre la représentation des aspects intimes de la vie d'un individu d'une part et celle du personnage public, d'autre part. Mais peu après la criminalisation des "outrages aux bonnes moeurs" en 1885 et le début de sa liaison avec Robert Ross en 1886, il prit conscience du fait que le portrait constituait également une structure imaginaire propice à la représentation de vies caractérisées par des désirs illicites, désirs que l'on ne pouvait satisfaire que secrètement, loin du regard de la société. Cet article explore la dynamique entre portrait, artiste, sujet (ou "modèle" ) et spectateur dans quatre textes de fiction que Wilde a publiés à intervalles réguliers à la fin des années 1880. Il montre qu'au fil de ces quatre textes, Wilde développa une théorie nuancée de l'art du portrait comme incarnation visuelle du désir pour les hommes et entre hommes. Il suggère en conclusion que la nouvelle compréhension de l'art du portrait acquise par Wilde a pu à son tour influencer l'oeuvre de son ami Toulouse-Lautrec, dont le célèbre portrait à l'aquarelle de l'écrivain, réalisé en 1895, constitue une rupture radicale par rapport aux normes de l'époque. Emily EELLS : "La consolation des arts" : The Picture of Dorian Gray and Anglo-French Cultural Exchange Cet article analyse l'intertextualité française dans le roman de Wilde, afin de montrer comment il s'en est servi pour construire son récit et son cadre théorique. L'article met en évidence la dette de Wilde envers Gautier, Goncourt, Huysmans et Balzac : il va jusqu'à citer ce dernier sans le nommer. Cet article étudie l'inscription des mots français dans le texte de Wilde, qui sont mis en italiques comme pour signaler leur étrangeté. Ce procédé typographique participe de l'esthétisation des livres français, que Wilde présente comme des objets d'art. Le titre de cet article cite une phrase de Gautier enchâssée dans le texte de The Picture of Dorian Gray afin de suggérer comment les arts français (les belles lettres, mais aussi les arts mineurs de la parfumerie et de la dentelle) sont une source de consolation pour Dorian Gray. Une annotation en français dans un exemplaire du roman de Wilde semble y répondre, car le lecteur dit s'y trouver conforté dans son idéalisation de l'inutile. Shannon WELLS-LASSAGNE : Picturing Dorian Gray : Portrait of an Adaptation The Picture of Dorian Gray constitue un sujet de choix pour les cinéastes, et ce, pour de nombreuses raisons : il s'agit d'un conte moral captivant, doté d'une intrigue qui regorge de beauté, d'amour et d'action; c'est un exemple célèbre de texte victorien influencé en partie par le roman "gothique" . Le roman de Wilde a ainsi inspiré de nombreuses générations de cinéastes. Toutefois, cette oeuvre pose aux réalisateurs des problèmes particuliers, dont un est suggéré par le titre même de l'ouvrage : comment représenter le portrait extraordinaire de Dorian Gray à l'écran, tant dans sa beauté éclatante initiale que dans ses métamorphoses monstrueuses? Chacune des adaptations étudiées dans cet article semble proposer un portrait qui révèle les possibilités de la fiction dans un contexte audiovisuel ainsi que les propres aspirations des adaptateurs. Ainsi, les adaptations semblent considérer le portrait de la même manière que Hallward considère son sujet : "un style artistique entièrement neuf, une manière entièrement nouvelle" : une mise en abyme de l'adaptation elle-même. Marianne DRUGEON : Aestheticism on the Wildean Stage Cet article se propose d'étudier des représentations sur scène et adaptations filmiques de trois comédies de salon d'Oscar Wilde, L'Éventail de Lady Windermere, Un mari idéal et L'Importance d'être constant, lesquelles ont toutes en commun un décor, des costumes et des accessoires représentatifs de l'Esthétisme. On connaît en effet Wilde non seulement pour ses oeuvres littéraires mais également pour son engagement dans la défense de ce mouvement artistique, ce qui a conduit les metteurs en scène à créer de véritables vitrines présentant les costumes, le mobilier et les oeuvres d'art de l'époque. L'on remarque toutefois que ce qui n'est en général qu'accessoire et décor devient, dans l'adaptation des oeuvres de Wilde, de première importance : les costumes symbolisent des personnalités, les scènes se transforment en véritables tableaux, et les personnages sont définis non plus par leurs actes mais par leur apparence, devenant eux-mêmes des oeuvres d'art. Wilde lui-même, en affirmant que la vie imite l'art, recherchait sciemment l'artificialité et rejetait le naturalisme. Ainsi, ceux qui ont mis en scène ses pièces y ont bien souvent mêlé une représentation de ses convictions artistiques, et même une représentation de l'auteur lui-même, qui aimait se créer des masques et faire de sa vie un spectacle. Gilles COUDERC : Setting Oscar Wilde to Music Depuis sa première en version concert à Los Angeles en 2011, l'opéra de Gerald Barry The Importance of Being Earnest d'après la comédie d'Oscar Wilde a obtenu un grand succès. À ce jour, ce n'est que la plus récente des très nombreuses oeuvres musicales inspirées tant par les textes de Wilde que par sa vie. De son vivant, la capacité de Wilde à se mettre en scène, la création savamment orchestrée d'un personnage destiné au public, l'a maintenu sous le feu des projecteurs. Sa chute et le retentissement de ses procès ont suscité un intérêt toujours croissant pour l'homme et pour son oeuvre : l'adaptation de Salomé à l'opéra par Richard Strauss en 1905 a lancé la vogue des adaptions musicales des textes de Wilde, alors que le personnage de l'artiste a continué à inspirer opéras ou comédies musicales. Ce qui semble frappant, c'est, après la mort de l'écrivain, la confusion, dans l'imaginaire européen, entre l'homme et l'oeuvre. Cette étude se concentrera d'abord sur des oeuvres inspirées par le personnage de Wilde, Patience de Gilbert et Sullivan, puis l'opéra Oscar du compositeur américain Theodore Morrison, oeuvre dans laquelle Wilde est présenté comme héros et martyr d'un combat libertaire. Nous examinerons ensuite les oeuvres que sa Salomé a inspirées, les opéras de Strauss (1905) et de Mariotte (1908) ainsi que la production d'Ida Rubinstein (1908), trois oeuvres dans lesquelles, derrière les personnages mis en scène, se devine la figure de Wilde. Marc PORÉE : Ceci n'est pas un tube : de l'itérabilité dans The Burning Perch de Louis MacNeice Cet article procède d'un constat : tout au long de sa carrière poétique, Louis MacNeice aura multiplié les recours à diverses modalités de la répétition. Dans The Burning Perch, en particulier, il aura fait un usage insistant et déstabilisant du refrain. Une telle itérabilité est assurément consubstantielle au fonctionnement de la poésie; elle est aussi propre à l'économie "tubulaire" , telle que l'analyse Peter Szendy, et rappelle fortement le fonctionnement de la "ritournelle" , selon Deleuze et Guattari. C'est cette parenté, mais aussi cette différence, entre la chanson et le poème, qu'on explorera ici, avant de conclure, sans grande surprise, à l'irréductibilité du poétique.

06/2016