Recherche

Aristophane, Aristophane

Extraits

ActuaLitté

Poésie

Cracheur de feu. Edition bilingue français-anglais

" Comment tu es devenu poète, c'est un mystère ! / D'où a pu te venir ce talent ? / Disons : J'avais deux oncles, Joe et Harry - / l'un était bègue, l'autre était muet ". Dans leur humour féroce, ces quatre vers résument le destin de l'écrivain inclassable, intempestif, qu'est Tony Harrison. Né en 1937 dans un quartier ouvrier de Leeds mais impénitent amateur de " ramassis culturels de toutes sortes glanés dans les greniers ", il obtient à onze ans une bourse pour la prestigieuse Leeds Grammar School. Ses camarades et professeurs se moquent de son accent populaire, mais il s'accroche et franchit brillamment les degrés universitaires - helléniste et latiniste accompli, sans oublier pourtant qui il est, ni d'où il vient. Ce déchirement entre la soif de connaissance et le sentiment de l'injustice sociale demeurera au coeur de son oeuvre, engagée et savante, polémique et raffinée, violente et tendre. Qui d'autre que lui pour évoquer avec cette âpreté, cette pudeur, l'incinération de son père : " Quand le pâton froid de sa chair fut dans un four / semblable à ceux qu'il avait remplis toute sa vie, / je pensai à ses yeux en feu au Paradis... ? ". À la manière d'un Pasolini, Harrison se déploie dans les champs les plus variés de la création, de la poésie au pamphlet, du théâtre à l'opéra, du journalisme au cinéma, toujours avec la même jubilation provocatrice. Car, à travers des formes sans cesse renouvelées, c'est à la réalité la plus sensible, la plus concrète, qu'il entend constamment s'affronter, sans jamais se résigner au confort des académismes. En 1964, alors qu'il vit au Nigéria, il recrée la Lysistrata d'Aristophane dans l'Afrique postcoloniale, point de départ d'une oeuvre scénique, menée largement avec le Royal National Theatre et marquée en 2005 par Hecuba, avec Vanessa Redgrave. De même, c'est pour défendre Rushdie qu'il réalise son premier film / poème, The Blasphemers' Banquet, et c'est pour dénoncer les massacres, dans le Guardian, qu'il part en 1995 pour Sarajevo assiégée et prêtera sa voix à " l'Irakien calciné ". "M'ame 'Arrison"; ai-je entendu une voisine confier à ma mère, "tous ces livres, ça va lui tourner la tête ! " Maintenant, je l'entends soupirer : "J'vous l'avais bien dit" ".

03/2011

ActuaLitté

Histoire des mentalités

Le monde de la prostitution. De la violence à l'illusion. Coffret en 2 volumes : Tomes 1 et 2

S'il existe de nombreux livres traitant de la prostitution, chacun s'attachant généralement à un aspect du problème, aucun ne présente une synthèse aussi large et aussi documentée, qui vise à comprendre un monde complexe souvent abordé de façon superficielle sinon convenue. De le démystifier afin de permettre à un large public de mesurer l'histoire et l'actualité de la prostitution à une époque où le trafic sexuel s'intensifie, plus inhumain que jamais et où de nouvelles formes de prostitution apparaissent. Ce livre s'articule en cinq parties, plus une introduction, un épilogue, une importante bibliographie, un index, l'ensemble constituant une Encyclopédie de la prostitution composée de deux tomes. Le tome 1 comporte trois parties : ? Histoire de la prostitution. Un panorama qui s'étend de Solon l'Athénien à aujourd'hui. ? Les mots de la prostitution. Un dictionnaire de plus de 3000 mots désignant la prostituée hier et aujourd'hui, mais aussi le proxénète, le client et les lieux de prostitution. ? L'exploitation sexuelle : entre proxénètes et clients. Une approche sociologique, sexuelle, économique et humaine de la prostituée (et du prostitué) abordée dans son quotidien de femme marginalisée. Le tome 2 comporte deux parties : ? La prostitution comme imaginaire et création. Une histoire mal connue des relations qui, depuis l'Antiquité, existent entre création et prostitution. Le chapitre sur la littérature traite d'une période allant d'Aristophane à Villon, de Mathurin Régnier à l'abbé Prévost, de Balzac à Maupassant, de Céline à Bataille, mais aussi de L'Arétin à Cervantès, de Shakespeare à Tolstoï, de Brecht à Steinbeck, de Moravia à Conolly... Le chapitre sur l'art embrasse un vaste panorama, des Fresques de Pompéi à Cranach, de Vermeer à Hogarth, de Manet à Toulouse-Lautrec, de Van Gogh à Picasso, de Grosz à Foujita... Le chapitre sur le cinéma aborde l'histoire du 7ème art de Pabst à Fellini, de Bunuel à Mizogouchi, de Renoir à Godard, de Carné à Mocky, de Scorsese à Clint Eastwood... ? Les troubles appétits de la chair : du corps fantasmé au corps profané. Une interrogation sur la fascination que la prostituée exerce sur les hommes, moins sans doute au plan du désir sexuel et de la violence qu'à celui du fantasme et de la névrose.

04/2023

ActuaLitté

Philosophie

Socrate dissident. Aux sources d'une éthique pour l'individu-citoyen

Les Athéniens du Ve siècle av. J-C. ont inventé la démocratie, la loi, la raison et la liberté du citoyen pour gérer les affaires publiques. Mais, en dehors de ce champ politique, la plupart d'entre eux - démocrates comme aristocrates- se laissaient guider par les nomoi, ces coutumes des ancêtres qui définissaient les rôles de chacun, selon un ordre à la fois social, moral et... religieux. Socrate, en s'en remettant au seul sujet pensant, clans sa recherche de ce qui est véritablement "bon" pour l'homme, brisa la légitimité de cette transmission générationnelle. Il se mit à la place du père pour proposer une éducation à la réflexion, un autre accès à la vertu. Tous ceux qui perpétuaient l'ordre des nomoi se sentaient réellement menacés dans leurs repères par les idées nouvelles des "physiciens", sophistes ou philosophes, qui venaient les ébranler. Comme système de défense, ils projetaient une représentation fantasmée de ces intellectuels qu'ils accusaient, sans distinction, de "corruption de la jeunesse et d'impiété". Aristophane, clans sa comédie les Ailées, ne faisait que mettre en scène ce rejet idéologique, lorsqu'il proposait de brûler clans "son pensoir" un certain Socrate... Quand, vingt-quatre ans plus tard, Anytos intente un procès à Socrate, l'opinion est sans doute de son côté. Anaxagore et Protagoras eurent aussi leur procès et connurent l'exil. C'est la démarche "dissidente" de Socrate, transgressant sciemment codes et normes du tribunal, qui le fit condamner à une mort choisie. Il sauva ainsi la philosophie en péril dont il devint l'emblème. Le Socrate que nous découvrons, en lisant Platon mais aussi Xénophon, est à la recherche de ce qui est "essentiel" en l'homme, pour en tirer le meilleur parti. Son "souci de soi", que l'on ne peut dissocier du "souci de l'autre", prend en compte les différentes dimensions de l'humain : la pensée critique et dialectique, mais aussi la santé, l'amitié, les rôles sociaux, la loi. II fait émerger l'individu, articulant sa capacité de rupture avec la responsabilité vis-à-vis de lui-même et du monde qui l'entoure. Il propose alors une éthique qui se confoncl avec une forme supérieure de civisme. Une utopie d'actualité ! L'auteur, en conclusion, confronte la notion de dissidence avec celle de parrêsia que Foucault définit ainsi : "Il y a parrêsia lorsque le dire-vrai se dit clans les conditions telles que le fait de dire la vérité et le fait de l'avoir dite va ou peut ou doit entraîner des conséquences coûteuses pour ceux qui ont dit la vérité."

02/2010