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Daddy bandit

Extraits

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Littérature française

Esther heureuse

" En 1824, au dernier bal de l'Opéra, plusieurs masques furent frappés de la beauté d'un jeune homme qui se pro- menait dans les corridors et dans le foyer, avec l'allure des gens en quête d'une femme que des circonstances imprévues retiennent au logis. Le secret de cette démarche, tour à tour indolente et pressée, n'est connu que des vieilles femmes et de quelques flâneurs émérites. Dans cet immense rendez-vous, la foule observe peu la foule, les intérêts sont passionnés, le désoeuvrement lui-même est préoccupé. Le jeune dandy était si bien absorbé par son in- quiète recherche, qu'il ne s'apercevait pas de son succès : les exclamations railleusement admiratives de certains masques, les étonnements sérieux, les mordants lazzis, les plus douces paroles, il ne les entendait pas, il ne les voyait point. Quoique sa beauté le classât parmi ces personnages exceptionnels qui viennent au bal de l'Opéra pour y avoir une aventure, et qui l'attendent comme on attendait un coup heureux à la Roulette quand Frascati vivait, il paraissait bourgeoisement sûr de sa soirée ; il devait être le héros d'un de ces mystères à trois personnages qui com- posent tout le bal masqué de l'Opéra, et connus seulement de ceux qui y jouent leur rôle ; car, pour les jeunes femmes qui viennent afin de pouvoir dire : J'ai vu ; pour les gens de province, pour les jeunes gens inexpérimentés, pour les étrangers, l'Opéra doit être alors le palais de la fatigue et de l'ennui. Pour eux, cette foule noire, lente et pressée, qui va, vient, serpente, tourne, retourne, monte, descend, et qui ne peut être comparée qu'à des fourmis sur leur tas de bois, n'est pas plus compréhensible que la Bourse pour un paysan bas-breton qui ignore l'existence du Grand-Livre. A de rares exceptions près, à Paris, les hommes ne se masquent point : un homme en domino paraît ridicule. En ceci le génie de la nation éclate... ".

02/2023

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Conflit israélo-palestinien

L'autre histoire d'Israël. 1830-1948

Théodore Herzl, fondateur du sionisme ? Oui et non, d'autres y pensaient trente ans plus tôt à Berlin et Odessa. Côté diplomatique, tout le monde croit en une initiative anglaise de 1917 appelée "déclaration Balfour" , formalisée in fine par les cousins Walter et Edmond de Rothschild, sauf qu'en 1860 le secrétaire de Napoléon III publie un document qui proclame la restauration du royaume de Judée... Défiant les idées reçues, le livre d'Annie-Paule Derczansky nous plonge dans l'histoire complexe, tumultueuse et souvent méconnue de la création de l'Etat d'Israël, avec son lot de personnages romanesques à l'instar d'Herzl, le dandy en chemise blanche et costume bien coupé qui court de Turquie en Prusse, au pied du cheval de son empereur. Cet activisme rompu à toute épreuve a le don d'agacer le baron Edmond de Rothschild qui achète en Palestine des terres agricoles à tour de bras, même celles qui ont été vendues à des propriétaires européens ! Jeux diplomatiques entre la France, l'Angleterre, l'Allemagne et l'Italie qui s'implantent alors tous dans ce minuscule territoire... Plus tard, après la défaite nazie, comment la rivalité de ces grandes puissances a-t-elle persisté ? Les Anglais s'opposent au départ des Juifs rescapés du génocide vers la Palestine, alors que les Français ferment les yeux. Quels sont les enjeux géopolitiques qui se cachent derrière les positions de chacun ? En s'appuyant sur les archives diplomatiques de Londres, Jérusalem, Paris et Berlin, l'auteure éclaire ce pan de l'histoire contemporaine qui est encore aujourd'hui au centre de nombreux débats, tout en laissant quelques questions ouvertes. Par exemple, celle concernant les commanditaires de l'assassinat en juin 1933 du directeur politique du mouvement sioniste Haïm Arlozorof, alors qu'il négociait le sauvetage de Juifs du nazisme. Et celle, non des moindres, concernant le naufrage d'une coopération entre nationalistes juifs et arabes. Une lecture enrichissante et passionnante !

10/2024

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Livres 3 ans et +

Marlène Jobert raconte Peter Pan, La Princesse au petit pois, Ali Baba et les 40 voleurs, La Petite sirène. Avec 1 CD audio

Un ouvrage qui réunit 4 des plus beaux contes du monde, interprétés avec tendresse et humour par Marlène Jobert. Alliant merveilleux, fantastique, magie ou encore aventure, ces contes offrent aux enfants et aux parents de multiples occasions de partager des moments inoubliables. Ali Baba et les 40 voleurs D'après les contes des Mille et Une Nuits Affreux, méchants, rusés et armés jusqu'aux dents, ces dangereux voleurs sont au nombre de quarante. Quelle terrible bande ! Et leur chef, le plus méchant de tous, est prêt à tout pour punir quiconque franchit le seuil de leur grotte au trésor ! Ali Baba, justement, a découvert leur secret. Lui et sa fidèle esclave Morgiane échapperont-ils à la vengeance des bandits ? Peter Pan D'après Matthew Barrie La petite Wendy et ses deux frères, Jean et Michel, ont bien de la chance ! Peter Pan, le garçon qui ne grandit pas, les emmène ce soir au fabuleux Pays imaginaire : là où les sirènes nagent, où les Garçons perdus jouent à la guerre avec les Indiens, mais... là aussi où vit le terrible capitaine Crochet, le chef des Pirates. Celui-ci attend Peter Pan de pied ferme. Gare à sa vengeance ! La Petite sirène D'après Hans Christian Andersen Tout au fond de l'océan, dans un merveilleux royaume, vit la Petite Sirène. Mais cette jolie princesse des mers ne désire qu'une chose : aller faire un tour sur terre pour rejoindre le prince qu'elle a sauvé de la tempête ! Pour réaliser son rêve, elle est prête à tout, même à donner sa voix à la sorcière... La Princesse au petit pois D'après Hans Christian Andersen La mère de ce prince est désespérée : comment trouverait-il jamais une épouse qui lui convienne ? Il est si difficile qu'il repousse toutes ses prétendantes ! Car ce dont il rêve, c'est de la plus belle, de la plus parfaite, de la princesse des princesses dans le monde ! Serait-ce cette belle jeune fille arrivée au château un soir de tempête ? Il n'y a qu'un seul moyen de savoir...

10/2017

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Fantastique

Celle qui fit le bonheur des insectes

Au royaume de Shandramabad, le chagrin d'une reine se transforme en folie, et gagne le pays tout entier. Une histoire tendre et terrible à fois, tout en émotion comme sait en écrire Zidrou, sublimée par le dessin sensible et flamboyant de Paul Salomone. Dans le paisible royaume de Shandramabad, un roi meurt, laissant sa femme Shikara, enceinte de jumeaux, désespérée. Mais à la naissance des enfants, la reine reprend vie et devient une mère éperdue d'amour pour ses petits. Elle leur offre à chacun un oiseau-volcan, animal au plumage magnifique. Hélas, ce cadeau est empoisonné et signera la perte son fils Gorakh, qui fait une chute mortelle en suivant l'oiseau dans son envol. La mère, ravagée par la douleur, ne supporte plus le chant d'aucun oiseau ; elle ordonne de faire tuer tous les volatiles du pays, qui sombre alors dans la tristesse, le silence et la maladie. Elle bannit tout bonheur et tout plaisir de sa vie, si bien que quand elle surprend sa fille, la princesse Jalna, dans les bras d'un vulgaire voleur, elle le condamne à un sort terrible. Jalna va alors affronter son destin et sa mère autoritaire, cruelle et folle de chagrin. Les dessins de Salomone, sa palette de couleurs à la fois vive et délicate, font exister jusque dans les détails le royaume imaginé par Zidrou : les vêtements, les architectures, la nature de Shandramabad sont un véritable voyage. La fraîcheur des aquarelles rend, par contraste, l'histoire plus poignante et les passages romantiques plus sensuels. Les pleines-pages sont des moments marquants de la narration et développent un temps de pause pour apprécier le dessin. Et heureusement, les contes ont ceci de magique qu'ils laissent rarement un crime impuni, et la folle souveraine trouvera la fin qu'elle mérite, laissant le royaume recouvrer une paix et une joie durables grâce au personnage de la princesse, qui s'érige en sauveur de la situation. Cet album marque la première collaboration de Zidrou et Salomone, le premier est dans son registre préféré, celui de l'émotion et de l'imaginaire, le deuxième a travaillé deux ans pour donner à cette histoire sa plus belle traduction en images.

10/2022

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Criminalité

Avocat des flics

Quand un policier est placé en garde à vue puis présenté à un juge du parquet qui va décider de son sort, sa vie bascule : il entre, souvent menotté comme s'il était le dernier des bandits. Ici entre en scène Me Laurent-Franck Liénard, qui en trente ans de barreau, a gagné le surnom d' "avocat des flics " , avec près de deux mille dossiers de policiers et de gendarmes à son actif, sur tout le territoire national. Il rêvait de devenir commissaire de police, étudiait le droit pénal, pratiquait le tir et la boxe dans ce seul objectif, mais une autre vocation s'est glissée sur son chemin. Et voilà qu'il est devenu l'avocat du RAID, puis des gendarmes du GIGN, avant d'imposer son nom dans tous les commissariats de France. Après la tentative de meurtre contre deux policiers à Viry-Châtillon, le 8 octobre 2016, les policiers s'appuient sur lui pour dire leur ras-le-bol. L'avocat accepte, fidèle à son éthique : défendre ces fonctionnaires qui font de leur mieux pour rester dans le cadre légal. Au lendemain de la manifestation Gilets jaunes du 1er décembre 2018, où la République a semblé vaciller, il poste sur les réseaux sociaux un texte appelant les agents mobilisés sur le terrain à s'interroger sur les confrontations qui les attendent. Plusieurs d'entre eux lui confient avoir vu la mort de près et avoir été à deux doigts d'ouvrir le feu. "Il m'est vraiment insupportable qu'une personne qui manifeste sur la voie publique perde un oeil ou une main à la suite d'une action policière, écrit M° Liénard. Dans notre pays la liberté d'expression est une valeur fondamentale. La liberté de manifester l'est tout autant. Mais quand la politique hurle, le droit a du mal à se faire entendre" . Un livre au coeur d'une polémique souvent brûlante dans un pays où les anti-flics monopolisent souvent la scène médiatique. Un livre au coeur de l'intimité de ces policiers à qui l'on promet souvent le goudron et les plumes pour avoir tenté d'effectuer leur travail.

02/2022

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Football

Qatar, la Coupe de l'immonde ?. L avis de 40 personnalités

Zurich 2 décembre 2010, Sepp Blatter va révéler le nom des organisateurs de la Coupe du Monde 2022. Il arrive avec l'enveloppe qui recèle le secret que le monde s'impatiente de découvrir. Au premier rang se trouve l'Emir du Qatar et son épouse, qui bondissent de leur siège quand Blatter sortira de l'enveloppe le carton révélant le nom Qatar. La délégation américaine est dans la salle. Bill Clinton dans sa chambre d'hôtel. A l'annonce du résultat, l'ancien président s'empare d'un cendrier. Il l'envoie briser un miroir qui ne renvoyait que sa furie. Il ne s'y attendait pas. Pas grand monde d'ailleurs. Pour beaucoup, l'impensable c'est produit. Comment un pays dont le dossier était le seul à avoir reçu une alerte rouge de la part du comité d'attribution peut-il sortir vainqueur d'une enveloppe aux allures de chapeau de magicien ? Un pays dont les étés offrent un climat caniculaire, un pays sans football, sans footballeurs, sans supporters, sans stades, défie les lois de la raison. Le Chilien en charge de coordonner l'évaluation des candidats a très vite brandit le drapeau rouge. Le Qatar ne propose pas les éléments nécessaires pour organiser l'évènement. Pour beaucoup, cela suffisait à mettre les Qataris hors-jeu. Mais au fil des mois et des années, le Qatar a décidé de mettre des moyens colossaux dans sa campagne. En résumé, le Qatar a acheté la Coupe du Monde 2022. Oublié le cahier des charges dans lequel il est écrit que la Coupe du Monde doit se jouer en juin et juillet. Oublier qu'à cette période la température avoisine les 40°. Oublié que le football est joué par des êtres humains dont le corps est composé, en moyenne, de 65% d'eau. Pas Grave. Le cahier des charges sera tout simplement modifié. Ca, même le concurrent russe n'y était jamais parvenu. Corrompre oui, changer le règlement non. A la veille d'une Coupe du monde qui en devient la coupe de l'immonde, Frédéric Waseige et Philippe Auclair ont recueilli les avis de 40 personnalités belges et françaises qui comptent dans le monde du football.

11/2022

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Policiers

La forteresse de Breslau

Printemps 1945. Breslau est au bord du précipice. La ville est encerclée par une armée soviétique qui la pilonne du soir au matin. Agé de soixante-deux ans, enlaidi par des cicatrices de brûlures, souvenirs des bombardements de Hambourg et de Dresde, Eberhard Mock a été suspendu de ses fonctions d'officier de la police criminelle, mais il est invité par la comtesse Gertruda von Mogmitz à mener une enquête privée sur le viol et le meurtre de sa nièce. La comtesse, veuve du général von Mogmitz, condamné à mort pour avoir fomenté un attentat contre Hitler, est emprisonnée dans un camp dirigé par un certain Gnerlich, son ancien majordome. Mock, désespéré de devoir quitter sa ville bien-aimée, décide qu'il n'en fera rien tant qu'il n'aura pas résolu cette énigme. Sa femme Karen devra encore patienter avant de rejoindre le Danemark... D'autant que Mock, tombé amoureux de la comtesse, se laisse manipuler par elle, ce qui ne l'empêchera pas de découvrir par qui le meurtre de la jeune fille a été commandité et commis. Mais au final, il deviendra lui-même un meurtrier : sa vengeance s'abattra d'abord sur Gertruda von Mogmitz, dont les Polonais découvriront le corps en 1950. Elle s'abattra ensuite sur Gnerlich, qu'il finira par démasquer grâce à un petit coup de main du Mossad et exécutera en 1954, à Vienne, après l'avoir traqué pendant plusieurs années. Il règne dans La forteresse de Breslau une atmosphère de chaos et d'apocalypse, c'est moins un roman d'enquête qu'un roman de la disparition : les amis de Mock disparaissent (le Dr Lasarius se suicide, les bandits Wirtz et Zupitsa, spécialistes du recel et des règlements de comptes, meurent dans un accident de train), la femme de Mock s'efface elle aussi... La ville sombre en même temps que la morale, les bonnes moeurs et la dignité humaine, comme en témoignent les rapports malsains qui unissent la comtesse au SS Gnerlich. Ne reste qu'à espérer en des lendemains meilleurs et à méditer sur cette page d'histoire... La forteresse de Breslau est le cinquième et dernier volume des enquêtes de Eberhard Mock.

11/2012

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Géopolitique

Poutine, maître du jeu ?

Vladimir Poutine est-il devenu le maitre du jeu ? Vladimir Poutine est-il devenu le maitre du jeu ? En s'appuyant sur les dossiers des services de renseignement et les rapports officiels, Jacques Baud passe en revue les événements qui ont jalonné l'histoire récente de la Russie ; il analyse les différents contentieux entre l'Occident et la Russie, et éclaire sur le rôle que joue aujourd'hui Poutine sur la scène internationale. En Ukraine, le Président russe a réussi à évincer les Européens et dialogue directement avec les Etats-Unis. En Europe, on brandit le spectre d'une dépendance envers la Russie en matière de gaz naturel, mais en 2021, celle-ci est devenue le deuxième plus grand fournisseur de pétrole et le principal fournisseur de moteurs de fusées des Etats-Unis. Pour la Chine, les sanctions imposées à Poutine ont poussé la Russie dans les bras de l'empire du Milieu. Les Américains rétropédalent actuellement pour ramener la Russie du côté occidental. En Russie, en attaquant sa politique intérieure et promouvant des opposants politiques, les occidentaux ont stimulé un renouveau nationaliste russe largement en faveur de Poutine. Les Occidentaux ont ainsi créé une situation asymétrique qui joue en faveur de la Russie et qui renforce son pouvoir géopolitique mais également économique. La Russie est devenue le pays du G20 dont le ratio dette/PIB est le plus faible. Notre perception de la Russie est restée très ancrée dans la guerre froide, à une époque où les Soviétiques avaient l'ambition d'être le fer de lance de la lutte des classes. L'auteur met en lumière le regard très partial que nous avons sur le respect des droits de l'Homme en les tolérant pour nos " amis " et en les utilisant comme arme contre nos " ennemis ". Il met en exergue les médias qui jouent avec les faits pour promouvoir des fake news. Poutine tire sa force de l'incapacité des Occidentaux à s'attacher aux faits. L'ouvrage se présente sous forme de questions rattachées à l'actualité, qui facilitent l'accès à une explication équilibrée des événements et jette sur eux une lumière parfois très différente de celle propagée par les médias.

03/2022

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Animaux, nature

Bons baisers des bonobos. Les aventures d'une primatologue au Congo

Imaginez un de vos cousins qui, en guise de bonjour, tend le sexe à la place de la main, organise des parties fines avec les voisins et laisse aux femmes la gestion des affaires du monde. Ce cousin n'est pas tout seul, il y en a toute une tribu : celle des bonobos, les primates les plus menacés et les plus affectueux qui soient. Une espèce aussi proche du chimpanzé par les gènes qu'éloignée de lui par les moeurs, et qui partage 98,7% de notre ADN. Mais d'eux on sait fort peu de chose. L'été 2005, Vanessa Woods pose ses bagages dans un Congo dévasté par la guerre. Son fiancé, le primatologue Brian Hare, l'a parachutée dans un sanctuaire de bonobos, persuadé qu'il trouvera chez eux la réponse à la question qui l'obsède : en quoi consiste notre humanité ? Vanessa et Brian vont vivre au milieu de ces primates pas comme les autres, les observer : pourquoi les bonobos sont-ils enclins à coopérer? Pourquoi ont-ils recours au sexe pour atténuer leurs angoisses et régler leurs conflits quand les chimpanzés forment des sociétés dominées par les mâles, où la contrainte sexuelle, l'infanticide et les razzias sont monnaie courante ? Pourquoi un bébé bonobo hurle-t-il de terreur devant un hérisson en plastique rouge quand un bébé chimpanzé se l'approprie dare-dare ? Il se trouve que les bonobos boudent les tests sauf s'ils sont menés par une femme... Et l'on assiste à la naissance d'une vocation : peu à peu, Vanessa la dilettante se mue en chercheuse passionnée. D'une plume espiègle et gouailleuse, elle nous raconte les amours d'Isiro "la danseuse" et de Mikeno "le penseur", les frotti-frotta de deux femelles qu'excite l'odeur de pomme verte, la dinguerie de Kikongo, qui secoue la tête à s'en décrocher le cerveau comme le batteur du Muppet Show, bondit en l'air, pieds joints, comme Gene Kelly, ou encore la mort déchirante du petit Bolombe. Et nous découvrons que, dans ce pays meurtri, l'homme et l'animal ont en commun un courage et une volonté de survivre extraordinaires.

10/2011

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Littérature érotique et sentim

Les roses de Cherokee Tome 2 : 1997

"Et que deviendrions-nous, après ? Lorsqu'il ne resterait de cette étreinte, que les cendres de nos corps éparpillées. ". . En 2018, Emy Callaghan retrouve son bureau à R. L. Reading et ouvre enfin le quatrième des six carnets vieux de plus de vingt ans... En 1997, Angel et Jay vivent dans le Massachusetts, à plus de mille kilomètres de Harrison et du clan Mitchell. Jay s'est lancé dans l'écriture de son premier roman. Angel rachète de petites librairies sur le point de faire faillite. Une journée après l'autre, ils inventent un rêve auquel ils n'osaient plus croire, trois ans plus tôt. Aujourd'hui, ils sont ensemble. Et si quelques ombres ternissent parfois leur bonheur, ils les oublient vite. Ils avancent, côte à côte, sur des chemins un peu différents, mais qu'ils savent faire se rencontrer, chaque soir, quand ils se retrouvent chez eux. Ou lors de ces vacances, quand ils partent dans le Vermont profiter de la maison de Maddy et des roses cherokees. Jusqu'au jour où ils devront reprendre la route pour Harrison. Revenir, pour Jay, c'est risquer de voir ressurgir les secrets de son passé. Des secrets qu'il pensait avoir laissé derrière lui, sur les rives de Marlboro Island. Alors qu'Angel s'acharne, avec l'aide de leurs amis, pour ouvrir un centre destiné aux malades du SIDA, alors que la haine conservatrice devient de plus en plus menaçante, et que le clan Mitchell tente de renouer des liens, Jay se bat contre lui-même et essaie de faire taire celui qu'il a été, toutes ces années où Angel était parti. Au fil de ces mots qu'ils continuent d'écrire, au fil de leurs silences qui se briseront sur eux, ils mèneront plus d'un combat à la fois. De mensonges en révélations, entre la peur de la maladie et la violence de l'homophobie, Angel et Jay devront apprendre à tout accepter pour continuer de s'aimer. "Comment expliquer à Angel que pour l'oublier, je m'étais perdu ? Et que pour me retrouver, j'avais abandonné ? "

05/2019

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Sciences historiques

Ernst Kantorowicz, une vie d’historien

Ernst Kantorowicz (1895-1963) est considéré à la fois comme un spécialiste d'histoire de l'art, de théologie médiévale et de droit canonique, de philologie et de droit patristique, de littérature et de philosophie médiévales. Peut-être le doit-il d'abord à sa nature artiste. Sa biographie de Frédéric II de Prusse parue en 1927 est devenue un best-seller et Les Deux Corps du roi (publié en 1957), une expression de la science politique et du langage courant. Sa vie elle-même traverse les tragédies du siècle. Né dans une famille juive industrielle de Poznán, il débute en ardent nationaliste, engagé volontaire au service du Kaiser, blessé à Verdun, volontaire encore pour la lutte contre les spartakistes. C'est à ce titre qu'après la Première Guerre il est étroitement lié au Cercle de Stefan George — considéré alors comme le plus grand poète vivant — qui avait constitué autour de lui une sorte de secte fanatique d'antimodernisme et d'antirationalisme dévouée au culte du héros et à la recherche d'une Allemagne secrète et souterraine. Nationaliste conservateur, Kantorowicz s'engage pourtant dans la lutte antihitlérienne dès 1933, ce qui le conduit à refuser de prêter serment au régime nazi et donc à devoir démissionner de son poste universitaire en 1934. Il échappe de peu à la Nuit de cristal en 1938 et réussit à fuir, par l'Angleterre, aux Etats-Unis où il trouve un poste à Berkeley. Il s'y attache, fait école jusqu'à ce que le maccarthysme fasse de lui un des défenseurs de l'indépendance universitaire (à l'allemande), un des premiers intellectuels à refuser le serment de loyauté. Déchu de nouveau de son poste universitaire, il est accueilli à Princeton au sein de l'Institute for Advanced Study. Mais c'est sa personnalité qui rend Kantorowicz fascinant : cet érudit avait l'élégance d'un dandy, un charme personnel qui lui valait toutes les conquêtes, féminines et masculines. Il s'est lancé dans des liaisons brillantes avec l'aristocratie allemande et fut tout proche, sa vie durant, du grand historien d'art d'Oxford Maurice Bowra, autour de qui se pressait une cour d'esprits brillants.

04/2019

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Histoire internationale

Le viol, une arme de terreur. Dans le sillage du docteur Mukwege

Cet ouvrage propose des regards/éclairages croisés (du romancier au médecin en passant par le journaliste ou le juriste) sur un phénomène récent et inquiétant. Une scène "ordinaire"... "La maman était absente de la maison. A l'aube, j'ai été réveillé par des pleurs qui venaient du jardin. J'ai trouvé la gamine, qui n'a que 7 ans, recroquevillée derrière un buisson, du sang entre les jambes." Récit d'une scène "ordinaire" dans l'Est du Congo... Une arme de guerre Depuis vingt ans, une violence inouïe frappe cette région. Si toute guerre moderne fait des ravages parmi les populations civiles, ici ce sont les femmes qui paient le plus lourd tribut. Une situation cauchemardesque qui a pris racine sur les collines rwandaises en 1994, l'année du génocide. Si la violence sexuelle en période de conflit a toujours existé, elle a désormais pris une dimension nouvelle. Utilisée à des fins stratégiques, elle est devenue une véritable arme de guerre. Un ouvrage collectif pour mieux comprendre une problématique complexe Ce livre est un voyage au pays de ces femmes et enfants que des hommes brutalisent, violent, torturent, mutilent. Après une nouvelle inspirée par cette sauvagerie, signée de l'écrivain congolais Jean Bofane, Hélène Dumas et Colette Braeckman reviennent sur les séquences du désastre, nous font revivre les heures les plus noires de ces vingt dernières années. La 2e partie du livre donne la parole à deux médecins (Guy-Bernard Cadière et Simon Gasibirege), deux hommes de terrain qui livrent leur expérience. Si le tableau est certes noir, il existe néanmoins des signes d'espoir. Les regards croisés dans la dernière partie de l'ouvrage portent sur les réponses judiciaires (Michèle Hirsch et Hélène Morvan), l'indispensable sensibilisation par les médias (Thierry Michel et Jean-Paul Marthoz) et la résistance des femmes, ici et là-bas (Maddy Tiembe et Colette Braeckman). Après une réflexion de Damien Vandermeersch sur l'impunité dans un monde sans repères, le mot de la fin revient au docteur Mukwege, symbole du combat contre le viol. Son combat aux côtés des femmes a d'ailleurs été couronné de nombreuses distinctions, dont le prix Sakharov 2014.

09/2015

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Acteurs

Scandaleuse Sarah. La folle vie de Sarah Bernhardt

Pour les 100 ans de la mort de Sarah Bernhardt, Elizabeth Gouslan retrace l'incroyable parcours de ce monstre sacré, une féministe avant l'heure qui fit scandale à son époque. L'incroyable destin de Sarah Bernhardt, disparue il y a cent ans Elle a vécu au triple galop, à cheval sur deux siècles, exportant sa légende sur cinq continents. De Paris à New York, de Londres à Moscou, tous ont célébré sa beauté, son culot unique et son ambition. Cocteau parle de " monstre sacré " pour la définir et même Freud suspend son portrait dans son cabinet ! De sa naissance en 1844 à sa mort en 1923, la diva a dicté les règles de la vie mondaine, arbitré les élégances, anticipé l'Art Nouveau... Pionnière et narcissique, elle a fabriqué le star system. Seule Sarah Bernhardt sut faire de son quotidien une telle mise en scène, et de sa vie un tel roman à rebondissements. Née dans le ruisseau, d'une mère néerlandaise et d'un père inconnu, elle ne doit sa survie qu'aux largesses du duc de Morny qui entretenait la tante de Sarah. Le dandy donne le coup de pouce qui permet à la sauvageonne d'entrer au Conservatoire et de faire ensuite une carrière sur les planches, à la Comédie française puis au théâtre de l'Odéon. Parcours fulgurant : Sarah, bulldozer à la voix d'or, écrase toutes ses rivales, décroche les rôles titres qu'on ne pensait même pas lui confier, affichant à son palmarès plus de cinq cents spectacles, des dizaines de tournées dans le monde entier et un capital à faire pâlir les plus fortunés. Féministe avant l'heure, Sarah Bernhardt a su tracer sa route dans un monde d'hommes, damant le pion aux machos qui tiraient les ficelles - quitte, notamment, à les mettre dans son lit. Nul doute que cette tornade brune a ouvert la porte à une galaxie d'étoiles. Car, de Bette Davies à Edith Piaf, de Barbra Streisand à Amy Winehouse, de la Callas à Madonna, ces amazones de la scène, à bien y regarder, on toutes quelque chose de Sarah Bernhardt.

02/2023

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Littérature française

Le Contrat

Alice Boucher acceptera-t-elle de signer avec Christophe Lambert, fondateur des éditions Thanatographes, spécialisées dans les derniers textes, ce contrat faustien en diable par lequel elle renonce à écrire après lui avoir confié un ultime manuscrit ? Entière, en quête d'absolu et de sens, elle entretient un rapport vital à l'écriture ; face à elle, Christophe n'est-il qu'un dandy cynique qui fait commerce de la mort ? Jusqu'où ira-t-il pour la convaincre d'écrire ce texte - puis de disparaitre ? Quel rapport ces deux-là entretiennent-ils avec Marie-Madeleine, une vieille dame impudente et truculente, qu'un autre contrat va également bientôt engager avec l'énigmatique et ténébreux réalisateur Achard Lebrument ? "Le Contrat" est un roman à multiples facettes, miroirs, chausse-trappes et faux semblants, qui poursuit la réflexion de son autrice sur le statut du réel et propose, outre l'histoire de ces quatre personnages : - le pitch d'une web série sur la cuisine de l'amour - le programme drolatique d'un Festival du Dernier roman - quelques trésors de l'opérette française - un catalogue jubilatoire de derniers textes encore inédits (réels ou imaginaires) - une playlist de chansons à pleurer - des considérations étymologiques sur l'évolution de quelques mots latins et coquins - mais aussi une réflexion sérieuse sur le chant du cygne : la relation de la Littérature au Temps et à la Mort. Qui signera ? Qui tire les ficelles ? Qui mourra ? Extrait "Depuis que savoir qu'écrire est devenu sa grande question, Colline sèche sur pied. Parler de soi ne l'attire pas, seul est intéressant le réel autour d'elle, la vie des autres, et une vie bien différente, si possible, il te suffisait de si peu, auparavant, t'en souviens-tu seulement ? Tu t'installais dans un café, tu regardais autour de toi et les mots te démangeaient déjà le bout des doigts. Si tu voyais un couple, par exemple, toutes sortes d'histoires ne demandaient aussitôt qu'à se glisser de leurs chaises au carnet que tu gardais toujours ouvert devant toi. Très vite, tu esquissais quelques ébauches de tableaux". E. B.

02/2022

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Littérature étrangère

Songes et discours

" Voici, pour le lecteur français, la première occasion depuis le dix-septième siècle de se mesurer avec les Songes et discours de Quevedo. Le Siècle d'or touche à sa fin. Nature inquiète, turbulente, volontiers querelleuse, Quevedo est ce témoin à charge qui peint dans les Songes et discours le tableau d'une société malade. Défilent en une ronde infernale (au sens propre) des pantins gesticulants, grimaçants, vociférants, qui tous incarnent des types sociaux au travers desquels l'auteur dénonce les maux de son époque : l'hypocrisie, le mensonge, la rapacité, la luxure. A la suite du narrateur, lequel, successivement, assiste au jugement dernier, s'entretient avec un démon logé dans un alguazil, parcourt l'enfer, apprend à voir le monde au-dedans ou rend visite aux morts, nous découvrons une population d'hommes de loi, de greffiers, d'alguazils, de médecins, d'apothicaires, de tailleurs, de femmes de mauvaise vie, de duègnes, etc. Avec les femmes, la satire se fait particulièrement féroce. Jeunes, vieilles, laides, belles (mais leur beauté est artificieuse), aucune ne trouve grâce à ses yeux. L'enfer de Quevedo, comme celui de Dante, est par ailleurs peuplé de figures célèbres. L'auteur s'attarde auprès de quelques-unes d'entre elles - Judas l'Iscariote, Mahomet, Luther - pour les stigmatiser violemment ; l'entretien entre Judas et le narrateur vaut d'être souligné, car il illustre parfaitement ce mélange explosif de grotesque et de sacré, qui est une des constantes des Songes et discours. " La grandeur de Quevedo est verbale ", a justement dit Borges. Nul ne possède plus que lui la maîtrise de la langue espagnole. Il n'a pas son pareil pour manier l'ellipse, l'anastrophe, l'antithèse, le paradoxe, l'ambiguïté, l'amphibologie, et autres figures de style. Au cultisme de Gongora et de ses sectateurs, partisans d'une langue poétique où l'ornement est recherché pour lui-même, Quevedo oppose le conceptisme qui détourne les mots au service d'un raisonnement rigoureux et d'une pensée subtile, ingénieuse à l'extrême. Borges fait remarquer que la prose de Quevedo bannit l'épanchement sentimental et ne comporte aucun de ces symboles qui s'emparent de l'imaginaire des gens. Assurément Quevedo ne séduit pas en mignardant. Il est rude, ironique, vindicatif ; mais celui qui accepte de lui emboîter le pas cède tôt ou tard à ses sortilèges (nous en parlons en connaissance de cause). " Les traducteurs.

04/2003

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Historique

Le fantôme d'Odessa

Mai 1939. L'écrivain Isaac Babel est incarcéré à la prison de la Loubianka. Il y sera interrogé et torturé pendant huit mois avant d'être secrètement exécuté le 27 janvier 1940 sur ordre de Staline. Pour tenir, il écrit à sa fille Nathalie, réfugiée en France avec sa mère. La lettre du condamné à mort prend la forme d'un examen de conscience. Comment ses idéaux de liberté, son refus des dogmes, son humanisme l'ont-ils écarté de cette Révolution à laquelle il a cru ? Les visions qui lui reviennent sont celles de sa jeunesse à Odessa, la ville turbulente, affranchie, éclatante de vie, de couleurs et de drames, des bandits juifs emmenés par le "Roi" Bénia Krik, qu'il a peinte dans ses premiers récits. Les images du scénario qu'il a tiré de ces contes pour S. M. Eisenstein et que le cinéaste, accaparé par son Potemkine, n'a jamais tourné, affluent à sa mémoire. Relatant les hauts faits de l'indomptable Bénia, anarchiste associé aux bolchéviques, puis trahi par eux, elles s'imposent soudain comme la parfaite prémonition de son propre destin...CAMILLE DE TOLEDO vit à Berlin. Il enseigne la création littéraire à l'ENSAV, Bruxelles. Depuis sa trilogie parue aux Editions du Seuil (Le Hêtre et le Bouleau, essai sur la tristesse européenne, Vies potentielles, Oublier, trahir, puis disparaître) jusqu'au récent Thésée, sa vie nouvelle (Verdier, 2020), il travaille sur les spectres de l'Histoire. Après Herzl, une histoire européenne (Denoël, 2018), il poursuit avec ce second roman graphique autour d'Isaac Babel son effort pour rappeler à la vie des mondes disparus. C'est aussi en ce sens qu'il oeuvre à divers projets autour de la personnalisation des éléments de la nature. ALEXANDER PAVLENKO est né en Russie en 1963. Il étudie l'histoire, le dessin et l'animation à Moscou. En 1992, il quitte son pays avec sa famille pour fuir l'antisémitisme et s'installe en Allemagne, près de Francfort. Il travaille pour des éditeurs russes et allemands, illustrant entre autres des textes de Pouchkine, Georges Bataille, Sade, Oscar Wilde... Son blog sur la culture alternative, où il a pris la défense des Pussy Riot, est suivi par de nombreux fans en Russie et dans la diaspora. Avec Herzl et ce tout nouveau Fantôme d'Odessa, il acquiert une visibilité européenne.

05/2021

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BD tout public

Legio patria nostra Tome 1 : Le tambour

Et ainsi naquit la Légion Etrangère. Le 30 avril 1863 au Mexique, 62 légionnaires de la 3e compagnie du 1er bataillon du Régiment Etranger sont piégés par 2 000 soldats mexicains dans une hacienda délabrée du village de Camaron sur la route de Vera Cruz. Sous une chaleur de plomb, sans boire ni manger, ces légionnaires repousseront les assauts des Mexicains pendant près de douze heures. Ils ont juré à leur Capitaine de ne pas se rendre. Ils tiendront parole, écrivant ainsi sans le savoir l'histoire de la Légion, Camerone, la défaite devenue une légende. Sept ans plus tôt, à Lyon, Casimir, un gamin des rues, commet un meurtre en voulant protéger sa mère des violences de son souteneur. Contraint de fuir la ville, il entraine avec lui son meilleur ami Dino qui rêve d'un avenir meilleur. Mais échapper à son destin est un jeu dangereux, et c'est dans les griffes du Maure, un chef de bande tyrannique et pervers, qu'ils se trouveront pris au piège. Un piège mortel dont Casimir devra s'échapper seul, trouvant refuge à Toulon où sa rencontre avec Evariste, un ancien soldat, dandy et joueur invétéré, l'amènera à s'enrôler sous un faux nom dans les rangs d'un corps d'armée à la réputation douteuse : la Légion Etrangère. Mais pour la première fois depuis longtemps dans la vie de Casimir, un rayon de soleil apparait en la personne de Zélie, des immenses yeux verts et un tempérament intraitable, avec qui il envisage une nouvelle vie au-delà de la méditerranée. Sa décision est prise, il va déserter. L'histoire de Casimir commence à peine, il ne sait pas encore qu'il va devenir un héros... Pour sa première bande dessinée, Jean-André Yerlès, scénariste pour l'audiovisuel, s'associe au flamboyant dessin de Marc-Antoine Boidin pour nous plonger dans une épopée virtuose et romanesque aux sources de la Légion étrangère. Une institution aujourd'hui chargée de symbole et dont la légende s'est écrite dans le sang, au Mexique, lors de la bataille de Camerone de 1863. En 5 volumes, Legio Patria Nostra (" La Légion, notre patrie ", devise de la Légion) nous raconte autant cette histoire que le parcours initiatique d'un orphelin des rues qui trouvera sa famille dans la Légion et apprendra parmi eux à devenir un soldat, un guerrier et tout simplement un homme dans la France turbulente du Second empire.

10/2019

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Littérature française (poches)

Strangulation

On peut avoir grandi dans le confort feutré de l'aristocratie bordelaise, avoir un père célèbre dans le petit cercle des études cicéroniennes et une mère à l'affection débordante qui archive inlassablement les courriers de son fils, on peut avoir passé son enfance à rêver de grands départs, le regard porté sur les bateaux s'élançant vers l'Atlantique, et ne rien faire de sa vie. Ou si peu. Jean a quitté Bordeaux à vingt ans pour aller flâner sur les quais de Paris, faute d'avoir osé partir plus loin. Lui qui se pique de littérature en ses heures de loisir, qui compose des vers et s'apprête à publier un roman, pourrait croiser les illustres acteurs de la bohème de la Belle Epoque, pourtant son destin semble être de passer à côté des choses et des gens. Il écrit des lettres à sa mère, dans lesquelles il lui raconte ses journées de petit fonctionnaire à la préfecture, évitant de mentionner ses heures d'errance vaine, mentant parfois pour ne pas l'inquiéter. Il apprécie la compagnie d'animaux qui le distraient un temps de sa solitude et de son désoeuvrement. Quand ce dernier devient trop pesant, Jean est sujet à d'étranges pulsions lors desquelles il exécute l'ami domestique du moment avant de porter son deuil, presque heureux d'avoir su ainsi se fabriquer un semblant d'émotion. C'est avec une plume précise et baroque, trempée dans l'humour noir, que Mathieu Larnaudie relate les fantaisies et démystifie les fantasmes de son jeune dandy impuissant à rencontrer son époque comme sa propre existence. Il n'est pourtant pas question d'échec ici, car l'échec supposerait une ambition, une entreprise : Jean rate sa vie comme on rate un train, avec une telle conscience de ce non-avènement que les seuls projets lui semblant réalisables ressortissent à la mort - bientôt à la sienne propre, que d'une certaine manière il orchestrera. S'inspirant librement de la biographie du poète Jean de La Ville de Mirmont, Strangulation compose une fiction originale, à la fois détournement et hommage des romans décadents de la fin du XIXe siècle, jouant des mises en abyme et des voix (celle du héros dans sa correspondance, celle d'un narrateur à la connivence ironique) pour interroger brillamment l'art du roman.

08/2015

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Policiers

I cursini

Peu nombreux sont les polars qui se déroulent en Corse, plus rares encore sont ceux qui traitent du mouvement indépendantiste et du grand banditisme sévissant sur l’île de Beauté. Ce silence s’explique en grande partie par la difficulté de pénétrer ces milieux excessivement cloisonnés et de parvenir à mener une véritable enquête de terrain. Dans I Cursini, Alix Deniger se décide à prendre la voie de la fiction pour nous faire part de son expérience et témoigner. C’est bien connu, la fiction est souvent ce qu’il y a de plus proche de la réalité… Dans ce livre, nous suivons une équipe de la DCRI confrontée à une recrudescence terroriste des nationalistes corses, en sommeil depuis plusieurs années. Cyniquement, l’auteur montre bien que ce réveil nationaliste est bien moins guidé par les idéaux révolutionnaires de leurs aînés que par la volonté des « natio » de se faire une place au soleil, en levant un « impôt révolutionnaire », pratique qui ressemble à s’y méprendre à du simple racket. D’ailleurs, très vite, le retour des indépendantistes sur le devant de la scène va en gêner plus d’un : les mafieux qui règnent sans partage sur le littoral corse depuis les années 90 voient du plus mauvais oeil ce nouvel état de fait qui menace l’équilibre précaire entre l’île et le continent. Filatures, planques de nuit, opérations illégales mais aussi recrutements des cellules terroristes, attentats, fusillades entre factions rivales, Deniger nous montre tout sans fard. Le regard acéré de l’auteur n’épargne personne : les militants nationalistes qui ressemblent comme deux gouttes d’eau à ces bandits qu’officiellement ils exècrent, les mafieux qui ne sont pas si éloignés de leurs cousins napolitains, prêts à tout pour étendre leur influence sur une île exsangue économiquement mais aussi sur la Côte d’Azur. Pour finir, et c’est là le plus passionnant, Deniger jette un oeil désabusé sur cette grande famille policière dont il fait partie : cynisme bureaucratique, division interne et guerre de services, manque de moyen… La raison d’État cache en réalité une multitude de mesquineries. Tout ce qui nous est décrit est vrai, et cela fait souvent froid dans le dos. Dans un roman noir brut de décoffrage, l’accent est mis sur l’action et surtout sur la description d’un phénomène sociologique, d’une réalité trop peu souvent dévoilée. Planques, filatures, interpellations… Après bientôt trente ans dans la police, dont douze passés à traquer des autonomistes corses, basques, des intégristes religieux, des espions ou des extrémistes politiques, Alix Deniger raconte…

09/2012

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Sciences politiques

Mali. Au-delà du djihad

A travers un récit personnel, nourri de paysages, de rencontres et d'anecdotes parfois insolites ou terribles, le grand reporter indépendant François-Xavier Freland raconte les principaux événements qui ont plongé le Mali dans une longue crise politique, institutionnelle et sécuritaire. Dans cette guerre contre le " jihadisme ", on découvre au passage les enjeux cachés de la politique africaine, les haines vivaces entre ethnies du nord et du sud, les ressources naturelles en sous-main, les dessous parfois maladroits de la diplomatie française et enfin, l'extrême fragilité d'un pays tracé à l'équerre, au moment de la décolonisation. L'échec du Mali, ce ne serait pas l'Afrique ni la France, mais bien plutôt le manque d'éducation, la globalisation, et l'écart nord-sud qui se creuse. Entre 2002 et 2017, sur des périodes plus ou moins longues, l'auteur s'est rendu régulièrement au Mali. Entre janvier 2007 et août 2008, il y a été correspondant pour France 24 et de Radio France. En 2007, le Mali semblait être le modèle à suivre en Afrique, en termes de démocratie et de culture. C'était pourtant aussi l'un des plus pauvres du monde, la terre des disettes à répétition, de l'émigration clandestine vers l'Europe. En avril 2007, le président Amadou Toumani Touré avait été réélu haut la main pour 5 ans, sans incident à déplorer. Mais quelques semaines plus tard, la rébellion touarègue avait à nouveau fait irruption au nord. Personne n'imaginait alors que ce foyer d'insurrection entraînerait la chute de l'exécutif, et emporterait le pays dans le chaos et dans une longue guerre contre le terrorisme à la dimension internationale. L'auteur s'est ainsi retrouvé embarqué dans l'histoire au temps présent, une histoire aux racines et enjeux complexes, où se croisent les derniers hommes bleus, les éleveurs peuls, les griottes et chasseurs mandingues, les sorciers, les guérisseurs, les petits bandits à la solde des terroristes, les soldats français de Barkhane (opération qui prend la suite de Serval) ou les casques bleus, les instructeurs militaires américains, les informateurs du service secret, les jihadistes, les imams salafistes, les corrompus de tout genre, les diplomates polis et aussi les journalistes aux bons sentiments... Loin des clichés " postcoloniaux " et de la vieille rengaine " françafricaine ", ce récit laisse entendre une voix indépendante, à la fois tendre et sans concession, sur le naufrage d'une jeune nation, aujourd'hui toujours en proie au fanatisme religieux, faute d'avoir misé à temps sur l'éducation.

10/2017

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Littérature française

Manam

Rima Elkouri emprunte les chemins de la littérature afin de démêler les noeuds d'une mémoire familiale blessée. . A la manière de la défunte Téta, qui avait toujours une fable dans sa manche, elle raconte, avec générosité et pudeur, la tragédie arménienne. Au passage, sans emphase, elle nous donne accès à une certaine idée du Québec et de ses immigrants. Léa est institutrice. Tous les mois de septembre, elle accueille la vingtaine d'enfants qu'elle accompagnera pour la prochaine année. Chaque fois, elle brandit le dictionnaire devant eux, leur expliquant que c'est comme un coffre au trésor de vingt-six lettres. Elle leur dit qu'ils ont là tout ce qu'il faut pour raconter le monde. Même ce qui ne se raconte pas. Même les secrets qu'ils n'osent dire à personne. Même le silence. Le secret, le silence, n'est-ce pas justement une grande part de l'héritage que Léa a reçu de sa Téta, sa grand-mère tant aimée, qui vient de mourir à cent sept ans ? Dans la maison de Téta, aux allures de quai de gare, le repas commençait mais ne finissait jamais, la cousine débarquée d'Alep y croisait le neveu de New York ou l'amie de Marseille, tout ce beau monde s'alignait sur le mobilier kitsch, fumait le narguilé, riait aux éclats, mangeait beaucoup trop, prenait des nouvelles des " enfants ", ainsi nommés même à quarante ans. Mais il était un sujet dont Téta refusait de parler. Au début du siècle dernier, presque toute la population de Manam, où vivait sa famille, a trouvé la mort, soit sous les coups de l'armée turque, soit sur la route de l'exil vers la Syrie. Comment sa grand-mère et les siens avaient-ils survécu au massacre ? Dès que Léa lui posait la question, sa Téta, d'ordinaire si volubile, changeait de sujet : " Le Canadien sera éliminé en cinq ou en six, à ton avis ? " Rima Elkouri emprunte les chemins de la littérature afin de démêler les noeuds d'une mémoire familiale blessée. " Nos silences sont des tiroirs à double-fond ", écrit-elle. A la manière de la défunte Téta, qui avait toujours une fable dans sa manche, elle raconte, avec générosité et pudeur, la tragédie arménienne. Au passage, sans emphase, elle nous donne accès à une certaine idée du Québec et de ses immigrants. Elle le fait avec finesse et humilité, à hauteur de femme, d'homme et d'enfant, mettant à profit son habile talent de portraitiste pour nous faire découvrir des êtres courageux qui ont résolument choisi le côté de la vie.

12/2022

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BD tout public

Il était 2 fois Arthur

Au début du XXème siècle, aux Etats-Unis, l'esclavage est bien aboli... mais la ségrégation raciale bat son plein ! Interdiction diverses, ligne de démarcation, vexations, lynchages, les hommes et femmes de couleur sont soumis à une multiplicité de lois les reléguant en dessous des Blancs. Notamment dans le milieu sportif : un boxeur noir ne peut concourir en catégorie "poids lourd". Mais Jack Johnson, athlète d'exception, va tout changer, obligeant la loi à changer et les Blancs à regarder. De l'autre côté, Arthur Cravan, poète-pugiliste, aventurier et pacifiste, dadaïste avant l'heure, véritable personnage romanesque qui écrit sa propre légende. Une vie qui défie l'entendement et dont l'aspect fictionnel se mélange intimement à la réalité. Ce qui est certain, c'est que ces deux hommes se croiseront à un moment-clé de leurs histoires. En pleine Première Guerre mondiale, le poète fuit les combats et débarque à Barcelone. Jack Johnson, qui vient de perdre son titre de champion du monde poids lourd, est présent. Ils vont s'affronter sur le ring durant 43 minutes avant que ce dernier ne mette l'habile homme de lettres K.O. Une rencontre sportive superbe et le premier happening de l'histoire de l'art. Barcelone, le 23 avril 1916. Sur le ring dressé au centre de la Plaza de Toros, gants de boxe aux poings, les 2 Arthur s'affrontent. Jack Arthur Johnson et Arthur Cravan. Le premier est né aux Etats-Unis, premier boxeur noir à avoir remporté le titre de champion du monde des poids lourds. Le second est né en Suisse, neveu d'Oscar Wilde et boxeur dandy surnommé "Le poète aux cheveux les plus courts du monde". Tout semble opposer les deux hommes, à l'exception d'une attitude identique face à une société corsetée dans le racisme et le puritanisme ce sont deux hommes libres. Sur le ring de la Plata de Toros, peu importe qui sera le vainqueur. Première performance artistique pré-dada ou supercherie sportive et financière, le match des 2 Arthur s'est désormais inscrit dans la légende. A partir de ce combat mythique, Nine Antico a construit sa narration dans un affrontement miroir qui fait voler en éclat les codes et les préjugés. Porté par l'énergie fulgurante du dessin de Grégoire Carié, ce récit coup de poing sur la liberté renverse les icônes dans un match graphique en noir et blanc qui met deux fois KO.

09/2019

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Beaux arts

Divin Vinci - Léonard de Vinci, l'ange incarné. Un triptyque biographique, philosophique et artistique

La date du 2 mai 2019 marque le 500ème anniversaire de la mort de léonard de vinci, visionnaire de génie, l'un des plus grands artistes de tous les temps et modèle par excellence de cet âge d'or, pour les arts comme pour les lettres, que représenta, pour l'humanité tout entière et pour notre civilisation en particulier, la Renaissance. Un anniversaire, certes, en majesté ! Comment donc, face à cet homme d'exception, ne pas rendre l'hommage qui lui est dû ? Mais un hommage qui, au vu des nombreuses biographies, et autres études, qui lui sont consacrées, se veut original et inédit, tout en ne sacrifiant rien de sa réalité historique ni de sa rigueur scientifique. C'est ce à quoi s'adonne, dans ce livre, daniel Salvatore Schiffer, professeur de philosophie de l'art, mais aussi, comme en témoigne son abondante bibliographie, l'un des meilleurs spécialistes du dandysme. Car si, comme l'a dit oscar Wilde, le dandy le plus flamboyant de son temps, en un de ses aphorismes-clés, le dandysme consiste à faire de sa vie une oeuvre d'art, et de sa personne une oeuvre d'art vivante, alors Léonard de Vinci en est, tant par l'extraordinaire beauté de son allure que par le bon goût de son esthétique ou le fascinant parcours de son existence, le plus emblématique des précurseurs, avant même un lord Brummell, arbitre des élégances, ou un lord Byron, icône du romantisme. Du grand et moderne léonard, qui inspira jusqu'au " pop art " d'Andy Warhol, c'est cette vie construite, entre l'Italie et la France, comme une véritable oeuvre d'art, depuis sa naissance à vinci, splendide village de Toscane, jusqu'à sa mort à Amboise, sur les bords de la loire, en passant par Milan et la cour des ducs Sforza, que cet ouvrage, unique en son genre, retrace. Avec, en guise de viatique pour nous guider en ce fabuleux voyage, l'analyse de ses principaux tableaux, depuis sa célèbre mais énigmatique " Joconde " jusqu'à son mystérieux " Salvator Mundi ", en passant par sa céleste " Cène ", sa sublime " vierge, l'Enfant Jésus et Sainte Anne " ou son élégiaque quoique sensuel " Saint Jean-Baptiste ". Enfin, pour parfaire ce portrait, l'apport des écrits de léonard de vinci lui-même, mais aussi des principaux textes, rédigés, à son sujet, par des penseurs majeurs, de giorgio vasari à Sigmund Freud, en passant par Walter Pater, Paul Valéry, Emmanuel Lévinas ou Elisabeth Roudinesco. La vie de Léonard de Vinci illustrée à travers son oeuvre artistique : tel est l'objet de ce livre, aussi érudit qu'attrayant !

04/2019

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Littérature étrangère

Estuaire

Edmundo Galeano a 25 ans, il a parcouru le monde, participé à une mission humanitaire et est revenu dans la maison paternelle avec une main estropiée. Il est revenu pour écrire et passe ses jours à essayer d'élaborer littérairement son témoignage. Un roman qui expliquera le monde et l'empêchera de courir à sa perte. Sa famille passe par une série de vicissitudes économiques qui mettent en danger la maison familiale, refuge de tous. Il y a l'aîné qui a mis sur pied un projet destiné à sauver la fortune de la famille en transformant deux bateaux, mais l'autorisation de l'administration se fait attendre depuis des années. Il a tenté de conjurer le sort et attend une bonne nouvelle. Un cadet avocat et dandy dont les affaires déclinent et qui essaie de sauver son cheval du naufrage de sa fortune. Le frère suivant qui réhabilite des immeubles vétustes pour les louer à des clandestins et est amoureux d'une belle Estonienne enceinte de lui et qui a besoin de place pour le bébé. La jeune soeur divorcée, avec un enfant de 8 ans fasciné par la baleine 52 Hertz, un enfant qui ne ressemble pas à son père mais au grand amour de sa mère. Et la tante Titi qui a sacrifié sa vie pour élever ses neveux et dont la vieillesse et la présence sont maintenant encombrantes. Lorsque le père de famille, armateur ruiné, baisse les bras, tout se précipite et chacun est confronté à ses échecs et à ses culpabilités. Edmundo prend alors conscience que ses aventures lointaines et son projet littéraire sont en relation directe avec les batailles privées qui se déroulent autour de lui. Ce superbe roman choral nous montre, avec tendresse et ironie pour l'apprenti écrivain, le processus de la création littéraire, ses embûches, ce que représente le travail d'écriture. Il nous montre aussi comment les vies quotidiennes dépendent de ce qui se passe bien loin d'elles-mêmes et des décisions prises à d'autres échelles. Lídia Jorge, qui a toujours pratiqué un " réalisme aux portes ouvertes ", nous trouble en introduisant des éléments fantastiques et irrationnels dans ses personnages et nous montre que la passion amoureuse va plus loin qu'on ne pourrait le penser. Elle montre le plus proche pour atteindre l'universel. Après avoir exploré l'Histoire et les façons d'en rendre compte, Lídia Jorge revient à l'exploration des actions et des sentiments qui constituent les vies ordinaires et les abîmes qu'elles recouvrent. Un grand roman écrit par une très grande romancière.

08/2019

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Beaux arts

Au sud d'Eden. Des Américaines dans le Sud de la France (Années 1910-1940)

1910-1940 : Quel grand écrivain ou artiste américain n'a pas un jour poussé son voyage transatlantique du côté de la Provence et de la Côte d'Azur ? Toute la bande de la « génération perdue » est passée par là Dos Passos, Hemingway et Fitzgerald qui ont fait d'Antibes leur terre de plaisirs. Chaque été, ils se retrouvaient dans la « villa America » du peintre et dandy Gerald Murphy, enfant chéri de Picasso et de Fernand Léger, et dont Fitzgerald fit le héros de Tendre est la nuit. Le Sud polarisa les grands marginaux et rebelles de l'Amérique du XXe siècle. Voir l'écrivain afro-américain Claude McKay qui, promu par les Cahiers du Sud de Jean Ballard, a écrit à Marseille l'un de ses romans phares : Banjo ; ou John Reed qui découvrit en Marseille une ville « romantique », « splendide » et « virile ». La région entière est fréquentée par des artistes pour qui la nature reste une fabuleuse machine créatrice. On y voit William Glackens, le « Renoir américain »; le synchromiste Stanton Macdonald-Wright, mais aussi Man Ray qui descend sur Marseille pour sa Canebière populaire et bruyante aux couleurs orientales et son pont Transbordeur, symbole de modernité. Pour ces créateurs, le Sud rime avec Eden. Ils y trouvent une sensation de liberté que leur refuse l'Amérique puritaine, du soleil à profusion, des contrastes de couleurs assourdissants, une nature quasi intacte, et un mode de vie méditerranéen « à l'antique ». Lorsque, brutalement, le paysage s'assombrit. En 14-18, le sud devient refuge : Au Cannet, Morgan Russell, l'ami de Cendrars délaisse pour un temps ses recherches synchromistes pour interroger les maîtres de la Renaissance italienne ; à Nice, Alexander Archipenko sculpte de jeunes femmes au bain dans un langage moderniste sans précédent. Année 1940 : le Sud - devenu zone libre - se transforme en une terre de transit où espoir et désespoir se côtoient. Entrent alors en scène des personnages à l'étoffe de héros qui mettront leur vie en péril pour sauver des artistes et intellectuels pourchassés par les nazis. Ces héros sont : Varian Fry et son extraordinaire équipe du CAS ; ou bien encore Hiram Bingham. Leur champ d'action sera Marseille. Et tout se finit ou recommence avec Jim Harrison qui semble rouvrir la route du Sud. Depuis la tragédie du 11 septembre, il a encore plus de raisons d'y venir. « Quelle meilleure idée », écrit-il, « que de faire un voyage en France et de lutter contre le terrorisme avec de l'ail et du vin rouge ? » Doit-on dès lors s'attendre à une nouvelle migration artistique ?

02/2006

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Littérature française

ETAL-KONTEI : Odyssée des temps diluviens. Tome 3

A l'aurore d'un jour de printemps, sur une planète inconnue, un vaisseau de l'espace dépose deux hommes au sommet d'une montagne de l'hémisphère septentrional. Dotés de facultés hors normes, ces deux étrangers - l'un étant humain, l'autre extraterrestre - ont pour mission de recueillir toutes les informations possibles sur les sociétés autochtones en se fondant parmi elles. Les deux explorateurs, parfaitement ignorants des us et coutumes locaux, vont voyager dans une région de cette planète nommée Etal-Kontei, une vaste mer asséchée, que les " dirigeants " de la planète ont entrepris de remettre en eau, il y a plusieurs décennies, sans savoir qu'elle était déjà habitée. Une décision inconséquente, fauteuse de désastres innombrables pour les populations installées dans ces territoires sinistrés... Lors de leur première étape, les deux visiteurs vont commencer par découvrir le rapport aux femmes, très défavorable à ces dernières, qu'entretiennent les indigènes. Ils visiteront ensuite une cité fortifiée, et noueront de bonnes relations avec une troupe de militaires originaire d'un autre royaume, aux moeurs radicalement opposées. Quand ils apprendront que ces autres explorateurs voyagent dans la même direction qu'eux, les deux pèlerins accepteront de s'intégrer à leur expédition pour traverser Etal-Kontei en cours de submersion. Pendant leur périple aux multiples rebondissements, nos deux héros seront confrontés aux difficultés de la navigation fluviale, aux affres des voyages en mer, aux risques mortels encourus aussi bien durant les mouillages que pendant les traversées hauturières menées dans des conditions particulièrement précaires. C'est ainsi qu'ils rencontreront de nouveaux royaumes avec des populations aux coutumes et intérêts divergents, de même que des potentats locaux aux manières parfois abruptes. L'extraterrestre devra également affronter l'irrésistible tentation d'un amour interdit à son espèce, et dont il lui faudra assumer l'écrasante responsabilité de son fruit non souhaité... Vers le terme de leur éprouvante navigation, ils échapperont au traquenard tendu par des pirates sans pitié, à l'aide d'un procédé totalement miraculeux. Puis, ils aborderont au continent méridional, avant d'entamer la partie terrestre de leur voyage. Durant cette nouvelle période, toujours insérés au sein de la caravane militaire qui traversera des gorges profondes et des steppes arides, ils devront supporter d'interminables journées de marche par une chaleur suffocante, et une nouvelle attaque de bandits très organisés. Un combat quasi désespéré, au dénouement heureux, encore plus extraordinaire que le précédent miracle ! Enfin, au terme de leur parcours, le pèlerin " humain " aidera le monarque de l'un de ces royaumes à sauver sa capitale, non sans enfreindre les instructions reçues avant leur départ en mission. Après quoi, ils regagneront leur patrie d'origine où seulement une partie des innombrables problèmes soulevés par leur expédition se verront réglés

04/2014

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Histoire de France

La croix, la tiare et l'épée. La croisade confisquée

Le mot de croisade est, de nos jours, plus souvent galvaudé qu’à son tour, de G.W. Bush qui le brandit au lendemain de l’attentat du 11 septembre 2001, comme une menace contre les terroristes à tel gouvernement qui déclare lancer une « croisade contre la fraude fiscale » ou « contre la grippe ». Il a bien évidemment une toute autre résonance dans le monde musulman où il est perçu comme le début d’une lutte armée impitoyable menée par les États chrétiens d’Europe contre l’Islam et où il préfigure l’impérialisme de l’Occident sur la planète et son corollaire, le colonialisme, que l’Europe n’en finit plus d’expier.Pour bien comprendre les enjeux de la question, il faut, selon Jean Flori, revenir à l’origine du mot. Qu'est-ce en réalité qu'une croisade ? Un pèlerinage armé ou une expédition purement militaire de reconquête chrétienne ? L’effet d’un élan populaire spontané et anarchique, ou au contraire une entreprise pontificale mûrement conçue destinée à assurer le triomphe du catholicisme ? Faut-il définir la croisade à partir de ses objectifs initiaux ou de ses transformations ultérieures ?Avec son brio habituel et sa verve jubilatoire, teintés d’une bonne dose d’ironie, Flori bouscule le « politiquement correct ». La croisade serait en fait le produit d’une évolution des idées qui, dans l’Occident chrétien, a peu à peu justifié puis sacralisé certaines guerres et par là-même valorisé moralement et spirituellement ceux qui les menaient. Né en 1095, son concept est directement issu de celui de guerre sainte qui se poursuit indépendamment de lui jusqu’à ce que l’Église romaine tente - et dans une très large mesure réussisse - à « confisquer » la croisade en l’institutionnalisant et à l'utiliser contre des objectifs qui n’ont alors plus guère de rapports avec ses traits constitutifs majeurs. En témoignent cette croisade avant la croisade qu’est la Reconquista espagnole ou ces expéditions des XIIIe-XVe siècles contre les païens des régions baltiques, les « hérétiques » du Languedoc ou les rois et princes chrétiens réfractaires aux décisions pontificales.Un essai d’histoire des idées volontiers polémique en ces temps où éclatent de nouvelles confrontations entre Orient et Occident.Spécialiste internationalement reconnu des croisades et de la chevalerie, directeur de recherche au Centre d'études supérieures de civilisation médiévale de Poitiers, Jean Flori compte à son actif une vingtaine d'ouvrages fondamentaux (Pierre l'Ermite, Fayard, 1999 ; Guerre sainte, jihad et croisade, Seuil, 2002; L'Islam et la fin des temps, Seuil, 2007). Ses trois précédentes biographies chez Payot (Richard Coeur de Lion, 1999; Aliénor d'Aquitaine, 2004 ; Bohémond d’Antioche, 2007) ont été saluées par la critique comme des incontournables.

05/2010

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Littérature française

Destruction

Une femme qui a consacré sa vie à lire ou à écrire se trouve soudain privée de tout ce qui était au coeur de son existence. Une dictature s'est installée dans le pays où elle réside, ici, à Paris. Le seul moyen d'expression qui lui est concédé est une sorte de blog sonore, que lui commande le représentant d'une mystérieuse organisation qui tente de s'opposer au nouveau régime. Le livre ne cesse de s'interroger sur ce changement inquiétant : quand s'est-il réellement produit, quels en étaient les signes avant-coureurs, comment a pu s'effectuer cette destruction progressive du monde d'avant ? Et surtout, la narratrice n'est-elle pas elle-même coupable d'avoir laissé venir les choses, n'a-t-elle pas elle-même voulu s'affranchir du passé ? N'avons nous pas été tous coupables d'insouciance, de légéreté ? Et voilà que le nouveau pouvoir, peu à peu, de manière insidieuse bannit tout souvenir, cherchant à effacer toute trace de l'histoire, toute plaque commémorative, détruisant jusqu'aux cimetières. Tout se passe en réalité comme s'il n'avait fait que systématiser une vie de pur divertissement dans laquelle, comme toute une génération autour d'elle, elle s'était complue, refusant peu à peu toute pensée complexe, toute réflexion. A sa manière prenante, allusive, ne cessant de mêler ses voix intérieures, ses angoisses à des souvenirs de lectures, de rencontres, d'observations, Cécile Wajsbrot parvient à merveille à nous faire ressentir ce que pourrait être notre présent si l'impensable (un retour de ce que nous croyions, depuis la guerre, impossible) s'était produit. La grande réussite du roman, c'est que, à force de notations concrètes et par la richesse de ses réflexions, l'auteur nous fait pénétrer dans cet "univers parallèle où se dessinent des contours, des silhouettes qui nous accompagnent, aussi réelles que la nôtre" . La narratrice acquiert une présence telle que le lecteur est lui-même gagné par l'inquiétude de ce qui, après tout, n'était peut-être qu'un cauchemar. Et le dénouement (qui fait penser à un mauvais rêve trop aisément dissipé), nous laisse dans le doute : est-il vraiment besoin d'une dictature pour que la destruction soit à l'oeuvre, en nous et autour de nous ? A la lecture de cette fiction spéculative, dont la pertinence ne cesse de nous être rappelée par l'actualité, on ne peut qu'être frappé par la cohérence de l'oeuvre de l'auteur de Memorial, hantée depuis toujours par la mémoire des crimes de l'Histoire et par la crainte qu'ils se reproduisent, faute d'avoir su en tirer les leçons.

02/2019

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Littérature étrangère

Le silence d'après

Les passagers qui embarquent dans le train de 10 h 35 reliant Manchester à Londres ont tous une bonne raison d'espérer des lendemains meilleurs. Jeff se rend à un entretien d'embauche après des mois de chômage, Holly s'offre un peu de répit, Nick se rend à un mariage avec toute sa famille, Meg et sa compagne partent en randonnée, Caroline tente de se soustraire à sa vie compliquée, et Rhona espère rentrer le soir même pour retrouver sa fille. Huit solitudes se côtoient à bord de ce train. Et parmi elles, celle de Saheel, qui peine à trouver sa place dans une société dans laquelle il ne se reconnaît plus. Avec son sac bourré d'explosifs, Saheel n'attend plus rien de l'avenir, il attend le terminus. "Eprouvant et profondément humain. Un vrai coup de massue". Ian Rankin "Impitoyable et palpitant". Daily Telegraph Extrait : "Elle avait les larmes aux yeux. Elle n'aurait même pas dû être à bord de ce train. Si seulement elle n'avait pas raté le précédent ! Tout ceci lui semblait irréel. Elle avait du mal à croire qu'elle était vraiment là, à chuchoter au sujet de... Elle s'efforça de chasser cette pensée de son esprit. Trouillarde. Une bombe, donc. Une bombe, ou une grenade. Un moyen de blesser des gens, de tuer des gens. Comment en était-elle arrivée à cette conclusion simplement parce que ce passager transpirait dans un train étouffant et refusait d'engager la conversation ? Elle-même était en sueur, terrassée par une nouvelle bouffée de chaleur. Le moment idéal, bon Dieu. Elle sentit ses joues la brûler, ses bras et ses cuisses, tout. Elle devait être rouge comme une tomate. Le vertige persista, ainsi que cette peur, intense, qui se répandait dans chacun de ses membres à chaque battement de coeur. Puis elle le vit - l'étudiant - revenir. - Il est là, dit-elle, rongée par la culpabilité. Je vais, hum... Elle désigna son siège du doigt. Noman esquissa une grimace. Caroline pensa qu'elle devrait peut-être se déplacer, s'asseoir ailleurs. Ce serait la réaction la plus judicieuse, non ? Mais si l'étudiant s'en alarmait ? S'il paniquait et passait à l'acte plus vite que prévu ? Caroline n'avait éprouvé une telle frayeur qu'une fois en quaranteneuf ans d'existence. C'était différent de l'inquiétude qu'elle avait parfois éprouvée pour les enfants quand ils étaient malades ou blessés. Même lorsque Paddy, avait été commotionné après avoir été renversé par une voiture à l'âge de neuf ans, et que, des heures durant, on n'avait pas su s'il y avait une lésion cérébrale. Différent parce qu'il s'agissait de terreur, pas de peur".

06/2018

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Littérature française

Dîner de gala. L'étonnante aventure des Brigands Justiciers et de l'Empire du Milieu

Ce livre raconte les aventures, dans la première moitié du XXe siècle, de la cohorte des Bandits Justiciers, autrement appelés Redresseurs de Torts ou Brigands Rouges : ainsi nomme-t-on l’Armée des communistes chinois qui triomphera en 1949, après de longs et coûteux combats. Leur chef est un fils de paysans du Hunan, destiné à régner sans partage sur le Parti puis sur la Chine. Quand le récit commence, le pays est déchiré par la guerre civile. Les puissances étrangères – France, Angleterre…, mais surtout l’envahisseur japonais – se disputent les dépouilles de l’Empire, tandis que le Kuomintang de Tchang Kaï-Chek tente de prendre le pouvoir, luttant à la fois contre les étrangers et contre ses rivaux communistes. Mao s’impose d’abord dans un petit fief reculé des montagnes. Il construit patiemment l’Armée Rouge avec quelques comparses et, tout en combattant les Japonais, parvient à repousser quatre campagnes successives de Tchang Kaï-Chek. La cinquième campagne sera terrible : le Kuomintang engage un million d’hommes, et l’Armée Rouge doit fuir, harcelée par les nationalistes et par les habitants des régions traversées, minée par des rivalités intérieures. La Longue Marche, d’octobre 1934 à octobre 1935, voit le corps d’armée dirigé par Mao perdre près de cent mille hommes sur cent trente, avant de trouver refuge dans une zone communiste stable. Ce désastre sera plus tard transformé par le Président-poète en triomphe légendaire. Mao, qui a appris des Soviétiques la pratique des purges, assoit son emprise sur le Parti. En 1949, il proclame l’avènement de la République populaire de Chine. Viendront ensuite les épisodes terribles des Cent Fleurs, du Grand Bond en avant et de la Révolution Culturelle... Cette épopée cruelle et picaresque nous est racontée sous la forme d’un récit d’aventures à la façon de Au bord de l’eau. Les personnages ont nom Tête-de-Fouine, Petit-Chien dit Rouge- Vertu, Liu-Gros-Nez, le Mandarin-Versatile, le Dragon- Borgne, l’Ours-Téméraire ou Deuxième-Couteau. Le ton, plein d’ironie narquoise, n’est pas celui du récit historique, bien que l’auteur s’appuie sur une documentation extraordinairement précise, jusque dans le moindre détail de la vie quotidienne de ces combattants légendaires : il n’y manque pas une sandale à semelle de paille ni une écuelle de porc au piment. Le récit est à la fois pétillant d’humour et nourri d’une quantité d’anecdotes souvent affreuses ("La Révolution n’est pas un dîner de gala", faisait observer le grand Timonier). Philippe Videlier confirme, avec ce livre, l’invention d’un genre : le conte historique, genre qu’il avait déjà expérimenté dans ses ouvrages précédents. Le résultat est saisissant d’intelligence, et l’humour grinçant qui baigne le texte replace l’atrocité des faits dans le grand manège de l’histoire des hommes, avec sa musique lancinante.

09/2012