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Kamil Barbarski traducteur

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Musique, danse

Le Cid. une pièce de théâtre en vers et alexandrins de Pierre Corneille

Le Cid est une pièce de théâtre tragi-comique en vers (alexandrins essentiellement) de Pierre Corneille dont la première représentation eut lieu le 7 janvier 1637 au théâtre du Marais. Origine et inspirationSelon une tradition peu convaincante rapportée par l'historien du théâtre Pierre-François Godard de Beauchamps, un conseiller à la cour des comptes de Rouen, Rodrigue de Chalon, issu d'une famille espagnole, aurait initié Corneille à la langue et la littérature espagnoles et lui aurait suggéré la lecture d'une pièce de théâtre de Guillén de Castro Las Mocedades del Cid (Les Enfances du Cid) parue en 1631 et qui aurait inspiré le dramaturge français. L'influence de Rodrigue de Chalon est incertaine, mais il est attesté que Le Cid s'inspire fortement de la pièce de Guillén de Castro, au point que Jean Mairet, dans une épître en vers anonyme, l' "Auteur du vrai Cid espagnol" , écrite au traducteur français de Guillén de Castro, accuse Corneille de plagiat en mars 1637. Personnages : Don Rodrigue (Rodrigue) : fils de Don Diègue et amant de Chimène. Cid est un surnom de guerre qui ne sera rappelé qu'aux actes IV et V et uniquement par le roi et l'Infante. Le personnage s'inspire de Rodrigo Díaz de Vivar. Chimène : fille de Don Gomès et maîtresse de Don Sanche et de Don Rodrigue dont elle est aussi l'amante. Don Gomès (le comte) : comte de Gormas et père de Chimène. Don Diègue [de Bivar] : père de Don Rodrigue. Dona Urraque (l'Infante) : Infante de Castille, secrètement amoureuse de Don Rodrigue. Don Fernand : premier roi de Castille. Don Sanche : amoureux de Chimène. Elvire : gouvernante de Chimène. Léonor : gouvernante de l'Infante. Don Arias et Don Alonse : gentilshommes castillans. Lors de la création, le rôle de Rodrigue était tenu par Montdory qui dirigeait la troupe du Marais. A quarante-six ans, il était considéré comme le plus grand acteur de son temps. Chimène était jouée par la Villiers, l'Infante par la Beauchasteau, don Sanche par le Montrouge. Résumé : Don Diègue et Don Gomès (comte de Gormas) projettent d'unir leurs enfants Rodrigue et Chimène, qui s'aiment. Mais le comte, jaloux de se voir préférer le vieux Don Diègue pour le poste de précepteur du prince, offense ce dernier en lui donnant une gifle (un "soufflet" dans le langage de l'époque). Don Diègue, trop vieux pour se venger par lui-même, remet sa vengeance entre les mains de son fils Rodrigue qui, déchiré entre son amour et son devoir, finit par écouter...

11/2022

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Littérature française

Le fils du matador

Saisir les secrets de la création en regardant par-dessus l'épaule d'un grand écrivain tandis que le texte s'élabore, c'est peut-être là le désir de tout nouvel auteur. Dans ce grand entretien, Pascaline David lève le voile sur le travail d'écriture et l'univers romanesque de Jérôme Ferrari. L'écrivain aborde des thèmes aussi variés que le rôle de l'enfance dans le déploiement de la vocation romanesque, la construction de personnages, la mise en ouvre de la langue, l'élaboration du récit ou le travail de l'écriture proprement dit. EXTRAITJe ne peux pas écrire quelque chose en quoi, d'une certaine manière, je ne crois pas. Je sais bien que c'est de la fiction mais, en même temps, il faut que j'y croie. Il faut que j'y croie parce que sinon pourquoi irais-je l'écrire ? Il faut que j'y croie et que ce soit comme si je regardais quelque chose qui se déroule dans une espèce de petit monde. À PROPOS DES AUTEURSJérôme Ferrari est un écrivain et traducteur français. Né de parents corses, il est agrégé de philosophie et titulaire d'un DEA d'ethnologie. Il a vécu en Corse et enseigné la philosophie au lycée de Porto-Vecchio. Durant cette période, il a organisé notamment des "cafés philosophies" à Bastia, puis enseigné au lycée international Alexandre-Dumas d'Alger, au lycée Fesch d'Ajaccio jusqu'en 2012, et au lycée français Louis Massignon d'Abou Dabi jusqu'en 2015. Depuis la rentrée 2015, il enseigne la philosophie en hypokhâgne, au lycée Giocante de Casabianca de Bastia. Il débute une carrière d'écrivain en 2001 avec un recueil de nouvelles, Variété de la mort et un roman, Aleph Zero (2003). Auteur à la plume corrosive, Jérôme Ferrari s'inspire de la Corse pour écrire Balco Atlantico, paru chez Actes Sud en 2008. Avec son roman, Un dieu un animal, l'écrivain évoque la guerre et le monde de l'après 11 septembre. Il reçoit pour ce roman le prix Landerneau en juin 2009. Après le Prix France Télévisions et le Grand Prix Poncetton SGDL en 2010 pour Où j'ai laissé mon âme, son roman Le sermon sur la chute de Rome (2012) est l'un des événements de la rentrée littéraire finalement couronné par le Prix Goncourt. Il reçoit le Prix littéraire "Le Monde" 2018. Pascaline David est née à Bruxelles en 1976. En 2014, elle fonde les éditions Diagonale avec Ann-Gaëlle Dumont.

02/2021

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Psychologie, psychanalyse

Portes ouvertes sur Freud. Les introductions et les notes de James Strachey aux écrits de Freud traduites et prolongées par Michel Gribinski

James Strachey, traducteur de la très fameuse Standard Edition, la version anglaise des oeuvres complètes de Freud, a accompagné son geste de traduction d'un formidable appareil critique ; introductions, notes, documents. Ce sont ces belles et rigoureuses "Portes ouvertes sur Freud" que Michel Gribinski a entrepris de traduire en français. Il ne s'est pas arrêté là puisqu'il a lui-même offert, pour chaque livre ou article de Freud introduit par Strachey, un texte de commentaire, d'investigation, et surtout d'invitation à la lecture. L'apport remarquable de cet ouvrage tient également à un regroupement non chronologique du corpus freudien, remplacé par un classement thématique en quatre parties qui redessine les grandes lignes de force de la théorie et de la clinique freudienne. Chaque titre porte une des grandes questions de l'oeuvre : 1. Comment la sexualité et la mort sont-elles liées ? C'est la question du combat entre les pulsions de vie et de mort (I - L'amour, la guerre, la mort). 2. Qui, de l'homme, de la civilisation et de la culture construit l'autre, qui est à son service ? A quelle illusion, à quel refoulement, à quelles croyances cette construction est-elle redevable ? C'est la question de la créativité humaine (II - Entre civilisation et culture. Mythe, religion, histoire, littérature). 3. Comment se peut-il que les souvenirs, les rêves, les oublis, tout une vie négative ait inventé une méthode de soins et un mode de pensée absolument neufs ? C'est la question de la découverte et de son champ (III - La méthode, née de l'oubli et du rêve). 4. Par où commence le corpus de la psychanalyse, son grand corps ? Et si ce n'était qu'à la fin de tout un parcours que l'on pouvait la présenter, et introduire aux travaux majeurs de la théorie - à la métapsychologie ? Car, comme dans la chanson, quand c'est fini, ça recommence (IV - Pour introduire la psychanalyse). Le propos de Strachey est direct, savant mais non jargonnant, non hagiographique, supposant un lecteur libre et curieux auquel est proposé une précise "situation" de chaque texte. Les présentations de Michel Gribinski, elles-mêmes souvent plus longues que celles de Strachey, constituent un contrepoint subtil : se saisissant d'un point, d'une question, elles n'assènent pas davantage une lecture définitive de l'oeuvre mais s'y confrontent, la questionnent profondément et laissent le lecteur tout à sa curiosité et à sa propre découverte. "Freud appartient à ses lecteurs" , : c'est ce que montre, avec audace et subtilité, ce livre.

11/2020

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Histoire de l'architecture

La tâche de l'architecte

Sous la forme d'un ensemble de 45 études (et de 640 illustrations), ce volume entend rendre raison à la fois du parcours d'activité d'un architecte et de celui auquel il convient de former les architectes futurs afin qu'ils mesurent avec lucidité toutes les exigences de leur tâche. Ce parcours se déploie selon quatre grandes orientations : 1. "Entre architecture et urbanisme" ; 2. "Ce qu'enseignent les villes" ; 3. "La leçon de Venise" ; 4. "Sur les places d'Europe". Chacune de ces articulations laisse percevoir le même souci : celui de l'espace public comme bien commun, et par conséquent celui de la vie concrète qu'on y mène et que l'architecture, dans toutes ses dimensions (ville et territoire), devrait avoir pour but d'enrichir en configurant pour les gens, leur histoire et leur dignité propres, les lieux où leur vie prend forme. C'est ainsi que l'auteur interroge l'épaisseur historique de l'espace construit et souligne l'importance de chaque contexte particulier dont il convient de prendre la mesure, en nous invitant à le suivre aussi bien dans le temps que dans l'espace : dans le temps, quand il analyse l'histoire et le développement du zonage, des villages ouvriers, des places publiques européennes, ou la manière dont Séoul ou Kyongju ont pu se construire au long des siècles ; dans l'espace, quand il fait varier le regard selon qu'on se trouve en Algérie ou en Chine, en Italie ou en Corée, à Kobé ou à Venise, référence fascinante et problématique de toute réussite urbaine. A chaque fois, son exigence propre entre dans le détail le plus concret des dimensions auxquelles l'architecte est confronté : celle du projet et de sa définition, problème épineux de longue date ; du plan éventuel et de ses contraintes ; des règlements administratifs si variables ; des idéologies dont l'architecte est le traducteur plus ou moins conscient, etc. A cet égard, l'auteur multiplie les approches : des textes méthodiques (comment/élaborer un projet) et descriptifs (comment s'y est-on pris soi-même pour construire ou requalifier bâtiments ou espaces) à ceux où l'expérience et le témoignage personnels viennent soutenir le propos, qu'il s'agisse de directions de recherche dans d'autres pays, de convictions sur la beauté des villes, de réflexions sur la place laissée dans l'espace urbain à tout l'arc des vies, de l'enfance à la vieillesse, ou encore d'hommages à de grandes figures ou à de grandes institutions.

03/2022

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Pléiades

Oeuvres

Philippe Jaccottet a lui-même choisi les oeuvres rassemblées dans ce volume, y recueillant tout ce qu'on pourrait qualifier d'écriture "de création" et laissant de côté son travail de critique et de traducteur, ainsi que certains textes de circonstance liés à des voyages ou à des hommages ; il a veillé à ce que ses livres apparaissent selon la chronologie de leur publication initiale, qui était jusqu'alors parfois masquée par des regroupements éditoriaux ultérieurs. Recueils de poèmes et livres de prose alternent d'abord, bientôt ponctués à intervalles plus ou moins réguliers par les notes de carnets qu'égrènent les différentes livraisons de La Semaison. Retrouvant leur titre unique, celles-ci sont ici restaurées dans toute la cohérence de leur projet et complétées par les Observations, 1951-1956, longtemps inédites et qui sont comme l'amorce de ces semences littéraires rassemblant choses vues, choses lues et choses rêvées. L'évolution des poèmes est frappante : des sonnets rimés de L'Effraie (1953) aux pièces brèves et épurées d'Airs (1967) se fait sentir l'influence des révélations majeures que furent les paysages de Grignan et les haïku japonais. Par les chants plus tourmentés des livres de deuil qui se succèdent ensuite, de Leçons (1969) à Pensées sous les nuages (1983), le poète tente de maintenir le flux des mots malgré la mort qui semble faire vaciller jusqu'au langage. À partir de Cahier de verdure (1990), proses poétiques et vers se mêlent au sein d'un même recueil. Une forme éminemment personnelle s'invente, se concentrant sur les éclats de joie épars dont il s'agit de restituer la lumière. Comment embrasser à la fois le clair et le sombre, le grave et le léger, le tout et le rien ? L'ouvre de Jaccottet s'impose par l'exigence de sa quête, la pureté rayonnante et sans affectation de son chant - «L'effacement soit ma façon de resplendir», écrivait-il dès L'Ignorant (1957). Sans céder jamais à l'épanchement, se refusant autant au nihilisme qu'à l'exaltation - à «l'écourant brouillard d'un certain lyrisme» -, elle trouve certes dans la beauté subtile et poignante de la nature - lumière d'hiver, vergers en fleurs - une réponse vitale à la violence du monde et au désenchantement. Mais cette beauté n'a rien d'un refuge éthéré ; elle est comme une lame qui permet de creuser dans l'opaque. Cette poésie, nourrie d'ombre, s'écrit avec le vide et contre lui.

02/2014

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Histoire de France

De Versailles à Potsdam. La France et le problème allemand contemporain 1919-1945

André François-Poncet, homme d'Etat, diplomate et écrivain, possède un sens du récit allié à une grande rigueur d'analyse qui fait de son ouvrage une référence en matière historique. En fin psychologue et en grand connaisseur de la nature humaine, l'auteur nous brosse les portraits des différents intervenants qui rendent ce livre authentique et vivant. Il est vrai qu'André François-Poncet fut pendant les années trente, ambassadeur de France à Berlin. Du fait de sa fonction, il eut l'occasion de se retrouver au coeur de l'Histoire en marche et d'en être tout à la fois le témoin et le protagoniste. André François-Poncet fut affecté en Allemagne en raison de l'excellente connaissance qu'il avait de ce pays, de sa culture et de l'âme de son peuple. De plus, il était germanophone, ce qui lui permettait de communiquer sans l'aide d'un traducteur. On mesure l'importance de cette capacité lorsque l'on sait qu'à une langue correspond une vision du monde. Pour cet homme avisé, il fut donc aisé de pénétrer l'esprit de ceux qui allaient devenir les responsables de l'un des plus terribles drames que l'Humanité ait jamais connu. L'énergie qu'il a déployée pour mettre en garde des dangers qui menaçaient ne fut malheureusement pas suffisante à faire cesser une certaine forme d'aveuglement. Mais, après les terribles épreuves de la Première Guerre mondiale, la France vivait dans un climat pacifiste et redoutait plus que tout un nouveau conflit avec l'Allemagne. Il n'en allait pas de même du peuple allemand qui, dans sa grande majorité, refusait le Diktat de Versailles. Grâce à une habile manipulation de l'opinion publique, les chefs de la Reichswehr avaient fait oublié que la défaite de leur pays était avant tout militaire en lui substituant le mythe du coup de poignard dans le dos. La crise économique propulsa Adolf Hitler au pouvoir en 1933 et le cycle infernal qui allait amener l'Allemagne à la catastrophe de 1945 était enclenché. Potsdam, capitale du Brandebourg, résidence d'été de Frédéric le Grand était un haut lieu du pouvoir prussien. C'est dans cette ville que le sort de l'Allemagne allait se jouer pour les décennies à venir. La Prusse, elle, allait totalement disparaître à l'issue du redécoupage des territoires et des déplacements de populations décidés lors de la conférence. Cet ouvrage reste riche d'enseignement pour l'époque actuelle, car si les situations changent, les ressorts de l'âme humaine restent constants.

09/2018

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Critique Poésie

Entretien sur Celan

Jean-Claude Schneider (né en 1936) a longtemps eu une dette envers Paul Celan. Jeune traducteur de l'allemand, il a rencontré le poète à Paris au début des années soixante à l'occasion d'un projet de traduction des poèmes de Celan en français aux éditions Gallimard qui, à la suite d'un malentendu, ne verra jamais le jour. C'est Celan qui, le premier, l'encouragea, lors de cette rencontre, à lire Mandelstam en lui offrant le petit livre de traduction du poète russe en allemand qu'il avait lui-même fait paraître en 1959. L'aboutissement du choc reçu alors, ce seront les deux volumes des Ouvres complètes publiées il y a deux ans. Les pages de cet entretien sur Celan, publié une première fois aux éditions Apogée en 2002, sont nées, quarante ans après, de cette rencontre et ce projet qui n'aboutit pas au livre escompté, mais qui marque, néanmoins pour Jean-Claude Schneider - qui a lui-même publié ses premiers poèmes au Mercure de France en 1958 - le début "d'une conversation infinissable avec les seuls poèmes, enfin renouée et sans cesse recreusée". Le livre est donc à la fois le recueil, longtemps différé à cause du malentendu initial, des traductions de poèmes de Celan par Schneider et un commentaire de ces poèmes, une lecture que l'on peut dire "fraternelle" , si l'on connaît l'oeuvre poétique de Schneider et en particulier de son dernier recueil Récitatif en ruine que nous publions parallèlement. Les livres sur la poésie de Celan se sont multipliés depuis qu'il a acquis le statut - paradoxal quand on sait son histoire familiale - de plus grand poète de langue allemande de la seconde moitié du XXe siècle. Mais celui-ci nous semble particulièrement précieux par son approche. A l'opposé de la démarche d'un Jean Bollack, qui pensait qu'il était possible, à force de savoir herméneutique, d'accéder à un sens qui serait le seul recevable, Schneider se place dans la position de l'"interlocuteur", de l'un de ces lecteurs du futur dont parlait Mandelstam. D'où le titre choisi pour ce livre qui fait allusion à l'Entretien sur Dante de Mandelstam aussi bien qu'à l'Entretien dans la montagne de Celan lui-même. Tout en préservant "la part d'ombre que le poème a pour tâche de sauver et dont il doit, pour buissonner, se vêtir", Jean-Claude Schneider nous apprend, dans ces pages, à nager vers les poèmes de Paul Celan, qui sont comme autant "de petites îles pour lesquelles manquent ponts et bacs".

05/2021

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Critique littéraire

Leconte de Lisle. Ou la passion du beau

Jusqu'à sa mort Leconte de Lisle, a fait preuve d'une telle discrétion sur sa vie privée et il a été si peu à l'honneur, qu'on pouvait avoir l'impression qu'il avait "à peine vécu", qu'il tendait vers le pur esprit. Très tôt, sa vocation de poète pour lui ne fait aucun doute. Cet. écrivain iconolâtre et autodidacte, boudé du grand public jusque vers 1870, vit dans la pauvreté et dans une relative solitude. Il fonde une revue littéraire à Rennes en 1840, collabore à celles de l'école fouriériste, reçoit l'enseignement de son ami Louis Ménard et fréquente le salon de. Louise Colet, avec Flaubert en 1853. Mais surtout, à partir de 1864, il prend la tête d'un cénacle ou d'une école qui sera dite "parnassienne", et qui, malgré quelques vicissitudes, se maintiendra jusqu'à la fin du siècle. Tous les écrivains et poètes importants d'alors lisent et relisent Leconte de Lisle, se nourrissent de sa poésie, même lorsqu'ils prétendent s'en détacher, comme Verlaine ou Mallarmé, ou la contester, comme Moréas ou Richepin: Gide, Valéry, Proust, Louÿs, Péguy, etc. L'œuvre du traducteur est également considérable.... Héritier de Hegel, influencé par Renan, Leconte de Lisle s'est placé sur l'axe essentiel de son époque: celui de la fin de l'histoire et de la substitution de l'histoire des religions aux religions elles-mêmes. Sa poésie impose une problématique difficile mais réaliste du temps et de l'éternité, qui n'a rien d'une architecture figée. Si les sujets qui le passionnent sont théologiques ou mythologiques, ils contiennent toutes les préoccupations d'un siècle en pleine crise morale et religieuse, en pleine mutation politique et économique. Christophe Carrère a voulu réhabiliter cet artiste incomparable veut de l'océan Indien, moderne, quoi qu'on en dise, et qui n'a jamais été tout à fait accepté, ni par les Créoles de la Réunion ni par les Français de métropole. Paria des lettres françaises, tourmenté entre deux natures, sensible à l'extrême, séducteur, amoureux, vulnérable, souvent, parfois drôle, sympathique même, il se distingue ici nettement du Leconte de Lisle officiel tel que les chroniques nous le décrivent à longueur de colonnes, inaccessible et glacial avec "sa tête bien caractéristique", ses "grands cheveux blancs arrondis ont la vénitienne retombant tout autour de sa figure", son "second menton énorme se détachant sur son col ouvert", et ce légendaire "monocle de buffle noir sur son col droit".

03/2009

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Littérature française

Ton père pour la vie

"Ton père pour la vie" : ce sont les mots sur lesquels Michel Chrestien concluait invariablement les très nombreuses lettres qu'il écrivait à son fils. Antoine Silber qui en a fait le titre de ce livre l'a conçu comme une longue adresse d'un fils à un père aujourd'hui disparu, et un retour sur la vie d'un homme qui vivait parmi les livres et qui avait choisi à la fin de sa vie de ne plus quitter son lit, dans le petit appartement qu'il occupait rue de l'Odéon. C'est là que nous remontons le temps, de confidences en anecdotes, suivant en témoins discrets les derniers mois de cette relation père fils, souvent bouleversante dans sa simplicité. Il faut dire que la vie de ce père est à elle seule un roman. Mort en 1991, Michel Chrestien - de son vrai nom Jacques Silberfeld - était un homme de lettres né dans une famille de diamantaires juifs polonais installée à Anvers. De là, il vint à Paris pour y faire ses études et n'a plus quitté ensuite le sixième arrondissement où il habitait rue de l'Odéon. Ecrivain, traducteur, proche d'Alexandre Vialatte ou de Jean Dutourd qu'il rencontra lors de son engagement dans la Résistance pendant la seconde guerre mondiale, il était un personnage tout à fait singulier du Paris littéraire des années soixante. Antoine Silber qui, après avoir publié son premier livre, Le Silence de ma mère, où il s'attachait à la figure maternelle, consacre ce roman, tout en pudeur et retenue, à son père mais où l'on peut dire sans emphase que l'homme paie sa dette envers celui qui a fait ce qu'il est. Ce livre est un texte d'amour. Le temps a passé qui ne reviendra plus. Il s'est rétréci aux dimensions d'une chambre, pleine de souvenirs, d'où Antoine Silber nous livre une réflexion profonde sur l'amour filial, long fleuve intranquille plein de malentendus et de regrets doux-amers, de souvenirs d'enfance heureux, de questions irrésolues, avec toujours la certitude d'appartenir à une même histoire, celle d'une famille. Mais si Ton père pour la vie est un récit de vie, c'est aussi un livre de questionnement ou plutôt de positionnement. Antoine Silber, en nous livrant son histoire particulière, nous fait réfléchir sur un thème plus universel : l'appartenance. A une histoire familiale d'abord, puis, par extension, à une histoire collective, ici, celle de la judéïté. Il nous donne un texte vibrant qui, tout en restant extrêmement pudique, est à classer dans les textes de maturité.

08/2015

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Littérature asiatique

Une journée dans la vie du romancier Gubo

L'histoire de Park Taewon est l'un des textes coréens les plus célèbres. Park est considéré comme un représentant du modernisme qui se développa dans la Corée coloniale des années 1910-1940. "Une journée du romancier Gubo" (1934) est un court roman expérimental. Park décrit vingt-quatre heures de la vie d'un jeune écrivain dans l'ancienne Séoul. Il le fait dans une série de saynètes dans lesquelles la narration se brouille au fil des errances du héros, aspirant romancier vivant chez sa mère. Mélange des temps, notes de bas de page, flux de conscience fluctuant, le style est résolument moderne, en plus d'offrir un tableau saisissant de la vie de bohème dans le centre de la capitale coréenne des années 1920. Cette traduction illustrée offre de nombreux encadrés explicitant le contexte culturel et des illustrations d'époque pour permettre au lecteur francophone de s'immerger dans ce récit fascinant. Elle, la mère, l'entend sortir de sa chambre, aller jusqu'à l'entrée pour mettre ses souliers, prendre sa canne accrochée au clou et se diriger vers le portail. "Où vas-tu ? " Pas de réponse. Il est déjà devant le portail : il ne l'aura sans doute pas entendu. Ou peut-être sa réponse n'est-elle pas parvenue jusqu'à ses oreilles. C'est l'un ou l'autre, pense-t-elle, et elle hausse cette fois la voix pour se faire entendre jusqu'au dehors : "Ne rentre pas trop tard". Pas plus de réponse. Park Tae-won (ë°íì) est un écrivain coréen né à Séoul le 7 décembre 1909 et mort le 10 juillet 1986 à Pyongyang en Corée du Nord. Il a utilisé plusieurs noms d'emprunts tels que "Mong-bo" et "Gu-bo" . Il intègre l'université Hosei, au Japon, en 1930, mais arrête ses études avant l'obtention du diplôme. Il a fait ses débuts en tant que romancier en 1929 avec la publication de sa nouvelle "La barbe" (Suyeom) dans la revue "Littérature naissante" (Sinsaeng). Il est notamment le grand-père du réalisateur sud-coréen Bong Joon-ho. Auteur de plusieurs récits courts représentatifs du mouvement moderniste, il a écrit des romans célèbres parmi lesquels "Chroniques du Cheonggye" (1936-1937) sera bientôt publié en français à l'Atelier des Cahiers. Le traducteur Simon Kim, docteur spécialisé en littérature coréenne de l'époque coloniale japonaise (1910-1945), enseigne à l'université Korea à Séoul. Il a publié de nombreuses traductions d'ouvrages coréens, parmi lesquels "De morte", de Park Sang-ryung, et "Les Recherches du Professeur K", de Kim Dong-in, à l'Atelier des Cahiers.

05/2024

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Aide-soignat (AS) et auxiliair

Tout-en-un DEAS - IFAS - Diplôme État Aide-Soignant Programme complet - 2023-2024

Ce livre dédié à la préparation au diplôme d'Etat d'Aide-Soignant, regroupe en un seul volume : > le cours traitant les 10 modules de formation correspondant à l'acquisition des 5 blocs de compétences du DEAS > des illustrations professionnelles avec des zooms sur le rôle de l'aide-soignant pour se mettre en situation professionnelle > des fiches pratiques claires et synthétiques > l'intégration de l'AGFSU 2 - Bloc 1 - Accompagnement et soins de la personne dans les activités de sa vie quotidienne et de sa vie sociale - Bloc 2 - Evaluation de l'état clinique et mise en oeuvre de soins adaptés en collaboration - Bloc 3 - Information et accompagnement des personnes et de leur entourage, des professionnels et des apprenants - Bloc 4 - Entretien de l'environnement immédiat de la personne et des matériels liés aux activités en tenant compte du lieu et des situations d'intervention - Bloc 5 - Travail en équipe pluri-professionnelle et traitement des informations liées aux activités de soins, à la qualité/gestion des risques L'ouvrage comprend aussi un cahier de 16 pages, rédigé par un auteur spécialisé en gestion des risques associés aux soins hospitaliers, qui reprend l'ensemble des précautions standards d'hygiène à appliquer en milieu de soin.

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Etudes et pratiques profession

Biochimie, physiologie, physiopathologie. L'enseignement en fiches

Etudiants préparant l'internat en pharmacie

09/2023

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Littérature étrangère

Comédie cubaine

" A l'est, il y a les montagnes et la révolution qui fait rage. Au sud se répandent les marais incrustés de sel et les débris du passé. A l'ouest, sous un soleil arrogant qui ne se couche jamais, se trouve la capitale, la splendeur urbaine de l'art, de la poésie et de la politique. Au nord, au-delà des collines et des plaines, il y a le désert de la mer et, à une journée de bateau, le mirage de l'Amérique, forgé dans le béton et l'espoir. " A Cuba, le petit village de la Piedra Negra se vide de ses hommes, partis faire la révolution. Il ne reste sur place que les lâches, les idiots et les vieux. Ceux qui reviennent, estropiés, dans le meilleur des cas, passent leur temps à boire l'eau-de-vie locale, qui a le pouvoir de procurer l'oubli à ceux en ont besoin. Aussi, la jeune Elena aide-t-elle son distillateur de père pour faire face à la demande croissante. Mais quand Elena apprend que ses deux frères ne rentreront pas, elle éprouve le désir d'enchanter le monde autrement que par l'ivresse. Elle se met à écrire de la poésie et déclame ses poèmes sur la place du village. C'est alors qu'elle rencontre Daniel Arcilla, célèbre poète révolutionnaire, qui va changer sa vie. Par amour, Elena quitte son village natal pour vivre à La Havane, où la censure fait rage. Mais dans cette ville qui fourmille d'espions, écrire l'expose à des dangers dont elle ignore tout. " Medina donne le meilleur de lui-même dans ce roman irrésistible, teinté d'absurde et d'humour noir. " Booklist " Une fable sombre, qui rend hommage à l'esprit des poètes, et dans laquelle le lyrisme et la métaphore sont des armes dangereuses. " Kirkus " Comédie cubaine rappelle que ce qu'on attend d'une révolution, c'est qu'elle nous remplisse le coeur de poésie, pas qu'elle bâillonne les poètes. " Bob Shacochis " Un roman où se côtoient la poésie et la satire politique. Une immersion onirique dans le Cuba d'après la révolution, tour à tour tragique et comique. On retrouve dans ce texte l'étrange beauté de la prose de Jodorowsky. " National Public Radio " Poète, romancier, traducteur et essayiste reconnu, Pablo Medina est un véritable magicien des lettres, et Comédie cubaine est son meilleur sortilège - un roman lumineux sur la poésie et l'amour à l'épreuve de la barbarie. Plein d'esprit, traversé par un puissant élan vital, Comédie cubaine est une incantation - à une île, à une époque révolue, et à cette chose dont manquent cruellement les hommes : la sagesse. " Junot Diaz

06/2020

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Pléiades

Oeuvres romanesques complètes. Coffret en 2 volumes

Cela commence bien pour Vian, l'écrivain. Queneau aime Vercoquin et le plancton. Gallimard accepte ce premier roman puis un deuxième, L'Ecume des jours. Sartre reçoit l'auteur aux Temps modernes, où paraîtront ses Chroniques du Menteur. J'irai cracher sur vos tombes fait scandale – un vrai scandale, du premier coup, celui que tant d'artistes attendent en vain toute leur vie... Et pourtant, cela ne prend pas. Les seuls romans de Vian qui connaissent le succès de son vivant sont ceux qu'il signe Sullivan. Les autres ne trouvent pas leur public. Le dernier, L'Arrache-coeur, sept ans à peine après Vercoquin, est un ultime échec. Vian en conclut que sa destinée ne sera pas littéraire. Il renonce au roman. Sa célébrité est alors à son comble, pour d'autres raisons. "Oh ! je fais dans pas mal de choses, n'adjudant ; ingénieur, auteur, traducteur, musicien, journaliste, interprète, jazzologue, et maintenant directeur artistique d'une maison de disques. — Ouais... je vois..." répond l'adjudant, "bon à tout, bon à rien..." Le personnage de Vian – trompinette, tourniquette et cor à gidouille – prend beaucoup de place, il est vrai, jusqu'à masquer en partie son oeuvre. Résultat : au lendemain de sa mort prématurée, la plupart de ses livres "littéraires" sont introuvables. Le succès viendra plus tard, au rythme des rééditions posthumes, et il sera accompagné d'une certaine reconnaissance. Mais prend-on vraiment l'écrivain au sérieux ? L'imaginaire de Vian déconcertait ses contemporains. On a parfois l'impression, aujourd'hui, que son humour embarrasse les nôtres. C'est ainsi ; Vian trouvait le sérieux risible et voyait dans le rire une chose sérieuse. Dans son arbre généalogique littéraire figurent les noms de Rabelais, Swift, Carroll, Jarry, Queneau. Cette édition réunit les romans, les nouvelles et les scénarios de Boris Vian, ainsi qu'un choix de textes brefs qui, bien que non fictionnels (encore que certaines chroniques soient fort "romancées"), éclairent son univers imaginaire. Précisément, à quoi ressemble-t-il, cet univers ? A un monde parallèle au nôtre et communiquant avec lui, doté de son langage propre, irréductible aux catégories convenues (fantastique, science-fiction), aussi contrasté que le désert à rayures de L'Automne à Pékin, mais concerté, cohérent, à la fois poétique et réel : "l'histoire est entièrement vraie, puisque je l'ai imaginée d'un bout à l'autre. Sa réalisation matérielle proprement dite consiste essentiellement en une projection de la réalité en atmosphère biaise et chauffée, sur un plan de référence irrégulièrement ondulé et présentant de la distorsion." Langage d'ingénieur, mais il cache une définition du récit poétique, au service de thèmes graves – la difficulté d'être, l'usure de toute chose, l'angoisse de la mort – qui chez Vian sont transfigurés par la magie du rêve.

01/2020

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Poésie

Poésie spatiale. Une anthologie

Pierre Garnier est un poète, écrivain, critique et traducteur français né le 9 janvier 1928 à Amiens. Il vit aujourd'hui à Saisseval. Après des études en France et en Allemagne au détour de la guerre, il débute en poésie au sein de l'Ecole de Rochefort sous l'oeil de Jean Rousselot. Il entre ensuite aux éditions André Silvaire qui deviendront avec la revue Les Lettres le pivot de la poésie spatiale, mouvement qu'il fonde avec sa femme Ilse Garnier. Quant à Ilse Garnier, elle est une poétesse spatialiste française née en 1927 à Kaiserslautern en Rhénanie-Palatinat en Allemagne. Elle rencontre Pierre Garnier en 1950, qui deviendra son mari. Le spatialisme, terme créé par Pierre Garnier, se rattache à la poésie concrète, mouvement poétique international né dans les années 50, avec des ramifications aux Etats-Unis, en Amérique Latine, en Europe et au Japon. Parmi les poètes qui ouvrirent sur la poésie concrète, on trouve Mallarmé (avec son poème Jamais un coup de dés n'abolira le hasard), Cummings, Pound... Pierre & Ilse Garnier sont importants à un double titre : Poètes, ils ont creusé par leurs recherches formelles l'espace de la poésie spatiale, en ont toujours reculé les limites pour qu'il soit toujours un terrain de réflexions, d'expérimentations et d'émotions ; Ambassadeurs sans répit, ils ont été les premiers à faire connaître, en France, toutes les formes de poésies concrètes qui existaient à travers le monde, en multipliant les contacts et les projets avec des poètes japonais, brésiliens, cubains, uruguayens, américains, autrichiens, suédois, italiens, espagnols, allemands, tchèques, etc., participant ainsi activement de ce qui fut peut-être la plus grande internationale poétique jusqu'à ce jour. De plus, leur activisme fit beaucoup pour la génération des poètes qui suivit : effectivement, des poètes comme Julien Blaine ou Jean-François Bory doivent beaucoup à leur activisme et à leur générosité... cette anthologie se découpe en trois parties : de la page 5 à 67 : un essai d'Isabelle Maunet-Saillet, intitulé "la poésie spatiale : vers Ilse et Pierre garnier". Dans cet essai, l'auteure retrace la naissance et l'histoire de la poésie spatialiste, la resitue dans son contexte littéraire, historique et politique, en dégage les principaux enjeux et nous offre quelques clés de lecture essentielles ; de la page 69 à 247 : la totalité des manifestes et textes théoriques écrits par Ilse et Pierre Garnier de 1962 à 1966 ; de la page 249 à 643 : une anthologie des principaux poèmes d'Ilse et Pierre Garnier, quimet en évidence l'évolution de leur écriture, leur singularité qui fait de cet espace poétique un espace unique, et les liens (intellectuels, poétiques, politiques, affectifs) qui lient les deux poètes.

11/2012

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Philosophie

Oeuvres complètes. Tome 1, Quatre articles ; Notre littérature de presse ; Des papiers d'un homme encore en vie ; La lutte entre l'ancienne et la nouvelle cave à savon ; Prédication de séminaire (1834-1841)

Les textes présentés dans ce volume et jusqu'alors inédits en français sont les premiers écrits de Kierkegaard : antérieurs à sa thèse sur LE CONCEPT D'IRONIE, ils s'échelonnent de décembre 1834 à janvier 1841. Comme tous les écrits de jeunesse, ceux-ci sont intéressants pour connaître la genèse d'une pensée. Mais plus que d'autres, ils méritent d'être lus et étudiés avec soin. Avec eux, en effet, se trouvent amorcées plusieurs des formes littéraires qu'empruntera l'oeuvre ultérieure : articles de presse, critique "littéraire", prédication ou discours, et utilisés les procédés de l'anonymat et de la pseudonymité ; de plus, on y voit nettement affirmées les qualités du polémiste, de l'ironiste et du dialecticien ; enfin s'y manifestent déjà les positions critiques fondamentales de Kierkegaard face à l'évolution socio-politique et esthétique de l'époque, à l'égard de Hegel et des adeptes danois de son Système, et vis-à-vis de ceux qui n'ont pas cette "conception de la vie" qui, à ses yeux, implique l'exigence et l'intériorité. Des QUATRE ARTICLES publiés en 1834 et 1836, le premier ironise sur l'exaltation romantique à propos de la femme, et les trois autres ouvrent avec la presse libérale une polémique qui se poursuivra longtemps. Déjà, en 1835, une conférence sur NOTRE LITTERATURE DE PRESSE avait traité du rôle de la presse en soulignant ses préoccupations esthétiques. Dans l'ouvrage au titre bizarre DES PAPIERS D'UN HOMME ENCORE EN VIE, paru en 1838 - le premier livre de Kierkegaard -, un roman d'Andersen offre l'occasion d'une première critique de "notre époque", incapable de produire un auteur et encore moins un génie. LA LUTTE ENTRE L'ANCIENNE ET LA NOUVELLE CAVE A SAVON, esquisse théâtrale rédigée en 1838, révèle ce que pensait déjà le jeune Kierkegaard des hégéliens danois, philosophes et théologiens. A travers des personnages sous lesquels se cachent à peine les ténors de l'intelligentsia danoise et qui parlent ici la meilleure "langue de bois" hégélienne, c'est une satire virulente de la dialectique et du vocabulaire à la mode qui nous est offerte, dont la lecture, loin d'être inactuelle, peut se révéler des plus toniques pour les contemporains des "nouvelles idéologies" d'aujourd'hui. Enfin, la PREDICATION de 1841 inaugure un genre auquel Kierkegaard aura recours jusqu'en 1855, celui des "discours", religieux ou chrétiens. Ce texte nous met lui aussi d'emblée en présence de l'une des constantes de l'oeuvre kierkegaardienne : l'exigence de l'intériorisation personnelle, trop souvent édulcorée par une institution encline aux compromis mondains. Deux textes liminaires dus à F.J. Billeskov Jansen et E.-M. Jacquet- Tisseau présentent LA VIE ET L'OEUVRE DE SOEREN KIERKEGAARD et PAUL-HENRI TISSEAU, TRADUCTEUR DE KIERKEGAARD.

06/1984

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Pléiades

Oeuvres romanesques complètes. Tome 2

Cela commence bien pour Vian, l'écrivain. Queneau aime Vercoquin et le plancton. Gallimard accepte ce premier roman puis un deuxième, L'Écume des jours. Sartre reçoit l'auteur aux Temps modernes, où paraîtront ses Chroniques du Menteur. J'irai cracher sur vos tombes fait scandale - un vrai scandale, du premier coup, celui que tant d'artistes attendent en vain toute leur vie. Et pourtant, cela ne prend pas. Les seuls romans de Vian qui connaissent le succès de son vivant sont ceux qu'il signe Sullivan. Les autres ne trouvent pas leur public. Le dernier, L'Arrache-cour, sept ans à peine après Vercoquin, est un ultime échec. Vian en conclut que sa destinée ne sera pas littéraire. Il renonce au roman. Sa célébrité est alors à son comble, pour d'autres raisons. « Oh ! je fais dans pas mal de choses, n'adjudant ; ingénieur, auteur, traducteur, musicien, journaliste, interprète, jazzologue, et maintenant directeur artistique d'une maison de disques. - Ouais. je vois » répond l'adjudant, « bon à tout, bon à rien ». Le personnage de Vian - trompinette, tourniquette et cor à gidouille - prend beaucoup de place, il est vrai, jusqu'à masquer en partie son ouvre. Résultat : au lendemain de sa mort prématurée, la plupart de ses livres « littéraires » sont introuvables. Le succès viendra plus tard, au rythme des rééditions posthumes, et il sera accompagné d'une certaine reconnaissance. Mais prend-on vraiment l'écrivain au sérieux ? L'imaginaire de Vian déconcertait ses contemporains. On a parfois l'impression, aujourd'hui, que son humour embarrasse les nôtres. C'est ainsi ; Vian trouvait le sérieux risible et voyait dans le rire une chose sérieuse. Dans son arbre généalogique littéraire figurent les noms de Rabelais, Swift, Carroll, Jarry, Queneau. Cette édition réunit les romans, les nouvelles et les scénarios de Boris Vian, ainsi qu'un choix de textes brefs qui, bien que non fictionnels (encore que certaines chroniques soient fort « romancées »), éclairent son univers imaginaire. Précisément, à quoi ressemble-t-il, cet univers ? À un monde parallèle au nôtre et communiquant avec lui, doté de son langage propre, irréductible aux catégories convenues (fantastique, science-fiction), aussi contrasté que le désert à rayures de L'Automne à Pékin, mais concerté, cohérent, à la fois poétique et réel : « l'histoire est entièrement vraie, puisque je l'ai imaginée d'un bout à l'autre. Sa réalisation matérielle proprement dite consiste essentiellement en une projection de la réalité en atmosphère biaise et chauffée, sur un plan de référence irrégulièrement ondulé et présentant de la distorsion ». Langage d'ingénieur, mais il cache une définition du récit poétique, au service de thèmes graves - la difficulté d'être, l'usure de toute chose, l'angoisse de la mort - qui chez Vian sont transfigurés par la magie du rêve.

10/2010

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Pléiades

Oeuvres romanesques complètes. Tome 1

Cela commence bien pour Vian, l'écrivain. Queneau aime Vercoquin et le plancton. Gallimard accepte ce premier roman puis un deuxième, L'Écume des jours. Sartre reçoit l'auteur aux Temps modernes, où paraîtront ses Chroniques du Menteur. J'irai cracher sur vos tombes fait scandale - un vrai scandale, du premier coup, celui que tant d'artistes attendent en vain toute leur vie. Et pourtant, cela ne prend pas. Les seuls romans de Vian qui connaissent le succès de son vivant sont ceux qu'il signe Sullivan. Les autres ne trouvent pas leur public. Le dernier, L'Arrache-cour, sept ans à peine après Vercoquin, est un ultime échec. Vian en conclut que sa destinée ne sera pas littéraire. Il renonce au roman. Sa célébrité est alors à son comble, pour d'autres raisons. «Oh ! je fais dans pas mal de choses, n'adjudant ; ingénieur, auteur, traducteur, musicien, journaliste, interprète, jazzologue, et maintenant directeur artistique d'une maison de disques. - Ouais. je vois.» répond l'adjudant, «bon à tout, bon à rien.» Le personnage de Vian - trompinette, tourniquette et cor à gidouille - prend beaucoup de place, il est vrai, jusqu'à masquer en partie son ouvre. Résultat : au lendemain de sa mort prématurée, la plupart de ses livres «littéraires» sont introuvables. Le succès viendra plus tard, au rythme des rééditions posthumes, et il sera accompagné d'une certaine reconnaissance. Mais prend-on vraiment l'écrivain au sérieux ? L'imaginaire de Vian déconcertait ses contemporains. On a parfois l'impression, aujourd'hui, que son humour embarrasse les nôtres. C'est ainsi ; Vian trouvait le sérieux risible et voyait dans le rire une chose sérieuse. Dans son arbre généalogique littéraire figurent les noms de Rabelais, Swift, Carroll, Jarry, Queneau. Cette édition réunit les romans, les nouvelles et les scénarios de Boris Vian, ainsi qu'un choix de textes brefs qui, bien que non fictionnels (encore que certaines chroniques soient fort «romancées»), éclairent son univers imaginaire. Précisément, à quoi ressemble-t-il, cet univers ? À un monde parallèle au nôtre et communiquant avec lui, doté de son langage propre, irréductible aux catégories convenues (fantastique, science-fiction), aussi contrasté que le désert à rayures de L'Automne à Pékin, mais concerté, cohérent, à la fois poétique et réel : «l'histoire est entièrement vraie, puisque je l'ai imaginée d'un bout à l'autre. Sa réalisation matérielle proprement dite consiste essentiellement en une projection de la réalité en atmosphère biaise et chauffée, sur un plan de référence irrégulièrement ondulé et présentant de la distorsion.» Langage d'ingénieur, mais il cache une définition du récit poétique, au service de thèmes graves - la difficulté d'être, l'usure de toute chose, l'angoisse de la mort - qui chez Vian sont transfigurés par la magie du rêve.

10/2010

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Récits de voyage

Un livre des Pyrénées

La plume acerbe et féroce de Kurt Tucholsky dénonce les différences de classes, la soif de profit des hommes d'affaires, la vermine nationaliste et l'institution militaire. Journaliste, critique littéraire et écrivain satirique, né en 1890 à Berlin, fils d'un fabricant juif, Kurt Tucholsky fut l'un des auteurs les plus demandés et les mieux payés de la République de Weimar. Il publia plus de trois mille articles dans presque cent journaux. Parmi les romans et les recueils de textes et de poèmes parus de son vivant, certains atteignirent une douzaine d'éditions. Jean Bréjoux, introducteur et premier traducteur de l'oeuvre de Tucholsky en France, présente l'auteur comme " l'écrivain et le journaliste le plus brillant, le plus attentif de l'Allemagne de l'entre deux guerres ". Cette attention ne porte pas ici sur le territoire et les moeurs allemands, mais sur la région franco-espagnole des Pyrénées. Le livre s'ouvre sur un souvenir de classe : les cours de géographie et d'histoire du professeur Gierke, au cours desquels Tucholsky rencontre une première fois les Pyrénées : "Les Pyrénées c'était quelque chose comme une bande rousse sur la carte, verte et noire par ailleurs, sur laquelle apparaissaient quelques taches : les montagnes. A droite et à gauche la carte virait au bleu, c'était la mer. Oui, les Pyrénées séparaient l'Espagne de la France. Avec ça, il fallait chaque fois réfléchir un brin avant d'écrire leur nom." Parti explorer la région après s'être muni d'un passeport, l'écrivain relate son séjour. Ce récit s'organise moins comme un journal classique que comme une série de tableaux ou de portraits, dans lesquels sont décrits les événements auxquels assiste ou participe Tucholsky, les rencontres qu'il a pu faire au cours de son voyage. Le livre se présente comme une traversée géographique, sociale et humaine de la région des Pyrénées, et fait entendre ses traditions et ses voix multiples, mais aussi son histoire : du Cirque de Gavarnie, aujourd'hui encore un haut-lieu du tourisme pyrénéen, à la ville de Lourdes, en passant par les villes de Cauterets, la station thermale d'Eaux-bonnes, la Corrida à Bayonne, les Basques de Saint-Jean-Pied-de-Port... Tout est observé et décrit avec une minutie et une justesse rares, qui se ponctuent par ce ce que Jean Bréjoux nomme une "déclaration d'amour à la France". L'écrivain s'adresse littéralement au pays et à cette région des Pyrénées dans lesquels il a été accueilli par des habitants dépassant l'hostilité du bric-à-brac nationaliste. Un accueil et un abri essentiels alors que son pays natal, l'Allemagne, devenait, pour lui et sa pensée, invivable.

06/2020

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Théâtre

Salomé. Une pièce de théâtre de Oscar Wilde

Salomé est une tragédie d'Oscar Wilde dont la version originale de 1891 est en français. Une traduction en anglais a suivi trois ans plus tard. La pièce, en un acte, repose sur l'épisode biblique de Salomé1, belle-fille du tétrarque de Galilée Hérode Antipas, qui, à la consternation de son beau-père, mais au grand plaisir de sa mère Hérodiade, demande qu'on lui apporte la tête de Iokanaan (Jean le Baptiste) sur un plateau d'argent comme récompense pour avoir exécuté la danse des sept voiles. Versions et premières Wilde écrivit cette pièce à Paris, où il s'était retiré après avoir achevé L'Eventail de Lady Windermere. Il la dédia à Pierre Louÿs, qui apporta quelques corrections au texte mais n'intervint que très peu. Séduite par le rôle-titre, Sarah Bernhardt décida de l'interpréter elle-même, et les répétitions commencèrent au Palace Theatre de Londres. Ces répétitions durent toutefois s'interrompre lorsque la censure du Lord Chamberlain eut interdit Salomé au motif qu'il était illégal de représenter sur scène des personnages bibliques. Indigné, Wilde envisagea de renoncer à sa nationalité britannique et de devenir français afin de ne plus avoir à subir de telles restrictions. Le texte de la pièce fut publié pour la première fois en français en 1893. Dans un article intitulé "The Censure and Salomé" , publié dans la Pall Mall Gazette du 29 juin 1892, interrogé sur la raison pour laquelle il avait écrit Salomé en français, Wilde déclare : "I have one instrument that I know I can command, and that is the English language. There was another instrument to which I had listened all my life, and I wanted once to touch this new instrument to see whether I could make any beautiful thing out of it. Of course, there are modes of expression that a Frenchman of letters would not have used, but they give a certain relief or color to the play. A great deal of the curious effect that Maeterlinck produces comes from the fact that he, a Flamand by grace, writes in an alien language. The same thing is true of Rossetti, who, though he wrote in English, was essentially Latin in temperament". 3, a La traduction en anglais parut en 1894 chez les éditeurs Charles Elkin Mathews & John Lane, avec des illustrations dues à Aubrey Beardsley. Sur la page de dédicace, Wilde indique comme traducteur lord Alfred Douglas. En fait, Wilde s'était querellé avec lui au sujet de la traduction, peu satisfait de ce travail dont "le résultat fut décevant4" . Il semble que le texte anglais soit l'oeuvre de Wilde lui-même, qui s'est fondé sur ce qu'avait fait Alfred Douglas.

02/2023

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Littérature étrangère

Songes et discours

" Voici, pour le lecteur français, la première occasion depuis le dix-septième siècle de se mesurer avec les Songes et discours de Quevedo. Le Siècle d'or touche à sa fin. Nature inquiète, turbulente, volontiers querelleuse, Quevedo est ce témoin à charge qui peint dans les Songes et discours le tableau d'une société malade. Défilent en une ronde infernale (au sens propre) des pantins gesticulants, grimaçants, vociférants, qui tous incarnent des types sociaux au travers desquels l'auteur dénonce les maux de son époque : l'hypocrisie, le mensonge, la rapacité, la luxure. A la suite du narrateur, lequel, successivement, assiste au jugement dernier, s'entretient avec un démon logé dans un alguazil, parcourt l'enfer, apprend à voir le monde au-dedans ou rend visite aux morts, nous découvrons une population d'hommes de loi, de greffiers, d'alguazils, de médecins, d'apothicaires, de tailleurs, de femmes de mauvaise vie, de duègnes, etc. Avec les femmes, la satire se fait particulièrement féroce. Jeunes, vieilles, laides, belles (mais leur beauté est artificieuse), aucune ne trouve grâce à ses yeux. L'enfer de Quevedo, comme celui de Dante, est par ailleurs peuplé de figures célèbres. L'auteur s'attarde auprès de quelques-unes d'entre elles - Judas l'Iscariote, Mahomet, Luther - pour les stigmatiser violemment ; l'entretien entre Judas et le narrateur vaut d'être souligné, car il illustre parfaitement ce mélange explosif de grotesque et de sacré, qui est une des constantes des Songes et discours. " La grandeur de Quevedo est verbale ", a justement dit Borges. Nul ne possède plus que lui la maîtrise de la langue espagnole. Il n'a pas son pareil pour manier l'ellipse, l'anastrophe, l'antithèse, le paradoxe, l'ambiguïté, l'amphibologie, et autres figures de style. Au cultisme de Gongora et de ses sectateurs, partisans d'une langue poétique où l'ornement est recherché pour lui-même, Quevedo oppose le conceptisme qui détourne les mots au service d'un raisonnement rigoureux et d'une pensée subtile, ingénieuse à l'extrême. Borges fait remarquer que la prose de Quevedo bannit l'épanchement sentimental et ne comporte aucun de ces symboles qui s'emparent de l'imaginaire des gens. Assurément Quevedo ne séduit pas en mignardant. Il est rude, ironique, vindicatif ; mais celui qui accepte de lui emboîter le pas cède tôt ou tard à ses sortilèges (nous en parlons en connaissance de cause). " Les traducteurs.

04/2003

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Manifestes extrémistes

Historiciser le mal. Une édition critique de Mein Kampf d'Adolf Hitler

Historiciser le mal, une édition critique de Mein Kampf. Avertissement aux lecteurs. Historiciser le mal propose une analyse critique, une mise en contexte, une déconstruction, ligne par ligne, de Mein Kampf, une des sources malheureusement fondamentales pour comprendre l'histoire du XXe siècle. Nous avons agi en responsabilité en mettant en place un dispositif global afin de respecter l'exigence scientifique et éthique qui s'imposait. La nouvelle traduction présentée dans Historiciser le mal a été confiée à l'un des meilleurs traducteurs de l'allemand en langue française, Olivier Mannoni, qui a ensuite travaillé avec une équipe d'historiens, tous spécialistes du nazisme, de la Shoah et de l'histoire des Juifs. La rédaction d'Historiciser le mal a été menée dans le cadre d'un partenariat signé par Fayard avec l'Institut d'Histoire de Munich, qui a publié en 2016 une édition critique de Mein Kampf en Allemagne, un travail de référence qui a mobilisé une équipe d'historiens allemands. Historiciser le mal a été rédigé par un comité d'historiens, dirigé par Florent Brayard, qui a traduit, adapté, prolongé les 3 000 notes de l'édition allemande et rédigé une introduction générale et 27 introductions de chapitres. Dans la forme, les notes encadrent ainsi la nouvelle traduction et sont indissociables de sa lecture. L'ensemble compte près de 1 000 pages et constitue un jalon historiographique sur la genèse du nazisme. En définitive, l'appareil scientifique inclus dans Historiciser le mal est deux fois plus volumineux que la traduction du texte de Hitler. Il n'est pas question, bien évidemment, que la publication d'Historiciser le mal puisse être lucrative. Ainsi, la Fondation Auschwitz-Birkenau, chargée de la conservation du site du camp de concentration et d'extermination, percevra des droits au premier exemplaire vendu et la totalité des bénéfices qui pourraient être issus de la vente d'Historiciser le mal. Pour savoir où l'on va, il est indispensable de comprendre d'où l'on vient. Nous sommes convaincus que le travail des historiens est nécessaire pour lutter contre l'obscurantisme, le complotisme et le refus de la science et du savoir en des temps troublés, marqués par la montée des populismes. C'est le sens de notre démarche d'éditeur.

05/2021

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Pléiades

Anthologie bilingue de la poésie anglaise. Edition bilingue français-anglais

Le climat d'outre-Manche - le fait a été prouvé scientifiquement - est propice à la mélancolie. De la mélancolie sont nés les plus beaux poèmes. La poésie anglaise est donc l'une des plus belles qui soient. Les nombreux lecteurs anglophiles et/ou anglophones qui, tels les héros romantiques de Byron et de Shelley, se morfondaient en attendant ce volume ne manqueront pas de partager cette opinion. L'Anthologie bilingue de la poésie anglaise couvre treize siècles de création poétique : de Beowulf, l'épopée en anglo-saxon du VIIIe siècle, aux textes de Simon Armitage, né en 1963. Soixante-douze traducteurs se sont attelés à faire entendre la voix de cent quatre-vingt-douze auteurs anglais, écossais, gallois, irlandais, connus ou anonymes. Les illustres représentants du genre (Spenser, Donne, Milton, Blake, Wordsworth, Keats, Tennyson, Yeats, Eliot, Auden) voisinent avec des poètes encore inconnus du public français. Des poèmes des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles sont ainsi traduits pour la première fois. La production des cinquante dernières années, capitale à tous égards, est largement représentée. T. S. Eliot considérait son aîné W. B. Yeats comme l'un des rares poètes « dont l'histoire est l'histoire de leur temps et qui sont une partie de la conscience d'une époque qui ne saurait être comprise sans eux ». On pourrait aisément appliquer ces propos au florilège de poèmes recueillis ici, tant c'est l'histoire du Royaume-Uni qui y est donnée à lire en filigrane. Les mouvements poétiques font écho aux bouleversements culturels, politiques, sociaux que la Grande-Bretagne a vécus au fil du temps. Avec la poésie contemporaine, cette caractéristique s'amplifie et s'étend à l'histoire de l'humanité : telle la chronologie d'un livre d'histoire, les poèmes sélectionnés témoignent des grands traumatismes du XXe siècle : les deux conflits mondiaux (avec le phénomène, typiquement britannique, des « War Poets »), le chômage, la misère sociale et sentimentale. Et les sentiments, justement ? On voit généralement en eux la première source d'inspiration poétique. Les poètes, tout réceptifs qu'ils sont aux soubresauts du monde, seraient encore plus sensibles aux fluctuations de leur psyché ou de leur cour... L'amour, platonique ou sensuel, qui infuse bon nombre des textes du corpus, serait-il donc - plutôt que la pluie ou le brouillard - la véritable muse des poètes anglais ? Le lecteur jugera sur pièces.

10/2005

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Professions médico-sociales

Diplôme d'Etat Auxiliaire de puériculture DEAP. Modules 1 à 10 + AFGSU 2, Edition 2021

Ce livre dédié à la préparation au diplôme d'Etat d'Auxiliaire de Puériculture, regroupe en un seul volume : > le cours traitant les 10 modules de formation correspondant à l'acquisition des 5 blocs de compétences du DEAP > des illustrations professionnelles avec des zooms sur le rôle de l'aide-soignant pour se mettre en situation professionnelle > des fiches pratiques claires et synthétiques > l'intégration de l'AGFSU 2 - Bloc 1 - Accompagnement et soins de l'enfant dans les activités de sa vie quotidienne et de sa vie sociale - Bloc 2 - Evaluation de l'état clinique et mise en oeuvre de soins adaptés en collaboration - Bloc 3 - Information et accompagnement des personnes et de leur entourage, des professionnels et des apprenants - Bloc 4 - Entretien de l'environnement immédiat de la personne et des matériels liés aux activités en tenant compte du lieu et des situations d'intervention - Bloc 5 - Travail en équipe pluri-professionnelle et traitement des informations liées aux activités de soins, à la qualité/gestion des risques L'ouvrage comprend aussi un cahier de 16 pages, rédigé par un auteur spécialisé en gestion des risques associés aux soins hospitaliers, qui reprend l'ensemble des précautions standards d'hygiène à appliquer en milieu de soin.

09/2021

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Philosophie

Philosophie N° 144, janvier 2020 : Perspectives philosophiques sur Le Deuxième sexe de Simone de Beauvoir paru il y a 70 ans

En dépit des déclarations expresses de Simone de Beauvoir dans ses Mémoires, la philosophie se situe au coeur de son entreprise intellectuelle. Pourtant, hormis quelques notables exceptions (Le Doeuff, Kail, Garcia), la réception de l'oeuvre beauvoirienne en France a longtemps pris au mot la déclaration de La force de l'âge, estimant qu'elle se situait du côté des études littéraires ou féministes. A partir de 1980, Michèle Le Doeuff s'est efforcée la première de battre en brèche cette relégation du Deuxième Sexe hors du champ de la philosophie : mettant en question la représentation de Beauvoir en simple disciple de Sartre, elle a montré comment l'absence de Beauvoir dans les études philosophiques françaises prolongeait l'existence d'un véritable "complexe d'Héloïse" – le fait que dans l'histoire de la philosophie, les femmes ne sont guère dépeintes que comme admiratrices-amoureuses d'un philosophe-amant dont elles seconderaient le travail. L'étude intrinsèque du texte de Beauvoir et le mouvement vers sa reconnaissance comme philosophe se sont donc opérés par une mise en évidence de l'originalité de sa pensée par rapport à celle de Sartre. Or, si ce mouvement conduit à l'émergence d'une importante littérature secondaire en langue anglaise portant sur la philosophie beauvoirienne, la réception philosophique de son oeuvre en langue française demeure largement à venir. A l'occasion du soixante-dixième anniversaire de la publication de l'ouvrage, ce numéro propose un ensemble d'études centrées sur les apports philosophiques du Deuxième Sexe, sans cependant prétendre présenter dans toute sa complexité et sa richesse la pensée beauvoirienne. Le numéro s'ouvre sur la recension que publia Beauvoir sur la Phénoménologie de la perception de Merleau-Ponty dans le premier numéro des Temps modernes. En regard, Raphaël Ehrsam propose, dans "Liberté située et sens du monde : Merlau-Ponty et Beauvoir", une étude des liens entre les philosophies de Beauvoir et de Merleau-Ponty, indiquant l'influence de la pensée merleau-pontyenne sur l'élaboration du concept beauvoirien de situation, en même temps que leurss divergences profondes dans l'approche de la liberté et du corps. Mickaëlle Provost met ensuite en évidence, dans "L'expérience du doute chez Simone de Beauvoir", la double fonction du doute comme méthode et éthique dans l'existentialisme beauvoirien. Dans "De l'oppression à l'indépendance : la philosophie de l'amour dans Le Deuxième Sexe", Manon Garcia montre qu'une philosophie de l'amour structure la façon dont Beauvoir élucide l'oppression des femmes, ainsi que la possibilité de leur émancipation. Dans "La dialectique maître-esclave selon Simone de Beauvoir", Maria Montanaro et Matthieu Renault montrent comment Beauvoir s'approprie et transforme la dialectique hégélienne du maître et du serviteur. Enfin, dans "De la critique du matérialisme à son dépassement", Pierre Crétois met en évidence, en étudiant la notion de propriété, l'influence du marxisme sur la conception beauvoirienne de l'oppression féminine. Raphaël Ehrsam, Manon Garcia et D P.

01/2020

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Science-fiction

Le Hobbit annoté. Le Hobbit ou un aller et retour, Edition revue et augmentée

Le Hobbit est le premier récit publié par J.R.R. Tolkien, en 1937. Inventée pour ses enfants, cette histoire raconte les aventures de Bilbo, lancé en quête d’un trésor gardé par un dragon, en compagnie de Nains et du magicien Gandalf. Bien que destiné initialement à la jeunesse, ce texte a également enchanté des générations de lecteurs adultes. L’un des intérêts du Hobbit est qu’il introduit le lecteur dans monde inventé par Tolkien (la Terre du Milieu), décor de la plupart de ses récits, et qu’il présente des personnages appelés à connaître une grande postérité, dont les Hobbits, Gandalf et… l’Anneau. Cette édition est un beau livre, en raison du nombre élevé d’illustrations : photographies de Tolkien et de sa famille, reproductions de manuscrits et de cartes, magnifique cahier d’illustrations… cette dimension attirera d’autres types de lecteurs et de curieux, qui vont découvrir le texte par l’adaptation cinématographique de P. Jackson – en deux volets, 2012 et 2013. Ce livre aurait donc pu paraître sous le titre « Le Hobbit illustré », mais Christian Bourgois Éditeur publie déjà des éditions illustrées du Hobbit par Alan Lee, ce qui a conduit à conserver le titre anglais – Le Hobbit annoté. Il ne s’agit pas pour autant d’une édition savante : l’introduction et les notes de Douglas Anderson apportent surtout un éclairage sur des passages du texte, et les mettent en relation avec des épisodes de la vie de l’auteur. Le texte de Tolkien demeure bien central. Par rapport aux autres éditions du Hobbit (ou de Bilbo le Hobbit) en français, cette édition comporte une particularité supplémentaire, et décisive. Réalisée à partir de l’édition anglaise corrigée du texte de Tolkien (débarrassé de nombreuses coquilles en 1995), cette traduction du Hobbit annoté comporte, surtout, une nouvelle traduction (depuis longtemps attendue !) du Hobbit. Cette traduction inédite respecte les particularités du texte : son jeu avec les registres (du plus léger, au début du récit, vers des moments plus sombres, annonçant Le Seigneur des Anneaux qui prendra sa suite), la musicalité des chansons et poèmes ; mais, plus généralement, la traduction est débarrassée de toute lourdeur, et retrouve le dynamisme et l’entrain du texte anglais. Ce livre sera une redécouverte pour de nombreux lecteurs de Tolkien. On peut ajouter une remarque particulière sur les noms : les lecteurs qui apprécient Tolkien – le succès des Enfants de Húrin en 2008 a montré leur intérêt, sans parler même de la sortie du film de P. Jackson – seront heureux de découvrir que les noms anglais ont été retraduits en respectant les indications données par Tolkien dans le Guide to the Names, et en cohérence avec les volumes suivants dont Daniel Lauzon a assuré la traduction. Daniel Lauzon est en effet un traducteur reconnu des oeuvres de J.R.R. Tolkien : les premiers volumes ont paru en 2006, mais son travail avec V. Ferré remonte à l’année 2000, pour les premières réalisations.

09/2012

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Littérature étrangère

Le manuscrit du Dr Apelle. Une histoire d'amour

"Imaginez Le Chant de Hiawatha écrit par Nabokov et vous aurez une idée du feu d'artifice linguistique et de la grâce de la prose de ce livre extraordinaire". Edmund White. Le docteur Apelle, spécialiste des langues anciennes, s'est pour ainsi dire retiré du monde et se consacre à l'étude. Lorsqu'il découvre parmi les rayonnages d'une bibliothèque un vieux manuscrit qui bouleverse son existence : ce conte étrange, dont il entreprend la traduction, retrace le destin de deux jeunes Indiens au début du XIXe siècle. Et, pour la première fois de sa vie, cet homme prend conscience qu'il n'a jamais connu le véritable amour... A mi-chemin entre la quête métaphysique et la légende initiatique, David Treuer poursuit avec ce nouveau roman une oeuvre rare et ambitieuse. Tantôt enchanteur, tantôt mystérieux, Le Manuscrit du docteur Apelle nous plonge au coeur de deux histoires : l'une nous entraîne dans les profondeurs de la forêt mythologique, l'autre nous invite à parcourir les labyrinthes de la littérature. Et à nous interroger sur la seule chose qui puisse encore surprendre l'homme : ses sentiments. "David Treuer célèbre l'amour, notre amour de l'autre, notre amour de la terre, notre amour des histoires, la façon dont nous donnons du sens à la vie". The Los Angeles Times. "Sur le thème de l'enfant sauvage, un hymne à l'innocence et à la beauté de la nature par un nouveau virtuose des lettres américaines. Magnifique. [... ] Le Manuscrit du docteur Appelle est un tour de force qui réconcilie Sitting Bull et Italo Calvino, le Truffaut de L'Enfant sauvage et les chants sacrés des communautés ojibwa". André Clavel, L'Express. "Conteur né, David Treuer surprend, émeut et enchante avec un singulier roman dans lequel il faut se laisser glisser. Le voyage en vaut la peine". Alexandre Fillon, Lire. "Le Manuscrit du Dr Apelle est un livre qui rassemble tous les autres, une sorte de cheval de Troie brillamment maîtrisé. [... ] Une réflexion magistrale, aussi, sur les livres, ceux qui les écrivent et ceux qui les lisent, sur la manière dont amour et littérature sont intimement liés". Vanessa Postec, Transfuge. "David Treuer nous livre ici un véritable chef-d'oeuvre [... ]. Voici vraiment une bonne nouvelle du côté de la collection Terres d'Amérique : David Treuer est de retour". Célia Vianney (librairie Cultura, Valence), Page des libraires. "Le Manuscrit du Dr Apelle s'inscrit dans une ambitieuse confrontation entre la littérature et la vie, la pensée et la sensualité. David Treuer confirme son élégance, sa force". Martine Laval, Télérama. " Un roman que son traducteur a qualifié de cadeau de beauté . C'est tout dire. " Le Progrès. " Le Manuscrit du docteur Apelle est un petit joyau. Comme tous les contes. Longtemps après la dernière page, on se surprend à le lire, à le relire. Pour en garder le mystère. Un bonheur. " La Voix du Nord.

04/2007

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Sciences historiques

Archéologie de l'inversion sexuelle "fin de siècle"

Georges Hérelle (1848-1935) n'était connu jusqu'alors que comme le traducteur en français du poète italien Gabriele D'Annunzio et comme un grand collectionneur de Pastorales Basques. Mais ce professeur de philosophie a une autre passion ; il est en effet fasciné très tôt par le sujet de l'inversion sexuelle. Il en devient un des premiers grands savants, un chercheur passionné, un archiviste exceptionnel. A dix-sept ans, dès son arrivée au Collège Sainte-Barbe à Paris, il rencontre Paul Bourget, le futur académicien, et tombe "passionnément" amoureux de lui. Leur correspondance, qu'Hérelle archive et au sujet de laquelle il maintient, toute sa vie, la plus grande discrétion, donne un accès privilégié aux milieux sociaux et littéraires des homosexuels à la fin du Second Empire. "A Rome, j'ai demandé à Monte, petite tapette avec qui j'ai causé deux soirées, quels étaient à sa connaissance les lieux où la pédérastie était la plus répandue ?" Hérelle conserve ainsi, dans son journal de voyage de septembre 1890, les détails de sa rencontre avec le jeune prostitué. Dans son journal de 1896, il écrit : "Naples me séduit toujours, me séduit comme un vice". Ce sont plus précisément les histoires que les prostitués racontent qui séduisent Hérelle, au cours de la dizaine d'années qu'il fait ses enquêtes archéologiques en Italie. Il en garde la trace méticuleusement. Les séjours à Rome et à Naples lui permettent également de se procurer toutes sortes de documents liés à ses investigations sur l'inversion sexuelle : cartes postales, brochures, photographies de garçons nus, etc. Tout ce matériel "italien" s'ajoutera aux archives de l'autre enquête, entreprise vers 1885 et encore plus ambitieuse, auprès de ses amis homosexuels en France. A l'aide de questionnaires, Hérelle les interroge sur leurs liaisons amoureuses. L'analyse qu'il fait, dans ce contexte, de ses propres sentiments ne manque pas de finesse : "J'ai pensé sincèrement pour mon compte en bien des circonstances que cet état était un grand malheur. Et néanmoins je suis absolument incapable de m'en détacher, et, hors de ce cercle fatal, rien n'a pour moi d'intérêt réel ; dans ce cercle au contraire, tout me fascine, même ma propre douleur". A la fin de sa très longue vie, Georges Hérelle décide, après quelques hésitations, de déposer presque toutes ses archives sur l'inversion sexuelle (enquêtes, mémoires, notes de voyage, correspondance, albums, manuscrit d'un livre) à la Bibliothèque municipale de Troyes. Inexplorées jusqu'à maintenant, ces archives, d'une richesse extraordinaire, nous permettent un regard étonnant sur le monde et la mentalité des homosexuels à la fin du XIXe siècle. Georges Hérelle : archéologue de l'inversion sexuelle "fin de siècle" contient une collection très importante d'éléments iconographiques et la transcription d'un ensemble de textes remarquables, tous des pièces authentiques et inédites, témoignages d'un homme qui explore, sous de multiples angles, une passion dont il a préféré, semble-t-il, garder le secret.

09/2014

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Beaux arts

Trente ans de correspondance 1926-1959

Frank Lloyd Wright (1867-1959), le célèbre architecte et théoricien de l'architecture organique, et l'historien et critique Lewis Mumford (1895-1990) ont joué un rôle crucial dans l'histoire de l'architecture et de l'urbanisme, comme en témoigne leur longue et abondante correspondance. Ces deux figures majeures de la culture américaine échangèrent plus de 150 lettres passionnantes, clairvoyantes, énergiques, spirituelles mais non dépourvues de tensions, qui illustrent à merveille le débat intellectuel sur l'architecture américaine et internationale du XXe siècle. C'est Frank Lloyd Wright, alors âgé de presque 60 ans, qui inaugure cet échange épistolaire en écrivant en 1926 à Lewis Mumford, qui n'a qu'une trentaine d'année. Renommé, mais en marge des tendances architecturales en vogue et confronté à des difficultés financières, l'architecte, en quête de critiques qui renouvellent son image, remercie de son soutien le jeune écrivain qui commence à s'imposer sur la scène newyorkaise. La correspondance prend son essor un an plus tard. Libres d'esprit, à la fois conservateurs et iconoclastes, les deux hommes trouvent vite de nombreux terrains d'entente, aussi bien professionnels que personnels. Au fait de l'actualité et de l'évolution contemporaine de l'architecture et de l'urbanisme, ils abordent de nombreux sujets, à commencer par leurs oeuvres respectives, et évoquent leurs alliés et leurs adversaires, l'avènement du Style international et les événements politiques qui bouleversent l'Europe et les Etats-Unis. Opposés à la sévère orthodoxie de modernistes tels que Le Corbusier, ils prônent tous deux, à l'instar d'Emerson, un meilleur usage de l'architecture et de la technologie au profit de l'environnement et de l'humanité, un point de vue qui faisait presque alors exception dans le panorama architectural. Affectueux et élogieux, Wright tient à l'approbation de Mumford et aspire à un rapport plus étroit. Plus prudent, souhaitant conserver son indépendance en tant que critique, Mumford refuse les multiples invitations de Wright à lui rendre visite dans son domaine de Taliesin, mais il n'en admire pas moins l'oeuvre de l'architecte - "modèle de l'architecture organique, construite en harmonie avec les rythmes de la vie moderne" - qui l'inspire. La Seconde Guerre mondiale interrompt brutalement cet échange profond et fécond, Mumford étant partisan de l'intervention des États-Unis en Europe, et Wright pacifiste et protectionniste. La correspondance ne reprendra que dix ans plus tard, à l'initiative de Wright. Une fois réconciliés, malgré leurs désaccords politiques et esthétiques, les deux hommes multiplient les témoignages d'affection et d'admiration. Sous la direction de deux grands universitaires, Bruce Brooks Pfeiffer, spécialiste de Frank Lloyd Wright, et Robert Wojtowicz, spécialiste de Lewis Mumford, cette correspondance est agrémentée d'une riche et rigoureuse introduction, de notes sobres et précises, d'un index, d'une chronologie de chacun des correspondants, ainsi que d'une note du traducteur sur leurs styles respectifs.

02/2017

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Grec ancien - Littérature

Oeuvres complètes

Parallèlement à Homère, Pindare est le plus grand poète grec. Né près de Thèbes en 518 avant J. -C. , il meurt à Argos en 442. Sa première ode pythique le rend célèbre à vingt ans. Ses compatriotes le comblent d'honneurs. Il devient l'hôte des princes et des rois. Au nom d'Apollon, la Pythie elle-même lui réserve une dîme sur les offrandes qu'elle reçoit. Et de son vivant Thèbes lui élève une statue. En cette civilisation grecque qui, parce qu'elle est grande, accorde la place la plus haute à la poésie, la force du verbe pindarique est telle qu'il est considéré comme l'égal d'un dieu. Imprégnée de mythes et de philosophie, sa poésie est une oeuvre totale qui fascinera et nourrira les plus grands auteurs de l'histoire. Pour réussir à nous faire entendre et ressentir une telle oeuvre, il ne fallait pas seulement un beau travail, un bon livre, mais l'art d'un très grand traducteur. C'est ce que rend miraculeusement possible Jean-Paul Savignac. Jouant des ressources de la langue française pour mieux se présenter devant la langue du poète, mêlant l'inhabituel et le classicisme, se tenant constamment à fleur de fulgurance, J. -P. Savignac parcourt l'inouï et illumine d'un esprit hellène la langue française. Il nous dote ainsi d'une oreille pour entendre une oeuvre que personne avant lui n'était parvenu à nous transmettre dans sa puissance et sa pureté. Il donne accès à un opéra dont les paroles et la musique ont vingt-six siècles. La dernière édition française des OEuvres complètes de Pindare fut celle d'Aimé Puech, aux Belles Lettres, voici un siècle. Personne avant Jean-Paul Savignac n'avait eu le courage de le retraduire intégralement tant l'affaire demande de génie. La traduction de Pindare est une telle aventure que Jean Renoir en fit allégorie dans La grande illusion avec la figure majeure de ce prisonnier français de la guerre de 14, qui supporte la captivité moins douloureusement tant lire et traduire Pindare lui tiennent compagnie au-dessus du temps. Et à qui moque ce bonheur, l'amoureux du poète répond : "Pindare c'est plus important que tout, plus important que votre vie, plus que la guerre ! Pindare, c'est le plus grand poète grec". Cette édition bilingue, richement présentée, expliquée et annotée, comporte toutes les Odes victoriales qui nous sont parvenues : les Olympiques, les Pythiques, les Néméennes et les Isthmiques. Elle comporte également les Fragments dans leur intégralité. C'est l'édition la plus belle, mais aussi la plus complète. Quiconque aime voir l'art attirer la langue jusqu'à cet éclat sacré qu'on nomme la beauté, où, en un mystère, se mêlent la lumière, la grandeur et l'étrangeté, recevra en une joie décisive la voix de Pindare telle qu'elle nous est ici exceptionnellement confiée.

09/2023