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Photographie

Helmut Newton. Magnifier le désastre

On reconnaît immédiatement une photographie d'Helmut Newton. Comme s'il avait inventé un monde, le sien, à nul autre pareil, et une écriture photographique singulière, totalement maîtrisée, apollinienne, presque froide. Et, de Newton, l'imaginaire collectif a retenu une iconographie triomphante, solaire, faite de femmes en gloire, athlétiques, puissantes et désirantes, d'un érotisme glacé, de piscines californiennes à la David Hockney, de palaces fastueux, de fourrures et de bijoux. Bref, le monde des riches. Mais on sait moins le versant obscur, dionysiaque de l'oeuvre : la satire des riches et des puissants, l'élaboration d'un érotisme des ténèbres, où se jouent rituels SM, minerves, prothèses, enserrements du corps, et qui ouvre l'apollinisme apparent des images à la blessure dionysiaque. Jusqu'à la mise en scène des " doubles " à l'inquiétante étrangeté freudienne, des " écorchés ", des vrais-faux cadavres, des meurtres. Jusqu'à la cruelle lucidité, enfin, de son regard sur le vieillissement des corps - y compris le sien, qui fut confronté à la maladie. Surtout, et d'autant plus qu'il en a très peu parlé et s'est toujours refusé à en faire son fonds de commerce, on ignore que le jeune Helmut est d'abord un Juif berlinois rescapé de l'extermination nazie, dont la vie a sans cesse rejoué la figure mythique du Juif errant et qui trouva dans Paris, sa ville d'élection, le lieu où s'enraciner enfin, après Singapour, l'Australie, Londres et Los Angeles. Et c'est précisément à l'aune de cette judéité, jamais revendiquée comme telle mais douloureuse, que l'auteur a voulu réexaminer le corpus newtonien : en témoignent ces corps de femmes puissantes qui s'avèrent la réplique du corps aryen glorifié par le nazisme, le fétichisme des uniformes, du cuir et des casques, la présence obsédante des chiens, ou encore les portraits de Léni Riefensthal, l'égérie du Troisième Reich. Mais, de ce désastre " germanique ", Newton n'aura jamais fait la plainte amère ou rageuse : il a choisi, tout au contraire, de le magnifier. Premier essai consacré à l'oeuvre du photographe Helmut Newton.

09/2019

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Littérature étrangère

Recueil de la montagne du Sud

Lettré à l'immense talent, Dai Mingshi (1653-1713) fut la victime de l'un des plus retentissants procès littéraires de la dynastie des Qing (1644-1911). Son crime ? Avoir tenu, dans son Recueil de la montagne du Sud écrit au hasard du pinceau, des propos outrageants pour la nouvelle et ombrageuse maison régnante. Convaincu de lèse-majesté, Dai Mingshi fut décapité en place publique pour avoir trop parlé, trop critiqué, et surtout trop rappelé que la dynastie mandchoue des Qing était née dans le sang de la conquête. Son œuvre fut proscrite, sa mémoire, bannie. Il fallut attendre le crépuscule de l'Empire pour qu'elles renaissent, et prennent leur juste place dans l'histoire et la littérature de la Chine. Tel fut le tragique destin de l'homme que nous invite à découvrir ce Recueil de la montagne du Sud. Mais le présent ouvrage a plus à offrir que la primeur d'une œuvre singulière. Par-delà la personne de son auteur, il nous dévoile un genre littéraire majeur - la prose ancienne - auquel tout lettré s'adonnait, rassemblant en des recueils ses fruits épars. Un recueil en prose ancienne était un mélange de préfaces, postfaces, lettres, hommages, éloges, épitaphes, biographies, descriptions, propos, essais et autres pièces. Long tout au plus de quelques pages, écrit en langue littéraire classique, chaque morceau était soigneusement ciselé, afin que fût gommée toute aspérité ou diversion pouvant en amoindrir l'unité et la force. La prose ancienne n'est pas simplement affaire de beauté formelle. Son intérêt et son charme tiennent autant à la variété des thèmes et des sujets abordés, tantôt hors du temps, tantôt liés à l'époque, qu'à la fonction mondaine du genre : offrir et recevoir des morceaux en prose faisait partie de la vie sociale des élites. C'est, en définitive, dans l'univers des lettrés de l'Empire que nous entraîne ce Recueil de la montagne du Sud : on avait appris à le connaître par la satire du roman ou la fiction du conte, le voici enfin tel qu'en lui-même.

06/1998

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Poésie

Forêt des mots

Qui parle ici ? Des parleurs, ou la parole elle-même ?? Forêt des mots fait alterner deux écritures. Dans l'une, narrative, poétique, et de loin de la plus brève, un "? je ? " anonyme décrit l'errance d'un "? nous ? ", communauté, tribu dont il se fait le porte-parole au coeur d'une forêt sans issue. L'autre, dialoguée, théâtrale, espace uniquement verbal campé par les voix qui l'animent, met en présence un nombre indéfini de "? je ? " eux aussi dépourvus de nom, eux aussi égarés parmi les arbres, les brumes, la nuit, et qui palabrent en essayant de se doter d'une cause et d'un destin communs. Ces deux espaces communiquent-ils ?? Au lecteur d'en décider : si certains éléments l'indiquent, toutefois le ton de l'un pourrait être celui d'une sombre épopée, tandis que l'autre relève presque de la farce. Le titre annonce l'allégorie sur laquelle se développe le livre, mais Odile Massé se garde bien d'en donner la clef. Ce qui est clair, c'est que la forêt en question, qui ressemble à celle des contes, est la scène d'ambiguïtés insolubles dont la présence à la fois patente et diffuse, comme celle d'une futaie noyée dans le brouillard, donne lieu à des espoirs sans nom comme aux plus vives inquiétudes. Les voix turbulentes et grotesques, puériles et touchantes de la partie dialoguée déploient des efforts ubuesques pour réduire le risque de devoir penser par elles-mêmes, se poser des questions et laisser place à l'"? autre ? ", à l'équivoque des mots avec lesquels pourtant elles jouent - au point de projeter un autodafé ou l'édification d'un mur chargé de les couper du monde. Toute ressemblance avec des faits réels... Drame, comédie, conte, épopée du langage ou satire de l'humanité à travers son langage, Forêt des mots est inclassable mais il n'est certes pas dénué d'échos avec les faits les plus contemporains, les plus universels, dès lors qu'ils impliquent les us et abus de la langue. Comme les voix qui le peuplent, le livre porte catégories, lieux communs et bavardages, belles promesses et nobles mots à la lumière, avant qu'ils s'y dissolvent et retombent dans le magma de la parole.

02/2022

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Littérature étrangère

Vies privées

Peu connu en France, Josep Maria de Sagarra est considéré en Espagne comme un des auteurs majeurs de la littérature catalane du XXe siècle. Son roman Vies privées, paru en 1932, est désormais considéré comme un classique. Paru en 1932, ce texte a fait scandale pour sa dimension sulfureuse. Il a ensuite fait l'objet d'une version expurgée en 1961, avant d'être rééditée en 1982 dans sa version originale. En 2007, le 75e anniversaire de sa parution a même été célébré dans une édition commémorative. Josep María de Sagarra offre la chronique d'une famille barcelonaise et en particulier des frères Lloberola, deux "fins de race" : Frédéric, l'héritier veule et incapable, et Guillem, son cadet, prostitué, tous deux fils de Tomàs, aristocrate réactionnaire, catholique, royaliste, carliste, qui assiste à l'effondrement de son monde. L'histoire se déroule entre 1927 et 1932. La première partie, qui s'étend sur cinq mois, dans le quartier huppé de la rue Mallorca ou à l'Eixample, s'articule autour d'un chantage dans lequel se trouvent impliqués des membres de la vieille noblesse et de la nouvelle aristocratie, englués dans des affaires de sexe et d'argent. La seconde partie nous transporte cinq ans après la mort de la victime du chantage, au moment de l'instauration de la République, après la dictature de Primo de Rivera. On y suit principalement les enfants de Frédéric : Maria Lluïsa et Ferran. Portant les stigmates de la décadence familiale initiée par la génération antérieure, ils ont intégré le vice et l'argent comme valeurs de substitution de l'ancien ordre. Marquée par une forme de réalisme pessimiste, la narration est rythmée par une série de portraits physiques et moraux, de descriptions, qui brossent une satire noire, mais non dénuée d'humour, de la société barcelonaise, dans une langue d'une grande intensité expressive. Josep Maria de Sagarra s'attache à décrire et à analyser les changements profonds qui affectent la haute société catalane ou majorquine dans cette première moitié du XXe siècle, secouée par les convulsions politiques qui précèdent l'avènement de Franco, l'effondrement moral et économique de la vieille aristocratie terrienne et l'avènement d'une haute société ambitieuse, frivole et cynique.

10/2015

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Littérature française

La Trilogie royale

Les trois volumes de la Trilogie royale. Offre de Noël. Comprend : - En attendant le roi du monde - Les Evangiles du lac - Petit monarque et catacombes En attendant le roi du monde retrace une équipée d' "expats" d'un genre particulier. Destination : le Portugal, loin des circuits touristiques. On y croise d'inoubliables personnages, tous plus foutraques et pittoresques les uns que les autres. Ici, le rire est organique, naturel, franc, joyeux - à réveiller les morts. Si Olivier Maulin est poète, il l'est d'abord avec les tripes. C'est la civilisation du ventre, telle que Victor Hugo l'a définitivement associée à Rabelais et au génie gaulois. En musicien paillard qui fait vibrer les cordes vocales de l'hilarité, l'auteur renoue avec un burlesque d'un autre âge, plus actuel que jamais. Deuxième volet de la Trilogie royale, Les Evangiles du lac nous transportent dans une vallée perdue des Vosges alsaciennes peuplée de personnages hauts en couleur : une sorte de nef des fous qui remonte le grand fleuve de la modernité pour renouer avec un Moyen Age breughélien, au milieu d'un curé de choc et d'une armée de trolls et de lutins. Entremêlant le réalisme grotesque et le merveilleux médiéval, la satire sociale et la quête mystique, l'anarchie et une soif d'ordre divin, le comique et le cosmique, ces "Evangiles" adressent leurs prières autant à la Vierge qu'à la fée Mélusine, aux saints et aux lutins, aux dieux et aux gueux, dont Olivier Maulin est le Noé providentiel, à la tête d'une arche enchantée. Dernier volet de la Trilogie royale, Petit monarque et catacombes nous fait pénétrer dans le palais de l'Elysée, mais par l'escalier de service, où Rodolphe Stockmeyer, jeune dilettante, effectue son service militaire. Nous sommes en 1992, aux dernières lueurs du long règne de François Mitterrand que la maladie semble pétrifier. Dernières lueurs, mais premières loges, ce qui nous vaut un portrait féroce et croquignolesque du président de la République, sorte de momie sans âge, entouré de courtisans et d'intrigants qui s'agitent en coulisses, alors que, derrière les portes dérobées du Château, des conspirateurs préparent en secret le retour du roi...

11/2022

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Romans graphiques

Tati et le film sans fin

Une plongée dans l'univers drôle et poétique d'un des plus grands cinéastes français du XXe siècle. Avant de devenir un cinéaste de renom, Jacques Tati avait un rêve : devenir clown ! Clown, il n'a cessé de l'être en inventant des gags sous ses multiples casquettes : mime, acteur, scénariste, réalisateur... Destiné à reprendre l'entreprise familiale, le jeune Jacques est médiocre à l'école mais a l'oeil pour saisir les situations burlesques du quotidien. Ce regard sur le monde, il va le sublimer dans le music-hall dès les années 30. En découvrant Tati sur scène, Colette dira qu'il a créé "quelque chose qui participe du sport, de la danse, de la satire et du tableau vivant ". Cette approche fera aussi son succès au cinéma : avec son premier coup d'essai, il signe son premier chef-d'oeuvre : Jour de fête (1949). Entouré d'amateurs, Tati obtient le Grand prix du cinéma français (1950). Sur le tournage, il contrôle tout sauf la couleur, qui lui échappe de peu ! Puis, en 1953, une silhouette atypique s'avance, celle de Monsieur Hulot. Personnage cultissime, cet anti-charlot à la pipe qui fait corps avec Tati devient récurrent. Acclamé, Tati se verra auréolé de succès avec son 3e long-métrage, Mon oncle (1958). Evitant les sirènes d'Hollywood, il préfère se lancer dans Playtime (1967), un projet titanesque. Pour installer l'absurde, il construit une ville-décor et se ruine ! Il perdra sa maison de production et, dans la foulée, les droits de ses propres films avant de repasser derrière la caméra dans les années 70. Privilégiant le geste aux dialogues, retravaillant le son tel un véritable chef d'orchestre, Tati invente un univers à part et devient en seulement six films, un des maîtres incontestables du cinéma français et international. Il recevra le César du cinéma en 1977 pour l'ensemble de son oeuvre avant de s'éteindre en 1982 en laissant inachevé un ultime scénario, Confusion... Arnaud Le Gouëfflec et Olivier Supiot croquent avec justesse l'homme au-delà de la légende dans ce roman graphique poétique et touchant, au graphisme remarquable, prolongeant à merveille l'atmosphère drolatique et enjouée de ce cinéaste de génie. Une pure pépite narrative et visuelle !

04/2023

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Littérature étrangère

Un américain en enfer. Un conte populaire

Jeune Noir américain du début du XXe siècle, Abe n'aura connu qu'une courte vie de misère, d'injustice et de prison lorsqu'il meurt à 27 ans. Expédié en enfer par Jésus Christ en personne, il constate avec stupéfaction que ses congénères y sont privilégiés sur les Blancs, pour mieux les faire souffrir. Abe profite de cet éternel séjour : il s'instruit et tente de comprendre pourquoi le "rêve américain" est resté inachevé. Sympathisant avec un Blanc, Dave, ancien éclaireur de la conquête de l'Ouest scalpé par les Indiens, lui aussi convaincu de la grandeur de leur nation, Abe persuade le Diable (un manager moderne, amateur de jazz et de partouzes) de les renvoyer tous deux dans l'Amérique de 1938. Séparés, mais promettant de se retrouver, les deux amis vont alors suivre des chemins différents, semés d'embûches. Pendant ce temps, alors qu'éclate la Seconde Guerre mondiale, avec son gros lot de clients, le Diable se frotte les mains... Satire sociale féroce sous la forme d'une farce burlesque, d'un réalisme cru et virulent, Un Américain en enfer s'attaque avec un humour frontal et décapant, au-delà de la seule ségrégation raciale, à l'essence même du "rêve américain" . L'AUTEUR Cinéaste, acteur, compositeur et écrivain, Melvin Van Peebles est né en 1932 à Chicago. Arrivé à Paris au début des années 1960, il rencontre Chester Himes, puis François Cavanna et collabore à la revue Hara-Kiri, où il publie entre autres Le Chinois du XIVe, illustré par Topor. De retour aux Etats-Unis, il continue d'écrire, d'enregistrer des disques et réalise plusieurs longs métrages, dont Sweet Sweetback's Baadasssss Song (1971), le film précurseur du cinéma de "Blaxploitation" . Paru aux Etats-Unis en 1976 (et prépublié dans le magazine Playboy d'Hugh Hefner), Un Américain en enfer, roman majeur de son auteur, laisse éclater toute sa verve et sa lucidité caustique. Agé de 87 ans, Melvin Van Peebles vit aujourd'hui à New York. "Melvin, son cinéma, c'est le négro américain dessalé cigare au coin du bec j'emmerde les gros cons de blancs je méprise les négros qui ne sont que des négros. Tout Harlem dans un verre, Melvin". (Cavanna, Bête et méchant)

02/2020

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Littérature française

Babines de velours

Jamais une telle complicité entre une femme et un animal n'a été racontée avec tant de sensibilité. Honda n'est plus, mais son souvenir inaltérable demeure dans le coeur de Leïla. Cette histoire, racontée par une narratrice proche de la jeune femme, nous fait découvrir ou appréhender les causes profondes de cette surprenante amitié, de cet attachement singulier qui l'accompagne encore au-delà des mots. Ce récit hors du commun aborde avec simplicité et intensité le deuil de Honda. Deuil qui, depuis, a été transcendé. Tous les faits sont réels et témoignent avec force que, quels que soient les aléas ou les duretés de la vie, l'affection d'un animal est irremplaçable et même salvatrice. "...Si seulement elle pouvait l'attraper dans ses rêves, la faire revivre par quelque pacte magique, sentir son odeur si rassurante, elle n'hésiterait pas, donnerait sa propre vie pour la serrer dans ses bras, humer son parfum si particulier de terre, de transpiration, de plantes dans lesquelles elle s'est roulée, tout cela mêlé à son eau de toilette. Elle prendrait dans le berceau de ses mains son gros museau carré, ses babines de velours. Elle lui manque tellement, elle pleure encore et encore sa chienne en regardant les vidéos où elle est si vivante, si heureuse. Badis lui dit d'arrêter et qu'elle se fait du mal à regarder les vidéos en boucle. Je la comprends, il faut qu'elle soit saturée de ces images, mais est-on jamais saturé d'avoir aimé un chien, un chat, un animal quand il a été tout pour nous ? "

01/2020

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Sports

Peut-on encore aimer le football ? La fable du monde

De plus en plus de football. De plus en plus, jusqu'à la nausée. De plus en plus, comme à l'infini : notre temps disponible, notre temps hors travail, hors obligation sociale, saturé, occupé par le spectacle du football. Est-il une évasion, cependant, ce spectacle ? Une escapade, comme l'est le théâtre classique ou l'opéra, hors du monde de la quotidienneté plus ou moins aliénée, plus ou moins inauthentique ? L'invasion permet-elle l'évasion ? Souvenons-nous d'un propos de Paul Valéry : "la vie moderne (...) remplace l'imagination par les images" . Aujourd'hui, le meurtre est accompli. Le monde est rempli d'images de football. Les coeurs et les cerveaux, les espoirs et les passions, les esprits et les âmes, le sont également. Le football a installé sa demeure au centre de la vie moderne. Faites-nous rêver, demande-t-on souvent à une équipe de football ! Dès que nous posons la question du contenu de ce rêve, la consternation nous saisit. A quoi pourriez-vous nous faire rêver, vous les joueurs ? Vous les équipes ? Tenter de répondre à cette question provoque un malaise : le rêve que le football serait censé offrir est sans contenu. Vide. A quoi servent-elles, ces images ? Où conduisent-elles ? Agrégé de Philosophie, Robert Redeker est l'auteur de nombreux livres. Il collabore également à plusieurs revues et journaux. Il a publié dernièrement Le soldat impossible (Pierre-Guillaume de Roux, 2014), Bienheureuse vieillesse (Le Rocher, 2015) , L'école fantôme (Desclée de Brouwer, 2016) et L'éclipse de la mort (Desclée de Brouwer, 2017). Il s'emploie également à la photographie et à la critique littéraire.

05/2018

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Critique littéraire

Robert Musil. Tout réinventer

Le nom de Musil (1880-1942) est rattaché à L'Homme sans qualités, ce grand roman faisant notamment le tableau de la disparition d'une civilisation. Mais Robert Musil n'est ni l'homme d'un seul livre, ni simplement le peintre du délitement d'un empire austro-hongrois auquel il donna le nom de Cacanie. La poétesse Ingeborg Bachmann rappela que l'auteur de L'Homme sans qualités avait voulu "faire bien plus qu'écrire un roman, bien plus que raconter l'histoire d'une Cacanie déclinante, et bien plus qu'élaborer une critique des idées de l'époque". Musil pensait en effet que des possibilités d'accomplissement ignorées s'offraient à l'individu, et il chercha, à travers chacun de ses livres, à s'en approcher. Il y a une utopie intime musilienne, d'un grand potentiel subversif. Afin de la mettre à jour, cette biographie dresse le portrait d'un homme fascinant à maints égards, maître et serviteur de son oeuvre jusqu'à l'oubli radical de soi ; elle restitue un itinéraire à cheval sur deux siècles, ainsi que la genèse et la création d'une oeuvre qui fut écrite littéralement envers et contre tout, à une époque de catastrophes. En s'attachant à souligner l'extrême modernité de cette démarche (l'antidote parfait aux idéologies du déclin et au présentisme qui nous encombrent jusqu'à l'asphyxie), son humour terrible aussi, ce livre invite à découvrir un regard, une pensée, d'une acuité inouïe, qui se révèlent d'un précieux secours pour faire face à notre temps saturé de discours économiques et identitaires négateurs de toute idée d'accomplissement.

09/2015

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Critique littéraire

Willy. Le père des Claudine

Quand paraît Claudine à l'École en 1900, Colette est une inconnue. C'est la jeune épouse discrète d'un des hommes les plus en vue de la vie parisienne, Henry Gauthier-Villars, dit Willy : le boulevardier, l'écrivain polisson, le critique musical, l'homme qui signa une centaine d'ouvrages (dont les six premiers romans de Colette) et n'en avait peut-être pas écrit cent lignes en tout. La situation s'est inversée : aujourd'hui, l'inconnu c'est lui. Elle était la femme de Willy, il est devenu le mari de Colette - celui qui un jour de dèche a vendu les droits des Claudine à ses éditeurs, sans même la prévenir. Elle ne lui a jamais pardonné. Un fascinant personnage. Colette elle-même le dit : " Je le trouve d'une taille, et d'une essence, à inspirer et à supporter la curiosité. Ce qu'il faudrait écrire, c'est le roman de cet homme-là. " Cette biographie n'est pas un roman. Riche en révélations, elle restitue avec fidélité le visage d'un homme hors du commun (et celui d'une Colette assez différente de ses légendes), mais aussi ceux des journalistes, des jeunes écrivains, des viveurs, des cabots et des demi-mondaines qui ont fait ce qui était (pour eux) la Belle Époque, tels Jean de Tinan ou Jean-Paul Toulet, ses géniaux proches collaborateurs, Missy, l'excentrique maîtresse de Colette, Erik Satie, le musicien qui s'opposa en duel à Willy, et beaucoup d'autres...

01/2004

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Golf

Les miscellanées du golf. 1244-2021. Histoire, anecdotes, palmarès, champions, curiosa...

Chronologies, biographies, palmarès, histoires et anecdotes du golf Il est bien rare que l'on brille sur le parcours. Mais avec ces Miscellanées du Golf, on pourra se rattraper au dix-neuvième trou, lors des longues conversations avec ses partenaires, autour de solides reconstituants. Que l'on consommera avec modération ou non, comme les pages de ce recueil. Chronologies, biographies, palmarès, histoires et anecdotes, parfois croustillantes : ce livre dresse un panorama aussi complet du Noble et Ancien Jeu de golf. Vous y puiserez l'essentiel et l'accessoire, le merveilleux et l'insolite, vous y croiserez quelques champions oubliés, de splendides anonymes et d'inaccessibles superstars, vous découvrirez des temples bénis par Saint Andrews et des pèlerins qui peuvent être princes ou bergers. Vous y apprendrez qu'Erik Satie consacra une page musicale au golf. Que si l'albatros est une espèce rare, dont la plupart des joueurs du dimanche sont protégés, le Condor demeure un mythe. Que la France est, à l'instar de l'Ecosse, une très ancienne terre de golf. Qu'on est allé jusqu'à driver sur la lune, ce qui est bien la preuve que le golf rend fou (" et qu'il n'y a que le golf pour soigner cela " comme le disait un grand chantre du jeu). Voilà surtout un volume dont les pages ne sont pas encombrées de conseils techniques ou ésotériques dispensés au practice par quelques gourous. Et grâce auquel - pour reprendre la célèbre formule de George Bernard Shaw - on peut poursuivre sa promenade sans qu'elle soit gâchée par sa petite balle blanche.

10/2021

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Critique littéraire

Lettres à sa mère. Tome 1, 1898-1918

De Jean Cocteau à sa mère, il nous reste quelque neuf cents lettres écrites entre 1898 et 1938, dont voici la première partie. Celles du début sont parfois tracées sur un papier de deuil qui rappelle le suicide du père (1898). Par la suite, cartes postales, papiers à en-tête, supports divers et inattendus y mettent beaucoup de fantaisie. Elles sont envoyées des Côtes-du-Nord (1906, 1907), de chez les Daudet à Chargé (1911), d’Algérie où Jean Cocteau voyage avec Lucien Daudet, de chez J -E Blanche à Offranville, de chez les Rostand à Cambo-les-Bains (1912, 1913), du service de la Croix-Rouge ou du Secours aux blessés (1915, 1916), de Rome où il séjourne avec Picasso, Diaghilev et Massine, puis du bassin d’Arcachon et de Grasse (1917, 1918). On n’y trouve pas seulement les preuves très ferventes de l’amour et de la fidélité, ou les premières évocations magiques - de la Bretagne, de Blida, de la nuit de Noël sur le front -, ou l’air d’une époque dont on aura plus tard l’évocation dans Portraits-souvenir. Ces lettres sont aussi des «notes pour un travail que je compte faire». A cette mère adorante, parfois plaintive, toujours fière de lui, Jean Cocteau confie ses projets, laisse entrevoir la genèse de ses ouvres : Le Cap de Bonne Espérance, Discours du grand sommeil, Vocabulaire, Le Potomak, et la métamorphose d’un David en Parade. Il l’entretient aussi des grandes amitiés naissantes : avec Picasso, avec Stravinski, avec Satie...

04/1989

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Pléiades

Théâtre complet

On se rappelle l'éloge funèbre du personnage du Général, dans Les Mariés de la tour Eiffel : « Dès vos premières armes, vous avez fait preuve d'une intelligence très au-dessus de votre grade ». On pourrait en dire autant de Cocteau, qui dès ses débuts d'auteur dramatique n'a raté ni Diaghilev, ni Picasso, ni Satie, et qui ne ratera ni le groupe des Six, ni Stravinski, ni les Pitoëff, ni Édith Piaf... - pour être complet il faudrait aligner des dizaines de noms, et parcourir près de cinq décennies : comme le Général des Mariés, Cocteau ne s'est « jamais rendu, même à l'évidence » ; jusqu'à la fin de sa vie, il a mis dans son ouvre dramatique (sa « poésie de théâtre ») tout le sérieux que les enfants mettent à leurs jeux. Il fut intensément de son époque, c'est peu contestable, mais il serait injuste de ne définir ce « fils de l'air » (titre de son dernier argument chorégraphique) que par sa sensibilité à l'air du temps. La mode ne l'intéressait que pour autant qu'il pouvait la détourner, voire la devancer - d'où le scandale de Parade, par exemple, ou cette teinture d'irrespect qui colore ses textes apparemment les plus classiques. Entre « difficulté d'être » et passion de vivre, le théâtre de Cocteau cherche une vérité indépendante de la réalité, libérée du temps historique. En le rassemblant en un volume, on ne dresse donc pas le portrait-souvenir d'une époque : on ressuscite des mondes.

10/2003

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Littérature française

Debussy pour toujours

Au temps où l'art connaît son essor, à travers les mouvements qui forgeaient l'ouverture d'une époque inspiratrice, consacrée à l'art et à l'artiste, en musique, au théâtre, en poésie, en peinture ; de Satie, à travers De Renier, Maeterlinck, jusqu'à Mallarmé, Debussy créait son art, sous les toits impitoyables de la ville de Paris. C'est à cette époque-là qu'il composa ses oeuvres les plus célèbres, dont le Prélude à l'après-midi d'un faune et Pelléas et Mélisande. En même temps, c'est dans l'amour qu'il trouvait son refuge pour fuir son âme solitaire, son inquiétude et le destin incertain de sa vie d'artiste. Une histoire d'amour se trouve donc au centre de ce récit, sous l'oeil d'un narrateur à la fois omniscient et faisant preuve d'un réalisme subjectif, le point de vue se restreignant en alternance au champ de vision de ses personnages, laissant ainsi entrevoir l'amour passionné qu'éprouvait ce grand compositeur pour une femme, une courtisane attitrée autrefois, suivant sa métamorphose au fur et à mesure que leur amour se développe et les déchire. Un amour inspirateur et idéalisé se mêle à une passion déchaînée, des disputes, des caprices, des départs, des retours... Un roman qui démontre le caractère inséparable entre la vraie vie et les apparences, la passion et le désir, où l'amour devient torrent qui se détruit et s'apaise puis s'éternise dans le souffle soudé de deux êtres.

12/2018

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BD tout public

June

Nous sommes en France, dans une ville austère de l'est. June est une petite fille comme les autres. Quand son père Otis ne tient plus ses promesses et laisse son addiction le submerger au détour d'une gorgée d'alcool de trop, les choses ne peuvent pas se passer au mieux. June regarde son père tomber. June voit la catastrophe et la prend de plein fouet. Mais June encaisse... Que se passe t-il quand les adultes perdent le contrôle de la situation ? Quand un verre de vin peut faire basculer le quotidien d'une famille ordinaire vers un cauchemar sans nom ? Nous sommes en France, aujourd'hui, dans une ville austère de l'est. June est une petite fille comme les autres. Quand son père Otis ne tient plus ses promesses, quand il laisse son addiction le submerger au détour d'une gorgée d'alcool de trop, les choses ne peuvent pas se passer au mieux. June regarde son père tomber. June voit la catastrophe et la prend de plein fouet. Mais June encaisse... Et qui sommes-nous pour juger qui que ce soit ? "J'ai fini par remarquer, au fil de mes lectures et de mes pérégri-nations, à quel point la mythologie du loser magnifique enhardissait encore les foules. Le type se sert de grandes rasades de Scotch, se fout de tout, et tire sur sa clope en restant irrémédiablement cool. On nous présente toujours les excès d'alcool sous la forme de la satire légère, on nous montre des bitures potaches, des gueules de bois bon-enfant, des ivrognes clownesques, de ce genre qui, saouls comme des cochons, iront au devant des pires ennuis mais s'en sortiront toujours comme des chefs, le litron encore vaillant à la main... Les revers de la médaille les plus triviaux sont rarement observés : les mensonges, les secrets honteux, les vies brisées, les odeurs de pisse et de vomi. Quand ces problématiques vous touchent de près, l'acuité avec laquelle on regarde alors la chose prend une tout autre tournure. et prend l'allure d'une plaie. C'est cette plaie que j'ai eu à coeur d'éclairer avec June. . ". Nicolas Moog Sélection officielle pour le Prix Ouest-France en 2013 au festival Quai des bulles (St-Malo).

11/2011

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Littérature étrangère

Songes et discours

" Voici, pour le lecteur français, la première occasion depuis le dix-septième siècle de se mesurer avec les Songes et discours de Quevedo. Le Siècle d'or touche à sa fin. Nature inquiète, turbulente, volontiers querelleuse, Quevedo est ce témoin à charge qui peint dans les Songes et discours le tableau d'une société malade. Défilent en une ronde infernale (au sens propre) des pantins gesticulants, grimaçants, vociférants, qui tous incarnent des types sociaux au travers desquels l'auteur dénonce les maux de son époque : l'hypocrisie, le mensonge, la rapacité, la luxure. A la suite du narrateur, lequel, successivement, assiste au jugement dernier, s'entretient avec un démon logé dans un alguazil, parcourt l'enfer, apprend à voir le monde au-dedans ou rend visite aux morts, nous découvrons une population d'hommes de loi, de greffiers, d'alguazils, de médecins, d'apothicaires, de tailleurs, de femmes de mauvaise vie, de duègnes, etc. Avec les femmes, la satire se fait particulièrement féroce. Jeunes, vieilles, laides, belles (mais leur beauté est artificieuse), aucune ne trouve grâce à ses yeux. L'enfer de Quevedo, comme celui de Dante, est par ailleurs peuplé de figures célèbres. L'auteur s'attarde auprès de quelques-unes d'entre elles - Judas l'Iscariote, Mahomet, Luther - pour les stigmatiser violemment ; l'entretien entre Judas et le narrateur vaut d'être souligné, car il illustre parfaitement ce mélange explosif de grotesque et de sacré, qui est une des constantes des Songes et discours. " La grandeur de Quevedo est verbale ", a justement dit Borges. Nul ne possède plus que lui la maîtrise de la langue espagnole. Il n'a pas son pareil pour manier l'ellipse, l'anastrophe, l'antithèse, le paradoxe, l'ambiguïté, l'amphibologie, et autres figures de style. Au cultisme de Gongora et de ses sectateurs, partisans d'une langue poétique où l'ornement est recherché pour lui-même, Quevedo oppose le conceptisme qui détourne les mots au service d'un raisonnement rigoureux et d'une pensée subtile, ingénieuse à l'extrême. Borges fait remarquer que la prose de Quevedo bannit l'épanchement sentimental et ne comporte aucun de ces symboles qui s'emparent de l'imaginaire des gens. Assurément Quevedo ne séduit pas en mignardant. Il est rude, ironique, vindicatif ; mais celui qui accepte de lui emboîter le pas cède tôt ou tard à ses sortilèges (nous en parlons en connaissance de cause). " Les traducteurs.

04/2003

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Contes et nouvelles

La potiche a peur en rouge. Et cent autres fables express

"La fable express est une parodie de fable, qui naquit à la fin du XIXe siècle, époque de fantaisie, d'invention, et de jeu avec la langue. Alphonse Allais fut un virtuose du genre. La recette en est simple : une poignée de vers de mirliton, aromatisés à l'absurde, à l'insolence ou à l'obscénité, et une "morale" en général très peu morale, qui parodie parfois dictons et lieux communs, mais ça n'a rien d'obligatoire. La "morale" est à double sens : elle cache une autre formule, qui se prononce de la même manière mais dit tout autre chose. Bref, c'est un calembour. Le but ? Le jeu, le rire". (Pierre Jourde). Après une érudite et savoureuse présentation, Pierre Jourde revisite en cent et une fables (agrémentées de commentaires) ce drôle de genre littéraire, pratiqué entre autres par Alphonse Allais, Boris Vian et Marcel Gotlib. Réactualisant cette forme d'écriture pour rire, à la portée de tous, l'impertinent et caustique Pierre Jourde signe ici un véritable manifeste pour une littérature humoristique et amusante. "La fable express, Pierre Jourde le rappelle dans sa présentation riche et complète, "n'est pas sérieuse" . Cela tombe bien, trop de gens déjà le sont, et le quorum de sérieux dans le monde est largement dépassé. A juste titre, l'auteur cite aussi bien Allais, Roussel, le fou littéraire Brisset, que l'Oulipo, Vian et Gotlib". (Extrait de la préface d'Hervé Le Tellier). Ecrivain et critique littéraire, Pierre Jourde a longtemps été professeur de littérature française à l'université. Il a publié une quarantaine de livres, dans tous les genres (poésie, essais, romans, satire littéraire, théorie de la littérature...), ainsi que des ouvrages avec divers artistes, et dirigé l'édition de Huysmans en Pléiade. Il tient une chronique sur le site culturel de L'Obs, Bibliobs. Parmi ses publications : Empailler le toréador (Corti, 1999), La Littérature sans estomac (L'Esprit des péninsules, 2002, prix de la critique de l'Académie française), Précis de littérature française du XXIe siècle (avec Eric Naulleau, Mango, 2004), Festins secrets (L'Esprit des péninsules, 2005, prix Larbaud, prix Renaudot des lycéens, prix Thyde Monnier de la SGDL), Le Maréchal absolu (Gallimard, 2012, prix Virilo), La Première Pierre (Gallimard, 2013, prix Jean Giono), La Culture bouge encore (Hugo, 2016), Le Voyage du canapé-lit (Gallimard, 2010).

10/2021

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Littérature étrangère

S

S, treizième roman de John Updike - du nom de l'héroïne Sara, ou Sare, mais aussi S comme Serpent, sexe, sensualité, comme sagesse (orientale) et science (occulte), et enfin comme sanscrit -, se déroule sur fond de yoga dans un ashram transplanté d'Inde en Arizona et régenté par un pseudo-gourou, l'Arhat. Loin de l'habituel microcosme d'une petite ville de Nouvelle-Angleterre et malgré leurs masques, les personnages sont dénués d'exotisme et marqués par les valeurs et travers d'une époque et d'une société qui, comme toujours, suscitent l'ironie et la causticité de l'auteur. «A quoi bon vivre, demande un des personnages, si l'on ne peut faire peau neuve ?» Changer de rôle, de vie, de milieu, telle est l'aspiration de Sara P Worth, moderne Hester Prynne dont la généalogie est un discret hommage à Nathaniel Hawthorne. En rupture de ban conjugal et social, fascinée par l'aura médiatique de l'Arhat, Sara se fait «sannyasin» pour, rebaptisée Kundalini et sous la férule spirituelle et charnelle du Maître, dompter son ego et parvenir à «moksha», le salut par le rejet de toutes illusions. Accablée d'humiliations, Sara/Kundalini secoue son joug et quitte l'ashram pour vivre son nirvana au soleil des Caraïbes, en marge de ses amours mortes et de ses illusions évanouies. Ce roman, composé de lettres et de bandes pour la plupart dues à Sara, se double d'une comédie d'illusions et de désillusions, acide et doucement amère, contée par la bouche d'une femme à la fois trahie et traîtresse, dans la lignée des héroïnes de Couples, Epouse-moi et Les sorcières d'Eastwick. Une fois encore, Updike se montre tiraillé entre l'ange et la bête, la religiosité et la chair. En quête de sa vérité, Sara/Kundalini, comme ses aînées, cherche à tâtons sa voie au «crépuscule de la vieille morale», parmi les méandres de la philosophie orientale et de l'érotisme. Pétillant d'esprit, fertile en inventions, conçu comme une farce mais emporté par un crescendo poétique, S marque une nouvelle étape dans l'entreprise de «dépoussiérage» du roman moderne que poursuit l'auteur. Une oeuvre à lire d'une traite, non comme un nouveau pamphlet féministe ou sexiste, ni comme une satire des sectes, mais comme une variation baroque et désopilante sur le thème favori de John Updike : le droit de l'individu à l'épanouissement de son moi.

04/1991

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Persan, Pashto

La Corneille têtue. Recueil de contes populaires d'Iran

Contes d'Iran humoristiques et satiriques Cet ouvrage bilingue s'adresse au public francophone amoureux des contes et désireux de connaître l'un des volets littéraires et culturels de l'Iran, et aussi à ceux qui souhaitent élargir leur savoir en langue, littérature et culture persanes. Le propos a été de mettre en relief les différents aspects de la littérature populaire, puis de choisir des histoires où étaient finement dépeints, à travers les personnages animaliers, les traits de caractère des humains. Vingt contes ont été choisis, dont la plupart sont des contes animaliers mais où les êtres humains ne sont pas absents. Il s'agit de contes courts, écrits dans un langage simple, direct et même familier, avec parfois une nuance de satire qui les rapproche de la fable. Certains contes décrivent des aventures ou des faits étranges, chimériques et surnaturels, présentés comme tout à fait naturels. D'autres donnent des images de la vie quotidienne, évoquent les rapports familiaux ou les conflits d'intérêt entre différentes couches de la société. On distingue en général : le héros, personnage principal du conte, pas forcément sympathique ; l'agresseur, méchant ou gentil, qui joue le rôle opposé à celui du héros ; les auxiliaires, soit des animaux, soit des êtres humains ou même des objets possédant des pouvoirs magiques, qui entrent en scène au moment propice pour soutenir le héros et l'aider à relever les défis ; le narrateur, qui joue un rôle de premier plan tout au long de l'histoire et guide le lecteur. Ces contes, issus d'une longue tradition légendaire et historique, outre leur caractère pittoresque et divertissant, ont l'intérêt de présenter des particularités propres au monde persan : intrusion de mini-récits dans l'histoire principale, en général pour aider le héros à atteindre son objectif ; évocation des principes zoroastriens (duel entre le Bien et le Mal) ; moquerie à l'égard de l'hypocrisie de certains religieux chiites ; rôles des chiffres symboliques (3, 7, 40). Ils dégagent tous une morale ou des principes de sagesse, pas toujours conventionnels puisque parfois l'habileté et la ruse sont magnifiées aux dépens de l'honnêteté. Ces contes, de tradition orale, ont été recueillis dans une série d'ouvrages iraniens, dont les titres figurent en annexe à l'ouvrage. Ils sont présentés par les traductrices en introduction.

10/2022

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Poésie

Les centaures & autres poèmes

Pour la première fois en français, ici dans la traduction du polonais d'Isabelle Macor, il nous est donné de lire enfin l'oeuvre poétique de Zuzanna Ginczanka (1917-1944), reconnue par les plus grands de son temps (Gombrowicz, Tuwim, et bien d'autres) comme une poète au génie précoce. Ce livre important en nombre de poèmes (110) se veut aussi un hommage à Zuzanna Ginczanka, et rend compte de l'évolution et de la diversité de son oeuvre, composée sur seulement dix années, tragiquement interrompue : elle meurt assassinée à l'âge de 27 ans en 1944 dans la banlieue de Cracovie après avoir été arrêtée par la gestapo une seconde fois. Ainsi ce livre démarre-t-il avec son premier poème connu ("Banquet estival" , écrit alors qu'elle était encore lycéenne en 1931) pour se poursuivre chronologiquement jusqu'à son dernier, "Non omnis moriar" , où elle nommait expressément ces dénonciateurs à Lvov (actuellement Lviv, en Ukraine) où elle fut arrêtée une première fois, avant de l'être à nouveau à Cracovie et ne plus revenir. Ce, en passant par une variété de poèmes relevant de la parabole, de la satire, de l'observation du monde et de la vie humaine saisie dans son regard... , selon un gai savoir grammatical où s'affirme librement sa féminité (fait remarquable), et où la nature abonde, cependant que, avec le pressentiment d'une catastrophe imminente, l'inquiétude s'installe. (Ainsi, dès 1934, un poème comme "Agonie" ne laisse aucun doute sur sa lucidité politique dans une Europe "secouée d'une toux / aux rythmes soldatesques" .) Les Centaures fut précisément le seul recueil de Zuzanna Ginczanka publié de son vivant, les autres poèmes étant quant à eux parus en revue ou dans la presse. Et elle n'aura eu guère le temps d'en composer un autre. Ce livre en édition bilingue comprend également, pour une plus grande appréciation, des documents (photographies, reproductions de manuscrits, etc.), des notes, et (au moins) une postface de la traductrice. Nous sommes plusieurs à vouloir que ressurgisse une telle voix des décombres de l'extermination. En Pologne, elle revit déjà plus particulièrement depuis 20 ans. Des ouvrages importants sur sa vie et son oeuvre y sont encore tout récemment parus. Et plus proche de nous, en France, un film documentaire lui a été consacré : "Tout de moi ne disparaîtra pas" (2022) de Joanna Grudzinska.

03/2024

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Sciences politiques

Les initiatives de sécurité au Maghreb et au Sahel. Le G5 Sahel mis à l'épreuve

Cet ouvrage propose une perspective analytique et critique des dynamiques de sécurité dans l'espace sahélo-maghrébin, en se focalisant sur la multiplication des initiatives régionales de sécurité notamment la dernière en date, le G5 Sahel. Si leur prolifération dénote une (re)considération de la région, dans un contexte d'appropriation par les Etats africains de leur sécurité, leurs motivations et la manière dont elles sont appréhendées soulèvent des problématiques (rivalité, exclusion et neutralisation mutuelles, duplication, appropriation pervertie, primauté de la thématique terroriste...). Au lieu de générer de la stabilité, en ayant des incidences sur l'insécurité régionale, ces processus, plus concurrents que complémentaires, génèrent plutôt des tensions et alimentant des rivalités dont ils découlent. Leur coordination est désormais un enjeu stratégique pour la région. Les instabilités/insécurités dans la région sont, pour l'essentiel, la conséquence des faiblesses des Etats. Il convient donc d'agir en amont sur les problèmes socio-économiques et politiques. Se contenter d'une action en aval, fondée sur la militarisation de la lutte antiterroriste, revient à en gérer les conséquences et non à en traiter les causes. Dernier-né des processus régionaux, le G5 Sahel, fortement soutenu par la France, prend forme avec l'opérationnalisation de sa Force conjointe. Cependant, il se heurte à des écueils majeurs (capacités financières et opérationnelles limitées, dépendance vis-à-vis de l'extérieur, primauté du volet militaro-sécuritaire sur le volet développement...) rendant son avenir incertain. Souffrant d'un déficit de légitimité régionale, le G5 Sahel fait face à une problématique de taille : son insertion dans un paysage régional saturé. Son devenir dépend plus des engagements extérieurs et du soutien régional que de l'implication de ses propres Etats membres.

05/2019

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Littérature française

A cause de l'éternité

A cause de l'éternité constitue le seconde volet de L'Autre rive, qui remporta en 2007 le Grand Prix de l'Imaginaire. L'action se déroule de nos jours au château d'Eparvay, dans l'arrière-pays d'Ecorcheville, ville bâtie au bord du Styx. Cette région présente nombre de particularités. L'esclavage n'y a jamais été aboli. La proximité relative des Enfers, par-delà l'infranchissable fleuve des morts, entraîne des précipitations insolites (pluies d'animaux et d'insectes divers) ainsi que l'échouage occasionnel de créatures venues de l'autre rive (centaure, sirène, satyre, minotaure...). Un Musée de Tératologie les rassemble ; les étudie et les expose. Enfin, l'économie comme la politique locales sont sous le contrôle de trois grandes familles, les Propinquor, les Esteral et les Bussettin, qui se disputent et se partagent de longue date le pouvoir. Dans ce nouvel opus, Alphan Bogue, jeune diplômé du Courtauld Institute de Londres, docteur PhD en histoire de l'Art, rentre à Ecorcheville pour s'y marier. Sa fiancée, Delia Spencer-Churchill, doit le rejoindre pour la cérémonie. Le père d'Alphan, brocanteur à la retraite, pensionnaire de l'EHPAD d'Ecorcheville, le presse de dérober pour lui un autoportrait supposé de Rembrandt adolescent, inconnu de tous, qui se trouve au château d'Eparvay. Spécialiste de la peinture baroque et de Rembrandt, Alphan se laisse convaincre de s'introduire dans le château pour examiner le tableautin et se faire une idée de son authenticité. Quand il franchit une porte basse donnant sur les soubassements de l'énorme édifice métamorphique, l'aventure commence... L'imaginaire qui se déploie dans ce roman-monde n'a pas d'équivalent dans la littérature française contemporaine.

01/2021

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Science-fiction

Bifrost N° 105 : Leigh Brackett. La dame sur mars

Il pleuvait sur la vallée depuis trente-six heures, une pluie drue, ininterrompue. Le sol était saturé. Le moindre repli aux flancs hérissés crachait un torrent boueux qui courait s'agréger aux autres torrents en contrebas avant de se déverser par des chenaux naturels dans la rivière. Une rivière qui, tirée de sa torpeur coutumière, roulait en rugissant tel un nouveau Mississippi, déchirant ses berges, s'étalant en une vaste tache jaune sur les champs et dans les rues de Grand Falls fuies par ses habitants en quête de hautes terres. Arbres déracinés et poutres emportées heurtaient les murs des vieilles bâtisses en brique de la grand-rue. Dans le hall de l'hôtel, les crachoirs de bronze flottaient de plus en plus haut, entrechoquant en un glas pitoyable leurs flancs sonores. Au sommet des crêtes fermant la vallée au nord-est et au sud-ouest, cachés par une main méticuleuse, deux petits mécanismes bourdonnaient sans interruption - des minisemeurs qui ne devaient rien à la technologie terrienne. Leur énergie s'épuiserait en quelques jours, mais pour l'heure, ils fonctionnaient avec une efficacité remarquable, propulsant un courant régulier de particules chargées d'électricité vers le ciel, ensemençant les nuages qui s'amassaient sur les crêtes. Dans la vallée, la pluie tombait toujours... Leigh Brackett Toutes les couleurs de l'arc-en-ciel DOSSIER LEIGH BRACKETT : Dame de Mars, Vénus et autres mondes Interview de Leigh Brackett & Edmond Hamilton Colt & Chivalry : le cinéma selon Leigh Brackett Guide de lecture Bibliographie PAROLES DE REPRESENTANT : Olivier Legendre, diffuseur d'harmonie SCIENTIFICTION : la Cane aux OEufs d'Or : un entretien PRIX DES LECTEURS 2021 : les lauréats ET TOUTE L'ACTU DU LIVRE à travers 40 pages d'études et critiques

01/2022

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Ordres et vie monastique

Contre les moines. L'antimonachisme, des Réformes à la Révolution

L'antimonachisme est aussi ancien que le monachisme. On ne l'a pas étudié. Cet ouvrage corrige cette carence en 43 textes. Une anthologie, entre XVIe et XVIIIe siècle, qui va du traité de théologie à la farce, de l'interrogation sérieuse aux satires bouffonnes. Si le monachisme moderne a fait l'objet de très nombreuses études, l'antimonachisme est longtemps resté dans l'ombre, associé à quelques noms fameux, Calvin et Voltaire en particulier, et à quelques reproches caricaturaux : sexualité débridée et gloutonnerie. En réalité, le monachisme fait l'objet de débats depuis les origines. Peut-on être chrétien en dehors du monde ? Peut-on répondre à l'appel de la mission et de la justice sociale énoncé dans l'Evangile entre les murs d'un couvent ? Une critique tenace s'est installée qui s'attache, souvent, aux fondements même du monachisme : la sincérité de la vocation monastique, le modèle économique de la rente ou de la quête, l'utilité sociale, les conséquences démographiques du célibat par exemple. 43 textes sont ici présentés, entre 1523 et 1799, comme autant de jalons d'une dépréciation qui puise dans une tradition médiévale mais qui se renouvelle aussi fortement avec la Réforme. Jusqu'à la Révolution, les religieux cloîtrés sont la cible de moqueries, quolibets, farces théâtrales, poèmes satiriques, traités virulents qui posent moins la question des modalités de la vie religieuse que de sa légitimité pure et simple. Pour la première fois, des spécialistes du monachisme moderne ont réuni des textes tirés de la littérature, des archives et des traités théologiques et canoniques, qui permettent de comprendre comment convergent ces critiques contre un modèle de vie qui séduit souvent, ou qui dérange.

11/2023

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Musique, danse

Ravel

Par l'entremise d'Erik Satie, Roland-Manuel fit la connaissance de Ravel dès 1911 et demeura son élève, puis son ami, jusqu'à la mort du compositeur de Daphnis et Chloé en 1937. Le livre que nous rééditons aujourd'hui présente donc la particularité d'avoir été écrit par un familier qui était, en même temps, le disciple du maître. Cet ouvrage offre, par conséquent, un témoignage de première main en même temps qu'il apporte, en ce qui concerne l'analyse des œuvres - de la Pavane pour une Infante défunte à La Valse, du Quatuor au Boléro, de Shéhérazade à L'Heure espagnole, de Gaspard de la nuit au Tombeau de Couperin, des Chansons madécasses aux deux Concertos pour piano -, la vision d'un " initié " qui sait dépasser l'approche technique pour nous faire accéder à l'essence même des partitions étudiées. Comme le rappelle Jean Roy dans son introduction, Roland-Manuel n'a cessé d'appréhender l'œuvre de Ravel sous un angle de vue non conformiste qui en dégage la véritable clef esthétique : " On imagine difficilement Ravel se frappant le cœur pour en faire jaillir le génie... L'art ne s'impose pas à lui de la façon dont il s'impose aux romantiques. Ce n'est pas à ses yeux la suprême vérité, mais un mensonge, le plus brillant ; une merveilleuse imposture. " Ce livre se termine par un hommage au biographe lui-même, Roland-Manuel, dont l'œuvre musicale (Isabelle et Pantalon, Le Diable amoureux) a toujours retenu l'attention des mélomanes Jean Roy lui consacre une chaleureuse postface et dresse un catalogue de ses compositions.

01/2001

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Beaux arts

Antonio de La Gandara. Gentilhomme-peintre de la Belle Epoque (1861-1917)

Né d'un père mexicain et d'une mère anglaise, Antonio de La Gandara suit les cours de l'Ecole des beaux-arts et rejoint les classes de Gérôme et de Cabanel en 1878 à l'âge de 16 ans. En 1882, il expose au Salon des Artistes Français où il reçoit sa première médaille. C'est en 1885 qu'il fait la connaissance du comte Robert de Montesquiou et de son ami Gabriel Yturri. Séduit par les oeuvres de l'artiste, inspirées de celles de Goya, Ribot et Vélasquez, Robert de Montesquiou s'active à faire connaître le jeune peintre auprès de l'aristocratie dont il devient un des artistes favoris. Peintre mondain couvert d'honneurs, La Gandara est un familier de la comtesse de Noailles, d'Anatole France, d'Henri de Régnier, de Gabriele D'Annunzio, de Maurice Barrès, mais aussi de Debussy, Saint-Saëns et Satie. Grâce à son frère Edouard, membre de la troupe de Sarah Bernhardt, il pénètre l'intimité du monde du théâtre et de l'Opéra, dont il fréquente les "étoiles". Ce sont ces différentes figures qui peuplent son oeuvre, au point d'en faire un témoignage exceptionnel de la vie artistique et mondaine de la toute fin du XIXe siècle, le monde de Marcel Proust, qu'il a également croisé. S'il est un témoin privilégié de la Belle Epoque, le talent de La Gandara s'exprime aussi dans les nombreuses représentations de jardins, notamment du parc de Versailles, dont il aime représenter les statues et les allées, se délassant ainsi de longues séances de pose avec une clientèle parfois capricieuse.

11/2018

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Beaux arts

Louis Suire ou la passion de peindre

Biographie romancée du peintre Louis Suire, qui sut si bien traduire la lumière de l'île de Ré et fut l'un des témoins privilégiés de la révolution artistique de l'avant-garde de Montparnasse. Cet ouvrage paraît à l'occasion du 120e anniversaire de la naissance du peintre et accompagne une rétrospective au Musée Ernest Cognac de Saint Martin en Ré, à partir du 15 juillet 2019. Commissaire d'exposition : Olivier Suire Verley. Un cahier hors texte en quadrichromie présente une sélection des oeuvres du peintre. A l'âge de treize ans, Louis Suire est happé par la lumière. A 17, il entre chez Julian, l'Académie de peinture de Paris. A 18, il est l'intime de Matisse, Marquet, Signac et Satie. Il découvre Montparnasse, Modigliani, Picasso, Foujita, Soutine, Cocteau. C'est la guerre, le jeune homme gagne sa vie dans les salles des Grands Boulevards en accompagnant au piano les films de Charlot, sans avoir appris à en jouer. Mobilisé en mars 1918, Louis Suire entre au camouflage sous les ordres du peintre D. de Segonzac. Il peint de faux peupliers face aux tranchées pour abriter des observateurs et de fausses meules de foin pour cacher des mitrailleurs. A la section de camouflage, il peint un faux Paris destiné à la plaine de Roissy afin de tromper les aviateurs allemands. Louis fut le témoin de la plus belle des révolutions artistiques que le monde ait connue. Avec les artistes de Montparnasse, il était comme sur un strapontin au théâtre de l'art, et à la guerre, il avait la sensation d'être au premier rang d'un terrible concert. Le jeune rochelais fut surtout bouleversé par ce qu'il avait vécu.

06/2019

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Littérature française

Oeuvres complètes

Bien loin de la légende forgée après sa mort, Raymond Radiguet (1903-1923) n'est pas seulement l'auteur d'un des plus célèbres romans du XXe siècle, Le Diable au corps, d'un second roman non moins fascinant, Le Bal du comte d'Orgel, et d'un recueil poétique Les Joues en feu - tous publiés par Bernard Grasset. Son inventivité et sa personnalité lui ont valu l'amitié des plus grands, parmi lesquels, et le premier, Jean Cocteau, qui l'a " lancé " chez Grasset et est beaucoup intervenu dans l'écriture du Bal du comte d'Orgel, mais aussi Max Jacob, Kessel, Francis Poulenc, Satie, Stravinsky et Picasso - pour n'en citer que quelques-uns. Fréquentant les ateliers d'artistes et les bars de nuit autant que les salons parisiens, il mène une vie réglée autour de l'écriture lors de ses séjours en province. Léger autant que profond, il a su concilier ces principes apparemment contradictoires de sa personnalité. Exhaustive, cette " édition définitive " de ses Ouvres complètes montre combien prolixe a été cet écrivain mort à vingt ans, et qu'il a abordé tous les genres littéraires - poésie, théâtre, essai, conte, roman - avec la même insolence et le même talent. Edition définitive établie par Chloé Radiguet et Julien Cendres Chloé Radiguet est la nièce de Raymond Radiguet. Elle est l'autrice de Raymond Radiguet - Jean Cocteau, Fragments - Traits, Portrait (Deo Editions, 2015), et de Brassens... à la lettre (Denoël, 2006). Julien Cendres est notamment l'auteur de Femme selon Chantal Thomass (Flammarion, 2001), d'A la splendeur abandonné suivi de La Censure, conversation avec Marguerite Duras (Joëlle Losfeld, 2002), du Pays de Perche (Concept Image, 2012), et de nombreux textes parus dans divers magazines et revues littéraires. En collaboration, ils publient Raymond Radiguet, Un jeune homme sérieux dans les années folles (Robert Laffont, 2023).

10/2023

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Beaux arts

Kisling, prince de Montparnasse

Polonais de naissance, juif d'origine, mais naturalisé Français, Moïse Kisling (1891-1953) a été, entre les deux guerres, le prince incontesté de Montparnasse, puis, après la Seconde Guerre mondiale, l'hôte le plus célèbre de Sanary-sur-Mer (Var). A Paris où il avait son appartement et son atelier au 3 de la rue Joseph Bara, comme dans sa propriété du Midi, il a reçu à sa table des personnalités illustres : Picasso, Modigliani, Max Jacob, Pascin, Soutine, André Salmon, Jean Cocteau, Colette, Erik Satie, Antoine de Saint-Exupéry, Aldous Huxley, Arthur Rubinstein, etc. Et il a peint les plus séduisants modèles, dont Alice Prin (la fameuse Kiki de Montparnasse), Marcelle Chantal, Édith Méra, Suzy Solidor, Arletty, Madeleine Sologne, Michèle Morgan, Madeleine Lebeau... Le livre de Jacques Lambert retrace fidèlement le long parcours de cet artiste exceptionnel, né à Cracovie en 1891, venu à Paris en 1910, qui a mordu la vie à pleines dents du côté du carrefour Vavin. Au fil des pages, on y rencontre, sous un jour parfois inattendu, tous les personnages qui ont approché Kisling ou qui ont partagé avec lui les bons et les mauvais moments de l'existence : Juan Gris, Guillaume Apollinaire, Marie Laurencin, Maurice Utrillo, Henri Matisse, Blaise Cendrars, André Warnod, Léopold Zborowski, Marie Vassilieff, la baronne d'Oetingen, André Derain, Maurice de Vlaminck, Foujita, Joseph Kessel, Florent Fels, Georges Charensol,... Deux hors texte en noir et blanc nous restituent le Paris et la faune de cette époque foisonnante, mais aussi la Côte d'Azur. Trois hors texte en couleur donnent à voir la richesse et la variété de l'art de Kisling où les nus d'une exquise suavité, ceux de Kiki, d'Arletty et autres, voisinent avec les bouquets somptueux et les paysages aux coloris éclatants.

03/2011