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Littérature française

Jerada, ce lieu

Jerada est une ville minière située dans le Maroc oriental, à 60 km au sud de la wilaya d'Oujda, près de la frontière algérienne. La région a hérité des charbonnages d'un patrimoine d'une valeur inestimable. La ville elle-même est témoin d'une histoire industrielle et sociale particulière qui remonte au protectorat français. Au début des années 1950, Jerada était divisée en quatre parties distinctes : la cité européenne, le quartier des ingénieurs, la cité des agents ou "cité des évolués" (chefs porions, contremaîtres, ingénieurs assimilés...) et le village ou "cité marocaine" , celle des ouvriers et des mineurs. Jerada est composée de petites maisons cubiques et uniformes, alignées le long des rues tracées au cordeau. Selon qu'ils étaient mariés ou célibataires, zoufria , les ouvriers logeaient dans la zone qui correspondait à leur statut familial. Les mineurs et les ouvriers marocains venaient de différentes régions du pays. A la jonction des quatre zones est fondée la "cité indigène" à côté des bâtiments des Affaires indigènes ou zai et des Kissaria, des galeries dans lesquelles s'organisait l'espace commercial. Les Européens - encadrement et maîtrise - habitaient une résidence à part, avec ses pavillons et ses immeubles aux toits à doubles pentes en tuiles rouges rappelant l'architecture et l'urbanisme des villages européens. Cette juxtaposition des quartiers renforçait leurs caractères différenciés, ce qui en faisait des villes dans la ville. En 2000 la mine fut fermée et la cité ouvrière entièrement démolie. Frappée par la crise Jerada s'est peu à peu vidée de sa population (environ 60. 000 habitants). Parmi ceux qui n'ont pu quitter la ville, beaucoup sont astreints à des pratiques dangereuses de survie comme l'exploitation clandestine du charbon. A travers ce récit, Abdelkader Benhar décline l'importance de cette cité minière particulière par une ballade en son coeur et en son histoire : Hassi Blal, la Maison des mineurs, le Cercle des ingénieurs, le hammam, le four de Moussa, le cinéma... comme il s'interroge sur les conséquences de la fermeture de sa mine. Jerada, ce lieu est une mine d'information importante pour ses enfants, tous ceux qui ont vécu et travaillé dans cette cité, et tous ceux qui s'intéressent à ce patrimoine et plus généralement au Maroc. Ouahib Mortada (traducteur)

09/2017

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Décoration

Yves Saint Laurent

" Au 5 avenue Marceau, toutes les formes du silence pouvaient s'écouter : le silence des lignes, le silence crème des toiles, le doux silence des ateliers, le silence heureux des mains, le silence minéral de l'attente, quand il n'était pas là, le silence d'un sourire esquissé dans le miroir, la beauté, comme une histoire d'amour entre lui et les mannequins, son studio de création... Et puis le silence de la peur, du doute - son école. J'ai rencontré Yves Saint Laurent en 1986 à travers son métier, et c'est seulement un an plus tard que nous avons été présentés. Publiée en 1993, cette biographie a été rééditée en 2002 lors de la fermeture de la maison Yves Saint Laurent, puis en 2010. Un jour il m'avait lancé : "Mais vous connaissez bien mieux ma vie que moi... ". Faux, évidemment. Car écrire la vie de cet homme de son vivant, c'est refuser de tomber dans certains pièges. " Je n'ai jamais cherché à éviter ses zones d'ombres, mais à privilégier sa lumière, ce qui l'a rendu si différent. Yves Saint Laurent est à la fois l'astéroïde et le noyau d'une vieille comète, une planète monstre ayant modifié la perception du système solaire de la mode. Du soleil cher à Chanel, et de l'étoile - talisman de Dior, Yves Saint Laurent a fait une boule de feu, il est ce météore qui continue à éclairer la galaxie, bien après sa mort. " L. B. Le 1er juin 2008, Yves Saint Laurent laissait derrière lui bien plus qu'un nom et une maison de couture... A l'occasion du dixième anniversaire de sa mort, Laurence Benaïm nous confie l'édition définitive de sa légendaire biographie : l'ascension d'un jeune garçon né en 1936 à Oran, qui s'écriait à l'âge de treize ans : "Un jour, j'aurai mon nom gravé en lettres de feu sur les Champs-Elysées". L'itinéraire d'un peintre de la vie moderne, oeil à vif, traversant les époques pour en habiller l'ambiguïté dans un parfum de luxe, de vertiges et de décadence. La vie d'un homme libre, provocateur, secret, malheureux, génial, toujours échappé vers d'autres vies... La biographie du dernier des classiques. Le roman de la mode de 1958 aux débuts des années 2000.

05/2018

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Protestantisme

Redécouvrir l'Eglise locale. Pourquoi le rassemblement des croyants devrait être une priorité et un engagement

"Un chrétien sans Eglise est un chrétien en difficulté". Depuis qu'une pandémie mondiale a brusquement entraîné la fermeture des lieux de culte ou réduit leur capacité d'accueil, de nombreux chrétiens ont délaissé la vie d'Eglise, négligeant même les cultes virtuels. Cependant, cette tendance existait bien avant la COVID-19. En effet, des questions de société polarisantes avaient, notamment, déjà convaincu certaines personnes de s'éloigner de l'Eglise et de ses membres. Il est maintenant temps de s'engager à se rassembler de nouveau en tant que frères et soeurs en Christ. Dans Redécouvrir l'Eglise locale, Collin Hansen et Jonathan Leeman expliquent pourquoi l'Eglise est essentielle pour les croyants et la mission de Dieu. A travers différents textes bibliques et plusieurs histoires personnelles, ils montrent aux lecteurs la véritable intention de Dieu pour les rassemblements d'Eglise : renforcer spirituellement les membres en tant qu'individus et en tant que corps du Christ. A une époque où l'on a de la difficulté à s'engager sérieusement envers une Eglise et où les cultes sont diffusés en ligne, redécouvrez pourquoi l'avenir de l'Eglise repose sur le rassemblement régulier des croyants en tant que famille de Dieu. Table des matières 1. QU'EST-CE QU'UNE EGLISE ? 2. QUI PEUT APPARTENIR A L'EGLISE ? 3. A-T-ON VRAIMENT BESOIN DE SE REUNIR ? 4. POURQUOI LA PREDICATION ET L'ENSEIGNEMENT SONT-ILS ESSENTIELS ? 5. EST-IL VRAIMENT NECESSAIRE DE DEVENIR MEMBRE ? 6. LA DISCIPLINE D'EGLISE PEUT-ELLE VRAIMENT ETRE EMPREINTE D'AMOUR ? 7. COMMENT AIMER LES MEMBRES QUI SONT DIFFERENTS DE NOUS ? 8. COMMENT DEMONTRER DE L'AMOUR ENVERS CEUX QUI NE FONT PAS PARTIE DE L'EGLISE ? 9. QUI DIRIGE L'EGLISE ? Conclusion - Vous n'obtiendrez pas l'Eglise que vous souhaitez, mais quelque chose de bien mieux AUTEURS Collin Hansen (MDiv, Trinity Evangelical Divinity School) est vice-président du contenu et rédacteur en chef de la Gospel Coalition. Il est ancien à la Redeemer Community Church de Birmingham, en Alabama, et fait également partie du conseil consultatif de la Beeson Divinity School. Jonathan Leeman (Ph. D. , université du Pays de Galles) est le directeur éditorial de 9Marks et co-animateur du podcast Pastors Talk. Il est également l'auteur des livres Etre membre d'une Eglise locale et La discipline d'Eglise.

10/2021

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Histoire internationale

Au-delà de l'Oural. Un ouvrier américain dans la métropole russe de la sidérurgie

Magnitogorsk, énorme combinat sidérurgique et ville-champignon, fut créé en 1929, au sud de l'Oural, au milieu de la steppe, à des milliers de kilomètres à l'est de Moscou. Cette ville-usine surgie à partir de rien, comme des centaines d'autres construites à la même époque en Union Soviétique, allait abriter ce qui fut longtemps le plus important complexe sidérurgique mondial. Alors que, partout ailleurs dans le monde, la crise de 1929 et ses suites provoquaient la fermeture de nombre d'entreprises en jetant sur le pavé des dizaines de millions d'hommes et de femmes, l'URSS s'industrialisait à grande vitesse. Conçus dans le cadre de la planification d'une économie que la révolution d'octobre 1917 avait collectivisée, des usines géantes, des barrages, des villes industrielles voyaient le jour, en mobilisant des millions de travailleurs. John Scott, jeune Américain sympathisant communiste, devenu ouvrier qualifié pour aider l'URSS, participa de 1933 à 1938 à la construction de Magnitogorsk. Il a décrit ce que fut cette industrialisation, l'enthousiasme qui la rendit possible malgré les conditions les plus pénibles, les espoirs qu'elle souleva, les privations et la gabegie qui l'accompagnait donne aussi à voir l'arriération du pays, les populations paysannes découvrant le monde de l'industrie, les moeurs de la bureaucratie locale, les prélèvements qu'elle opère sur l'économie tandis que frappe la répression stalinienne. L'ouvrage de John Scott, publié aux Etats-Unis durant la Seconde Guerre mondiale, cherchait à convaincre que l'allié soviétique avait su créer une puissante industrie " au-delà de l'Oural ", hors d'atteinte des armées hitlériennes. Le fait que John Scott attribue cela à ce qu'il appelle " le génie de Staline " témoigne de l'aveuglement qui conduisit la majorité des communistes de l'époque à confondre les succès qu'avait permis la révolution d'octobre et la politique de Staline. Une politique qui, loin d'être géniale, accumula les zigzags, les coups de force bureaucratiques, sous fond de dictature policière permanente, qui se soldèrent par des millions de victimes. Ce livre, publié avec une nouvelle traduction, permet de comprendre comment le régime issu de la révolution d'octobre 1917 a pu, malgré le stalinisme, transformer radicalement un sixième de la surface du globe.

07/2010

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Economie

La microfinance : un outil à restructurer pour répondre durablement aux besoins de ses cibles

Les données économiques à l'échelle mondiale montrent qu'il y a plus d'un milliard d'êtres humains extrêmement pauvres (ceux vivant avec moins de 1,25 dollar/jour) et près de 2,5 milliards pauvres (ceux vivant avec moins de 2 dollars/jour). Mais surtout, 80 % de la population mondiale n'a pas accès aux services financiers, pourtant environ 500 millions d'entre eux font fonctionner des entreprises financièrement et socialement rentables. D'après la Banque Mondiale (2008), l'Afrique compte la grande majorité de ces personnes vivant sous le seuil de pauvreté avec 386 millions, dont une part importante dans l'extrême pauvreté. En Afrique au Sud du Sahara, un nombre non négligeable de ces personnes gèrent des entreprises, qui apportent des revenus pour la survie de leur famille, sans avoir accès au crédit. Ces derniers pourraient sortir de cet état de pauvreté avec des services financiers adaptés à leur contexte très particulier. Les dernières décennies, le secteur de la microfinance a vu d'importantes innovations dans ses services notamment avec une intégration non négligeable des TI (Technologies de l'Information). Ceci a permis un développement certain du secteur tout en mettant à jour de nouveaux problèmes dont : La nécessité de protéger des épargnants dont la fermeture des institutions a mis en détresse la clientèle ; La prise en compte de l'éthique dans les activités pour prévenir les comportements véreux ; Le développement des services en adéquation avec les besoins réels du monde rural ; la mise en place d'une fiscalité adaptée à ses organisations ; L'atteinte de l'efficience opérationnelle qui est la principale garantie de la durabilité de l'institution ; La mise en place des stratégies efficaces pour une augmentation conséquente du taux de bancarisation des populations rurales Etc. Ces problèmes expriment autant de défis à relever si nous voulons que la microfinance, dans les pays d'Afrique sub-saharienne, devienne un levier efficace de sortie du cercle vicieux de la survie dans lequel elle a mis une part non négligeable des populations démunies. L'enjeu principal étant de contribuer à la création d'institutions de Micro Finance (IMF ou Etablissement de Microfinance - EMF en Afrique Centrale) capables de financer le développement des initiatives entrepreneuriales des cibles afin que les entreprises résultantes puissent recruter et contribuer au bien-être global d'une partie de ces populations démunies.

02/2015

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Transferts thermiques

Transferts thermiques. Conduction - Convection - Rayonnement - Echangeurs de chaleur. Méthodes analytiques avec 49 problèmes d'application résolus

Destiné aux futurs professionnels de l'industrie et de la construction, ce manuel illustre l'ensemble des connaissances théoriques par des cas d'étude issus de l'enseignement délivré à l'INSA de Strasbourg. Les problèmes résolus : Résistance thermique d'un mur en briques pleines ; Paroi composite ; Sur-isolation d'un ballon d'eau chaude sanitaire ; Durcissement d'un massif en béton ; Plancher chauffant : parquet ou carrelage ? ; Pont thermique dans un double vitrage ; Dégivrage de la lunette arrière d'une automobile ; Evaluation d'un pont thermique dû à des poutres de structure en béton ; Chute des températures dans un conduit de fumées ; Chauffe-eau thermodynamique ; Echange entre l'ambiance et un corps humain ; Limiter la condensation sur le plafond d'une patinoire ; Ailette longue : solution analytique en deux dimensions (nombre de Biot) ; Trempe d'une barre d'acier ; Traitement thermique d'un cylindre de cuivre ; Soutirage d'eau chaude sanitaire Accumulation/restitution de chaleur dans un poêle à bois ; Constante de temps d'une maison ; Mise hors gel d'une alimentation en eau potable d'une habitation Chauffage à accumulation ; Intermittence de chauffage ; Etude analytique de la réponse en température d'un petit pavillon à un échelon de flux de chauffage Comportement d'un matériau en cas d'incendie ; Réchauffement d'un mur en brique ; Panne de refroidissement Mesure de température ; Conduit de climatisation ; Vitrage ; Porte d'entrée vitrée et fermeture de volet ; Comparaison triple vitrage et double vitrage avec survitrage Facteur solaire d'un vitrage ; Tubage d'un conduit de fumées ; Perte de chaleur par le carneau et rendement d'une chaudière au bois ; Modélisation d'un panneau électrique chauffant ; Modélisation d'un radiateur à eau chaude ; Etudes de différents types d'échangeur eau—air pouvant assurer le chauffage d'un petit atelier Vitrage pariéto-dynamique Etude du tirage dans un conduit de fumées ; Refroidissement gratuit (? ) Echangeur à ailettes ; Stockage d'eau chaude pour essai de chaudières ; Ventilo-convecteur Echangeur à contre-courant dans une ventilation double flux ; Ventilation double flux avec récupération Récupérateur de chaleur d'eau de douche Etude d'une installation de conditionnement de vin ; Etude d'une installation de stérilisation de lait ; Etude d'un récupérateur de chaleur sur les fumées Annexes : Propriétés thermophysiques de quelques matériaux solides ; Propriétés thermophysiques de l'air ; Propriétés thermophysiques de l'eau ; Conversion des unités anglo-saxonnes ; Biblographie.

04/2021

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Généralités médicales

Essais d'anthropologie hospitalière. Tome 3, Voyage en pays de chirurgie

L'anthropologue Marie-Christine Pouchelle a arpenté pendant de nombreuses années les couloirs des hôpitaux et plus particulièrement le terrain des blocs opératoires. Dans ce pays de chirurgie qu'elle a côtoyé au plus près, elle a pu observer les situations et les acteurs, son livre dévoilant ainsi les espaces les plus clos du monde hospitalier. La question du pouvoir, en lien avec la chirurgie, est ici centrale. Hommes de pouvoir, les chirurgiens l'ont pleinement été jusqu'à ces dernières années dans les établissements hospitaliers. Aujourd'hui, cependant, ils ont fort à faire avec les directions administratives qui dominent la vie hospitalière, et les progrès techniques mordent sur leurs compétences proprement chirurgicales. Pour leur part, les infirmières ont toujours été là, indispensables aux chirurgiens. Il fut un temps où elles étaient explicitement formées à s'adapter aux humeurs changeantes des "princes du sang". Bien que leur parole peine encore à se faire véritablement entendre, elles regimbent dorénavant. C'est la parole de ces acteurs hospitaliers qui est restituée dans ce livre, tout comme celle des patients, qui peuvent être pris dans les jeux de pouvoir entre professionnels. L'impact des fusions ou des fermetures d'hôpitaux délie également les langues, l'une des difficultés de ces restructurations étant de fondre des services les uns dans les autres, avec pour conséquence des pertes de repères. Le lecteur, en accompagnant l'auteure dans ses aventures diverses au sein du système hospitalier, est aussi convié à entendre la voix propre de l'anthropologue et ses ressentis. L'ethnologie, dans le contexte du terrain parfois violent de la chirurgie, permet à la fois une distance critique et une familiarisation avec les situations et les professionnels étudiés. La restitution sans fard des observations effectuées et les nombreux verbatim des acteurs hospitaliers permettent d'aller derrière le miroir, de comprendre ce qui reste encore largement passé sous silence, en dépit de la volonté de transparence affichée par les établissements hospitaliers.

08/2019

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Actualité médiatique internati

Crise des urgences ou crise du système de santé ?

Cet ouvrage reprend les contributions du colloque organisé le 2 mars 2023 à la Faculté de droit et de sciences politiques d'Aix-en-Provence par l'UMR ADES, avec le soutien de l'Association française de droit de la santé (AFDS) et de la délégation régionale de l'Association nationale pour la formation permanente du personnel hospitalier (ANFH), sur le thème "Crise des urgences ou crise du système de santé ? " , auxquelles s'ajoutent quelques textes supplémentaires destinés à compléter l'approche du sujet. Le choix du thème du colloque nous a été inspiré à la fois par le constat d'un nombre d'études universitaires sur le sujet inversement proportionnel à la place que celui-ci occupe dans le débat public et, naturellement, par les vives tensions constatées avant l'été 2022, faisant craindre des fermetures de services dans de nombreuses parties du territoire. On sait que celles-ci ont conduit, à la demande du Président de la République tout juste réélu, à la constitution d'une mission flash confiée au docteur François BRAUN, alors président de SAMU-urgences de France. Le rapport remis à cette occasion s'ouvre par une affirmation qui a largement corroborée l'impression qui était la nôtre, à vrai dire largement inspirée par une kyrielle d'études publiées au cours des années précédentes : "La crise que vivent actuellement les services d'urgences n'est que la partie émergée d'une crise structurelle plus profonde qui touche l'ensemble de la réponse aux besoins de soins urgents et de soins non programmés et plus largement l'ensemble de notre système de santé" . En d'autres termes, les urgences ne constituent que le révélateur ou le réceptacle de difficultés plus larges qui affectent à la fois l'amont et l'aval, la médecine de ville et le secteur médico-social, et en définitive la totalité d'un système de santé encore vanté comme le meilleur du monde au début des années 2000.

01/2024

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Monographies

Lou. Carnets de création

Le geste de la danse, plein de la gravité sublimée. Le pinceau étalant la matière onctueuse sur la toile. Ou les doigts dans la terre chamottée créant une sculpture. Je me suis essayée à ces différents arts, jeune adulte. Toute cette énergie à apprendre, énergie ardente et juvénile, où l'on tâtonne dans ses apprentissages des arts, où l'on se découvre autant que l'on découvre les matières enseignées. Ce sont les balbutiements de la vie artistique qui garde toute sa viridité. Ce mot pour signifier la verdeur des choses, c'est-à-dire ce qui donne la couleur verte. Mais aussi prenons-le dans le sens de la précocité au sens de commencement. Ces carnets esquissent le temps de propédeutique quand sont donnés les éléments de connaissance préalable. Les premiers jets, les premières ébauches où l'on trouve, fort de ses intuitions artistiques, toute son étoffe à sa sensibilité artistique pétris dans des moyens d'expression variée. Alors on trouve son style après l'apprentissage, après les premiers pas qui peuvent nous conduire au sommet comme la danseuse Céline Galli que j'avais eu la chance d'interviewer, elle qui a mené son art jusqu'au bout. Outre la vie que m'a procurée le suivi des cours à l'époque, 2001-2004, ce florilège d'arts essayés, amorcés, trouve aujourd'hui sa résultante dans le petit ouvrage que vous tenez entre les mains. C'est une ode aux professeurs qui nous enseignent bien souvent le meilleur d'eux-mêmes. Une ode à la recherche intérieure, ce lieu d'où naît la création. Et l'amour l'instiguant. Donnant la source d'inspiration. L'amour de la vie, l'amour des autres et même celui de Dieu. Car la passion et l'enthousiasme tâtonnant dans mes premiers pas dans les arts m'ont fait m'émerveiller de la beauté de la vie. Il serait formidable que ces lignes qui vont suivre aient un écho intérieur avec l'expérience de la lectrice ou du lecteur que vous êtes. " Alors, derrière cette personnalité irradiant l'équilibre, on cherche, pour un tel résultat, quelle est la maîtrise d'un torrent qui pourrait être bouillonnant, déchaîné, fougueux. " C'est facile d'être danseuse ? " " Non ", répond Céline Galli. A 36 ans, elle fait partie de l'un des ballets les plus prestigieux au monde, celui du chorégraphe Angelin Preljocaj, c'est quelque chose quand même, une preuve d'exigence de soi exceptionnelle. Un surpassement. Elle lui sait gré de l'avoir choisie depuis dix ans : une rétribution justifiée de ses capacités, un tremplin vers le dépassement de soi. Etablie dans un ballet, cela freine-t-il l'exigence ? " Non, pas du tout, c'est un caractère de ne pas s'installer dans ses acquis, d'avoir toujours le besoin de se dépasser. On n'est jamais arrivé ", glisse-t-elle plus loin. Tiens, voilà donc le premier secret. "

11/2022

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Littérature française

Prenez garde à la conscience

Un homme trompé, un chirurgien, prend conscience de la défaite de sa vie et en fait le bilan en poursuivant en voiture, nullement certain du but précis de sa course folle, sa femme en fuite avec son amant, quelque vulgaire "M. Muscle" qui couronne la carrière de bien des messalines mondaines. Son attachement qu'il attaque en vain par tous les acides de l'esprit, lui paraît la mesure de l'absurdité de la condition humaine, et pour éviter de prendre une conscience déchirante de son humiliation, il passe en revue les incohérences de la création, au fur et à mesure que son soliloque forcené à bâtons rompus les débusque. Il se collette avec les grands problèmes qu'elles soulèvent, esquissant une métaphysique de cocu pour rire, afin de ne pas penser au seul problème qui l'intéresse vraiment : l'énigme d'un coeur de femme cause de sa ruine morale. L'auteur, pour saisir le cours d'une vie psychique an moment où la crise le précipite en torrent, a choisi le genre littéraire draconien du monologue intérieur, acceptant scrupuleusement ses conditions, et d'abord l'exclusion de toute intervention extérieure. La vulgarité, la grossièreté, le blasphème servent au héros comme les jeux de la conscience dirigée en tant qu'antidotes an désespoir. Certains seront choqués d'entendre parler de Dieu, de nos fins dernières et de la pureté des femmes en langage de salle de garde (seule la Mission Médicale échappe à sa dérision dissolvante, à cette fureur de tout souiller pour se venger du destin qui a souillé son idéal) ; mais la vérité du "for intérieur" est-elle souvent si reluisante ? et l'on tâche de saisir ici sa crudité authentique. Après s'être moqué supérieurement de l'absurde icaromanie des motorisés modernes, le héros en est réduit, pour échapper aux démons de la solitude et de l'angoisse, à reproduire cette attitude jusqu'à la perfection, la folie, et sollicite un accident fatal. Le triomphe de la conscience serait donc de nous rendre inconsciente la solution suprême de la mort quand la honte et la souffrance nous rendent impossible de persévérer à vivre ? Seule une intensité perpétuelle de vie, parfaitement fondue à la pensée, explique la réussite de cette gageure : une confession, méditation de plus de trois cents pages sans reprendre haleine : notre lâche, sans suite, discours intérieur n'est-il pas une seule phrase qui ne cherche à se construire que pour la conversation ? Souvent poignant, toujours coloré, plein de trouvailles de verbe et d'idées et avec l'audace totale que seul peut se permettre un homme qui n'a plus rien à perdre (un de ces "ratés sublimes" comme on en trouve déjà dans son Journal d'un Raté) le nouveau livre d'Henri Pollès se range aux côtés de certains ouvrages d'Audiberti et de Céline.

10/1959

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Pléiades

Romans et nouvelles (1959-1977)

Vivement controversé à ses débuts, Philip Roth s'est peu à peu imposé aux Etats-Unis comme l'un des plus grands auteurs de sa génération. Les cinq livres réunis ici témoignent déjà de ce qui deviendra sa marque de fabrique : richesse de l'imagination, verdeur, vigueur de l'ironie, selon un alliage très particulier d'oralité et d'élégance, d'exubérance et de délicatesse. Cest à cette époque-là, et avec ces ouvrages, que Roth devient Roth. Goodbye, Columbus (1959), l'extraordinaire recueil de nouvelles qu'il publie à vingt-six ans, et bien plus encore la très iconoclaste Plainte de Portnoy (Portnoy et son complexe, 1969) ont fait scandale, l'un au sein de la communauté juive, que les décapants récits de Roth se soucient peu de flatter, l'autre bien au-delà : la chronique familiale, psychologique et sociale dessinée au vitriol par Portnoy va de pair avec un langage où rivalisent le loufoque, la gouaille et une outrancière crudité. Le roman, qualifié de magistrale "orchestration de voix" et d'allègre "festival linguistique" , est un véritable jalon culturel des années 1960. Tel un ventriloque, le protagoniste fait dialoguer sur le divan de son analyste les voix contradictoires qui l'habitent. Dans un torrent d'imprécations et de lamentations sont données à entendre la voix de l'enfant, celle de l'adolescent, celle de l'adulte torturé. Le plus souvent aux prises avec sa yiddishe mame grotesquement castratrice, Portnoy dialogue aussi avec son père humble et soumis, et avec ses maîtresses, de séduisantes shikses (jeunes filles non juives, en principe interdites), en qui il voit les incarnations de l'Amérique qu'il entend conquérir. Multipliant les identités et les masques comme un acteur multiplie les rôles, c'est ensuite David Kepesh que Roth introduit sur la scène de son oeuvre. Ce professeur de littérature se voit transformé en une gigantesque glande mammaire dans Le Sein (1972), fable kafkaïenne à la fois fantastique et burlesque, tandis que Professeur de désir (1977) retrace son enfance en famille, son exploration effrénée de la liberté sexuelle pendant ses études, puis les expériences féminines contrastées de sa maturité. Malgré l'apparence "sage" de ce schéma biographique, la pratique de la fiction est toujours aussi affranchie et ludique - en témoigne, entre autres, l'épisode désopilant de la visite faite en rêve à la "putain de Kafka" . Enfin apparaît Nathan Zuckerman, qui accompagnera Roth jusqu'en 2007. Dans Ma vie d'homme (1974), il essaie de se libérer d'un mariage désastreux. La structure narrative, emboîtée et miroitante, du récit se complexifie, au point que Milan Kundera qualifia le livre de "chef-d'oeuvre de baroque" . On a dit de Nathan qu'il était le travesti littéraire de Philip. Mais comme le souligne Philippe Jaworski dans sa préface, "la présence de "l'auteur" dans ses écrits de fiction ressortira toujours à une réalité de fiction" . Au reste, "la réalité de l'écrivain pourrait tout aussi bien dériver de l'existence de son personnage" .

10/2017

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Romans historiques

Sapiens Au matin du Monde Tome 2 : Par-delà les montagnes de la lune

Fuyant la haine de certains chefs et chamans de leur ancienne tribu, un petit groupe de jeunes humains s'avance en terre inconnue. Ils ont échappé à leurs poursuivants. Ils ont affronté les dangers de la nature, les bêtes sauvages, les torrents furieux. Ils ont bravé la neige et le froid, franchi des sommets noyés de brouillard et balayés par le vent. Devant eux, des collines, des vallées, des forêts s'étalent à perte de vue. Que vont-ils y découvrir ? Des animaux qu'ils n'ont jamais côtoyés ? D'autres clans ? hostiles ou amicaux. Un territoire où s'installer ? Parviendront-ils jusqu'au paradis mythique de leurs ancêtres ? Le clan semble bien faible face à la terrifiante puissance des éléments et ses membres se sentent tout petits en contemplant l'immensité de Ga'Hé. Ils n'ont que quelques armes de pierre à opposer aux multiples prédateurs qui hantent ces contrées inexplorées. Ils n'ont pas de fourrure pour leur tenir chaud, pas de crocs ni de griffes pour mordre et lacérer, ils ne courent pas assez vite pour attraper une proie ou échapper à un fauve mais ils possèdent un atout unique et formidable : leur cerveau. Grâce à cet organe mystérieusement alambiqué, ils ont développé les facultés essentielles à leur survie. Ils sont solidaires, ils prévoient l'avenir, ils coopèrent dans les tâches quotidiennes, ils créent, ils communiquent, ils inventent. Dans ce deuxième volet de la saga Sapiens, nous accompagnons ce petit clan dans sa quête de la terre promise. Lancés dans cette folle aventure semée d'embûches ils peuvent compter sur le courage et la pugnacité d'Aakin, le dévouement et les dons de Chahin, les médecines et l'oreille attentive d'Hozimi et Uhiri, les conseils avisés de Jocal, l'imagination débordante de Dahik. Ils profitent des talents de chasseurs de Sa'lou, iazin, Misukaï ou Odhran, de ceux des femmes qui ont en charge la vie du clan, de l'aptitude de Brago a apprivoiser les animaux. Thanyr et Meiko taillent des armes et des outils dans le silex salutaire. Ka ja, Dahik, Brago apprivoisent l'Art. Ils agrémentent les objets usuels de sculptures et de motifs qui les rendent agréables à regarder. Ils découvrent la notion du beau et le plaisir qu'elle engendre.

03/2012

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Poésie

Mihubi

Deux paysages peuplent ce livre, un bord de mer, ses vagues, sa plage, ses nuits, et Mihubi, une montagne où s'accrochent quelques maisons, des sentiers et des torrents, des murs effondrés, des moutons. Tout semble cerné de brumes, d'obscurité, et une voix nous parle à travers l'épaisseur d'un rêve. Rêve murmuré par une langue souple, qui passe entre les vagues, les buissons, les racines, les bêtes. Une langue qui tisse ses motifs, avance en glissant doucement, langue-barque en dérive circulaire qui fend la forêt, de bivouac en bivouac, vers de vieilles pierres, de vieux sanctuaires de rois. Quelle fantasmagorie traversons-nous dans ces pages ? Un royaume d'anciens échos qui bruissent autour de la maison vide ? Ou bien de simples entrelacements de branches, de simples souvenirs autour du feu ? C'est le livre du bois, des formes hantées du bois, fantômes revenus dans le ressac, mais de quel naufrage ? D'étranges êtres habitent le bord des vagues, remontant le bois dans leurs filets, sa face blanche, c'est-à-dire son visage. Bruits d'animaux dans la nuit, les chiens rôdent, le bois encercle la maison. Il y a là une matière de conte, de peste, de vent, de nuit et de magie. Une histoire soufflée entre les arbres. Mais un conte sans héros, fait de gestes simples, de silhouettes réunies pour la veillée. Pas de sorcières, juste des amitiés, des rencontres, et le vent qui transporte l'imagination. Tout fait conte, tout est magie, tout est bruissement d'enfance, de vieilles histoires, de vieux craquements ; Mihubi défie la pesanteur des pierres. Dans ce premier livre, Valentin Degueurce fait "rêver seul" , à travers la fièvre, des bêtes et des hommes réunis sur une bordure de mer ou dans un lieu isolé, sec, retiré. Il fait rêver ces silhouettes folles du bois et du refuge de montagne. Comme si pour soulever le réel le plus nu, le plus ordinaire, Degueurce buvait un philtre et enfilait les gants de la magie, le temps d'une excursion sur les pentes arides, le temps d'un départ. Etranges mains gantées du poème qui tissent un monde entre les mondes, un onirisme glissé entre la nuit et la présence nette des choses. Il n'y a qu'une réalité semble-t-il nous dire, et comment l'inventer ?

02/2022

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Policiers

La nuit tombée sur nos âmes. Gênes, 2001

" Les habitants de Gênes ont fui ou se terrent chez eux. La ville est déserte et l'état de siège a été proclamé. " Un grand roman noir sur les coulisses du sommet altermondialiste de Gênes en marge du G8, et comment les affrontements entre manifestants et forces de l'ordre se sont soldés par la mort de Carlo Giuliani, abattu d'une balle en pleine tête par un carabinier. Gênes, juillet 2001. Les chefs d'Etat des huit pays les plus riches de la planète se retrouvent lors du G8. Face à eux, en marge du sommet, 500 000 personnes se sont rassemblées pour refuser l'ordre mondial qui doit se dessiner à l'abri des grilles de la zone rouge. Parmi les contestataires, Wag et Nathalie sont venus de France grossir les rangs du mouvement altermondialiste. Militants d'extrême-gauche, ils ont l'habitude des manifs houleuses et se croient prêts à affronter les forces de l'ordre. Mais la répression policière qui va se déchaîner pendant trois jours dans les rues de la Superbe est d'une brutalité inédite, attisée en coulisses par les manipulations du pouvoir italien. Et de certains responsables français qui jouent aux apprentis-sorciers. Entre les journalistes encombrants, les manoeuvres de deux agents de la DST, et leurs propres tiraillements, Wag et Nathalie vont se perdre dans un maelstrom de violence. Il y aura des affrontements, des tabassages, des actes de torture, des trahisons et tant de vies brisées qui ne marqueront jamais l'Histoire. Qui se souvient de l'école Diaz ? Qui se souvient de la caserne de Bolzaneto ? Qui se souvient encore de Carlo Giuliani ? De ces journées où ils auront vu l'innocence et la jeunesse anéanties dans le silence, ils reviendront à jamais transformés. Comme la plupart des militants qui tentèrent, à Gênes, de s'opposer à une forme sauvage de capitalisme. Pour La guerre est une ruse : Grand Prix du roman noir du festival du film policier de Beaune 2019 Prix des lecteurs Quais du polar 2019 Prix Marguerite-Puhl-Demange du Festival Le Livre à Metz - 2019 Etoile du polar Le Parisien 2018, Prix du noir historique 2019, du salon du livre Les Rendez-vous de l'histoire de Blois Pour Prémices de la chute : Prix Moussa Konaté du roman policier francophone du festival Vins noirs de Limoge 2019 Pour l'ensemble de la trilogie Benlazar : Grand prix de littérature policière 2020

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Histoire de France

Bérégovoy. Le dernier secret

Un mois avant sa disparition, le 1er mai 1993, Pierre Bérégovoy remettait à son gendre deux lettres pour annoncer sa volonté de mettre fin à ses jours. La première lui était adressée, l'autre était destinée à François Mitterrand. D'un commun accord, ils déchirèrent celle écrite pour le chef de l'Etat. Quelques semaines plus tard, au bord d'un canal de Nevers, Bérégovoy se tua d'une balle dans la tête, soulevant une immense émotion dans le pays. Dans cet ouvrage, de nombreux témoignages inédits éclairent les dessous d'une véritable descente aux enfers ; et l'on comprend que cette mort fut un acte réfléchi, commis par un homme profondément déprimé. Comptable de sa propre vie, il montra par ce geste une force intérieure méconnue, laquelle lui permit d'ailleurs de troquer, en l'espace d'une vie, sa casquette d'ouvrier et de cheminot contre le costume d'homme d'Etat. Ce livre fournit également l'intégralité des éléments de l'enquête judiciaire sur les causes de la mort de l'ex-Premier ministre, qui tordent le cou à la fable conspirationniste d'un assassinat. Il lève aussi le voile sur une crainte qui a empoisonné la dernière année de la vie de ce fidèle serviteur de François Mitterrand : au-delà de son affaire de prêt accordé par un ami intime du chef de l'Etat, Roger-Patrice Pelat, Bérégovoy conservait un lourd secret, celui des fonds déposés en espèces sur son compte personnel par un autre ami de Mitterrand. A la fin de sa vie, Pierre Bérégovoy fut l'objet d'un harcèlement constant des affairistes dont il goûta, à tort, la compagnie et le soutien souvent intéressé : Bernard Tapie, Samir Traboulsi, Pierre Aïm furent de ceux-là. L'échec historique du Parti socialiste aux élections législatives de 1993 acheva de le convaincre du bilan négatif d'une vie de labeur animée par une ambition dissimulée - la présidence de la République - dont les rares témoins racontent ici comment elle a guidé ses actes. A travers ce destin tragique, c'est toute l'histoire de la gauche française qui se dévoile au lecteur, dans les dérives liées à la pratique du pouvoir, dans ses difficultés à concilier son héritage révolutionnaire et sa volonté de gouverner la France.

04/2008

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Littérature française

Un libraire

L'histoire d'une amitié entre un libraire et l'autrice, construite au fil des lectures. Un destin bouleversant " Raconter Jacques et témoigner de son destin singulier, si beau et si tragique à la fois, ce serait raconter au nom des libraires, pour eux et pour nous tous qui faisons ensemble société, quel libraire, essentiel parmi les essentiels, il demeure à jamais. Jacques Allano était libraire en Bretagne, à Saint-Brieuc. Faute de successeur, il était sorti de sa retraite, prise presque dix ans plus tôt, pour revenir en octobre 2019 à la tête de la librairie dont il était le cofondateur, Le Pain des rêves, et empêcher sa fermeture. Il en a été profondément heureux jusqu'au 16 mars 2020. Confronté à ses fragilités pendant le premier confinement, il s'est suicidé quelques jours après la réouverture de la librairie, le 16 mai 2020. Jacques était de la haute lignée des libraires. Un serviteur avant tout, humble et tenace, à la mémoire encyclopédique, au désordre savant parmi lequel seul un libraire peut se retrouver, et à l'amour inconditionnel des livres. Un homme qui, dans sa soixante-dixième année, avait repris du service dans cette librairie - sa vie, son oeuvre. Et moi qui ne supportais pas l'idée que ce lieu fût déserté et réduit au triste état de dent creuse dans un centre-ville en souffrance, je l'avais accompagné, abandonnant mes rêves d'écriture. Devant les clients et les représentants, Jacques m'appelait sa collaboratrice, faisant sonner clairement chaque syllabe. Pour le taquiner, entre nous, je lui disais patron. Un jour, presque à la fin, en riant, lui qui n'avait pas d'enfant, et moi non plus, il se rendit compte que j'aurais pu être sa fille. J'avais travaillé à ses côtés jusqu'au 15 mai ; soucieuse, j'avais aussi veillé sur lui comme sur un fils. Puis je me suis retrouvée seule. Brutalement seule dans la librairie le samedi 16 mai à 10 heures. Le téléphone. Le silence. Jacques était mort. Dans un premier temps, l'idée de raconter Jacques me parut révoltante à différents égards. Comment écrire sans trahir sa pudeur ? Comment faire avec les trous, les lacunes, les mystères, les contradictions ? Comment faire avec mon chagrin ? Mais un dimanche de novembre, alors que chaque jour depuis sa mort je lui parlais intérieurement, comme au temps du Pain des rêves que nous avions partagé en frère et soeur de livres, je commençai à lui écrire. " Mérédith Le Dez

09/2021

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Beaux arts

Jean-Charles Bouloc

Ce bel ouvrage est la monographie du peintre Jean-Charles Bouloc. Jean-Charles Bouloc est né le 25 novembre 1930 dans l'Aveyron en France. Après des études secondaires, puis les Beaux Arts, il part découvrir le monde. A l'âge de 18 ans, commence une jeunesse voyageuse, vouée à la peinture et au dessin. Il ira en Afrique (Egypte, Sénégal, Ghana...), réalisant des portraits, participant à l'expédition ethnologique de Lhote en 1956, puis mène une vie d'aventurier. Jean-Charles Bouloc retournera en Europe en 1957 pour s'y marier. Il aura une fille, Virginie. Les voyages reprennent au Brésil, en Afrique du Nord. En 1962, de retour à Paris, où il a créé une boîte de nuit. Il y rencontre Laiza et Francis Sandford, rencontre qui va l'emporter vers le Pacifique. Il débarque à Tahiti le 13 juillet 1962. Il a mis fin à son mariage et s'installe à Bora Bora. Ses premières années en Polynésie sont marquées par de nombreuses rencontres d'îles en îles, par son goût de peindre, ses premières expositions et le décès de sa fille en 1963. Il s'applique à découvrir les îles Polynésiennes, peint en s'imprégnant de son environnement. Sa première exposition à la Galerie Winkler date de 1964. L'année suivante, Jean-Charles Bouloc part aux Etats-Unis. Il restera trois ans à Hollywood, vivant de sa peinture, exposée à la Galerie MacKenzie où il aura le plaisir de rencontrer le peintre Andrew Wyeth. A son retour à Tahiti, il voyage à nouveau, aux Australes, aux Marquises puis au Cambodge. En 1969, il épouse Marguerite Liu, dont il aura deux fils, Stéphane et Dewi, et il ouvre une galerie d'antiquités orientales "Noa Noa" à Papeete. Il y expose sa peinture et celle d'autres peintres. Un de ses portraits sera choisi comme timbre officiel de la Poste de Polynésie française et obtient le premier prix de la Philatélie. Pendant trente ans, installé avec sa famille à Tahiti, Jean-Charles Bouloc, va quand même voyager abondamment en Asie (Cambodge, Vietnam, Chine, Indonésie...), élargissant le cercle, cette fois à la recherche d'étoffes, de tapis, d'objets de rituels, de céladon, de porcelaines pour alimenter sa galerie. Il reprendra ses travaux de peinture en 1980 et s'y consacrera totalement après la fermeture de sa galerie "Noa Noa" en 1990. Il exposait régulièrement à la galerie Winkler à Papeete. Jean-Charles Bouloc est mort début mars 2014 sur l'île de Tahiti.

11/2009

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Histoire internationale

L'année 2004 dans Le Monde. Les principaux événements en France et à l'étranger

En 2004, un vieux rêve de l'humanité s'est réalisé : une sonde envoyée de la Terre s'est posée sur la planète Mars et a émis les premiers clichés, relançant le débat sur des formes possibles de vie sur la Planète rouge. Mais un autre rêve - celui, tout aussi vieux, nourri par les Philosophes, d'une paix perpétuelle - n'est pas encore de mise : la guerre fait toujours rage, notamment dans des régions d'Afrique, en Irak ou en Palestine. Le terrorisme, quant à lui, poursuit sa mondialisation : il a massacré des civils à Madrid comme à Beslan, à Bagdad comme à Djakarta. Pendant ce temps, l'Union européenne a étendu sa zone de paix et de prospérité à dix autres membres, et elle a ouvert des négociations de candidature avec la Turquie. L'Europe est un continent en soi, dont il n'est plus assuré qu'elle donne le même sens aux valeurs longtemps proclamées communes avec les États-Unis d'Amérique. Ces derniers ont réélu le président George Bush, défenseur de la propagation des valeurs chrétiennes et toujours en croisade contre les forces du Mal. La France, pendant ce temps, interdisait le port de signes religieux ostensibles dans les écoles. Les fermetures, parfois sauvages, d'entreprises se sont multipliées dans l'Hexagone, où la gauche a remporté une victoire historique en enlevant la présidence de 20 régions, ne laissant à la droite que la seule Alsace. Mais de cette année le souvenir restera d'abord celui du tsunami qui, le 26 décembre, vit la mer manger en quelques heures les côtes de pays d'Asie, emportant plus de 160000 victimes. Cette chronologie inédite a été établie par le service Documentation du Monde sous la direction de Didier Rioux. L'année dans Le Monde est un outil indispensable pour tous ceux qui, par curiosité ou nécessité universitaire, souhaitent se remémorer les faits essentiels de l'Histoire en train de se faire en France et à l'étranger, dans les domaines de la politique, de l'économie, de la culture, des sciences et des sports.

02/2005

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Sociologie

Oeuvres complètes. Tome 15, Le mythe vertuiste et littérature immorale

En été 1910, Pareto s'aperçoit, en mettant de l'ordre dans les matériaux recueillis pour le Traité, qu'il a réuni une grande gerbe de faits pour illustrer la théorie des "dérivations". S'il avait placé tous ces faits dans le Traité, il aurait rendu encore plus lourd un livre qui avait déjà des proportions gigantesques. Que faire? Les journaux étaient remplis d'articles sur la pudeur, de défenses de la décence. Les ligues vertuistes prospéraient et se manifestaient ouvertement, de sorte que la tendance que ces faits illustraient pouvait intéresser le public. Et voilà que Pareto soustrait alors au Traité une poignée de fiches qui avaient été recueillies pour lui et il écrit en moins de trois mois Le Mythe vertuiste et lu littérature immorale. Ce petit livre nous révèle quelles lectures Pareto avait faites et leur abondance: aux classiques latins et grecs se sont ajoutés les textes chrétiens recueillis par Migne, qui, dans sa bibliothèque de Céligny, étaient rangés à côté des Satires et des Epîtres de Boileau, des écrivains de l'Encyclopédie et des œuvres complètes de Voltaire et de Machiavel. Le Mythe peut-il être considéré comme la manifestation la plus brillante du tempérament voltairien de Pareto? Assurément l'humour y est brutal, la perspicacité psychologique, le sens de la perception juste, le réalisme de l'observateur capable d'entrevoir le détail atroce et révélateur. Pareto dénonce et se moque, il ensevelit ses malheureux adversaires sous une avalanche de sarcasmes, il use et abuse d'une érudition historique qu'une édition critique du livret révélerait facilement chaotique et parfois même incertaine. L'histoire antique, médiévale et moderne est lancée, avec violence et amertume, à la tête des vertuistes d'hier et d'aujourd'hui. Bien que cet opuscule soit animé, d'un bout à l'autre, d'une indignation sincère, d'un sens de la protestation très véhément, d'une irrévérence joyeuse, on oublie facilement que Le Mythe est un écrit sociologique et que Pareto lui attribuait, sans vanité aucune, la dignité d'une recherche sociologique objective. Il ne s'agit pas simplement d'un avertissement ou, comme on l'a dit, d'une "longue digression" née de l'accumulation trop rapide de notes et de documents en vue de l'énoncé définitif de la doctrine des dérivations. Peut-être la vocation d'écrivain maudit et l'antipathie, quasi épidermique, pour les moralistes de toutes espèces, ne furent-elles pas totalement étrangères à la décision d'écrire Le Mythe vertuiste. Ce petit livre est une introduction, d'allure légère, à la théorie des dérivations. Du reste, la correspondance parétienne confirme cette interprétation: peu d'allusions au livret (et Pareto n'était pourtant pas avare d'indiscrétions sur ses travaux en cours) mais un vrai torrent de renseignements sur la doctrine des dérivations et sur celle des résidus. C'est parce que Le Mythe... et le Traité formaient un tout dans l'esprit de Pareto. Le livre fournit, en fait, un répertoire détaillé d'une classe particulière des dérivations, et en même temps, à partir d'une classe bien déterminée, la documentation qui dans le Traité sera placée dans une perspective plus grande et plus juste.

01/1971

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Récits de voyage

En solitaire. Le long du Pacific Crest Trail

Suivez Tim Voors dans son épopée sur le Pacific Crest Trail et partez avec lui pour 6 mois de marche, de paysages sublimes, de rencontres fascinantes et de réflexion sur la vie. Le Pacific Crest Trail, mythique sentier de grande randonnée, court sur 4 265 km le long de la côte Ouest américaine, du Mexique au Canada. Déserts, sommets montagneux, cascades, torrents, parcs nationaux, la traversée réserve nombre de défis physiques et d'émotions fortes. Tim Voors, père de famille néerlandais, nous emmène et nous fait vivre cette aventure qu'il a décidé de mener seul. Il nous raconte les lacs de montagne aux eaux transparentes, les nuits sous les étoiles, les amitiés spontanées forgées autour de joyeux feux de camp. Mais aussi la solitude, la peur face aux éléments et le sentiment d'impuissance par rapport aux forces de la nature qu'il lui a fallu surmonter. Plus que tout, En solitaire nous montre le pouvoir de la vie sauvage pour revenir à l'essentiel. Les illustrations, aquarelles et photographies de l'auteur donnent corps à un récit entraînant qui n'oublie pas d'expliquer les aspects pratiques de la préparation d'un tel périple, du ravitaillement à la stratégie anti-ours. L'enthousiasme contagieux de Tim Voors est une invitation à prendre son sac à dos et à partir pour se redécouvrir. N'hésitez pas, le monde vous attend ! Le temps est compté et le monde nous attend. Retrouvez le sens de votre vie. En solitaire retrace l'épopée d'un explorateur qui nous ressemble. Comment expliquer qu'un père de famille de 44 ans décide d'abandonner son foyer pour six mois, afin de parcourir à pied 4 286 km le long du sentier du chemin des crêtes du Pacifique, aux Etats-Unis ? Quels seront les effets d'une telle décision sur son couple, ses enfants et lui-même ? Cédant à son intuition, Tim Voors se lance dans une aventure qui va changer sa vie. Se sentir vivant, ressentir la peur, endurer la douleur, se confronter à l'immensité du vide et entamer une passionnante histoire d'amour avec la nature... Tim Voors nous entraîne dans une expérience à la fois physique, mentale et spirituelle le long de cet épique sentier de grande randonnée, sentier qui regorge de beauté mais aussi d'obstacles (l'ultra-trailer François d'Haene s'y est mesuré en octobre 2019 et a dû renoncer en raison des conditions climatiques).

06/2020

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Littérature érotique et sentim

Le Combat de Lily

Lily combat sans cesse pour vaincre les obstacles qui se dressent devant elle. Monsieur Léandre de la Villardière, la quarantaine, gentleman-farmer propriétaire d'un grand domaine où travaille Clémence, sa maman, s'éprend de Lily. Celle-ci, âgée alors de 21 ans, succombe à ses désirs. Eugène, le père de Lily, accusé de viol, est condamné à une lourde peine de prison. Coup de théâtre, un petit homme, surnommé Le Pépé, prétend être le coupable. Eugène rejette l'union hors norme de sa fille avec le " vieil homme ". Et pourtant, le mariage est célébré au Castel, magnifique demeure de Monsieur. Le jour J, Eugène tarde à arriver... Lily est très inquiète. Enfin, il arrive ! Au cours du festin, coup de Trafalgar, le père se tue et s'écroule aux pieds de sa fille chérie. Effondrée, elle rejette Léandre, le déteste et le hait de tout son coeur. Désespéré, Monsieur de la Villardière vend sa propriété et abandonne son village pour s'évader loin, très loin... en Patagonie, où il a l'immense joie de côtoyer le grand, le célèbre chanteur Florent Pagny. Lily, les mois passant, fait la connaissance d'Arthur, un beau et gentil garçon de 22 ans qui adoucit sa vie. C'est un coup de foudre réciproque et, très vite, ils se marient. Le bel Arthur, homme de coeur très généreux, propose à sa belle un " second " mariage à Las Vegas. Lily, enceinte de 7 mois, accouche dans l'avion au beau milieu de l'Atlantique ! Joie et déception... adieu Las Vegas ! Lily achève ses brillantes études et fait ses premiers pas en astronomie. Arthur, quant à lui, exerce la profession de pharmacien où il connaît des déboires à répétition. Un soir, Lily rentre à la maison, sa petite Clémentine sous le bras. Elle court, malgré la pluie qui tombe à torrents et le vent qui souffle en tempête. Elle franchit, toute triomphante, l'escalier de l'immeuble mais elle glisse et s'effondre. La petite Clémentine chute en cascades. La maman ensanglantée, effondrée et désespérée, gagne l'hôpital mais, ne supportant pas cet horrible malheur, elle ouvre une fenêtre du cinquième étage et... Arthur, bouleversé, anéanti, devant l'ampleur du drame, est interné en psychiatrie. En dépit de soins assidus, il ne recouvre pas la mémoire : le passé, tout le passé, il ne connaît plus, plus du tout. Et pourtant, il fera une rencontre surprenante, celle de son infirmière, une magnifique Irlandaise prénommée Laura. Et la vie continue...

09/2020

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Littérature française

Un long voyage ou l'empreinte d'une vie Tome 17 : Succès comique au Grand-Guignol

UN LONG VOYAGE ou L'empreinte d'une vie est le parcours d'un homme, Louis Bienvenu, qui naît avec le siècle et meurt avec lui. Cet homme n'a jamais attiré l'attention publique sur lui, ni réalisé aucun exploit susceptible de lui valoir la manchette des journaux. Et pourtant ce voyage, tant vers les autres qu'au bout de lui-même, est plus long et plus riche que celui accompli par la plupart de ses contemporains. La soif de ressentir et de comprendre, l'élan vers la poésie et la beauté sous toutes ses formes, et la quête de l'Amour avec un grand A, le filial d'abord, puis celui de l'autre sexe, en sont les fils conducteurs. Les six femmes qu'il a aimées, à commencer par Germaine, sa mère, ponctuent justement les six Epoques chronologiques de cette vaste fresque. Dès ce tome 17, début de la 5e Epoque, Nadine, en disponibilité de l'hôpital, vit à demeure chez Louis. Là, grosse frayeur des deux amants : une visite surprise d'Henriette, accompagnée de deux officiers américains. Mais Hélène, prévoyante, avait prévenu l'épouse légitime que sa fille venait régulièrement aider Louis à la cuisine et au ménage. Menus évènements : une exposition-vente organisée par Louis pour un vieux peintre ami de Rouly : c'est le fiasco : une seule visite : le maire, et aucun acheteur. Mais comment s'étonner dans une ville presque rasée par les bombardements ? Premières vacances au chef-lieu pour Nadine : celle-ci est hébergée par Yette, une amie de Louis, et non par Germaine, qui doit continuer à ignorer son existence. Enfin, rencontre intime entre Louis et Renée Doller, son ex-belle-soeur : ils ont fini par céder à leur attirance mutuelle de toujours. Remords pour Louis, eu égard à André, le mari. Mais la grande affaire est ailleurs : lors d'une soirée avec Brigitte et Frédéric, ses amis bretons, Louis lit la pièce qu'il vient d'écrire. Effet immédiat sur ses auditeurs, qui se tordent de rire. "C'est du sur-mesure pour le Grand-Guignol ! " lui affirme Frédéric. Selon une formule originale, on y joue des drames, en alternance avec des comédies qui ne valent pas la sienne. Le manuscrit est déposé, et après une semaine, accepté. Commence alors pour notre héros une aventure exaltante : celle du théâtre et de ses coulisses. Doublée, après la désapprobation quasi unanime soulevée par son abandon de l'Administration, de la satisfaction de redorer son blason auprès de ses relations, ses amis, sa famille, à commencer par Henriette...

01/2019

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Histoire régionale

VAUCLAIR. Un site cistercien

Fondée le 23 mai 1134 par saint Bernard, sur un lieu où s'élevait déjà une église, à la demande de Barthélemy de Jur, évêque de Laon, l'abbaye, quinzième fille de Clairvaux, prit le nom inversé de Vallis Clara. Obéissant à la règle cistercienne, elle prospéra rapidement en faisant l'acquisition d'un grand nombre de terres et de fermes. Le domaine comprenait plus de 4 000 hectares et ses biens étaient répartis sur 26 communes. Son expansion fut telle que l'on décida de construire un nouveau monastère, terminé en 1257. La fin du XIIIe siècle sera marquée par de grands troubles. En 1359, l'abbaye est pillée et brûlée par les Anglais. En 1419, onze moines meurent de la peste en peu de temps. En 1590, Vauclair refusant d'adhérer à la Ligue, la ferme d'Hurtebise est pillée et brûlée par les Laonnois. En 1650, ce sont les Espagnols qui attaquent l'abbaye. La fermeture de l'abbaye sera décidée par le décret de 1790. Déclaré bien national à la Révolution, le domaine abbatial est vendu entre 1791 et 1793 à l'exception des bois à des particuliers (souvent d'anciens fermiers). Après le partage de ses bâtiments, l'abbaye forme le village de Vauclair-La Vallée-Foulon, qui sera mutilé et détruit lors de la Première Guerre mondiale, notamment lors de l'offensive Nivelle, en 1917. Les ruines, laissées à l'abandon, serviront à plusieurs reprises de carrières de pierres. En 1965, une remise en valeur du site est décidée, à laquelle le père Anselme Dimier, assisté par Pierre Pottier, participera avec courage et enthousiasme. Les fouilles de 1987 furent particulièrement fructueuses et mirent à jour des bâtiments ignorés jusque-là. Le père Jean-René Courtois, personnage essentiel de cette renaissance, sera le Veilleur de Vauclair pendant près de quarante ans, avec le groupe Sources et ses nombreux bénévoles (552 de 1966 à 1987). Les fouilleurs " entraient vraiment en religion archéologique " lorsqu'ils oeuvraient. Le père Courtois créera également un jardin de plantes médicinales près de l'apothicarium. Après sa mort, en 2005, l'association des Amis de Vauclair, qui fête aujourd'hui son 15e anniversaire, s'est engagée à poursuivre la préservation de l'abbaye dans le même esprit et à en faciliter la découverte au plus grand nombre. Depuis quelques années, la Maison de Vauclair accueille à nouveau les visiteurs de ce site très fréquenté de l'Aisne qui s'inscrit au centre d'un triangle mystique. L'abbaye est membre de l'association " Charte européenne des Abbayes et Sites cisterciens ". Elle est située sur la via Francigena, qui relie Canterbury à Rome (GR 145), ainsi que sur les Chemins de Compostelle.

09/2021

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Sciences politiques

Ce feu qui brûle encore. Itinéraire d'un enfant du Pays-Haut lorrain

Retour sur les mille vies de Marc Zamichiei, syndicaliste étudiant, dirigeant communiste, conseiller général, responsable mutualiste... Marc Zamichiei est un enfant du Pays-Haut lorrain, issu d'une famille de l'immigration italienne des années 1920 venue trouver du travail dans le bassin minier ferrifère de Briey (54). Il naît à Mont-Bonvilliers en 1948, trois ans après le retour de déportation de son père. Une histoire dans laquelle il n'entre que timidement, à travers des bribes de conversations d'adultes ou le numéro de matricule bleuté sur son avant-bras. Le lycéen de Longwy grandit dans ce territoire symbole de la sidérurgie lorraine où le vote PCF est largement implanté. Il s'éveille à la vie syndicale et politique, en particulier lors de la grève de 1966 contre la fermeture de la mine de Murville à Mont-Bonvillers où est employé son père. L'explosion de Mai 68, c'est à Nancy qu'il la vit, étudiant en Droit et président de l'association générale des étudiants nancéens (UNEF). Militant communiste, il devient secrétaire permanent du comité de ville de Nancy du PCF. En 1973, élu dans le canton minier d'Audun-le-Roman, il est l'un des plus jeunes conseillers généraux de France. En 1979, le nouveau plan acier laisse la Lorraine abasourdie : sa sidérurgie est démantelée, 14 000 emplois condamnés à disparaître. Marc Zamichiei porte, en concertation avec la CGT, les revendications de la corporation minière et les propositions de sauvegarde de cette richesse nationale. C'est à cette époque qu'il rejoint le comité central du PCF, devenant secrétaire de son secteur propagande et communication. Alors que se poursuit la liquidation du bassin minier et sidérurgique lorrain et qu'un sentiment d'abandon gagne les classes populaires, il est un de ceux qui critiquent la ligne politique de son parti et se retrouve exclu du comité central en 1985. Estimant le PCF imperméable au changement, il le quitte avant de s'engager dans une nouvelle aventure qui va durer plus de trente ans : celle de la mutualité, qui renouvelle profondément sa conception de la transformation sociale et de l'engagement militant. Il exerce de nombreuses responsabilités au sein des fédérations mutualistes, des institutions de Sécurité sociale et des organismes de santé et contribue à renouveler la réflexion sur les politiques de protection sociale et de santé. " J'ai plutôt tendance à croire que l'histoire se fait par le bas, écrit-il. (...). A ceux qui doutent qu'un autre monde se fabrique déjà dans ces utopies concrètes, réelles, il faut rappeler que l'homme ne se réalise pas dans le futur mais dans le présent. "

03/2019

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Droit

L'Algérie, ses institutions, son droit à l'épreuve de la colonisation

Les vingt-quatre articles contenus dans cet ouvrage forment une contribution à la connaissance de l'histoire des institutions et du droit de l'Algérie. Cette discipline demeure encore lacunaire. Certes il existe une littérature importante sur l'histoire de l'Algérie, mais celle qui concerne la formation des institutions et du droit de l'Algérie contemporaine est marquée par l'absence de grandes synthèses couvrant la totalité de l'histoire algérienne. Seul l'ouvrage de Claude Collot s'efforce de retracer la période allant de l'époque ottomane à l'indépendance ; cependant il ne relate que la mise en place de l'organisation territoriale, des finances et de la justice ainsi que la réglementation de quelques libertés publiques. Disparu beaucoup trop tôt, Claude Collot n'a pas eu la possibilité de parfaire son oeuvre. Il a eu cependant le mérite et surtout la grande intelligence de percevoir que l'histoire des institutions et du droit algérien devait être retracée en la dégageant de sa gangue coloniale. En effet, durant la période coloniale et avec un recul d'un demi-siècle paraissent nombre d'ouvrages qui retracent parfois avec beaucoup de clarté, tel le traité d'Emile Larcher, la genèse des institutions algériennes à l'époque coloniale. Mais le but que se fixent ces auteurs est d'éclairer leur présent colonial à la lumière de l'évolution coloniale. Pour tous les auteurs qui ont écrit entre 1830 et 1962 – voire au-delà – tout commence le 5 juillet 1830. Il faut attendre la fermeture de la période coloniale pour pouvoir entamer une véritable histoire des institutions de l'Algérie et non pas seulement une histoire des institutions algériennes à l'époque coloniale. Claude Bontems a succédé à Claude Collot comme professeur d'histoire du droit à la Faculté de droit d'Alger de 1969 à 1975. Il s'est essayé à poursuivre le travail de son devancier qui était au demeurant un ami de longue date : ils s'étaient connus en 1961 ; il a poursuivi cette oeuvre en introduisant l'histoire des institutions de l'Algérie au sein de cet établissement. Sa présence à Alger a donné naissance à un Manuel des institutions algériennes de 1518 à 1870. Le second volume n'a pu voir le jour. Cependant, les divers articles publiés dans ce recueil constituent une forme de prolongation, incomplète, de cet ouvrage qui n'a pas connu son achèvement. Rédigés entre 1972 et 2012, ils ont tous trait à la formation des institutions administratives algériennes ou à la compréhension du droit applicable à l'Algérie au XIXe et aux débuts du XXe siècles. Ils s'inscrivent dans le nouveau courant qui s'efforce de reconstruire l'histoire institutionnelle de l'Algérie en s'affranchissant de certains présupposés procédant du passé colonial, mais sans minimiser l'importance de ce dernier.

01/2018

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Pléiades

Oeuvres romanesques. Tome 1, Poèmes de guerre et d'après-guerre

"Il n'est peut-être pas le plus grand, mais l'un des plus grands. Il peut encore défendre son titre de champion du monde, et je ne vois personne, dans la génération actuelle, qui puisse le lui ravir. Il est notre Byron, le héros couvert de gloire, couvert de femmes, couvert d'argent... Nous ne sommes pas les derniers, en France, à l'avoir aimé. Nous avions des raisons pour cela. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, nous avions accueilli un jeune Américain pauvre et déjà père de famille, qui se promenait dans nos rues et le long de notre fleuve, s'arrêtait dans nos bistrots pour y boire notre vin et écrivait dans des cahiers d'écolier des histoires de soldats et de chasseurs. Il allait au Musée du Luxembourg pour apprendre de nos peintres, M. Cézanne et M. Degas, à dire "la chose vraie". A Paris, Hemingway a vécu, aimé, écrit. Il n'a pas oublié sa dette envers notre ville et il lui a élevé un temple dédié au souvenir et au bonheur enfui : Paris est une fête. On trouvera ce texte dans le premier volume des Ouvres complètes de Hemingway. On y trouvera aussi Le Soleil se lève aussi, d'un accent si neuf, si souvent imité depuis, et L'Adieu aux armes qui demeure, comme l'a dit Malraux, le plus beau roman d'amour de la littérature moderne. La qualité des traductions de ces textes, dues à M. E. Coindreau, n'est plus à louer. On trouvera enfin, avec les nouvelles charmantes du cycle de Nick Adams qui nous donnent un portrait de l'auteur à dix-huit ans, quand il chassait et pêchait dans les forêts du Michigan, paradis perdu de son enfance, un texte jusqu'alors inédit en français : Torrents de printemps, amusante satire de certains maîtres que l'écrivain avait admirés et qu'il pastichait : ainsi un jeune homme qui pressent son génie signifie à ceux à qui il doit le plus son désir d'émancipation : c'est Barrès devant Renan, Montherlant devant Barrès, Hemingway devant Sherwood Anderson... Hemingway est le premier écrivain étranger contemporain à figurer dans le Panthéon de la Pléiade. Un jour, il faudra qu'une plaque soit apposée au coin de l'une de ces petites rues de la Montagne Sainte-Geneviève qu'Ernest Hemingway, romancier américain, 1899-1961, a si souvent parcourues. En attendant cet hommage municipal, voici un petit monument fait de papier bible, d'encre, de cuir et de colle, auquel les meilleurs esprits et les meilleurs ouvriers ont collaboré - le plus beau monument qu'un écrivain puisse souhaiter." Michel Mohrt, 1966.

01/1966

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Grèce

La chute de l'empire athénien. Tome 4, Nouvelle histoire de la guerre du Péloponnèse

Pourquoi, alors qu'ils avaient réussi à survivre et à se remettre du désastre de l'expédition de Sicile, les Athéniens ont-ils finalement perdu la guerre ? C'est à cette question que s'attache Donald Kagan dans ce quatrième et dernier volume de sa Nouvelle histoire de la guerre du Péloponnèse. L'ouvrage couvre les dixannées qui vont des suites immédiates de la destruction du corps expéditionnaire athénien en Sicile en 413 jusqu'à la capitulation d'Athènes en 404. La période est marquée par le déplacement du théâtre principal des opérations en mer Egée, sur les côtes de l'Asie Mineure et dans l'Hellespont, après que l'édification par les Spartiates d'un fort permanent à Décélie et l'installation d'une armée commandée par Agis, l'un des rois de Sparte, eurent bloqué le jeu en Attique. Privés de l'Attique et de ses ressources agricoles et minières, et alors qu'ils se battaient pour garder le contrôle de leur empire et des revenus qu'ils en tiraient, la révolte de l'Eubée en 411 sema la panique chez les Athéniens. Il ne restait plus à Athènes comme seule source d'approvisionnement en blé que le grenier des pourtours du Pont-Euxin. La maîtrise des détroits (Hellespont et Bosphore) devint dès lors vitale, au moment même où elle lui était contestée. Dans son analyse de ce nouveau contexte, Kagan met en évidence la victoire définitive des stratégies autrefois impulsées par Démosthène et Cléon d'un côté, et par Brasidas de l'autre, sur le schéma péricléo-archidamien qui avait caractérisé les premières années de la guerre. Plus précisément, c'est en radicalisant la stratégie archidamienne (en instaurant un blocus terrestre permanent de l'Attique) et en la complétant par celle de Brasidas (ouverture de nouveaux fronts et conclusion de nouvelles alliances à l'Est) que le camp péloponnésien allait provoquer une véritable rupture dans le conflit par l'intervention d'un nouvel acteur : les Perses, animés par l'espoir de récupérer les cités d'Asie Mineure perdues après les guerres médiques. Cette nouvelle stratégie fut prise en charge par Alcibiade et Lysandre, qui allièrent de manière indissoluble le militaire et le diplomatique. Lysandre avait cependant l'avantage sur Alcibiade d'être meilleur tacticien et meilleur diplomate, et surtout de ne pas être décrédibilisé dans son propre camp. S'étant assuré un soutien fiable des Perses à l'arrivée aux commandes de Cyrus le Jeune, nouveau satrape d'Ionie, Lysandre put parachever le schéma brasidien en obtenant les moyens de financer et d'entraîner une puissante flotte, enfin capable de rivaliser avec celle des Athéniens. Brillant stratège et très ambitieux, Lysandre remporta alors deux victoires navales décisives à Notion (en 406) et à Aïgos-Potamoï (en 405). Cette dernière vit l'anéantissement de la flotte athénienne et le retour du gros de l'armée spartiate en Attique pour porter le siège devant Athènes. Les ruses de Lysandre condamnèrent rapidement la cité à la famine et la paix fut signée en 404. La défaite d'Athènes était totale. Mais temporaire.

04/2024

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Art japonais

Un bestiaire japonais. Vivre avec les animaux à Edo-Tokyo ( XVIIIe et XIXe siècles)

Pendant plus de deux cent ans, à partir de l'ordonnance de fermeture du pays de 1639, le Japon de l'époque Edo (1603-1868) restreint drastiquement les échanges avec le monde extérieur. Après la signature de traités commerciaux avec les Etats-Unis et l'Europe en 1858 mais surtout à partir de la restauration de Meiji (1868), le gouvernement adopte une politique d'industrialisation du pays et promeut l'introduction des idées occidentales. Les étrangers qui se rendent alors au Japon ont laissé des descriptions détaillées du pays et de ses habitants. Le naturaliste américain Edward S. Morse note dans Japan Day by Day que les citadins contournent ou enjambent les chiens et chats se prélassant au milieu de la route pour ne pas les déranger, et utilisent pour les appeler le suffixe honorifique "san" (équivalant à "Monsieur" ou "Madame"). Le peintre et dessinateur français Georges Bigot (1860-1927), qui séjourne au Japon à partir de 1882 a laissé un grand nombre d'oeuvres pleines d'humour, d'animaux et de gens. Une longue période de paix et de stabilité donne aux habitants de Tokyo le loisir de profiter de la vie et se divertir. On s'entoure volontiers d'animaux de compagnie : petits chiens et chats, de petits oiseaux tels les rossignols et les cailles, ou encore des insectes dont on apprécie le chant, comme les grillons et les criquets. Les habitants d'Edo, ville à la topographie riche en collines, rivières, et ouverte sur la mer, vivent en lien avec la nature et des rites saisonniers marquent le déroulement de l'année alors que les changements de saison offrent de nombreuses occasions d'admirer de superbes paysages naturels tout proches. D'abord figurines d'argile de sangliers ou autres, sous l'influence de la civilisation chinoise, les animaux sont ensuite représentés sous des formes fantastiques venus du continent comme les phénix et les dragons font leur apparition de même que des animaux que l'on ne trouvait pas au Japon, tels les tigres et les paons. L'épanouissement d'une civilisation raffinée basée sur une esthétique proprement japonaise se démarque de la culture et de l'art chinois : les animaux se mettent alors à représenter l'esprit d'une saison ou à symboliser des récits traditionnels japonais. Avec le développement, en littérature, de jeux de mots basés sur les sons et le sens de la langue japonaise, on apprécie les dessins d'animaux synonymes de bon augure en raison de leurs noms ou de la façon de les écrire. Ainsi, à l'époque Edo, la puissance financière nouvelle de la classe commerçante stimule la naissance d'une véritable culture citadine et le raffinement de divers objets de la vie quotidienne : les motifs décoratifs représentant des animaux évoluent vers une plus grande liberté de conception et des variation plus riches.

11/2022

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Revues de psychologie

Enfances & psy N° 96/2023 : Silences

De nombreuses expressions incluant le mot silence jalonnent la langue française. Celles-ci résonnent dans des domaines divers tels que la musique, la loi, la religion, le scolaire, ou tout simplement au coeur de notre quotidien. "Silence, on tourne" , "la loi du silence" , "silence, s'il vous plaît" , "rompre le silence" . "Le silence est d'or" ou encore "un silence de mort" ... , ces deux expressions marquent les extrêmes des deux valences du silence : son côté positif, structurant et son côté néfaste, mortifère. Le silence n'est pas le vide, il est "une forme particulière de langage qui permet d'exprimer des choses inexprimables par les mots" (Lewis, 1977). Il y a des silences pleins, ceux qui vont donner tout leur sens aux propos qui les précèdent ou les suivent, des silences qui en disent long et des silences qui signent une fermeture. On distingue le silence imposé, le silence consenti et le silence voulu. Sauf circonstances particulières où le silence est requis, en démocratie l'adulte est libre de parler ou de se taire. L'enfant, lui, est sous la dépendance de ses parents ou des adultes qui s'occupent de lui, qui régulent plus ou moins sa parole et son silence. L'enfant apprend à les maîtriser : ne pas tout dire, savoir garder des choses pour soi, savoir taire ce qui peut blesser l'autre, savoir se taire pour écouter. Dans ce siècle de l'hyper-communication souvent futile, de la stimulation et du bruit permanent, quelle place pour le silence, la respiration ? Quels effets sur la construction psychique des enfants et des adolescents. On associe davantage le bruit à l'adolescence mais le tapage de celle-ci s'accompagne souvent d'un silence symétrique aux désirs de communiquer des parents... Comment considérer le silence de l'enfant ou de l'adolescent sommé de parler : à l'école, au collège, ou autre occurrence, au tribunal pour enfant ? Et le silence des adultes face aux questions de l'enfant ? Qu'en est-il du silence lorsqu'il fait partie de la symptomatologie, de la clinique ? Qu'en est-il également du silence dans le groupe thérapeutique ? Rester silencieux dans un groupe de parole... et pourquoi pas ? Dans les synthèses cliniques ou institutionnelles, quelquefois un ange ou un convoi d'anges passent, que signifie ce silence qui s'installe ? Quels conflits sous-jacents ? Comment dépasser ce symptôme institutionnel ? "Accueillir, accepter, consentir ; écouter le silence et scruter l'invisible - tels sont les plus hauts actes de l'attention et de la conscience que doivent accomplir les vivants" (Sylvie Germain). Les vivants sont soignants, parents, enseignants, magistrats, éducateurs, intervenants du monde de l'enfance. Ce silence, nous ne le percevons pas tous avec le même filtre auditif. C'est pourquoi, dans ce numéro d'enfance&psy, nous nous interrogeons sur les différentes formes de silence qui jalonnent la vie des enfants.

06/2023

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Récits de voyage

Voyage en Suisse

Au lendemain de l'insurrection parisienne des 5 et 6 juin 1832 contre le régime de Louis-Philippe, Alexandre Dumas, soupçonné d'y avoir pris part et menacé d'arrestation, ressent la nécessité de quitter la France pour quelque temps. Il y est, par ailleurs, incité par le déclin de sa santé dû à une attaque de choléra : Mon médecin m'ordonna ce qu'un médecin ordonne lorsqu'il ne sait plus qu'ordonner : un voyage en Suisse. En conséquence, le 21 juillet 1832, je partis de Paris. Les Impressions de voyage qu'il publie à son retour ne tarderont pas à devenir un titre générique pour tous les récits de voyage sortis de sa plume : en Italie, aux bords du Rhin, en Espagne, en Afrique du Nord, en Russie, au Caucase... Croyant composer un livre, Dumas invente un genre, presqu'à son usage particulier. Un genre aux lois fantasques, qui n'est pas une simple relation de voyage, mais intègre différents écrits : chroniques historiques, contes, légendes, anecdotes, nouvelles contemporaines, rencontres avec d'illustres personnages comme Chateaubriand ou la reine Hortense, profession de foi républicaine... Le Voyage en Suisse apparaît donc comme le laboratoire, ô combien délectable, de la prose narrative dumasienne. Genève est, après Naples, une des villes les plus heureusement situées du monde. Paresseusement couchée à la base du mont Salève, elle semble n'avoir autre chose à faire que de regarder avec amour les mille villas semées aux flancs des montagnes neigeuses ou couronnant le sommet des collines. Sous ce beau ciel, devant ces belles eaux, il semble qu'elle n'a qu'à respirer pour vivre. Et cependant, cette odalisque nonchalante, c'est la reine de l'industrie, c'est la commerçante Genève, qui compte quatre-vingt-cinq millionnaires parmi ses vingt mille enfants. Je ne connais pas de moine, de chartreux, de trappiste, de derviche, de fakir, de phénomène vivant, d'animal curieux que l'on montre pour deux sous, qui fasse une abnégation plus complète de son libre arbitre que le malheureux voyageur qui monte dans une voiture publique. Dès lors, ses désirs, ses besoins, ses volontés sont subordonnés au caprice du conducteur dont il est devenu la chose. Je feuilletais mes guides comme des manuscrits. Pas une ruine ne s'offrait sur notre route dont je ne les forçasse de se rappeler le nom, pas un nom dont je ne les amenasse à m'expliquer le sens. Ces histoires éternelles m'ont toutes été racontées plus ou moins poétiquement par ces enfants des montagnes. Mais cependant, peut-être, ils ne le répéteront pas à leurs enfants. Car de jour en jour, le sourire incrédule du voyageur esprit fort arrête sur leurs lèvres ces légendes naïves qui fleurissent, comme les roses des Alpes, au bord de tous les torrents, au pied de tous les glaciers. Alexandre Dumas

09/2005