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Littérature étrangère

La grandeur inconnue

Ce volume se compose de trois parties qui correspondent à chacune des trois activités, littéraire, philosophique et épistolaire, de l'écrivain. Dans la première partie ont été rassemblées des ouvres littéraires : le premier roman de Broch, La Grandeur inconnue, publié en 1933 et seulement réimprimé en 1961. Le personnage central est un jeune savant qui en arrive, comme Broch lui-même, à la suite d'un drame et de l'expérience de l'amour, à douter de l'efficacité de l'instrument logico-mathématique pour saisir la totalité du réel et à reconnaître, à côté, la valeur de l'intuition poétique et mystique comme moyen de connaissance. A la suite de ce roman figurent le début d'un roman inachevé, Filsmann, et deux nouvelles : Le Miroir de la mer et Le Retour de Virgile au pays natal. Dans la deuxième partie, les essais qui ont été rassemblés donnent une idée de l'évolution de la pensée de Broch, depuis son essai de jeunesse : Note pour une esthétique systématique, encore tout plein de l'influence de Schopenhauer et d'une philosophie de la vitalité inspirée par Nietzsche, jusqu'à ses essais de maturité : La vie sans idée platonicienne et Esprit et Esprit du temps où l'on trouve le thème central de la pensée de Broch : la désintégration du système des valeurs, consécutive à l'obscurcissement progressif d'une vision théologique du monde. La troisième partie de ce volume rassemble les lettres de Broch à Willa Muir, traductrice anglaise des Somnambules, qui recueillit l'écrivain chez elle, en Ecosse, quand l'Autriche fut annexée au Reich national-socialiste. Les lettres, qui vont de 1931 à 1940 et ne figurent pas dans le volume de lettres déjà publié, contribuent à préciser la conception que se fait Broch du roman nouveau, dans une période où toutes les valeurs et surtout celle de la littérature sont en question. Elles sont aussi un précieux document des réactions d'un esprit lucide et prophétique devant la montée et le déferlement du national-socialisme. Tous les écrits rassemblés dans ce volume ont donc le mérite de faire connaître des ouvres inédites ou peu connues d'un écrivain et d'un penseur dont l'importance littéraire et philosophique ne cesse de grandir.

03/1968

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Critique littéraire

Europe N° 1034-1035, juin-juillet 2015 : Pierre Klossowski

Ecrivain, peintre et traducteur, Pierre Klossowski est né à Paris en 1905 dans une famille d'artistes. Frère aîné de Balthus, il a fréquenté dès ses jeunes années Rainer Maria Rilke et André Gide, puis Georges Bataille auprès duquel il participa au Collège de sociologie et à la revue Acéphale. Dans les années trente, sa rencontre avec les écrits de Sade marqua une étape déterminante dans son cheminement placé à la fois sous le signe de la discrétion et de l'excès. Pierre Klossowski apparaît comme l'une des figures capitales de la culture française du XXe siècle. Celui qui affirmait n'être «ni un écrivain, ni un penseur, ni un philosophe - ni quoi que ce soit dans aucun mode d'expression», aura tout de même laissé derrière lui une oeuvre considérable : des textes littéraires comme Les Lois de l'hospitalité, Le Bain de Diane et Le Baphomet, des études sur Sade et sur Nietzsche, mais aussi quelques scénarios, de nombreuses traductions du latin et de l'allemand (Virgile, Nietzsche, Kafka, Wittgenstein...), ainsi qu'une abondante production de dessins de grand format. Autour du concept de «simulacre», son oeuvre traite autant de la mythologie que de la théologie antique, de l'érotisme ou de l'économie générale. De Gilles Deleuze à Michel Foucault, de Giorgio Agamben à Jean-François Lyotard, plusieurs penseurs contemporains se sont intéressés de près à ses travaux. Les études réunies dans ce numéro d'Europe, ainsi que les nombreux inédits qui ont été recueillis, témoignent de l'extraordinaire diversité de l'oeuvre de cette figure atypique dont Georges Perros disait : «Cet homme semble venir de très loin. Pas seulement d'Europe centrale, pas seulement de la Rome impériale, pas seulement de Tübingen. Sous ce drôle de crâne, au front plus haut que nature, se battent, s'étreignent, se haïssent, font l'amour et la mort, comme nuages dans un ciel en difficulté, une multitude de cibles des héros de la mythologie aussi bien que ceux de Kafka, de Nietzsche, d'Hofmannsthal, de Rilke, tous véritables habitants de l'aujourd'hui des siècles et des siècles. Nous ne sommes pour cet homme hanté, cet homme d'extase, que contemporains de hasard.»

06/2015

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Sciences historiques

Les anti-Lumières. Du XVIIIe siècle à la guerre froide

La déliquescence dans nos sociétés et nos organisations politiques des valeurs universelles que nous devons aux Lumières " franco-kantiennes " ne procède pas de la génération spontanée. Dès le XVIIIe siècle et tout au long des deux cents dernières années s'est édifiée une autre tradition - une autre modernité. Sur une argumentation similaire, elle a fait la guerre aux Lumières. L'une des raisons de la cohérence interne de cette pensée qui s'en prend aux Lumières tient au fait que tous ses hérauts se lisent les uns les autres avec une grande attention. Pour l'historien des idées, leur œuvre constitue un matériau premier, mais en même temps ils sont chacun à son tour interprètes de la pensée de leurs prédécesseurs, historiens des idées, critiques de la culture, philosophes politiques et aussi publicistes de renom. Taine écrit longuement sur Burke et Carlyle, Meinecke consacre de longs développements à Burke et une centaine de pages à Herder, pour Renan Herder est le " penseur-roi ", Maistre suit Burke et est lui-même suivi par Maurras, Sorel attaque les Lumières avec la même hargne que Maurras, Croce lit Vico avec le même enthousiasme que celui avec lequel Meinecke se penche sur Herder. Le concept de l'imperméabilité des cultures de Spengler poursuit et développe la pensée de Herder. Isaiah Berlin écrit avec un ravissement semblable sur Vico et Herder et subit l'influence de Meinecke. Il attaque d'une manière comparable les Lumières françaises et, en produisant sa propre version de leur œuvre, ajoute dans la seconde moitié du XXe siècle un nouveau maillon à la culture politique des anti-Lumières. Avec la rigueur et l'esprit méthodique qu'on lui connaît, le grand historien israélien Zeev Sternhell établit avec précision une généalogie convaincante des anti-Lumières (ou des contre-Lumières, si l'on préfère). Ce faisant, il éclaire les enjeux de notre temps tant il est vrai que les maux contre lesquels ont combattu les Lumières sont de tous les temps. Pour éviter à l'homme du XXIe siècle de sombrer dans un nouvel âge glacé du conformisme, la vision prospective créée par les Lumières d'un individu maître de son présent, sinon de son avenir, reste irremplaçable.

04/2006

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Dictionnaire français

Les Disparus du Littré

"... [Cinoc] avait fait disparaître des centaines et des milliers d'outils, de techniques, de coutumes, de croyances, de dictons, de plats, de jeux, de sobriquets, de poids et mesures ; il avait rayé de la carte des dizaines d'îles, des centaines de villes et de fleuves, des milliers de chefs-lieux de canton ; il avait renvoyé à leur anonymat taxinomique des centaines de sortes de vaches, des espèces d'oiseaux, d'insectes, de serpents, des poissons un peu spéciaux, des variétés de coquillages, des plantes pas tout à fait pareilles, des types particuliers de légumes et de fruits ; il avait fait s'évanouir dans la nuit des temps des cohortes de géographes, de missionnaires, d'entomologistes, de Pères de l'Eglise, d'hommes de lettres, de généraux, de Dieux et de Démons". Georges Perec, La Vie mode d'emploi, ch. LX, Cinoc 1, © Hachette, 1978. "Tous les ans, les éditeurs de dictionnaires fournissent aux journalistes une liste de mots nouveaux. Aucun éditeur ne divulgue jamais la liste complète des mots qui ont été évincés, expulsés, tués, comme on dit dans le jargon des lexicographes. Au fil des ans, des éditions, ces disparus font du nombre. Ceci n'est pas un dictionnaire mais une collection de plus de 25000 mots disparus. Tous figuraient dans le Littré et ne sont plus dans les dictionnaires usuels. Les curieux de la langue pourront mesurer ici l'écart linguistique qui s'est creusé entre le Littré et la dernière édition de leur dictionnaire. Les amoureux des mots, les amateurs de jeux de mots auront plaisir à les lire, à les dire. Tous seront ravis de constater que la langue est riche, vivante : elle bouge encore, dans tous les sens, dans tous ses sens. Elle n'est pas aussi figée que ce que les censeurs veulent nous faire croire". Héloïse Neefs Héloïse Neefs, professeur, lexicographe, traductrice, fait son métier de son intérêt pour la langue et les langues. Elle a conduit des projets de dictionnaires unilingues et bilingues. Les Disparus du Littré poursuivent la logique de ses explorations linguistiques.

03/2008

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Sciences politiques

Le Congrès des Proscrits. Congrès de la Paix & de la Liberté, Lausanne 1869

Jules Barni, Ferdinand Buisson, Jules Ferry, Edgar Quinet, Jules Simon, Victor Hugo, etc, figurent parmi les orateurs de ce Congrès. Tenu à l'avant-veille de l'insurrection du peuple de Paris, tandis que tout ce qui pensait s'était réfugié loin de France, ou vivait retiré en de lointaines provinces, le Congrès de Lausanne fut une tentative de rassembler tout ce que l'Europe comptait de forces républicaines. Bien des difficultés se présentaient : entre pacifistes chrétiens et socialistes libertaires, entre partisans de la lutte armée et même de certaines guerres, visant à supprimer le despotisme, entre encore quelques apôtres du libéralisme économique et celles et ceux qui n'en voulaient pas. La plus fertile, en tout cas à mes yeux, consistait dans l'évaluation des bienfaits ou méfaits possibles, de la centralisation, tant politique qu'administrative. Si la présence de Victor Hugo, d'Edgar Quinet et de tant d'autres est remarquable - mille pardons d'avoir centré la page de couverture sur les proscrits, les accueillants ayant assurément joué un rôle immense, mais d'une nature par définition différente - le point d'orgue de ce Congrès me paraît être le discours d'un jeune homme, qui devait devenir le maître d'oeuvre de l'école laïque, et l'artisan de la laïcité française : Ferdinand Buisson. Ce jugement pourrait paraître subjectif, si le Congrès n'avait aussitôt décidé de diffuser le texte de ce discours en 100. 000 exemplaires. Félix Pécaut, celui de ses amis qui en fut le plus proche, n'écrivit-il pas un jour de Buisson : "il restait en lui un fond incoercible de penseur libertaire" ? Ce Congrès fut aussi une page considérable de l'histoire de la Libre-Pensée, comme à peu près tous les grands noms qui y figurent en furent des membres éminents. L'éditeur dédie cette réédition - en fait un rêve depuis des années - à ses amis Christian Eyschen, Vice-Président de la Fédération Nationale de la Libre-Pensée, et Jomy Cuadrado, peintre, sculpteur, tailleur de pierre, descendant de républicains Espagnols - qui furent, en un autre temps - des proscrits à leur tour. C'est à Jomy qu'il doit l'illustration de couverture, une oeuvre originale qu'il fit, pour parler de la guerre...

11/2016

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Economie

L'idée de justice

Imaginons trois enfants et une flûte. Anne affirme que la flûte lui revient parce qu'elle est la seule qui sache en jouer; Bob parce qu'il est pauvre au point de n'avoir aucun jouet; Carla parce qu'elle a passé des mois à la fabriquer. Comment trancher entre ces trois revendications, toutes aussi légitimes? Les partisans des théories aujourd'hui dominantes - utilitarisme, égalitarisme, école libertarienne - plaideront chacun pour une option différente, selon la valeur qu'ils attachent à la recherche de l'épanouissement humain, à l'élimination de la pauvreté ou au droit de jouir des fruits de son travail. Mais, souligne Amartya Sen, aucune institution, aucune procédure ne nous aidera à résoudre ce différend d'une manière qui serait universellement acceptée comme juste. C'est pourquoi Sen s'écarte aujourd'hui - résolument et définitivement- des théories de la justice qui veulent définir les règles et les principes qui gouvernent des institutions justes dans un monde idéal. C'est la tradition de Hobbes, Rousseau, Locke et Kant, et, à notre époque, du principal penseur de la philosophie politique, John Rawls. Sen s'inscrit dans une autre tradition des Lumières, portée par Smith, Condorcet, Bentham, Wollstonecraft, Marx et Mill: celle qui compare différentes situations sociales pour combattre les injustices réelles. La démocratie, en tant que "gouvernement par la discussion", joue dans cette lutte un rôle clé. Car c'est à partir de l'exercice de la raison publique qu'on peut choisir entre les diverses conceptions du juste, selon les priorités du moment et les facultés de chacun. Ce pluralisme raisonné est un engagement politique: le moyen par lequel Sen veut combattre les inégalités de pouvoir comme les inégalités de revenu, en deçà de l'idéal mais au-delà de la nation, vers la justice réelle globale. Il importe d'accroître les revenus, mais aussi de renforcer le pouvoir des individus de choisir, de mener la vie à laquelle ils aspirent. C'est ainsi qu'une personne devient concrètement libre. L'Idée de justice représente l'aboutissement de cinq décennies de travail et de réflexion, mais aussi d'engagement dans les affaires du monde. Sen, l'un des plus grands penseurs de notre temps, va dans ce livre plus loin que jamais.

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Pléiades

La condition humaine. Et autres écrits

Ce volume donne à voir toutes les facettes de l'oeuvre de Malraux. Le romancier y côtoie l'essayiste, le penseur de tous les arts - cinéma, peinture, sculpture, littérature - et du Musée imaginaire, l'(anti-)mémorialiste, et l'orateur dont la voix retentit dans "la nuit de décembre à Paris, avec des étoiles glacées au-dessus de la découpure des cheminées de Daumier", pour accompagner Jean Moulin au Panthéon. Cette voix en apparence officielle a parfois couvert celle de l'écrivain. L'une et l'autre sont pourtant au service d'une même réflexion sur la condition de l'homme. Le titre du roman de 1933, La Condition humaine, pourrait être celui de l'oeuvre tout entière. Au tragique de l'Histoire, qui fait la toile de fond des romans et, aussi bien, celle des écrits mémoriels, répondent toujours, chez Malraux, des scènes de fraternité, parmi les plus fortes que l'on ait jamais écrites. A la pensée de la mort succède la grâce fugitive d'un pur étonnement de vivre. Au monde tel qu'il est s'oppose la création artistique, qui ne transcrit pas le réel, mais rivalise avec lui. Partout, cette "avidité d'absolu" que Malraux avait perçue chez Goya. Partout aussi, cette touche de farfelu grâce à laquelle l'écrivain, sa vie durant, a entendu faire contrepoids à l'Histoire et saper l'illusion d'un monde en ordre. "Me croyez-vous mort ?" lui écrivait Picasso, que l'on avait oublié d'inviter à une exposition de ses propres oeuvres. "Me croyez-vous ministre ?" lui répondit Malraux. Malraux, le croyez-vous ministre ? Il l'a été, et non des moindres, dans une fidélité souvent mal comprise à ses engagements de toujours. Mais il fut avant tout un écrivain. Quarante ans après sa mort, où en sommes-nous avec Malraux écrivain ? Ce volume est l'une des réponses possibles à cette question. Il propose une traversée de tout l'univers des formes explorées par Malraux, la (re)découverte d'ouvrages et de textes majeurs, inégalement célèbres, et l'occasion de percevoir la profonde unité d'une oeuvre qui formulait, au siècle dernier, toutes les interrogations qui agitent notre temps et nos vies.

09/2016

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Essais

Le film en devenir

Après Presque une conception du monde publié en poche chez Créaphis (2007), l'écrivain de cinéma Gérard Leblanc, essayiste, poète et cinéaste interroge ici le devenir du film : qu'en a-t-on fait, qu'en fait-on, que pourrait-on en faire ? Le questionnement revêt une double dimension, historique et prospective. Il s'agit de saisir le film en devenir à travers les transformations du cinéma qui, moins que jamais, ne saurait se réduire à un seul mode de production et de circulation. à partir d'une réflexion menée autour des transformations liées aux pratiques et aux usages nouveaux du film, Gérard Leblanc invite à une lecture critique et poétique de certaines oeuvres de cinéastes et d'écrivains (Alain Cavalier, Marcel Pagnol, Alexandre Dumas...), mais aussi sur ses propres films documentaires. Cette écriture audacieuse, documentée et critique, témoigne de la subjectivité d'un auteur dont la pensée féconde et foisonnante interroge constamment le réel du cinéma. Toujours plus proche de la vie, le film est le lieu d'une double métamorphose : celle des subjectivités et celle de toutes les réalités. Deux pôles qu'on ne peut séparer. De ce point de vue le livre ouvre des pistes nouvelles et en réactive quelques unes plus anciennes trop vite abandonnées. Douze textes devenus introuvables et deux autres inédits forment la matière de l'ouvrage. Le ton très personnel est celui d'un penseur libre de toute contrainte ou de toute chapelle. Comme dans son travail important surs les cinéastes Fritz Lang ou Georges Franju, Gérard Leblanc a l'habitude d'inviter le lecteur, y compris non spécialiste, à un travail de réflexion sur le film aujourd'hui et en devenir, ses dispositifs, sa matière et ses composantes, son imaginaire, ses relations à la science et à la technique, son idéologie et plus largement aux rapports entre vie et cinéma. Gérard Leblanc, dans ce nouvel opus, s'affirme comme un écrivain fécond – certes inclassable – dont la vivacité et l'oeil critique sont appréciés bien au-delà des lieux où il a enseigné, à l'université ou à l'école nationale supérieure Louis Lumière.

03/2023

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Philosophie

PHILOSOPHIE N° 60 1ER DECEMBRE 1998

" L'amour est amoureux - et en même temps, il cherche inlassablement à l'être " : c'est cette inquiétude et cette tension qui traversent la pensée kierkegaardienne, telle qu'elle s'exprime dans deux lettres inédites à Régine, où l'épistolier se propose de faire lui aussi un éloge de l'amour, non pas, comme Socrate, au cours d'un banquet, mais " dans le silence de la nuit, lorsque tous dorment, ou au beau milieu d'un vacarme assourdissant, lorsque nul ne [le] comprend ". Par l'intermédiaire d'extraits de sa correspondance traduits ici pour la première fois, A.-C. Habbard souligne l'importance de cette thématique du don, dans la multiplicité de ses dimensions existentielles, qui fait de Kierkegaard un penseur de l'intersubjectivité. Jérôme Laurent, dans son article consacré à Lucrèce, part d'une tension propre à l'épicurisme : d'un côté, la poésie est condamnée par Epicure, de l'autre, elle est pratiquée par son disciple latin. Suivant ce fil conducteur, c'est le rapport complexe de la philosophie de Lucrèce avec celle de Platon qui est interrogé : le statut de l'étonnement et de l'amour sont au cœur de cette confrontation. Dans son étude sur l'Ethique à Nicomaque, M.-H. Gauthier-Muzellec montre à la fois une hésitation d'Aristote entre deux voies concurrentes pour penser l'action humaine et la manière dont la considération du plaisir et du jeu peut éclairer cette alternative. Qu'arriverait-il, se demande Platon, si les sentiments humains n'avaient entre eux rien de commun, s'il n'y avait pas, pour l'homme une communauté de " ressentir " ? C'est cet effondrement de toute communauté humaine, y compris celle - minimale - d'un " ressentir-avec ", qui constitue l'un des aspects du système concentrationnaire. M. Revault d'Allonnes en interroge, à partir d'Aristote et Spinoza, les conditions de possibilité. Philosophie avait fait paraître, dans son numéro 56, un article de Michel Fichant proposant une interprétation à nouveaux frais de la conception kantienne de l'espace dans " l'esthétique transcendantale ". Béatrice Longuenesse a souhaité pouvoir répondre à certaines objections formulées à l'encontre de son interprétation, dans son livre Kant et le pouvoir de juger. Nous publions ici ce droit de réponse.

12/1998

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Théâtre

L'Amateur de théâtre

L'expérimentation a été la constante de la création dramatique de Jean Tardieu. Chaque " essai " apportait sa pierre à la construction d'un instrument neuf où il estimait retrouver la racine même de l'art théâtral. Les commentaires dont il ne manquait pas de les accompagner, notes, préfaces, à-propos, les reprises de son argumentation, les nuances de forme qu'il leur prêtait soulignent son souci d'en éclairer, d'en préciser le sens, et d'abord auprès des " amis-censeurs, écrivait-il, les quelques-uns dont l'opinion importe seule pour moi ". Il avait besoin d'obtenir leur adhésion et ressentait la difficulté de voir justement comprise son " entreprise ". Dans ses " Cahiers de jeunesse ", de seize à vingt ans, apparaissaient aussitôt la préoccupation et la volonté de rompre avec la " convention figurative et académique " du siècle et d'ouvrir des pistes. Il dénonçait le manque de vérité théâtrale qui avait choqué son esprit d'enfant spectateur devant les décors de carton-pâte du Châtelet. Lui, si ouvert aux novations contemporaines de la peinture et de la musique, était frappé par le retard de l'art dramatique sur les autres arts, " l'espèce de banalité, de faux réalisme, de formalisme académique de la comédie moderne ". La pratique quotidienne de la critique à partir de 1944, la fréquentation, d'un soir à l'autre, des salles parisiennes de boulevard accusèrent ce sentiment. Sans doute discernait-il le moyen d'échapper à toute esthétique réaliste, comme, plus tard, dans ses " essais " ou " gammes ", il partirait d'un " objet, emprunté à l'arsenal des "effets " de théâtre, " en laissant toujours entrevoir autre chose, à travers les actes et les paroles en apparence les plus naturels ". Suggérer la pensée secrète sous les discours de circonstance, établir des niveaux différents de réalité, jouer de la double perspective du cauchemar et de ce qu'il peut refléter de l'état de veille, le rendre sensible par des déformations vocales et insolites du langage, par le choix de mots courts et de monosyllabes. Autant d'esquisses d'une dramaturgie un quart de siècle avant de lui donner forme en scène.

09/2003

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Littérature française

Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix

La Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paixest écrite durant l'été 1938, entre le début juillet et la mi-août. Jean Giono la rédige dans une atmosphère de bouleversement. En pacifiste convaincu il sait que depuis l'Anschluss les Français se préparent de plus en plus à la guerre et sont prêts à la faire. Son intention n'en est que renforcée ? : "? Continuer à combattre, écrit-il le 16 mars dans son journal, contre le militarisme et forcément commencer par lutter contre celui de ma patrie. ? " Or abattre la guerre, c'est abattre l'Etat, quel qu'il soit. Le Giono des premiers écrits, le romancier décrivant un monde paysan accordé aux grands rythmes élémentaires, somme toute assez inoffensif, laisse place au penseur engagé, politiquement incorrect. La lutte que le "? pacifiste-anarchiste ? " engage ici, aux côtés des paysans du monde entier, contre la guerre et contre l'Etat est une lutte perdue d'avance. La guerre et l'Etat, tant totalitaire que démocratique, passeront par là. Et pourtant en parlant aux paysans, Giono sait qu'il parle de choses humaines valables pour tous. Il sait que son message portera loin, et ce faisant qu'il saura à sa manière rendre compte de l'évidence ? : "? tous les peuples du monde sont prisonniers ? " . Paysans et non-paysans partagent, malgré eux, la même communauté de destin. Celui d'un monde aux prises avec le culte de la vitesse, de la technique et du progrès, dont le propre est, petit à petit, d'éliminer le naturel au profit de l'artificiel. Un monde qui aujourd'hui voit plusieurs centaines de millions de paysans souffrir de la faim. Cet éloge de la pauvreté et de la paix nous force à nous retourner sur la figure du paysan, mais aussi à questionner une société occidentale se donnant en modèle et refusant de fait toute contestation. Recevoir cette lettre et la lire c'est un peu devenir paysan soi-même, c'est regagner le droit d'être libre et autonome. Extrait de la préface rédigée par Alexandre Chollier

05/2013

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Histoire et Philosophiesophie

Les raisons de la fiction. Les philosophes et les mathématiques

Ce livre marque le bilan de plus de deux décennies de recherches effectuées au croisement de divers secteurs des mathématiques, des philosophies anglo-saxonnes modernes et contemporaines, et de la psychanalyse ; il est sous-tendu par une enquête plus générale sur la possibilité de construire aujourd'hui une théorie des fictions en accordant à cette dernière la valeur fondatrice qu'un grand nombre de philosophies paraissent avoir perdue (à commencer par le kantisme et la phénoménologie). Plusieurs fils sont entrelacés. Le premier consiste en une approche résolument " empiriste " des mathématiques ; cette conception, qui vise à secouer le joug d'une attitude a prioriste, pour ne pas dire innéiste, très généralement et spontanément adoptée en la matière, aboutit à accorder un rôle essentiel à la notion de fiction. Cette carte " fictionaliste ", avancée par Aristote et rénovée plus récemment par l'utilitarisme, semble ne jamais avoir été jouée comme il convenait ; en raison des échecs relatifs des diverses philosophies des mathématiques qui se sont disputé le terrain jusqu'à ce jour, il est tenté ici de relever cet héritage, fascinant mais délaissé. Le deuxième fil conducteur de l'ouvrage est celui d'un " psychologisme " délibéré et avoué : il s'agit d'ouvrir sur les aspects affectifs, dynamiques et économiques qui sous-tendent les efforts logiques et démonstratifs des mathématiciens. Ces recherches, quand elles sont esquissées, paraissent encore " échapper " au philosophe, au penseur, au psychologue même, quand ils ne les dénoncent pas par principe. Il est temps d'attirer l'attention sur le travail particulier des schèmes à l'œuvre en toute démonstration. Le troisième fil met l'accent sur un certain type de pensée technique, qui mène son chemin aveuglément et symboliquement ; mais non pas sans pensée. Valéry disait : " Il n'y a de science que des actes. Tout le reste est littérature ". Le présent livre, variation sur la pensée active des mathématiques, n'en néglige pas pour autant " le reste ", puisque la théorie des fictions proposée ne sépare les concepts ni de ce qu'il est convenu d'appeler, fallacieusement d'ailleurs, le " contexte ", ni des schèmes dont l'auteur a cherché à établir qu'ils sont communs aux mathématiques et à la littérature.

09/2004

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Religion

Le Père Liégé (1921-1979). Un itinéraire théologique au milieu du XXe siècle

" Le Père Liégé écoutait avec beaucoup de courtoisie. Ses yeux brillaient avec une certaine malice sous les cheveux roux, derrière les lunettes de l'intellectuel. Il ne refusait, dans les discussions passionnées de cette époque, aucune hypothèse. II y avait toujours un moment où nous butions sur la solidité, chez lui, de la foi en la transcendance, en la Parole et en l'Eglise. Nous avions l'impression d'une solidité doctrinale qui, jointe à un grand savoir, à l'amitié humaine et au sens de la liberté de la recherche, composait un mélange très séduisant. " Ainsi s'exprimait Georges Hourdin. Le professeur Gérard Reynal s'attache à faire découvrir la personnalité remarquable que fut le Père Liégé : ce dominicain fut formé aux facultés théologiques du Saulchoir, à l'école des Pères Chenu et Congar qui furent ses maîtres. C'est en 1946, dès la fin de la guerre, qu'à son tour il commença son enseignement théologique. Mais comment est-il devenu ce penseur dont la théologie originale marquera des générations ? Pour tenter de le comprendre, il faut le suivre dans ses réactions et réflexions face aux événements. Cela va du " renouveau " d'après-guerre jusqu'au concile Vatican Il et à sa postérité, en passant par la création de la revue Parole et Mission et la fondation de l'ISPC à l'Institut catholique de Paris. En effet, le Père Liégé s'est très vite engagé dans des débats qui marquent le surgissement d'une nouvelle manière de comprendre l'Eglise, son rapport au monde et son souci missionnaire. Dans le même temps, son expérience éducative auprès des jeunes " Routiers " a confirmé sa vocation apostolique et fait surgir une personnalité hors du commun qui fera preuve de clair-voyance autant que de courage dans ses engagements - par exemple face aux " événements " d'Algérie. Sa réflexion au sein de l'équipe de Parole et Mission, animée par Antonin-Marcel Henry, o.p., puis son enseignement à l'Institut supérieur catéchétique fondé avec François Coudreau, p.s.s., confirmeront et préciseront la vocation théologique de P-A. Liégé qui commence à élaborer les principes de base de ce qui deviendra sa théologie pastorale. A travers l'histoire passionnante de ce religieux, c'est une belle et riche page de l'histoire de l'Eglise au XXe siècle que Gérard Reynal fait revivre.

10/2010

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Actualité et médias

Steve Bannon. L'homme qui voulait le chaos

Le Brexit, l'élection de Trump puis celle de Bolsonaro, le piratage massif de nos données personnelles par Cambridge Analytica, l'essor des climatosceptiques, la montée des extrêmes en Europe, la généralisation de la défiance et le goût pour l'apocalypse... Derrière tous ces fléaux, un homme, peu connu du grand public, semble tirer les ficelles : Steve Bannon. Craint ou adulé, ce personnage ne laisse personne indifférent. Né dans une famille irlandaise modeste, catholique et démocrate, au coeur de la banlieue américaine, Bannon devient banquier chez Goldman Sachs puis producteur à Hollywood - où son talent et son énergie lui permettent d'amasser une fortune considérable... qu'il va choisir de mettre au service de la droite dure. En 2012, il prend la tête de Breitbart News, le site de la nouvelle droite radicale qui ne recule devant rien - ni racolage ni fake news - pour marquer les esprits et manipuler les foules. Une expérience et un pouvoir d'influence qu'il mettra au service de Donald Trump. Une fois élu, Bannon devient son stratège, son âme damnée. Pour lui, il théorise l'affrontement avec la Chine et lance l'alerte contre les risques de sa 5G. Evincé de la Maison Blanche, il se rabat sur l'Europe. Son "Mouvement" ambitionne de fédérer tous les courants nationalistes d'extrême droite... Il sévit jusqu'en France, où il conseille le Front National et rêve d'instrumentaliser les Gilets jaunes. Il n'a pas vu venir la crise du coronavirus, mais croit au Chaos et à ses bienfaits en 2020. Cette enquête haletante, menée sur plusieurs continents, nous révèle bien des aspects cachés du destin de cet homme. Partout, il apparaît comme l'idéologue par qui le populisme advient. Quels sont ses réseaux ? Comment parvient-il à manipuler l'opinion ? Est-il un aventurier opportuniste ou un penseur intraitable ? En route à ses côtés, on croise des vendeurs d'armes et des catholiques radicaux, des souverainistes et des ultralibéraux, des informaticiens qui surveillent et des ouvriers qui perdent leur boulot, des idéalistes et des apocalyptiques. Pour parvenir à ses fins, Bannon semble prêt à tout. Mais que veut-il vraiment ? Fiammetta Venner nous offre ici le livre qui nous manquait : toute époque a son roi secret, le voici mis à nu

09/2020

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Philosophie

Jacques Derrida et la loi du possible

Ces pages visent à comprendre et à présenter la pensée de Derrida comme une œuvre de pensée. La moindre connaissance de quelques écrits du philosophe permet de saisir dans cette déclaration d'intention de lecture de Derrida l'écho de l'intention même de la lecture des textes les plus disparates du panorama philosophico-littéraire que Derrida conduit avec une admirable patience. Lire une pensée comme une pensée à l'œuvre, c'est l'interroger dans son excès sur la signification de son vouloir-dire, dans son excès sur ce qu'elle affirme vouloir dire. L'écrit en tant que tel, et en particulier l'écrit philosophique, possède une dynamique propre, qui diffère de l'intention de celui qui écrit, de l'intention qui vit de l'espoir de pouvoir se présenter sans équivoque, de manière claire et compréhensible par tous et toujours. Nécessairement située dans l'espace qui sépare l'écrit de ce qui n'est pas écrit, toute tentative d'une expression nouvelle est en effet liée à la nécessité d'investir et de revêtir des formes anciennes pour présenter ce qui est inédit elle est liée (ce qui veut dire aussi qu'elle en est prisonnière) à la nécessité de l'impossible création. Comprendre une pensée comme une œuvre, c'est savoir que ce qu'il y a en elle de plus intéressant n'est pas toujours l'hypothèse dont elle part, la manière dont elle procède et les conclusions sur lesquelles elle débouche ; c'est savoir qu'à côté des thèses et des contradictions, il y a aussi des présupposés, des accents, des digressions, des suspens, des lacunes, des non-dits, des choix et des sympathies, des espoirs et des tensions. La pensée n'est à l'œuvre. que parce que, se développant dans le contexte de ses conditions de possibilité, elle travaille avec elles dans un effort patient et continu de négociation et de réflexion, que l'on pourrait précisément appeler réflexion. L'œuvre d'un penseur est sa pensée à l'œuvre et une pensée est à l'œuvre même quand elle ne peut pas dire ce qu'elle voudrait dire, quand elle dit ce qu'elle ne voudrait pas dire, quand elle essaie de dire ce qu'elle ne parvient pas à dire, quand elle redit ce qu'elle vient apparemment de dire, et enfin quand elle nomme ce qui ne peut avoir de nom.

04/1994

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Religion

Cette lumière en nous. La vraie méditation

Krishnamurti (1895-1986) a été un penseur à contre-courant des idées reçues de son époque. Dès 1929, il a débuté une longue existence de prises de parole publiques à travers le monde qui, au-delà de sa disparition, continuent par l'écrit de fédérer une foule attentive. Sa bataille ? Réfléchir à la manière dont l'homme peut accéder à la vérité de la vie en se libérant de ses entraves ; l'accumulation de l'instruction, de la mémoire, des traditions et systèmes de pensée. Krishnamurti ne livre en aucun cas de remède. La marche vers la liberté et la découverte de soi aboutira par chacun, et en chacun. Car pour comprendre le réel, encore faut-il prendre connaissance de soi. Et pour se connaître soi-même, la première étape vers la libération consiste à fuir le carcan du conditionnement. Et laisser jaillir l'état créatif. C'est cette délivrance de l'esprit statique, du connu, qui offrira à chaque homme l'accès au rang d'architecte d'une société nouvelle.Ce livre paraît à l'aube du troisième millénaire. Face à un tournant, il est de coutume d'imposer un bilan. Guerres, corruptions, misère : il est pour partie désastreux. Ne succombons cependant pas à la tentation de nous tourner vers ces instances supérieures que sont la politique, la religion et, pourquoi pas, la psychanalyse, en espérant trouver refuge dans une panoplie de solutions caduques.Cet ouvrage suggère à celui qui mobilise son attention pour en parcourir ses pages de mourir à ce qu'il connaît trop bien, aux dogmes, aux entraves de l'éducation reçue, aux habitudes de pensée. Faire table rase de l'acquis. Comment ? Surtout pas en copiant l'ermite, en adoptant la position du lotus, en répétant des mantras. Ça n'est pas la méditation. La méditation, c'est l'attention pure, le silence de l'esprit, l'abolition des intermédiaires tel le langage, avec lesquels l'individu cohabite depuis la nuit des temps dans le plus grand des chaos. La méditation, c'est la recherche du tout et l'abandon du fragmentaire. "Il faut être à soi-même sa propre lumière" ou, selon l'enseignement de J. Krishnamurti, n'obéissez pas, ne suivez pas, le remède, allez le débusquer en vous-même.

06/2014

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Mathématiques

Utilisation du calcul tensoriel dans les géométries riemanniennes. Cours et exercices corrigés, 2e édition revue et augmentée

Le passage de la "géométrie unique et universelle" (compilée par Euclide trois siècles av. J.-C.) à des géométries différentes mais tout aussi logiques, s'est fait sur un plan théorique notamment grâce aux travaux de Lobatchevski, Bolyaï, et Riemann, au XIXe siècle. Ces chercheurs ne se doutaient pas que leur "construction de l'esprit" deviendrait un des outils de la révolution que la physique allait connaître un quart de siècle plus tard, notamment avec Einstein et la relativité générale. Ces nouvelles géométries "bizarres", maintenant qualifiées de riemanniennes, entraient dans le domaine pratique et devenaient indispensables à l'étude cosmologique, puisque la géométrie euclidienne apparaissait comme une approximation locale non valable à l'échelle de l'Univers. Mais les géométries riemanniennes trouvent aussi des applications dans des domaines plus "terre-à-terre" comme l'optique des milieux continus, ou l'étude des surfaces courbes en ingéniérie mécanique. Malheureusement, faute de temps et de place dans les programmes d'enseignement de la physique, leur étude est souvent escamotée, et les étudiants de ces disciplines doivent se contenter d'un "digest" de recettes à admettre, portant sur les notions fondamentales de courbure, de géodésiques et autres, lesquelles restent souvent bien floues dans les esprits. Le présent livre se propose alors de faire découvrir les particularités de ces géométries inhabituelles, à petites doses, de façon progressive, en essayant d'en faire apparaître le pourquoi, et en prenant garde aux généralisations trop hâtives, "allant de soi", mais débouchant parfois sur des idées fausses. Un petit voyage est prévu, à ce propos, dans la fameuse "cinquième dimension". Même si ces géométries sont nées sans faire appel à la notion de tenseur, le formalisme tensoriel s'est rapidement imposé comme outil particulièrement élégant et efficace au cours de leur développement. Il faut toutefois se rappeler que cette efficacité est en grande partie liée à l'ingéniosité d'un système de notation des indices, lié à leur variance (notation d'Einstein), dont l'usage n'est malheureusement pas encore partout entré dans les moeurs. Bien entendu, il en est fait systématiquement usage dans ce livre. Et la maîtrise d'un outil s'acquérant essentiellement par la pratique, des exercices, implicitement ou explicitement orientés vers les applications citées plus haut, ont été prévus à cet effet.

10/2019

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Correspondance

Correspondance (Tome I). L’amour et l’exil. Introduction générale. Lettres I-IV

La correspondance de Dante couvre ses années d'exil (1302-1321), qui le virent batailler contre les Florentins, soutenir l'aventure d'Henri VII, exiger le retour des papes à Rome et écrire la Comédie. Les treize lettres subsistantes ont été écrites dans un latin raffiné, rythmé et métaphorique. Dans les lettres I-IV (1304-1309), Dante, homme de parti, proche des débuts de son exil, négocie le retour de Guelfes Blancs à Florence et chante la mort d'un protecteur tout en dissertant avec Cino da Pistoia et Moroello Malaspina sur la nature de l'amour. Les lettres V-VII (1311), sont portées par un souffle messianique. La venue d'Henri VII de Luxembourg est accueillie par le penseur de la Monarchie comme l'aube d'une ère nouvelle. Les Italiens sont invités à se tourner vers l'astre impérial, Florence maudite et vouée à la défaite, le souverain critiqué pour ses lenteurs. Dans les lettres VIII-X, un Dante au féminin se fait le secrétaire d'une comtesse s'adressant à la reine des Romains. Les lettres XII-XIII reflètent les pensées de la vieillesse. Dante y refuse un retour d'exil au prix d'une compromission, y stigmatise les errances de l'Eglise, y offre la Comédie achevée au seigneur de Vérone. Cette nouvelle édition en trois tomes propose à la fois une version nouvelle du texte des Lettres, une traduction et un commentaire qui guide le lecteur dans la pensée et le style du poète. Elles révèlent un Dante méconnu, brillant de son génie, mais enraciné dans la culture de son temps. Ce premier volume de la correspondance de Dante Alighieri comprend trois parties. Une introduction générale fait le point sur les connaissances concernant les Lettres, suggérant leur place dans la vie de Dante et dans l'histoire de la rhétorique épistolaire. Elle détaille leur tradition manuscrite, leurs procédés de rédaction, leur rapport avec l'art rhétorique du XIIIe siècle, comme avec les tendances de l'humanisme naissant. L'édition-traduction (présentant une nouvelle version des textes) et le commentaire analysent ensuite les quatre lettres correspondant aux premières années d'exil de Dante (1302-1309). Les lettres I-II concernent le politicien, membre de la faction des Blancs florentins. Les lettres III et IV nous transportent dans l'atmosphère onirique d'une méditation sur l'amour.

02/2022

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Philosophie du droit

Mélanges en l'honneur du professeur Bertrand Mathieu. Pouvoir et contre-pouvoirs

Les Mélanges Pouvoir et contre-pouvoirs sont réalisés en l'honneur de Bertrand Mathieu, professeur à l'Ecole de droit de la Sorbonne - Université Paris 1. Agrégé de droit public en 1988 après une thèse consacrée aux validations législatives, le professeur Mathieu a enseigné à l'Institut d'études politiques de Lyon puis à l'Université de Bourgogne avant de rejoindre l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et d'y développer l'essentiel de sa carrière. Celle-ci se caractérise tant par la diversité des fonctions qu'il a exercées que par la richesse et la variété des thèmes de recherche qu'il a explorés, ceux-ci et celles-là s'alimentant mutuellement. Profondément universitaire, Bertrand Mathieu a toujours eu le souci de la transmission, d'une part en formant ses étudiants et en accompagnant ses doctorants, d'autre part en valorisant ses compétences au service de la société - il a ainsi présidé l'Association française de droit constitutionnel, il a siégé dans deux comités de réflexion sur la révision des institutions (la Commission Avril et le Comité Balladur), il a été membre du Conseil supérieur de la magistrature puis conseiller d'Etat en service extraordinaire, il est encore aujourd'hui membre de la Commission de Venise du Conseil de l'Europe. Ses thèmes de recherche, au coeur des confluences du droit constitutionnel et du droit administratif mais aussi du droit public et du droit privé, ont porté sur des sujets classiques (l'Etat, la démocratie, le pouvoir, les contre-pouvoirs, la liberté) qu'il a renouvelés par une approche personnelle et souvent avant-gardiste, inscrite dans les enjeux des évolutions contemporaines. Mais le professeur Mathieu est aussi reconnu pour avoir investi des questions nouvelles d'une grande profondeur, comme celles relatives à la bioéthique, qu'il a enrichies de son analyse de juriste rigoureux et de son regard d'humaniste. Le professeur Mathieu est ainsi un penseur émancipé des frontières du droit comme des classifications académiques, un universitaire engagé auprès de ses étudiants, de ses collègues et des différentes institutions qu'il a servies, un juriste libre et précurseur. La diversité des contributions au sein des Mélanges qui lui sont offerts témoigne de son rayonnement et du caractère stimulant de ses réflexions, que ses pairs, élèves et amis ont entrepris de prolonger pour lui rendre hommage.

12/2023

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Droit

Repenser le Droit public

Les nombreux bouleversements qu'ont connu, depuis la fin de la Première Guerre mondiale, les fondements traditionnels de ce qu'on appelle aujourd'hui tantôt droit public, tantôt droit administratif, tantôt les deux en même temps, conduisent tout penseur de la discipline juridique, telle qu'elle est conçue et aménagée en France, à repenser ce droit qui n'est en réalité qu'un seul et un tout indivisible, le droit public ou publico-administratif. Cette pensée ou repensée du droit public revient en permanence dans le visage du juriste (publiciste) à chaque fois qu'il est frappé d'un nouveau coup de boule, soit sous l'effet du droit posé ou droit positif - celui issu en général de la loi -, soit sous l'effet de la jurisprudence administrative, venant tant du Conseil d'Etat que du Tribunal des conflits, laquelle jurisprudence essaie, tant bien que mal, soit de lutter contre, soit de s'adapter, là encore tant bien que mal, aux différentes vagues de bouleversements. Dans la mesure où les juristes et penseurs du droit public ne semblent pas réaliser ou ne veulent tout simplement pas voir ou admettre la vraie source du tourment permanent que connaît ce droit, cet ouvrage se permet, modestement, de donner pour objectif de repenser les fondements de ce droit à partir des éléments-exemples ou éléments-postulats déjà posés par ses penseurs classiques, pour ne pas dire conservatistes. En effet, il semble que, et cela a déjà été démontré à plusieurs reprises, notamment par Bertrand Seiller, les théories des deux écoles dites de la puissance publique, d'une part, et du service public, d'autre part, si elles nous sont toujours utiles comme point de départ de la pensée du droit public, sont largement dépassées par les bouleversements qui ne cessent de frapper ce droit. Ces bouleversements ont pour origine le droit privé ou, plus exactement, l'intrusion du droit privé dans la sphère du droit public, qu'on croyait pourtant bien solide. Les penseurs du droit public ont bien sûr reconnu que le problème du droit public c'est le droit privé. Mais ils ne l'abordent pas sous cet angle-là. Cet ouvrage va ainsi essayer de l'appréhender. C'est-à-dire démontrer que le droit public est un droit à la merci du droit privé.

03/2013

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Pléiades

Oeuvres romanesques complètes

« Mes censeurs me reprochent du brio, et mes approbateurs craignent que ce brio ne me nuise » : Cocteau était lucide sur la manière dont on percevait son ouvre romanesque. Au reste, les six romans publiés entre 1919 et 1940 forment-ils une ouvre, avec ce que ce terme suppose de cohérence ? On s'est plu à insister sur leur brièveté, sur la discontinuité des épisodes, sur la désinvolture de l'auteur à l'égard des détails censés donner au récit l'épaisseur du vécu et entraîner l'adhésion du lecteur. En somme, on a utilisé les critères d'évaluation du roman traditionnel pour estimer la valeur d'une ouvre (car cette édition le montre bien, c'en est une) qui est d'une autre nature. Elle s'écrit dans un temps où les formes romanesques classiques sont contestées. Contre le roman, les surréalistes utilisent l'artillerie lourde : tir de barrage, puis de destruction. Les armes de Cocteau sont plus subtiles. Souvent, il paraît jouer le jeu du roman, mais il en modifie les règles. Le but n'est plus de donner aux personnages une illusion de vie. La manière prend le pas sur la matière, l'écriture sur l'histoire, la cohérence poétique sur la logique narrative. Cocteau range son ouvre romanesque sous l'intitulé « poésie de roman ». « Nos maîtres cachèrent l'objet sous la poésie. [.] Notre rôle sera dorénavant de cacher la poésie sous l'objet. » Conséquence : il faut aller au fond des choses pour percevoir l'unité indéniable de l'ouvre. « Des critiques ont consacré d'aimables études au Potomak, sans voir son noyau. Noyau amer, à partir de quoi, jusqu'à sa surface, le livre se trouve fait par couches. » Dans la quête nécessaire du centre de gravité des romans, la poésie des images peut servir de guide. « Images » : réseaux de métaphores, mais aussi suites d'illustrations. Jamais Cocteau ne dissociera sa poésie de roman de la poésie parallèle des dessins. C'est d'un album que naît l'étrange Potomak, et les textes suivants seront presque tous accompagnés d'images. Non par souci d'ornement : les dessins font partie des livres. Et lorsqu'ils apparaissent « hors texte », ils proposent une relecture de l'ouvre par son auteur, et permettent, à qui sait voir, d'en discerner le « noyau ». Aussi ce volume leur fait-il une large place.

05/2006

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Musique, danse

ECRITS. Tome 2, Contrepoint à la ligne

Glenn Gould est à mon avis la personnalité la plus importante du monde musical actuel, non seulement en tant que pianiste, mais en tant que penseur du phénomène musical: compositeur, écrivain, sociologue, théoricien et prophète de nouveaux modes de communication, moraliste enfin. Aussi mon premier souci après sa mort, en octobre 1982, a-t-il été de mettre à la disposition du public français la totalité de ses écrits. Ce livre et celui qui l'a précédé - Le dernier puritain - contiennent à quelques très rares exceptions près, l'ensemble de la littérature gouldienne. Je me suis en effet efforcé d'y inclure tous les textes écrits à une époque ou une autre par Gould, quelle que soit leur destination (pochettes de disques, journaux ou périodiques, conférences). Mais je me suis aperçu en outre que dans certains cas il était possible d'y adjoindre quelques textes de scénarios radiophoniques, de films ou de télévision, à condition de les adapter aux nécessités de l'écrit, et parfois même de les monter par inserts à l'intérieur de textes déjà existants, auxquels ils pouvaient apporter un nouvel éclairage ou une nouvelle substance. Inutile de préciser que, ce faisant, j'ai eu le sentiment de me prêter à une procédure d'une nature foncièrement gouldienne, qui ma permis de recréer, à quelques années de distance, l'exaltation de ce que furent nos séances de travail en commun, et qui était également la seule méthode permettant d'offrir au lecteur le panorama le plus vaste possible de la pensée de Gould. Dans ce deuxième volume, j'ai choisi de regrouper ses écrits en six parties, consacrées à Bach, à Schoenberg, à ses essais critiques, à ses oeuvres personnelles tant musicales que radiophoniques, à ses analyses et à ses réflexions, dont un passionnant développement sur la musique en Union soviétique , parties que j'ai entrecoupées "d'interludes" morceaux pleins de fantaisie où Gould, avec le saisissant mélange de sérieux et d'humour qui le caractérise traite de l'esprit de compétition, des applaudissements au concert, de la musique d'avant-garde ou de la critique en général. J'ai pensé heureux de conclure ces deux tomes en musique, en publiant pour la première fois en France la partition intégrale de So you want to write a fugue, cette fugue fameuse écrite par Gould (paroles et musique) pour une émission de télévision, et largement diffusée ensuite par le disque.

11/1992

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Sciences politiques

Charles Nodier. Le politique masqué

Bibliophile exceptionnel, polygraphe, précurseur du romantisme, l'écrivain Charles Nodier (1780-1844) a publié à la fois des romans, des contes, des récits, des allégories et des articles pleins d'ironie. Il lui arrivait de ne pas signer ses livres, de prendre des pseudonymes et de multiplier les masques au point que s'impose assez vite la question de son rapport aux divers régimes politiques qui, depuis la Révolution jusqu'à la Monarchie de Juillet, ont constitué le temps historique dans lequel il écrivait. L'hypothèse d'Anne Kupiec est d'emblée politique : Nodier a éprouvé d'une manière suraiguë le moment révolutionnaire, en dépit du fait qu'il l'a vécu en étant encore un enfant. Le fil conducteur politique qui ouvre la lecture de l'oeuvre se confronte alors à des difficultés irréductibles, celle des formes changeantes de l'expression littéraire de Nodier, celle des masques multiples de l'écrivain et, enfin, celle d'une ambiguïté des positions politiques. En effet, Nodier fait à la fois l'éloge de Bonald et de Saint-Simon, de Madame de Staël et de Babeuf ou de Buonarroti, il critique le despotisme de l'Empire et se trouve déçu par la Monarchie de Juillet. L'analyse doit ainsi s'élever à la saisie du sens profond de l'ambiguïté, après en avoir traversé toutes les formes et toutes les variations. Ainsi s'éclaire peu à peu la nature d'un scepticisme politique qui doute de tout sans renoncer à rien, qui use des formes multiples de l'écriture pour éveiller son lecteur à l'interrogation, sinon à la critique, du présent et des éléments de positivité de ce présent. La pensée politique fait le détour du fantastique, du rêve animalier, de l'éloge paradoxal, de la "monomanie réflective" , de la fiction pour conjurer le désenchantement et ménager des perspectives d'écart, de recul, d'exil par rapport aux déceptions que la période post-révolutionnaire a suscitées. De manière étonnante Nodier est celui qui, en 1835, au moment de l'édition du Discours de la servitude volontaire par Lamennais, propose d'éditer les oeuvres complètes de La Boétie. Cette proposition est d'autant plus significative que Nodier a été l'éditeur des Institutions républicaines de Saint-Just... Le penseur politique n'est pas démasqué, mais son masque d'écritures découvre ses vrais enjeux.

10/2018

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Compositeurs

Pierre Boulez sur incises

Pierre Boulez (1925-2016) a été l'une des figures majeures et l'une des plus actives de la musique après la Deuxième Guerre Mondiale. Compositeur et chef d'orchestre mondialement reconnu, fondateur de l'IRCAM et de l'Ensemble Intercontemporain en 1976, il fut aussi un penseur de la musique. sur Incises est l'une des dernières oeuvres de Boulez, l'apothéose de sa trajectoire créatrice. Ecrite entre 1996 et 1998, elle regroupe un instrumentarium original composé de trois pianos, trois harpes et trois percussions. Ce qui frappe dans cette oeuvre jubilatoire, outre sa sonorité si particulière, c'est son caractère rituel, emprunté aux musiques extra-européennes, et en l'occurrence ici, aux musiques de Centre-Afrique. La forme se déploie librement, en alternant les passages en temps mesuré, très rythmiques et très vifs, et en temps non mesuré, en forme d'improvisation avec des sonorités résonantes. La virtuosité d'écriture exige une extrême virtuosité de la part des instrumentistes, mais aussi un sens aigu de l'écoute pour équilibrer des timbres si différents. Le livre de Peter O'Hagan conduit le lecteur dans un double labyrinthe : celui de la forme et de la structuration de l'oeuvre, au fil d'une véritable enquête qui rend sa lecture passionnante. Mêlant des considérations plus générales à une approche analytique précise, l'ouvrage dévoile aussi bien l'organisation de la pièce que son contexte et montre, de façon lumineuse, les processus de composition de Boulez. L'auteur nous fait découvrir toutes les dimensions de cette pièce majeure, ainsi que ses significations multiples, tout en tissant de nombreux liens avec ses oeuvres antérieures et en faisant apparaître les principes compositionnels de Boulez. On découvre aussi le rapport essentiel du compositeur aux musiques africaines ou asiatiques, qu'il étudia en profondeur, et à des oeuvres modernes comme les Noces de Stravinsky ou la Sonate pour deux pianos et percussion de Bartók, dont la sonorité et l'esprit sont proches de sur Incises. Enfin, le livre relève l'importance de l'expérience électro-acoustique menée par Boulez à l'IRCAM, qui oriente l'écriture instrumentale et libère tout le potentiel résonant des instruments choisis. Beaucoup de documents inédits sont mis à la disposition du lecteur, qui trouvera là un guide idéal pour entrer dans ce chef-d'oeuvre exaltant de la musique moderne.

03/2021

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Sociologie

Le culte de la raison et le culte de l'Etre suprême. (1793-1794)

" On sait qu'en l'an II la France révolutionnaire essaya, sans y réussir, d'abolir la religion chrétienne au moyen du culte de la Raison, puis de la remplacer par le culte de l'Etre suprême. Cette tentative étonna, en l'effrayant, l'Europe d'alors ; mais, comme elle a échoué, on la trouva ensuite plus scandaleuse qu'intéressante, et il a été de bon goût de présenter le culte de la Raison et le culte de l'Etre suprême comme une des plus sottes aberrations du délire révolutionnaire. Des écrivains sont venus qui ont réagi contre ces jugements trop sommaires : les uns ont cru voir dans l'hébertisme antichrétien l'heureuse réalisation de la pensée de l'Encyclopédie ; les autres ont présenté le déisme robes pierriste comme la religion qui convenait alors et qui con- viendrait encore aujourd'hui à notre race. Le plus vrai (si- non le plus exact) des historiens de la Révolution, Michelet, a pensé que ni la sécheresse du culte de la Raison ni la froideur du culte de l'Etre suprême ne convenaient aux fils du XVIIIe siècle, et, dans cette tête pleine de Diderot, dans ce coeur amoureux de la France, s'est formée l'idée d'une religion de la patrie et de l'humanité, religion dont l'esprit, s'il avait prévalu dans la politique des gouvernants, comme il vivait secrètement, selon Michelet, dans l'instinct populaire, eût fécondé la révolution, eût orienté l'âme française dans un sens conforme à son génie et eût peut-être rayonné sur le monde. L'investigation pénétrante d'Edgar Quinet est arrivée à de tout autres résultats. Ce penseur ne s'est point scandalisé de l'impiété de nos pères, et cependant, il n'a pas rêvé le triomphe de la libre pensée. Tout en accusant les révolutionnaires de timidité française, tout en se moquant des hésitations de ces Polyeucte prudents, qui insultaient le dogme et en avaient trop peur pour le détruite ou le changer vrai- ment, Edgar Quinet leur reproche de n'avoir pas demandé au christianisme même la religion des temps nouveaux. Et quelle est la conclusion implicite de tant de railleries éloquentes sur la servitude intellectuelle d'un Hébert ou d'un Robespierre ? C'est qu'il eût fallu se borner à convertir la France de la révolution au protestantisme".

03/2023

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Théâtre - Pièces

Théâtre. 2011-2017

Tristesse et joie dans la vie des girafes Girafe est une petite fille de 9 ans. C'est sa mère qui lui a donné ce nom, car elle est grande. Un peu sur le modèle de Candide, elle va de rencontre en rencontre, en traversant une Lisbonne dévastée par la crise économique. Elle est accompagnée par son ours en peluche suicidaire : Judy Garland. Trois doigts au-dessus du genou Tiago Rodrigues a écrit Trois doigts au-dessous du genou à partir des archives de la censure, particulièrement hostile au théâtre, qui a sévi au Portugal pendant la dictature fasciste (1928-1974). Cette pièce, qui compte des extraits des plus beaux textes du patrimoine mondial, se présente comme une revanche sur l'histoire, un pied-de-nez aux censeurs transformés, malgré eux, en auteurs dramatiques. Entre les lignes Entre les lignes est une pièce courte, un monologue, centré sur le rapport entre un auteur de théâtre et son interprète. C'est le récit d'une expérience ratée, d'une série d'incidents. Un texte que l'acteur aurait dû interpréter seul sur scène, mais dont il a manqué toutes les échéances pour de mystérieuses raisons. L'acteur devient alors le personnage principal de sa propre fiction et part à la recherche de solutions pour réaliser ce spectacle, en s'engouffrant dans une espèce de labyrinthe initiatique aussi fantastique que poétique. Antoine et Cléopâtre A travers leurs corps et leur douce complicité, tout est histoire de projection. Obsédée, minutieuse, Cléopâtre décrit Antoine. Et vice versa. On imagine. Lui plonge à travers elle, il voit le monde par ses yeux. Et vice versa. Sur les murs, à travers des mobiles couleur désert et ciel, leurs ombres prennent corps tandis que le récit se déploie : Rome, l'Egypte, la guerre, l'amour, le déshonneur, la mort bientôt. Bovary Bovary est une adaptation libre du procès intenté à Gustave Flaubert en 1857. Cette pièce fait référence au réquisitoire et à la plaidoirie du jugement, ainsi qu'au roman Madame Bovary et à la correspondance de l'auteur avec Elisa Schlesinger. Iphigénie, Agamemnon, Electre Tiago Rodrigues s'empare de trois tragédies grecques majeures pour en filtrer une interprétation inconnue. Dans cette réécriture du mythe, le dramaturge lisboète se demande quelle pourrait être la destinée d'Iphigénie si les hommes - qui décident de son sort - n'étaient pas soumis à l'autorité des dieux ?

03/2023

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Autres

Lignes N° 70 : Écosophie ou barbarie

Si "barbare" est le nom d'une force envahissante, catastrophique, capable de faire razzia sur tout ce qui se présente sur son passage, alors le déploiement des capacités de production que le capitalisme opère en faisant du profit la règle de ses agissements est barbare. Il l'est parce que, s'étendant, il atteint et occupe le tout du monde, non seulement les espaces et les paysages, mais encore les pensées, le langage, les significations, bref la psychè, qu'elle soit individuelle ou collective. Félix Guattari proposa en son temps de lui opposer non pas exactement une écologie, mais une écosophie. Cette écosophie d'une part élargit la notion d'environnement, d'autre part fait valoir celle de mutation. Tel est encore l'enjeu : non pas se replier sur des formes de vie plus ou moins datées, non pas soutenir l'imaginaire d'une proximité avec une nature plus ou moins mythifiée, mais essayer des agencements. Ces mutations ne sont pas imposantes. Elles sont d'abord des essais mineurs. Pour les repérer et les penser, il faut changer l'échelle du regard et le registre des paroles. Dans les années trente du XXe siècle, un autre penseur, Walter Benjamin, considérant que la catastrophe n'était pas à venir mais déjà là, posait que "la tâche" , comme il disait, n'était pas de sauver un monde paradoxal puisqu'à la fois surabondamment muni, empli de productions de toutes sortes et pour cette raison même consommé et dévasté, oublié même comme monde. Elle impliquait qu'on accepte de faire le vide dans une époque où l'information avait remplacé l'expérience. Ce n'était ni pour aller dans le sens de cet "effroyable déploiement de la technique" qui avait "plongé les hommes dans une pauvreté tout à fait nouvelle" , ni, à l'inverse, pour restaurer ou rétablir un monde dont les conditions n'étaient plus réunies, mais pour faire valoir la décence du peu, "voir partout des chemins" , "déblayer" pour rendre ces chemins accessibles et "se mettre à leur croisée" . Ainsi ne s'agissait-il pas de dresser des murs ni des défenses supplémentaires. De même aujourd'hui, la question n'est pas que nous trouvions des munitions mais des ressources, c'est-à-dire à nouveau des sources, dont, quel que soit leur lieu, nous pourrions nous nourrir à moindres frais et dégâts et comparaître ainsi dans un espace peu à peu libéré de la domination.

02/2023

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Sciences historiques

La Libre Pensée en Haute-Loire (1850-1940). L'anticléricalisme

Avant le XXe siècle, la Libre-Pensée n'est pas un mouvement organisé. La philosophie des Lumières l'encourage, mais ce n'est qu'une idée. Elle se manifeste avec les premiers enterrements civils (1848) et vivra mal le second Empire. Son aurore c'est la République naissante. Elle est républicaine et radicale. En Haute-Loire aussi. En France, de 1900 à 1914, son âge d'or, elle est militante, organisée, à la pointe du combat pour la séparation des Eglises et de l'Etat. Elle est radicale, socialiste, voire libertaire. En Haute-Loire elle est anticléricaliste, "au pays des Inventaires" , comme elle le formulera au Puy-en-Velay en 1909. De 1918 à 1940, elle est moins en vogue, elle cède la place au mouvement social et aux mouvements politiques de gauche. Mais elle fait parler d'elle, en Haute-Loire par la presse. Le régime de Vichy interdira la Libre-Pensée en tant que mouvement. Cette recherche, à partir de documents inédits, est parfois teintée d'une histoire de l'anticléricalisme dans un département français où le poids de la religion catholique est plus que prégnant. La Libre-Pensée, est à la fois une philosophie et un mouvement qui veulent promouvoir chez les individus le libre examen. C'est une association laïque et sociale à connotation anticléricale, voire athée. Le libre-penseur croit seulement en son libre arbitre et se refuse à reconnaître Dieu et à s'y soumettre. La Libre-Pensée est aussi intimement mêlée à l'histoire politique, comme l'est à cette époque la franc-maçonnerie. L'ouvrage souligne quelques éléments déterminants dans les actions des libres-penseurs de Haute-Loire au début du vingtième siècle, à savoir les conséquences des débats d'idées entre philosophie et politique, entre question sociale et économie du travail, entre culture de conférences ou de lectures, entre éducation évidemment laïque et progressiste, entre la laïcisation de l'espace et les rites des enterrements civils, la mise à bas des crucifix, le refus des prêtres à l'heure de la mort, et puis une vision élargie de la politique nationale en faveur d'un monde en paix et désarmé tout en pressentant le futur cataclysme de la Guerre. Et puis encore on ne peut passer sans évoquer la caricature. "A bas la calotte ! " faut-il entendre ! La préface est de Jean-François Brun, doyen de la faculté de Sciences Humaines et sociales de l'Université de Saint-Etienne.

04/2015

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Pléiades

Oeuvres

Alliant le classicisme du style et la modernité de la méthode, l'oeuvre de Claude Lévi-Strauss est à la fois pensée du monde, expérience de soi, et expérience sur soi. "Pourquoi et comment devient-on ethnologue ? " "Qu'est-ce qu'un style ? " "Que peut-il y avoir de commun entre un oiseau - l'Engoulevent -, l'art de la poterie, et la jalousie conjugale ? " En quoi la mythologie indienne a-t-elle favorisé la conquête de l'Amérique par l'homme blanc ? ... Questions surprenantes, mais qui sont pourtant à la source des enquêtes menées par Lévi-Strauss. Le ton est donné. Son oeuvre relève à la fois de la science et de la littérature, dirait-on, si de telles catégories pouvaient rendre compte de la singularité de son propos. Mais chez Lévi-Strauss, le cloisonnement n'est pas de mise, et le penseur fait "flèche de tout bois". Ainsi le souvenir d'un tableau de la Renaissance sert-il de point de départ à une théorie de la structuration du sensible. Ainsi peut-on retrouver Totem et tabou dans un mythe jivaro. Ainsi la métaphysique bororo éclaire-t-elle d'un jour nouveau la figure de notre Père Noël. Lévi-Strauss est à la recherche des correspondances, au sens baudelairien du terme, entre l'esprit et sa manifestation matérielle. Il met en scène les affinités qu'il perçoit entre les différents objets, le fil caché qui les relie. L'objet de l'analyse se dérobe ; il ne contient aucun message qui soit immédiatement communicable. Car un objet, mythe ou autre, n'existe pas en soi mais dans le rapport, les correspondances, qu'il entretient avec les autres objets. Passerelles, rapprochements inattendus, résurgences, tels sont les jeux d'esprit auxquels invite la lecture de ces oeuvres, qui ébranlent notre vision du monde. La présente édition réunit sept ouvrages choisis par l'auteur : Tristes tropiques, remémoration des expériences de terrain de la fin des années 1930 qui resurgiront dans toute l'oeuvre à venir ; Le Totémisme aujourd'hui et La Pensée sauvage, charnières entre la réflexion sur la parenté et l'étude des mythes ; La Voie des masques, La Potière jalouse et Histoire de Lynx, les trois "Petites mythologiques" qui, sur le ton de l'énigme, proposent une version accessible de l'analyse structurale ; Regarder écouter lire, enfin, poursuite de la réflexion anthropologique sur le terrain esthétique. Des textes inédits sont proposés en appendice. Au-delà de leur fonction figurative et documentaire, les illustrations, environ deux cents, en noir et blanc et en couleurs, donnent une forme visuelle à la pensée.

05/2008

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Critique

Henri Barbusse. Mémoire du comité de défense des victimes du fascisme

Voici un document exceptionnel pour la vie d'Antonio Gramsci, le Parti Communiste d'Italie, la montée du fascisme dans la Péninsule et les liens réels entre le philosophe révolutionnaire italien et la France : le Mémoire du Comité de défense des victimes du fascisme, signé Henri Barbusse, daté de janvier 1928. Nous comprenons que les communistes et la gauche de France perçoivent très tôt le danger de l'avance fasciste. Il est temps de réaliser une recherche profonde sur les liens entre les intellectuels français et l'uvre de Gramsci. Il y aurait de grandes surprises. La formation gramscienne est en grande partie d'origine française. La critique parle de Gramsci comme d'un marxiste 'à l'italienne'. Il est quoi qu'il en soit l'un des plus grands penseurs du XXe siècle : il se situe dans l'histoire, d'après une philosophie au service de l'homme. Ses idées sur la culture, l'Etat, le socialisme, le rapport entre savoir et pouvoir, la place des intellectuels dans la société, le rôle central de l'éducation et de la presse, le sens de la politique, la lutte contre le transformisme et le césarisme, font de lui un épistémologue pragmatiste. Toute sa pensée est une méthodologie du social. Gramsci est un point de repère que toute sorte de politique devrait voir comme une étoile incontournable. Penseur central du marxisme revisité, militant de l'action révolutionnaire démocratique, philosophe de la réalité de l'histoire, Gramsci met l'Etre au centre de sa pensée. Il faut le relire comme l'un des nôtres, pour mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons. La théorie gramscienne sur les rapports entre société civile et Etat est d'une actualité foudroyante. Gramsci a entrevu la déchéance du communisme soviétique. Pour le comprendre, nous devons "penser de façon gramscienne" , comme dit le sociologue britannique Stuart Hall, pénétrer son projet de transition sociale, mettre au centre l'expérience de chacun de nous. Gramsci serait-il au fond resté socialiste toute sa vie ? Cela le rendrait encore plus actuel et plus moderne. On a souvent caché le véritable Gramsci. Une relecture philologique ouvre des lumières inattendues. Parce que Gramsci parle comme à nous. Pasolini a vu loin : Gramsci "dessine l'idéal qui illumine" , dans une vision nouvelle du rôle des sciences humaines. C'est pourquoi Gramsci est toujours actuel, et universel, de tout temps. Il annonce une gauche moderne, capable de répondre aux grandes questions qui reviennent sous nos yeux. Un d

07/2023