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Caterina Bonvicini Gallimard

Extraits

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Critique littéraire

Correspondance 1920-1957

"Deux amis racontent ce qui les a intrigués, ou amusés, soulignent le détail qui a frappé leur curiosité toujours en éveil". Comme l'écrit Jean-Philippe Segonds : "Ils ne livrent qu'une part d'eux-mêmes, mais combien attachante, toute de spontanéité et de gentillesse. Dans ce plaisir d'écrire, les mots courent librement avec, çà et là, quelque négligence mais, plus d'une fois, un tour admirable, un rare bonheur dans l'expression". Jean-Philippe Segonds a travaillé pendant des années à la mise au point de ce volume, relayé à sa mort par Marc Kopylov. Au fil de trois cent dix lettres, nous voyons naître une amitié entre deux grandes figures de la littérature française. "Peut-on imaginer deux êtres aussi différents de caractère et même parfois de goût ? " demande Michel Déon dans sa préface. "L'un, Paulhan, est bref, il dit tout en trois lignes, se dissimule sous deux lettres, J. P. ou un pseudonyme, ses fonctions l'obligeant, il sait rester ouvert à l'autre, se montre conciliant ou émet des doutes quand il ne se retranche pas derrière les décisions de Gaston Gallimard, l'éditeur parfait. L'autre est un grand bourgeois de province, jamais plus heureux que dans sa propriété de Valbois, impératif malgré son extrême politesse. Trois ans durant, ils se donnent du "monsieur" avant de passer au peu compromettant "cher ami". Paulhan s'amuse, ironise, mais avec délicatesse. Pour la connaissance de l'élaboration de cette oeuvre et de l'immense générosité littéraire de Larbaud, il ne saurait y avoir de plus heureux retour en arrière que cette édition".

12/2010

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Littérature française

Romans et poèmes

Après le théâtre de Jean Genet, la Pléiade propose ses romans et ses poèmes. L'écriture de ces textes se concentre sur une période remarquablement brève : six années, de 1942 à 1948. Découvrant Notre-Dame-des-Fleurs en février 1943, Cocteau s'exclame : "c'est le grand événement de l'époque. Il me révolte, me répugne et m'émerveille". Deux ans plus tard, à la lecture de Pompes funèbres, il y revient : "C'est le génie même. Et d'une liberté si terrible que l'auteur se met hors d'atteinte, assis sur quelque trône du diable dans un ciel vide où les lois humaines ne fonctionnent plus (deviennent comiques)". L'apparition de Genet dans le monde littéraire fait figure de déflagration. Dans son oeuvre se donne à voir "l'envers du monde" : un univers, serti dans une langue où se côtoient le langage le plus ordurier et un pur style classique, dans lequel des hommes chargés de crimes aspirent à une certaine sainteté. La plupart des oeuvres inscrites au sommaire du volume étaient connues par la version qu'en proposent les Ouvres complètes de Genet, qui commencent à paraître chez Gallimard en 1951. Mais le texte de ces volumes avait été révisé, soit par Genet, soit avec son assentiment, de manière à atténuer certains éléments sexuels et politiques. La présente édition revient systématiquement au texte des premières publications clandestines. Ces versions n'étaient jusqu'à présent accessibles au grand public que pour Pompes funèbres et pour Querelle de Brest. Ce volume est donc l'occasion d'une redécouverte, spectaculaire et radicale, des oeuvres romanesques de Genet.

04/2021

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Divers

J'aimerais avoir le temps de dessiner les vaches

Architecte et maman d'un petit Anatole qui a presque 1 an, Charlotte a 36 ans et vit avec Tristan entre le Perche et Paris où elle travaille. Depuis longtemps déjà mais de manière sporadique, Charlotte pratique le genre de la chronique illustrée, de l'autobiographie dessinée. Elle y raconte avec spontanéité son quotidien, ses enthousiasmes, ses déconvenues... Comme pour Simone de Beauvoir qui a toujours eu recours au journal intime dès lors qu'on la condamnait à l'exil ou à chaque nouvelle rupture dans sa vie (Sylvie Le Bon de Beauvoir in Cahiers de jeunesse 1926-1930, Simone de Beauvoir, Gallimard), c'est peut-être l'annonce du Président Macron, le dimanche 15 mars 2020, sur la mise en place d'un confinement général du pays trente-six heures plus tard qui a déclenché chez la jeune femme l'envie, le besoin de démarrer un nouveau carnet. Elle décide alors de garder une trace de cette période étrange en dessinant une nouvelle fois, chaque jour, son quotidien. A travers cette cinquantaine de planches colorées, et au-delà du confinement, Charlotte nous donne à voir, à lire et à rire la vie d'une femme, architecte indépendante et jeune maman. Résolument moderne, Charlotte incarne l'image de la trentenaire d'aujourd'hui : une néo-rurale connectée, sensible aux questions environnementales et dont le rôle de mère et de femme met parfois à l'épreuve ses convictions féministes. Ce roman graphique drôle et léger, teinté d'incertitudes, fera écho au confinement de bon nombre d'entre nous, mais il est surtout un clin d'oeil à la vie des femmes et des mères d'aujourd'hui.

04/2021

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Littérature française

Oeuvres Complètes Tome 1 : L'esprit de Paris. Chroniques parisiennes 1934-1947

Il y a de l'esprit de Paris dans certains dialogues, reparties, scies ou mots historiques. Il y en a sur des chapeaux. Il y en a aussi tout le long de nos quais, dans les petits caboulots, chez les prud'hommes, sur la plate-forme des autobus et dans le métro, dans l'escalier, sur les toits, sous les toits où nichent les philosophes, au milieu des squares, et jusque dans les nuits camouflées de la guerre. L. -P. F. Par ses chroniques parisiennes, nourries d'une vie de noctambulisme et de rencontres, Léon-Paul Fargue n'aura cessé de célébrer sa ville, élaborant une mythologie fondée sur une connaissance érudite et vécue avec intensité. Juxtaposant en un kaléidoscope vibrant d'images le Paris d'autrefois - ses catacombes, ses caboulots, ses music-halls - et celui qui naît sous ses yeux - la féerie des expositions universelles, l'ouverture du Palais de la Découverte mais aussi le temps du couvre-feu et du rationnement -, il dresse le portrait de toute une génération, de la fin du XIXe siècle à l'après-guerre, des salons de Mallarmé et de Rachilde au cercle de La Librairie des Amis du Livre d'Adrienne Monnier. Colette, Crevel, Larbaud, Miomandre, Cendrars... tous se souviendront de ce mémorable piéton et de son verbe étincelant. Riche d'inédits, établi par Barbara Pascarel (Régente du Collège de 'Pataphysique, présidente de la Société des lecteurs de Léon-Paul Fargue et auteur d'un essai sur le cycle Ubu d'Alfred Jarry chez Gallimard), ce volume est la première édition savante du Piéton de Paris et des nombreuses autres chroniques consacrées par Fargue à la capitale.

09/2020

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Biographies

Proust du côté juif

Antoine Compagnon s’est livré - après son cours au Collège de France - à l’approfondissement d’un sujet qui peut paraître marginal et qui s’est révélé d’une richesse intellectuelle et humaine assez extraordinaire. Il s’agit d’un côté de ce que Proust avait de juif dans son milieu familial, et de la traduction du judaïsme dans la Recherche du temps perdu qui a pu faire dire tantôt que Proust était antisémite, tantôt qu’il était un auteur kabbaliste. A travers l’érudition incroyable et la recherche d’archives menée par Antoine Compagnon, c’est tout un milieu qui ressurgit : celui de jeunes sionistes des années 1920 qui lisent Proust, le discutent, le commentent, se l’approprient et s’en servent comme point de référence ou de polémique. C’est le cas de gens très connus comme André Spire et les auteurs de la Revue juive (qui paraissait chez Gallimard sous la direction d’Albert Cohen) ou de la Tribune juive où écrivent des gens bien connus de la maison comme Benjamin Crémieux. Proust a souvent été affublé de la fidélité à un style de rabbin, et ce milieu des premiers lecteurs juifs de Proust est illustré presqu’à chaque page de ses portraits d’hommes - pour nous devenus inconnus -, et de commentateurs comme Albert Thibaudet, Gide, Péguy, Maurois ou encore Barrès. C’est tout un côté de Proust qui prend une dimension à laquelle on ne s’attendait pas pour un livre à paraître au début de l’année commémorant le centenaire de la mort de l’auteur ; 2021 étant déjà le 150e anniversaire de sa naissance.

03/2022

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Critique littéraire

Victoire pour Don Quichotte !

Dans ce livre, Dominique Aubier identifie les références araméennes (Zohar) de Cervantès et les passerelles entre le castillan ancien et l'hébreu. Elle réalise en détail l'étude de la Préface, des Poèmes, de la Dédicace et des premiers chapitres de Don Quichotte, d'après les éditions originales de 1605, 1608 et 1610. Il s'agit de l'exégèse du Quichotte, où l'auteur présente les corrélations existant entre le texte original de Cervantès et l'hébreu (araméen) du Zohar, le célèbre ouvrage du kabbaliste Moïse Shem Tob de Léon qui a servi de référent symboliste à Cervantès. Ce livre est la suite de Don Quichotte prophète d'Israël (éditions Ivréa, dist. Gallimard 2013). C'est l'étude du langage de Cervantès et son décryptage révélant de manière définitive et irréfutable la connexion hébraïque et zoharique du Quichotte. Dominique Aubier a fait là un travail minutieux, scientifique, de linguiste hors pair. Mais surtout, un travail d'initiée dépassant de loin ce que la simple philologie ou sémantique pourraient inspirer. Elle reprend le texte original du Quichotte et ligne après ligne, mot après mot, passant du castillan à la traduction française, elle envoie l'attention du lecteur vers le référentiel hébreu. Une éblouissante performance. Cervantès en personne, par la mémoire transgénérationnelle, lui aurait-il dévoilé ses secrets ? Son texte est construit sur trois niveaux : 1. le texte original de Cervantès ; 2. la traduction ; 3. le renvoi au Zohar et reconduction aux passages de la Torah concernés. En quatrième niveau, il ressort un faisceau d'une puissance remarquable : la rigueur intellectuelle de la recherche est telle que l'esprit du lecteur se trouve subjugué par l'épaisseur tridimensionnelle de l'ouvrage. Cet ouvrage est destiné aux Amis de Don Quichotte.

10/2015

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Critique littéraire

Philippe Delerm et le minimalisme positif

Cet essai s'attache à cerner, au fil d'une analyse aussi fine qu'argumentée, les traits caractéristiques de l'œuvre de Philippe Delerm, auteur dont le succès ne se dément pas depuis la publication de La Première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules (Gallimard, 1997). Cette œuvre se fonde sur un nouvel art de vivre - et d'écrire -, articulé autour du quotidien, dont on peut repérer l'éclosion, en littérature, dans le courant des années 80 ; à cette époque, plusieurs auteurs, sans se connaître les uns les autres, ont entrepris presque simultanément des écritures nouvelles qui, malgré leur indépendance, se retrouvent aujourd'hui, avec le recul de l'exégèse, dans une sensibilité commune. C'est ainsi que l'on rencontre, à la croisée de cette " mouvance " littéraire révélée par le succès de Philippe Delerm, Christian Bobin, Colette Nys-Mazure, ou encore, Eric Holder et Jean Libis : chacun, à sa manière, se nourrit d'un quotidien dont l'écriture ne cesse d'interroger la validité d'une frontière entre le réel et la fiction. Chemin faisant, Rémi Bertrand dégage une certaine parenté qui unit ces œuvres d'inspirations pourtant diverses, et montre comment, par le pouvoir des mots, ces auteurs entreprennent de déployer le réel, révélant l'intensité de chaque instant vécu, dont ils dévoilent des significations nouvelles. Le " minimalisme positif " désigne cette fragmentation du réel et ce que celle-ci implique : une manière spécifique d'être au monde, consacrant le présent comme temps unique et le quotidien comme seul espace d'accomplissement possible. De La Cinquième Saison (1983) à Enregistrements pirates (2003), écriture, éthique et esthétique sont successivement approfondies afin d'éclairer au mieux les processus d'approche du quotidien mis en œuvre par Philippe Delerm et, conjointement, de discerner les contours du minimalisme positif.

01/2005

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Poésie

America suivi de En Orient

Avec Jean-Claude Pirotte et Jean-Pierre Verheggen, William Cliff (né à Gembloux en 1940) est l’un des poètes les plus singuliers de l’actuel champ poétique belge. Usant d’une forme ostensiblement classique, il réussit, par les situations et les thèmes abordés, à créer de parfaits objets de scandale. Il a le verbe violent et voyou, l’inspiration à l’affût des désirs quotidiens, en tous lieux et en tous pays. Ce dont témoignent à l’évidence les deux recueils initialement parus en Blanche repris dans ce volume de Poésie/Gallimard : America et En Orient, respectivement publiés en 1983 et 1986, et qui assurèrent d’emblée à leur auteur audience publique et reconnaissance critique. Les voyages, avec leur part d’errances et de rencontres imprévues, donnent le mouvement et le cadre de ce livre double qui vagabonde et passe du continent américain aux contrées d’Asie. Ainsi America est composé de poèmes inspirés par deux longs séjours en Amérique du Sud et deux voyages aux Etats-Unis. Tavalera décrit en alexandrins la traversée vers l'Amérique du Sud à bord d'un cargo allemand qui porte ce nom. Puis viennent Montevideo et Cône Sud. William Cliff évoque les plages, les bidonvilles, ses brèves aventures homosexuelles. Dans les deux dernières parties, Philadelphie et Cape Cod, il raconte les étapes de son périple aux Etats-Unis. Dans cette déambulation de poète voyageur, William Cliff est à son meilleur. Le Nouveau Monde lui inspire des images aussi désolées que l'Ancien. Il est désespéré, grinçant, funèbre et malgré tout drôle. Dès les premières pages, on reconnaît un ton, une allure, une désinvolture révoltée qui n’appartiennent qu’à celui qui avoue pratiquer l’alexandrin « comme on gratte dans son nez pour s’occuper ». William Cliff : un dynamiteur de pensées molles et de comportements convenus, un maître du langage impeccablement dévoyé.

02/2012

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Poésie

Effilage du sac de jute

René Char, comme aucun autre poète au XXe siècle, a mené avec les peintres une exploration commune. Avec Lettera amorosa, Poésie/Gallimard a déjà porté témoignage de ce mouvement unique, maîtrisé, de création à deux. Avec L’Effilement du sac de jute, c’est une semblable alchimie qui est à l’oeuvre. Ce que souligne très précisément Dominique de Villepin dans sa préface : « Le poème est l’amour réalisé du désir demeuré désir. Acte et surgissement dont témoigne cette oeuvre qui s’offre ici à nos mains. Prenons l’affirmation de René Char à la lettre. Ici, il n’y a pas d’un côté des poèmes, de l’autre des peintures. Il y a un poème. Un désir commun et partagé, une amitié d’esprit qui se serait, comme par accident, déposée sur ces pages. Il n’y a rien d’éparpillé, il n’y a pas d’encres coulées et bues par le papier épais. Il n’y a pas de créations en regard. Il n’y a qu’une seule chimère de formes et de sens agglomérés qu’il convient non de regarder, ni même de contempler, mais d’accueillir. Son être en effet l’attend. Dans la rencontre d’un autre désir demeuré désir, que le lecteur lui porte d’un oeil rond. Ici, le désir de peinture d’un poète a rencontré le désir de poème d’un peintre. Zao Wou-Ki et René Char s’y entretiennent. L’un et l’autre ont exprimé souvent ces quêtes complémentaires, René Char avec Georges Braque, avec Joan Miró, avec Giacometti, avec Vieira da Silva et Zao Wou-Ki avec Henri Michaux, avec Yves Bonnefoy, avec Roger Caillois, exemples parmi tant d’autres. Des étincelles splendides se sont constellées dès avant cette brassée de tisons éclatants ».

02/2011

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Psychologie, psychanalyse

Génésique. Féminologie III

Voici enfin en édition de poche le troisième recueil d'essais de féminologie d'Antoinette Fouque, paru initialement en 2012, après "Il y a deux sexes. Féminologie I" (Gallimard, coll. " Le Débat ", 1995 –2004 ; Folio 2015) et "Gravidanza. Féminologie II" (éditions des femmes-Antoinette Fouque, 2007) qui paraît en même temps au même format de poche. " La pensée qui m'a poussée à agir, en créant le Mouvement de libération des femmes en octobre 1968 avec Monique Wittig et Josiane Chanel, questionne [...] la compétence de procréation de toute femme comme productrice de richesse, comme moteur de l'évolution de l'Homo erectus à aujourd'hui ", écrit Antoinette Fouque en introduction à "Génésique". Dans cet ouvrage, qui regroupe des textes écrits entre 1974 et 2012, elle poursuit son questionnement sur ce qu'est une femme, à travers une pensée originale de la gestation comme " paradigme de l'éthique " c'est-à-dire de l'accueil de l'autre, de l'hospitalité charnelle. De la gestation pour autrui comme levant " la forclusion sur le corps d'une femme comme producteur de vivant ", à l'élaboration d'une écologie humaine qui n'oublie pas que le premier environnement de l'être humain est le corps d'une femme, et s'attache à souligner la transmission entre mère et fille, Antoinette Fouque pose les bases d'une alternative à l'économie phallique dominante et affirme : " Libérer la libido creandi de chaque femme, c'est donner sens, signification et orientation, à ce qui vient, à l'Avenir. Du creux du corps à la sculpture la plus accomplie, de l'oeuvre d'être à l'oeuvre d'art, la génésique, à la fois nature et culture, transcende la capacité spécifique des femmes en compétence symbolique, en mouvement de civilisation. "

01/2021

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Critique littéraire

L’atelier du roman. Conversation à Princeton avec Rubén Gallo

Invité à l'université de Princeton en 2015, Mario Vargas Llosa accepta d'y travailler avec Rubén Gallo à un ouvrage qui puisse offrir à ses lecteurs un parcours original de sa vie et de son oeuvre. L'atelier du roman est le résultat de cet exercice. Mais il ne s'agit pas d'un livre universitaire ou académique. Au cours d'une série de conversations intelligentes, accessibles et ouvertes, le Prix Nobel péruvien revient sur des épisodes de sa biographie littéraire et politique, et nous parle également des secrets de sa cuisine littéraire, de ses lectures et de son travail d'écriture. Les pages où il décrit ses multiples recherches autour de la figure du dictateur Trujillo, ou celles où il évoque le Pérou du tyran Odrfa, sont ici autant d'invitations à relire ses chefs-d'oeuvre La fête au Bouc et Conversation à La Catedral. Mais le livre nous offre en réalité deux perspectives parallèles : celle de l'auteur - qui raconte la fabrication de ses histoires - et celle du critique ou du lecteur qui analyse leur réception. Ces deux voix s'entrecroisent avec celles des étudiants qui ont eu accès à l'extraordinaire collection de manuscrits et documents personnels que Vargas Llosa a confiée naguère aux archives de Princeton. L'atelier du roman culmine sur l'intervention émouvante de Philippe Lançon, rescapé de l'attentat contre Charlie Hebdo, qui préfigure son bouleversant récit intitulé Le lambeau (Gallimard, 2018). L'échange entre le Prix Nobel et le journaliste de Libération sur le terrorisme constitue sans conteste l'un des temps forts de ces conversations et un brillant point final à un livre sur les rapports toujours conflictuels entre littérature et politique.

02/2019

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Poésie

Les élégies

Né à Cannes en 1940, Emmanuel Hocquard a créé la maison d'édition Orange Export, avec Raquel en 1973. Cette structure disparaît en 1986. Il a également dirigé le département de littérature contemporaine à l'A. R. C. (Musée d'Art Moderne de la ville de Paris) de 1977 à 1991, puis fondé en 1989 " Un bureau sur l'Atlantique ", une association destinée à favoriser une meilleure connaissance de la poésie américaine contemporaine. Emmanuel Hocquard est en France le tenant le plus représentatif de ce que l'on peut définir comme la " modernité négative ". Se réclamant des objectivistes américains (Charles Reznikoff ou George Oppen), il s'attache en effet à rompre avec le lyrisme pour privilégier des formes minimalistes et descriptives. Le poète selon Emmanuel Hocquard est un " guetteur involontaire de notre quotidien, et qui en retient ce qu'il veut en retenir. Il s'agit alors de parvenir à une sorte d'écriture tabulaire, de l'ordre de la photographie, d'où serait exclu tout attirail métaphorique, c'est-à-dire toute pseudo-profondeur, et qui néanmoins s'imposerait au regard, à l'oreille et à la sensibilité même comme " poétique ", à cause de son agencement, sa grammaire et sa focale. " Les sept élégies rassemblées dans ce volume de Poésie/Gallimard ont été écrites de 1969 à 1989. Durant ces vingt années, elles ont accompagné et ponctué le travail d'écriture d'Emmanuel Hocquard, en prose comme en vers. Les élégies n'ont évidemment pas pour fonction d'éclairer le lecteur sur un passé individuel mais, au contraire, de le faire assister à un arrachement du biographique, c'est-à-dire du culturel, et de ce qui nourrit, au départ, tout écriture lyrique : le narcissisme, les états d'âme, la douleur, l'amour, les souvenirs, les soupirs et les regrets.

02/2016

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Religion

Le rosaire sur le monde

Louis Avan était physicien, au sens moderne, féru de sciences dures, formé au contact des Pauli, Shockley, Fermi, Hofstaedter... , créateur d'un laboratoire de physique des particules qui reste à ce jour leader du domaine. Auteur avec Jean-Jacques Bonnet d'un cours télévisé de Physique diffusé sur chaînes nationales dans toute la francophonie, il a tout simplement anticipé Internet de trois décennies. Comment concilier cette approche scientifique avec un sens passionné de la fraternité, aiguisé par un travail quotidien au service de l'insertion sociale (voir L'Homme Réparé chez Gallimard avec Michel Fardeau), avec la spiritualité d'un Chrétien héritier de siècles de tradition familiale, avec plus de 80 ans de pratique musicale combinant la méditation grégorienne et la rigueur quasimathématique poussée au sommet par JeanSébastien Bach ? La réponse d'un scientifique chrétien comme Louis Avan est de garder sa priorité au facteur humain, admirant l'univers physique et la beauté de ses lois tout en chérissant le sens du Sacré. Ainsi le Rosaire, qui depuis 900 ans offre à ses pratiquants un cadre de méditation sur les Mystères de notre existence et ses côtés les plus signifiants, lui a inspiré une quête historique et philosophique. Méditer, qu'on maitrise ou non la haute technicité du chant et des psaumes, conforte l'homme dans sa volonté indéfectible de traverser sans peur le silence des espaces infinis qui l'entoure. A propos de Louis Avan Originaire de Bretagne, Louis Avan (19252017) a été Professeur de Physique, créateur du laboratoire de physique corpusculaire à la faculté des sciences de Clermont-Ferrand, puis du laboratoire de recherche Brigitte-Frybourg pour l'insertion sociale des personnes handicapées, au CNAM de Paris. Humaniste et passionné d'orgue et chant grégorien, il partageait sa retraite entre l'animation d'associations et la rédaction de réflexions sur l'éthique, la science et la religion.

06/2020

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Beaux arts

Jacques Kerchache, portraits croisés

Connaisseur à l'œil réputé infaillible, conseiller des plus grands collectionneurs, militant infatigable de la cause des arts premiers, l'homme qui a fait entrer au pavillon des Sessions du Louvre les œuvres des quatre cinquièmes de l'humanité est mort au Mexique en août 2001. Il s'appelait Jacques Kerchache. A l'occasion du troisième anniversaire de l'ouverture du pavillon des Sessions, le musée du quai Branly et Gallimard publient Jacques Kerchache, portraits croisés. Conçu à partir d'une série d'entretiens avec ses proches, ses amis, les créateurs, les personnalités qu'il a côtoyées (Jean-Jacques Aillagon, Jacques Friedmann, Anne Kerchache, Alain Kirili, Jean-Pierre Lang, Jean de Loisy, Stéphane Martin, Alain de Monbrison, Jean Nouvel, Orlan, Jean-Charles Pigeau, Jean-François Prat, Michel Propper, Paul Rebeyrolle, Sam Szafran, Germain Viatte), cet ouvrage n'est ni une biographie exhaustive ni un essai critique, mais plutôt une invitation à la découverte. Découverte d'un homme, à travers ses expéditions et ses voyages (Afrique, Asie, Amériques), ses combats (anthologie de ses textes manifestes), les expositions qu'il a réalisées (" Les Taïnos ", " Picasso-Afrique " et d'autres encore). Découverte d'une aventure, celle de la création du pavillon des Sessions et du musée du quai Branly, dont le bâtiment, réalisé par Jean Nouvel, ouvrira début 2006. Découverte d'une collection extraordinaire d'arts premiers dont de nombreuses pièces seront reproduites pour la première fois. Découverte d'un univers, sa maison, jamais photographiée, où les œuvres d'art voisinent avec les objets de curiosité dans une atmosphère de " chambre des merveilles ". Entretiens, textes et images ont été réunis par Martin Bethenod, éditeur (ancien directeur des éditions du Centre Pompidou) et journaliste (Connaissance des Arts, Vogue).

04/2003

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Chanson française

Claude François. L'intelligence populaire en chansons

Le chanteur Claude François est à l'origine d'un continent musical que d'aucuns pensent connaître or, il n'en est rien. En dehors de quelques énormes succès des années 60, du planétaire Comme d'habitude, quelques chansons très connues des années 70 ont eu la particularité de donner l'image réductrice d'un chanteur "léger" à "paillettes-festives" , la seule qui demeure dans les esprits.

Cette caractéristique a engendré contre lui des formes de discrédits permettant à diverses intelligentsias de congédier le chanteur de toute de respectabilité socio-artistique. Ultimement, au risque de choquer ou de faire ricaner, ce constat résonne comme un mauvais diagnostique sur l'état de notre société et de notre culture... C'est oublier un peu vite celui qui, dès 1962, dans le monde du pop / rock français, a été consacré idole aux côtés de Richard Anthony et Johnny Hallyday avant d'aborder ensuite, avec talent et maîtrise, les rivages la country, de la soul music et du funk.

Auscultant les fondations de son répertoire, cet ouvrage tente de pallier ces étranges lacunes. Depuis sa disparition le 11 mars 1978, l'écrasante majorité des ouvrages qui lui ont été consacrés ont totalement occulté la matière première qui a rendu son nom célèbre dans France entière : la chanson, la musique. Olivier Delavault a travaillé à la télévision de 1969 à 1988 dans les secteurs technique puis artistique. L'émission qu'il présenta à France-Inter en 1996 sur les chansons "françaises" issues d'une adaptation l'on poussé à écrire en 2003 le Dictionnaire des chansons de Claude François ; une collaboration en 2010 avec Richard Anthony pour sa dernière autobiographie, un essai sur Jacques Brel, Mots de Brel. Le dégoût essentiel en 2013. Olivier Delavault est également l'auteur, en 2007, d'une biographie de Geronimo chez Folio/Biographie, Gallimard.

01/2023

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Critique littéraire

Le désir monstre. Poétique de Pierre Jean Jouve

Poète de la catastrophe et de l'extase, Pierre Jean Jouve (1887-1976) nous laisse une œuvre poétique, romanesque et critique qui fait coïncider, au prisme de la psychanalyse, le mobile archaïque de la déchirure religieuse et les données d'une modernité proclamant la mort de Dieu. Lorsque Jouve renie ses écrits antérieurs à 1925, dont il juge l'esprit " manqué ", il découvre la doctrine des pulsions et se convertit à une spiritualité du pur amour. A l'écart du monde littéraire, malgré son entrée dans la maison Gallimard grâce à Jean Paulhan, le poète de Sueur de Sang et Aventure de Catherine Crachat explore les vestiges du rêve et les marges de la mémoire collective jusque dans les " détritus du plaisir ". Il place le lecteur sur la scène intemporelle de son propre désir : " Monstre dont riront dans les fauteuils stupides / Ces messieurs-dames qui ne veulent rien savoir " (Moires). Le public ne peut alors qu'opposer une " résistance affective " à cette entreprise littéraire qui refuse toute complaisance. En 1936, l'auteur de Paulina 1880 renonce au roman et se consacre à la poésie (Matière céleste) et à la critique musicale (Don Juan de Mozart, Wozzeck de Berg). Pour faire aimer à l'homme la dissonance qui lui est propre entre le viscéral et le céleste, il radicalise sa volonté de désir et approfondit son abnégation. Le désir est alors monstre d'accepter la perte de ce qui le fait exister : " L'objet n'est rien et le désir est tout, même pas le désir, mais la phrase du désir " (Proses). A cette phrase anonyme du monde, cette prière sans nom, l'œuvre de Jouve se dévoue, car il n'est de salut que dans la transmission du désir.

11/2006

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Autres éditeurs (F à J)

La chanson du monde qui change. Un hymne pour les enfants

J'entends la chanson du monde qui change. Il chante d'une voix haute et fière. Je ne crains pas le monde qui change, Alors je chante avec lui. La chanson du monde qui change invite le lecteur, dès 4 ans, à un voyage poétique dans lequel l'espoir est au coeur du récit. Par la voix de la jeune héroïne, les lecteurs découvrent qu'ils ont le pouvoir d'apporter des changements, grands ou petits, dans le monde, et d'abord en eux-mêmes. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Angélique Kidjo Amanda Gorman est la plus jeune poétesse à avoir été invitée à déclamer l'un de ses textes lors de la cérémonie d'investiture d'un président des Etats-Unis. Elle est engagée en faveur de la défense de l'environnement, de la lutte contre les discriminations raciales et de l'égalité des sexes. Son oeuvre a fait l'objet de reportages ou de publications dans The Today Show, The New York Times, Vogue, et O, The Oprah Magazine. Elle est également l'autrice de La colline que nous gravissons (Fayard, 2021) et d'un recueil de poèmes à paraître. Diplômée cum laude de l'université de Harvard, elle vit aujourd'hui à Los Angeles, dont elle est originaire. Loren Long est l'illustrateur de "Of thee I Sing" : lettre à mes filles (La Martinière Jeunesse, 2011) de Barack Obama, numéro un des ventes du New York Times. Il a également illustré Les Pommes de M. Peabody (Gallimard Jeunesse, 2003) de Madonna, et une nouvelle édition du classique La Nuit avant Noël de Clement C. Moore. Il habite à Cincinnati, dans l'Ohio, avec sa femme et le chien qu'il a recueilli, Charlie.

09/2021

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Critique

Cours de poétique. Tome 1, Le corps et l'esprit 1937-1940

Paul Valéry occupa de 1937 à sa mort en 1945 la chaire de Poétique créée pour lui au Collège de France. Connu jusqu'à présent par de rares témoignages d'auditeurs, cet enseignement a pris dans l'histoire de la critique littéraire la dimension d'un mythe. Sous le nom de poétique, l'écrivain élabore en effet pour la première fois la synthèse du "Système" total de l'acte créateur dont il rêvait depuis sa jeunesse. Son originalité : situer la genèse de l'oeuvre littéraire et artistique non seulement dans l'ordre de la création individuelle, mais également dans un vaste horizon social. Véritable laboratoire de pensée, ce cours expérimental contient en germe une psychologie de la création, une sociologie de l'art et une esthétique de la réception, tout en croisant les interrogations actuelles de la phénoménologie, de la philosophie du langage et des neurosciences. Avec une curiosité sans limites, cet essai d'une anthropologie de la vie de l'esprit se révèle un monument de la pensée du XX ? siècle. Dans ce premier tome, qui couvre les trois premières années du cours, Valéry insiste sur le rôle fondamental que jouent le corps et l'esprit dans la poétique, entendue de façon large comme étude de tous les processus de création. Rien n'échappe à l'analyse : les illusions de la philosophie sont dénoncées, l'utilité de l'art questionnée, l'existence psychique mise à nu. L'entrée dans la Seconde Guerre mondiale donne lieu à des réflexions bouleversantes sur l'avenir de l'Europe et des intellectuels. Paul Valéry et Gaston Gallimard avaient souhaité publier le cours de poétique. Près de quatre-vingts ans après la mort de l'écrivain, voici son voeu exaucé et sa dernière grande oeuvre dévoilée.

01/2023

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Critique

Cours de poétique. Tome 2, Le langage, la société, l'histoire (1940-1945)

Paul Valéry occupa de 1937 à sa mort en 1945 la chaire de Poétique créée pour lui au Collège de France. Connu jusqu'à présent par de rares témoignages d'auditeurs, cet enseignement a pris dans l'histoire de la critique littéraire la dimension d'un mythe. Sous le nom de poétique, l'écrivain élabore en effet pour la première fois la synthèse du "Système" total de l'acte créateur dont il rêvait depuis sa jeunesse. Son originalité : situer la genèse de l'oeuvre littéraire et artistique non seulement dans l'ordre de la création individuelle, mais également dans un vaste horizon social. Véritable laboratoire de pensée, ce cours expérimental contient en germe une psychologie de la création, une sociologie de l'art et une esthétique de la réception, tout en croisant les interrogations actuelles de la phénoménologie, de la philosophie du langage et des neurosciences. Avec une curiosité sans limites, cet essai d'une anthropologie de la vie de l'esprit se révèle un monument de la pensée du XX ? siècle. Paul Valéry et Gaston Gallimard avaient souhaité publier le cours de poétique. Près de quatre-vingts ans après la mort de l'écrivain, voici son voeu exaucé et sa dernière grande oeuvre dévoilée. Dans ce second tome, couvrant les années d'Occupation et la Libération, la réflexion s'élargit aux "oeuvres collectives de l'esprit" . Comment le langage organise-t-il la vie psychique ? Comment fonde-t-il aussi l'existence sociale ? Tandis que les méditations sur la société et sur l'histoire prennent une importance croissante, Valéry livre, la dernière année, son testament intellectuel sur la responsabilité de l'écrivain et sur l'idéal de la littérature.

01/2023

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Latin - Littérature

Ainsi parlait Pétrarque. Dits et maximes de vie, Edition bilingue français-latin

" Peut-être aurez-vous entendu parler de moi, même si je doute qu'un nom aussi mince, aussi obscur, voyage loin dans l'espace et le temps. " C'est ainsi que Pétrarque s'adresse à la postérité dans sa dernière Lettre de la vieillesse. Sept siècles après, son oeuvre connaît un regain d'intérêt considérable. C'est ainsi qu'ont été publiées récemment l'intégralité des Lettres familières (6 vol., 2002-2015) et des Lettres de la vieillesse (5 vol., à la traduction desquels a participé Antoine de Rosny, 2002-2013). Quant au fameux Canzoniere, plusieurs traductions en été données aux Belles Lettres (2009) ou chez Gallimard (2018). L'oeuvre de Pétrarque est l'une des plus vastes de la Renaissance italienne. On connaît le poète amoureux, mais on ignore le moraliste ; on connaît l'écrivain italien, mais on oublie l'oeuvre latine ; on prend pour argent comptant le mythe qu'il s'est lui-même construit (très moderne en cela ! ) et on néglige les textes. En réalité, a-t-il bien effectué l'ascension du mont Ventoux en compagnie de son frère Gérard ? Est-ce bien en l'église Sainte-Claire d'Avignon qu'il a eu la vision merveilleuse de Laure de Noves ? A-t-il vraiment reçu la couronne de lauriers sur le Capitole ? Nulle vérité définitive chez Pétrarque, qui retouche inlassablement ses oeuvres, à la manière du Montaigne des Essais. Son existence entière est placée sous le signe de l'exil et de l'errance. Pas d'écrivain plus cosmopolite que lui. Pas d'écrivain plus tourmenté par un amour impossible. Les fragments ici présentés permettent de restituer l'unité de cet ensemble indissociable : à côté des poèmes, traités, pamphlets, dialogues et lettres.

10/2021

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Critique littéraire

Correspondance. 1945-1959

Albert Camus et Louis Guilloux font connaissance chez Gallimard durant l'été 1945, à l'instigation de leur ami commun Jean Grenier. Guilloux a déjà derrière lui deux décennies d'engagement et d'écriture et une oeuvre publiée importante. Camus, dont L'Etranger et Le Mythe de Sisyphe ont paru en 1942, n'a que trente-deux ans ; son implication dans Combat lui vaut une notoriété grandissante. Les différences ne manquent pas entre le Breton et l'Algérien. Camus semble plus solaire, Guilloux plus habité par le noir ; le premier est rongé par le doute et le second aspire à la lumière. Mais l'amitié entre les deux hommes est immédiate et durable, et leurs affinités nombreuses : "Je l'aime tendrement et je l'admire, écrira Guilloux en 1952, non seulement pour son grand talent, mais pour sa tenue dans la vie". Ces fils du peuple, qui ont connu la pauvreté et la maladie, sont animés par l'esprit de justice et de fraternité, prenant le parti des malheureux et des opprimés sans jamais s'inféoder à une organisation qui voudrait les représenter. Tous deux partagent une conscience aiguë de la douleur, où ils reconnaissent la "constante justification" de l'homme et dont ils tirent les éléments d'une conduite morale et politique. Cette correspondance croisée ponctue quinze années d'une profonde et tendre affection, nourrie d'innombrables causeries, lectures, promenades et repas partagés. Comme toute amitié, elle eut ses temps forts, telle la visite de Camus à Saint-Brieuc en 1947, durant laquelle le futur auteur du Premier Homme va sur la tombe de son père, enterré au carré des soldats de la Grande Guerre ; ou encore le séjour de Guilloux en 1948 en Algérie, où il partage un repas avec Camus et sa mère.

09/2013

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Critique littéraire

Les entretiens de la Fondation des Treilles Tome 3 : La place de la NRF dans la vie littéraire du XXe siècle : 1908-1943

Quand parut en 1909 le " second " premier numéro de La NRF, " revue mensuelle de littérature et de critique ", dirigée par Jacques Copeau, André Ruyters et Jean Schlumberger, cet élégant fascicule de cent dix pages n'était qu'un périodique de plus parmi des douzaines de publications du même genre et dont plusieurs jouissaient d'une notoriété et d'une audience certaines. Comment, en quelques années, la dernière-née des innombrables revues de la Belle Epoque a-t-elle réussi à s'imposer comme le lieu de rencontres et d'échanges des lettres modernes ? Comment ce " groupement d'esprits libres " (selon la définition de Gide, qui inspirait la revue sans jamais la diriger) a-t-il réussi à fédérer des auteurs aussi différents que Claudel et Proust, Jouhandeau et Supervielle, Giraudoux et Valéry ? Leur point de convergence : une exigence littéraire absolue refusant de se mettre au service d'une quelconque idéologie. Très vite, la revue a donné naissance à un comptoir d'édition, puis à la Maison Gallimard. Ce sont sans doute les synergies entre les deux entreprises qui ont fait l'essentiel de leur réussite. Ces entretiens reviennent sur cette aventure intellectuelle unique dans les lettres européennes, en évoquant les figures des fondateurs, en précisant le rôle des principaux protagonistes, en définissant l'attitude de la revue à l'égard des avant-gardes de l'époque, sa position face aux totalitarismes de gauche et de droite qui ont marqué l'histoire du XXe siècle. Y ont participé des écrivains et des critiques, des historiens des lettres et des historiens d'art, des spécialistes du monde de l'édition et des éditeurs de textes et de documents. Ils préludent à d'autres entretiens qui, en 2011, auront pour sujet l'histoire non de la revue, mais de la maison d'édition.

10/2009

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Beaux arts

La vraie image. Croire aux images ?

Qu'est-ce qu'une vraie image ? Poursuivant son étude de la signification de l'image dans la culture occidentale, Hans Belting interroge ici notre besoin fondamental d'images vraies et authentiques, susceptibles de rendre compte et de reproduire la réalité telle qu'elle est. Il montre que notre compréhension de l'image est marquée, aujourd'hui encore, par une survivance de notions religieuses : la foi chrétienne a joué en Occident un rôle formateur de l'identité et de la conscience et nous avons intériorisé les tentatives sans cesse recommencées d'une définition de l'image qui se sont accomplies dans son orbe. Plutôt que de dérouler une histoire linéaire, l'auteur procède ici par sondages, en pointant son attention sur deux moments clés, deux accélérations critiques où la culture européenne franchit à chaque fois un seuil : la fin de l'Antiquité d'abord, où la question de l'image est l'enjeu de débats philosophiques autour de la double nature du Christ ; la période de la Réforme ensuite, où la traduction de la Bible en langue vulgaire et sa diffusion par l'imprimerie entraînent comme une dévalorisation ontologique de l'image, contrainte de se replier désormais du côté de l'art et des théories esthétiques. La tradition religieuse des images, avec la part irréductible faite à la croyance, est donc bien davantage qu'un simple prélude naïf de leur complexité moderne. Dans La vraie image, Hans Belting tend magistralement l'arc qui relie l'aube des Temps nouveaux à notre époque contemporaine, en tissant des rapports inaperçus entre histoire de la religion, des images et des idées. A ce titre, le livre apparaît comme l'indispensable complément à ses deux précédents ouvrages, Image et culte (Cerf, 1998) et Pour une anthropologie des images (Gallimard, 2004).

10/2007

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Critique littéraire

Le très curieux Jules Verne. Le problème du père dans les Voyages extraordinaires

"Le très curieux Jules Verne" est une formule de Mallarmé. L'essai de Marcel Moré la justifie tout à fait. Voici ce qu'en ont écrit deux de ses premiers lecteurs "L'auteur s'appuie sur le peu que l'on sait de la vie de Jules Verne et sur une exégèse fort intéressante de ses écrits. Il y a relevé un certain nombre de citations qui sont effectivement "très curieuses". D'autre part, certains détails de la vie de Jules Verne (si peu connue) ne manquent pas d'inattendu: par exemple son amitié (pour ne pas dire plus) pour le jeune Aristide Briand, l'attentat dont il fut victime de la part d'un de ses neveux, etc. Voilà un livre qui sort des sentiers battus de l'histoire littéraire. " Raymond Queneau. "Marcel Moré soutient dans ce livre deux thèses parallèles. L'une est qu'il nous faut dans la vie substituer peu à peu à notre père naturel (dont il n'y a rien de bon à attendre) un homme plus âgé et meilleur que nous et qui nous instruit du sens de la vie, qu'il appelle un père sublime. Plus tard nous aurons également à substituer à notre femme un ami digne d'estime et d'admiration... La seconde thèse tend à montrer que l'œuvre entier de Jules Verne a pour raison et pour secret la pédérastie. " Jean Paulhan. Le père sublime, Jules Verne l'aurait rencontré dans la personne de l'éditeur Hetzel et il l'aurait dépeint, dans son œuvre, sous les traits fameux du capitaine Nemo. Le lecteur trouvera pour la première fois dans cette nouvelle édition du Très curieux Jules Verne le très curieux rapport de lecture de Jean Paulhan qui fut à l'origine de la publication du livre chez Gallimard, ainsi qu'une note biographique par Patrick Mauriès.

03/2005

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Littérature française

Le chat de Mara

Alcide Mara, nom de plume de Pierre Louyot, a publié plusieurs ouvrages, notamment un recueil de poèmes, « Boire les miroirs », à l'Arpenteur chez Gallimard et « Tout n'est pas rose », un texte illustré par Jean-Marie Queneau aux Éditions de la Goulotte. Il a choisi de se donner la mort fin 2012. Le Collège de Pataphysique vient de faire paraître à titre posthume son livre d'aphorismes : « Notes d'un oisif ». Peut-on sauver celui que l'on aime, son propre enfant ? Comment coexister en littérature sans entamer la relation filiale ? Comment se souvenir sans édulcorer ce qui fut et sans s'enfermer dans la douleur ? Sous quelle forme maintenir avec le disparu un lien qui s'est noué et développé loin de la France, en Europe centrale et orientale, en Russie soviétique et, plus tard, au Japon? Est-ce qu'une telle relation peut évoluer ? A-t-elle un avenir ? Autant de questions que se pose Michel Louyot dans le récit qu'il dédie à son fils. Lent travail de remémoration, démarche tâtonnante que tente d'exprimer une écriture discontinue, morcelée. Lorsqu'il a rejoint à la mi-octobre 1967 en 2CV Citroën son poste de Lecteur à l'Université A.I.Cuza de Iassy dans le nord-est de la Roumanie, Michel Louyot ne se doutait pas que sa carrière aventureuse se poursuivrait jusqu'en 1989 à travers l'ensemble des "Pays de l'Est". Il fut notamment Attaché culturel à Moscou durant la Perestroïka et Conseiller culturel à Prague. Mais c'est en Roumanie, au contact de la population de cette lointaine province moldave, que l'auteur de la "Petite Planète" s'initia aux mécanismes du système totalitaire et aux moyens de le contourner, de ruser avec lui, sinon de le défier.

09/2014

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Critique littéraire

Antonin Artaud, ce désespéré qui vous parle. Essais

En 1946, Antonin Artaud sort de l'asile de Rodez. Des amis, Arthur Adamov et Marthe Robert entre autres, s'entremettent pour lui trouver un hébergement en milieu médical, proche de Paris. Une jeune interne en psychiatrie, Paule Thévenin, âgée de vingt-trois ans, rend visite au docteur Delmas qui a une maison de santé à lvry et avait soigné Roger Gilbert-Lecomte et la fille de Joyce. Il accepte de loger Artaud dans un bâtiment à l'écart où il pourra écrire en toute liberté. Artaud, qui a l'habitude de dicter ses textes une fois rédigés, demande à Paule Thévenin de les taper à la machine. Il lui dicte différents textes, dont le célèbre Van Gogh le suicidé de la société. Artaud meurt en 1948. Après diverses difficultés de mise en route les éditions Gallimard confient l'édition des Ouvres complètes à Paule Thévenin, seule capable de déchiffrer l'énorme somme des manuscrits et d'en établir une copie conforme à la lettre et à l'esprit de l'auteur du Pèse-nerfs. C'est le début de l'une des plus étonnantes aventures de l'édition contemporaine : Paule Thévenin y consacrera sa vie, son énergie, son talent de scribe et d'exégète en publiant, à ce jour, une trentaine de volumes, des premiers poèmes aux Cahiers de Rodez et aux Cahiers du retour à Paris. A l'édifice, énorme et flamboyant, des textes, s'ajoutera, en 1986, l'ensemble des Dessins et Portraits, qu'elle présentera en collaboration avec Jacques Derrida. Le présent livre rassemble les écrits de Paule Thévenin consacrés à Artaud, préfaces, commentaires de textes, élucidations, recherches généalogiques, entretiens, récits anecdotiques. Travaux incessants, exercices de fidélité esthétique autant que de l'admiration familière, ces essais ont accompagné le travail de l'édition des Ouvres complètes comme témoin, comme une lumière.

02/1993

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Histoire de France

La Commune. Réflexions sur la Commune, avec 3 DVD

LES DVDS Au fil de 13 interventions filmées en 1971 dans la sobriété extrême d'un studio de la Télévision Suisse Romande, l'historien-conteur Henri Guillemin déroule méticuleusement le feuilleton de La Commune de Paris (1871). Avec la précision d'un horloger helvète, il met en lumière la trahison des élites, la bassesse des bien-pensants, la servilité des honnêtes gens et livre ses réflexions quant aux obstacles qui ont entravé la tentative trop éphémère du Peuple parisien pour reprendre son destin en main. Henri Guillemin entraîne le spectateur dans une épopée haletante dont la tension et les rebondissements rivalisent avec les scripts des séries hollywoodiennes actuelles les plus enlevées. LE LIVRE REFLEXIONS SUR LA COMMUNE Un livre d'Henri Guillemin, coédition Utovie A travers six chapitres et 170 pages d'analyse, de faits et de réflexions, Henri Guillemin explore l'événement politique majeur du 19è siècle. L'ouvrage approfondie de nombreux points abordés pendant ses conférences filmées et permet, avec moult détails et recoupements d'archives, le rétablissement de nombreuses vérités historiques dévoyées par les vainqueurs. Cette nouvelle édition du livre d'Henri Guillemin paru en 1971 chez Gallimard est plus satisfaisante d'un point de vue scientifique. Toutes les notes infrapaginales ont été vérifiées et pour beaucoup d'entre elles complétées et améliorées. Pour se faire, nous avons demandé l'appui d'une partie du collège d'historiens des Amis d'Henri Guillemin. Seuls deux éléments n'ont pu être recoupés et validés selon les critères historiographiques en vigueur. Une liste exhaustive et détaillée de l'ensemble des références citées (livres, documents, articles, ...) a aussi été établie. En complément. Pour des raisons également de précision scientifique. Illustrations de Jacques Tardi

11/2018

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Littérature française

De la liaison sociale. (Constitution d'une chronologie aléatoire)

Dans cet ouvrage, il est question de politique, au sens philosophique du terme : quel est le fondement de nos sociétés, de la liaison sociale en général. L'auteur va montrer que ni les liens de parenté, ni l'adhésion à une même croyance religieuse ou l'appartenance à un même corps de métier, ni tout ce qu'on a cru jusqu'à présent être le fondement du lien social, ne l'est en fait. Ses recherches vont l'amener à se poser la question de ce qu'est une personne réelle. Quand je dis " jaune " en te montrant quelque chose, et que tu acquiesces : " oui, c'est bien jaune ", rien ne peut me prouver que ce que tu perçois en tant que jaune est la même chose que je perçois, moi, sous ce terme. Le principal, c'est qu'à chaque fois que je dis " jaune ", tu dis " jaune ". Mais peut-on abandonner les personnes comme on peut abandonner les choses, quand il est question de politique, de ce qui est au fondement du tissu social ? Qu'est-ce qu'une personne réelle, à savoir consistante, qui soit la même pour deux autres ? C'est l'une des multiples facettes, sans doute la principale, abordée dans ce texte foisonnant d'idées. Olivier Masson, né en 1947 et décédé en 2011, était professeur de philosophie. Dans les années 80, il a traduit de nombreuses oeuvres philosophiques, notamment de Kant pour La Pléiade (Gallimard), d'Adorno pour Payot, et bien d'autres textes encore pour diverses maisons d'édition. Il est l'auteur de " La généalogie du sens " (2015) et " De la reconnaissance des semblables ", (2016) aux éditions La Bruyère. Avec le présent ouvrage, Olivier Masson signe son troisième livre.

01/2018

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Montagne

Je ne te ferai pas attendre. Le Kangchenjunga, Romano et moi

Plus qu'un simple récit de montagne. Une histoire d'amour, belle et pure comme les sommets. Cette histoire commence et finit sur le Kangchenjunga, le troisième sommet le plus haut de la Terre, l'un des plus difficiles à gravir. C'est une histoire épique, une histoire d'alpinisme, mais aussi et surtout, une histoire d'amour et d'accomplissement intérieur. Nous sommes en 2009. Nives Meroi est en compétition avec deux autres alpinistes pour gagner le titre de première femme à avoir conquis les quatorze 8 000 de la planète. Comme elle l'a toujours fait, elle aborde le Kangch, son douzième sommet, en cordée avec son mari Romano et sans "compromis" : ni porteurs de haute altitude, ni oxygène. Mais, à quelques centaines de mètres du sommet, Romano ne se sent pas bien et s'arrête. Que va faire Nives ? Poursuivre la conquête de ce sommet, comme beaucoup le lui auraient suggéré ? Non, sans la moindre hésitation, elle abandonne la course, incapable de laisser Romano attendre seul. Ainsi se conclut le premier acte de ce récit. S'ensuivront trois autres dans lesquels interviennent la maladie, la complicité, la capacité d'attendre, la volonté de réagir. Ce récit vivant et plein d'humanité a la force du témoignage, d'une grande histoire vécue. Une histoire de couple avec ses hauts et ses bas, au sens propre comme au figuré. Ce n'est pas un simple journal d'ascensions himalayennes, c'est également un livre qui peut inspirer tout un chacun, homme ou femme. Nives Meroi est une alpiniste connue d'un très large public. L'écrivain et poète Erri De Luca lui a consacré un livre : Sur les traces de Nives (éd. Gallimard, 2006) ; il est l'un de ses amis de voyage.

03/2018

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Littérature française

Louis-René des Forêts. Empreintes

Louis-René des Forêts incarne à coup sûr l'une des figures les plus importantes du XXe siècle littéraire français. L'aura que suscite l'écrivain, même en marge de la lumière médiatique où il s'est toujours lui-même tenu, son compagnonnage avec des auteurs aussi décisifs qu'André du Bouchet, Yves Bonnefoy, Marguerite Duras, Pascal Quignard, Georges Bataille ou encore Maurice Blanchot en attestent. Son oeuvre, récemment rassemblée dans une édition complète, se trouve au carrefour de l'histoire éditoriale de son temps : lecteur chez Gallimard, il a accès à une vaste production originale ainsi qu'aux traductions, lectures qui viennent directement nourrir son propre travail. Son savoir-faire est unique en son genre : il façonne ses livres dans cette écoute attentive à ceux des autres. L'essai d'Emmanuel Delaplanche, dans son remarquable analyse, livre quelques-unes des clefs de la composition des grands ouvrages que sont entre autres Les Mendiants, Le Bavard ou La Chambre des enfants. On découvre en effet comment des thèmes, des atmosphères, des noms, mais surtout des mots, des syntagmes, des membres de phrases parfois, sont réagencés pour produire des oeuvres originales. Loin d'un travail de copiste, loin d'un recel de plagiaire, des Forêts développe un art tout à fait singulier de l'agencement, de la variation, de la reprise. A l'ère de la reproduction numérique et du sampling, le livre d'Emmanuel Delaplanche vient nourrir la réflexion sur la naissance du texte et offre un singulier éclairage sur le laboratoire de l'écrivain et l'originalité de l'oeuvre d'art. Il s'accompagne d'un site internet qui présente quelques-unes des pages de l'oeuvre de des Forêts abreuvées par plusieurs grands textes du XIXe et du XXe siècle (notamment américain).

06/2018