Recherche

Quatorze intellectuels espagnols

Extraits

ActuaLitté

Religion

Souvenirs et pensées. Les chemins de Confucius à la rencontre du Christ

La vie et la personnalité de Pierre-Célestin Lou Tseng-Tsiang sont, à bien des égards, exceptionnelles. Né à Shanghai en 1871, il a parcouru une brillante carrière diplomatique qui l'a conduit à occuper, entre 1912 et 1920, de très hautes fonctions politiques : Premier ministre de la nouvelle République de Chine à deux occasions pour une courte période, et, plus longtemps, ministre des Affaires étrangères. A la tête de la délégation chinoise, il a refusé de signer le traité de Versailles en 1919, qui transférait au Japon les concessions allemandes en Chine. Après la mort de son épouse, fille d'un officier belge, il est entré en 1927, à 56 ans, à l'abbaye Saint-André de Bruges. Il y est resté jusqu'à sa mort en janvier 1949. Tout en restant imprégné de la culture plus que millénaire de son pays, Dom Lou s'est engagé dans la vie chrétienne, jusqu'à la consécration religieuse. Son témoignage présenté dans Souvenirs et pensées au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale connut un grand succès en librairie. Il a été traduit en plusieurs langues. L'ouvrage est réédité avec des compléments permettant au lecteur d'aujourd'hui de mieux apprécier le contexte dans lequel s'inscrit le parcours de son auteur, un chemin où la sagesse et l'esprit d'humanité des traditions confucéenne et chrétienne se rencontrent. Dom Lou invite l'Occident et la Chine à suivre le même chemin, avec un discours qui reste d'une étonnante actualité aujourd'hui : "Le problème des relations internationales n'est pas, au premier chef d'ordre politique : il est, avant tout, de caractère intellectuel et moral. Au milieu du désordre mondial actuel, il est temps de songer à la rencontre des humanités. La Chine et l'Occident, tous deux humanistes, le confucianisme et le christianisme, pourraient-ils encore remettre de se rencontrer" ?

04/2015

ActuaLitté

Géopolitique

Introduction aux relations internationales. Turbulences et complexités

Sans négliger les concepts et débats classiques de la discipline, ce manuel d'introduction se démarque par sa volonté de penser autrement les relations internationales sur la base des recherches les plus récentes qui convergent vers une appréhension des relations internationales contemporaines entendues comme un système complexe. Cinq préoccupations animent l'ouvrage : - présenter les principaux concepts utilisés dans l'étude des relations internationales associé à un tour d'horizon des interrogations qui s'y rattachent ; - comprendre les dynamiques qui caractérisent le développement d'une gouvernance mondiale des quatre grands champs d'action collective (la sécurité, le bien-être, les droits de la personne et la protection de la biosphère), ainsi que les défis qu'affrontent les Etats dans l'usage de quatre grands types d'instruments d'action (diplomatiques, économiques militaires et normatifs) ; - s'appuyer sur les travaux les plus récents dans le domaine, sans pour autant négliger des auteurs antérieurs féconds ou trop souvent ignorés ; - faire appel à des perspectives non occidentales qui nourrissent de plus en plus la discipline, tout en s'ancrant résolument dans les approches occidentales qui dominent l'étude des relations internationales ; - mettre en cohérence et en résonnance les avancées de la recherche contemporaine en articulant et en illustrant les grands traits d'une approche des relations internationales basée sur les systèmes complexes. Ni survol systématique des principales questions qui dominent les médias, ni histoire diplomatique ou simple description des institutions existantes, cet ouvrage, grâce à des explications détaillées et une abondance d'encadrés et d'illustrations, vise à fournir un cadre intellectuel qui répondra autant au souci des néophytes de dépasser l'actualité et de comprendre les fondements et les dynamiques des relations internationales contemporaines, qu'à la curiosité des lecteurs plus avertis quant à l'évolution de la recherche en la matière.

01/2022

ActuaLitté

Littérature française

Dans l'ombre

« Je suis un apparatchik. Dans mon monde, les politiques et les apparatchiks vivent ensemble. Ni les uns, ni les autres ne peuvent survivre seuls. L’apparatchik, c’est un guerrier qui sert un maître, un professionnel qui connaît son milieu, qui utilise ses armes, qui pare les coups qu’on veut porter à son patron. C’est un mécanicien, un organisateur, un inspirateur, un souffleur. C’est le bras, les oreilles, les jambes et parfois le cerveau du politique. » Après la victoire de son « patron » à la primaire, le premier conseiller s’engage avec ferveur dans la campagne présidentielle. L’équipe de campagne est pareille à l’Etat-Major d’une armée. Chacun connaît son rôle : Marilyn, l’attachée de presse, la Valkyrie, l’organisatrice des meetings, le petit Caligny, le plus jeune des conseillers, le Major, le directeur de campagne, et Démosthène, l’intellectuel, qui rédige les discours. Le Conseiller a sacrifié sa vie pour ce moment et ce combat. Il croyait tout connaître de son rôle, jusqu’aux compromis et aux renoncements. Mais rien ne pouvait le préparer à ces mois de campagne, aux trahisons dont seuls sont capables ceux qui convoitent à tout prix le pouvoir. Surtout, il doit faire face aux soupçons de fraude qui entachent la victoire de son patron à la primaire et qui pour la première fois l’oblige à questionner l’honnêteté de son candidat et par là même le sens de cette vie militante. Le portrait saisissant, et d’une terrible humanité, de tous ceux qui se consacrent à la vie politique et en maîtrisent les arcanes, à travers l’intimité d’un homme, héros solitaire, souvent dans l’ombre, toujours oublié : le premier des conseillers.

05/2011

ActuaLitté

Histoire de l'art

L'invention de l'esquisse à la Renaissance

Tout le monde ne sait pas que "? esquisse ? " vient de l'italien "? schizzo ? " (giclure, jet), mais personne ne pense ignorer de quoi il s'agit : un dessin préparatoire, fait à grands traits, où l'artiste fixe une première version approximative de l'oeuvre qu'il imagine, qui lui servira de modèle pour se guider dans l'exécution du tableau proprement dit. Sorte de brouillon graphique, dont les origines sont sans doute aussi anciennes que la peinture elle-même, l'esquisse est reconnaissable au premier coup d'oeil, et se présente comme une pratique sans mystère pour quiconque s'intéresse aux arts plastiques... A moins que ces fausses évidences ne nous cachent sa véritable histoire et ses vrais enjeux ? L'esquisse a sans doute été pratiquée sur toutes sortes de support depuis la Préhistoire, mais on n'en a gardé aucune trace avant la fin du Moyen Age. C'est en Italie, au milieu du XVe ? siècle et au cours du XVIe, que tout change. Non seulement les artistes (peintres, sculpteurs, architectes) multiplient les esquisses et se mettent à les conserver précieusement, mais le concept même de schizzo devient l'objet de vastes débats théoriques qui vont irradier dans toute l'Europe : l'Italie de la Renaissance invente l'esquisse comme processus intellectuel majeur de la création. Hollanda, Vasari, Vinci, Armenini, etc. en cherchent la définition et en explorent la diversité (inspiration initiale, rapidité d'exécution, mouvement, imperfection, première pensée, premier jet, tache, modèle, etc.) Ce sont ces sources que Lizzie Boubli rassemble ici pour analyser en profondeur cette révolution artistique et théorique qui nous a légué un immense trésor : les dessins de travail qui recèlent les secrets de l'oeuvre à l'état naissant. Un riche portfolio commenté permet de confronter les concepts et les réalisations, en se promenant librement dans le cabinet des plus grands maîtres.

12/2023

ActuaLitté

Sciences historiques

Un historien engagé. Mémoires

Il est plusieurs façons de servir l'histoire. La première consiste à pousser des recherches sur des domaines jusque-là mal éclaircis, à résoudre des questions imparfaitement posées, ou même à inventer de nouveaux thèmes d'étude. En travaillant par exemple sur " La France bourgeoise " (1946) - un véritable classique -, ou en se mettant en quête des " Origines sacrées des sciences modernes " (1986) - un ouvrage puissant et d'une étonnante fécondité -, Charles Morazé (1913-2003) a laissé une œuvre dont chaque jour qui passe montre la valeur et que les nouvelles générations d'historiens doivent découvrir. Mais Charles Morazé fut bien plus que cela. Aussi doué pour les sciences - notamment les mathématiques et la physique - que pour l'histoire, une discipline relevant normalement des humanités il fut aussi un homme d'action : très proche des historiens des Annales (Febvre, Braudel...), fondateur - avec d'autres - de l'École des hautes études en sciences sociales, professeur à l'École polytechnique et à Sciences-po, il occupa aussi, à cette époque de grands commencements que fut l'après-guerre, de hautes fonctions à l'Unesco. Membre ensuite des cabinets de Christian Fouchet et de Pierre Mendès France sous la IVe République, sous la Ve de celui du général de Gaulle (avec qui il garda toujours de confiantes relations), il fut bien un honnête homme à tous les sens de ce terme. Intellectuel de haute volée, connu à ce titre dans le monde entier (une chaire de l'université de Brasilia porte son nom), il s'engagea constamment et avec passion en faveur de sa discipline et de son pays. Retrouvés récemment par son épouse, ces passionnants Mémoires éclairent d'un incomparable éclat la renaissance des sciences sociales et de l'histoire en France depuis 1945, et la genèse de nombreuses institutions savantes d'aujourd'hui.

05/2007

ActuaLitté

Poésie

Chansons d'Arménie. Edition bilingue français-arménien

Poète et musicien, Djivani, de son vrai nom Sérop Lévonian, né en 1846 à Kartsakh en Géorgie et mort en 1909 à Tbilissi (à l'époque, Tiflis), fut le plus célèbre "achough" de son époque. Les achoughs, également appelés gusans, sont des trouvères arméniens qui disposent de tout un répertoire de chansons et de musiques traditionnelles, dont l'origine se perd dans la nuit des temps et qu'ils enrichissent de leurs propres compositions. Le plus célèbre d'entre eux est Sayat-Nova (1712-1795), lui aussi originaire de Tiflis. S'inscrivant dans cette tradition, virtuose du kamantacha (le violon arménien, héritier de la lyre byzantine), chanteur et poète, Djivani fut le porte-parole du peuple arménien en son temps, exprimant ses angoisses face à la persécution ottomane, célébrant la beauté et la vitalité de ses coutumes. Loin d'être de simples témoignages du passé, ses chansons sont toujours vivantes, connues de tous les Arméniens, chantées aujourd'hui encore par de très nombreux interprètes, mais également lues et étudiées comme un trésor de la poésie arménienne. En 1919, au lendemain du génocide arménien et à la veille de la signature du Traité de Sèvres, qui prévoyait la reconnaissance d'une grande Arménie indépendante, le poète et critique littéraire Archag Tchobanian (1872-1954) publia une anthologie intitulée Les plus belles chansons de Djivani pour faire connaître en France la poésie du célèbre achough. Intellectuel engagé, animateur de revues, lié à de nombreux écrivains français et francophones, de Romain Rolland à Verhaeren, Tchobanian fut l'un des grands médiateurs culturels entre la France et l'Arménie. Ses traductions de Djivani n'avaient encore jamais été réimprimées. Pour leur rendre vie, ce volume en propose une édition bilingue qui permet de goûter la beauté de la typographie arménienne et donne un intérêt supplémentaire à cette réédition.

04/2024

ActuaLitté

Histoire des femmes

Le Temps des féminismes

On ne naît pas féministe, alors comment le devient-on ? Précurseure de l'histoire des femmes, Michelle Perrot, 94 ans, livre ici un magnifique texte à la fois intime et théorique, livre d'histoire et autobiographie. Celle à qui son père conseillait de ne pas se mettre trop tôt un homme sur le dos, qui se rappelle avoir toujours voulu être comme les autres, abolir les différences avec les hommes, aborde son cheminement, de l'engagement chrétien au féminisme en passant par le communisme. Son itinéraire intellectuel, depuis sa thèse où elle voit rétrospectivement un regard presque masculin sur les femmes, donne à voir un siècle de changements sociétaux et la profondeur historique des luttes qui agitent aujourd'hui nos sociétés. Première historienne à enseigner l'histoire des femmes en France, en 1973, Michelle Perrot nous emmène dans une épopée au féminin en explorant toutes ses ramifications : l'histoire de l'accession à l'égalité, l'histoire du patriarcat, l'histoire du mouvement féministe et des grands débats qui l'ont parcouru et structuré, sur le corps, le genre, l'universalisme contre le différentialisme, la sororité, MeToo. Dans ces pages, la grande histoire se mêle au destin des femmes qui ont porté leur cause et l'on voisine avec Artemisia Gentileschi, Olympe de Gouges, Lucie Baud, Christine Bard, Hubertine Auclert ; l'on dialogue avec Monique Wittig, Arlette Farge, Yvette Roudy, Antoinette Fouque... La pensée lumineuse de Michelle Perrot, sans rien omettre des sujets les plus épineux, permet de déconstruire et parfois même de dépasser les clivages du féminisme contemporain. Le livre essentiel d'une pionnière, témoin d'un siècle de féminisme, dont l'engagement n'a d'égal que sa hauteur de vue.

02/2024

ActuaLitté

Pédagogie

Apprendre à comprendre. Donner du sens aux apprentissages avec les ateliers réflexifs

Et si, en classe comme ailleurs, "comprendre" n'allait pas de soi ? Et si ce n'était ni une attitude spontanée, ni une attitude automatique ? Et si les injonctions, aussi bienveillantes soient-elles, n'étaient guère efficaces dans ce domaine ? Bernard Gouze, en praticien-chercheur attentif et obstiné, s'est attaché à ces questions. Il a découvert que des élèves, traditionnellement considérés comme travailleurs, pouvaient se satisfaire de comportements d'imitation qui permettaient une réussite immédiate mais compromettaient leur développement intellectuel à long terme. Il a constaté aussi que d'autres élèves comprenaient trop vite et se satisfaisaient d'approximations... tandis que d'autres, encore, s'enferraient dans une attitude de refus, proclamant qu'ils ne comprennent pas et ne comprendront jamais. L'auteur a donc mis en place des "ateliers réflexifs" dont il nous livre ici la genèse, le mode d'emploi et l'évaluation. En mobilisant des approches diverses, il montre que l'accompagnement de la compréhension peut s'avérer particulièrement efficace, et cela dans toutes les disciplines. En aidant l'élève à mettre à jour "ce qui se passe dans sa tête", l'enseignant peut l'amener à effectuer les opérations mentales nécessaires à une compréhension authentique i associer, comparer, opposer, relier, analyser et faire des synthèses, dépasser ses représentations spontanées et surmonter ses préjugés. Au-delà de techniques particulièrement précieuses, c'est de la construction d'un nouveau rapport au savoir, exigeant, et d'un rapport au monde, curieux et attentif, précis et rigoureux, qu'il s'agit. Autant dire que tous les enseignants et toutes les enseignantes trouveront dans cet ouvrage les moyens d'agir concrètement, au quotidien, pour une meilleure réussite de toutes et tous.

05/2022

ActuaLitté

Pédagogie

Enseigner et apprendre les sciences. Recherches et pratiques

L'enseignement des sciences est l'objet de nombreuses critiques : trop abstrait, trop difficile, élitiste, inadapté aux nouveaux publics scolaires... Il s'agit pourtant d'un enseignement dont la valeur éducative est indéniable : il stimule le développement intellectuel des enfants et des adolescents ; il contribue à former des citoyens avertis et responsables, capables de prendre part aux grands débats de société (OGM, gestion des ressources de la planète, choix énergétiques, etc.) ; et enfin, il est la base de l'accès à de très nombreuses professions dans les secteurs les plus variés (agriculture, artisanat, économie, environnement, industrie, santé...). Sur quelles bases organiser cet enseignement pour qu'il soit accessible à tous les élèves ? Quels objectifs poursuivre ? Quelles sont les activités appropriées ? Quelles sont les stratégies pédagogiques ? Comment évaluer leur impact sur les élèves ? Cet ouvrage collectif s'appuie sur plus de deux décennies de travaux de recherche, conduits par le Laboratoire Interuniversitaire de Recherche sur l'Enseignement des Sciences et des Techniques (LIREST), pionnier en France des recherches sur l'enseignement des sciences et des techniques au collège et au lycée. Il restitue l'origine des questionnements, les choix stratégiques effectués quant aux questions traitées, et offre un bilan des apports de la recherche, tant du point de vue de la compréhension des processus en jeu que des propositions pour l'enseignement. Alternant des interviews de personnalités fortement impliquées dans la rénovation de l'enseignement et la recherche, la présentation d'outils, des synthèses de travaux sur des sujets essentiels comme la résolution de problème, la modélisation ou la mesure, il témoigne de manière vivante de l'évolution des idées en matière d'éducation scientifique. Premier ouvrage en langue française réunissant une somme aussi considérable de travaux, il constitue un outil indispensable pour tous ceux qui s'intéressent à l'éducation scientifique et technique.

07/2005

ActuaLitté

Histoire internationale

La Nuit rwandaise n°8 : La France a participé au génocide. 20 ans de déni, ça suffit !

La France a participé au génocide des Tutsi. 20 ans de déni, ça suffit ! 8eme numéro de la revue annuelle La Nuit rwandaise. Alors que se dessine de plus en plus clairement le tableau dévoilant l'ampleur des complicités - et de la participation directe - de la France dans le génocide des Tutsi du Rwanda, le 8eme numéro de la revue fait le point sur l'état des savoirs sur la question. En plus des dossiers et rubriques habituelles de la revue, deux importants dossiers : Une saison au Congo : Retour sur la guerre de l'ONU, au Kivu. Guillaume Ancel, qui a quitté l'armée française en 2005 avec le grade de lieutenant-colonel, apportait début avril un nouvel éclairage sur l'opération Turquoise (23 juin-22 août 1994), auquel il a pris part, et sur le soutien apporté par la France aux forces génocidaires, au Congo (ex-Zaïre) : "En leur livrant des dizaines de milliers d'armes, nous avons transformé les camps de réfugiés du Zaïre en base militaire. On a clairement été à l'origine d'une continuation des combats qui ont fait des centaines de milliers de morts". Et qui continuent à en faire, vingt ans après, comme on le verra dans ce dossier supervisé par L'Agence d'information. Art et Mémoire : Pour ce numéro spécial, illustré par Bruce Clarke, vingt ans après la commission du génocide des Tutsi et quatorze ans après le projet "Ecrire par devoir de mémoire" , sont également publiées les réflexions des auteurs et artistes du projet Fest'Afrika sur leur rencontre avec le Rwanda et la tragédie du génocide. En mémoire de toutes les victimes rwandaises du racisme et de la haine, et en hommage à Théogène Karabayinga. Mais le génocide des Tutsi a-t-il duré 100 jours, en 1994, ou trentre ans ? Un génocide oublié. Est également ouvert, dans ce numéro, avec un texte de Jean-Luc Galabert, écrit à l'occasion de la cinquantième commémoration des massacres génocidaires contre les Tutsi en 1963-1964, un dossier sur les "premières vagues génocidaires" au Rwanda. Témoignages & Documents : Ce numéro ouvre également deux rubriques à part entière à partir de contributions extérieures ; ainsi nous lançons un appel pour ceux qui veulent répercuter leur témoignage et/ou des documents d'archives autour du génocide des Tutsi.

04/2014

ActuaLitté

Sciences historiques

Armorial de Gelre. Bibliothèque royale de Belgique, Ms 15652-15656, Edition bilingue français-néerlandais

Parmi les quelque 350 ou 400 armoriaux que le Moyen Age nous a laissés, l'Armorial de Gelre est probablement le recueil le plus célèbre. A cela différentes raisons dont la principale tient sans doute à ce qu'il est conservé à Bruxelles, capitale d'un pays où les études héraldiques ont toujours été à l'honneur et où les armoiries sont restées vivantes, du Moyen Age à nos jours. Il est originaire des Pays-Bas, couvre une large partie de l'Europe, montre un dessin héraldique ferme et inventif et livre des informations de qualité. De taille plutôt modeste (22 x 14 cm), comme la plupart des recueils "aide-mémoire" compilés par les hérauts d'armes, le manuscrit comporte 124 feuillets, copiés et peints sur parchemin. A juste titre, l'Armorial de Gelre est aujourd'hui considéré comme un des trésors fragiles de la Bibliothèque Royale et donc de communication restreinte. Les 25 premiers feuillets nous font connaître le texte et les armes de trois ensembles de poésies héraldiques et de deux courtes chroniques en vers : 1. Les défis adressés au duc Jean III de Brabant en 1334 par dix-huit princes ligués contre lui. 2. Les louanges de quatorze grands seigneurs morts en 1345 à la bataille de Staveren, livrée par le comte Guillaume II de Hollande et de Hainaut contre les Frisons. 3. Une chronique de la maison ducale de Brabant et une autre de la maison comtale de Hollande, toutes deux armoriées et poursuivies jusqu'au milieu du XIV" siècle. 4. Enfin l'éloge de douze chevaliers, originaires de régions sises entre Meuse et Rhin et célèbres par leurs prouesses à la guerre et au tournoi. La cinquième et dernière partie (fol. 26-124), forme un armorial peint, recensant 1707 armoiries provenant de toute l'Europe. Ces armoiries sont classées par marches d'armes : d'abord le Saint-Empire romain germanique et les territoires des princes électeurs ; puis les grands royaumes de la Chrétienté : France, Hongrie, Pologne, Danemark, Angleterre, Aragon, Ecosse, Suède, Navarre, Norvège, Portugal, Naples et Sicile, Bohème ; vient ensuite une série de fiefs d'Empire plus ou moins importants, de la Flandre à l'Autriche, en passant par les Pays-Bas, les pays rhénans, tout le nord de l'Allemagne et même la Savoie. Quelques armoiries isolées ont été ajoutées ici ou là, ainsi qu'un ensemble d'armoiries bretonnes, curieusement placées entre l'Autriche et le Brabant.

01/2012

ActuaLitté

Littérature étrangère

Journal (1939-1943)

Fils de la poétesse Marina Tsvetaeva, Gueorgui Efron, que l'on appelait Murr, est né en Tchécoslovaquie, le 1er février 1925 et a grandi en France jusqu'à l'âge de quatorze ans. En 1937, son père et sa soeur retournent en URSS, suivis en 1939, par Marina et Murr. Après l'arrestation d'Ariadna et de Sergueï Efron, Gueorgui et sa mère restent seuls, contraints de déménager et de vivre des maigres revenus de Tsvetaeva. Au début de la guerre, Marina Tsvetaeva et son fils sont évacués à Elabouga. Submergée par la misère, la solitude et l'incompréhension, elle se suicide le 31 août 1941. Envoyé au front, son fils fut tué au combat le 7 juillet 1944. Murr commence à tenir son Journal dès son arrivée en URSS. Les dernières notes datent d'août 1943, quelques mois avant sa mort. La première partie de ce document plonge dans la réalité soviétique la plus ordinaire et la plus brutale qui soit. Sa force vient de la disproportion entre sa banalité et les grands bouleversements dont il se fait l'écho. Gueorgui Efron ouvre une Fenêtre sur le monde pour se livrer à une observation continue de l'ordinaire soviétique. Il note une foule de pensées et d'émotions, de faits et de détails quotidiens qui évoquent l'atmosphère de Moscou sous la Terreur, à la veille de la Seconde Guerre mondiale. La seconde partie s'ouvre sur la terrible année 1941. C'est l'invasion de l'URSS par l'Allemagne, l'évacuation précipitée en Tatarie, puis le suicide de Tsvetaeva. Murr, devenu orphelin, désormais livré à lui-même, commence une vie errante et incertaine. Le Journal prend alors une autre dimension et devient un témoignage sur la survie. L'obsession de la faim devient le leitmotiv des années 1942-1943, elle ne le quitte jamais. Quelque chose se brise dans la personnalité du jeune homme. Mais le Journal continue de s'écrire. La vie devient plus oppressante, et se trouve suspendue aux ordres arbitraires. La descente aux enfers se fait en temps réel ; le document est saisissant, non par la puissance de l'émotion, mais par l'adhérence matérielle à la situation, face aux horreurs impassibles du quotidien. L'écriture devient un état second. Le cahier s'arrête lorsque son auteur est happé par la guerre, lorsqu'il n'y a plus de papier ni de crayon.

08/2014

ActuaLitté

Poésie

Ceux que l'on oublie difficilement. Précédé de Fumées

Le soir du 23 juin 1908 Takuboku entre dans une période de création exceptionnelle : "La nuit dernière, écrit-il dans son journal, j'ai commencé d'écrire des tankas avant d'aller me coucher. Mon enthousiasme s'est accru d'heure en heure et j'ai écrit toute la nuit. A l'aube j'ai été me promener dans le cimetière du temple d'Honmyoji, ce qui m'a beaucoup rafraîchi. Mon enthousiasme a continué, et j ai composé plus de 120 tankas depuis hier soir jusqu à 11 h ce matin." Le lendemain il note encore : "Dans ma tête tout est tanka. Tout ce que je vois et tout ce que j'entends devient tanka. Aujourd'hui j'ai composé 141 tankas jusqu'à 2 h du matin. Quarante d'entre eux concernent mes parents. En les écrivant, j'étais en larmes." Beaucoup des tankas écrits durant ces moments seront repris dans les deux ensembles ici publiés, parus à l'automne 1910, notamment : "Je murmure mon nom / comment revenir aux larmes / de mes quatorze ans." Trois mois plus tard, le 9 janvier 1911, Takuboku écrit à l'un de ses anciens camarades de collège, Fukashi Segawa : "Cela ne me gêne pas si pendant des jours ou des mois je n'ai pas envie d'écrire des tankas. Cela me laisse indifférent. Mais, parce que je suis obligé de mener une vie quotidienne insatisfaisante, il devient souvent impératif de chercher la preuve de mon existence en devenant conscient de mon moi à chaque instant. C'est à ces moments-là que j'écris des tankas. Je me console un peu moi-même en changeant le moi en mots et en les lisant. [...] Tu vois, même si j'écris maintenant des tankas, je souhaite devenir un homme qui n'a pas besoin d'en écrire." Le 4 février suivant, il est admis à l'hôpital universitaire de Tokyo pour une péritonite chronique liée à la tuberculose qui l'emportera. Durant les douze mois qu'il lui reste à vivre, il écrit le Jouet triste. "J'écris des tankas, avait-il noté, parce que j'aime la vie. J'écris des tankas parce que je m'aime plus que toute chose. Certes le tanka mourra. Je ne veux pas faire de la théorie, il s'effondrera de l'intérieur. Mais il ne mourra pas d'ici longtemps encore."

11/2017

ActuaLitté

musique électronique

The Source. L'histoire secrète de Father Yod, de Ya Ho Wa 13 et de la source family

Nous sommes à l'aube des années 70, une époque où se développent tant de cultes et de communautés obscures. Dans la journée, au célèbre restaurant la Source, la Family sert à John Lennon, Warren Beatty et autres célébrités de la cuisine diététique. La nuit, avant l'aube, dans leur demeure sur les collines d'Hollywood, les fidèles explorent le cosmos grâce à la sagesse que leur transmet leur leader charismatique, Father Yod. C'est une figure surprenante qui compte quatorze "épouses spirituelles" , conduit une Rolls-Royce et s'affiche à la tête du groupe de rock Ya Ho Wha 13, considéré par les aficionados comme la meilleure représentation du rock psychédélique d'alors. L'histoire de la Source Family - tenue secrète pendant trente ans après le décès de Father lors d'un accident de deltaplane en 1975 - est ici contée par Isis Aquarian et les membres de la Family même. Accompagné de plus de deux cents photos d'époque, c'est le plus fidèle des récits sur une période et un courant qui en font rêver beaucoup. En effet, avec la liberté effrénée qui règne dans la Californie en ce début de décennie, pour les chasseurs de sectes et les détracteurs obsédés de "lavage de cerveau" , la Source Family est l'une des meilleures études de cas. C'est un groupe de fidèles, des jeunes gens dont les liens sexuels, spirituels et financiers sont dictés par une figure emblématique se présentant à ses ouailles sous la figure de Père et de Dieu. Quand la spiritualité est un acte créatif d'exploration avant-gardiste, une communauté peut devenir un art collectif. The Source est écrit par l'une de ces disciples les plus enthousiastes ; elle a fait partie des épouses de YaHoWha et le considère toujours comme le grand amour de sa vie. Isis, pleine de passion et de réflexion, nous offre un regard intime sur cette Family. Avec la participation de ses frères et soeurs, ce livre - comprenant des photographies, des souvenirs, des recettes et des rituels - fait de the Source l'un des témoignages les plus précieux sur les mouvements spirituels des années 70. Le New Age, ou la foi en l'aube d'une ère nouvelle gouvernée par l'amour et la sagesse...

05/2023

ActuaLitté

Généralités

Études Roussillonnaises - Tome XXVII. Sur les pas de Benoît XIII, édition des Actes du concile de Perpignan (15 novembre 1408-26 mars 1409)

Le titre donné à cette publication mérite quelques explications. L'élément placé en second, Edition des Actes du concile de Perpignan, indique la nature du document qui est ici publié intégralement. Mais il ne dit rien ni de son contenu ni de ce qu'il révèle : la personnalité d'un pape qui a marqué son temps, celui du Grand schisme d'Occident. Sous son enveloppe administrative, le document est en effet narratif à plus de quatre-vingt pour cent : il entraîne le lecteur Sur les pas de Benoît XIII. La convocation du concile répondait à la nécessité de faire le point après quatorze années d'un pontificat très mouvementé. Benoît XIII n'était pas le pasteur suprême d'un paisible troupeau mais l'un des deux pontifes qui se disputaient le trône de saint Pierre depuis 1378 et qui maintenaient de ce fait la chrétienté divisée en deux obédiences concurrentes. Combat de chefs à ses origines, le schisme s'était peu à peu mué en une lutte pour contraindre les belligérants à rétablir l'unité de l'Eglise. Le roi et le clergé du royaume de France, qui avaient pris l'initiative d'intervenir par la contrainte, finirent par trouver des alliés en Italie et jusque dans les rangs des deux sacrés collèges. A l'été 1408, la majorité des cardinaux des deux camps s'accorda sur la nécessité de réaliser l'unité, sans plus d'égard pour la légitimité d'un pape ou de l'autre. La convocation d'un concile général à Perpignan lancée par Benoît XIII pour la Toussaint 1408 était donc un contrefeu. L'objectif poursuivi par ce pape était d'y démontrer qu'il s'était dépensé sans compter en vue de l'union et qu'il n'était en rien responsable de l'échec des multiples tentatives de rapprochement avec son rival. Dans ce but, il avait fait préparer un long rapport historique qui fut intégralement lu aux 250 participants. Il escomptait par là obtenir d'eux un quitus et l'assurance qu'ils allaient continuer à le suivre. Comme tous les documents ecclésiastiques médiévaux, les Actes du concile de Perpignan sont rédigés en latin. En raison de leur exceptionnel intérêt, les éditeurs ont souhaité ne pas en réserver la lecture aux seuls spécialistes : une traduction partielle en français, entrecoupée de résumés, accompagne l'édition du début à la fin. Une longue introduction apporte les informations nécessaires à une bonne compréhension.

12/2022

ActuaLitté

Littérature étrangère

Sanctuaire du coeur

La fugue de Thanh plonge dans la stupeur ses parents, un couple de professeurs respectés, ainsi que toute la petite ville proche de Hanoi où vit cette famille modèle. A seize ans, le jeune homme était promis à un brillant avenir et n'avait jamais donné le moindre signe de trouble ni de rébellion. Quand on le retrouve quatorze ans plus tard - en 1999, le temps du récit -, il est devenu gigolo, entretenu par une femme d'affaires rencontrée dans la maison close de Saigon où il exerçait ses talents de prostitué. Comment - et pourquoi - ce jeune homme sans histoires en est arrivé là, c'est ce que dévoile ce roman diaboliquement construit. Thanh a tout le temps, pendant ses longues journées dans la villa de la côte que seuls rythment des dîners dans des établissements de luxe, de se remémorer son passé. Ses jeunes années sont autant de souvenirs lumineux : elles ont été à jamais marquées par la présence radieuse de Tra My, son amie de toujours, la petite fille que ses parents avaient recueillie et dont il était tombé éperdument amoureux. Sa descente aux enfers après sa fugue vient en sombre contrepoint de cette enfance heureuse : les scènes époustouflantes de son arrestation par erreur dans un hôtel de passe, de son emprisonnement avec des droit commun ou de sa rencontre avec le proxénète qui l'a embauché donnent à Duong Thu Huong la matière d'un portrait sans appel d'une société vietnamienne déstabilisée et corrompue que dominent le sexe, le pouvoir et l'argent. Quand Thanh ne supporte plus sa vie oisive d'objet sexuel et qu'il décide de prendre un nouveau départ, il ne peut s'empêcher de buter sur le traumatisme subi lors de ses seize ans. La scène qui le hante, et dont son propre père est l'acteur principal, donne la clé de sa dérive et du roman tout entier. La question sous-jacente que pose en effet Duong Thu Huong tout au long de ce livre consacré aux enfants des hommes et des femmes de sa génération, celle qui s'est battue pour des idéaux et qui ne se reconnaît pas dans le Vietnam d'aujourd'hui, est déchirante : qu'avons-nous fait à nos enfants ? quel monde leur laissons-nous ?

09/2011

ActuaLitté

Histoire de France

LE PROCES PAPON. Un journal d'audience

Avant même l'ouverture du procès, la cause semble entendue : Maurice Papon, secrétaire général de la préfecture de la Gironde sous l'Occupation, est coupable. Mais, au fil des audiences, il devient bientôt clair que l'instruction, en quatorze ans, a été pour le moins mal faite ; que l'Histoire, celle des historiens cités à comparaître, est plus nuancée dans ses analyses des chaînes de responsabilité administrative ; que les témoignages des grands acteurs témoins de la Résistance divergent sensiblement d'un tableau en noir et blanc ; que la Mémoire des enfants et parents des victimes déportées doit se contenter d'obtenir réparation d'un fonctionnaire de rang moyen, alors que ses supérieurs hiérarchiques, jamais inquiétés, sont morts en toute quiétude au cours de l'instruction ; que nombre de parties civiles ont cru ne faire qu'une bouchée d'un accusé prompt à se défendre, vif à confondre de pseudo-témoins à charge, à nier ses responsabilités historiquement avérées mais judiciairement difficiles à établir cinquante-cinq ans après. Au terme d'un procès-fleuve, une peine de dix ans est prononcée qui ne satisfait ni le Droit, ni l'Histoire, ni la Mémoire. La Cour d'assises innocente Maurice Papon des faits de complicité d'assassinat retenus contre lui par l'instruction et l'arrêté de renvoi ; elle juge l'accusé coupable de complicité d'arrestation et de séquestration, ce qui est peu s'il s'est agi de juger Vichy et son administration ; elle introduit en France la gradation des peines en matière de crime contre l'humanité ; elle esquive, enfin, le grand débat juridique visant à définir ce crime suprême soit comme un crime de droit commun à évaluer selon les intentions présidant à chaque acte, soit comme un " crime de bureau ", s'insérant dans un processus génocidaire plus vaste, où la responsabilité se mesure à l'aune non plus seulement de l'acte de l'individu mais du rôle qu'il assume dans une chaîne criminelle de responsabilité. Le délitement du procès Papon, au fil des audiences, Eric Conan, l'un des rares journalistes à avoir assisté à toutes les audiences, nous le donne à lire dans ce Journal. Il note les propos de chacun, restitue l'atmosphère, tendue, pathétique ou cocasse, livre les moments et les discours clés. Le lecteur de ce document de référence découvre bientôt comment un procès, longtemps jugé improbable, se révéla progressivement un procès impossible.

05/1998

ActuaLitté

Littérature française

Daghailchiih. Tu rapporteras à ton père le scalp d'Hitler

1938, Chinle, Arizona. En cette étrange année de paix, David, un jeune "Natif" surdoué instruit par les Blancs, réintègre sa réserve de façon permanente et découvre que le monde des Navajos est aussi peu adapté au modèle américain qu'à ses propres valeurs ancestrales. Seul son grand-père tient encore son rôle de passeur en bricolant ce qu'il peut avec les traditions. Mais les cultures s'entrechoquent et se délitent, à l'image du père de David, un Navajo sans racine qui a construit son identité indienne sur la base d'un western muet au cinéma. En outre, l'adolescent a la moustache qui lui pousse, ce qui, pour un Navajo et son obsession du sang pur, pose problème. Tandis que les conditions de vie dans la réserve se dégradent, le père de David ne trouve comme rédemption à sa folie et au naufrage général que de confier à son fils la mission de lui rapporter le scalp de cet ennemi dont on parle constamment à la radio et dont il jure avoir vu les émissaires il y a des années déjà chez les autres nations indiennes. Scalper Hitler ou, pour les Navajos, Mustache Smeller : Daghailchiih ! Ainsi pense-t-il pouvoir restaurer la Beauté du monde, l'Hózhó. David n'aura pas d'autre choix que de se conformer au désir absurde de son père, pour peut-être regagner sa propre identité perdue. Seulement, à treize ou quatorze ans, le garçon est bien trop jeune, il est un hybride culturel dans un monde qui se croit encore simple. Un drôle de Road Movie déroule ses épreuves et ses miracles. Au fil des rencontres, David va vivre la guerre mais de l'intérieur, avec en germe les futurs camps de "concentration" pour les Japonais, avec la ségrégation, le mensonge et les haines nazies bien présentes sur le sol américain. A Bellemont, entre le Pine Breeze Inn. du futur camp militaire navajo et bien avant celui d'Easy Rider, les références de la grande mythologie américaine s'entrechoquent dans le chaos de cette autre étrange année de paix 1939. Car c'est au moment où le culte de l'identité et du sang est poussé à son paroxysme partout sur la planète que la question de savoir qui l'on est et où l'on se sent le droit d'exister se pose le plus crûment. Et pour le siècle à venir...

02/2017

ActuaLitté

Histoire et Philosophiesophie

Histoire des démarches scientifiques. De l’Antiquité au monde contemporain

L'idée cruciale de démarche scientifique n'est pas univoque. Il devient alors nécessaire de parler des démarches scientifiques, de leur pluralité, de la versatilité des aspects jugés majeurs. Faire appel à l'histoire des sciences pour en dégager les caractéristiques, les fluctuations et les permanences s'impose ; c'est l'objectif de ce livre. La découverte décisive ou le génie surréel du savant sont souvent mis en avant dans les récits des avancées des sciences : " ils éblouissent, on croit qu'ils éclairent ", pour reprendre une formule de Condillac. Le point d'arrivée masque fréquemment la voie suivie, dont on arase les sinuosités. La démarche scientifique semble dès lors relever d'une méthode linéaire et stabilisée. Ce livre explore les arcanes et les réticulations de ces conceptions. Depuis l'Antiquité, de multiples " discours de la méthode " ont été élaborés par des scientifiques et philosophes soucieux de définir et baliser les trajectoires du savoir jugées fructueuses : Aristote, Bachelard, Bacon, Bernard, Comte, Descartes-, Hume, Kant, Kuhn, Mill, Newton, Popper, Whewell, sans oublier les réflexions méthodologiques remarquables d'auteurs antiques, médiévaux et plus contemporains moins connus, tels quel al-Farabi, Bunge, Carnéade, Faraday, Grosseteste... Cet ouvrage, abondamment documenté, les présente, les analyse et les compare, montre des filiations, des traditions, des revirements. Il permet de discerner les processus intellectuels à l'oeuvre dans l'accès à la connaissance au cours de l'histoire de l'humanité ainsi que dans la recherche contemporaine, et quelles parts peuvent y prendre la déduction, l'induction, l'analogie, l'abduction, mais aussi les doutes, les errements, les révisions. Cette traversée de l'histoire des démarches scientifiques se conclut par un bilan épistémologique interrogeant l'unité et la diversité de ces démarches, pour finalement en proposer une synthèse s'appuyant sur le concept de démarche hypothético-abductive. S'adressant aux enseignants qui forment leurs élèves à la pensée scientifique, aux formateurs d'enseignants, aux étudiants en sciences, en histoire et en philosophie et plus largement à tous ceux qui s'intéressent à l'élaboration des connaissances scientifiques, ce livre mêlant la fresque et le détail, est un précieux outil de compréhension.

12/2019

ActuaLitté

Histoire de France

La bibliothèque capitulaire de Reims du XVe au XVIIIe siècle. L'inventaire de 1456-1462 et ses récolements (1470, 1479) - L'inventaire de la fin du XVIIe siècle

Depuis son origine carolingienne jusqu'à la veille de la Renaissance, la bibliothèque capitulaire de Reims a connu quelques périodes particulièrement fastes, comme celle du juriste et archevêque Hincmar (845-882) ou celle du Grand Schisme en raison de la proximité des archevêques de Reims avec des papes d'Avignon. Enfin, des prélats curieux et éclairés comme Guillaume Fillastre, doyen de Chapitre de Reims et cardinal de Saint-Marc (mort en 1428), très présents aux nombreux conciles qui ont égrainé cette époque, ont su saisir le sens de la démarche des intellectuels transalpins dans le domaine des " sciences " et des " humanités " et contribuer à en répandre la connaissance en France. La rédaction de l'inventaire des livres de la bibliothèque de l'Eglise métropole de Reims a été effectuée entre 1456 et 1462. Il achève un mouvement général de mise en ordre des manuscrits que conserve la cathédrale Notre-Dame. En effet, l'archevêque Guy de Roye (1390-1409) soumet le don au Chapitre des 153 volumes de sa propre bibliothèque à la construction d'une libraria, condition remplie par son successeur, Simon de Cramaud (1409-1429). Le transfert des livres donne l'occasion au chanoine Gilles d'Aspremont d'effectuer une amorce de récolement en 1412. Cet inventaire, un document de 28 feuillets en papier, donne pour chaque manuscrit une notice comportant généralement le titre de l'oeuvre et son auteur, un incipit et un explicit, le nombre de feuillets et sa provenance. La plupart des ouvrages étaient alors enchaînés à des pupitres, les livres estimés de moindre valeur étant conservés dans des armoires. Figurent aussi sur ce document des notes qui montrent qu'il fut en son temps un instrument de gestion de la bibliothèque. Près des trois quarts des manuscrits cités ont été identifiés (72 %) et localisés dans leur énorme majorité sur les travées de la Bibliothèque Carnegie de Reims, étonnante continuité. Pour appréhender l'ampleur et les limites de cet inventaire, ont également été édités ce qui concerne les livres dans l'inventaire du Trésor de 1622 (revu en 1669) et l'inventaire très sommaire rédigé en 1684, ce dernier incluant notamment les manuscrits de la bibliothèque d'études qui ne figuraient pas dans l'inventaire du XVe siècle.

06/2019

ActuaLitté

Histoire de France

Pour l'amour de la République. Le Club Jean Moulin 1958-1970

Voyage au pays des élites du début de la Ve République, ce livre fait revivre un monde disparu. En 1958, le retour de De Gaulle, la guerre d'Algérie et les dysfonctionnements de la IVe République projettent dans l'engagement militant des Parisiens très diplômés. Haut fonctionnaire passé à la clandestinité, Jean Moulin est leur modèle et le compagnon de Résistance de certains d'entre eux. Ces bourgeois libéraux accomplissent une série d'actes hors du commun, et leur histoire éclaire la vie politique d'un jour nouveau. Jean Moulin est l'emblème d'une génération de clubs civiques qui s'est épanouie entre 1958 et 1966. Par sa vitalité, ce mouvement met en question l'image tocquevillienne du déficit associatif français. Jean Moulin illustre aussi la résurgence de l'héritage de 1789 et de la Résistance dans la lutte contre la guerre d'Algérie. Socialement dominants, les clubistes subissent la politique algérienne du pouvoir comme une oppression. L'État, qu'un tiers d'entre eux sert, porte atteinte à leur image de la République. Leur riposte participe de l'intervention des intellectuels de gauche. Mais, sans publicité, ils mènent une action plus originale à l'intérieur de l'État, en suivant certaines des lignes de fracture qui le cisaillent. L'image de l'exécutif fort, appliquée à la République gaullienne, s'en trouve ici révisée. Le Club est également porteur d'une utopie démocratique qu'il appelle le " civisme républicain ". L'idéal d'une démocratie pacifiée fonde son style mesuré. Transcendant les clivages partisans, il veut constituer le " parti du mouvement " en rapprochant les socialistes et les démocrates-chrétiens. Il mise sur l'élection du président de la République au suffrage universel, mais se brise finalement dans le choc des cultures civique et partisane. Après 1965, la IVe République étant enterrée, la guerre finie, et le parti de la gauche non communiste en voie de reconstitution, l'espace ouvert à la fin des années 1950 se referme. Le Club disparaît en 1970, mais son entreprise a mis au jour la vivacité latente de la citoyenneté républicaine dans la société civile. Elle a aussi préfiguré l'émergence de la social-démocratie à la française, qui se manifestera à la fin du XXe siècle.

04/2002

ActuaLitté

Sciences historiques

Ernst Kantorowicz, une vie d’historien

Ernst Kantorowicz (1895-1963) est considéré à la fois comme un spécialiste d'histoire de l'art, de théologie médiévale et de droit canonique, de philologie et de droit patristique, de littérature et de philosophie médiévales. Peut-être le doit-il d'abord à sa nature artiste. Sa biographie de Frédéric II de Prusse parue en 1927 est devenue un best-seller et Les Deux Corps du roi (publié en 1957), une expression de la science politique et du langage courant. Sa vie elle-même traverse les tragédies du siècle. Né dans une famille juive industrielle de Poznán, il débute en ardent nationaliste, engagé volontaire au service du Kaiser, blessé à Verdun, volontaire encore pour la lutte contre les spartakistes. C'est à ce titre qu'après la Première Guerre il est étroitement lié au Cercle de Stefan George — considéré alors comme le plus grand poète vivant — qui avait constitué autour de lui une sorte de secte fanatique d'antimodernisme et d'antirationalisme dévouée au culte du héros et à la recherche d'une Allemagne secrète et souterraine. Nationaliste conservateur, Kantorowicz s'engage pourtant dans la lutte antihitlérienne dès 1933, ce qui le conduit à refuser de prêter serment au régime nazi et donc à devoir démissionner de son poste universitaire en 1934. Il échappe de peu à la Nuit de cristal en 1938 et réussit à fuir, par l'Angleterre, aux Etats-Unis où il trouve un poste à Berkeley. Il s'y attache, fait école jusqu'à ce que le maccarthysme fasse de lui un des défenseurs de l'indépendance universitaire (à l'allemande), un des premiers intellectuels à refuser le serment de loyauté. Déchu de nouveau de son poste universitaire, il est accueilli à Princeton au sein de l'Institute for Advanced Study. Mais c'est sa personnalité qui rend Kantorowicz fascinant : cet érudit avait l'élégance d'un dandy, un charme personnel qui lui valait toutes les conquêtes, féminines et masculines. Il s'est lancé dans des liaisons brillantes avec l'aristocratie allemande et fut tout proche, sa vie durant, du grand historien d'art d'Oxford Maurice Bowra, autour de qui se pressait une cour d'esprits brillants.

04/2019

ActuaLitté

Littérature étrangère

Le quintet de l'Islam Tome 5 : La nuit du papillon d'or

De beau matin, le téléphone sonne chez Dara, le narrateur, écrivain installé à Londres : son ami de jeunesse, avec qui il militait dans les années soixante à Lahore, le tire du sommeil pour lui rappeler une vieille dette d’honneur. Plus de quarante ans se sont écoulés et Platon, devenu un peintre célèbre et controversé, veut que Dara écrive sa vie. Puisque Dara n’a d’autre choix que de s’exécuter, il tire prétexte de cette biographie de commande pour partir sur les traces de son propre passé : les amis étudiants d’alors, ceux avec qui il partageait tout, les utopies marxistes, l’amour de la poésie penjabi, les virées estivales dans les montagnes de l’Himalaya et les intrigues sentimentales, sont dispersés à travers le monde. Les voies qu’ils ont empruntées sont fort divergentes : devenu un chirurgien célèbre aux États-Unis, l’un d’entre eux a (brièvement et à la grande honte de sa famille) rejoint les rangs du Parti républicain, tandis qu’un autre s’est engagé dans la révolution maoïste. Platon, resté dans leurs pays natal, se consacre à son grand oeuvre : une toile gigantesque intitulée Les Quatre Cancers de Terre Patrie – l’Amérique, les militaires, les mollahs et la corruption de la classe politique. Car il est beaucoup question, dans ce roman résolument contemporain, du Pakistan d’aujourd’hui (jamais nommé), dont Tariq Ali brosse un portrait dévastateur, mais pour les raisons qui ne sont pas forcément celles que met en avant le discours occidental. Témoin la caricaturale (et hilarante) victime de l’islam devenue la coqueluche des médias français que met en scène l’écrivain. Car le polémiste n’est jamais loin du romancier (en atteste le coup de griffe aux intellectuels de gauche parisiens). Mais, si le propos de Tariq Ali est toujours politique, celui-ci reste un formidable conteur. Quand il dénonce le féodalisme, c’est à travers le personnage de la belle Zaynab, la compagne de Platon, qui jeune fille a été mariée au Coran… pour éviter que le patrimoine familial soit dilapidé. Et l’histoire d’amour de Dara avec la belle Jindie, le « Papillon d’or » du titre, tient le lecteur en haleine tout au long du roman.

10/2011

ActuaLitté

Religion

Dieu peut-il mourir en Afrique ? Essai sur l'indifférence religieuse et l'incroyance en Afrique noire

Il faut s'en persuader, même si cela va à l'encontre du discours habituellement tenu : l'étude objective des traditions connues révèle que les Africains ne croient pas tous en un Dieu unique, créateur, rémunérateur et vengeur. La croyance à l'au-delà n'est pas aussi évidente qu'on le dit souvent. Il y a des cas d'incroyance dans les sociétés traditionnelles, et il existe une tradition de pensée critique à l'égard de la religion que l'on trouve dans un grand nombre de contes. L'indifférence et l'incroyance se rencontrent aussi dans certaines sociétés contemporaines, non seulement parmi les lycéens, les étudiants et les intellectuels, mais aussi parmi les cadres, les commerçants, les employés. Les devoirs religieux sont habituellement négligés, la religion a peu de place dans les préoccupations de la vie quotidienne, les vérités de foi fondamentales sont mises en question. Il n'est pas rare que romanciers, sociologues, philosophes d'obédience marxiste ou non, présentent la religion comme une mythologie périmée, un frein au progrès de l'humanité, un instrument de domination et d'exploitation ou, tout simplement, comme une absurdité. L'effondrement des régimes communistes ne signifie pas nécessairement la mort de la pensée de Marx. Curieusement, le message final du Synode africain (mai 1994) ne souffle mot de l'indifférence religieuse et de l'incroyance en Afrique. On pense, bien à tort, qu'elles ne concernent pas l'Afrique et qu'à tout prendre il ne s'agit que d'importations étrangères tant il va de soi que l'Africain est doué d'" un sens naturel de la présence de Dieu ". Et si ça n'était pas le cas ? Certes, il ne s'agit pas dans cet ouvrage d'opposer à la thèse d'une Afrique incurablement religieuse, celle d'une Afrique irreligieuse. Il s'agit en fait d'aller au-delà des traditions les mieux assurées et de poser clairement un certain nombre de questions, qui paraîtront peut-être à certains inopportunes, mais dont la vie quotidienne des villes et des campagnes africaines révèle dès aujourd'hui l'urgence. L'étude du phénomène religieux en Afrique noire est bien moins avancée qu'il n'y paraît et le chantier est immense.

04/2013

ActuaLitté

Beaux arts

Le double voyage : Paris-Athènes (1919-1939)

?" Paris m'a ouvert les yeux " écrit le sculpteur grec Apartis, élève de Bourdelle, arrivé dans la capitale française en 1919. " C'est l'Acropole qui a fait de moi un révolté ", déclare pour sa part Le Corbusier en 1933. Nous saisissons là l'essence même du " double voyage " : durant l'entre-deux-guerres, intellectuels et artistes traversent la Méditerranée orientale dans les deux sens, d'Athènes à Paris et de Paris à Athènes, chacun puisant dans ce va-et-vient fécond ce qui lui manque : les Grecs viennent se former à Paris et se frotter aux grands courants artistiques du moment, les Français partent en Grèce à la recherche d'une Antiquité renouvelée et découvrent un pays qu'ils ne soupçonnaient pas. Le poète Séféris, le romancier Théotokas, l'architecte Pikionis, le compositeur et chef d'orchestre Mitropoulos, tous sont passés par Paris, où deux Grecs, Christian Zervos et Tériade, jouaient un rôle déterminant au sein des avant-gardes artistiques. Dans l'autre sens, des personnalités aussi diverses que les architectes Ernest Hébrard et Le Corbusier, le photographe Eli Lotar, le sculpteur Ossip Zadkine, ou encore l'écrivain Raymond Queneau, ont trouvé en Grèce les éléments d'une autre modernité, tandis que Roland Barthes, venu en 1937 jouer Les Perses d'Eschyle avec les étudiants de la Sorbonne, éprouve à Athènes un trouble dont, comme Freud, il se souviendra quarante plus tard. Le double voyage est issu d'un programme franco-grec de recherche pluridisciplinaire qui exploite de nombreuses sources documentaires inédites ; il offre un aperçu de la richesse et de la variété des échanges littéraires et artistiques entre les deux pays durant l'entre-deux-guerres et vient combler une lacune dans un domaine de l'histoire culturelle encore très peu exploré. S'adressant aussi bien au chercheur spécialisé, qui y trouvera une bibliographie très complète et des données nouvelles, qu'au lecteur de bonne volonté, qui y découvrira un sujet passionnant, il a pour ambition de devenir un ouvrage de référence pour un public très large, en France comme en Grèce.

05/2018

ActuaLitté

Histoire de France

Des soldats noirs dans une guerre de blancs (1914-1922). Une histoire mondiale

La France fut le seul pays belligérant à engager des soldats noirs sur le front européen au cours de la première guerre mondiale. L'idéal universaliste de la République coloniale souvent invoqué fut-il un simple alibi idéologique destiné à justifier l'impérialisme ? Comment réagirent les populations civiles qui se trouvèrent souvent pour la première fois face à des noirs en chair et en os ? Quelles répercussions à court et à long terme eut ce brassage de populations sur la hiérarchie des races en vigueur à l'époque en France mais aussi dans l'Empire britannique, toujours attaché à la suprématie blanche, aux Etats-Unis, où régnait la ségrégation, ou dans l'Allemagne vaincue, qui se voyait comme le dernier rempart de la Kultur, la gardienne de la "citadelle des valeurs" et ressentit l'occupation de la Rhénanie par des troupes noires comme la transgression ultime, comme une "colonisation inversée" ? La campagne de propagande orchestrée par les autorités de Berlin contre "la honte noire" qui se déchaîna après l'entrée en vigueur du traité de Versailles, à grand renfort de fausses rumeurs et de fantasmes pornographiques, annonce l'hystérie raciste de l'Allemagne nazie. Pourquoi se répandit-elle comme une traînée de poudre bien au-delà des frontières allemandes ? Comment expliquer qu'elle ait réussi à mobiliser les organisations féminines d'horizons politiques divers et les mouvements ouvriers en Allemagne et à l'étranger, des pacifistes et militants anticolonialistes ? Pourquoi le retour des anciens combattants provoqua-t-il des émeutes dans les villes portuaires anglaises et une recrudescence des lynchages dans le Sud des Etats-Unis ? Quelle influence eurent les rencontres entre les intellectuels et les militants noirs des deux côtés de l'Atlantique sur les mouvements d'émancipation et de défense des droits civiques et sur l'émergence d'une conscience noire à l'échelle mondiale ? Telles sont quelques-unes des questions abordées dans l'ouvrage passionnant de Dick van Galen Last. Un ouvrage qui nous oblige à reconsidérer l'histoire du XXe siècle et qui intéressera autant le grand public que les spécialistes.

06/2015

ActuaLitté

Critique littéraire

Commentaire sur l'Enéide de Virgile. Livre IV

Vers la fin du IVe s. , un professeur nommé Servius, sur la vie duquel on ne sait rien de solide même s'il est mis en scène dans les Saturnales de Macrobe, commentait les oeuvres de Virgile. Le livre IV de l'Enéide, qui est le plus court de cette épopée, fait l'objet d'un de ses commentaires les plus longs. C'est qu'il s'agit de Didon et d'Enée ; d'amour, de mariage et de séparation ; de la vie et de la mort, de religion et de philosophie ; des destinées de Rome aussi. Non pas que Servius affiche les préoccupations d'un profond philosophe : il fut longtemps considéré comme un "antiquaire" , comprenons un amateur de détails d'érudition ancienne transmis à des fins seulement documentaires et scolaires ; et de ce point de vue on trouve chez lui, en effet, quantité de renseignements (religion, mythes, civilisation, histoire, littérature, linguistique, realia) qui sans lui seraient demeurés inconnus, et dont les spécialistes modernes ont fait leur miel ; c'est une bibliothèque fragmentaire caractéristique des centres d'intérêt de l'Antiquité tardive. Cependant, les exposés serviens laissent affleurer, sous un réel éclectisme, un système de références cohérent, organisé autour des valeurs et des opinions traditionnelles qui, dans le domaine de la morale, subsistent uniformément partagées (la castitas féminine, par exemple) dans le monde christianisé de l'Antiquité tardive ; par ailleurs, le même système servien porte au premier plan la vieille religion romaine comme un signe de résistance des intellectuels païens. S'agissant des deux personnages principaux, le commentaire, souvent conduit à propos d'Enée à la nuance et parfois à la contradiction, entend sauver sa pietas envers les dieux et envers Didon, ce qui n'est pas toujours facile, et semble, à l'égard de cette dernière, osciller entre la pitié et la condamnation. La présente édition établit le texte latin du commentaire de Servius sur le chant IV de l'Enéide, ainsi que le texte parallèle plus développé dit du "Servius Danielis" , en proposant un certain nombre d'émendations argumentées ; elle offre la première traduction française de ce commentaire, avec des notes suffisamment nombreuses et développées pour éclairer tous les aspects de ce texte à la fois riche et par endroits difficile.

02/2019

ActuaLitté

Histoire littéraire

Cézanne et Zola aux noms de l'amitié

Le 4 avril 1886, Cézanne écrit à Zola. Une brève et bienveillante missive, sans posture, que seule l'épaisseur d'une amitié qui n'a rien à prouver permet. Pourtant, depuis plus de 100 ans, cette lettre, considérée comme la dernière, est instrumentalisée. Elle est présentée comme la cristallisation d'une discorde violente entre les deux hommes, dont les prémices se trouveraient dès mars 1886 dans le roman L'Oeuvre. Zola se serait en effet servi de Cézanne comme modèle pour caractériser le personnage de Claude Lantier, peintre maudit et aigri, au génie avorté. En novembre 2013, une nouvelle lettre de Cézanne à Zola est découverte. Datée du 26 novembre 1887 et d'une tonalité identique à la précédente, elle défie l'interprétation répandue jusqu'ici, la réduisant à des postures idéologiques. Son contenu témoigne bel et bien de l'actualité de leur amitié, cette force agissante qui les unie. Enquête policière, Cézanne et Zola - aux noms de l'amitié s'ouvre sur cette pièce à conviction et interroge. Si la postérité a retenu leurs noms, pourquoi l'histoire les a-t-elle séparés en écrivant à leur place leur rupture ? Récit de voyage, Cézanne et Zola - aux noms de l'amitié remonte le cours de leur vie - des larmes de Cézanne à la mort de Zola à la rencontre au collège Bourbon d'Aix-en-Provence en passant par la Grande Galerie du Louvre - afin de réécrire le texte de leur histoire volée. Eloge de l'amitié, Cézanne et Zola - aux noms de l'amitié traverse l'intimité de leurs oeuvres pour montrer que si les aléas et les engagements de la vie éloignent lentement, les choses de l'amitié jamais ne sont oubliées. Manifeste politique, Cézanne et Zola - aux noms de l'amitié est un récit à deux voix qui révèlent aussi notre époque, avec ses compromissions intellectuelles et politiques. Epreuve de la littérature et de l'art, Cézanne et Zola - aux noms de l'amitié fait vibrer une corde au son de leur nom, corde narrative qui conduit le lecteur dans une double intimité labyrinthique où la complicité rayonnante s'amuse de ces intellectuels qui cherchent à justifier leur maigre discours poétique par le nom des autres.

12/2022

ActuaLitté

Philosophie

La silhouette de l'humain. Quelle place pour le naturalisme dans le monde d'aujourd'hui ?

Naturalisme ? En quoi la vieille thèse philosophique qui soutient que la nature embrasse tout ce qui existe concerne-t-elle chacun d'entre nous ? Elle a des répercussions dans de nombreux registres - de la religion à l'éthique et au droit, des sciences humaines à l'action politique, de l'éducation à la santé : elle recouvre un ensemble de programmes de recherche, philosophiques ou scientifiques, qui s'enorgueillit d'offrir des réponses théoriques et des propositions d'action. Tout ce qu'apportent les sciences cognitives, la biologie évolutive, la génétique, et plus généralement les programmes de recherche naturalistes, est accueilli par un large secteur de l'opinion avec méfiance. Inversement, aux yeux des naturalistes convaincus, les approches traditionnelles ont prouvé leur stérilité et ne méritent que l'oubli. Pendant ce temps, qu'il s'agisse d'autisme ou de décrochage scolaire, de dyslexie ou de psychopathie, de persuasion sociale ou de politiques publiques, de choc des cultures ou de développement durable, de régime pénal ou d'obésité, d'inégalités sociales ou de perception du risque, de racisme ou de crimes contre l'humanité, il faut prendre des décisions, légiférer, remédier, administrer, orienter la recherche. Il y a d'autant plus d'urgence que les technologies " humanoïdes " (intelligence artificielle, robotique...) modifient profondément à la fois les conditions de la décision et son objet. Ce qui semblait hier échapper par principe à une gestion " scientifique ", car reposant sur les rapports entre individus, sur l'autorité, la confiance, la délibération, la conviction intime, est à la portée de systèmes matériels, optimisateurs " intelligents ". En ce sens particulier, l'émergence de la technosphère informationnelle " naturalise " dans la pratique des pans entiers de l'existence humaine, sans qu'on aperçoive clairement quel rapport peut exister entre cette " naturalisation " technologique et une éventuelle naturalisation conduite par la science et l'analyse philosophique. Rares sont ceux qui se donnent la peine, et les moyens intellectuels, d'aller y voir de plus près. C'est l'ambition de cet ouvrage de Daniel Andler, enquête philosophique unique en son genre. Une sorte de " bilans et perspectives critiques " de cette approche naturaliste qui prétend vouloir régir notre monde et redessiner la silhouette de l'humain.

03/2016

ActuaLitté

Sciences politiques

La citoyenneté confisquée. Nouvel essai de refondation du politique

L'affirmation ici développée et argumentée sous l'angle strictement philosophique s'énonce simplement : La crise du système représentatif était inévitable parce que la représentation politique trahit l'essence même du politique. La citoyenneté n'ayant de sens que par la participation directe et personnelle de chaque citoyen aux décisions collectives, le politique ne saurait être autre chose que l'espace de la discussion entre les citoyens à la recherche d'un accord sur toute question que la société pose à l'Etat. Dans tous les pays où elle a pris naissance dans le sillage des révolutions du 18e siècle, la démocratie représentative a fini d'apporter ce qu'elle pouvait produire de meilleur : l'émergence d'une conscience citoyenne demandant aujourd'hui à s'émanciper des tutelles politiques afin que soit confiée aux citoyens la responsabilité du monde. Le 21e siècle sera celui de la citoyenneté délibérative ou il ne sera pas. Idée simple, donc, mais non simpliste. Elle ne peut être fondée et justifiée que par une pensée du politique appelée à réinvestir la querelle des Anciens et des Modernes pour explorer les capabilités citoyennes à la lumière d'une théorie de l'existence et d'une métaphysique de l'homme. C'est ce que tente l'auteur de cet ouvrage, sur deux parties : 1 / Une partie "critique" , dont l'objet est d'abord de récapituler les raisons de l'insuffisance puis de la faillite du système représentatif. Suit le travail de "refondation du politique" proprement dit, qui convoque moins l'expérience grecque ancienne que les idéalités tirées de cette expérience par les poètes et intellectuels grecs, puis synthétisées dans la pensée d'Aristote. 2 / Une partie "prospective" dont l'objet est d'envisager, à la manière d'une utopie philosophique, les dimensions théoriques d'une reconquête nécessaire de la citoyenneté d'exercice. Sous le néologisme "politécratie" - préféré à "démocratie directe" - est alors élaboré le concept de régime des citoyens délibérants. Puis sont étudiées autant les raisons et modalités du confinement moderne des citoyens dans la société civile que les conditions d'une réhabilitation possible de la citoyenneté politique. [Voir la table des matières section par section en fin de volume]

03/2023