Ousmane Sembène, Sembène Ousmane, Ousmane Sembène

" Elle sourit de nouveau. Puis elle s'assit. Il la regarda et fut aussitôt saisi d'un sentiment bizarre, de bonheur et d'inquiétude. Il ne savait pourquoi. Puisqu'elle ne l'intéressait pas spécialement. Elle n'était qu'une petite gamine, et lui, un homme entre deux âges, avec une femme et des enfants et des principes et des soucis. C'est lui qui commença à parler le premier, sans vraiment savoir ce qu'il disait. Cela arrive souvent quand la tête est vide alors que les yeux sont bien pleins. Il disait n'importe quoi. Il le sentait à son sourire narquois qu'il racontait des sottises. Pourtant la vraie question trottinait dans sa tête : Pourquoi ?.... Pourquoi ? " Un bibliothécaire, la quarantaine ; une étudiante qui apparaît et disparaît comme un mirage de beauté. Un pays, le Mali ; une capitale africaine, Bamako. Au-delà des apparences, l'amour libre avec la jeune Sakira et l'amour des livres sont-ils possibles à l'ombre des imams qui condamnent et des enfants qui lapident ? Faut-il rêver pour vivre des désirs non excisés ? Dans Vieux Lézard, c'est l'humour léger qui fait s'envoler, telle une tourterelle roucoulante, les carcans sociaux et religieux.

Nous nous assîmes devant un immeuble, faisant face à la lune et les belles étoiles autour. Elle s'alluma une cigarette et se tourna vers moi comme si nos jambes allaient s'entrecroiser. J'aimais beaucoup quand elle butait contre un mot et qu'elle disait "smitou ! " . Sa voix devenait cristalline ! J'avais alors compris que son silence aux premiers jours était dû à ses lacunes en français. Parfois, elle parlait anglais et je faisais comme un dirigeant francophone face à une presse anglophone. Je n'essayais pas de prononcer le moindre mot anglais pour garder l'élégance de mon ton.

Cette fiction politique internationale a pour point de départ le génocide rwandais de 1994, mais le cur du combat bat à Dakar. Et plus précisément à l'UCAD (l'université Cheikh Anta Diop), où le professeur d'anglais Issa et l'étudiant Marx forment un improbable et remarquable binôme qui donnera naissance à un mouvement pour l'arrêt du génocide. D'abord national, ce mouvement se propagera en Afrique avant de toucher le reste du monde.

La route de l'espoir, tome II de la saga intitulée Le voyageur, est le récit de l'exode des habitants de Tourville. Ces derniers sont expulsés de leur comté, soumis à l'influence d'un magicien, pour avoir prononcé publiquement les mots "espoir" ou "espérer" . Le voyageur se voit alors confier la lourde tâche de les ramener dans leur ville, ainsi naît "la route de l'espoir" . Toutefois, face aux pouvoirs du magicien, quelle sera l'issue de cette mission ?

L'ouvrage retrace l'évolution du cadre légal, réglementaire et contractuel qui régit le secteur minier du Sénégal et qui tire ses sources de la loi impériale sur les mines du 21 avril 1810. L'auteur révèle les multiples et estimables efforts engagés par l'Etat du Sénégal, pour faire du droit minier un solide levier de développement économique et social. Il explique comment les régimes miniers au Sénégal, d'essence coloniale au début, se sont affranchis avant de s'adapter successivement aux contextes de nationalisation, de privatisation, de libéralisation puis, aujourd'hui, de mondialisation, l'objectif constant de l'Etat étant de trouver un compromis entre les risques encourus par les investisseurs étrangers et les profits attendus sur les ressources exploitées.

Un legs pour l'humanité est un recueil de poèmes dans lequel l'onirisme est bien présent comme dans les oeuvres précédentes où le réel se confond avec l'imagination. Le paysage revisité dans toute sa diversité, ainsi que la nature humaine exposée dans plusieurs poèmes comme "Tu comprendras... " , avec des mesures salvatrices issues de la morale face aux incessantes turbulences de la vie où les règles du jeu bafouées dans l'absurdité sont loin d'être respectées, et dans "Un doute raisonnable" l'auteur s'inquiète et s'interroge sur la présence de l'homme "dans ce monde qui engendre le ridicule et la haine" , et dans une certitude réelle magnifie et considère "L'écriture" plus qu'une passion, mais comme le socle de son existence.

Le voyageur - L'énigme de Marsoville, la ville dite AT est l'histoire d'une ville de l'époque appelée Marsoville, la ville A Tous. L'ingéniosité malveillante du Roi et du représentant dans le changement phonétique du nom de la ville à partir d'une moitié de la carte entraîne la décadence de la localité et de ses habitants. Elle est désormais appelée La ville AT (Athée). C'est alors que ses habitants, qui jadis vivaient une vie paisible et prospère, se retrouvent stigmatisés avec des conditions de vie difficiles, résultat des actions de ce Roi jaloux. Heureusement, un jour, un étrange voyageur, chargé de belles surprises, fait son apparition dans ladite ville. A présent, tout doit changer...

"L'auteur s'en prend une nouvelle fois à la société et affiche sa volonté de moderniser la poésie. Il critique encore l'amour, en faisant de sa souffrance une source d'inspiration. En définitive, Réminiscences confère à ce jeune poète le statut d'enfant terrible de la poésie contemporaine". Ablaye Ndong Critique littéraire

A travers " Les maux du destin " Ousmane Diagne rend un hommage à sa mère depuis les terres fertiles de son royaume d'enfance, sous les pluies intermittentes du mois de Septembre, mais aussi dans la chaleur des longues nuits d'été qu'un ciel constellé illuminait dans toute sa splendeur. Avec une approche singulière l'auteur retrace la vie d'une femme stoïque et généreuse, qui fut de jour comme de nuit au chevet de ses semblables, et qu'une maladie rebelle au traitement abrégea son existence.

Cet ouvrage est un hommage touchant à la mère de l'auteur, qui a transmis sa sagesse et son savoir-vivre à ses enfants grâce à sa maîtrise de la parole et des aphorismes. Ce livre est une source d'inspiration pour l'auteur et une prédiction pour les autres, rappelant les proverbes et les pensées de la mère de l'écrivain ainsi que les maximes populaires bambaras et les citations de l'écrivain O. Samaké. L'ouvrage vise à préserver les valeurs traditionnelles de la langue maternelle bamanankan et à fournir un guide pour ceux qui cherchent la vérité, l'évidence et la connaissance. Ce livre est une illumination pour accompagner maman Salimata Doumbia (paix à son âme) dans son voyage éternel. Le socle du monde, c'est la vie, et sa chaumine, c'est la mort. C'est Dieu qui décide du seuil pour chaque existence. Un prophète ne vient pas avant son époque, mais la prophétie précède le prophète. Il témoigne de l'amour et de la tendresse d'une mère vertueuse pour ses enfants.

Mody est un immigré originaire de la Mauritanie. Il vit en France depuis plusieurs années, se rend régulièrement au pays d'origine et découvre les changements sociaux, les différences des cultures et le sens profond du " voyage ". Il se rend compte qu'au-delà des civilisations et des grilles de lecture propres à chaque société, le voyage offre des perspectives intéressantes à ceux qui prennent le temps d'observer, d'écouter et d'analyser.

LA CROISEE DES MOURS est un roman satirique et tragique qui montre subtilement la cohabitation et la complémentarité inopinée des moeurs ancestrales africaines et occidentales à travers un regard inquisiteur sur le destin des êtres humains. Ce sont les rêves, les ambitions et les frustrations de milliers de jeunes filles africaines qui y sont dépeints et dont incarne stoïquement l'héroïne du roman. Face à l'incertitude, l'auteur pose la problématique sérieuse de l'existence humaine : l'Homme est-il réellement maître de son destin ? De certaines frustrations issues des pratiques coutumières, à l'amour inopiné et à la meurtrissure des tragédies, le bonheur semble être fantomatique, voire éphémère comme l'est aussi la vie ! Nous ne savons certainement de la vie que ce qui nous est tangible. Au-delà, LA CROISEE DES MOURS, dévoile aussi les travers de la société africaine indépendante, toujours muselée entre tradition et modernité, aux prises avec le dysfonctionnement des gouvernements, des centres hospitaliers, des institutions scolaires et l'organisation de l'administration publique. Une oeuvre qui pose la dialectique des complémentarités culturelles, indexe à la fois les atouts des valeurs sociales africaines qu'occidentales. Elle magnifie, honore et célèbre l'amour tout en fustigeant les mariages forcés et virulemment l'excision, incite à l'altruisme et rehausse l'entrepreneuriat féminin. Une oeuvre qui invite à la circonspection et à la sagesse de la vie.

Cet ouvrage raconte l'histoire d'un garçon qui a connu des problèmes familiaux, l'isolement des camarades de classe, l'échec scolaire, les trafics de stupéfiants et la prison. En sortant de la prison, il est confronté à un drame familial : son père a tué sa mère et sa petite soeur. Il se retrouve seul face à la vie, car sa grand-mère n'attend plus de la vie que le procès de cet homme qui a tué son unique fille. Habitant en campagne, il souffre du manque de médecins et le parcours de soin lui fait découvrir l'emprise des réseaux sociaux sur sa vie. En racontant son histoire, il établit un état des lieux de la France actuelle.

Recueil de photos, de sagesses d’ombres et de lumières, « L’unité » nous plonge dans l’univers mystique et spirituel de l’Inde musulmane à travers la quête mystique et l’itinéraire d’un homme en quête de soi. Fixant par l’objectif de son appareil l’instant de la rencontre de sanctuaires à mausolées, d’endroits célèbres ou méconnus, de visages solitaires imprégnés par la prière et la méditation, Ousmane Lambat partage avec le lecteur un carnet de voyage rare. Avec ce premier ouvrage, l’auteur nous offre une oeuvre unique et insolite pour préserver la mémoire des maîtres soufis de l’Inde et nous mener dans une quête à la fois profondément personnelle et universelle.

A travers ses rencontres hasardeuses, Samba n'en finit pas d'éprouver des sentiments d'amour pour des filles inconnues. Ce roman offre une vue panoramique sur les amours imaginaires, leur absurdité et leur apparition soudaine. Ils semblent s'apparenter à ce que nous avons convenu d'appeler coup de foudre, avec cette particularité qu'ils restent purement imaginaires et ne sortent jamais du domaine du rêve.

En quoi consiste le respect ? Est-ce une castration de l'autorité ? Une acceptation de la différence ? Un changement d'échelle des valeurs ? En tentant de répondre à ces questions, des chiens se sont rencontrés, échangé des idées sans la moindre violence et apporté leur modeste contribution à la réflexion humaine. Le style imagé employé ici n'est pas une fable. Non, La Fontaine aurait mieux traité le sujet sous la forme d'une fable. Les animaux parlant tout au long de ce texte sont des personnages limite réels. Ils retracent à la lettre les rapports entre les êtres humains, l'influence de leurs différences sur ces rapports, ainsi que les conséquences de leurs considérations sur l'évolution de ces rapports au fil du temps.

L'existence quand on est enfant est délicate surtout quand on sait qu'on ne choisit pas ses parents. Mor Tine, un orphelin de père, âgé de huit ans se vit expulsé par son oncle vers l'école coranique des HLM route de Dakar. Il devait désormais vivre de ses aumônes et de son travail ingrat d'aide de maison. Cependant il vit sa vie prendre, dans la ville, un nouveau tournant lorsqu'un jeune homme studieux dénommé Cheikhou, décida de l'encadrer comme s'il était à l'école. Avec son intelligence et sa passion, Mor Tine finit par en savoir plus que les jeunes de son âge et devint un leader malgré sa jeunesse.

Les militaires sont formés pour tuer mais désignés pour mourir ; la raison est qu'en face d'eux, il y a des hommes prêts à les tuer parce qu'ils sont tous animés du même esprit et de l'animosité qui transforme des humains en ennemis. La gravité et le degré de destruction que cache ce mot peut se lire clairement en remarquant que n'importe qui, pour une raison donnée, peut devenir "ennemi" .

J'étais dans un monde de ruines, entouré de miettes de mon passé. Des miettes si infimes que toute tentative d'assemblage était exclue par la raison. Je n'en avais plus de raison ! Elle était enchaînée par mes remords terribles tandis que mon coeur était bourré de nostalgies et de calme souffrance. Une souffrance de deuil ! Une souffrance très âgée qui marche lentement (...)

Une malheureuse femme mariée s'enfuit de son village après avoir été répudiée. Elle se perd alors dans la forêt dite hantée, pendant huit mois à peine, avant de réapparaître dans son village avec un bébé au teint blanc dans les bras. Personne n'avait de raison de ne pas croire au miracle et on baptisa l'enfant Faremparé à cause de sa beauté indicible. Mais à sa croissance, sa beauté causa des malheurs atroces partout sur son passage.

Plongé dans les tendances controversées du XXIème siècle, le Sénégal se voit divisé en deux parties : une pour les conservateurs et une autre pour les modernistes. Dans ces moments de doute et d'égarement se passa une histoire qui confirma l'opinion des conservateurs : une femme boycotta son veuvage à la mort de son mari. Cet acte fit l'objet d'un grand bruit à cause de la notoriété de la famille de la victime ; toute la presse enquêta pour découvrir la raison du boycott de Sofia Ba-Dème.

Entre Mauritaniens, ce n'est jamais des citoyens pris sur un pied d'égalité, soumis au même traitement par les autorités ; ce qui peut tuer ou emprisonner un Noir, parce qu'interprété comme un crime, pourrait bénir un Maure. Ou alors on est dans le rêve, ou c'est la réalité qui n'arrive pas à dépasser le stade de rêve. Souvenez-vous des vingt-huit militaires sauvagement assassinés par le président Ould Taya un vingt-huit novembre, jour d'anniversaire de l'indépendance de la Mauritanie, commémoration triste et douloureuse suivie d'un long deuil sans corps remis aux familles parce que les victimes furent enterrées à la hâte par leurs assassins dans une fosse commune.

Le Burkina Faso a connu en 2014 un changement politique important. Ce changement a fait naître l'espoir d'une nouvelle gouvernance du pays. Ceci explique l'engouement que les citoyens ont manifesté dans la participation aux élections couplées présidentielle-législatives de novembre 2015. Le nouveau pouvoir a eu donc une période de grâce pour proposer une nouvelle politique crédible, réaliste et pertinente, afin de résoudre les préoccupations des citoyens burkinabè. Il se trouve que le projet de société du Président Roch Kaboré, à l'analyse, souffre d'une insuffisance de programmation qui s'est déteinte sur la Déclaration de Politique Générale (DPG) du premier ministre Paul Kaba Thiéba. Ainsi, en lieu et place d'une nouvelle politique pertinente, on a assisté à une déclaration qui, au fil du temps, se révèle être faite de voeux pieux, que les citoyens découvrent. D'autre part, la relance économique qui était censée venir avec la mise en oeuvre de cette nouvelle politique, ne s'annonce toujours pas. En plus, les nouvelles autorités doivent faire face à des insuffisances de prise en charge du projet de société du Président élu par les agents publics. Cela est dû à la fois aux reliques de sa forte politisation de l'Administration publique et à la défiance entre les nouvelles autorités et cette dernière. En définitive, la fin de l'état de grâce, les difficultés de mise en place du Plan national de développement économique et social (PNDES), la faible pertinence de ses choix et de ses solutions économiques accréditent la thèse de l'impuissance du nouveau régime face à la crise. Or, il ne saurait y avoir de gestion efficace des affaires publiques, encore moins de relance économique, tant que les autorités politiques n'ont pas la maîtrise de l'Administration publique, à travers ses agents et de l'action administrative. Ce qui suppose que la clé d'une relance économique se trouve dans une réforme de qualité de l'Administration publique. Cette étude établit les axes d'une telle réforme et les implications réelles sur la croissance économique du pays et les conditions de son succès. Ce qui est mis en évidence, c'est le processus pour parvenir à une modélisation des matrices de gouvernance, en générale, et de la gouvernance économique, en particulier, comme facteur fort de développement du Burkina Faso.

Annette faisait mine d'être touchée par la violence domestique que minimisait le policier. Elle éprouvait de plus en plus d'admiration pour Bâ-Dème, alors que jusque-là, elle n'avait fait qu'entendre des témoignages indirects et le plus souvent, défavorables à son sujet. Elle s'imaginait à quel point Bâ-Dème était solitaire et très peu entourée. A part sa cousine Bernadette avec qui elle discutait souvent au téléphone et sa fille Aïssatou, qui avait douze ans, Sofia n'avait personne.

Ce roman, inspiré de la réalité, aborde le thème de l'immigration clandestine. Loin des clichés, l'auteur dévoile les différentes faces du phénomène, les considérations subjectives souvent prises pour une vérité absolue. A travers un cas, il présente les différences culturelles, les enjeux économiques et surtout les différences sociales mal comprises par les uns et les autres. C'est l'histoire d'un jeune africain issu d'une famille très pauvre, il pense que la France est un eldorado. Il prend le chemin de l'immigration par la voie clandestine en transitant par le Maghreb. Leur embarcation partie des côtes libyennes pour l'Italie, n'arrivera jamais à destination. Parmi ses dizaines de compagnons, plusieurs reposent dans le cimetière marin où les poissons ont fait festin de leurs cadavres. Sauvé par des pêcheurs alors qu'il voyait ses camarades se noyer les uns après les autres, il débarque en France et découvre l'enfer de la solitude et de la pauvreté qui accompagne les premiers pas des migrants. Ce migrant clandestin qui risque sa vie, se bat pour survivre, est l'exemple type de ce qui fait débat dans nos télévisions et anime nos élections.

L'analyse du cas burkinabè édifie sur le fait que la question de la réconciliation ne saurait se résoudre sur la base de l'implémentation de réussites de diptyque ou de triptyque importé d'ailleurs. D'abord, il a un fort lien avec les turpitudes du passé colonial que certaines populations ou certaines classes sociales n'ont pas encore effacé de leur mémoire. Dans l'espoir de pouvoir retrouver des privilèges passés ou reconquérir des espaces d'autonomie pour affirmer une identité authentique, que le colon leur a arrachée de force, ils semblent toujours nostalgiques de la valeur des cartes qui pourraient leur permettre de mettre fin à un mariage forcé où il n'existait en apparence nul atome crochu. Ensuite, la question de la réconciliation est à mettre en relief avec la gestion qui a été faite de l'alliance forcée imposée par le colon. Sur cet aspect, beaucoup de choses peuvent être dites. Mais, à l'analyse, il ressort que la longue période d'exception additionnée à celle du règne autocratique de Blaise Compaoré a réussi à masquer bien de choses que l'accroissement des libertés à partir de 2014 a mises en lumière. Enfin, ces prédispositions à la fracture et ces insuffisances ont connu une aggravation avec la gestion chaotique des affaires publiques qu'a connue le pays. Celle-ci a en effet créé des catégories de citoyens qui, pour ceux ayant eu la chance de ne pas être des victimes directes ou collatérales de la mauvaise distribution des services publics, se sont sentis délaissés par l'Etat au point de nourrir un sentiment de révolte contre lui. Une réconciliation à caractère national doit en tenir compte au risque de n'être que temporaire.

Ce livre est une réflexion sur la création artistique d'Amadou Ady Aïdara, "jardinier cultivateur d'hommes". Cet artiste-peintre, face à la surdité collective, finit par se résigner à un rugissement orageux pour sonner le glas de l'indifférence sournoise. Débordant l'explication stricto sensu de la pénétrante oeuvre de Aadi Kumba, l'auteur tente de formuler quelques considérations sur l'art et soulève des interrogations majeures liées à la production artistique en Afrique.

Héros légendaire qui vécut au XIIIe siècle, la naissance de Soundjata fut annoncée par les divins, mais le prédestiné vint au monde paraplégique. Les oracles avaient prédit la magie. Les mânes en ont choisi la date, et un jour, le fils perclus se leva et marcha. Le miracle eut lieu. Le Manding vécut un moment magique. Malgré tout, le fils du roi lion et de la femme buffle fut défait de son héritage et banni de sa terre natale. L'exil lui servit de père, où il a appris la racine des choses... Le destin de Soundjata nous relate avec émotion la lutte d'un homme paraplégique pour recouvrer dignité et liberté. Plus qu'une légende, c'est une philosophie de vie. La musique est la sève nourricière du héros de cette épopée manding. Le Griot l'immortalise avec sa Kora, elle devient un bouclier et le berceau de la réflexion populaire, car le plus grand livre que l'humanité africaine ait jamais écrit, c'est la mémoire de l'homme. Ici le Griot nous incite à créer une civilisation où enfin, la musique triomphe des armes !

L'objectif de cet ouvrage n'est nullement de revisiter intégralement toute une tradition philosophique. Il s'agit plutôt d'analyser - en s'inspirant de certains philosophes et de certaines approches théoriques - les évolutions manquées ou pathologiques de nos sociétés modernes et contemporaines, de voir les conditions qui font que la vie humaine se manque ou passe à côté de ce qu'elle devrait être. Et il nous semble que des philosophes comme K. Marx et A. Honneth - avec des approches certes différentes - peuvent nous permettre de mieux comprendre et d'analyser les pathologies sociales de notre époque moderne et contemporaine. Cela justifie logiquement cette filiation d'une tradition critique des vies manquées qui sera établie dans cet ouvrage.

Mamoudou, jeune Guinéen, raconte le côté obscur de la tradition dans son pays. Sa vie au village est triste, ses parents autoritaires, les hommes d'imposer leur domination sur les femmes et les enfants. Malgré tout ça, Mamoudou a aussi passé des bons moments dans son village, des moments d'insouciance autour de durs labeurs. Il devra pourtant quitter ce village après la mort de son port, et bientôt il se retrouve dans la capitale, Conakry. Là, il se confronte à la vie en ville, à ses difficultés et aux mauvaises surprises qu'elle peut réserver. Dans cette capitale nauséabonde, Mamoudou vit plusieurs années seul et livré à lui-même. Il suit ses cours au collège avant d'être rejoint par sa mère et sa petite soeur après qu'une maison a été construite et dans laquelle ils pourront vivre tous les trois, loin de Conakry. Mamoudou décidera finalement de quitter son pays, la Guinée, pour aller suivre ses études en France.