Recherche

C'était Antonin Artaud

Extraits

ActuaLitté

Littérature française (poches)

Antonio

Comment un Comte italien désargenté a-t-il pu se hisser en quelques années, et à l'insu de sa famille, au poste de directeur parisien de l'une des plus importantes banques d'affaires internationales ?

09/2018

ActuaLitté

Littérature française

Le petit Antonin

Antonin, 11 ans, vient d'entrer en sixième. Il vit une période difficile. Sans amis, jusqu'à l'arrivée d'Elena en cours d'année, il est ballotté entre deux maisons, refusant d'accepter la séparation de ses parents et leurs nouveaux partenaires. Pour échapper à son quotidien d'enfant triste, il s'est inventé un pays où il laisse libre cours à son imagination. Au cours de l'hiver, son professeur de français, Mme Ferrières, repère ses talents d'écriture et le conduit, peu à peu, avec l'aide d'un ami écrivain, vers une issue libératrice. Dans ce roman à deux voix, qui mêle humour et émotion, Eliane Serdan met en lumière le rôle essentiel de tous ces passeurs, enseignants ou écrivains qui transmettent aux générations suivantes la flamme sourde qui les anime. Un éloge inconditionnel de la littérature et de la poésie.

04/2023

ActuaLitté

Livres 3 ans et +

Antonin le poussin

"Blanche était une vraie mère poule, toujours inquiète pour ses petits. La pauvre craignait tellement d'en perdre qu'elle les comptait, les recomptait et les appelait sans cesse en caquetant : "Restez près de moi, mes chéris, ne vous éloignez pas et surtout prenez garde au chat". Or, ce matin-là, le chat rôdait près du poulailler, et un poussin avait disparu".

04/2017

ActuaLitté

Autres maux

Tu vis ou « tumeurs » ? C'était quand j'étais malade...

Rien ne pourra m'enfermer dans un carcan de doutes, entre quatre murs incarcéré, ou prisonnier dans un cachot, une chambre isolée de tout. Je m'échapperai de ces cellules tumorales, carcérales, qui étaient bien vivantes, mais qui sont devenues pour moi mortifères. Rien ne pourra contrarier, endiguer ma liberté. Seul face à mes choix, je ne dépendrai plus d'une quelconque aliénation imposée... Rien ne le pourra ! " Alors, Bruno, tu vis ou tumeurs ? " C'est tout choisi... la vie avant tout, la vie plus que tout !

09/2023

ActuaLitté

Littérature française

Arnaud Federer

Arnaud, anti-héros adorateur de Federer, a vécu ses plus belles émotions de fan dans Rodgeur Forever. Mais la défaite de son héros en finale de Wimbledon 2019 l'a plongé dans le plus profond désarroi. Il va s'en relever de la plus extraordinaire des façons. Dans "Rodgeur Forever", la carrière exceptionnelle du génie du tennis était racontée par son plus grand fan : M. Toulemonde. Sauf qu'Arnaud, c'est son prénom, ne s'est jamais remis de ces deux balles de match ratées par son idole en finale de Wimbledon 2019 face à Novak Djokovic... Inconsolable, notre fan inconditionnel, qui connaît encore mieux la carrière du Suisse que le principal intéressé, a sombré dans une insondable dépression. Son amour de Rodgeur pourra-t-il le sauver ? Une intervention du Destin va changer le cours de l'histoire...

09/2022

ActuaLitté

Monographies

Arnaud Adami

Arnaud Adami peint l'autre : celles et ceux qu'on ne veut pas voir. Dans ses toiles le jeune artiste de 26 ans représente ces métiers invisibles auxquels nous ne prêtons pas attention et qui pourtant sont omniprésents dans notre quotidien. Par son geste fort et dépourvu de tout misérabilisme Arnaud Adami met en lumière ces figures de l'ombre – livreurs, bouchers, aides-soignants – faisant résonner dans ses tableaux l'écho de la peinture ancienne. C'est pourquoi l'art " contemporain " d'Arnaud Adami bouleverse sans provoquer. Tout en inscrivant ses sujets – emblématique sa série des livreurs à domicile – dans un paysage urbain, Arnaud Adami sait reprenant les codes de la peinture religieuse, des portraits de roi de France, de l'art italien de la Renaissance, jusqu'à Manet et son torero mort. Car Arnaud Adami est de cette génération qui souhaite se ressaisir d'une peinture figurative, longtemps boudée, et qui a pris conscience du pouvoir politique des images. Cette démarche, à la fois morale et artistique, ce dialogue entre modernité et tradition picturale rend le travail d'Arnaud Adami exemplaire et l'inscrit dans la lignée des plus grand maîtres.

10/2022

ActuaLitté

Théâtre

Les Cenci

Si l’on tente de reconstituer l’état d’esprit d’Artaud avant et pendant la mise en oeuvre des Cenci, il faut se débarrasser de deux images : de celle du poète foudroyé, abruti par les électrochocs qu’on lui administrera pendant la guerre à Rodez ; de celle du rêveur inconscient qui se croit en mesure de réinventer le théâtre et qui subit, lors de la représentation de sa pièce aux Folies-Wagram, en mai 1935, un échec cuisant et définitif. Un retour en arrière s’impose : en 1934, Artaud est tout sauf un perdant. Librement inspirés de Shelley et de Stendhal, Les Cenci ne sont pas une pièce psychologique. Les personnages n’intéressent Artaud que dans la mesure où ils sont les supports de forces qui les dépassent, reconnaissables néanmoins comme nos semblables par quelques traits d’humanité commune. Ce qui frappe dans l’aventure de Béatrice Cenci est la démesure qui peut facilement basculer du tragique dans le grand-guignol : drame de viol et d’inceste mâtiné de touches politiques et antireligieuses, où le vieux Cenci règle ses comptes à la fois avec Dieu, le pape, ses pairs, sa famille et lui-même. Le crime est suivi d’une vengeance. Les Cenci, tels que la pièce a été reçue par Artaud de Shelley et de Stendhal et telle qu’il l’a récrite, est à la fois un drame romantique avec son héros du mal, sorte de Faust luciférien ; une pièce d’intrigue avec son complot, ses séides, ses comparses et ses coups de théâtre ; un mélodrame où viendrait pleurer Margot ; une oeuvre sentimentale où s’exhale la plainte des enfants et de la belle-mère contre la méchanceté du père et du mari. Artaud concevait cet ensemble comme un compromis équilibré entre des tensions conciliables : « J’ai essayé de faire parler, non des hommes, mais des êtres ; des êtres qui sont chacun comme de grandes forces qui s’incarnent et à qui il reste de l’homme juste ce qu’il faut pour les rendre plausibles au point de vue de la psychologie ». Aujourd’hui l’on dira que Les Cenci ne sont pas une oeuvre à percevoir comme un spectacle à voir et à entendre, avec les yeux de l’esprit et les oreilles de l’imagination, dans toutes ses dimensions non écrites et relevant de la seule initiative du metteur en scène-maître d’oeuvre : tension des silences, rythme des violences, bruitage et broyage des mots, musique des lumières et des mouvements, métamorphose des affects en gestes symboliques ; en somme, interpénétration constante et imprévisible de tous les possibles d’un spectacle, cette interpénétration étant sensible, à la lecture, par le nombre et l’importance des indications scéniques.

07/2011

ActuaLitté

Beaux arts

Van Gogh le suicidé de la société

Dans Van Gogh le suicidé de la société, publié en 1947, Antonin Artaud fait de la violence de Van Gogh la réponse à l'obscénité haineuse du monde et des psychiatres ; de sa folie, une réponse de l'âme à l'imbecillité universelle qui lui souffle "Vous délirez". Alors Van Gogh s'est tué parce qu'il ne pouvait pas tuer le psychiatre, le docteur Gachet. Il s'est tué parce qu'il ne pouvait plus supporter ce "délire" qu'on attachait à ses pas. "Je vois à l'heure où j'écris ces lignes, le visage rouge sanglant du peintre venir à moi, dans une muraille de tournesols éventrés,dans un formidable embrasement d'escarbilles d'hyacinthe opaque et d'herbages de lapis-lazuli. Tout cela, au milieu d'un bombardement comme météorique d'atomes qui se feraient voir grain à grain, preuve que Van Gogh a pensé ses toiles comme un peintre, certes, et uniquement comme un peintre, mais qui serait,par le fait même,un formidable musicien".

ActuaLitté

Littérature française

OEUVRES COMPLETES. Tome 3

Antonin Artaud pensait que " de la bonne utilisation des rêves pouvait naître une nouvelle manière de conduire sa pensée ". C'est en application de ce principe qu'il a cherché à faire du cinéma, art encore jeune et suscitant toutes les audaces. Il ne s'agissait nullement, pour lui, de donner une traduction visuelle d'un quelconque rêve, de le raconter en images de manière banale tout comme on aurait pu le noter au réveil avec des mots. Il fallait, après avoir étudié de près la systématique et la symbolique du rêve, tâcher d'en découvrir les lois, d'en reconstituer la " mécanique ". Ainsi, le cinéma retrouverait la violence et l'indépendance du rêve, il pourrait libérer " toutes les forces sombres de la pensée ". Car le rêve a son langage qui a ses règles propres. Transposées dans le domaine de l'image, elles seraient capables " d'introduire dans la pensée une rupture logique ", elles permettraient de " réaliser cette idée de cinéma visuel où la psychologie même est dévorée par les actes ". C'est dans ce sens qu'ont été conçus plusieurs scenarii d'Antonin Artaud, tout spécialement La Coquille et le Clergyman et La Révolte du Boucher. Seul, le premier a été réalisé ; qu'il ne l'ait pas été par lui nous a sûrement privés d'une œuvre forte et originale. Aussi bien a-t-il désavoué la plate transcription onirique qui en avait été donnée. Les différents textes qu'Antonin Artaud a écrits à propos du cinéma ont été réunis ici. On s'apercevra à les lire qu'ils demeurent toujours d'actualité. On trouvera aussi dans ce tome III la correspondance concernant ses activités d'homme de théâtre (à l'exception des lettres relatives au Théâtre et son Double et au Théâtre de la Cruauté qui ont été rassemblées dans le tome v), d'acteur de cinéma et de critique. Elle témoigne d'une ouverture d'esprit et d'une ardeur jamais lassées. On y revit les efforts répétés faits par Antonin Artaud pour trouver une place qui lui permette de manifester ses dons ou tout simplement de subsister dans la société de son époque. On y voit déjà s'inscrire son rejet par celle-ci.

09/1978

ActuaLitté

Littérature française

OEUVRES COMPLETES. Tome 25

En ces mois de décembre 1946 et janvier 1947, c'est toujours la même coulée ininterrompue de textes fulgurants, rapides, jaillissants. Antonin Artaud continue à en extraire, pour Suppôts et Suppliciations, ceux qui vont constituer Interjections, et qu'il dicte chaque matin. Puis, à peine donnée la conférence du 13 janvier au Théâtre du Vieux-Colombier, à peine dissipée la déception d'avoir dû constater "arrivé devant le public et à pied d'oeuvre... qu'il n'y avait plus lieu, qu'il était inopérant de dire certaines choses devant un public qui ne voulait pas les entendre et y mordre jusqu'au bout" et d'avoir dû se résoudre à "plier bagage et s'en aller", le voilà sur le point d'entamer un autre ouvrage et se prenant à penser qu'il va lui falloir défendre Vincent Van Gogh. Un tel bouillonnement, un brassage d'idées aussi constant, une pareille agilité intellectuelle laissent pantois. Une rose et son épine suffisent à Antonin Artaud pour que, du même mouvement, la poésie naisse et la pensée se concrétise : "La rose se fait par son épine et non par la graine de son bouton. / Prenez une épine, enfoncez-vous-la dans le corps et vous ferez éclore dans l'air des armées de rosiers qu'il vous suffira de planter en terre pour leur donner de se concrétiser". Et, dans tout ce foisonnement, la raillerie, jamais, n'est absente : "Moi, Antonin Artaud, / bouillabaisse grossière, / suis roi ignorantin".

10/1990

ActuaLitté

Littérature française

OEUVRES COMPLETES. Tome 22

Le 26 mai 1946 c'est, pour Antonin Artaud, le premier jour de la liberté retrouvée, liberté totale, il faut le proclamer contre toutes les fausses légendes qui ne cessent de prospérer. Il a enfin échappé à cet espace restreint et confiné des asiles où il avait été enfermé durant neuf années et il est libre de sortir et de rentrer aux heures qui lui conviennent, libre d'aller où il veut, de recevoir qui lui plaît. Des jeunes gens viennent le voir à Ivry, lui manifestent leur admiration et qu'ils attendent beaucoup de lui. Il se sent sollicité et sait qu'il a quelque chose d'essentiel à transmettre. Aussi, dès les premiers moments de son retour, forme-t-il le projet de s'expliquer au cours d'une conférence qu'il se montre, à plusieurs reprises, préoccupé d'organiser. Une autre sorte de contact avec le public va lui être offerte par la proposition, aussitôt acceptée, qui lui est alors faite de publier ses Ouvres complètes. Son abominable expérience ne pouvant avoir été vécue en vain, il décide de mêler à ses oeuvres anciennes des textes récents qui porteront témoignage du travail accompli ces trois dernières années. Cela l'amène à reprendre, sous un tout autre éclairage, les lettres et adresses dont, jadis, en 1925, il avait été responsable dans la Révolution surréaliste. Ce retour sur son passé, à cette période de sa vie, ne laisse pas d'être remarquable : une trajectoire parfaite est dessinée qui s'achève dans la maîtrise enfin conquise d'une langue que, dans la Correspondance avec Jacques Rivière, il accusait de toujours lui manquer. Elle lui permet toutes les audaces, celle qu'à présent il s'est gagnée et qu'il manie avec une allégresse certaine ; sa pensée n'y rencontre plus ni barrières ni chausse-trapes, elle est sienne entièrement : "Car aucun poète n'a jamais rien à apprendre d'un poète autre que lui. / Il faut faire le vide quand on écrit".

10/1986

ActuaLitté

Critique littéraire

Cahier. Ivry, janvier 1948

C'est en 1945, alors qu'il est encore enfermé à l'hôpital psychiatrique de Rodez, qu'Antonin Artaud commence à écrire chaque jour dans de petits cahiers de brouillon que lui fournit l'administration. Sur ces fragiles supports, il réinvente un nouveau corps d'écriture, entre texte et dessin, entre théâtre vocal et danse rythmée de coups de couteaux qui transpercent la feuille. Artaud lui-même parle de " cahiers de notes littéraires, poétiques, psychologiques, physiologiques, magiques, magiques surtout ". Magiques en effet ; l'écriture sous ses doigts est vivante, les pages bougent, les dessins sortent de la feuille : pratique conjuratoire, exorcisme. Souvent il écrit dans plusieurs cahiers à la fois, au hasard des pages ouvertes, déployant ainsi les scènes plurielles et éclatées que cherchaient à penser dans les années trente ses théories théâtrales. Jour après jour et jusqu'à sa mort, le 4 mars 1948, il poursuivra ainsi inlassablement la même pratique effrénée d'écriture infinie où il remet en scène, dans un espace qu'il nomme " sempiternel ", son dernier Théâtre de la Cruauté. 406 de ses petits cahiers - la quasi intégralité - sont aujourd'hui conservés à la Bibliothèque nationale de France. Certains contiennent les esquisses des derniers grands textes : Suppôts et Suppliciations. Pour en finir avec le jugement de dieu, Van Gogh le suicidé de la société. Tous sont emplis de fragments de poèmes et de dessins au crayon ou à l'encre. Une bonne partie d'entre eux sont encore inédits. C'est le cas du cahier publié ici en fac-similé, l'un des derniers, datant de janvier 1948. D'une page à l'autre, dans l'entrelacs des textes et des dessins, on y voit se déployer la " machine de souffle ", comme disait Artaud, où s'opère " la matérialisation corporelle et réelle d'un être intégral de poésie ".

11/2006

ActuaLitté

Critique littéraire

Cahiers d'Ivry Février 1947 Mars 1948. Tome 1, Cahiers 233 à 309

Les derniers Cahiers d'Ivry constituent la fin des Oeuvres complètes d'Antonin Artaud. Ce volume couvre la période qui s'étend de février à juin 1947. Inlassablement, il continue d'y mettre en espace ce qu'il nomme son nouveau Théâtre de la Cruauté. Que signifie avoir "un esprit qui littérairement existe" ? C'est la question qu'il posait à ses débuts à Jacques Rivière, le directeur de La NRF. Vingt ans plus tard, après une longue traversée d'enfermements asilaires, la question est réapparue. C'est bien en effet cette fondamentale question de l'inspiration - question qui hanta aussi les surréalistes - qu'il reprend sans relâche: comment commence-t-on à écrire ? Qui écrit, qui pense en moi ? Quel démon s'empare du Verbe humain avant qu'il ait commencé à penser ? Au fil des pages, les lettres se mettent en mouvement, un rythme progressivement émerge, accompagné de coups, de cris : chorégraphie de gestes et de voix, dessins semés sur la feuille. "Je ne suis jamais né", répète-t-il depuis son enfermement dans l'asile de Rodez, et donc je ne peux pas mourir. A entendre comme production infinie d'écriture, système perpétuel, "machine de souffle", prolifération sans fin d'un corps sans organes. C'est donc là, au creux des pages, entre les pages et les lignes, d'un cahier à l'autre, que s'opère "la matérialisation corporelle et réelle d'un être intégral de poésie" (lettre du 6 octobre 1946 à Henri Parisot).

10/2011

ActuaLitté

Littérature française (poches)

NOUVEAUX ECRITS DE RODEZ. Lettres au docteur Ferdière 1943-1946 et autres textes inédits suivis de six lettres à Marie Dubuc 1935-1937

LETTRES AU DR FERDIERE (1943-1946) ET AUTRES TEXTES INEDITS SUIVIS DE SIX LETTRES A MARIE DUBUC (1935-1937) Préface du Dr Gaston Ferdière Présentation et notes de Pierre Chaleix Investi de ce qu'il croyait être sa mission, Antonin Artaud s'en fut, en 1937, rapporter la canne de Saint Patrick aux Irlandais. Arrêté à Dublin, ramené au Havre, on l'enferme. Pendant neuf ans il ne connaîtra plus que la face du dedans des murs asilaires. En 1940, quand survient l'Occupation, il est à Ville-Evrard. A la souffrance de son internement, s'ajoutent pour le poète la faim, le dénuement. Les efforts conjugués du fidèle Robert Desnos et de son ami Gaston Ferdière, qui dirige en " zone non occupée " l'asile de Rodez, réussissent à faire passer Arthaud en un lieu, où, à défaut de liberté, il trouvera, avec l'amitié, des soins attentifs jusqu'au dévouement. Nous sommes en février 1943. Jusqu'à sa sortie en 1946, Artaud écrira à son médecin, qu'il voit cependant chaque matin, près de cinquante lettres. La reconnaissance et l'affection jalouse côtoyant la revendication - si ce n'est l'aigreur certains jours - projettent sur cet ensemble le reflet incomparablement vrai de la vie du poète interné. Il y a plus : dans ces lettres s'exprime une foi chrétienne, sinon romainement orthodoxe du moins passionnée jusqu'au mysticisme.

01/1994

ActuaLitté

Littérature française

OEUVRES COMPLETES. Tome 23

Ces mois d'août et de septembre 1946 sont jalonnés de textes-phares, tels le Retour d'Artaud, le Mômo, par lequel Antonin Artaud marque symboliquement son retour au poème et à la vie, l'Exécration du père-mère, Histoire entre la groume et dieu, Centre pitere et potron chier, tous publiés de son vivant et déjà repris dans de précédents tomes. Mais c'est aussi l'époque où il parachève le Préambule et l'Adresse au pape, qu'il veut placer en tête de ses Ouvres complètes et sur lesquels il revient obstinément jusqu'à l'instant où, de leurs multiples versions, surgit leur forme dernière, pourchassée bien au-delà des frontières de l'impossible. Cette opération par laquelle, membre à membre, le texte se construit et prend corps, la lecture des cahiers nous met à même d'y assister. Elle nous fait toucher combien est lancinante la question de l'écriture : "Je cherche un impossible écrit / qui n'est que dans mes moelles inscrit / et même pas / mais qui dira le vide ou le plein / mieux que moi". A voir, pourtant, à côté de ces pages dont la composition est à ce point travaillée, les cahiers remplis aussi de textes apparemment jaillis, dont la forme semble, d'un seul jet, être née parfaite et si dense qu'elle ne saurait être transformée sans dommage, on a le sentiment qu'Antonin Artaud, en pleine maîtrise de sa langue, a enfin résolu l'énigme qu'il n'en cesse pas moins de se poser, de nous poser : "Pourquoi écrire ? / Il y a un langage non imprimé / avec lequel je mangerai l'imprimé. / Ce langage est inscrit dans le corps sans lettres".

11/1987

ActuaLitté

Beaux arts

Van Gogh. Le suicidé de la société

Fin janvier 1947, le galeriste Pierre Loeb envoie à son ami Antonin Artaud, écrivain, dessinateur et poète, une page de l'hebdomadaire Arts entièrement consacrée à Vincent Van Gogh, dont une exposition est en cours à l'Orangerie à Paris. Il y est fait mention de la récente parution d'un volume, Du démon de Van Gogh, aux éditions A.D.I.A. à Nice. Cette publication, "destinée exclusivement au corps médical", comporte une étude conséquente du docteur François-Joachim Beer, dont de longs extraits sont reproduits sur la page du journal. Van Gogh y est notamment décrit comme un "déséquilibré avec excitations violentes à allure maniaque" et inspire en définitive au médecin ce diagnostic : "ce peintre de génie était atteint de psychopathie constitutionnelle dont les épisodes n'ont fait que s'aggraver le long de son existence". Ayant lui-même été interné durant de nombreuses années, et ce jusqu'en mai 1946, Antonin Artaud décide alors d'écrire à son tour sur le peintre, de réfuter la thèse de sa folie, fruit à ses yeux d'une construction sociale. Le 2 février, il se rend à l'Orangerie et commence peu après à rédiger et à dicter à voix haute le corps central de l'ouvrage. La "lucidité supérieure" propre à l'artiste, et commune à l'auteur et à son sujet, permet à Artaud de faire la part belle à la fougue du génie, force contestataire en soi. L'état de supplicié, Artaud lui-même l'a vécu. Nul mieux que lui ne saurait le transmettre. Et quand le poète aborde la peinture proprement dite, c'est comme s'il s'emparait du pinceau ou, au demeurant, du couteau. Il se fait tranchant, expressif, cinglant. Paru en décembre 1947 chez K éditeur à Paris, l'ouvrage reçoit le mois suivant le Prix Sainte-Beuve. Son auteur s'éteindra peu après, en mars 1948.

ActuaLitté

Littérature française

Oeuvres complètes. Tome 4

Œuvres complètes - TOME IV Antonin Artaud n'aurait-t-il écrit que le Théâtre et son Double, ce livre, d'aucuns le pensent, eût suffi à sa gloire. Pourtant, il paraît en février 1938 dans une indifférence presque totale ; l'auteur, il est vrai, s'est comme tue. A l'issue d'un périple qui l'a mené au Mexique, puis en Irlande, il a été interné d'office. Il le restera neuf ans pendant lesquels ce livre qui compte à peine plus de cent cinquante pages, tiré seulement à quatre cents exemplaires, prêté passé de main en main, surtout parmi les gens de théâtre, va trouver ses fervents. Ils ne sont pas foule encore quand Henri Thomas, en 1945, salue sa réédition par le Théâtre mort et vivant, étude où l'un des premiers il sait dire que ce livre n'est pas uniquement une méthode et un programme à l'usage des acteurs et metteurs en scène mais qu'Antonin Artaud y pose " une conception absolue de la vie ". Dix ans après Maurice Blanchot y verra " l'exigence de la poésie telle qu'elle ne peut s'accomplir qu'en refusant les genres limités et en affirmant un langage plus originel ". Vingt ans après, Jacques Derrida tentera de cerner les implications philosophiques de ce texte à propos duquel il écrira que " penser la clôture de la représentation, c'est penser le tragique ". Tous ont contribué à faire comprendre que Le Théâtre et son Double n'est pas affaire des seuls théâtrologues. Il n'en aura cependant pas moins influencé le théâtre contemporain dans la mesure où il aura conduit metteurs en scène et acteurs à modifier l'espace de la scène et le jeu vocal et corporel. Tout cela concourt à faire du Théâtre et son Double l'œuvre d'Antonin Arthaud la plus lue, la plus traduite, la plus commentée. Les quelques quatre cents lecteurs du début se chiffrent maintenant par centaines de milliers et leur nombre ne cesse de croître. Les Cenci, tragédie d'après Shelley et Stendhal, ont été écrits par Antonin Artaud en 1935 afin de mettre en application les principes qu'il avait énoncés dans ses textes théoriques sur le théâtre. Ce fut le premier spectacle du Théâtre de la Cruauté, c'en fut aussi le seul. Il tint l'affiche dix-sept jours, et commercialement ce fut un échec. Mais Antonin Artaud n'a pas tort de constater le " succès dans l'Absolu des Cenci ". A lire les critiques de l'époque, on se rend compte que tout ce qui alors était blâme et s'exprimait comme tel pourrait aujourd'hui être tenu pour éloge. A ce renversement de la conception théâtrale, les représentations des Cenci, tout comme le Théâtre et son Double, ont sûrement participé.

09/1978

ActuaLitté

Littérature française

OEUVRES COMPLETES. Tome 19

Cette fabuleuse entreprise : la reconquête de son propre moi, dont le lent cheminement a pu se lire dans des centaines et des centaines de pages quotidiennes, il semble, en décembre 1945, qu'elle est achevée. L'oppression religieuse s'est éloignée. De la lutte incessante menée pour s'en défaire demeure une vigilance sardonique dont les effets dévastateurs vont désormais s'opposer à toute emprise métaphysique. L'écriture s'est transformée jusque dans sa matérialité. Elle n'offre plus les lignes sages, appliquées, des premiers cahiers. Plus large, plus rapide, comme libérée, elle s'entremêle maintenant de signes et de dessins. Pourtant, en ce début de 1946, où Antonin Artaud s'alarme de voir ne pas paraître les Lettres de Rodez, où il redoute que par là même ne se prolonge sa mise à l'écart, c'est, après la période explosive, presque euphorique, d'une communication qu'il avait cru pouvoir retrouver, le repliement dans la solitude et, de nouveau, le débat s'intériorise. Il se déplace aussi et, de plus en plus, le corps va en être le centre : "le corps inamovible de M ? Antonin Artaud vivant dont on a cent fois dépecé des duplicata arrachés et qui n'a cessé de rester vivant et lui-même contre toutes les formes qu'on lui prenait". Antonin Artaud ne cessera plus de dénoncer l'inaptitude à la vie du corps dont l'homme dispose, ce corps défectueux, aux fonctions dangereusement séparées, à la sexualité désaccordée, au mode d'engendrement désastreux. Son indispensable réfection va devenir l'un des mythes symboliques dominants de ses textes futurs. C'est d'ailleurs pendant ces mois-là qu'apparaissent dans les cahiers les principaux thèmes qui se développeront après sa sortie de l'hôpital psychiatrique : la véritable identité de l'homme crucifié au Golgotha, le reniement du baptême, la géographie des envoûtements destinés à fermer la bouche aux consciences lucides, le rôle de la sexualité dans ces ondes perverses qui partent de lieux dispersés sur toute la terre, l'émeute qui s'est déclarée à Dublin autour de sa personne et de sa canne, les raisons profondes de son internement, son refus enfin de disparaître : "Je ne suis pas celui qui a fixé de disparaître sans laisser de traces sur la terre. Je ferai au contraire disparaître la terre avant de m'en aller".

02/1984

ActuaLitté

Littérature française

OEUVRES COMPLETES. Tome 18

La plupart des cahiers recueillis dans ce tome XVIII sont contemporains de Lettres de Rodez. Aussi y sent-on la présence de celle qu'Antonin Artaud a appelée "Madame Morte" ou encore "madame utérine fécale", la poésie noire dont l'âcre beauté traverse les ballades de François Villon ou les poèmes de Charles Baudelaire, comme une sorte de "transe abdominale du coeur et du sexe". Elle a la noirceur de la peste ou de la mort, et éclaire de ses sombres lueurs les textes de cette période où une sexualité violente et désespérée alterne avec une infinie tendresse pour ces ombres de femmes devenues filles d'élection. Est-il exemple plus probant de poésie à l'état pur que ces manières de litanies dédiées à Catherine ou à Cécile : "Cécile la morte couchée après mes coups, et de la gorge fluidique" ? Paul Valéry disait que certains vers souvent étaient des dons. On pourrait croire que tous les mots de ces étranges et bouleversants poèmes ont été comme donnés à Antonin Artaud si l'on ne soupçonnait qu'il les a plutôt arrachés de lui, dans ce "ténesme d'un infini montant". Arrachement qui ne contrarie pas le jaillissement mais au contraire le produit. Dans cet automne 1945, Antonin Artaud préparait deux livres : Le Surréalisme et la fin de l'ère chrétienne, titre-écho de celui qu'il avait choisi, vingt années auparavant, pour le numéro de La Révolution surréaliste dont il avait eu l'entière responsabilité, et Mesure sans mesure, titre aux résonances shakespeariennes. On trouvera dans ce tome des pages écrites pour ces deux ouvrages projetés. Par leur ton, leur forme surtout, elles diffèrent quelque peu des notes quotidiennes des cahiers. Elles ont cette scansion profonde qui, de plus en plus, rythmera les derniers textes d'Antonin Artaud et dont la cadence impressionne si fort l'oreille intérieure du lecteur.

05/1983

ActuaLitté

Littérature française

Oeuvres complètes. Tome 9, Les Tarahumaras ; LEttres de Rodez

Il n'était pas si courant, en 1936, qu'un écrivain quittât l'Europe pour aller "prospecter ce qu'il peut rester au Mexique d'un naturalisme en pleine magie, d'une sorte d'efficacité naturelle répandue çà et là dans la statuaire des temples, leurs formes, leurs hiéroglyphes, et surtout dans les sous-sols de la terre et dans les avenues encore mouvantes de l'air". Ce l'était moins encore, une fois sur place, de partir en mission pour la Sierra Tarahumara, d'en gravir les pentes à cheval plusieurs jours de suite pour y rencontrer les Indiens des hautes terres, mangeurs de peyotl, et d'être admis à participer à leurs rites. C'est pourtant ce qu'a fait Antonin Artaud, mais l'extraordinaire ne s'arrêtera pas là. De retour à Paris, en 1937, il envoie à Jean Paulhan, pour La Nouvelle Revue Française, des extraits D'un voyage au pays des Tarahumaras, mais il veut que son nom disparaisse et que sa signature soit remplacée par trois étoiles. Ceux qui le connaissent le reconnaîtront. Et, en effet, quelques-uns vont percer l'anonymat et deviner quel est l'auteur de ces pages étranges autant que belles. En 1943, il est interné à Rodez. C'est là qu'Henri Parisot se mettra en rapport avec lui pour lui proposer de reprendre ce texte en librairie. Fin 1943, Antonin Artaud écrira Le Rite du Peyotl chez les Tarahumaras, puis le Supplément au voyage. Il décrira, sept ans après, la cérémonie rituelle comme s'il y avait assisté la veille, jetant ainsi un pont sur les années de silence auxquelles l'internement l'avait condamné. Le 16 février 1948, quinze jours avant sa mort, jaillira le récit flamboyant de cet autre rite : Tutuguri. Ainsi, la composition des Tarahumaras n'aura pas duré moins de douze années. Et c'est parce que Henri Parisot lui a demandé son accord pour éditer le Voyage qu'Antonin Artaud lui envoie de Rodez des lettres si étonnantes que son correspondant pense aussitôt en publier quelques-unes. Une sorte de lien magique réunit donc le Voyage et Lettres de Rodez. A ces deux oeuvres fondamentales sont joints les premiers textes écrits à Rodez et plusieurs adaptations de textes anglais, en particulier L'Arve et l'Aume, d'après le chapitre VI de La Traversée du miroir, par Lewis Carroll.

09/1979

ActuaLitté

Poésie

Les nouvelles révélations de l'être

Le feu dans l'eau, l'air dans la terre, l'eau dans l'air et la terre dans la mer. Ils ne sont pas encore assez fous, ils ne sont pas assez rués les uns contre les autres, et d'autant plus furieux, d'autant plus enragés qu'ils sont plus proches et plus familiers. Là où la Mère mange ses ? ls, La Puissanre mange la Puissance : Sans la guerre pas de stabilité. La langue tombe, s'effondre, resurgit brutalement, verticale : elle se décompose et vit. Publiées en 1937 les Nouvelles révélations de l'être agissent comme une prophétie : "je ne suis pas mort, je suis séparé". Dès lors qu'il se dit "mort au monde", Artaud se trouve incapable de parler en son nom : commence, quelques mois après la publication, le long séjour asilaire qui sera un chemin vers la reformation d'un moi à partir de fragments épars. Ce texte, aussi mythique qu'essentiel, est accompagné de portraits de l'auteur.

02/2019

ActuaLitté

Littérature française

OEUVRES COMPLETES. Tome 5

Les articles, lettres, interviews d'Antonin Artaud réunis ici font de ce volume le complément indispensable du tome IV de ses Œuvres complètes. On y perçoit l'ancrage dans sa vie des textes qui composent Le Théâtre et son Double, chacun d'eux jalonnant les étapes d'une route qui, ayant pour point de départ un théâtre patronné par La Nouvelle Revue Française, l'a amené à écrire Les Cenci, faute d'une autre œuvre qui lui permette de donner corps sur la scène au théâtre qu'il rêvait, un théâtre indétachable de la vie " car si le théâtre double la vie, la vie double le vrai théâtre ". Par ces lettres, on peut, parfois au jour le jour, revivre l'aventure passionnée du Théâtre de la Cruauté, sentir quels immenses espoirs sa création avait fait lever. Elles nous révèlent un Antonin Artaud plein d'énergie, acharné à ne pas renoncer, ne ménageant ni temps ni peine pour " que ce théâtre soit ", en dépit du découragement qui, par instants, le saisit à voir ses idées mal accueillies ou mal comprises. Rien d'étonnant, alors, après ces années de fièvre, que l'échec financier des Cenci ait été ressenti comme une cassure et l'ait poussé vers un ailleurs, ce Mexique entrevu comme une nouvelle espérance de vie. Cassure sensible non tant dans les lettres envoyées au cours de son voyage que dans tout ce qu'il écrira à son retour, lorsqu'il se verra de nouveau confronté avec cette société européenne qu'il avait fuie : " C'est 20 ans de ma vie que je jette en ce moment derrière moi. Je sens qu'un Autre Homme va sortir sans savoir exactement ce qu'il est ni où il me mènera ".

05/1979

ActuaLitté

Théâtre

Radio Works – 1946-48

L'édition bilingue (français / anglais) de deux scripts radiophoniques d'Artaud : Pour en finir avec le jugement de dieu (1947-1948) et Aliénation et Magie noire (1946). Egalement inclus, des extraits de correspondances datant de cette période.

11/2021

ActuaLitté

Poésie

Revolte contre la poesie / les dix-huit secondes

L y a toujours urgence à défendre le poème contre son autre : ce qui passe pour lui, occupe outrageusement l'espace : la poésie. La poésie est l'ennemi du poète ; mais cela ne peut se dire qu'à son corps défendant et dans un cri de révolte. Dans un ailleurs propice aussi : scénario de cinéma, prose et libelle. A. Artaud (1896-1948) est peut-être le poète qui a porté cette exigence au plus haut point : au coeur même de l'existence ? de son existence. La preuve ? Ici même, dans ces pages. Ces pages urgentes. Ces pages brûlantes. Jamais publiées ensemble.

11/2021

ActuaLitté

Correspondance

Lettres à Génica Athanasiou

Artaud rencontre Génica Athanasiou en 1921, alors qu'ils sont tous deux acteurs dans la troupe du Théâtre de l'Atelier ; elle sera son grand amour. Artaud est alors un jeune poète qui n'a rien publié, ou presque : c'est durant leur relation qu'il noue des liens avec la N. R. F. , les surréalistes, Abel Gance ou Carl Dreyer, et qu'il vit une grande partie de sa carrière d'acteur, au théâtretre et au cinéma. Déjà ; ses problèmes psychiatriques et de toxicomanie envahissent sa vie personnelle ; Génica soutiendra contre eux une lutte perdue d'avance. Cette correspondance amoureuse, tantôt sublime, tantôt déchirante, est le vivant témoignage d'une passion, tout autant que celui de la descente aux enfers d'une des figures les plus complexes des avant-gardes françaises du XXe siècle.

05/2021

ActuaLitté

Littérature française

OEUVRES COMPLETES. Tome 16

Dans le tome XV, on trouvera les cahiers de février, mars et avril 1945, dans le tome XVI, ceux de mai et juin. Antonin Artaud indique lui-même qu'il a " jeté la communion, Dieu et son Christ par les fenêtres " le dimanche de Pâques 1945, c'est-à-dire au début d'avril. Ainsi les textes du tome XV appartiennent en majorité à ce que l'on pourrait appeler la période chrétienne d'Antonin Artaud. Mais est-ce si simple ? Son catholicisme est quelque peu hérétique, sa conception de la religion l'apparenterait plutôt aux gnostiques qu'il avait autrefois lus avec attention. Dans le tome XVI, les signes de rejet se multiplient, les valeurs basculent, un renversement s'opère, le mythe peut s'installer.

05/1981

ActuaLitté

Critique littéraire

Cahiers d'Ivry Fevrier 1947 Mars 1948. Tome 2, Cahiers 310 à 406

Enfermé à l’asile psychiatrique de Rodez, Antonin Artaud remplit presque tous les jours, à partir de février 1945, des petits cahiers de brouillon, les Cahiers de Rodez, où il accumule notes, dessins, exercices respiratoires ou exorcismes, fragments d’écriture inventée, brouillons et variantes de textes qu’il élabore peu à peu. Sorti de Rodez en 1946, installé dans une maison de santé à Ivry, où il est libre d’aller et de venir, Antonin Artaud poursuit cet exercice d’écriture quotidienne. Ces Cahiers d’Ivry sont ici retranscrits en respectant leur structure, sans remise en ordre des pages. Les lignes de texte disposées transversalement dans les marges des cahiers sont reproduites telles quelles. Dans ces cahiers manuscrits, Antonin Artaud met rarement les apostrophes, néglige la plupart des accents. La ponctuation, souvent absente, est parfois remplacée par de petits traits horizontaux séparant les phrases disposées en courts paragraphes. Tantôt il met un point mais pas de majuscules, tantôt l’inverse. Parfois encore, il utilise un point-tiret, pour ponctuer la fin d’une phrase. Ces usages ont été respectés, de même que les déformations ou inventions orthographiques qui lui sont propres (athmosphère pour atmosphère, anté pour enté…). Le petit format des cahiers oblige Antonin Artaud à de fréquents retours à la ligne, faisant éclater l’écriture linéaire, les lignes ordonnées de la perspective. De très nombreux fac-simile donnent à voir et à lire en même temps cette mise en scène des signes (dessin, écriture) qui caractérise la mise en espace théâtrale, graphique et rythmée des derniers textes d’Artaud. Les mots redeviennent vivants et vibrants, matière sonore et visuelle, ils se déploient comme des gestes physiques et concrets dans toutes les dimensions de la scène, suggérant la diction que l’écrivain-acteur imprime au langage. L’écrit se mue alors en vibrations, échos de bruits, modulation des voix, « efficacité envoûtante » des rythmes incantatoires.

10/2011

ActuaLitté

Critique littéraire

Cahiers d'Ivry Février 1947 Mars 1948. Coffret 2 volumes, Cahiers 233 à 309 ; Cahiers 310 à 406

Tome 1. Les derniers Cahiers d'Ivry constituent la fin des Oeuvres complètes d'Antonin Artaud. Ce volume couvre la période qui s'étend de février à juin 1947. Inlassablement, il continue d'y mettre en espace ce qu'il nomme son nouveau Théâtre de la Cruauté. Que signifie avoir "un esprit qui littérairement existe" ? C'est la question qu'il posait à ses débuts à Jacques Rivière, le directeur de La NRF. Vingt ans plus tard, après une longue traversée d'enfermements asilaires, la question est réapparue. C'est bien en effet cette fondamentale question de l'inspiration - question qui hanta aussi les surréalistes - qu'il reprend sans relâche : comment commence-t-on à écrire ? Qui écrit, qui pense en moi ? Quel démon s'empare du Verbe humain avant qu'il ait commencé à penser ? Au fil des pages, les lettres se mettent en mouvement, un rythme progressivement émerge, accompagné de coups, de cris : chorégraphie de gestes et de voix, dessins semés sur la feuille. "Je ne suis jamais né", répète-t-il depuis son enfermement dans l'asile de Rodez, et donc je ne peux pas mourir. A entendre comme production infinie d'écriture, système perpétuel, "machine de souffle", prolifération sans fin d'un corps sans organes. C'est donc là, au creux des pages, entre les pages et les lignes, d'un cahier à l'autre, que s'opère "la matérialisation corporelle et réelle d'un être intégral de poésie" (lettre du 6 octobre 1946 à Henri Parisot). Tome 2. Ce deuxième volume des Cahiers d'Ivry (juin 1947-mars 1948) présente les derniers écrits d'Antonin Artaud, jusqu'à sa mort, le 4 mars 1948. Il y reprend sa théorie du Théâtre de la Cruauté, l'élargissant aux dimensions du cosmos tout entier. Ces ultimes cahiers sont, plus que jamais, la dramaturgie d'une lutte : contre Dieu, les esprits, le sexe humain, l'inconscient, la poésie littéraire, le corps où il étouffe, l'obscénité de la mort... Il y explore une fois encore cette contradiction douloureuse : comment affecter le spectateur, le lecteur, comment jouir à travers lui de ces sensations que je ne puis ressentir dans mon propre corps ? "Je n'ai pas de corps", répète-t-il, dans les années vingt. Cruauté est le nom de cette logique paradoxale. Ce qui le hante alors ? Le modèle théâtral et christique de la transsubstantiation corporelle. La répétition au théâtre, il l'a toujours dit, est une réitération. Chaque fois, il s'agit de refaire le trajet vital du geste, puisé dans sa source corporelle : respiration, circulation du sang entre les corps, mouvements articulés du verbe, vibrations corporelles des mots lancés, cri de la vie. Il est seul à présent sur cette ultime scène, celle des petits cahiers où il joue tous les rôles - dernière tentative peut-être d'hystériser la scène d'écriture, pour combattre la violence psychotique qui, toujours, menace.

10/2011

ActuaLitté

Littérature française (poches)

Héliogabale ou l'Anarchiste couronné

"Voici le livre le plus violent de la littérature contemporaine, je veux dire d'une violence belle et régénératrice. Héliogabale, né sur un berceau de sperme, mort sur un oreiller de sang, est un noir héros de notre monde. Sa légende est faite de perversité et d'exécration. El Gabal, "Celui de la Montagne", est non seulement l'empereur dépravé de la Rome pourrissante du Troisième Siècle, livré aux vices et à la folie, mais aussi le premier héros infernal de cette rencontre avec l'Orient, dont Apollonius de Tyane fut l'Archange. Incarnation du mythe hermaphrodite, adorateur du Soleil et de la pierre noire Elagabale, il a vécu jusqu'à l'extrême le drame de l'affrontement entre le monde gréco-latin et la Barbarie. Il s'agit bien ici d'un texte initiatique : prêtre païen et empereur de Rome à l'âge de quatorze ans, Héliogabale annonce à la fois le rite solaire des Tarahumaras, et le sacrifice de Van Gogh le Suicidé de la société, puis la descente aux Enfers d'Artaud le Mômo. Héliogabale est l'Anarchiste, avant d'être l'Alchimiste couronné. Ce livre envoûtant, le plus construit et le plus documenté des écrits d'Antonin Artaud, est aussi le plus imaginaire. Qui n'a pas lu Héliogabale n'a pas touché le fond même de notre littérature sauvage" J-M-G Le Clézio.

ActuaLitté

Poésie

L'ombilic des limbes

"Quand on a lu Artaud, on ne s'en remet pas. Ses textes sont de ceux, très rares, qui peuvent orienter et innerver toute une vie, influer directement ou indirectement sur la manière de sentir et de penser, régler une conduite subversive à travers toutes sortes de sentiments, de préjugés et de tabous qui, à l'intérieur de notre "culture", contribuent à freiner et même à arrêter un élan fondamental. Exceptionnel à cet égard, puisque son oeuvre ne cesse de susciter des questions auxquelles il semble aujourd'hui encore impossible d'apporter des réponses précises, Artaud ne peut être considéré ni comme un écrivain, ni comme un poète, ni comme un acteur, ni comme un metteur en scène, ni comme un théoricien, mais comme un homme qui a tenté d'échapper à toutes ces définitions, et auquel la société dans laquelle nous vivons a opposé la plus grande résistance, la plus grande surdité, la plus grande répression possible". Alain Jouffroy.

03/2007