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Arthaud

Extraits

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Esthétique

La leçon d'Artaud. Une esthétique de l'esprit

Dans l'acte même de Sa création Dieu perdit son infinité. Ce divin faux pas inaugural, Antonin Artaud l'a affirmé pour avoir très jeune choisi l'esprit et s'y être tenu - quitte à en payer le prix par neuf années d'enfermement psychiatrique ininterrompu. Il voulut en finir avec ce Dieu qui s'est oublié, ce Dieu mal engagé jusque dans l'actuelle sexualité de ses créatures ; il va au-devant d'un autre Dieu chez les indiens tarahumaras au Mexique, en Syrie (où il le trouve). Soulevé contre cette "unanime saleté qui d'un côté a le sexe et de l'autre, d'ailleurs, la messe" , il exige de ses proches, hommes et femmes, de ne jamais s'adonner à l'acte sexuel - cet acte qui requiert du sujet érotique, de Dieu et de lui-même une irrémédiable perte d'esprit.

02/2023

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Beaux arts

Vincent Van Gogh, Antonin Artaud. Ciné-roman, ciné-peinture

"Exprimer l'amour de deux amoureux par un mariage de deux complémentaires, leur mélange et leurs oppositions, les vibrations mystérieuses des tons rapprochés". (Vincent Van Gogh). "au milieu d'un bombardement comme météorique d'atomes qui se feraient voir grain à grain" (Antonin Artaud, Van Gogh le suicidé de la société) Interné 9 ans dans les hôpitaux psychiatriques, Artaud regagne Paris en mai 1946. Il a vécu la période de l'Occupation dans les asiles de Ville-Evrard et de Rodez, et demeure marqué par le bombardement atomique de Nagasaki. Au Musée de l'Orangerie s'ouvre, en janvier 1947, une exposition Vincent Van Gogh. La visite de l'exposition, les lettres de Van Gogh à son frère ébranlent le poète. Dans les semaines qui suivent, il rédige "Van Gogh le suicidé de la société". Texte de voyant. Texte apocalyptique. La peinture de Van Gogh s'y révèle atomique, lézardée, fissurée. Rhizomatique. Artaud et Van Gogh se font face. Ils se retrouvent happés l'un dans l'autre, entraînés, broyés, tour à tour fragmentés dans le maelström de la touche de l'un, la graphie nerveuse et électrique de l'autre. La boucherie des guerres sociales antérieures se perpétue. L'exécution de Vincent Van Gogh et d'Antonin Artaud, ces deux "suicidés de la société", est un crime perpétré par la masse, un meurtre et un assassinat commis par la bonne société et l'ensemble de ses institutions. VAN GOGH/ARTAUD. CINE-ROMAN. CINE-PEINTURE. L'univers entre dans un processus de déflagration généralisée. La trame de leurs oeuvres se fissure. Disséminées, les touches, les boucles de l'écrit et les hachures du trait forment une matière riche. Dense. Qui ouvre la porte aux audaces de l'art moderne et contemporain... Les André Masson et Jackson Pollock, Soutine et Fautrier, Francis Bacon et Cy Twombly.

03/2014

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Critique littéraire

Antonin Artaud dans la guerre. De Verdun à Hitler

Mr Mutilé, Mr tronçonné, Mr amputé, Mr décapité dans les barbelés et les guillotines du pouvoir discrétionnaire de la guerre. (Antonin Artaud). 1914-1918 : une génération d'artistes et d'écrivains (Artaud, Breton, Masson, Céline...) est projetée dans la Grande Guerre, ses tranchées, ses champs de bataille (Verdun), ses morts et ses blessés psychiques. Des Centres de neuropsychiatrie sont créés pour traiter au plus vite les malades sans blessures apparentes, et les renvoyer au front. Cette guerre de 14-18, Antonin Artaud (1896-1948) ne cessera de la revivre. Comme acteur de cinéma, dans Verdun, Vision d'histoire et Les Croix de bois. Comme écrivain, auteur et acteur de théâtre. Les textes et dessins de ses derniers cahiers sont l'expression de la guerre littéraire et graphique qu'il mène à l'encontre d'une société qui a fait de lui : un mutilé, un amputé, un déporté de l'être. Entre les deux conflits (de 1918 à 1939), se mettent en place un processus de guerre continue (Michel Foucault), une société de plus en plus technicisée et médicalisée, une brutalisation de masse (George Mosse) de la société civile et la montée d'une forme d'hygiène mentale et sociale dont le dévoiement aboutira, en Allemagne, au fascisme hitlérien. 1939-1945 : Hitler (soigné lui aussi, durant la Première Guerre, dans un centre psychiatrique) entraîne l'Europe et le monde dans une guerre d'extermination. Artaud connaît alors les asiles psychiatriques, la faim, les électrochocs. Ce livre plonge au coeur même de ce qui fit l'essentiel de l'histoire politique et culturelle du XXe siècle. La grande histoire s'écrit au rythme de la littérature et des arts de la première moitié du siècle. On y croise ces psychiatres (et psychanalystes) qui ont nom Charcot, Freud, Babinski, Toulouse, Grasset, Tausk, Allendy, etc. Ce qu'Edouard Toulouse nommait la biocratie marque, aujourd'hui encore, l'ensemble de notre société.

11/2013

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Critique

Le surréalisme et la fin de l'ère Artaud

Cet ouvrage remémore les relations tumultueuses d'Artaud avec le mouvement surréaliste. Retraçant l'histoire du surréalisme des origines nous tenterons d'analyser le contexte historique et idéologique dans lequel Artaud a progressivement construit sa propre conception de la révolution de l'esprit. Antonin Artaud se détournant de la position des surréalistes qui adhèrent en 1927 au Parti communiste devient le porte-parole d'une autre vision de révolution beaucoup plus existentielle.

04/2022

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Guides thérapeutiques

Antonin Artaud. La mise en échec de la médecine

A l'appui des écrits contextualisés du poète, cet ouvrage ouvre l'hypothèse d'une folie simulée par Antonin Artaud (1896-1948). Est aussi démontré comment, malgré l'acharnement thérapeutique dont il a été la victime (entre autres 58 électrochocs qui n'ont servi à rien), il a mis en échec la médecine et la psychiatrie de l'époque. A cet effet, seront approfondis les traitements contre "la syphilis" , "la mélancolie" , "le délire luxuriant" , autant de diagnostics établis à l'encontre d'Antonin Artaud, et autant de traitements auxquels il fut soumis pendant de longues années de douleur et de désespoir. Enfin, riche d'une biographie abrégée, d'une recension de ses livres, de nombreux extraits peu reproduits et ordonnancés par thèmes, cet ouvrage offre au lecteur un portrait complet d'Antonin Artaud, une manière d'honorer cet esprit supérieur, créateur d'une oeuvre inclassable qui fait de lui un artiste majeur du XXe siècle, à la renommée internationale, plus reconnu à l'étranger que dans son propre pays.

04/2024

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Toxicomanie

Dans la pharmacopée d'Antonin Artaud. Le laudanum de Sydenham

Lorsqu'il publie en 1925 sa très fameuse Lettre à Monsieur le législateur de la loi sur les stupéfiants, Antonin Artaud se décrit comme un "toxicomane malade" , buveur de laudanum par nécessité et non par dilettantisme. Ce positionnement justifie la violence de son imprécation : "Monsieur le législateur de la loi de 1916, agrémentée du décret de juillet 1917 sur les stupéfiants, tu es un con. [... ] Je te souhaite que ta loi retombe sur ton père, ta mère, ta femme, tes enfants, et toute ta postérité. Et maintenant avale ta loi". Dans cet ouvrage, nous interrogeons l'étonnante modernité de ce texte ainsi que ses paradoxes. La destinée tumultueuse de l'écrivain est réexaminée à la lumière de son addiction au laudanum, mais également des obstacles réglementaires auxquels il dut faire face, et des ruses qu'il dut mettre en oeuvre pour se procurer, coûte que coûte, le remède tant convoité.

09/2022

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Critique littéraire

La véritable histoire d'Artaud le Mômo. Avec 1 DVD

Pour préparer un film de fiction (En compagnie d'Antonin Artaud), adapté du journal de Jacques Prevel, Gérard Mordillat et Jérôme Prieur ont rendu visite aux amis d'Antonin Artaud (1896-1948), ont retrouvé un à un ceux qui, jusqu'alors, s'étaient abstenus de parler de lui. De ces visites, et de façon tout-à-fait inattendue, est né un fi lm documentaire : La véritable histoire d'Artaud le Mômo (1993). Ce document fait revivre Antonin Artaud dans les paroles de Paule Thévenin, Marthe Robert, Henri Thomas, Henri Pichette, Rolande Prevel, Alain Gheerbrant, André Berne-Joffroy, Alfred Kern, Jany de Ruy, etc. D'abord diffusé sur Arte (1994), il est ici proposé dans une version restaurée. Le livre offre une transcription des propos qui composent ainsi le portrait du poète, réputé fou et dépendant de la drogue, dans sa complexité et son génie. Un texte de chacun des deux auteurs complète, à distance et dans l'admiration, cette mosaïque. Il s'y ajoute enfin un ensemble de photographies de ces figures, réalisées au cours du tournage par Mordillat et le chef-opérateur François Catonné.

11/2020

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Littérature française (poches)

NOUVEAUX ECRITS DE RODEZ. Lettres au docteur Ferdière 1943-1946 et autres textes inédits suivis de six lettres à Marie Dubuc 1935-1937

LETTRES AU DR FERDIERE (1943-1946) ET AUTRES TEXTES INEDITS SUIVIS DE SIX LETTRES A MARIE DUBUC (1935-1937) Préface du Dr Gaston Ferdière Présentation et notes de Pierre Chaleix Investi de ce qu'il croyait être sa mission, Antonin Artaud s'en fut, en 1937, rapporter la canne de Saint Patrick aux Irlandais. Arrêté à Dublin, ramené au Havre, on l'enferme. Pendant neuf ans il ne connaîtra plus que la face du dedans des murs asilaires. En 1940, quand survient l'Occupation, il est à Ville-Evrard. A la souffrance de son internement, s'ajoutent pour le poète la faim, le dénuement. Les efforts conjugués du fidèle Robert Desnos et de son ami Gaston Ferdière, qui dirige en " zone non occupée " l'asile de Rodez, réussissent à faire passer Arthaud en un lieu, où, à défaut de liberté, il trouvera, avec l'amitié, des soins attentifs jusqu'au dévouement. Nous sommes en février 1943. Jusqu'à sa sortie en 1946, Artaud écrira à son médecin, qu'il voit cependant chaque matin, près de cinquante lettres. La reconnaissance et l'affection jalouse côtoyant la revendication - si ce n'est l'aigreur certains jours - projettent sur cet ensemble le reflet incomparablement vrai de la vie du poète interné. Il y a plus : dans ces lettres s'exprime une foi chrétienne, sinon romainement orthodoxe du moins passionnée jusqu'au mysticisme.

01/1994

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Mer

De Rose de Freycinet à Florence Arthaud. Les aventurières des mers contre vents et marées

"Ma préférence pour les inconnues portant le nom de leur célèbre époux, femmes de l'ombre laissées pour compte auxquelles personne ne s'intéressait, justifie la curiosité des recherches et le plaisir de découvrir des compagnes sombres ou solaires, étonnantes, admirables ou parfois exceptionnelles..." Rose de Freycinet, comme les autres femmes dont les parcours sont présentés dans cet ouvrage, a su forcer le destin en contraignant la gente masculine à l'accepter dans "leur" monde. Quelle fut sa motivation secrète pour prendre autant de risques pour elle et son mari ? Rêve d'exotisme, à l'étroit dans le Paris de la Restauration ? Amoureuse transie déchirée par la perspective d'une séparation ? Imprégnée de religiosité, elle avançait le caractère sacré du mariage interdisant de séparer les époux. La réalité n'est pas aussi simple. Sa correspondance et son journal dévoilent une raison tapie dans l'inconscient, la douloureuse absence d'enfant. L'éloignement de son mari, prévu pour deux ans qui en seront finalement trois, ajouté aux deux années de mariage déjà passées, retardait la possibilité d'enfanter. Ce qu'elle réfutait de toute son âme...

09/2018

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Littérature française

Oeuvres complètes. Tome 1, Edition revue et augmentée

Ce double tome 1 a inauguré une nouvelle édition des Oeuvres complètes d'Antonin Arthaud, dont la publication avait été entreprise en 1948. C'est à dire que depuis cette époque nos recherches avaient abouti à la découverte de nombreux textes et lettres. Le format actuel a permis d'enrichir chacun des tomes de ces éléments nouveaux qu'il nous a paru indispensable de mettre à la disposition des lecteurs. Le présent double tome est la refonte du tome I et de son Supplément. Il a été, en outre, augmenté de plusieurs textes inédits et de lettres retrouvées depuis 1970. Signalons tout spécialement Point final, publié en 1927 à compte d'auteur, que nous avions fini par croire perdu sans recours et qui a été retrouvé comme par miracle en 1971, texte sans lequel la position d'Antonin Artaud par rapport au surréalisme ne peut être comprise dans sa totalité et sa complexité. Antonin Artaud a toujours lui-même considéré sa correspondance comme partie intrinsèque de son oeuvre, et il est peu d'ouvrages composés par lui et publiés de son vivant qui ne contiennent de lettres réelles. Ainsi, un certain quotidien de sa vie était introduit dans ce que l'on était convenu d'appeler une oeuvre, et agissait comme destructeur de la notion même d'oeuvre. Nous avons, dès le début de cette édition, tenu à ajouter aux textes constituant la charpente de chacun des tomes les lettres qui y avaient trait ou qui permettaient de mieux les situer et les lire. Ainsi, la plus grande partie de la correspondance d'Antonin Artaud a pu être publiée, mais le principe adopté a causé parfois un chevauchement dans le temps d'un tome à l'autre. Nous nous proposons d'en publier le répertoire chronologique en annexe au dernier tome des Oeuvres complètes. Correspondance avec Jacques Rivière, l'Ombilic des Limbes, Le Pèse-Nerfs suivi des Fragments d'un Journal d'Enfer, l'Art et la Mort, les premières proses et poèmes se trouvent dans le tome I. Les textes marquant les étapes d'Antonin Artaud dans ses rapports avec le mouvement surréaliste et les lettres sont réunis dans le tome 1.

02/1979

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Critique

Transfuge N° 150, : Justine Lévy, dans le secret d'Antonin Artaud

Numéro spécial rentre littéraire. Justine Lévy en UNE à l'occasion de la parution de Son fils aux éditions Stock. 2e grand entretien avec David Diop, qui publie La Porte du voyage sans retour aux éditions du Seuil. Trois entretiens en ouvertures cinéma : trois films présentés à Cannes : Hamaguchi pour Drive my car : prix du meilleur scénario, Nadav Lapid pour Le Genou d'Ahed prix du jury, et Mathieu Amalric pour Serre moi fort. Actualités scène, expos et galeries.

08/2021

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Sciences politiques

Finie cette politique au pouvoir

Au fil des quelques pages de ce recueil, j'ai souhaité dire tout haut ce qui me tient à coeur depuis déjà pas mal d'années, et je pense sincèrement que je ne suis pas le seul à méditer de la sorte. Ecrire un livre énorme n'est pas facile. Non pas que les idées me manquent, mais simplement parce que le lecteur ne doit retenir à l'esprit que des idées précises et importantes. Un énorme livre rebutera un lecteur potentiel, car ce dernier n'aura pas l'envie de l'ouvrir, et encore moins l'attention pour le lire jusqu'au bout. Par ces quelques modestes pages, Cher Lecteur, j'espère que vous partagerez mes opinions sur ce qui est à changer au sein d'un gouvernement en tout point étatique.

08/2019

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Théâtre

Les Cenci

Si l’on tente de reconstituer l’état d’esprit d’Artaud avant et pendant la mise en oeuvre des Cenci, il faut se débarrasser de deux images : de celle du poète foudroyé, abruti par les électrochocs qu’on lui administrera pendant la guerre à Rodez ; de celle du rêveur inconscient qui se croit en mesure de réinventer le théâtre et qui subit, lors de la représentation de sa pièce aux Folies-Wagram, en mai 1935, un échec cuisant et définitif. Un retour en arrière s’impose : en 1934, Artaud est tout sauf un perdant. Librement inspirés de Shelley et de Stendhal, Les Cenci ne sont pas une pièce psychologique. Les personnages n’intéressent Artaud que dans la mesure où ils sont les supports de forces qui les dépassent, reconnaissables néanmoins comme nos semblables par quelques traits d’humanité commune. Ce qui frappe dans l’aventure de Béatrice Cenci est la démesure qui peut facilement basculer du tragique dans le grand-guignol : drame de viol et d’inceste mâtiné de touches politiques et antireligieuses, où le vieux Cenci règle ses comptes à la fois avec Dieu, le pape, ses pairs, sa famille et lui-même. Le crime est suivi d’une vengeance. Les Cenci, tels que la pièce a été reçue par Artaud de Shelley et de Stendhal et telle qu’il l’a récrite, est à la fois un drame romantique avec son héros du mal, sorte de Faust luciférien ; une pièce d’intrigue avec son complot, ses séides, ses comparses et ses coups de théâtre ; un mélodrame où viendrait pleurer Margot ; une oeuvre sentimentale où s’exhale la plainte des enfants et de la belle-mère contre la méchanceté du père et du mari. Artaud concevait cet ensemble comme un compromis équilibré entre des tensions conciliables : « J’ai essayé de faire parler, non des hommes, mais des êtres ; des êtres qui sont chacun comme de grandes forces qui s’incarnent et à qui il reste de l’homme juste ce qu’il faut pour les rendre plausibles au point de vue de la psychologie ». Aujourd’hui l’on dira que Les Cenci ne sont pas une oeuvre à percevoir comme un spectacle à voir et à entendre, avec les yeux de l’esprit et les oreilles de l’imagination, dans toutes ses dimensions non écrites et relevant de la seule initiative du metteur en scène-maître d’oeuvre : tension des silences, rythme des violences, bruitage et broyage des mots, musique des lumières et des mouvements, métamorphose des affects en gestes symboliques ; en somme, interpénétration constante et imprévisible de tous les possibles d’un spectacle, cette interpénétration étant sensible, à la lecture, par le nombre et l’importance des indications scéniques.

07/2011

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Psychologie, psychanalyse

L'écoute. Attitudes et techniques, 5e édition

Apprendre à écouter est un besoin majeur des relations humaines. Nous savons combien l'écoute est difficile à instaurer. Chacun admet qu'il n'est pas aisé d'entendre ce que l'interlocuteur veut dire sans dénaturer sa pensée : parents préoccupés par les soucis quotidiens qui écoutent difficilement leurs enfants, enseignant soucieux du programme et pas assez des élèves, formateur plus désireux de conduire le groupe que d'écouter ses demandes et clarifier ses besoins. Et encore dans le couple où l'écoute se perd avec le temps et l'habitude, et le thérapeute devant un cas, à la recherche d'un diagnostic qui néglige une authentique présence au client. Dans ces diverses situations, l'auteur nous prévient des éventuelles dérives, nous propose des attitudes et des moyens pour établir une meilleure écoute, à partir d exemples vécus et à l'aide d'exercices progressifs. Le lecteur pourra s'approprier les attitudes qui facilitent la compréhension et s'entraîner à leur pratique. À l'époque des slogans simplistes sur une communication facile, l'objectif que nous propose auteur apprendre à écouter est d'un grand réalisme. Ce livre sera particulièrement précieux pour tous ceux qui sont préoccupés par l'écoute : parents, enseignants, éducateurs, formateurs, thérapeutes, couples...

05/2003

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Beaux arts

Van Gogh le suicidé de la société

Dans Van Gogh le suicidé de la société, publié en 1947, Antonin Artaud fait de la violence de Van Gogh la réponse à l'obscénité haineuse du monde et des psychiatres ; de sa folie, une réponse de l'âme à l'imbecillité universelle qui lui souffle "Vous délirez". Alors Van Gogh s'est tué parce qu'il ne pouvait pas tuer le psychiatre, le docteur Gachet. Il s'est tué parce qu'il ne pouvait plus supporter ce "délire" qu'on attachait à ses pas. "Je vois à l'heure où j'écris ces lignes, le visage rouge sanglant du peintre venir à moi, dans une muraille de tournesols éventrés,dans un formidable embrasement d'escarbilles d'hyacinthe opaque et d'herbages de lapis-lazuli. Tout cela, au milieu d'un bombardement comme météorique d'atomes qui se feraient voir grain à grain, preuve que Van Gogh a pensé ses toiles comme un peintre, certes, et uniquement comme un peintre, mais qui serait,par le fait même,un formidable musicien".

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Critique littéraire

Oeuvres complètes. Tome 10, Lettres écrites de Rodez (1943-1944)

La lettre, pour Antonin Artaud, a toujours été un moyen d'expression privilégié : "Permettez-moi, écrivait-il le 17 mars 1932 à Jules Supervielle, de vous adresser mon article sous forme de lettre. C'est le seul moyen que j'ai de lutter contre un sentiment absolument paralysant de gratuité..." Et si, à Rodez, elle est d'abord tentative pour rompre l'isolement et retisser des liens avec l'extérieur, elle devient vite l'instrument par lequel Antonin Artaud va mettre en oeuvre une écriture entièrement recréée. On trouvait déjà dans le tome IX, sous le titre Lettres de Rodez, quelques lettres adressées à Henri Parisot. L'heureuse initiative de leur destinataire, les circonstances ont fait que ces lettres-là plutôt que telles autres avaient été portées à la connaissance du public alors même qu'Antonin Artaud était encore interné à l'hôpital psychiatrique de Rodez. Mais Henri Parisot n'était pas son unique correspondant et les tomes X et XI réunissent les lettres écrites par Antonin Artaud de Rodez, du moins celles qui ont pu être à ce jour rassemblées. Le tome X contient les lettres de 1943 et de 1944 : elles sont adressées aux médecins du service, à la famille, à quelques amis. Le tome XI, celles de 1945 et de 1946 : Antonin Artaud se libère de l'emprise psychiatrique comme de celles que famille et société exercent sur tout individu, rejette toute forme de religiosité, et les lettres qu'il adresse à un destinataire particulier sont, à travers lui, destinées à être lues par tous.

01/2011

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Littérature française

OEUVRES COMPLETES. Tome 3

Antonin Artaud pensait que " de la bonne utilisation des rêves pouvait naître une nouvelle manière de conduire sa pensée ". C'est en application de ce principe qu'il a cherché à faire du cinéma, art encore jeune et suscitant toutes les audaces. Il ne s'agissait nullement, pour lui, de donner une traduction visuelle d'un quelconque rêve, de le raconter en images de manière banale tout comme on aurait pu le noter au réveil avec des mots. Il fallait, après avoir étudié de près la systématique et la symbolique du rêve, tâcher d'en découvrir les lois, d'en reconstituer la " mécanique ". Ainsi, le cinéma retrouverait la violence et l'indépendance du rêve, il pourrait libérer " toutes les forces sombres de la pensée ". Car le rêve a son langage qui a ses règles propres. Transposées dans le domaine de l'image, elles seraient capables " d'introduire dans la pensée une rupture logique ", elles permettraient de " réaliser cette idée de cinéma visuel où la psychologie même est dévorée par les actes ". C'est dans ce sens qu'ont été conçus plusieurs scenarii d'Antonin Artaud, tout spécialement La Coquille et le Clergyman et La Révolte du Boucher. Seul, le premier a été réalisé ; qu'il ne l'ait pas été par lui nous a sûrement privés d'une œuvre forte et originale. Aussi bien a-t-il désavoué la plate transcription onirique qui en avait été donnée. Les différents textes qu'Antonin Artaud a écrits à propos du cinéma ont été réunis ici. On s'apercevra à les lire qu'ils demeurent toujours d'actualité. On trouvera aussi dans ce tome III la correspondance concernant ses activités d'homme de théâtre (à l'exception des lettres relatives au Théâtre et son Double et au Théâtre de la Cruauté qui ont été rassemblées dans le tome v), d'acteur de cinéma et de critique. Elle témoigne d'une ouverture d'esprit et d'une ardeur jamais lassées. On y revit les efforts répétés faits par Antonin Artaud pour trouver une place qui lui permette de manifester ses dons ou tout simplement de subsister dans la société de son époque. On y voit déjà s'inscrire son rejet par celle-ci.

09/1978

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Littérature française

OEUVRES COMPLETES. Tome 25

En ces mois de décembre 1946 et janvier 1947, c'est toujours la même coulée ininterrompue de textes fulgurants, rapides, jaillissants. Antonin Artaud continue à en extraire, pour Suppôts et Suppliciations, ceux qui vont constituer Interjections, et qu'il dicte chaque matin. Puis, à peine donnée la conférence du 13 janvier au Théâtre du Vieux-Colombier, à peine dissipée la déception d'avoir dû constater "arrivé devant le public et à pied d'oeuvre... qu'il n'y avait plus lieu, qu'il était inopérant de dire certaines choses devant un public qui ne voulait pas les entendre et y mordre jusqu'au bout" et d'avoir dû se résoudre à "plier bagage et s'en aller", le voilà sur le point d'entamer un autre ouvrage et se prenant à penser qu'il va lui falloir défendre Vincent Van Gogh. Un tel bouillonnement, un brassage d'idées aussi constant, une pareille agilité intellectuelle laissent pantois. Une rose et son épine suffisent à Antonin Artaud pour que, du même mouvement, la poésie naisse et la pensée se concrétise : "La rose se fait par son épine et non par la graine de son bouton. / Prenez une épine, enfoncez-vous-la dans le corps et vous ferez éclore dans l'air des armées de rosiers qu'il vous suffira de planter en terre pour leur donner de se concrétiser". Et, dans tout ce foisonnement, la raillerie, jamais, n'est absente : "Moi, Antonin Artaud, / bouillabaisse grossière, / suis roi ignorantin".

10/1990

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Littérature française

OEUVRES COMPLETES. Tome 22

Le 26 mai 1946 c'est, pour Antonin Artaud, le premier jour de la liberté retrouvée, liberté totale, il faut le proclamer contre toutes les fausses légendes qui ne cessent de prospérer. Il a enfin échappé à cet espace restreint et confiné des asiles où il avait été enfermé durant neuf années et il est libre de sortir et de rentrer aux heures qui lui conviennent, libre d'aller où il veut, de recevoir qui lui plaît. Des jeunes gens viennent le voir à Ivry, lui manifestent leur admiration et qu'ils attendent beaucoup de lui. Il se sent sollicité et sait qu'il a quelque chose d'essentiel à transmettre. Aussi, dès les premiers moments de son retour, forme-t-il le projet de s'expliquer au cours d'une conférence qu'il se montre, à plusieurs reprises, préoccupé d'organiser. Une autre sorte de contact avec le public va lui être offerte par la proposition, aussitôt acceptée, qui lui est alors faite de publier ses Ouvres complètes. Son abominable expérience ne pouvant avoir été vécue en vain, il décide de mêler à ses oeuvres anciennes des textes récents qui porteront témoignage du travail accompli ces trois dernières années. Cela l'amène à reprendre, sous un tout autre éclairage, les lettres et adresses dont, jadis, en 1925, il avait été responsable dans la Révolution surréaliste. Ce retour sur son passé, à cette période de sa vie, ne laisse pas d'être remarquable : une trajectoire parfaite est dessinée qui s'achève dans la maîtrise enfin conquise d'une langue que, dans la Correspondance avec Jacques Rivière, il accusait de toujours lui manquer. Elle lui permet toutes les audaces, celle qu'à présent il s'est gagnée et qu'il manie avec une allégresse certaine ; sa pensée n'y rencontre plus ni barrières ni chausse-trapes, elle est sienne entièrement : "Car aucun poète n'a jamais rien à apprendre d'un poète autre que lui. / Il faut faire le vide quand on écrit".

10/1986

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Critique littéraire

Cahier. Ivry, janvier 1948

C'est en 1945, alors qu'il est encore enfermé à l'hôpital psychiatrique de Rodez, qu'Antonin Artaud commence à écrire chaque jour dans de petits cahiers de brouillon que lui fournit l'administration. Sur ces fragiles supports, il réinvente un nouveau corps d'écriture, entre texte et dessin, entre théâtre vocal et danse rythmée de coups de couteaux qui transpercent la feuille. Artaud lui-même parle de " cahiers de notes littéraires, poétiques, psychologiques, physiologiques, magiques, magiques surtout ". Magiques en effet ; l'écriture sous ses doigts est vivante, les pages bougent, les dessins sortent de la feuille : pratique conjuratoire, exorcisme. Souvent il écrit dans plusieurs cahiers à la fois, au hasard des pages ouvertes, déployant ainsi les scènes plurielles et éclatées que cherchaient à penser dans les années trente ses théories théâtrales. Jour après jour et jusqu'à sa mort, le 4 mars 1948, il poursuivra ainsi inlassablement la même pratique effrénée d'écriture infinie où il remet en scène, dans un espace qu'il nomme " sempiternel ", son dernier Théâtre de la Cruauté. 406 de ses petits cahiers - la quasi intégralité - sont aujourd'hui conservés à la Bibliothèque nationale de France. Certains contiennent les esquisses des derniers grands textes : Suppôts et Suppliciations. Pour en finir avec le jugement de dieu, Van Gogh le suicidé de la société. Tous sont emplis de fragments de poèmes et de dessins au crayon ou à l'encre. Une bonne partie d'entre eux sont encore inédits. C'est le cas du cahier publié ici en fac-similé, l'un des derniers, datant de janvier 1948. D'une page à l'autre, dans l'entrelacs des textes et des dessins, on y voit se déployer la " machine de souffle ", comme disait Artaud, où s'opère " la matérialisation corporelle et réelle d'un être intégral de poésie ".

11/2006

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Critique littéraire

Cahiers d'Ivry Février 1947 Mars 1948. Tome 1, Cahiers 233 à 309

Les derniers Cahiers d'Ivry constituent la fin des Oeuvres complètes d'Antonin Artaud. Ce volume couvre la période qui s'étend de février à juin 1947. Inlassablement, il continue d'y mettre en espace ce qu'il nomme son nouveau Théâtre de la Cruauté. Que signifie avoir "un esprit qui littérairement existe" ? C'est la question qu'il posait à ses débuts à Jacques Rivière, le directeur de La NRF. Vingt ans plus tard, après une longue traversée d'enfermements asilaires, la question est réapparue. C'est bien en effet cette fondamentale question de l'inspiration - question qui hanta aussi les surréalistes - qu'il reprend sans relâche: comment commence-t-on à écrire ? Qui écrit, qui pense en moi ? Quel démon s'empare du Verbe humain avant qu'il ait commencé à penser ? Au fil des pages, les lettres se mettent en mouvement, un rythme progressivement émerge, accompagné de coups, de cris : chorégraphie de gestes et de voix, dessins semés sur la feuille. "Je ne suis jamais né", répète-t-il depuis son enfermement dans l'asile de Rodez, et donc je ne peux pas mourir. A entendre comme production infinie d'écriture, système perpétuel, "machine de souffle", prolifération sans fin d'un corps sans organes. C'est donc là, au creux des pages, entre les pages et les lignes, d'un cahier à l'autre, que s'opère "la matérialisation corporelle et réelle d'un être intégral de poésie" (lettre du 6 octobre 1946 à Henri Parisot).

10/2011

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Ethnologie

Leurrer la nature

Le présent volume appréhende la notion de leurre dans toute la transversalité de ses applications et de ses usages. Ce qu'exhibe le leurre, plus essentiellement que la forme hypostasiée qu'on peut lui donner dans des techniques précises et locales (qu'il s'agisse des techniques de huchements sibériennes, de lactation touareg, des appeaux aka), c'est une autre façon d'interagir avec la nature, de la convertir à ses intentions, en procédant à la retenue, l'imitation ou la substitution des éléments sensibles (olfactifs, tactiles, visuels, gustatifs et auditifs), jugés significatifs dans le monde de l'autre. Que cette interaction s'opère entre l'homme et la nature ou entre les différents existants de la nature elle-même, la logique du leurre consiste à avoir une emprise sur l'autre en se mettant à sa place, en opérant une forme de perspectivisme méthodologique dont il semblait important d'interroger les principes, les conditions de possibilité et les limites. C'est en observant de façon précise les modalités d'usage du leurre dans le chamanisme, la bio-technologie, l'art, les techniques de traite, d'allaitement ou la pêche que le présent volume montre l'importance méthodologique et ontologique pour la réflexion en sciences humaines.

09/2013

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Littérature française

OEUVRES COMPLETES. Tome 23

Ces mois d'août et de septembre 1946 sont jalonnés de textes-phares, tels le Retour d'Artaud, le Mômo, par lequel Antonin Artaud marque symboliquement son retour au poème et à la vie, l'Exécration du père-mère, Histoire entre la groume et dieu, Centre pitere et potron chier, tous publiés de son vivant et déjà repris dans de précédents tomes. Mais c'est aussi l'époque où il parachève le Préambule et l'Adresse au pape, qu'il veut placer en tête de ses Ouvres complètes et sur lesquels il revient obstinément jusqu'à l'instant où, de leurs multiples versions, surgit leur forme dernière, pourchassée bien au-delà des frontières de l'impossible. Cette opération par laquelle, membre à membre, le texte se construit et prend corps, la lecture des cahiers nous met à même d'y assister. Elle nous fait toucher combien est lancinante la question de l'écriture : "Je cherche un impossible écrit / qui n'est que dans mes moelles inscrit / et même pas / mais qui dira le vide ou le plein / mieux que moi". A voir, pourtant, à côté de ces pages dont la composition est à ce point travaillée, les cahiers remplis aussi de textes apparemment jaillis, dont la forme semble, d'un seul jet, être née parfaite et si dense qu'elle ne saurait être transformée sans dommage, on a le sentiment qu'Antonin Artaud, en pleine maîtrise de sa langue, a enfin résolu l'énigme qu'il n'en cesse pas moins de se poser, de nous poser : "Pourquoi écrire ? / Il y a un langage non imprimé / avec lequel je mangerai l'imprimé. / Ce langage est inscrit dans le corps sans lettres".

11/1987

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Beaux arts

Van Gogh. Le suicidé de la société

Fin janvier 1947, le galeriste Pierre Loeb envoie à son ami Antonin Artaud, écrivain, dessinateur et poète, une page de l'hebdomadaire Arts entièrement consacrée à Vincent Van Gogh, dont une exposition est en cours à l'Orangerie à Paris. Il y est fait mention de la récente parution d'un volume, Du démon de Van Gogh, aux éditions A.D.I.A. à Nice. Cette publication, "destinée exclusivement au corps médical", comporte une étude conséquente du docteur François-Joachim Beer, dont de longs extraits sont reproduits sur la page du journal. Van Gogh y est notamment décrit comme un "déséquilibré avec excitations violentes à allure maniaque" et inspire en définitive au médecin ce diagnostic : "ce peintre de génie était atteint de psychopathie constitutionnelle dont les épisodes n'ont fait que s'aggraver le long de son existence". Ayant lui-même été interné durant de nombreuses années, et ce jusqu'en mai 1946, Antonin Artaud décide alors d'écrire à son tour sur le peintre, de réfuter la thèse de sa folie, fruit à ses yeux d'une construction sociale. Le 2 février, il se rend à l'Orangerie et commence peu après à rédiger et à dicter à voix haute le corps central de l'ouvrage. La "lucidité supérieure" propre à l'artiste, et commune à l'auteur et à son sujet, permet à Artaud de faire la part belle à la fougue du génie, force contestataire en soi. L'état de supplicié, Artaud lui-même l'a vécu. Nul mieux que lui ne saurait le transmettre. Et quand le poète aborde la peinture proprement dite, c'est comme s'il s'emparait du pinceau ou, au demeurant, du couteau. Il se fait tranchant, expressif, cinglant. Paru en décembre 1947 chez K éditeur à Paris, l'ouvrage reçoit le mois suivant le Prix Sainte-Beuve. Son auteur s'éteindra peu après, en mars 1948.

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Littérature française

Oeuvres complètes. Tome 4

Œuvres complètes - TOME IV Antonin Artaud n'aurait-t-il écrit que le Théâtre et son Double, ce livre, d'aucuns le pensent, eût suffi à sa gloire. Pourtant, il paraît en février 1938 dans une indifférence presque totale ; l'auteur, il est vrai, s'est comme tue. A l'issue d'un périple qui l'a mené au Mexique, puis en Irlande, il a été interné d'office. Il le restera neuf ans pendant lesquels ce livre qui compte à peine plus de cent cinquante pages, tiré seulement à quatre cents exemplaires, prêté passé de main en main, surtout parmi les gens de théâtre, va trouver ses fervents. Ils ne sont pas foule encore quand Henri Thomas, en 1945, salue sa réédition par le Théâtre mort et vivant, étude où l'un des premiers il sait dire que ce livre n'est pas uniquement une méthode et un programme à l'usage des acteurs et metteurs en scène mais qu'Antonin Artaud y pose " une conception absolue de la vie ". Dix ans après Maurice Blanchot y verra " l'exigence de la poésie telle qu'elle ne peut s'accomplir qu'en refusant les genres limités et en affirmant un langage plus originel ". Vingt ans après, Jacques Derrida tentera de cerner les implications philosophiques de ce texte à propos duquel il écrira que " penser la clôture de la représentation, c'est penser le tragique ". Tous ont contribué à faire comprendre que Le Théâtre et son Double n'est pas affaire des seuls théâtrologues. Il n'en aura cependant pas moins influencé le théâtre contemporain dans la mesure où il aura conduit metteurs en scène et acteurs à modifier l'espace de la scène et le jeu vocal et corporel. Tout cela concourt à faire du Théâtre et son Double l'œuvre d'Antonin Arthaud la plus lue, la plus traduite, la plus commentée. Les quelques quatre cents lecteurs du début se chiffrent maintenant par centaines de milliers et leur nombre ne cesse de croître. Les Cenci, tragédie d'après Shelley et Stendhal, ont été écrits par Antonin Artaud en 1935 afin de mettre en application les principes qu'il avait énoncés dans ses textes théoriques sur le théâtre. Ce fut le premier spectacle du Théâtre de la Cruauté, c'en fut aussi le seul. Il tint l'affiche dix-sept jours, et commercialement ce fut un échec. Mais Antonin Artaud n'a pas tort de constater le " succès dans l'Absolu des Cenci ". A lire les critiques de l'époque, on se rend compte que tout ce qui alors était blâme et s'exprimait comme tel pourrait aujourd'hui être tenu pour éloge. A ce renversement de la conception théâtrale, les représentations des Cenci, tout comme le Théâtre et son Double, ont sûrement participé.

09/1978

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Littérature française

OEUVRES COMPLETES. Tome 19

Cette fabuleuse entreprise : la reconquête de son propre moi, dont le lent cheminement a pu se lire dans des centaines et des centaines de pages quotidiennes, il semble, en décembre 1945, qu'elle est achevée. L'oppression religieuse s'est éloignée. De la lutte incessante menée pour s'en défaire demeure une vigilance sardonique dont les effets dévastateurs vont désormais s'opposer à toute emprise métaphysique. L'écriture s'est transformée jusque dans sa matérialité. Elle n'offre plus les lignes sages, appliquées, des premiers cahiers. Plus large, plus rapide, comme libérée, elle s'entremêle maintenant de signes et de dessins. Pourtant, en ce début de 1946, où Antonin Artaud s'alarme de voir ne pas paraître les Lettres de Rodez, où il redoute que par là même ne se prolonge sa mise à l'écart, c'est, après la période explosive, presque euphorique, d'une communication qu'il avait cru pouvoir retrouver, le repliement dans la solitude et, de nouveau, le débat s'intériorise. Il se déplace aussi et, de plus en plus, le corps va en être le centre : "le corps inamovible de M ? Antonin Artaud vivant dont on a cent fois dépecé des duplicata arrachés et qui n'a cessé de rester vivant et lui-même contre toutes les formes qu'on lui prenait". Antonin Artaud ne cessera plus de dénoncer l'inaptitude à la vie du corps dont l'homme dispose, ce corps défectueux, aux fonctions dangereusement séparées, à la sexualité désaccordée, au mode d'engendrement désastreux. Son indispensable réfection va devenir l'un des mythes symboliques dominants de ses textes futurs. C'est d'ailleurs pendant ces mois-là qu'apparaissent dans les cahiers les principaux thèmes qui se développeront après sa sortie de l'hôpital psychiatrique : la véritable identité de l'homme crucifié au Golgotha, le reniement du baptême, la géographie des envoûtements destinés à fermer la bouche aux consciences lucides, le rôle de la sexualité dans ces ondes perverses qui partent de lieux dispersés sur toute la terre, l'émeute qui s'est déclarée à Dublin autour de sa personne et de sa canne, les raisons profondes de son internement, son refus enfin de disparaître : "Je ne suis pas celui qui a fixé de disparaître sans laisser de traces sur la terre. Je ferai au contraire disparaître la terre avant de m'en aller".

02/1984

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Littérature française

OEUVRES COMPLETES. Tome 18

La plupart des cahiers recueillis dans ce tome XVIII sont contemporains de Lettres de Rodez. Aussi y sent-on la présence de celle qu'Antonin Artaud a appelée "Madame Morte" ou encore "madame utérine fécale", la poésie noire dont l'âcre beauté traverse les ballades de François Villon ou les poèmes de Charles Baudelaire, comme une sorte de "transe abdominale du coeur et du sexe". Elle a la noirceur de la peste ou de la mort, et éclaire de ses sombres lueurs les textes de cette période où une sexualité violente et désespérée alterne avec une infinie tendresse pour ces ombres de femmes devenues filles d'élection. Est-il exemple plus probant de poésie à l'état pur que ces manières de litanies dédiées à Catherine ou à Cécile : "Cécile la morte couchée après mes coups, et de la gorge fluidique" ? Paul Valéry disait que certains vers souvent étaient des dons. On pourrait croire que tous les mots de ces étranges et bouleversants poèmes ont été comme donnés à Antonin Artaud si l'on ne soupçonnait qu'il les a plutôt arrachés de lui, dans ce "ténesme d'un infini montant". Arrachement qui ne contrarie pas le jaillissement mais au contraire le produit. Dans cet automne 1945, Antonin Artaud préparait deux livres : Le Surréalisme et la fin de l'ère chrétienne, titre-écho de celui qu'il avait choisi, vingt années auparavant, pour le numéro de La Révolution surréaliste dont il avait eu l'entière responsabilité, et Mesure sans mesure, titre aux résonances shakespeariennes. On trouvera dans ce tome des pages écrites pour ces deux ouvrages projetés. Par leur ton, leur forme surtout, elles diffèrent quelque peu des notes quotidiennes des cahiers. Elles ont cette scansion profonde qui, de plus en plus, rythmera les derniers textes d'Antonin Artaud et dont la cadence impressionne si fort l'oreille intérieure du lecteur.

05/1983

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Littérature française

Oeuvres complètes. Tome 9, Les Tarahumaras ; LEttres de Rodez

Il n'était pas si courant, en 1936, qu'un écrivain quittât l'Europe pour aller "prospecter ce qu'il peut rester au Mexique d'un naturalisme en pleine magie, d'une sorte d'efficacité naturelle répandue çà et là dans la statuaire des temples, leurs formes, leurs hiéroglyphes, et surtout dans les sous-sols de la terre et dans les avenues encore mouvantes de l'air". Ce l'était moins encore, une fois sur place, de partir en mission pour la Sierra Tarahumara, d'en gravir les pentes à cheval plusieurs jours de suite pour y rencontrer les Indiens des hautes terres, mangeurs de peyotl, et d'être admis à participer à leurs rites. C'est pourtant ce qu'a fait Antonin Artaud, mais l'extraordinaire ne s'arrêtera pas là. De retour à Paris, en 1937, il envoie à Jean Paulhan, pour La Nouvelle Revue Française, des extraits D'un voyage au pays des Tarahumaras, mais il veut que son nom disparaisse et que sa signature soit remplacée par trois étoiles. Ceux qui le connaissent le reconnaîtront. Et, en effet, quelques-uns vont percer l'anonymat et deviner quel est l'auteur de ces pages étranges autant que belles. En 1943, il est interné à Rodez. C'est là qu'Henri Parisot se mettra en rapport avec lui pour lui proposer de reprendre ce texte en librairie. Fin 1943, Antonin Artaud écrira Le Rite du Peyotl chez les Tarahumaras, puis le Supplément au voyage. Il décrira, sept ans après, la cérémonie rituelle comme s'il y avait assisté la veille, jetant ainsi un pont sur les années de silence auxquelles l'internement l'avait condamné. Le 16 février 1948, quinze jours avant sa mort, jaillira le récit flamboyant de cet autre rite : Tutuguri. Ainsi, la composition des Tarahumaras n'aura pas duré moins de douze années. Et c'est parce que Henri Parisot lui a demandé son accord pour éditer le Voyage qu'Antonin Artaud lui envoie de Rodez des lettres si étonnantes que son correspondant pense aussitôt en publier quelques-unes. Une sorte de lien magique réunit donc le Voyage et Lettres de Rodez. A ces deux oeuvres fondamentales sont joints les premiers textes écrits à Rodez et plusieurs adaptations de textes anglais, en particulier L'Arve et l'Aume, d'après le chapitre VI de La Traversée du miroir, par Lewis Carroll.

09/1979

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Poésie

Les nouvelles révélations de l'être

Le feu dans l'eau, l'air dans la terre, l'eau dans l'air et la terre dans la mer. Ils ne sont pas encore assez fous, ils ne sont pas assez rués les uns contre les autres, et d'autant plus furieux, d'autant plus enragés qu'ils sont plus proches et plus familiers. Là où la Mère mange ses ? ls, La Puissanre mange la Puissance : Sans la guerre pas de stabilité. La langue tombe, s'effondre, resurgit brutalement, verticale : elle se décompose et vit. Publiées en 1937 les Nouvelles révélations de l'être agissent comme une prophétie : "je ne suis pas mort, je suis séparé". Dès lors qu'il se dit "mort au monde", Artaud se trouve incapable de parler en son nom : commence, quelques mois après la publication, le long séjour asilaire qui sera un chemin vers la reformation d'un moi à partir de fragments épars. Ce texte, aussi mythique qu'essentiel, est accompagné de portraits de l'auteur.

02/2019

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Littérature française

OEUVRES COMPLETES. Tome 5

Les articles, lettres, interviews d'Antonin Artaud réunis ici font de ce volume le complément indispensable du tome IV de ses Œuvres complètes. On y perçoit l'ancrage dans sa vie des textes qui composent Le Théâtre et son Double, chacun d'eux jalonnant les étapes d'une route qui, ayant pour point de départ un théâtre patronné par La Nouvelle Revue Française, l'a amené à écrire Les Cenci, faute d'une autre œuvre qui lui permette de donner corps sur la scène au théâtre qu'il rêvait, un théâtre indétachable de la vie " car si le théâtre double la vie, la vie double le vrai théâtre ". Par ces lettres, on peut, parfois au jour le jour, revivre l'aventure passionnée du Théâtre de la Cruauté, sentir quels immenses espoirs sa création avait fait lever. Elles nous révèlent un Antonin Artaud plein d'énergie, acharné à ne pas renoncer, ne ménageant ni temps ni peine pour " que ce théâtre soit ", en dépit du découragement qui, par instants, le saisit à voir ses idées mal accueillies ou mal comprises. Rien d'étonnant, alors, après ces années de fièvre, que l'échec financier des Cenci ait été ressenti comme une cassure et l'ait poussé vers un ailleurs, ce Mexique entrevu comme une nouvelle espérance de vie. Cassure sensible non tant dans les lettres envoyées au cours de son voyage que dans tout ce qu'il écrira à son retour, lorsqu'il se verra de nouveau confronté avec cette société européenne qu'il avait fuie : " C'est 20 ans de ma vie que je jette en ce moment derrière moi. Je sens qu'un Autre Homme va sortir sans savoir exactement ce qu'il est ni où il me mènera ".

05/1979