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Sciences historiques

Histoire de Chartres. Tome 1, Des origines au XIVe siècle

L'ouvrage que je donne au public est le fruit de huit années d'études. A peine arrivé à Chartres, j'ai voulu connaître son histoire et j'ai feuilleté ses historiens. Je cherchais la cité, la commune je trouvais partout la cathédrale et le Chapitre. Je me suis demandé si les archives de ce pays se taisaient complètement sur son passé municipal ; je les ai consultées, et une mine inexplorée s'est ouverte à mes yeux. J'en ai conclu que l'histoire de Chartres restait à faire. J'ai pensé que je devais, autant que possible, circonscrire mon récit aux murs de la cité, et qu'en écrivant une monographie, il était de mon devoir de me défier de cette tendance de quelques-uns de mes devanciers à sortir des bornes de leur sujet pour aborder le champ des hypothèses de l'histoire générale ; en un mot, il m'a semblé que je ne devais pas faire une histoire de France à propos de Chartres. J'ai emprunté les divisions de mon travail aux faits principaux de l'histoire locale ; j'ai cherché à conduire de front les hommes et les choses, de manière à offrir à mes lecteurs un tableau animé et vrai de la vie de Chartres à chaque siècle ; lorsque j'ai jugé que certaines matières exigeaient quelque développement, je les ai traitées à fond dans des chapitres particuliers, après en avoir fait incidemment usage dans le corps du récit. Sans prétendre avoir fait mieux que mes devanciers, je puis affirmer que j'ai fait autrement. J'ai travaillé avec l'intime conviction que, pour être goûté, l'auteur d'une histoire locale doit être consciencieux, exact, exempt de froideur comme de pédantisme ; qu'il ne lui est pas permis de négliger les sources même les plus arides ; que son mérite gît presque tout entier dans le classement judicieux des documents dont il fait usage. Si je ne réussis pas, je ne devrai m'en prendre qu'à mon inhabileté, car les matériaux ne m'ont pas manqué ; sans parler de l'ample récolte que m'ont fournie les archives du département, de l'Hôtel-Dieu et de la Mairie. Que les Chartrains lisent mon livre, et s'ils y trouvent leur histoire nationale, mon labeur sera largement payé ! .. (extrait de l'Avant-propos, édition originale de 1854).

06/2019

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Aménagement du territoire

Les espaces ruraux en France : fracture territoriale ou nouvelles dynamiques ? Actes du colloque des 21 et 22 avril 2021 Université catholique de l'Ouest-Angers

Ce livre rassemble les actes du colloque qui s'est tenu à Angers les 21 et 22 avril 2021, à l'initiative de l'Université catholique de l'Ouest-Angers, sur le thème : Les espaces ruraux en France : fracture territoriale ou nouvelles dynamiques. Enjeux politiques, économiques, culturels et religieux. Le livre reprend les quatre thèmes principaux abordés lors de ce colloque. Les espaces ruraux sont d'abord analysés dans le champ politique : mode de scrutin au Sénat et poids du monde rural, fracture numérique et sa résorption, bilan des communes nouvelles, Association des maires ruraux de France et rôle de lobbying. Dans une seconde partie, il est question de préservation de l'environnement : histoire des partis écologistes en France, évolution des relations entre l'Eglise catholique et l'écologie, écologie au service de la dynamique des espaces ruraux, législation de l'environnement littoral. La troisième partie se veut plus pratique, mettant en avant des exemples d'actions ou d'engagements en faveur d'une ruralité active au coeur du Limousin : action de la commune de Felletin pour un développement économique endogène, rapport passionnel du marathonien Alain Mimoun à la Corrèze, enjeux du regroupement des paroisses rurales du diocèse de Limoges. Enfin, la quatrième partie fait la part belle à l'aménagement du territoire : multifonctionnalité de l'agriculture, enjeux éthiques propres à l'agriculture et à l'alimentation, politique de développement local par le bas incarnée par l'Union européenne (Leader), missions d'un établissement public foncier au service de la revitalisation des bourgs ruraux, sécurité des populations rurales à travers les missions et l'action de la gendarmerie, atouts et faiblesses actuels des campagnes en matière touristique. Ces différentes contributions permettent au lecteur de prendre le recul nécessaire vis-à-vis d'un monde rural en plein bouleversement : une réforme territoriale et une métropolisation qui ont eu leurs excès ; une agriculture en crise mais qui se renouvelle notamment avec les circuits courts ; une désertification rurale et un sentiment d'abandon, sur fond de retrait des services, illustré par le mouvement des Gilets jaunes ; un exode urbain qui a commencé bien avant la crise sanitaire, mais que celle-ci semble amplifier, pas seulement parce que les villes joueraient d'un effet repoussoir, mais aussi parce que certaines campagnes attirent par leur dynamisme ; le développement du télétravail qui change les équilibres entre urbain et rural, etc.

10/2021

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Beaux arts

Voir double. Pièges et révélations du visible

Ce livre se propose d'explorer le vaste champ constitué par l' " image double " sur une période qui va de l'Antiquité à nos jours. L'expression désigne des catégories variées : image composite, image cachée, image naturelle, image potentielle, anamorphose, etc. A travers une centaine d'exemples, le livre envisage la manière dont les artistes ont exploité, selon les situations historiques et culturelles, les possibilités formelles et sémantiques des images doubles. En s'opposant à la doxa, ces images visent à surprendre, intriguer et solliciter le spectateur. La période couverte compte des temps forts - la Renaissance et la période contemporaine - qui correspondent aux moments et aux lieux où le recours à l'image double a été d'une intensité et d'une importance particulières. Dans l'art de la Renaissance, la présence fréquente de l'image double renvoie à une pensée marquée par l'analogie et l'anthropomorphisme, par le goût pour le paradoxe et l'énigme, par la réflexion morale sur les apparences trompeuses. A l'époque moderne et contemporaine, l'utilisation de l'ambiguïté et de la polysémie visuelles manifeste une réflexivité de l'image et participe d'une transformation de la communication esthétique, au terme de laquelle ce sont, selon la formule célèbre de Duchamp, les regardeurs qui font les tableaux. La sélection propose un éventail d'images et d'objets très divers non seulement par leur date et leur provenance mais aussi par leurs fonctions et statuts originels, de l'image de culte à la caricature en passant par le tableau de cabinet : comment rendre justice à ces différences tout en mettant au jour les modèles, les procédés, voire les mécanismes qui les traversent ? L'ouvrage propose d'analyser, outre des exemples inédits, quelques chefs-d'oeuvre envisagés pour la première fois sous l'angle de l'image double : La Mort de saint François de Giotto, la Madone Bardi de Botticelli, L'Escamoteur de Jérôme Bosch, la Vénus de Goltzius, Le Nu allongé de Bonnard, Le Rêve de Picasso. Spécialistes de périodes et aires culturelles variées - arts premiers, Antiquité, Moyen Age, Renaissance, période moderne, art contemporain -, les auteurs ont récemment réorienté le débat sur ce type d'images en l'envisageant dans une perspective historique et théorique large. Les essais introductifs de Michel Weemans, Dario Gamboni et Jean-Hubert Martin abordent les mécanismes de perception mis en oeuvre par l'image double, sa récurrence à travers les époques et les cultures.

09/2016

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Généralités

Origines et histoire de la Marine

Ce livre retrace l'histoire et l'évolution de la marine moderne. La découverte du Nouveau-Monde, en ouvrant aux navires à voiles un champ forcément interdit aux bâtiments à rames, donna naissance à une marine nouvelle. Les progrès de l'artillerie en assurèrent bientôt sur toutes les mers la prééminence. Le corps royal des galères, créé sous Charles VI, conserva néanmoins en France jusqu'en I749 son organisation propre, ses crédits spéciaux, ses officiers militaires et ses officiers de finances. Les vaisseaux ronds, - ce fut le premier nom sous lequel on désigna les vaisseaux à voiles, - auront eu, malgré leur perfection relative, une moins longue existence ; ils n'auront guère duré plus de deux siècles. Ces deux siècles comprennent toute l'histoire de la marine moderne, histoire héroïque et sanglante qui a traversé dans le court espace de deux cents années trois phases bien distinctes. La première de ces périodes est remplie par les luttes successives que l'Espagne soutient contre les Provinces-Unies, contre l'Angleterre, et en dernier lieu contre la France. Le gros des flottes se compose alors de navires d'une centaine de tonneaux, de trois ou quatre cents tout au plus. C'est le temps où, après en être venu aux mousquetades, on s'efforce de jeter à la faveur de la fumée les grappins sur le bâtiment ennemi. Les piques rendent alors plus de service que les canons. Dans la seconde période, l'Angleterre et la Hollande se disputent la suprématie des mers. Nous assistons à de grands combats éclairés par la lueur d'immenses incendies ; ce sont les vaisseaux qui ébauchent la victoire, ce sont les brûlots qui l'achèvent. Une troisième époque enfin semble s'ouvrir avec l'apparition de la marine de Louis XIV. Les lignes deviennent plus serrées et plus régulières, l'action du canon est plus efficace. Les véritables combats d'artillerie commencent, ils vont se prolonger jusqu'à nos jours. La marine à voiles a en quelque sorte trouvé sa position d'équilibre ; elle ne subit plus que des transformations de détail presque insignifiantes. C'est au contraire parce qu'elle se transformait dans ses dispositions les plus essentielles que, pendant presque toute la durée du XVIIe siècle, on la voit modifier sans cesse ses procédés de combat. Qu'étaient les vaisseaux ronds au début ?

03/2023

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Histoire de la population

Le monde à l'envers. Femmes insoumises, femmes violentes, maris battus en Lorraine, au XVIIIe siècle

Dès les années 1970, étroitement liées à l'émergence du mouvement féministe se multiplient les analyses concernant les violences masculines perpétrées à l'encontre des femmes. En revanche, hier comme aujourd'hui, la violence infligée aux hommes par leurs compagnes est encore largement un sujet tabou ; occultée, niée, celle-ci est frappée d'un triple silence, celui des hommes victimes, celui des féministes, celui des sciences sociales. Aussi en dehors de quelques louables exceptions, jusqu'à l'aube du XXIe siècle, médiatiquement, les projecteurs n'ont-ils été braqués que sur les violences exercées par des hommes perçus comme dominants sur des femmes réputées vulnérables. Pourtant, quoique victimes millénaires de la violence des hommes, les femmes elles aussi peuvent être violentes, voire extrêmement violentes. Exhumées du silence des archives, quelques affaires lorraines datant du XVIIIe siècle témoignent de cette violence féminine qui sévit parfois au sein des foyers et livrent quelques portraits d'insoumises, loin de l'image complaisamment répandue dans les travaux des années soixante-dix d'épouses qui seraient de perpétuelles opprimées. Ici, les documents mobilisés sont pour l'essentiel produits par l'institution judiciaire, tant séculière (factums et procédures criminelles provenant des bailliages et de la Cour souveraine de Lorraine et Barrois) qu'ecclésiastique (demandes en séparations de corps et annulations de mariage déposées auprès de l'officialité de Toul). Si dans un premier temps cette violence est examinée dans sa quotidienneté et sur la longue durée grâce à deux études de cas ? celui de Catherine de Malclerc (1734-1752), une femme violente parce que violentée, et celui d'Anne Hachet (1747-1778), une virago qui maltraite sauvagement son conjoint et finit même par l'assassiner ? , dans un second temps, le champ de l'étude ayant été élargi à d'autres cas singuliers, sont explorées les logiques de confrontation entre mari et femme, les modes d'expression et les ressorts intimes de la violence féminine, une violence socialement construite, tout en s'interrogeant, chemin faisant, sur la perception qu'ont, en ce dernier siècle de l'Ancien Régime, les contemporains de ce monde que l'on dit " à l'envers ". Une histoire, au demeurant, résolument conjointe des hommes et des femmes afin de mieux saisir la dynamique des rapports de force entre les sexes.

11/2022

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Bibles

La parole de l'Eternel dans 3 autres langues du monde. Tome 1 - Edition fang-anglais-russe

Le livre nous invite à découvrir la Parole de l'Eternel Dieu des armées dans d'autres langues. Partant d'un néologisme Français " Adoungueley " tiré de la langue Fang du Gabon (Afrique centrale), l'auteur nous amène à saisir le concept chrétien du " Péché ". Parce qu'il s'agit d'une des plus grandes embrouilles de tous les temps. Nous comprenons ainsi que le fait d'Adoungueley caractérise l'action de mystifier royalement quelqu'un avec une habilité sophistiquée tout en lui faisant croire que l'on est en train de l'aider. C'est donc un acte de déstabilisation. C'est à dire l'inverse de ce qui est affiché au départ. En plus d'être une terrible transgression à l'égard de Dieu, nous arrivons à la conclusion que le Péché lui-même reste une enflure qui va condamner Monsieur Adam et Madame Eve. Mais aussi toutes les autres générations qui viendront après eux. L'auteur exhorte tous les Etres Humains à intégrer l'existence " d'Adoungueley " de l'ennemi de nos âmes qui a le chic de nous entraîner dans des abominations du " Péché ". Le livre donne aux liseurs de saisir comment ce changement radical avait plongé l'Humanité au coeur de la mort éternelle. Et de cette discorde d'éternité surviendra une séparation sèche entre tous les Humains et leur Dieu Créateur. Et dès lors que tous les Hommes, les Femmes et les Enfants admettront l'existence de ce paradigme de Péché, les choses rentreront dans l'ordre. Cette révolution spirituelle leur donnera le déclic de saisir autrement des concepts comme : La création, le jardin d'Eden, l'amour, la grâce, le salut, l'armure de l'Homme/Femme/Enfant de Dieu en Christ, l'onction, l'espérance et la matérialité de la résurrection. Ils auront ainsi la science et l'intelligence de les enlever de facto dans le champ habituel de la Religion. Car, la Bible nous remémore cette litanie d'opérations posées par l'Eternel Dieu des armées pour juste nous permettre de se reconnecter spirituellement avec lui. Toute cette analyse de l'auteur est présentée dans l'ouvrage avec des versets sélectionnés dans la langue Française. La cerise sur le gâteau, c'est que ceux qui parcourront ce premier volume auront l'agréable privilège de découvrir aussi ces mêmes paroles bibliques en Fang, en Anglais et en Russe.

09/2023

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Jeux et pédagogie

16 escape games pour apprendre en s'amusant

Boite à outils théoriques et pratiques pour acquérir des compétences ludopédagogiques et motiver les apprenants par la création de jeux sérieux immersifs. Le jeu est un outil d'apprentissage de plus en plus utilisé dans les méthodes d'immersion pédagogique. Rendre l'apprenant acteur de sa formation démultiplie les possibilités d'exercices. L'entrée par compétences et capacités favorise les techniques alternatives, à l'instar du jeu. Au-delà du simple intérêt que trouve tout élève à jouer, les escape games (jeux d'évasion) offrent une diversité de situations d'apprentissage qui s'inscrivent dans une démarche complexe, conjuguant réflexion et analyse de problèmes. Le concept des escape games est simple : entrant dans un lieu réel ou virtuel, le joueur découvre une énigme à résoudre pour pouvoir en sortir. Il doit investiguer son environnement à la recherche d'indices et les assembler en respectant un scénario d'apprentissage contextualisé. Le plus souvent, les escape games se réalisent en groupe et dans une pièce, mais des versions individuelles, numériques et ne nécessitant pas plus qu'une table existent. L'erreur est au coeur de cette démarche, centrée sur la déconstruction des outils pour mieux les appréhender. Cette méthode ludopédagogique sollicite des capacités qui se consolident sur un temps variant de l'immédiateté à un horizon de quelques mois. Cet ouvrage est destiné à tout enseignant et éducateur qui souhaite répondre aux besoins des nouvelles générations (Y et Z) et changer sa posture, en évitant des pédagogies descendantes, magistrales, dialoguées, tout en prenant en compte les aptitudes des élèves et leurs expériences. Il se compose d'une première partie théorique qui vise à étudier le champ des possibles des escape games et à outiller l'enseignant pour concevoir ses propres escape games pédagogiques. La deuxième partie propose 16 escape games clés en main, réalisés en classe, allant de la 4e au BTS, basés principalement sur les référentiels de l'enseignement agricole. Ces fiches sont utilisables dans d'autres environnements éducatifs grâce aux ponts existants entre les référentiels des enseignements professionnels, technologiques et généraux. Points forts : - Des escape games variés clés en main pour les enseignants - Des exemples basés sur référentiel de l'enseignement agricoles et utilisables dans d'autres domaines pédagogiques - Une application de ludopédagogie qui motive les élèves et prend en compte leurs spécificités - Des outils pour construire soi-même des escape games adaptés à sa matière et à ses élèves

06/2021

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Littérature française

La Grimeuse

Dans une ville emmurée où se pratiquent d'étranges rituels, une passeuse clandestine œuvre aux évasions et aux métamorphoses. Le temps d'un spectacle, une marionnette raconte ses pérégrinations, émaillées de rencontres troublantes et d'apprentissages. On y croise des exilés et des bonimenteurs, des travestis désespérés, des femmes aux cuisses lustrées montées sur des échasses, des animaux de compagnie revenus à l'état sauvage, et même une troupe d'enfants parlant un langage oublié. Ces figures entremêlées composent une fable burlesque et sensuelle, le tableau baroque d'un monde aux prises avec l'illusion. S'y font écho la soif de liberté des habitants de Ciutabel et la quête initiatique de Pouc. Des personnages prêts à tout pour briser le miroir aux alouettes, avides d'échapper à la pesanteur des rôles et des enfermements. On dit que, ses sept vies révolues, l'âme d'un chat vient éclore dans une plante aromatique sauvage, une de ces mauvaises herbes utilisées en décoction par les vieilles femmes, pour faire chanter les morts ou venir les filles. A moins qu'elle ne reste prise aux filets d'un bas de soie, entortillée aux mailles serrées qui recouvrent les cuisses des prostituées comme celles, cachées sous d'épaisses robes, des épouses de notables. On dit aussi que le grésillement des cigales est un envoûtement certain, et que l'âme de celui qui l'entend au moment de mourir en reste à jamais prisonnière. Le chant des cigales, il n'est pas prêt de se faire entendre, dans ce champ de ruines. Quant aux prostituées, généralement les premières arrivées et les dernières parties, j'ai fini par me demander si elles avaient jamais paradé ici. Quoi qu'il en soit, avec ou sans elles, se sont évanouis tous les habitants de la ville. Il ne reste que ces moucherons endiablés, et moi. A tel point que je me demande parfois si je ne suis pas en train de rêver. La ville détruite est complètement déserte. Je déambule au milieu des ruines, sans âme qui vive et puisse attester ma propre existence. Suis-je réellement en train de parcourir ces rues ? Je pourrais en douter, mais mes besoins naturels semblent suivre leur cours et témoigner que mon corps fonctionne normalement. Puis-je, dès lors, conclure que je suis bien réel et que par conséquent les restes ébréchés de cette ville le sont aussi ?

08/2013

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Droit

Des pérégrinations du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Nouvelle-Calédonie, Nunavut

Que devient le principe du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes à l'heure de la mondialisation ? Reste-t-il ce qu'il était à l'origine ? A supposer qu'il se transforme, quelles en sont les causes et comment cela se traduit-il dans les formes politiques, les structures de droit public et au-delà ? Quelle incidence cette évolution aurait-elle sur la décolonisation en général ? Pour y répondre, la Nouvelle-Calédonie et le Nunavut, deux entités aux apparences et aux trajectoires différentes, servent de champ d'investigation intéressant, car elles représentent deux formes ou "modèles" d'exercice du principe (hybride, interne), et deux "utopies concrètes" où se construisent des solutions originales. Avec une approche comparative, l'étude tente de montrer que le principe évolue, s'adapte, et qu'après avoir été associé aux nationalités et à la décolonisation, il doit aussi, de nos jours, prendre en compte les réalités de la mondialisation, du développement des droits de l'homme et du pluralisme démocratique. Cette évolution est liée, certes, au contexte actuel, mais aussi à sa propre dynamique et à son rapport dialectique avec la souveraineté des Etats. Après un bref historique, l'étude offre une analyse de l'autodétermination comme facteur de "restriction" de la souveraineté, avant d'examiner comment elle en reste protectrice, bénéficiaire et tributaire. Alors qu'on le croyait en lente désuétude, le principe connaît une éclatante fortune depuis la fin de la guerre froide. Tout en restant un droit de sécession pour les peuples coloniaux, il tend à devenir aussi un droit identitaire et un droit au partage des pouvoirs. Une nouvelle conception du principe émerge donc, qualifiée de postmoderne, car elle présente à la fois des aspects d'anti-modernité (de rupture avec la précédente) et d'hyper-modernité (de continuité). Elle est à l'origine de nouvelles formes de décolonisation ainsi que de nouvelles entités aux statuts divers, au point qu'on pourrait dire : "Dis-moi comment tu décolonises ou comment tu t'autodétermines et je te dirai qui tu es". L'auteur tente ainsi opportunément d'éclaircir les enjeux d'un principe délicat et d'une notion qui est au coeur de l'actualité calédonienne et "nunavutienne", et au coeur d'une grande diversité de représentations.

10/2014

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Policiers

La septième face du dé

La Septième face du dé est le second roman de Fernand Deligny après Adrien Lomme (si l'on excepte un roman policier, Anges purs, publié sous le pseudonyme de Vincent Lane). Du fond de son bureau de Graniers, à Monoblet (Cévennes), parmi les enfants autistes du réseau qu'il a fondé en 1968, il retourne à l'asile d'Armentières où il a vécu et travaillé comme instituteur puis comme éducateur pendant la Deuxième Guerre mondiale. Le point de départ du roman est une énigme : Gaspard Lamiral, "le Roi, la pièce maîtresse autour de laquelle se joue toute la partie" (Roger Gentis), a disparu sur le champ de bataille, en 1917. En 1930, à l'époque où le roman a lieu, il est là, au milieu de la cour de l'asile, aussi fou qu'un fou peut l'être, perdu dans sa mémoire. D'autres personnages traversent le récit, dans cet asile où le temps ne passe pas, où les bâtiments sont posés sur le sol de scories noires comme sur une mer d'huile. Tous sont des spectres de Gaspard Lamiral ; ils se nomment Dernouville (le surveillant-chef, dit "l'amiral "), Demeulenaere, Delannoy, Delarane... Manque Deligny. Pour tenter de rejoindre Gaspard Lamiral dans I'antan, le narrateur, qui est instituteur à l'asile mais habite sur la Grand'Place, décide d'entrer dans l'asile, et d'y mettre en scène leurs retrouvailles. Le temps bref de la scène durant laquelle Gaspard Lamiral est resté assis en face de lui, une main " posée sur le dos, morte comme ces fleurs de mer qui restent sur le sable quand la marée est repartie", sa silhouette s'est inscrite, projetée sur le "pan de lumière" du mur de la chambre. Autant dire sur la page. Entre polar et récit psychanalytique, ce roman étrange, qui laisse entrevoir la place vide occupée par la mort du père - Camille Deligny, tué en 1917 et dont le corps n'a jamais été retrouvé -, est une pièce essentielle de l'oeuvre. Au coeur de La Septième face du dé repose en effet la question de la trace, qui reconduit indéfiniment le travail d'écriture comme la transcription des trajets des enfants autistes, leurs lignes d'erre. Nul livre n'expose avec autant d'évidence la double vocation de Fernand Deligny, éducateur et écrivain.

11/2013

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Critique littéraire

Poèmes et poètes : le monde de la réalité poétique

Spécialiste de Langue et Littérature française, François-Chartes Gaudard est professeur émérite à l'Université. Ancien élève de l'Ecole des Beaux-Arts, agrégé de Lettres Modernes, docteur d'Etat ès Lettres, d est également fondateur de l'équipe de recherche Lettres Langages et Arts et directeur honoraire de l'Institut de Recherche Pluridisciplinaire en Arts, Lettres et Langues de l'Université Toulouse -Jean Jaurès. Spécialiste de poésie française des l9° et 20' siècles, son intérêt ininterrompu pour les arts l'a conduit à s'intéresser à la spécificité des langages et des discours artistiques et aux relations de complémentarité voire d'opposition qui peuvent les unir. Universitaire de laboratoire et d'atelier ; il n'a cessé de confronter les théories d'analyse linguistique et stylistique aux réalités discursives des corpus. Autour de lui s'est construite une école de stylistique, à laquelle on doit l'émergence de savoirs et de notions, et dont les travaux se prolongent aujourd'hui dans tous les domaines et les champs d'application de la stylistique. Loin de prétendre offrir des modèles de lecture, ce livre a pour ambition de montrer que l'approche stylistique des textes permet d'entrer pertinemment, que l'on soit simple amateur, spécialiste ou chercheur, dans une écriture singulière, qu'il s'agisse d'un morceau choisi ou d'une ouvre. En 2017 François-Charles Gaudard nous avait offert une vaste étude sur Baudelaire (Le Spleen de Paris. "Petites babioles" et "Bagatelles" de Baudelaire, EUS, 2017, 452 pages). Ici, tout en élargissant le champ de ses explorations, il nous propose une salutaire invitation au voyage hors du temps et a des modes, de La Fontaine à Nerval, de Chénier à Rimbaud, de Musset à Mallarmé, et, plus inattendu, de Paul Valéry à Philippe Jaccottet, de Victor Segalen à Joe Bousquet. Chemin faisant, il ne cesse d'explorer toute la p complexité du verbe poétique, de ce qui fait qu'un texte porte en lui de quoi nourrir notre âme et nous entraîner avec lui sur des chemins encore inexplorés. Et le lecteur se laissera emporter dans un voyage où ce qui n'aurait pu être qu'une dissection se fait dévoilement. C'est au véritable plaisir du texte que nous convie François-Charles Gaudard, en nous invitant à lire ou à relire en sa compagnie quelques pages et rouvres majeures de la poésie francophone de ces cinq derniers siècles.

09/2020

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Histoire internationale

De la Berbérie à l'Algérie. Des origines à Bouteflika. Un pays, un peuple, pas encore une nation

L'auteur veut faire connaître, parfois d'une façon volontairement provocatrice, aux Pieds-noirs (mais aussi aux Métropolitains et aux Algériens, prisonniers d'une histoire gaullienne ou révolutionnaire), leur histoire et la fin inéluctable de leur Algérie. Ils ont été les victimes d'un système inégalitaire qu'ils n'ont pas eux-mêmes construit, mais qui leur a convenu, que leurs élus ont contribué à maintenir au nom de leurs intérêts et victimes d'une image de colonialistes colportée par le contingent et l'intelligentsia métropolitaine durant les années de guerre. L'Algérie actuelle n'est pas la leur, ils n'ont à cet égard rien à regretter. L'auteur retrace l'histoire d'un peuple de la période phénicienne à Boutéflika... Peuple qui ne s'est jamais autant réalisé et intégré que sous domination étrangère : phénicienne, romaine, vandale, byzantine, arabe, turc et française... En réalité, les Pieds-noirs ont été les jouets d'une politique parisienne changeante, dont par-fois ils ont tiré les ficelles sans maîtriser les commandes : l'appel à Charles De Gaulle a per-mis à celui-ci de revenir au Pouvoir, mais il ne leur pardonnera pas leur empathie pour le maréchal Pétain et le général Giraud, aussi les " lâchera "-t-il lamentablement en 1962 en même temps que les Harkis... La guerre d'Algérie a déjà été longuement disséquée, mais ce document s'attache à certains de ses aspects : la question de la torture, les massacres, les porteurs de valise, l'action des SAS, le sort des Harkis, le retour et l'accueil des Pieds-noirs en France... De Ben Bella à Bouteflika l'indépendance du pays a été confisquée par une armée et un pouvoir corrompus (parfois avec notre complicité), qui n'ont cessé d'attiser les passions pour faire oublier au peuple algérien qu'il est enfermé dans un système archaïque et corrompu, un régime policier où la presse et les jeunes sont muselés, un champ clos de tortures et de massacres (250 000 morts et 50 000 disparus depuis 1992) au nom d'appétits démesurés pour le Pouvoir et l'argent de la manne pétrolière... Le printemps d'émancipation (ou l'hiver islamiste) des peuples arabes de Tunisie, d'Egypte, du Yémen, de Syrie, de Libye, du Maroc... n'a curieusement pas touché l'Algérie : les quelques manifestations de mécontentement ont été étouffées rapidement par l'armée et la police... jusqu'à quand

04/2012

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Théâtre

Vive le feu ! (On s'entend bien)

« On n'est pas du tout des Polonais, clame la Petite Fille, on est des Européens, des gens normaux ! » La pièce ébouriffante de Dorota Maslowska met en présence trois personnages féminins : la « Vieille Prostrée en fauteuil roulant », sa fille Halina et la « Petite Fille en Métal ». Trois générations : celle d'avant le déluge de la guerre, celle qui est née dans l'enclos du communisme et qui se tient désormais, sidérée, face à la télévision et aux rayons du supermarché, et enfin, la jeune génération, celle d'après la chute du Mur, incomprise, pour le moins. Tandis que la grand-mère évoque sans fin le matin d'été qui précéda l'entrée des Allemands dans Varsovie, la mère farfouille dans ses casseroles et profère un collage de phrases insensées : extraits de prospectus de grandes surfaces, de test psycho, de conseils conso. Contrairement aux ménagères du siècle dernier, elle ne rêve pas du grand amour (le mot et la chose semblent avoir disparu) : elle réactualise sans cesse le catalogue de tout ce qui lui manque et qu'elle n'aura jamais. La fillette interroge, raille, coupe la parole et le ronron des deux autres. Habitant la même et unique pièce, au énième étage d'un clapier, chacune vit dans une réalité séparée, chacune parle un langage différent, penchée sur son propre gouffre : pure nostalgie, pour la grand-mère, pure envie, ou sidération consumériste, pour la mère, et pure attente pour la Petite Fille, qui écoute le dehors : croyant parfois entendre qu'on frappe à la porte, elle se demande si ce n'est pas la Seconde Guerre mondiale, en personne, qui revient… Ces personnages plus ou moins possédés, qui se juxtaposent en restant séparés, démontrent ici l'inexistence du « Polonais moyen », l'absence d'un terrain commun qui permettrait aux gens de dire « nous ». Et s'il est bien une chose qui semble commune aux Polonais de Maslowska, c'est leur aversion pour la Pologne. Un Polonais, c'est-à-dire personne ? Une pièce à l'écriture jubilatoire, à lire comme un petit roman. Dans ce huis-clos, une petite fille, sa mère et sa grand-mère forment un mélange instable et détonnant… qui viendra peut-être à bout de la Pologne et de toutes les Nations !

10/2011

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Littérature étrangère

Hommage à Valentin Yves Mudimbe. Pour un nouvel ordre africain de la connaissance

Argumentaire "De tout temps, les écrivains ont joué un rôle prépondérant dans la vie de leur société. Des scribes de l'Egypte ancienne aux poètes des révolutions française et russe, en passant par les philosophes grecs, et récemment les écrivains de la Négritude africaine, l'écrivain a toujours bénéficié d'un statut particulier en incarnant la conscience de son peuple et en servant d'instigateur de l'évolution sociale. V. Y. Mudimbe, nous semble-t-il, n'a pas failli à cette mission multiséculaire de tout écrivain digne de ce nom. Car, grâce à une plume haute en couleur et lumineuse, grâce à un réel engagement au sein de son pays d'origine, la République démocratique du Congo, de son continent, l'Afrique et du reste du monde par sa qualité d'écrivain, sa carrière d'enseignant et de chercheur, V. Y. Mudimbe a contribué - à n'en pas douter -, au renouvellement du discours africain. [... ] Les différentes contributions réunies dans cet ouvrage se veulent un hommage à V. Y. Mudimbe au regard de son exceptionnel parcours intellectuel et scientifique qui en a fait aujourd'hui un nom célèbre, principalement dans le monde universitaire. L'un des principaux écrivains de la littérature congolaise écrite de langue française, son oeuvre est d'une diversité remarquablement riche et étonnante. Sa fécondité couvre presque tous les genres d'écriture : poésie, roman, essai, autobiographie, etc. Cette écriture révèle une profonde recherche de dépassement de l' "Etat honteux" dans lequel pataugent les peuples africains des indépendances tropicales et même "tropicalisées" par des dictateurs impénitents". (Extrait de A. Mbuyamba-Kankolongo, Avant-Propos, p. 13-16). L'oeuvre de Mudimbe ouvre des perspectives nouvelles en sciences humaines. Ses implications futures sont prévisibles sur un champ social africain longtemps enfermé dans la sphère judéo-chrétienne. Les contradictions épistémologiques qui conduisent le vénérable bénédictin Frère Mathieu à devenir un défroqué - Echappant de justesse au déterminisme de l'Eglise catholique romaine, pour recouvrir ses origines -, font de V. Y. Mudimbe une figure majeure de la Modernité africaine. Cet hommage, organisé par A. Mbuyamba Kankolongo, signe l'actualité, la vitalité ainsi que la singularité de la problématique posée par V. Y. Mudimbe. Celle du paradigme identitaire qui constitue le socle à partir duquel pourra se construire une véritable Modernité africaine. Cet ouvrage éclaire l'oeuvre et facilite sa vulgarisation.

04/2011

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Religion

La famille. Enjeux pour l'Eglise

Je veux souligner l'importance centrale de la famille" , clame haut et fort le pape François (Laudato Si' 213). Certes, les milieux éducatifs potentiels sont divers. Aucun d'eux ne saurait toutefois remplacer "le lieu de la culture de la vie" (Jean-Paul II) qu'est la famille. Par suite, point de véritable culture de la vie sans authentique culture de la famille. Or, cette dernière "aujourd'hui est dépréciée, elle est maltraitée, et ce qui nous est demandé, c'est de reconnaître combien il est beau, vrai et bon de former une famille (...) de mettre en évidence le lumineux plan de Dieu sur la famille (...) avec une pastorale intelligente, courageuse et pleine d'amour" (François, Adresse aux cardinaux, 20 février 2014). A l'évidence, la réflexion des deux Synodes des Evêques successifs sur la famille s'inscrit pleinement au coeur de l'écologie humaine intégrale que le successeur de Pierre appelle de ses voeux. Manifester le lumineux plan divin sur la famille, tel est l'objectif que vise à servir, humblement mais résolument, le présent volume, préfacé par S. Exc. Mgr Robert Le Gall, archevêque de Toulouse. Dans leur diversité, les apports de ce livre s'inscrivent dans le souffle de la réflexion chrétienne sur la famille. Avons-nous conscience que l'union de l'homme et de la femme est le plus beau chef-d'oeuvre de la Création ? Si un tel chef-d'oeuvre est fragile, nous ne le savons que trop, cela ne saurait lui enlever sa qualité de chef-d'oeuvre : "Homme et femme, Il les créa" (Gn 1, 27). La beauté et la fragilité de ce don engagent d'autant plus notre responsabilité. Puissent les Actes de la Session interdisciplinaire La Famille : enjeux pour l'Eglise qui s'est tenue les 5 et 6 janvier 2015 à l'Institut catholique de Toulouse honorée des contributions hautement qualifiées du Secrétaire du Conseil pontifical pour la Famille, Mgr Jean Laffitte, ainsi que de Mgr Tony Anatrella, expert au Synode d'octobre 2014, et de Mgr Olivier de Germay, évêque d'Ajaccio, offrir un apport solide aux lecteurs désireux de cultiver le sens de la vérité sur le don mutuel de l'homme et la femme dans l'amour, et sur la famille. P. Etienne Richer

09/2015

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Religion

Les miracles de nostre dame. Manuscrit BnF Fr 986

Les miracles de nostre Dame de Gautier de Coinci sont le texte fondateur de la dévotion mariale exprimée en langue vernaculaire. Ils sont la "Comédie Humaine" du treizième siècle. Au fil de plus d'un miracle les mots tissent la tapisserie d'une humanité s'essayant à porter sa vocation divine ; peinture d'un réalisme saisissant mais transfigurée à la sensibilité d'un moine qui la transpose dans le cadre littéraire et traditionnel du miracle. La dynamique du texte c'est celle du conte et de la fable ; toute créature est "Porte-Christ" et s'affronte au "diable" au dédale du "siecle". Dans ce monde de convention qui semble être un décor de théâtre à la Giotto, le réalisme des signes importent beaucoup moins que les sensations qu'ils convoquent à la sensibilité des auditeurs en s'apparaissant au récit. Chaque miracle initie l'âme de la créature au mystère de la charité ; l'invitant sans cesse telle la Fiancée du Cantique à cette [poursuite-attente] où au bal de la vie en s'épousant à la Charité, elle pourra accueillir la divine Trinité. Coinci est le Chantre de la Merci Dieu dont l'humilité de la Vierge Marie est l'ordonnatrice. Ce travail de "contre-escriture" des Miracles de Nostre Dame est né du souhait d'un lecteur de proposer une édition se refusant à voir ses pages rongées par les variantes et les notes ; et se refusant à toute traduction. En effet l'accumulation obsessive des variantes textuelles ne nous approche jamais plus près de l'introuvable texte-source que n'importe laquelle d'entre elles prise isolement. D'autre part puisque ce qui donne sens au pèlerinage (à la recherche) de la lecture du texte c'est le temps perdu au chemin avec ses floraisons de multiples accidents ; où de contresens en fulgurance, une familiarité s'apparaît avec les mots et les expressions d'une mentalité révolue ; familiarité qui déchire pour nous le voile qui nous sépare des représentations médiévales architecturant le texte ; lire un texte traduit c'est simplement refuser le pèlerinage de la lecture. Nous invitons les lecteurs à s'aventurer au champ de la page du manuscrit des Miracles de Nostre Dame qui sont une authentique école de prière, de silence et d' amour .

02/2020

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Histoire de France

Mobilisation, sacrifice et citoyenneté. Angleterre-France 1900-1918

Ce livre présente une histoire comparée des mobilisations sociales en France et en Grande-Bretagne pendant la Première Guerre mondiale. Il propose et démontre tout l'intérêt d'un changement d'échelle dans l'histoire des sociétés belligérantes en 1914-1918. Il se tient à la croisée de deux perspectives historiographiques qui s'attachent respectivement à l'étude des mobilisations nationales et à l'histoire des villes en guerre. Appuyé sur l'étude comparée de deux villes moyennes anglaise et française, il dégage les logiques et répertoires des mobilisations sociales du temps de guerre. Il replace ainsi l'expérience de guerre dans le temps long des processus de nationalisation et de modernisation en Europe. Rendant compte des dynamiques sociales et culturelles de l'engagement dans le conflit, l'ouvrage souligne d'abord le rôle des identités urbaines. L'articulation de ces dernières aux cultures de guerre nationales rend compte, en effet, de l'investissement des populations dans la guerre. L'ouvrage prolonge l'étude de ces mécanismes d'acculturation à la guerre en approchant les pratiques de solidarité constitutive de la mobilisation sociale. Il se rapproche de la sorte d'une histoire sociale des représentations du temps de guerre. Cette étude met ainsi en lumière la pluralité des modes de figuration opérant des deux côtés de la Manche et l'importance des processus discriminatoires qui, fondés sur une pluralité d'espaces de sociabilité, renforcèrent en définitive les mobilisations nationales. Enfin, la centralité des rapports sociaux du sacrifice et l'émergence d'une véritable éthique des mobilisations donnent à voir les reconfigurations des citoyennetés provoquées par la guerre. Ici, l'attention portée aux sociétés civiles locales permet en définitive de suggérer une redéfinition des contours des Etats français et britannique en 1914-1918. Ainsi conçue, l'histoire urbaine de la Grande Guerre remet en cause le primat de l'Etat-nation consolidé par l'histoire militaire britannique et, en France, par la controverse historiographique. L'attention portée ici aux espaces de mobilisation souligne l'inscription géographique des ressources et sociabilités mobilisées pour faire face à la guerre. Ecartant toute opposition entre matérialité et idéalité, cette perspective rejette l'antagonisme supposé des histoires sociales et culturelles du conflit, artificiellement invoqué dans les luttes propres au champ académique. Elle permet finalement de donner toute leur place aux déterminants matériels, culturels et politiques des mobilisations du temps de guerre.

09/2013

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Critique littéraire

De l'art et du goût, jadis et naguère

Si variées que soient apparemment ces excursions érudites, toutes reflètent les curiosités intellectuelles constantes du grand écrivain d'art d'Oxford, depuis son étude classique du mécénat dans l'Italie des XVII ? et XVIII ? , à savoir les avatars et les péripéties de ce que l'on appelle le goût. Toutes illustrent l'habileté de Francis Haskell à saisir des problèmes complexes et souvent fuyants par une approche toute empirique, narrative ou parfois biographique, et ses détours inattendus. Pour qui s'intéresse aux entours de la création artistique et aux mutations de la sensibilité esthétique, le XIX ? siècle français représente un champ d'investigations inépuisable. On en trouvera ici la preuve à travers une série d'essais, qu'il s'agisse de thèmes généraux, comme la fabrication du passé ou la représentation des maîtres anciens dans la peinture académique, aujourd'hui reconsidérée ; la rupture entre le public et l'art dit moderne ; ou encore l'application aux oeuvres artistiques de jugements et de métaphores d'ordre politique ("avant-garde" , "anarchiste" ou "réactionnaire") ; qu'il s'agisse de thèmes particuliers, comme le clown triste de Gérôme à Picasso ou le Londres romantique de Gustave Doré, qui plongent dans un univers inexploré de références picturales et de projections mythologiques. Un autre axe est celui des collectionneurs et mécènes dont le goût, personnel ou commandé, est toujours profondément révélateur. On en trouvera ici une bonne série, plus ou moins excentriques et maniaques : le "baron" d'Hancarville, aventurier et grand connaisseur surdoué du XVIII ? siècle ; Sommariva, au début du XIX ? siècle, intrigant milanais passionné d'art français ; Morris Moore, marchand et pamphlétaire obsédé du néo-classique anglais ; Khalil-Bey, richissime Turc qui sut constituer sous le Second Empire la plus belle collection de peintures à sujets orientaux ; Benjamin Altman, type du milliardaire américain du début du siècle. Deux essais indépendants précèdent l'ensemble, "L'apothéose de Newton" et "Gibbon et l'histoire de l'art" . Ils introduisent, l'un, à l'étude très nouvelle du "grand homme" à travers sa représentation, l'autre à l'usage que, dans l'interprétation du passé, les historiens font des témoignages qu'apportent les arts visuels. Le tout s'achève sur un portrait de Benedict Nicolson, longtemps directeur du Burlington Magazine, mort en 1978, qui révélera au lecteur français, à travers un milieu et une revue, un historien d'art aussi typiquement britannique que l'auteur dont il fut l'ami.

10/1989

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Critique littéraire

Europe N° 1080, avril 2019 : Jean Starobinski, Jean-Pierre Richard

Médecin psychiatre, musicien, homme de vaste culture et d'érudition impeccable, Jean Slarobinski est, dans son indéniable singularité, une des figures majeures de la critique de notre temps. Une extrême rigueur et une extrême liberté caractérisent à la fois ce contemporain capital. Clarté et profondeur vont l'amble chez lui et le signalent, en notre XXIe siècle, comme un homme des Lumières. Qu'il analyse les oeuvres de Rousseau ou de Diderot, la peinture de Tiepolo ou la musique de Mozart, les écrits de Montaigne ou de Benjamin Constant, mais tout aussi bien ceux de Jaccottet, de Bonnefoy ou de Celan, il privilégie une lecture qui, selon ses propres termes, "s'efforce simplement de déceler ladre ou le désordre interne des textes qu'elle interroge, les symboles et les idées selon lesquels la pensée de l'écrivain s'organise". Tout en s'imposant à lui-même, et en attendant du lecteur d'avoir "la mémoire des contextes". Il faut le suivre dans ses analyses subtiles, ses aperçus ingénieux, ses approches parfois paradoxales. Se laisser gagner par cette ampleur, par cette hauteur de vue qui le caractérisent. Accepter d'être surpris et charmé par cette oeuvre dont son ami Yves Bonnefoy avait jadis trouvé le mot juste pour la définir : l'allégresse. Dès 1954, avec la publication de son premier livre, Littérature et sensation, Jean-Pierre Richard imposait une approche tout à fait nouvelle et originale dans le champ de la trinque littéraire. L'ouvrage fit d'emblée salué par Roland Barthes, qui voyait en lui "un livre heureux, c'est-à-dire brillant, juste, chaleureux et utile". Rehaussée par l'éclat d'un style d'une parfaite élégance, la critique se fait rapport sensible et sensuel à la littérature, aux textes, aux mots. Jean-Pierre Richard porte sur les ouvrages qu'il étudie un regard plein d'une empathie qui n'entrave jamais l'analyse, mais au contraire la suscite et la nourrit. Le critique se fait promeneur, herboriste ou explorateur. Il parcourt les oeuvres de Chateaubriand ou de Stendhal, de Mallarmé ou de Jacques Dupin, de Proust ou de Pierre Michon, de Reverdy ou de Pascal Quignard, tous sens aux aguets, attentif aux couleurs, aux odeurs, aux sonorités, à tout ce qui constitue leur atmosphère propre, traquant jusque dans le moindre détail ce qui les rend uniques et par conséquent précieuses.

04/2019

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Beaux arts

Comment regarder l'art au XXe siècle. Les avant-gardes

Ce guide propose d'aborder les avant-gardes de la première moitié du XXe siècle, soit les démarches artistiques qui, au-delà de leur diversité, marquent une rupture ouverte vis-à-vis de l'art institutionnel et de la société où elles naissent. Durant cette période, traversée par les deux guerres mondiales, une nouvelle génération d'artistes remet en cause la figuration - le Carré noir sur fond blanc de Malevitch (1915), première oeuvre suprématiste, constitue un tournant vers l'abstration absolue - et jusqu'à la notion même d'oeuvre d'art - en signant la Fontaine (1917), Marcel Duchamp entreprend la désacralisation de l'oeuvre d'art, élevant un urinoir à ce rang. Ils s'agit d'artistes en rebellion, clairement inscrits dans le champ politique (George Grosz), qui s'affranchissent des canons picturaux (Pablo Picasso), repensent la couleur et la lumière (Robert et Sonia Delaunay), se rapprochent de l'art primitif (Matisse), s'attachent aux thèmes de leur temps (dénonciation de la guerre et du nazisme chez Otto Dix, solitudes urbaines chez Edward Hopper). Si l'expressionnisme (fauvisme en France, Die Brücke en Allemagne) s'élève contre l'immobilisme de l'art académique, l'idée même d'espace pictural est totalement renouvelée par le cubisme, tandis que le futurisme s'intéresse au dynamisme des images. Ces recherches multiformes, des " papiers collés " de Braque à l'" automatisme psychique pur " préconisé par Breton dans son Manifeste du surréalisme (1924), en passant par l'expérience politique du Bauhaus, école d'architecture et d'art dirigée par Walter Gropius (1919-1933), sont autant de reflets d'un siècle en mutation. Ce livre propose d'aborder les avant-gardes du xxe siècle à travers trois axes. Les différents mouvements artistiques sont décrits dans le premier chapitre, de l'Art nouveau à l'art concret en Europe, en passant par le japonisme, la Section d'or, De Stijl ou le muralisme ; le deuxième établit une " géographie de l'art " , mettant en avant des villes européennes et américaines particulièrement actives au cours de cette période ; le troisième, enfin, présente 59 artistes marquants, d'Alexandre Archipenko à Grant Wood, mais aussi Marc Chagall, Frida Kahlo, Man Ray ou Chaïm Soutine. La circulation entre les différents courants et artistes est facilitée par des renvois à d'autres articles, mentionnés à la fin des fiches techniques très détaillées. Un index complète cet ensemble.

04/2018

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Droit

Qu'est-ce que le droit ? Théorie syncrétique et échelle de juridicité

"Qu'est-ce que le droit ?" est peut-être la plus essentielle des problématiques auxquelles les juristes doivent répondre. Or peu de questions touchant à l'homme et aux sociétés ont suscité des réponses aussi diverses et parfois antagonistes que "Qu'est-ce que le droit ?". Dans le vaste paysage des théories juridiques, il est difficile de savoir avec précision ce qu'est le droit. Faut-il dès lors se résigner à ne jamais disposer d'un objet-droit homogène et stable, dont l'identité serait finement établie et les frontières nettement tracées ? Pour étudier le droit, il importe pourtant de connaître ses spécificités parmi les différents modes de régulation sociale, cela afin de délimiter le champ des normes juridiques et donc circonscrire et borner l'objet d'étude. La définition du droit exposée dans la première partie de ce livre est une définition lexicographique, une définition scientifique. Il s'agit de constater ce qu'est le droit, quelles sont ses propriétés, au terme d'une enquête objective et empirique, excluant tout jugement subjectif et toute proposition personnelle. Comme la religion romaine qui accueillait dans son Panthéon tous les dieux grecs et étrusques, la théorie syncrétique réunit toutes les définitions du droit actuellement en vigueur dans la pensée juridique. Dans ce cadre, les diverses théories du droit ne sont plus des concurrentes, mais des associées. Elles ne s'opposent plus, mais se complètent. Ensuite, en appliquant les critères de juridicité ainsi recensés à une norme donnée, on peut mesurer son niveau de force juridique sur l'échelle de juridicité. Cette échelle, expliquée et expérimentée dans la seconde partie du livre, permet d'interroger les dimensions du droit. Or son application à de multiples formes de normativité indique que, dans le monde des normes sociales, les normes fortement juridiques côtoieraient les normes moyennement juridiques et les normes faiblement juridiques. En revanche, il ne semble guère exister de normes sociales non juridiques - les différences entre normes seraient de degré et non de nature. Ainsi l'échelle de juridicité invite-t-elle à retenir une conception graduelle du droit et un panjuridisme modéré. L'intérêt de cette nouvelle forme de rationalité de la pensée juridique est d'autoriser le juriste à s'ouvrir à tout type de normes sociales tout en sauvegardant l'autonomie conceptuelle du droit.

12/2017

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Histoire internationale

Rwanda, 1994-2014. Histoire, mémoires et récits

Tandis que les productions artistiques, littéraires et visuelles - cinéma, théâtre, photographie - sur le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994 se sont très vite multipliées, l'écriture de l'histoire a dû se frayer un chemin entre les exigences de clarification des faits et les manipulations politiques conscientes, en particulier en France. Démêler ce qu'il en est du réel et de son incessante reconstruction dans les discours et images publics, tel fut l'enjeu principal du colloque international "Rwanda, 1994-2014 : récits, constructions mémorielles et écriture de l'histoire", qui s'est tenu à Paris et à Saint-Quentin-en-Yvelines en novembre 2014. Le présent volume restitue les perspectives critiques ouvertes par ces rencontres, qui permirent de rendre saillantes les avancées et limites de vingt années de recherche sur le génocide et de faire saisir la discontinuité des approches. Historiens, juristes, critiques, psychanalystes, artistes, mais aussi témoins directs et indirects prennent ici en charge des questionnements encore très sensibles : comment s'accomplit le travail de la justice, entre le Rwanda et l'Occident ? Que savons-nous de l'implication de l'Etat français au Rwanda de 1990 à 1994 ? Comment se raconte et se pense cet événement, dans quels langages écrits et visuels continue-t-on de le réfléchir, ici et là-bas ? Qu'en a-t-il été dans les médias, qu'en est-il au cinéma et au théâtre, en littérature et en philosophie ? Quelles ruptures se sont produites dans le champ des représentations ? Quelles lignes de partage et de convergence se dessinent dans le monde au-delà du postcolonial et du postmémoriel ? Quelles possibilités d'un vivre-ensemble et d'une compréhension commune s'ouvrent-elles, à l'échelle locale mais aussi globale ? Plus qu'une simple somme d'écrits scientifiques, cet ouvrage choral entend surmonter les barrières disciplinaires pour mieux repenser le génocide des Tutsi au coeur de notre présent. Il invite à reconsidérer les productions occidentales au regard de ce qui se fait, se construit et s'écrit au Rwanda et en Afrique et appelle à une intensification de l'effort collectif afin d'appréhender les multiples dimensions d'un événement dont les conséquences pèsent de manière durable sur la vie des Rwandais et des populations attachées à la région des Grands Lacs.

10/2017

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Droit

La rupture du mariage en droit comparé

Cet ouvrage est le résultat de l'étude menée entre 2012 et 2014 par l'Institut de droit comparé Edouard Lambert et le Centre de droit de la famille de l'Université Jean Moulin Lyon 3, afin d'accompagner l'entrée en vigueur du règlement européen Rome III sur la loi applicable en matière de divorce. Toutefois, le champ de l'étude n'a pas été limité aux Etats membres participant à cette coopération renforcée ; l'intérêt suscité par la connaissance de systèmes juridiques dotés de spécificités a conduit à élargir son domaine. L'étude comparative porte ainsi sur huit Etats participant au règlement Rome III et cinq n'y participant pas. Treize Etats ont donc été étudiés en contemplation du droit français, afin de donner des repères au lecteur : l'Allemagne, l'Angleterre, l'Autriche, la Belgique, la Bulgarie, l'Espagne, la Grèce, la Hongrie, l'Italie, les Pays-Bas, la Pologne, la Roumanie et la Suède. Le rapport comparatif publié aujourd'hui repose sur les réponses à un questionnaire exhaustif (pas moins de 96 questions ont été traitées par les rapporteurs nationaux) visant à permettre une vue précise et pratique du droit matériel et procédural du divorce dans les ordres juridiques étudiés. Les différents cas de divorce et les particularités procédurales sont traités dans une première partie, qui réserve une place toute particulière à l'enfant et à sa place dans la procédure. La question des mesures provisoires y est également évoquée, avec en perspective le traitement des situations de violences entre époux. Les conséquences du divorce, tant à l'égard du couple que des enfants, sont abordées dans un second temps. Le sort des conventions entre époux relatives aux effets du divorce, qui sont promues dans l'ensemble des systèmes étudiés, a en conséquence fait l'objet d'un traitement spécifique dans la deuxième partie. Un apport historique et statistique, ainsi que des éléments de prospective, permettront au lecteur de mettre en contexte les différentes législations étudiées. Enfin, l'étude comparée des règles de droit international privé applicables au divorce est traitée dans une troisième partie. Celle-ci, au-delà du cadre général des règles de conflits et de la circulation des décisions de divorce, aborde la question nouvelle du divorce des couples de même sexe.

10/2015

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Spécialités médicales

Les soins en pédiatrie - Faire face au refus de l’enfant. Repères éthiques pour une posture soignante fondée sur la prudence

Les membres des équipes de pédiatrie, infirmières, puéricultrices, médecins, etc., confrontés quotidiennement à des choix difficiles pour prendre soin des enfants trouveront dans ce livre des repères pour une réflexion éthique sur leur action. Les soignants exerçant en pédiatrie partagent la volonté de soigner les enfants, cet objectif pouvant parfois mener à user de tous les moyens existants pour parvenir à ses fins. L'utilisation de la contention pour réaliser un acte requis fait partie de ces moyens qui interrogent l'ensemble des pratiques soignantes. Elle renvoie au vaste dispositif de la technique, qui occupe une place prépondérante dans le champ des soins. Elle reflète aussi la possibilité de négliger le point de vue des enfants qui peuvent, comme les adultes, manifester leur refus, sans que celui-ci soit toujours pris en compte. Ce livre rend ainsi visible un territoire particulier des soins, où les repères des professionnels se troublent parfois, l'enfant disparaissant en quelque sorte de leur radar émotionnel le temps d'accomplir le geste technique. La hiérarchisation des devoirs peut faire donner la priorité à l'exécution du geste, et occulter l'empathie habituelle à l'égard de l'enfant. Bénédicte Lombart s'appuie sur sa pratique en pédiatrie ainsi que sur une recherche, des entretiens ayant été menés avec des professionnels issus de différents services de pédiatrie. Ils ont permis de recueillir leurs interrogations sur l'usage de la contention lors des soins. Celui-ci soulève bien des questions éthiques et l'objectif de cet ouvrage est de proposer aux soignants une approche fondée sur la réflexion philosophique et l'étude des situations. Il s'agit d'aider à prendre du recul, à suspendre parfois son geste afin d'opter pour un abord juste de l'enfant. La difficulté et la tension générées par la contention et le refus de l'enfant offrent une opportunité de s'engager pleinement dans une philosophie de la prudence dans les soins. Le care pédiatrique pousse à aller au-delà de l'injonction à exercer son habileté, et à envisager toutes les alternatives possibles. Ce livre s'adresse à l'ensemble des membres des équipes de pédiatrie, infirmières, aides-soignantes, puéricultrices, auxiliaires de puériculture, kinésithérapeutes, cadres de santé et médecins, confrontés quotidiennement à des choix à effectuer pour prendre soin au mieux des enfants. Ils trouveront dans ce livre des repères pour conduire une réflexion éthique sur leur action.

10/2016

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Histoire de France

La victoire, c'est le sacrifice

Bien avant d'être connu comme le "Bison" du réseau de résistance Alliance, fondé par Marie-Madeleine Fourcade, Alfred Jassaud était un jeune bourgeois, scout "Coeur Vaillant", féru d'histoire, de poésie, de théâtre, et de littérature classique. Il a laissé à sa famille cinq carnets emplis de ses impressions datées, où rêves, colères, et illusions déçues, se succèdent selon les périodes de sa courte vie. De l'âge de dix-sept ans (2 mars 1937) jusqu'à la veille de ses vingt-deux ans (29 août 1942), il se raconte sans ménagement, oscillant entre sa foi en Dieu, parfois jusqu'au mysticisme, son éternel manque d'amour féminin, et un insatiable besoin d'héroïsme patriotique. Des réflexions fortes sur les femmes, la mort, la politique, ou la religion, côtoient des rendez-vous festifs ou des sorties amicales de loisirs divers, escalade, plongeon, randonnée... Régulièrement, il s'autocritique, mûrissant au gré des carnets où les phrases radicales, racistes, violentes du début font place à des morceaux de philosophie poignants, à force de rencontres et de séjours à l'étranger. Certaines de ses idées auraient peut-être pu éviter bien des conflits... Grand poète, épris de culture, il publiait, dès dix-sept ans, des textes dans le journal "Les Echos". Il nous fait découvrir dans ces écrits qu'il laisse à la postérité, beaucoup de détails sur l'histoire de la France et de la grande lignée de héros dont ses descendants peuvent être fiers. Il serait certainement devenu un grand journaliste. La guerre en a décidé autrement. "Je n'en peux plus. Je suis à l'étroit. J'en ai assez de mener cette vie d'imbécile. Je suis foutu si je continue à vivre normalement. Il me faut du danger, la vie dure, âpre, difficile, la souffrance, vivre sauvagement pour un Idéal : Dieu - La France". Alors qu'il servait la résistance et qu'il était devenu Agent Principal de Renseignements pour la zone Normandie, il a été arrêté le 19 septembre 1943 avec des papiers au nom de Robert Darsac. Emprisonné, torturé, il sera exécuté, avec ses amis membres du réseau Alliance, au champ de tir de la caserne d'Heilbron en Allemagne, le 21 août 1944. Son Idéal était de servir et de mourir pour la France. Il est mort en héros. Sa devise : A bloc ! La phrase que l'histoire retiendra de lui : "La victoire, c'est le sacrifice" !

04/2015

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Poésie

Oeuvres poétiques. Tome 1

LE PAYSAGE, en tout cas, avec son défilé de formes et de couleurs, où se détachent par leur récurrence, le vert et le bleu, se présente toujours à nous dans cette oeuvre comme une clé d'accès, en quelque sorte, à l'amour physique, à l'ivresse rituelle de la passion, mais aussi à la plus subtile spiritualité, à laquelle il peut conduire ("Je voudrais m'approcher du désir pur, presque désincarné, celui qui n'est habité par aucun désir de possession"). Si bien que l'on peut même dire qu'il émane de cette poésie une manière de panthéisme amoureux, telle est l'importance accordée au charnel dans ces poèmes, de façon contenue mais persistante. C'est comme une "mystique de la chair", comme un champ sacré. Sans compter que les choses du monde, les éléments du paysage sont si souvent reliés aux sinuosités du phénomène amoureux qu'il en résulte une poésie douée d'une dimension et d'une force telles que John Stout a pu rapprocher Incarnat désir du Cantique des Cantiques. D'ailleurs, à la poésie de Jeanine Baude semble sous-jacente une conception de la poésie comme refus de toute idée de représentation figée, de ce qui, de quelque manière, nie le pouvoir de captation des mots. Cette poésie apparaît plutôt comme un essai sur les possibles, un pari sur l'ouverture de l'imaginaire que nous offre le monde, sur ce quelque chose qui est toujours tension, mouvement latent, déplacement et jamais immobilité. Dans ce sens, elle est indéfinissable, insaisissable, et c'est ce caractère de permanence et de fractures, ce pouvoir combinatoire des mots qui font la grandeur de cette poésie. C'est ce déplacement des faisceaux de focalisation ou plutôt leur multiplication, cette juxtaposition inouïe de contrastes qui fait resplendir ces poèmes en fulgurations qui diffèrent à chaque lecture comme des palpitations argentées sur la surface mobile d'une mer de sens. Jeanine Baude, originaire du Midi, de cette étendue inclinée de la Méditerranée, mer fermée, utérine, où palpite le bleu intense, plonge ses racines poétiques dans la beauté houleuse, rude, illimitée et convulsive de la Bretagne et de ses îles fouettées par la mer et submergées par l'humidité et la fureur grise. José Manuel de Vasconcelos

03/2015

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Second Empire

L'exposition universelle de 1867. L'apogée du Second Empire

La fête impériale. Paris, 1er juillet 1867. Dans le palais de l'Industrie et des Beaux-Arts, gigantesque bâtiment construit en 1855 sur les Champs-Elysées, l'empereur des Français Napoléon III, entouré de sa famille, des hauts dignitaires de l'Etat, de chefs d'Etat et membres des familles souveraines, ainsi que du corps diplomatique, remet les récompenses décernées par le jury international de l'Exposition universelle, en présence d'un public nombreux. Ouverte le 1er avril, cette manifestation réunit une trentaine de pays (y compris le Siam et le Japon), 52 000 exposants, et voit chaque jour plusieurs milliers de visiteurs arpenter le Champ-de-Mars où l'Exposition est installée. La fête impériale bat son plein dans un Paris en pleine transformation sous l'égide du préfet Georges Haussmann, entre les visites de souverains étrangers (Guillaume Ier de Prusse, Alexandre II de Russie, le sultan Abdulaziz, le vice-roi d'Egypte Ismaïl Pacha), les multiples réceptions offertes par les ministres et les ambassadeurs et les spectacles donnés par les opéras et théâtres parisiens, sur des musiques de Giuseppe Verdi, Charles Gounod et surtout Jacques Offenbach. Et pourtant, ce même 1er juillet, la capitale bruisse d'une rumeur insistante : l'empereur du Mexique, Maximilien, frère de l'empereur d'Autriche François-Joseph, aurait été exécuté par les troupes républicaines. Confirmée trois jours ensuite, la nouvelle interrompt temporairement les festivités. Un an après la victoire de la Prusse sur l'Autriche à Sadowa, et alors que les difficultés politiques économiques et sociales se multiplient, le temps semble se charger de " nuages noirs ", comme l'avouera quelques semaines plus tard l'empereur lui-même lors d'un discours à Lille. La " plus belle pensée du règne " de Napoléon III, à savoir la constitution d'un empire catholique au Mexique, a vécu. Pour tous ceux qui connaîtront ensuite l'" année terrible " (Victor Hugo) de 1870-1871, 1867 restera à jamais celle de l'Exposition, la dernière période de joie et d'insouciance avant les difficultés. C'est à la découverte de cette " flèche d'or du Second Empire " que nous invite cet ouvrage particulièrement vivant, sur les pas de ceux qui l'ont organisée et de ceux qui l'ont visitée, George Sand, Gustave Flaubert, Jules Verne, Jules Michelet, Ferdinand de Lesseps, Frédéric Le Play ou le futur Edouard VII.

02/2023

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Philosophie du droit

Penser différentes manières de penser. Théories de droit international

Découvrez les différentes théories sous-jacentes à la pratique du droit international grâce à l'oeuvre d'Andrea Bianchi ! Andrea Hamann, professeure en droit public, traduit et présente l'ouvrage d'Andrea Bianchi, professeur de droit international : International Law Theories : An Inquiry into Different Ways of Thinking. Deux poissons nagent dans un étang. "Tu sais quoi ? ", demande l'un des poissons. "Non, dis-moi", répond l'autre. "Je parlais l'autre jour avec une grenouille. Elle m'a dit que nous sommes entourés d'eau. Il paraît même que nous vivons dedans ! " Son ami le fixe, d'un air sceptique : "De l'eau ? Qu'est-ce que c'est ? Montre-moi l'eau ! " Les juristes - et les internationalistes n'y font pas exception - ont tendance à se focaliser sur la pratique du droit, souvent sans accorder une attention soutenue aux théories sous-jacentes qui en déterminent pourtant la production et la mise en oeuvre. Ce livre se veut une tentative de remuer l'eau dans laquelle, en tant qu'internationalistes, nous nageons. Il propose une introduction à différentes approches du droit et sensibilités à son égard. Il invite en ce sens à engager le dialogue avec différentes manières de penser le droit international, afin de nous familiariser avec l'eau qui nous entoure et dont, bien souvent, nous ne sommes pas même conscients. L'objectif principal de ce livre est ainsi de rendre accessibles aux universitaires, praticiens et étudiants certains des outils nécessaires à la compréhension de diverses théories du droit international, de leurs généalogies respectives, ainsi que des critiques qui leur ont été opposées. Il espère aiguiser la conscience et la sensibilité des internationalistes à l'égard de ces théories, qui se trouvent fréquemment rejetées hors de l'univers du "droit" proprement dit, mais dont on aurait tort de considérer qu'elles n'en relèvent pas. En effet, ce n'est qu'en nous familiarisant avec elles que nous, en tant qu'internationalistes, prenons conscience de l'importante mesure dans laquelle l'ensemble de leurs présupposés déterminent fondamentalement l'étude, l'analyse, l'enseignement et la pratique du droit international. Penser différentes manières de penser le droit international se veut ainsi une invitation faite aux internationalistes, et à quiconque s'intéresse à cette discipline, à engager une réflexion sur les modes et modalités de production des connaissances, aussi bien dans le champ scientifique que dans la pratique sociale du droit international.

03/2023

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Ingénierie

Les bâtisseurs de la mer

L'ouvrage, préfacé par Patrick POUYANNE, Président Directeur Général de TotalEnergies, est composé de deux périodes. Elles correspondent à deux types d'environnements différents. La première rédigée par l'auteur Dominique MICHEL, Directeur Général puis PDG de DORIS de 1986 à 2006. La deuxième par François THIEBAUD, Directeur Technique du Groupe DORIS, inventeur dans la première période d'une audacieuse découverte technologique : les tours risers. Les voies d'avenir de la société sont définies dans la postface est écrite par l'actuel PDG du Groupe DORIS, Christophe DEBOUVRY. Expliquons maintenant les singularités de ces deux époques. La première entre dans le champ d'une nouvelle industrie, "l'offshore pétrolier" , durant laquelle, partant de rien, il a fallu créer de nouveaux concepts avec toutes les technologies y afférant. C'est dans ce domaine que DORIS s'est distingué en réalisant des ouvrages en mer remarquables jamais réalisés auparavant. Elle fut suivie, après 2006, par une maturation de cette industrie avec des technologies plus maîtrisées. Cela n'a pas empêché la marche en avant de DORIS malgré la chute du prix du baril de pétrole en 2015, avec une adaptation à la transition énergétique. On notera que l'intérêt du récit réside dans la place que peut prendre une PME, devenue aujourd'hui une ETI, spécialiste de l'ingénierie dans un monde de géants. L'entourage de DORIS : clients, partenaires, concurrents, actionnaires, ont des chiffres d'affaires et des capitalisations de 1000 à 10000 fois supérieures à cette dernière. Découvrez dans ce récit comment s'affrontent David et Goliath. En conclusion, cet ouvrage est destiné à un large public. Non seulement à ceux qui travaillent dans l'industrie, l'Energie et les Travaux Publics, mais aussi à tous les amoureux de la mer. Il est également destiné à ceux désirant savoir comment une PME française peut éclore à l'international en ne vendant pas du virtuel mais des constructions abouties bien solides dans un milieu hostile. Cet ouvrage ne se veut pas non plus un cours ; il est rédigé de telle façon que les parties techniques soient accessibles à tous et aisément comprises par les béotiens. Néanmoins elles sont rigoureuses, afin que les professionnels n'aient rien à y redire. C'est presque un roman où la réalité dépasse la fiction, avec des femmes et des hommes qui se surpassent en permanence.

10/2022

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Proche-Orient

L'empire perse, les Grecs et le politique

L'empire perse achéménide fascine les Grecs, qui le perçoivent de façon très déformée, et qui comprennent mal son fonctionnement. Au ve siècle avant J. -C, son observation alimente leur réflexion politique, parallèlement à la stasis, terme par lequel ils désignent les conflits internes de leurs cités. Dans ce double exercice, Hérodote, les Tragiques et les Sophistes pensent le politique, et ils préparent la naissance de la théorie politique au siècle suivant. Le débat sur la meilleure constitution en procède : Hérodote le projette sur les conjurés perses de 522 (III, 80-82). La crise qui éclate cette année-là dans l'empire perse tient à ce que la succession de Cyrus, mort en 530 avant J. -C. , n'était pas réglée, bien qu'il ait désigné son fils Cambyse pour lui succéder. Ce dernier a probablement compromis lui-même ce processus, en faisant éliminer son frère Bardiya, en dévoyant à cette fin le rituel originellement babylonien du substitut royal, ignoré des Grecs en tant que tel, mais transformé par eux de façon totalement inconsciente sur le mode du dédoublement et de la ressemblance. L'instrument de cette machination, le mage Gauma¯ta, était devenu Bardiya, en vertu même du rituel, et il a prétendu régner à la place de Cambyse avant même sa mort, survenue selon toute apparence de façon accidentelle. Darius, probable cousin de Cambyse, a renversé le mage avec 6 conjurés, pour régner à son tour, en prétendant restaurer la légitimité dynastique. Le débat constitutionnel qui précède son avènement chez Hérodote est fondé sur une arithmétique élémentaire opposant constamment le petit nombre, réduit jusqu'au chiffre un, un effectif un peu plus important, mais qui demeure restreint, et le grand nombre. Cette distinction se retrouve entre la monarchie, pouvoir d'un seul, l'oligarchie, pouvoir d'une minorité, et la démocratie, pouvoir du grand nombre. Les Grecs l'appliquent au champ du politique, alors que le monde indien répartissait les fonctions duméziliennes selon le même critère. L'historiographie grecque des rois mèdes et perses est fondée sur une typologie d'inspiration tout aussi tri-fonctionnelle, qui réserve à chacun d'entre eux un rôle : roi fondateur et organisateur, roi guerrier, souverain lié à la Troisième Fonction. Cette typologie n'est pas un carcan rigide, et elle s'adapte à chacun des règnes, et à chacun des monarques.

03/2022