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Beaux arts

Jean Dubuffet et la besogne de l'Art Brut. Critique du primitivisme

Tordre le cou au primitivisme : voilà l'un des enjeux du travail de Jean Dubuffet (1901-1985). Le lecteur pourra trouver l'affirmation paradoxale tant l'artiste semble être le parangon du primitivisme artistique dans la seconde moitié du XXe siècle. Tout pourtant dans son travail concourt à récuser l'existence d'un art supposé "primitif", pierre de touche d'une conception européenne et raciste de l'art, repliée sur elle-même et ébranlée au sortir de la Seconde Guerre mondiale. En poussant à l'excès les codes du primitivisme de son temps, le peintre en dévoile lucidement les ressorts et les présupposés. Considérant ensemble les trois activités de Dubuffet — la peinture, l'écriture et les prospections qu'il mène pour son entreprise de l'Art Brut — ce livre cherche à mieux comprendre cet activisme critique initié au début de la reconnaissance professionnelle de l'artiste. Mois après mois, année après année, l'auteur retrace le cheminement intellectuel et la pratique maniaque de celui qui défendra et promouvra l'invention artistique dans tous ses états. Chemin faisant s'esquisse un portrait de l'art parisien d'après-guerre à l'heure de l'institutionnalisation de l'avant-garde : celui d'une vaste redistribution des rôles qui affecte les mondes de l'art, de la littérature, de la critique, mais aussi de l'ethnologie et de la psychiatrie. Célébrant l'opération artistique en partant de l'informe, Dubuffet cherche alors à déjouer les procès de catégorisation qui sévissent dans le champ de la création, tout comme dans celui des sciences humaines et sociales. Là est la pointe de la critique de Jean Dubuffet, là est la besogne de l'Art Brut.

04/2019

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Littérature étrangère

Les cercueils de zinc

Les Cercueils de zinc, publié en 1989, est "un livre sur une guerre ignorée et cachée à son propre peuple - un livre sur la guerre des Soviétiques en Afghanistan. Les gens ne devinaient ce qui se passait qu'en voyant arriver, d'un pays inconnu, des cercueils de zinc..." Pour l'écrire, Svetlana Alexievitch s'était rendue sur place avant d'enquêter pendant quatre ans dans ce qui s'appelait encore l'Union soviétique. Ce sont les dernières années de cette guerre de dix ans qui sont ici évoquées. L'auteure donne à entendre la douleur des mères devant ces cercueils contenant les restes de leurs fils, parfois trop grands pour entrer dans leur appartement, parfois lestés de terre pour faire le poids d'un corps sans membres. Svetlana Alexievitch a recueilli les témoignages des soldats, des épouses, des amies des soldats, des médecins, des infirmières, des pilotes d'hélicoptère... Le livre paru, on ne lui pardonna pas d'avoir démoli le mythe du soldat soviétique accomplissant son devoir internationaliste - la télévision le présentait en train de planter des pommiers alors qu'en réalité il lançait des grenades dans des maisons où s'étaient réfugiés des femmes et des enfants ou bombardait un village. Après une campagne orchestrée pour gêner la diffusion de l'ouvrage, un procès fut intenté à l'auteure, à Minsk, en 1992, où des témoins cités dans le livre furent obligés de se récuser. II reste que cette guerre déclenchée par Leonid Brejnev a été le tombeau de l'Union soviétique, et a fait de l'Afghanistan le futur berceau d'Al-Qaida. Les Cercueils de zinc, troisième opus du cycle Les Voix de l'utopie, est un témoignage capital qui se hisse à la hauteur des grands livres sur la guerre dans une nouvelle édition entièrement revue par l'écrivain.

02/2018

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Histoire internationale

Les armoires du temps

Archéologue de la mémoire, l'auteur tente de reconstituer l'histoire de deux familles, l'une grecque, l'autre roumaine. Dans ce texte hybride mêlant souvenirs, correspondances et recherches historiques, c'est une véritable enquête de détective qui est menée, à partir de fragments d'informations. S'inspirant des cahiers secrets de sa grand-mère, elle évoque la Transylvanie au tout début du Xe siècle, un arrière-grand-père d'une violence extrême, un jeune couple - ses grands-parents - qui, pour échapper à la pauvreté, s'exile en France et participe à la Résistance. La Résistance caractérise aussi la famille grecque pendant la guerre contre les Italiens et les Allemands, puis tout au long de la guerre civile qui a suivi, mal connue en France. A travers les lettres - pour la plupart censurées - et les témoignages des rares survivants d'une famille déchirée, est décrite la vie des détenus - en prison ou en déportation dans les îles, sacrifiés au nom de la peur du communisme et jugés dans des procès montés de toutes pièces - et celle de leur famille, restée à Athènes, qui souffre, mais ne peut accepter les choix des prisonniers, à qui il aurait suffi, parfois, de signer l'abjuration de leurs idées pour être libérés. Messagère de la mémoire, Anguéliki Garidis, fille de l'un de ces jeunes gens prisonniers pendant de longues années, mêle ses souvenirs d'enfant pendant la dictature des Colonels (1967-1974) et l'exil à Paris, à sa quête pour comprendre notamment les destins dramatiques de son père, de ses tantes et de leurs amis, écartelés entre leur idéal et leurs doutes. Ces voix multiples font naître une interrogation sur la notion même de mémoire et au travers de la "petite" histoire de ces familles, c'est la grande Histoire qui est en jeu.

05/2016

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Histoire internationale

Joseph Roth, journaliste. Une anthologie (1919-1926)

Avant d'être célébré comme écrivain, Joseph Roth fut un journaliste vedette de la presse écrite. Reportages de guerre, articles politiques ou chroniques judiciaires, les textes sélectionnés dans cette anthologie entretiennent une étroite correspondance avec son oeuvre littéraire. Ils empruntent volontiers aux codes de la nouvelle et, dans le même style acéré, certains personnages ont directement inspiré leurs homologues romanesques. La littérature n'est jamais loin, mais l'intention est celle d'un témoin direct : il s'agit de " dessiner le visage du temps " , de rendre compte d'une époque et de la dénoncer. Au fil des articles présentés dans l'ordre chronologique, on chemine avec Roth à travers les régions ébranlées par la défaite de 1918 : guerre russo-polonaise, troubles politiques en Hongrie, en Silésie, en Rhénanie. S'il affiche un parti pris, c'est celui des républiques, d'Autriche puis de Weimar, contre les tentations autoritaires. C'est aussi celui des victimes, des réfugiés, des déplacés, des expulsés, en particulier des juifs de l'Est menacés par l'antisémitisme. On découvre un Roth engagé qui mène par l'écriture un combat de plus en plus désabusé contre le nationalisme identitaire et la violence xénophobe. Il assiste au procès des assassins du ministre Rathenau, à celui de Hitler après le putsch raté de 1923. Il scrute les faits divers, les affaires de moeurs, comme des révélateurs de leur temps. Exercice obligé pour les journalistes de langue allemande, son récit de voyage en URSS, intégralement traduit, témoigne d'un regard singulier. Roth s'y montre sans illusion sur l'Union soviétique juste avant la terreur stalinienne mais aussi curieux et impressionné, non sans réserves, par l'effort de modernisation de la Russie. Sélection, traduction et commentaire de Hugues Van Besien.

09/2016

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Policiers

Révolution Tome 1 : Le coeur du roi

Voici donc le retour de Viravolta, dit l'Orchidée Noire, espion du roi et "James Bond du XVIIIe siècle", pour deux tomes qui viennent conclure la saga entamée avec "Le Piège de Dante", traduit dans le monde entier. Après avoir sauvé Venise et la France de Louis XV, puis aidé Washington et La Fayette à conquérir l'indépendance des Etats Unis, Viravolta se retrouve plongé dans la tempête de la Révolution française. Chargé par le roi et Necker d'assurer la sécurité des Etats généraux, il est victime d'une tentative d'assassinat et laissé pour mort. Mais, revenu pour ainsi dire d'outre-tombe, il va devoir démêler les fils d'une mystérieuse conspiration qui met en péril la royauté finissante autant que la République en gestation. Viravolta lui-même, proche de la Cour mais sensible aux idées nouvelles, ami des philosophes et des Lumières, devra faire sa révolution intérieure. Mais cette fois, le prix à payer sera atroce et foudroyant. Avec Viravolta, nous participons aux Etats généraux, à la prise de la Bastille, au Serment du jeu de paume, à la Déclaration des Droits de l'Homme, la fête de la Fédération, la fuite de Varennes, la chute de la monarchie, aux massacres de septembre, à la bataille de Valmy, la mort de Louis XVI, au procès de Marie Antoinette, à la déferlante de la Terreur ! L'idée, c'est de revivre l'Histoire caméra à l'épaule. En cette période troublée, il est nécessaire et passionnant de se replonger dans cette époque vibrante, insensée, que fut la naissance tumultueuse de la démocratie en France. Roman historique et policier, fresque de cape et d'épée, oui - mais surtout, plongée dans un siècle en marche : on s'amuse, on s'étonne, on est emporté dans ce tourbillon.

03/2017

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Histoire internationale

Journal politique 1937-1943. Coffret 2 tomes

Gendre (il est marié avec sa fille chérie Edda) et favori de Mussollini, Galezzo Ciano a été son ministre des Affaires étrangères de juin 1936 à janvier 1943. A ce titre, il a joué un rôle déterminant dans le rapprochement avec l'Allemagne nazie (l'Axe Rome-Berlin) avant de s'en mordre les doigts. L'invasion de la Tchécoslovaque par le IIIe Reich au printemps 1939, en violation des accords de Munich signés quelques mois auparavant, lui ouvre les yeux sur la violence d'Hitler et le caractère unilatéral d'une alliance qui va précipiter l'Italie dans la guerre et Mussollini à sa perte. Dès lors, il va faire ce qu'il peut pour s'en détacher… en vain. Devenu la bête noire des nazis, il est “remercié” par Mussollini juste après Stalingrad. Cheville ouvrière du renversement du Duce en juillet 1943, Ciano est remis par les nazis à la République de Salò, qui l'exécute après une parodie de procès en janvier 1944. En dépit des supplications de sa fille, Mussollini a laissé faire. Ciano est mort mais ses notes quotidiennes, prises au jour le jour, sont sauvées miraculeuseument. Voici leur première édition intégrale en français. Ciano y raconte les événements et y dépeint les hommes d'une plume de maître ; non seulement Mussollini sur lequel son témoignage est incomparable mais aussi sur les hiérarques du fascisme -dévorés par leurs rivalités - et ses interlocuteurs nazis à commencer par Hitler - qu'il redoute - Ribbentropp qu'il hait - sans oublier Goering qu'il méprise. Défilent aussi Goebbels, Goering ; Pétain et Laval ; Franco et Horthy ; le cruel Ante Pavelic… Un témoignage sincère et terrible qui évoque “les damnés” de Visconti ; une des meilleures sources sur la descente aux enfers du fascisme ; doté d'un appareil critique de premier ordre et d'une présentation substantielle de Maurizio Serra.

04/2015

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Littérature française

Un lieu de justice

Le Socle, nom donné au bâtiment principal du Tribunal de justice de Paris, est une sorte de portrait de ce grand édifice aux innombrables composantes, de l'architecture au travail du magistrat, de la rhétorique judiciaire aux propos de cafétéria. Jean-Paul Honoré nous le propose en témoin distancié et rêveur, enclin à l'humour autant qu'à la gravité. Le Socle est le nom donné au bâtiment principal du Tribunal de justice de Paris, tour de verre et de métal conçue par Renzo Piano et inaugurée en 2018 dans le quartier des Batignolles. Cette partie de l'édifice abrite, entre autres, les chambres du tribunal correctionnel. Elle est ouverte au public. Pendant plusieurs mois, en 2019, l'auteur a fréquenté ce bâtiment. Il en propose une description en plusieurs chapitres comportant des textes courts, où sont convoquées toutes les composantes du lieu : de l'implantation géographique à la topographie des salles d'audience, de l'architecture au mobilier, du travail du magistrat à celui de l'agent d'entretien, de la rhétorique judiciaire aux propos de cafétéria, de l'abstraction des symboles au pathétique des situations humaines. Au coeur de ce tableau, on retrouve, comme un fil rouge, l'écho d'un procès historique - celui du harcèlement moral au sein d'une très grande entreprise - mêlé aux propos des salles d'audience où se traite le tout-venant de la délinquance quotidienne. Il s'agit donc d'une sorte de portrait de ce grand édifice, où le rituel judiciaire, les mots qui le portent, l'univers matériel qui l'abrite, sont envisagés indissociablement, dans une perspective qui n'est pas celle du spécialiste de l'architecture ou du droit, mais celle du témoin distancié, méditatif et rêveur, parfois saisi par la poésie des objets, et enclin à l'humour autant qu'à la gravité.

04/2021

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Droit international public

La justice, ses métiers, ses procédures. OHADA, Union africaine, CEEAC-CEMAC, CEDEAO-UEMOA, Nations Unies, Cameroun, 4e édition

Cet ouvrage s'adresse prioritairement aux universitaires en leurs différentes qualités, aux praticiens du droit, aux personnes désireuses d'accéder aux professions judiciaires ou auxiliaires et de les exercer. Ses destinataires privilégiés sont également ceux qui, directement ou indirectement, initient ou conduisent des réformes relatives à l'appareil judiciaire à l'échelle nationale ou supranationale. Le non-spécialiste "en situation" et le grand public en sont, enfin, les cibles par excellence. Dans une perspective à la fois explicative et analytique, les développements sont fortement illustrés et bâtis autour de trois axes majeurs. L'un des axes s'intéresse aux juridictions, qu'elles soient camerounaises ou supranationales : tribunal du premier degré, tribunal coutumier, "alkali courts", "customary courts", tribunaux de première et de grande instance, tribunal militaire, tribunal criminel spécial, commission provinciale du contentieux de la prévoyance sociale, tribunal administratif régional, tribunal régional des comptes, cour d'appel, haute cour de justice, cour suprême, cour commune de justice et d'arbitrage de l'OHADA, cour de justice et cour des comptes de la CEEAC et de la CEMAC, cour de justice de la CEDEAO, cours de l'UEMOA, cour africaine des droits de l'homme et des peuples, cour internationale de justice, cour pénale internationale. Le tableau est complété par les juridictions non étatiques qui se consacrent à l'arbitrage, à la médiation, à la conciliation, à la transaction... L'autre axe s'intéresse aux métiers de la justice, notamment à ceux qu'exercent les magistrats, avocats, huissiers de justice, notaires, fonctionnaires des greffes, personnel de l'administration pénitentiaire, officiers et agents de la police judiciaire, mandataires de justice. Le dernier axe s'intéresse aux principes fondateurs communs qui encadrent le service public de la justice et le procès : continuité, publicité, égalité, gratuité, indépendance, impartialité, dispositif...

03/2021

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Actualité politique France

Surf

Journal de crises au coeur du pouvoir. " En cette nuit du 14 mars 2020, veille du confinement général, dans la salle Jean-Dausset du ministère, les fortes personnalités et les gros caractères qui se font face n'ont pas tous basculé, pas encore. Si chacun a compris qu'il est vain de livrer une bataille dont l'issue vient d'être rendue publique par le chef du gouvernement, je perçois le malaise, voire la colère monter chez certains. Au cours d'une pause, je m'approche de l'un d'eux, que je connais bien, qui travaille sous ma direction. Je le sens particulièrement tendu, effaré. Lui ne comprend pas. La seule bascule qu'il pressent est celle de notre pays dans le chaos. "Mais enfin, c'est du délire, ce qui se passe, vous devenez tous dingues et toi, tu en rajoutes, tu les pousses au crime ! Vous vous rendez compte de ce que vous êtes en train de faire ? me dit-il. - ; Nous n'avons pas le choix. J'ai vu ce qui se passe en Italie, je vois ce qui monte de nos hôpitaux. Nous n'avons pas le choix. ' " Des Conseils de défense et de sécurité nationale aux rencontres avec les familles des victimes, du personnage Didier Raoult à la campagne de vaccination, des antivax aux centaines d'heures de débat parlementaire, Olivier Véran témoigne, avec réalisme et humilité, de ses victoires et de ses doutes, de ses fiertés et de ses remises en question. Son récit révèle en détail le quotidien d'un ministre de la Santé devenu porte-parole du gouvernement et de ses équipes au coeur de la gestion des crises, dans l'ombre des fureurs médiatiques et loin des procès d'intention. Il témoigne par-dessus tout des combats d'une vie, conjugués à ceux de tout un pays.

09/2022

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Faits de société

Affaire Mis et Thiennot. La contre-enquête

Qui a assassiné le garde-chasse Louis Boistard, dont le corps criblé de quatre coups de fusil est retrouvé, le 31 décembre 1946, dans un étang de la Brenne, à l'ouest de l'Indre ? Selon la police, la culpabilité de Raymond Mis et Gabriel Thiennot, deux jeunes paysans chassant dans les environs au moment du crime, est une certitude. Après plusieurs jours de garde à vue, ces derniers confessent le meurtre, avant de se rétracter, alléguant des tortures policières. Dès lors, le doute plane, alimenté par les carences lourdes d'une enquête menée tambour battant. Les deux chasseurs auraient-ils été, comme le prétend le journal La Marseillaise, choisis comme boucs émissaires en raison de l'engagement communiste de l'un et des origines polonaises de l'autre ? Au terme de trois procès à couteaux tirés, sur fond de sombres tentatives d'intimidation de témoin et de rumeurs impliquant une conspiration ourdie par un riche propriétaire terrien de la région, Mis et Thiennot seront condamnés aux travaux forcés, avant d'être graciés en 1954. Tout au long de cette saga judiciaire, l'une des plus célèbres du XXe siècle, hommes politiques, avocats, membres de la société civile se déchirent autour de la culpabilité des deux hommes, dans une France rurale minée par les rancoeurs et les rivalités d'après-guerre. Aujourd'hui encore, soixante-quinze ans après les faits, la validité de leur condamnation reste un sujet de débat brûlant, et une énigme sur laquelle Jean-Louis Vincent, ancien commissaire, mène la contre-enquête. Jean-Louis Vincent, ancien commissaire de police, a consacré une part importante de son activité ces dernières années à reconstituer des affaires criminelles célèbres. Il est l'auteur d'Affaire Dominici. La contre enquête (Vendémiaire, 2016) et d'Affaire Ranucci, du doute à la vérité (François Bourin, 2018).

03/2022

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Biographies

L'ivresse artiste. Double portrait Baudelaire - Flaubert

Baudelaire et Flaubert : sous forme de " double portrait " autour de leur oeuvre comme de leur vie, ce livre nous offre une lecture croisée (sur les plans biographique, littéraire, poétique, philosophique, psychologique, artistique, historique, sociologique, politique...), une étude comparée de leurs nombreux points communs, sinon de ce qui les lie intellectuellement. Parmi ces points : leur scepticisme philosophique (Montaigne, La Boétie...) et leur pessimisme existentiel (Schopenhauer, Nietzsche...), leur rapport critique avec le romantisme (même s'ils apprécient tout particulièrement Byron, Goethe et Chateaubriand), leur vision politique et sociale (rebelle, anti-bourgeoise et anticonformiste, voire "anti-démocratique", par leur côté "conservateur" et même "élitiste"), leur procès pour outrage aux moeurs (Les Fleurs du Mal et Madame Bovary, publiés la même année, en 1857), leur réflexion critique concernant la religion (leur anticléricalisme, bien que tous deux catholiques), leur relation à la fois conflictuelle et passionnée avec leur mère (Flaubert, à ce propos, a rencontré, lors d'un dîner, celle de Baudelaire, Madame Aupick, veuve du détesté Général), leur vision du rapport amoureux, leurs multiples et féconds échanges épistolaires, leur conception de l'art et même certaines "critiques d'art" (dont un élogieux article de Baudelaire, dans une revue appelée "L'Artiste", consacré à Madame Bovary, alors cloué au pilori), leur culte du beau (dans l'écriture, le style et la recherche de perfection formelle), leur dandysme (l'aspect théorique, dans un texte tel que Le Peintre de la vie moderne, chez Baudelaire, et l'aspect pratique, chez certains héros des romans,comme L'Education sentimentale ou Salammbô, de Flaubert). Ainsi, ce livre original, sérieux, riche et rigoureux à la fois, s'avère fascinant à plus d'un titre. Il paraît, en 2021, à l'occasion de l'anniversaire des 200 ans de la naissance de ces deux géants de la littérature française, sinon universelle, du XIXe siècle. Ils demeurent plus actuels que jamais...

03/2021

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Criminalité

Mis et Thiennot. Une vie de combat

C'est un dossier hors-norme, qui hante la justice française depuis trois quarts de siècle : l'une des erreurs judiciaires les plus retentissantes de l'après-guerre. L'affaire Mis et Thiennot débute un jour de décembre 1946, en Brenne, région de landes et d'étangs du centre de la France, quand on découvre le corps sans vie d'un garde-chasse de la propriété Lebaudy. Huit jeunes chasseurs sont suspectés, puis interrogés, une semaine durant, dans la mairie de Mézières. Sous les coups et les sévices infligés par les enquêteurs, à bout de forces, ils avouent le meurtre. Et se rétractent dès leur arrivée à la prison de Châteauroux. Condamnés à quinze ans de travaux forcés, ils ne cesseront jamais de clamer leur innocence. En 1980, Léandre Boizeau publie Ils sont Innocents, une contre-enquête fondée sur le témoignage de nombreux protagonistes et l'examen minutieux du dossier d'instruction. Toutes les preuves sont là pour les disculper. Depuis lors, avec le Comité de soutien pour la révision du procès, il se bat pour que l'institution reconnaisse enfin son erreur. Cette lutte acharnée doit beaucoup à l'intolérance viscérale à l'injustice qui est la sienne et aux personnalités hors du commun de Raymond Mis et Gabriel Thiennot, combattants jusqu'à leur dernier souffle. Ensemble, ils ont bouleversé la France. C'est cette bataille que Léandre Boizeau nous conte dans ce récit qui n'oublie rien, ni les faits, ni les femmes, ni les hommes qui ont refusé de se soumettre, pour qu'enfin justice soit rendue. Une bataille qui a permis d'obtenir de l'Assemblée Nationale, en 2021, une modification de la loi ouvrant la voie pour une septième requête en révision. Plus de 75 ans après les faits !

03/2022

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Droits de l'homme

Vulnérabilités et accès au juge. 35

Le droit à l'accès au juge bénéficie de longue date de solides fondements textuels. Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales consacrent ce droit et en font un principe directeur du procès équitable. Il en est de même à l'échelle nationale. Pourtant, en dépit de cette reconnaissance, la mise en oeuvre effective du droit d'accès au juge peut parfois être limitée pour les sujets vulnérables et se heurter à certains obstacles, alors même que la situation de vulnérabilité devrait précisément conduire à renforcer la protection de ces sujets, au besoin par un recours au juge. Mais alors, encore faut-il envisager les diverses formes et sources de cette vulnérabilité. Le juriste n'ignore en effet pas que cette notion, loin d'être unitaire et uniforme, se conjugue aujourd'hui au pluriel. Dans cette perspective, l'ouvrage a pour ambition de dresser non seulement un bilan, mais aussi un examen prospectif, des diverses vulnérabilités en les confrontant chacune à l'effectivité du droit d'accès au juge du sujet vulnérable. La vulnérabilité s'entend-elle de la même façon selon les différentes branches du droit et situations juridiques envisagées ? L'accès au juge du sujet vulnérable est-il restreint ou facilité dans les mêmes termes en matière civile, administrative ou pénale ? L'accès du sujet vulnérable au juge national est-il affirmé dans des termes similaires que pour le juge européen ou international ? L'ouvrage se propose de répondre à ces quelques questions, et à bien d'autres encore, par une étude thématique qui témoigne de la richesse de la matière et de l'intérêt d'y consacrer une réflexion juridique approfondie.

04/2023

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Actualité médiatique France

Noyade d'état. La mort de Philippe de Dieuleveult

Cet été 1985, alors qu'il participait à une expédition traversant l'Afrique d'est en ouest, Philippe de Dieuleveult – bien connu des français pour son émission La Chasse aux trésors dans les années 80 – disparaît mystérieusement avec ses six compagnons au moment de franchir les rapides d'Inga du fleuve Zaïre... Si l'aventure s'annonçait périlleuse, les détails troublants s'accumulent, mettant à mal la thèse de l'accident par noyade que les gouvernements français et zaïrois s'empressent de défendre. Des témoins qui se taisent ou disparaissent... Des corps introuvables ou faussement identifiés... De mensonges en manipulations... Tout porte à croire que ce qui s'est réellement passé ce jour-là à Inga ne correspond pas au discours officiel. Qu'est-il arrivé à l'expédition Arica-Raft ce 6 août 1985 ? Et pourquoi ? Pendant trente ans, un des frères de Philippe, Jean de Dieuleveult, s'est battu pour connaître la vérité. A sa mort, c'est Alexis – son fils et filleul de Philippe – qui tient à rendre hommage au combat de son père Jean et crier des vérités sur la mort de son parrain Philippe. Il dévoile ainsi les coulisses – méconnues du grand public – de cette troublante affaire que la famille Dieuleveult considère être un véritable scandale d'Etat. NOUVELLE EDITION "Depuis la sortie du livre, il s'est passé beaucoup d'évènements (rencontres, entretiens, découvertes d'archives...) que j'ai mis par écrits. 60 pages complémentaires "Partie inédite 2022 - Je ne veux pas me taire" à l'occasion de la sortie d'un documentaire de 95mn sur France TV. Cette partie inédite apporte des éléments nouveaux, jamais publiés (procès-verbaux et télégrammes diplomatiques de l'époque) qui éclairent la vérité sur cette histoire."

10/2022

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Littérature étrangère

Un maire en sursis

Igor Louchtchenko, maire d’une grande ville qui pourrait bien être Moscou, vit en concubinage avec Aliona Sabourova, la femme la plus riche de Russie. Heureux de sa réussite, il l’est jusqu’au jour où, six mois après son élection, il décide de supprimer une grande partie des kiosques commerciaux de la ville pour des raisons sanitaires et esthétiques. La date de fermeture doit coïncider avec l’ouverture d’un hypermarché construit par son épouse. Tout irait bien si, ayant décidé de construire un hypermarché concurrent, l’entrepreneur Piotr Kozine, propriétaire d’une grande partie de ces kiosques très rentables, ne tentait pas de résister. Entre les deux s’engage une lutte pour les parts de marché. Sabourova est une adversaire rusée : elle parvient à faire bloquer le chantier pour non-respect de normes sanitaires… La guerre est immédiatement déclarée. Campagne de calomnies, meurtres et procès, tout est bon pour faire tomber le maire. L’avocat Artiom Pavlov réussira-t-il à empêcher ce véritable assassinat politique ? Toute la question est là, et la réponse donnée par l’auteur n’est guère rassurante.   Deuxième roman d’Astakhov, Incitation au meurtre éclaire de nombreuses affaires qui ont défrayé la chronique moscovite et révèle un monde dont même les spécialistes étrangers de la politique intérieure russe ne soupçonnent pas tous les dessous. Le personnage principal du roman, Igor Louchtchenko, est ainsi inspiré de l’ancien maire de Volgograd, Evgueni Ichtchenko, qu’Astakhov a eu l’occasion de défendre avec succès devant la justice. Mais Louchtchenko évoque aussi par beaucoup d’aspects, y compris son nom, le maire de Moscou, Iouri Loujkov, limogé en septembre dernier par un président Medvedev qui disait « n’avoir plus confiance en lui ».

06/2011

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Restauration

Dominique-François-Marie de Bastard d'Estang. Un idéal de justice (1783-1844)

Le comte de Bastard est un oublié de l'Histoire. Pourtant, durant la Restauration et la monarchie de Juillet, il a contribué à la construction de l'histoire politique et sociale de la France. Il a oeuvré comme haut magistrat et pair de France pendant une période agitée et turbulente, héritière des soubresauts du plus formidable emballement de l'Histoire que la Révolution et l'Empire ont provoqué. Ses décisions comme juge et ses prises de position comme législateur permettent de découvrir des événements méconnus ou mal connus telles les conspirations bonapartistes en Lyonnais et en Dauphiné, de connaître autrement des événements célèbres, tels l'assassinat du duc de Berry, héritier du trône en 1820, ou le procès des ministres de Charles X en 1830, de décrypter les enjeux et débats sociétaux et politiques autour de la presse, de la justice, de la religion et aussi du duel, de percevoir des fractures territoriales notamment entre Paris et la province et de mesurer les évolutions de la société sur les questions des agressions sexuelles et de l'esclavage. Parce que sa carrière dévoile un large éventail d'aff aires judiciaires et de débats politiques, le comte de Bastard nous présente le panorama de la société française sur un quart de siècle et il nous fait assister à la naissance de la France moderne. Il off re aussi une autre manière de raconter l'Histoire de France, entre grande histoire et petite histoire, entre histoire nationale et micro-histoire. Marie-Claude Revol est née le 9 juin 1955. Docteur en droit, elle est retraitée de la magistrature judiciaire. Elle a déjà publié aux éditions Persée Histoire politique et sociale de Briançon XVIIe-XVIIIe siècles.

02/2023

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Architectes

Antoni Gaudi. L'architecte de Dieu

L'architecte Antoni Gaudí est mondialement connu et sa production d'une originalité inégalée. Son oeuvre, unique en son genre, constitue l'un des pôles d'attraction de Barcelone. Il est vrai que son art ne se comprend qu'au regard de la foi, lui qui a conçu la Sagrada Familia, son chef-d'oeuvre, comme une bible de pierre, une "forêt de symboles" pour élever l'âme vers Dieu. L'Église a d'ailleurs initié son procès de béatification, ce qui ferait de lui le premier architecte laïc reconnu bienheureux. Si tous ont entendu parler de l'architecte, qui connaît l'homme ? Cette biographie en français, parmi les toutes premières, sonde le mystère de ce génie, incompréhensible sans le cheminement intérieur de celui qui fut d'abord un jeune dandy avant de renoncer au tourbillon barcelonais.  Les péripéties et rebondissements sont absents de la vie sociale de Gaudí. L'architecte catalan n'est pas un héros, mais un aventurier de Dieu, à tel point qu'il finira sa vie dans la solitude et la pauvreté. Son parcours de marginalité et d'humilité n'est pas sans soulever beaucoup de questions abordées ici : était-ce un génie ou un fou ? A-t-il été influencé par la franc-maçonnerie ? Quels sont ses liens avec la terre et la culture catalanes ? À quoi ressemblait le quotidien de ce moine architecte ? À l'ombre de la cathédrale se dessine alors le portrait d'un homme à la dimension de son oeuvre ! Patrick Sbalchiero est docteur en histoire (EPHE), journaliste, et auteur d'une vingtaine d'ouvrages dont certains traduits en plusieurs langues. Il est l'un des spécialistes reconnus de l'histoire des expériences mystiques et des faits non élucidés.

05/2022

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Romans policiers

Total Kaos

Le premier volume, TOXIQUE, paru sur Amazon sous mon nom d'auteur, Dominic Courcy, , relate le parcours sanglant d'un serial-killer charismatique, Max Roarsky, accompagnée de son apprentie, Angeline. Cet opus passe de sa capture par la police à son procès, puis finalement son évasion grâce à l'aide d'une ex-flic, Marion Stoken, qui, après l'avoir pourchassé, décide de le rejoindre dans son parcours obscur. Lors de cette épopée, un seul flic, François Péqueur, a vu clair dans son jeu et se lance à sa poursuite. TOTAL KAOS prolonge son histoire par l'opération complexe que monte Max avec l'appui de son organisation, La Légion, pour tenter de renverser la société. Après avoir élaboré, depuis sa planque dans la profonde forêt alsacienne, un plan de grande envergure avec ses lieutenants, l'heure est maintenant venue de passer à l'action. Une équipe de policiers de la Brigade de Recherche et d'Intervention Nationale dirigée par Péqueur, parviendra à retrouver sa trace. Ce sont des petits cailloux qui vont les guider, semés, entre autres, par l'évasion sanglante de son ancienne complice, Angeline, mais aussi grâce aux indices laissés par l'ex-flic, Marion Stoken, qui poursuit en parallèle sa vengeance en éliminant tous ceux qui ont provoqué son renvoi. Après une opération commando de grande ampleur, les membres de La Légion se trouveront face à face avec les forces de police dans la forêt vosgienne. Au sortir de cet affrontement meurtrier, Max parviendra à s'échapper avec certains de ses lieutenants. Péqueur, dans une soif de vengeance, va démissionner pour poursuivre ce tueur qui a provoqué la mort de sa compagne ainsi que celle d'un des membres de son équipe. La traque continue dans un troisième volume en cours d'écriture où elle trouvera son épilogue

03/2023

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Littérature Italienne

Gênes 2001 suivi de Gênes 2021

Journal des "événements" tragiques survenus à Gênes en juillet 2001 lors du sommet du G8, Gênes 01 retrace la violente répression des manifestations altermondialistes par la police et les carabiniers italiens. Proche de l'asphyxie et rythmé de jets de balles lacrymogènes, cet oratorio politique donne la parole aux acteurs de la tragédie. Au terme de trois jours d'émeute et de répression sanglante, le bilan est lourd : 600 blessés du côté des manifestants, près de 200 voitures brûlées, et un mort, Carlo Giuliani, 23 ans, militant "no global" tué par balles à la tête par un policier. L'acmé de la tragédie composée par Paravidino évoque le dernier jour du sommet : l'assaut de l'école Diaz où s'étaient réfugiés des militants issus de médias alternatifs, détenant des preuves de violences policières. Séquestrés pendant trois jours à la caserne de Bolzaneto, ils subissent de nombreux sévices, violences et humiliations. Ce qu'Amnesty International qualifia de "plus grande violation des droits humains et démocratiques dans un pays occidental depuis la Seconde Guerre mondiale" donna lieu à un acquittement des forces de l'ordre, accusées d'abus de pouvoir, de violences, d'injures et de coups, et de "falsification de preuves" , lors de leur procès en mars 2008, en vertu d'une loi d'amnistie instaurée en 2006. Les tortures ne seront officiellement reconnues par les autorités policières italiennes qu'en 2017. L'appendice Gênes 2021 revient sur le chemin politique et social parcouru depuis le G8. y Passant au crible le système idéologique de l'économie libérale, Fausto Paravidino souligne, de sa plume ironique, les dérives de plus en plus grossières d'un système capitaliste au service des puissants.

05/2022

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Faits de société

La méprise. L'affaire d'Outreau

Outreau a ce pouvoir des histoires simples et qui font peur : chacun s'y retrouve et chacun s'y perd. Ce livre était presque achevé lorsqu'il m'est arrivé, à moi aussi, une histoire. Je suis partie en Irak le 15 décembre 2004. Je devais y rester un mois et terminer la rédaction à mon retour, pour le procès en appel prévu en mai 2005 aux assises de Paris. J'ai été enlevée le 5 janvier à l'université de Bagdad. En captivité, là-bas, je ne pensais pas que je finirais le livre. Non pas qu'il ne m'intéressait plus, mais j'étais persuadée que je ne serais jamais rentrée en France au moment où les Assises auraient lieu. Après, le rideau retomberait sur Outreau, plus personne ne voudrait en entendre parler. Quand on est enfermé, un rien peut vous briser. Je ne voulais plus penser à cette affaire à laquelle il me fallait désormais renoncer. Pendant ces mois-là, je me suis donc efforcée de ne plus jamais avoir Outreau en tête. C'était une entreprise délibérée. J'effaçais chaque visage, chaque souvenir, chaque mot dès que, par hasard, l'un d'eux m'apparaissait. Je suis rentrée le 12 juin 2005. Les Assises avaient été reportées, le manuscrit interrompu était dans mon ordinateur et moi, j'avais réussi ce que je voulais : j'avais tout oublié d'Outreau. J'ai été surprise en relisant ce que j'avais écrit. Comment un accusé avoue ce qu'il n'a pas commis ou pourquoi un magistrat acte des déclarations si farfelues qu'elles feraient rire les enfants, ces choses qui me semblaient compréhensibles mais obscures, ces ténèbres-là m'étaient devenues étrangement familières. J'ai recommencé le livre.

10/2005

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Religion

La foi du souvenir. Labyrinthes marranes

A travers la série de portraits marranes qu'il dresse, Nathan Wachtel retrace les itinéraires de ces juifs du secret, espagnols et portugais, convertis de force à la foi catholique à partir de la fin du XIVe siècle. Certains qui ont fui l'Europe pour chercher refuge en Amérique établissent des réseaux de solidarité transcontinentale et contribuent à la création d'une économie ouvrant les voies à la modernité. Sur le plan religieux, à la fois juifs et chrétiens, dedans-dehors, les marranes développent des formes de pensée sceptique qui conduisent à la vision d'un monde moins dogmatique, plus complexe, plus relatif, plus tolérant : penser à Montaigne et à Spinoza. Du pauvre hère que fut juan Vicente au richissime trafiquant d'esclaves Manuel Bautista Perez, de l'érudit Francisco Maldonado de Silva à la " rustique " Theresa Paes de Jesus, l'auteur explore la condition marrane comme lieu des drames, des angoisses et des mutations de l'Occident moderne. Au scrupule de l'historien qui restitue le contenu des procès consignés dans les vieilles archives inquisitoriales, Wachtel allie le souci de l'anthropologue : au printemps 2000, il fait le lien entre le passé et le présent, rencontrant au Brésil des marranes contemporains. Faisant bon usage de l'anachronisme, et tout en soulignant les différences, Nathan Wachtel rapproche la péninsule Ibérique des XVe et XVIe siècles de l'Allemagne nazie du XXe. Dans les deux cas, c'est une " logique du sang " qui a mis un terme à la réussite des processus d'assimilation, rejetant les juifs hors de la communauté des vivants. Après La Vision des vaincus (1971) et Le Retour des ancêtres (1990), La Foi du souvenir est le dernier volet d'une trilogie dont le fil conducteur serait celui d'une " histoire souterraine " des Amériques, entre mémoire et oubli.

09/2001

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Droit

Juger. L'Etat pénal face à la sociologie

Pendant plusieurs années, Geoffroy de Lagasnerie s’est rendu à la cour d’assises de Paris. Il a vu être jugés et condamnés des individus accusés de braquage, d’attentat, d’assassinat, de coups mortels, de viol. A partir de cette expérience, il propose une réflexion sur l’Etat pénal, le pouvoir et la violence. Nos manières de rendre la Justice s’inscrivent dans un système général et a priori paradoxal : pour juger, les procès construisent une narration individualisante des acteurs et des causes de leurs actes ; mais, pour réprimer, ils transforment chaque action interindividuelle en agression contre la «société» ou contre l’Etat. Comment comprendre ce système du jugement et de la répression et ce jeu des catégories pénales ? La Loi est souvent présentée comme instaurant le règne de la raison contre les réactions passionnelles. Ne produit-elle pas en réalité des effets de dépossession et du traumatisme ? A quelles conditions une sociologie critique pourrait-elle nous donner les moyens d’imaginer un droit moins violent, un Etat moins souverain et une justice plus démocratique ? En mêlant récits et analyses théoriques, Geoffroy de Lagasnerie montre que l’institution judiciaire ne forme pas seulement une réponse à la délinquance. La scène du tribunal, où un individu est forcé de comparaître devant des juges, est un miroir grossissant de notre appartenance à l’Etat. Si bien que, au bout du compte, cet ouvrage offre une exploration de notre condition de sujet politique. Geoffroy de Lagasnerie, philosophe et sociologue, est professeur à l’Ecole nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy. Il est l’auteur notamment de L’Art de la révolte. Snowden, Assange, Manning (Fayard, 2015), La Dernière Leçon de Michel Foucault (Fayard, 2012), Logique de la création (Fayard, 2011).

01/2016

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camps, déportation

Un album d'Auschwitz. Comment les nazis ont photographié leurs crimes

Entre mi-mai et début juillet 1944, des centaines de milliers de Juifs hongrois sont déportés à Auschwitz-Birkenau. Pour témoigner auprès de leur hiérarchie de la "bonne mise en oeuvre" de cette opération logistique d'envergure, des officiers SS photographient les étapes qui mènent de l'arrivée des convois jusqu'au seuil des chambres à gaz, ou du camp pour la minorité qui échappa à la mort immédiate. Ces photographies, connues sous le nom d' "Album d'Auschwitz" , ont été retrouvées par une rescapée, Lili Jacob, à la libération des camps, avant de servir de preuves dans différents procès et de faire l'objet de plusieurs éditions. Certaines d'entre elles sont même devenues iconiques. Par-delà l'horreur dont elles témoignent, ces images restent pourtant méconnues et difficiles d'interprétation. Ce livre permet d'y jeter un regard neuf. Préfacé par Serge Klarsfeld, fruit de cinq années de recherches franco-allemandes, il analyse l'album dans ses multiples dimensions. Pour quelle raison a-t-il été réalisé et quand ? Comment a-t-il été constitué ? Que peut-on voir, ou ne pas voir, sur ces photographies ? Trois historiens reconnus et spécialistes de la persécution des Juifs d'Europe, Tal Bruttmann, Stefan Hördler, Christoph Kreutzmüller, ont mené un remarquable travail d'enquête, recomposant les séries de photographies, analysant des détails passés inaperçus, permettant un travail d'identification et de chronologie inédit. Dans le même temps, c'est une véritable réflexion sur l'usage des images et de la photographie, de leur violence potentielle mais aussi de leur force de témoignage et de preuve que les historiens proposent. Ce faisant, ils élargissent la connaissance tout en redonnant vie, mouvement et dignité aux personnes photographiées quelques minutes avant une mort dont elles n'avaient pas idée.

01/2023

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Littérature anglo-saxonne

Le Journaliste et l'Assassin

S'aventurer dans la lecture d'un livre de Janet Malcolm est une tâche aussi passionnante que dangereuse. Il faut parfois effectuer maints détours pour approcher et saisir le coeur de ce qui nous concerne. Le Journaliste et l'Assassin ne fait pas exception et c'est par le biais d'un fait divers que Janet Malcolm interroge la relation entre l'écrivain et son sujet. L'histoire est à tiroirs : le 17 février 1970, une mère et ses deux fillettes sont retrouvées assassinées dans leur appartement. Jeffrey MacDonald, le père blessé, ancien médecin militaire, est d'abord innocenté avant que les soupçons nombreux n'en fassent le principal suspect. Un écrivain sans succès, Joe McGinniss, s'intéresse à l'affaire et entre en contact avec le présumé coupable et ses avocats. Une relation d'amitié naît, les deux hommes se côtoient jusqu'au procès, échangent, s'écrivent, se confient jusqu'au verdict qui condamne MacDonald à la prison à vie. Accablé, l'écrivain ne cesse de témoigner son affection et sa tristesse dans leur correspondance. Quatre ans plus tard, le livre paraît. Mais à la grande stupéfaction du prisonnier, celui qu'il croyait être son ami offre un portrait à charge d'un homme qu'il considère comme un psychopathe et dont la culpabilité est à ses yeux une certitude. MacDonald du fond de sa cellule attaque le journaliste pour "tromperie et violation du contrat". C'est le début d'une folle affaire judiciaire dont l'objet n'est autre que ce dilemme moral posé à quiconque s'empare par la plume de la vie des autres. Le journaliste qui n'est ni trop bête ni trop imbu de lui-même pour regarder les choses en face le sait bien : ce qu'il fait est moralement indéfendable.

01/2024

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Ouvrages généraux et thématiqu

L'honneur perdu de Benjamin Ullmo

Benjamin Ullmo est l'héritier d'une riche famille lyonnaise investie dans la soierie. On le croyait destiné à prendre en mains l'entreprise familiale mais il préfère choisir le service de la Marine et va sortir officier de l'Ecole Navale. A Toulon, il fait la connaissance de Marie-Louise Welsch, dite Lison, une chanteuse alsacienne de second ordre, très belle, qui partage avec lui la fréquentation des fumeries d'opium. Outre la passion pour la drogue, le couple aime le luxe et dépense inconsidérément, pendant que l'héritage du père de Benjamin fond à grande vitesse. Fou d'amour, Benjamin craint de voir sa belle s'éloigner de lui et cherche le moyen de maintenir son train de vie. Comme il est commandant en second d'un bateau dont le coffre contient des documents secrets de défense nationale, il conçoit naïvement le plan d'exercer un chantage auprès du ministre de la Marine en menaçant de livrer les documents à l'Allemagne, sauf si on lui verse 150000 francs. (Nous sommes à peine sortis du conflit de 1870, et chacun se méfie de supposés espions d'outre-Rhin. En tant qu'Alsacienne, Lison est soupçonnée par certains d'être une espionne allemande potentielle.) Ullmo se trouve embarqué dans une affaire qui le dépasse ; il est arr?té au moment de procéder à l'opération d'échange avec un représentant du ministère. Il est jugé, dégradé en place publique en février 1908 et déporté en Guyane. Ce qui est fascinant dans cette histoire, c'est de voir comment un homme normal peut être emporté par la passion amoureuse au point de commettre un acte totalement insensé dont il ne mesure pas les conséquences. C'est aussi le contexte historique, son procès intervenant peu après la grâce de Dreyfus conduit au sursaut des anti-dreyfusards qui espèrent prendre leur revanche.

09/2023

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Histoire de France

Le pape et le roi. 7 septembre 1303

Ce samedi, à l'aube, la paisible ville d'Anagni, où le pape Boniface VIII séjourne dans son palais pontifical, est investie par des centaines d'hommes armés, conduits par un émissaire de Philippe le Bel. Ils ont ordre de se saisir de la personne du souverain pontife et de lui signifier sa mise en accusation pour hérésie. Violences, pillages, des morts, des blessés, et voici le vicaire du Christ, assis face à ses agresseurs, coiffé de la tiare et serrant dans ses mains un crucifix taillé dans le bois du Golgotha. Bientôt le peuple s'émeut, se révolte et fait libérer le pape captif. Que signifie la présence du confident d'un roi de France à la tête d'une meute de soudards ? Que cherche Philippe le Bel ? Pourquoi ce procès en hérésie intenté au chef de la chrétienté ? Comment le pape et le roi en sont-ils venus à cette extrémité ? Telles sont les questions que tente d'élucider cet ouvrage. Il reconstitue les termes et les enjeux d'une controverse inséparablement théologique et politique, brosse le portrait des deux figures exceptionnelles qui dominent ce théâtre éclatant, interroge les théories et les arguments mobilisés par les deux camps, avant de décrire le cheminement qui a conduit fatalement à cette guerre des principes. Le pape entendait exercer une autorité directe sur les princes temporels. Le roi affirmait détenir son pouvoir de Dieu seul. C'est cette autonomie sacrale qui donnera plus tard sa physionomie à la nation France. L'épreuve d'Anagni porte déjà en germe ce qu'on appellera plus tard le gallicanisme. C'est alors également que sont réunis pour la première fois les Etats généraux du royaume. La France entre dans une nouvelle ère.

03/2010

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Thrillers

Memories

A l'aube, une jeune femme, vêtue d'une simple chemise de nuit, est découverte gravement blessée au fond d'un fossé le long d'une route de campagne. Elle ne se souvient de rien, sauf d'un prénom : EMILIE. Aucun signalement de disparition, aucun témoin. Son identité est un mystère. Cependant, la découverte d'un objet tranchant à ses côtés et de traces d'ADN relevés sur ses vêtements la plonge au coeur d'une affaire criminelle. En attendant son procès, Emilie est détenue à l'hôpital psychiatrique, et confiée au renommé Professeur Berthier. Malgré les éléments incriminants, le psychiatre refuse de croire en la culpabilité de sa patiente. Il implore alors l'aide d'Adam, un ami thérapeute prêt à braver l'interdit pour contribuer à prouver son innocence. La thérapie devient ainsi un périple vers l'inconnu, où chaque révélation est une pièce du puzzle psychologique qui compose Emilie, compliquant davantage l'affaire. Quelle est la véritable nature de la jeune femme, et quels sont les événements qui l'ont conduite à cet état ? Adam, en lutte permanente contre ses propres démons, se laisse peu à peu séduire par le charme énigmatique d'Emilie, dont l'apparente fragilité dissimule une dualité troublante. Au fil des heures, la frontière entre réalité et illusion s'estompe, mettant à l'épreuve la confiance d'Adam envers la jeune femme et en lui-même. Pourtant, tous les détails ont une importance... Ils n'ont qu'une journée. Parviendront-ils à dévoiler le passé, ou sont-ils déjà tous prisonniers des secrets qu'il renferme ? Plongez dans ce roman psychologique intense où la frontière entre innocence et culpabilité s'efface dans l'obscurité des souvenirs retrouvés. Une intrigue envoûtante qui vous captivera jusqu'à la dernière révélation...

04/2024

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Assurances

Code des assurances, code de la mutualité. Annoté & commenté, Edition 2023

Tous les textes indispensables à la pratique et à la compréhension du droit des assurances Les + de l'édition 2023 : - Richesse des annotations et des textes complémentaires ; - Code de la mutualité inclus ; - Inclus : le Code en ligne, enrichi, annoté et mis à jour en continu. Le code des assurances Dalloz comprend le code des assurances proprement dit, les textes indispensables à la compréhension de la matière, le code de la mutualité compte tenu de la proximité de la matière et des acteurs pour ce qui concerne les règles financières et la prévoyance. Il est complété de commentaires, d'annotations de jurisprudence constamment actualisées et de bibliographies approfondies. Il aborde également : - la responsabilité civile de droit commun, - la responsabilité des constructeurs, - les accidents de la circulation, - la protection des consommateurs, - la convention AERAS révisée, - l'intervention de l'assureur au procès pénal, - les recours des organismes sociaux, - l'indemnisation des victimes d'infractions, - les marchés publics, - les agents généraux, - les courtiers, - les assurances obligatoires. Cette 29e édition est à jour notamment : - du décret n° 2022-1361 du 15 octobre 2022 et de l'arrêté du 25 octobre 2022 sur le cadre prudentiel du Fonds de garantie des assurances obligatoires de dommages et du Fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme et d'autres infractions ; - la loi n° 2022-1158 du 16 août 2022 sur les mesures d'urgence pour la protection du pouvoir d'achat ; - de l'ordonnance n° 2022-1075 du 29 juillet 2022 sur le développement des outils de gestion des risques climatiques en agriculture ; - du décret n° 2022-1018 du 20 juillet 2022 Msu la mse à jour dans le code des assurances de certains montants libellés en euros prévus dans la directive 2009/138/CE du Parlement européen et du Conseil du 25 novembre 2009.

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Rome

Les larmes de Rome. Le pouvoir de pleurer dans l'Antiquité

La version poche d'un ouvrage devenu référence. Dans la Rome antique, les larmes étaient même un adjuvant du politique, l'arme des orateurs et le moyen de se distinguer du vulgaire. Une originale plongée dans la société de conquérants impitoyables, mais sentimentaux ! Aussi surprenant que cela puisse paraître, les larmes coulent en abondance chez les Romains. Les empereurs, le peuple, les sénateurs, les soldats pleurent. Débats publics, procès ou ambassades, tout est prétexte aux déversements d'émotions. Plus que les Grecs, déjà grands pleureurs, les Romains ont la larme facile. La variété du vocabulaire latin vient l'attester. Les verbes flere, deflere, lacrimare, deplorare, complorare, gemere, lugere, complangere, plangere, queri, désignent tous l'action de pleurer, de se lamenter, parfois de manière bruyante et spectaculaire, gestes à l'appui : on se frappe la poitrine, on lacère ses vêtements, on griffe son visage, on se roule par terre. Les Romains s'épuisent à pleurer, leurs yeux s'y abîment. Souvent dépeints en conquérants impitoyables (ce qu'ils étaient), les Romains sont trop rarement montrés dans leurs moments de fragilité ou d'égarement. Les Romains construisent des routes, des ponts et des villes, ils bâtissent un Empire, mais ne s'abaissent pas à pleurer, pense-t-on. Leur mauvaise réputation de rudesse a jusque-là découragé toute enquête générale sur leurs larmes, là où les lamentations des héros grecs ont déjà fait couler beaucoup d'encre. Dans cette histoire inversée de la force romaine, il faut accepter de ne pas s'y reconnaître, de perdre pied. Les comportements sociaux des Romains, souvent ponctués de larmes, nous dépaysent. Le parcours que propose ce livre est ainsi celui d'un paradoxe : saisir l'étrangeté de ces larmes d'hier si semblables aux nôtres, c'est aussi comprendre qu'elles n'ont pourtant rien de celles d'aujourd'hui.

12/2023

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Poésie

La chasse au snark

Le nonsense délirant de Lewis Carroll et le surréalisme rêveur d'Aragon : un classique d'hier réédité aujourd'hui pour la première fois en bilingue. Depuis sa parution en mars 1876, La Chasse au Snark, l'une des oeuvres capitales et incontestablement la meilleure réussite en vers de son auteur, n'a cessé de fasciner petits et grands. Traduit en français par Aragon en 1929, ce titre compte aujourd'hui parmi les références du fonds Seghers, qu'il était essentiel d'ajouter aux rééditions de poésie étrangère bilingue de la maison. (Une version illustrée sur le mode du roman graphique par Mahendra Singh est parue chez Seghers en 2012.) Les huit épisodes ou " crises " qui composent ce récit en 141 quatrains racontent les aventures d'un équipage de quelques hurluberlus (dont L'Homme à la cloche, un avocat, un banquier, un marchand de bonnets, un agent de change, un castor et Machinchouette) partis en mer à la recherche d'une créature chimérique : le Snark, mot-valise contractant les mots anglais de shark (requin) et de snail (escargot). Débarqués dans l'île du Jabberwock pour capturer la bête, ils la " traqueront avec des gobelets ", la " poursuivront avec des fourches et de l'espoir ", la " menaceront avec une action de chemin de fer ", et la " charmeront avec des sourires et du savon ". L'Avocat rêvera une parodie de procès, le Banquier mourra croqué par un Bandersnatch, et Machinchouette s'évanouira au moment de découvrir que le Snark qu'il avait fièrement dépisté se trouvait être un Boojum. Espèce autrement dangereuse, " voyez-vous ". Au cours de cette épopée, le lecteur est engagé dans quantités de jeux de mots et de sonorités, dont la traduction d'Aragon, extrêmement ludique et accessible, offre de miraculeuses équivalences. Sans doute parce qu'il voyait une " nécessité à traduire même le non-sens "...

11/2023