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Natacha Sarde

Extraits

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Poésie

Cahiers de la Kolyma et autres poèmes

"De 1937 à 1956, je vécus dans les camps et en exil. Les conditions du grand Nord excluent la possibilité décrire et de conserver des récits et des poèmes - à supposer qu'on veuille le faire. Quatre ans durant je n'ai eu ni livres ni journaux. Ensuite il s'est trouvé que de temps en temps on pouvait écrire et garder des poèmes. Beaucoup de ce qui fut écrit - une centaine de poèmes - a disparu à jamais. Quelque chose cependant a été sauvegardé. En 1949, travaillant comme aide-médecin dans un camp, je me trouvai en "mission forestière" et pendant tout mon temps libre j'écrivais : sur les revers et les pages de garde de pharmacopées, sur des feuilles de papier d'emballage, sur des sachets. En 1951, je n'étais plus détenu mais je ne pus quitter la zone de la Kolyma. Je travaillai comme aide-médecin près de Oimiakon en amont de l'Indighirka ; il faisait très froid et j'écrivais jour et nuit dans des cahiers de fortune. En 1953, je quittai la Kolyma et m'établis dans la région de Kalinine près dune entreprise de tourbe. J'y travaillai deux ans et demi comme agent d'approvisionnement technique. Les exploitations de tourbe avec leurs saisonniers, les tourbiers, étaient des endroits où le paysan devenait ouvrier. Ce n'était pas sans intérêt mais je n'avais pas le temps. J'avais quarante-cinq ans, je cherchais à devancer le temps et j écrivais jour et nuit vers et récits. Je craignais chaque jour que mes forces ne m'abandonnent et de ne plus écrire une ligne et de ne pouvoir plus écrire tout ce que je voulais." Varlam Chalamov

11/2016

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Histoire de France

LA CULTURE POPULAIRE DU MOYEN AGE. "Simplices et Docti"

L'histoire médiévale, aujourd'hui, n'est plus considérée uniquement du point de vue des élites intellectuelles (docti) mais également du point de vue des simplices ou illettrés. L'auteur examine dans ce livre la strate inférieure de la culture médiévale qui ne pouvait se réclamer ni de l'Antiquité ni de la patristique et qui avait gardé intacts les liens qui la rattachaient à la conscience mytho-poétique et magique. Aaron J. Gourevitch entend aussi dégager un aspect particulier et néanmoins essentiel, qu'on peut appeler le "paradoxe de la culture médiévale", paradoxe qui naît de la rencontre entre les traditions folkloriques et la doctrine officielle de l'Eglise. Comment ces deux plans pouvaient-ils coexister dans la même conscience ? Quelle était la nature de leur contact? En esquissant une réponse à ces questions, l'historien russe contribue à faire mieux connaître cette mystérieuse conscience médiévale: ainsi, conscience et culture populaires se reflètent dans certains ouvrages rédigés en latin à l'intention des "gens simples" mais qui devaient évidemment être adaptés par les gens d'Eglise. Telles sont les œuvres de Grégoire le Grand ou Césaire d'Arles dont l'essentiel passait dans les sermons. C'est aussi à travers les pénitentiels ouvrages contenant tout ce qui concerne l'imposition de la pénitence - que "l'élite" tente d'éduquer le peuple et d'en éradiquer le paganisme. Elle le tentera aussi dans l'élaboration du programme architectural des cathédrales - autres livres d'enseignement ! Ces efforts, plusieurs fois séculaires, trouveront leur couronnement grandiose dans La Divine Comédie. La description du carnaval permet enfin de donner une vision d'ensemble de la conscience médiévale qui englobe magie, sens du comique, croyances archaïques et religiosité... orthodoxe.

02/1993

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Poésie

Anthologie de la poésie érotique française

Rassemblant plus de 900 poèmes s'échelonnant du XVe siècle au milieu du XXe siècle, cette Anthologie de la poésie érotique française se veut la première à essayer d'être complète. On y trouvera en effet aussi bien les poètes les plus célèbres (Villon, Ronsard, Malherbe, Voltaire, Gautier, Baudelaire, Verlaine, Mallarmé, Rimbaud, Apollinaire, etc...) que d'autres moins connus (Eustache Deschamps, Théophile de Viau, Régnier, Motin, Maynard, Claude Le Petit, Glatigny, Louÿs, Jarry, etc.) voire assez inattendus (Jules Verne). Surtout, quantité d'auteurs anonymes y côtoient une paralittérature d'ordinaire laissée de côté par les anthologies : chansons de salle de garde et de carabins, airs folkloriques ou populaires, couplets " potachiques ", etc. Toutes ces compositions, parfois très anciennes et inédites, ne sont pas les moins prenantes ni les moins épicées. Elles sont regroupées sous des rubriques thématiques - et par ordre chronologique -, qui présentent un panorama aussi divers que pittoresque : mariage, cocufiage, vérole, cléricalisme, politique, sociologie, pastorales, anatomie, techniques, misogynie, hétérodoxie, homosexualités, rêves, parodies, cauchemars, tombeaux... Une préface copieuse et nourrie de citations a pour but de donner au lecteur, en guise d'introduction, une Histoire de la poésie érotique française, qui en fasse mieux saisir à la fois les grandes lignes et le développement historique. Ainsi le panorama que Jean-Paul Goujon propose se caractérise-t-il à la fois par sa variété et par sa richesse. Il permet surtout de mesurer l'intensité inhérente à toute notre poésie érotique : cette soudaine et si particulière force qu'acquiert le langage dans la forme bien définie qu'est le poème. Rien de plus explosif et, parfois, de plus irrésistible, que ces vers qui parcourent toute la gamme du lyrisme érotique, de l'obscénité la plus provocante ou la plus jubilatoire à la rêverie la plus insistante, à la hantise charnelle la plus éperdue.

10/2004

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Histoire internationale

La vie intellectuelle en Chine depuis la mort de Mao

En 1989, l'immense élan démocratique qui soulevait la Chine était réprimé dans le sang. Bien des intellectuels engagés dans le mouvement furent alors contraints de quitter le pays. J'étais l'un d'entre eux. Ce livre est né de l'exil, des réflexions qu'il impose, du nouveau regard qu'il suscite. Pourquoi prêter tant d'attention au parcours des intellectuels ? D'abord parce que, de même que les lettrés étaient au cœur de la vieille civilisation, leurs héritiers, les intellectuels, sont le poumon d'une modernité qui reste à construire, et dont le projet même les divise. Ecartés entre le pouvoir et le peuple, le passé et l'avenir, influencés par un Occident dont ils voudraient s'émanciper, leurs programmes auront souvent été à l'origine des grands mouvements politiques, sociaux et culturels du siècle : leur histoire est celle du pays. Mais, c'est également mon parcours personnel qui m'a incité à me pencher sur cette question. Etudiant à l'université de Pékin, j'ai participé aux mouvements contestataires étudiants des années 1980. Jeune universitaire, je me suis engagé dans les débats de l'époque. Passionné d'art et de littérature, j'ai fréquenté les milieux d'avant-garde. Sociologue et économiste, j'ai mené plusieurs enquêtes sur la société chinoise. L'exil n'a pas entamé mon engagement. Au contraire, grâce aux échanges, de plus en plus nombreux et faciles, entre la Chine et le monde, grâce aussi à mes réseaux personnels, j'ai pu suivre l'évolution de la Chine et de ses intellectuels en observateur privilégié. Avant d'être le propos d'un témoin, ce livre est donc d'abord celui d'un chercheur qui voudrait contribuer à mieux faire comprendre la Chine et les Chinois d'aujourd'hui.

04/2003

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Beaux arts

Vies remarquables de Vivant Denon

IL y a une énigme Vivant Denon. Cet homme qui traversa tout le XVIII siècle, au point d'en être, pour Anatole France, l'expression par excellence, a gardé un étonnant silence sur lui-même. Tour à tour diplomate, joli coeur, espion, courtisan, aventurier, graveur, personnage officiel, collectionneur, il est une figure de la cour de Louis XV et de Louis XVI, de la République, du Directoire, du Consulat et de l'Empire, il s'impose dans l'expédition d'Egypte, dirige la politique culturelle de Napoléon et se trouve à l'origine du musée du Louvre. Il écrit quelques textes, invariablement sujets à des querelles d'attribution, et disparaît des mémoires, apprécié des seuls connaisseurs, pour resurgir soudain, et avec quelle force, dans quelques livres récents. L'étrange parcours (et peut-être le silence) de Dominique Vivant Denon ne manque pas cependant d'exciter très tôt la curiosité; et gravitent, dès le XVIIIe siècle, autour de cette figure secrète, témoignages et hypothèses, évocations et tentatives biographiques. C'est la majeure partie de ces reliquiae, d'une qualité littéraire souvent remarquable, que l'on s'est proposé de recueillir ici, rassemblant les fragments d'une biographie par définition lacunaire. S'esquisse ainsi l'image d'un personnage hors du commun, dont il ne nous reste que quelques éclats réfractés dans le regard de spectateurs subjugués. Graveur de grand talent remarquable collectionneur et amateur d'art écrivain occasionnel, Dominique Vivan Denon (1747-1825) fut tour à tour diplomate et artiste, avant de suivre Bonaparte en Egypte. Directeur des musées de 1802 à 1815, il finit ses jours au milieu de ses collections, qu'il avait réuni dans un appartement du quai Voltaire.

10/1998

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Littérature étrangère

La mécanique du piano

A Zagorsk, pendant la Guerre froide, Katya n'est encore qu'une enfant lorsqu' elle se prend de passion pour le piano que lui offre un mystérieux voisin allemand. Devenue une pianiste de grand talent, Katya accepte à regret de se séparer de son Blüthner, seul moyen de quitter son pays avec son fils et son mari pour rallier les Etats - Unis. Quelques cinquante ans plus tard, Clara, jeune mécanicienne de Caroline du Sud, cherche à se dé barrasser d'un encombrant piano : elle n'a jamais réussi à en jouer mais elle le garde en souvenir de son père qui le lui a légué juste avant de mourir dans un incendie. Elle poste une annonce sur un site d'enchères et trouve preneur alors même qu'elle réalise qu'elle ne peut se séparer de ce piano. Mais l'acheteur ne l'entend pas de cette oreille. Alors que les déménageurs chargent l'instrument dans leur camion, Clara décide tout - à - trac de se lancer dans une filature qui la conduira jusque dans la Vallée de la Mort, au coeur du secret de son père et dans la tourmente de l'exil des refuzniks cherchant à fuir l'URSS des années soixante. D'une prose dépouillée, Chris Cander décrit des destins difficiles, faits de pertes, de solitude, d'errance intérieure, avec au centre ce piano, objet à la fois c oncret, littéral et porteur de sens. Jusqu'à la der nière page, ce piano reste un " personnage " captivant , sans que l'on puisse réellement assigner un sens unique à sa présence. Une lecture séduisante, prenante et évocatrice que l'on ne peut pas lâcher, tandis que le passé éclaire peu à peu le présent.

08/2019

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Littérature française

Kif

Pas toujours facile d'imposer le respect quand on s'appelle Georges Clounet et qu'on se retrouve catapulté à la tête d'une boîte de nuit interlope de la côte d'Azur. Au programme du Kif : cocktails à flot, soirées mousse, jeunes filles peu vêtues, petites racailles, poudre blanche, service d'ordre patibulaire et magouilles en tout genre. Accueilli par un commando armé qui arrose la boîte de nuit à la kalachnikov le soir même de sa prise de fonctions, l'incorruptible Georges Clounet est bien décidé à faire le ménage dans sa petite entreprise. La tâche va se révéler compliquée, plusieurs bâtons venant se coincer entre ses roues : un beau-frère gaffeur qui ne cesse de l'entraîner dans les combines les plus tordues ; un petit malfrat converti à l'Islam rêvant de transformer le Kif en mosquée ; un milliardaire saoudien de la famille Ben Laden se fantasmant en DSK de la Riviera ; un blanc-bec surexcité, réalisateur de films X amateur ; une jolie serveuse beurette ; une élue locale du FN, enfin, qui a un faible pour le garde du corps arabe de Georges. Au milieu de cet aréopage insolite, un million d'euros se baladent, sur lequel chacun cherche à faire main basse. A cette trame de western comico-déjanté, Laurent Chalumeau ajoute, dans ce roman sombre, puissant et hilarant, une forte dose politique, prenant de front (c'est le cas de le dire) la question de l'extrémisme sous toutes ses formes, et à rebrousse-poil la bien-pensance de l'époque. Sous la farce hénaurme et trépidante, une charge contre les sirènes du fascisme et de la bêtise auxquelles notre société est en train de céder.

10/2014

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Développement personnel

Présence à l'Instant et Corps de Lumière

"Dans un instant atemporel de présence, il y a un dévoilement et une auto-libération, un "Réveil" ! " La présence à "l'ici et maintenant" : tel est l'axe central de ce livre ; l'étape cruciale que Bernard Fréon met en avant dans le cheminement vers le corps de lumière. En effet, l'auteur nous invite à découvrir une forme radicale l'Atiyoga, une tradition millénaire qui enseigne comment réaliser la nature de l'Esprit, c'est-à-dire notre réalité intérieure la plus essentielle, toujours présente "ici et maintenant" à condition de se libérer des voiles qui la masquent. Dans un style sans concession, ce livre revient aux fondements mêmes de toute voie : la nécessité d'une ascèse, les "qualités" à cultiver, la détermination, une force intérieure, mais aussi une intelligence et une finesse du vécu de l'ascèse pour ne pas se laisser entraîner par les illusions d'où qu'elles viennent. Autant de conditions indispensables pour découvrir "l'absolu" en soi-même. En ce sens, l'auteur dépoussière la voie des encombrements de l'imaginaire, tout en mettant en garde contre les nombreux "miroirs aux alouettes", ces impasses qui présentent le visage de l'Initiation mais en éloignent. Ce livre ne s'adresse donc pas aux chercheurs de bien-être, mais à ceux dont l'ouverture d'esprit et l'aspiration sont assez puissantes pour cheminer sur une voie d'éveil authentique ; exigeante par essence, puisqu'elle vise à transcender notre "nature périssable" pour s'élever jusqu'à notre "essence intemporelle" . "Ce manuel combine à la quête de l'éveil des pratiques fondamentales, que l'on retrouve aussi dans le Taoïsme et d'autres courants de filiations immémoriales". Jean-Pierre de Cressac Bachelerie.

07/2019

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BD tout public

Magellan. Jusqu'au bout du monde

Magellan, seul contre tous... Alors que l'Amérique vient d'être découverte, que le Pape a divisé le monde entre Espagnol et Portugais et que beaucoup pensent encore que la terre est plate et suffisamment connue, un homme va imaginer qu'il est possible, en partant vers l'ouest, de revenir par l'est. Magellan est pourtant prêt à renier son pays, laisser amis et amour derrière lui, lutter seul contre tous, affronter mutineries, traîtrises, mers déchaînées, faim et maladies meurtrières pour démontrer la justesse de ses idées : effectuer le premier tour du monde. Mais Magellan sait aussi qu'il devra aller jusqu'au sacrifice ultime pour que son rêve se réalise et que jamais son nom ne soit oublié... Les grands explorateurs ont toujours repoussé les limites de notre monde et des connaissances. Souvent en marge de leur époque, trop en avance, extrêmes et écorchés vifs, ils ont ajouté leurs découvertes à la gloire des pouvoirs en place, tout en leur faisant peur... Ce que l'on garde d'eux dans les livres d'Histoire ne correspond pas à la réalité exacte des évènements, mais à une partie de cette réalité, celle qui a pu passer à la postérité. On sait que dans tout événement historique de nombreuses zones d'ombres existent, que ce soit dans le but de simplifier la réalité, pour des raisons politiques ou par manque d'information. Il en va de même dans l'Histoire de l'exploration. En tirant sur les fils de ces zones d'ombres, la collection EXPLORA vous plonge au coeur de la véritable histoire des Grands Explorateurs et de leurs expéditions extraordinaires, dans tous les milieux du globe, sous la houlette de Christian Clot, explorateur et vice-président de la Société des Explorateurs français. Il est aussi le scénariste de Magellan.

03/2012

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Sciences politiques

Louise Michel, la passion

Louise Michel, née en 1830, était la fille naturelle d'une servante et d'un châtelain. Très vite elle est révoltée par l'exploitation des ouvriers et par la situation faite aux femmes. " Esclave est le prolétaire, esclave entre tous est la femme du prolétaire$ ", écrira-t-elle plus tard. Bientôt, elle va essayer de contribuer à l'émancipation des femmes. D'abord en devenant institutrice " libre " (c'est-à-dire ayant refusé de prêter serment à Napoléon III). Elle s'occupe ainsi de 200 fillettes aux Batignoles. C'est à cette époque qu'elle se lie avec les milieux révolutionnaires. Puis vient la guerre de 1870, le siège de Paris par les troupes prussiennes et la capitulation. Elle participe au soulèvement du peuple de Paris qui proclame la Commune et se lance dans l'action. Volontaire comme infirmière, elle revêt l'uniforme de la garde nationale et se bat pour défendre Paris insurgé. Lors de la semaine sanglante pendant laquelle les versaillais ont massacré des milliers de communards, elle est arrêtée. Devant les juges du Tribunal militaire, au lieu de chercher à minimiser son rôle, elle revendique fièrement sa participation à la Commune. C'est à l'issue de ce procès que son ami Victor Hugo va lui dédier son poème " Viro major ". Condamnée à la déportation vers la Nouvelle-Calédonie, malgré des conditions de détention pénibles, elle s'intéresse à la faune et à la flore, ainsi qu'à la condition des Kanaks et organise une école pour leurs enfants. En 1880, suite à l'amnistie des communards, elle rentre à Paris où elle reçoit un accueil triomphal. Militante infatigable, elle multiplie les conférences, les meetings, les appels à la révolution. A sa mort, en 1905, 120 000 personnes vont suivre son cercueil de la gare de Lyon au cimetière de Levallois-Perret.

02/2016

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Ethnologie

Le Désordre. Éloge du mouvement

Toutes les sociétés sont confrontées au désordre, leur ordre en est indissociable. Celles que la tradition gouverne encore se définissent elles-mêmes en termes d'équilibre, de conformité, de stabilité relative ; elles se voient comme un monde à l'endroit où le désordre peut avoir des effets négatifs et mettre toute chose à l'envers. On tente de faire de l'ordre avec du désordre, de même que le sacrifice fait de la vie avec la mort, de la loi avec de la violence domestiquée par l'opération symbolique. Puisqu'il est irréductible, inévitable et nécessaire, la seule issue est de l'utiliser à sa propre et partielle neutralisation et de le convertir en facteur d'ordre. Il devient ainsi l'instrument d'un travail positif. La modernité, c'est le mouvement plus l'incertitude ; elle avise la conscience de ce désordre. Le recours à l'explication par le désordre manifeste la réalité présente en certains de ses états : il relève la quasi impossibilité de la comprendre autrement, il relève de la logique constitutive des mythes contemporains. Une exploration interprétative, sociologique et anthropologique permet d'identifier des figures actuelles du désordre - l'événement brutal, l'épidémie et le mal, la violence et terrorisme, le politique déforcé - et des formes de réaction à l'irruption du désordre - la réponse totale ou totalitaire, la réponse de la personne par le sacré, la réponse des pragmatiques par le mouvement. En ouverture à cet essai, une mise en perspective qui place successivement le couple ordre-désordre dans ses rapports au mythe, à la science et au savoir social. Au terme, un éloge du mouvement, afin de dissiper les craintes et de mettre en garde contre les tentatives d'exploiter la peur confuse qu'il nourrit. La pensée de ce temps, située en ce temps, conduit inévitablement à penser le mouvement.

03/2000

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Philosophie

Marx, penseur du possible

S'opposant à l'interprétation déterministe dominante de la pensée de Marx, l'ouvrage montre que celle-ci est autant une pensée de la possibilité que de la nécessité, que Marx reprit à Hegel le concept de possibilité réelle, entendue elle- même au sens de "puissance" (dunamis d'Aristote). Il montre que, dans sa critique de l'économie politique, sa conception de l'histoire et son matérialisme philosophique, Marx admet diverses formes de possibilités : abstraites ou théoriques, concrètes ou historiques, et surtout une possibilité réelle, celle d'un "règne de la liberté". Procédant à une analyse minutieuse des textes, l'ouvrage enchaîne les catégories marxiennes essentielles : lois (économiques ou naturelles), causes (Marx est causaliste, non déterministe), moyennes (proximité avec la physique sociale de Quetelet), tendances, forces (forces naturelles et forces de travail), développement et finalité historiques. Puis examinant les concepts marxiens d'activité, de technique, de crise et de liberté, il établit que l'influence d'Aristote sur Marx fut profonde et durable, que là se trouve la source majeure du réalisme de Marx et de son ontologie de l'individu concret réel, clés de son opposition à Hegel. L'auteur soutient enfin que, par-delà sa philosophie de l'activité créatrice et de ses conditions naturelles et sociales (analyse du machinisme et des crises sociales), Marx garde des traces profondes de son passage par Epicure : aussi, la liberté, ou activité de libération, est pour lui non seulement le possible par excellence, mais est en elle-même ouverture sur des possibles humains, sociaux et politiques ; d'où sa conception d'une histoire fondamentalement ouverte sur un avenir, parce que sa fin réelle, sans cesser d'être matérialiste, a nom "liberté".

06/1998

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Histoire internationale

De Codreanu à Ceausescu. Parallèles roumains

À travers l'engagement de son mari en Roumanie durant l'immédiat avant-guerre et la 2e Guerre mondiale, ce récit est un remarquable témoignage sur un pays de culture latine, qu'une élite, composée d'ardents patriotes honnêtes et sincères, a voulu faire entrer dans le monde moderne, sans sacrifier le très riche héritage d'une tradition multi-séculaire. Denise Pop apporte des informations fort utiles à tous ceux qui sont passionnés par l'histoire véridique, encore si mal connue, de cette période, mais elle est plus que cela. Elle met en opposition deux époques qui se sont succédées sans interruption notable. En première partie (fondée sur les récits de son mari Grig), le livre raconte les espoirs déçus des militants de la très stupidement calomniée Garde de Fer, ces hommes qui voulaient moderniser leur patrie en préservant leur foi et leur passé. La seconde, dans laquelle elle nous présente ce qu'elle a vu, entendu et vécu dans la Roumanie de Nicolas Ceausescu, met en scène l'immonde tyrannie marxiste, où de ridicules despotes voulurent faire renoncer un peuple à ses traditions, sous prétexte de l'engager dans la voie du "matérialisme historique", obtenue grâce à une mythique "dictature du prolétariat", en réalité la tyrannie d'une caste d'incapables et corrompus. De nos jours, débarrassée de l'ignominie communiste, la Roumanie est un pays appauvri, mais elle a retrouvé sa fierté nationale et commence à renouer avec son passé. Il est important, pour la jeune génération, de savoir ce qui s'est réellement passé durant les années 1935-1945 puis dans les années 1975-1989, en sortant de l'absurde manichéisme des narrations conventionnelles, trop respectueuses de dogmes erronés. Ce livre est une oeuvre de salubrité historique.

02/2012

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Critique littéraire

Georges Bernanos. La colère et la grâce

Georges Bernanos fut, de 1926 où il fit se lever le Soleil de Satan sur la France des années folles à l'ultime Dialogue des Carmélites en 1948, un romancier de la sainteté et de l'enfance autant qu'un écrivain de combat. De L'Action française à L'Intransigeant, il emboucha la presse comme une trompette de l'Apocalypse, et ses innombrables articles se confrontèrent sans répit à la ploutocratie démocratique et à la bien-pensance bourgeoise. Son engagement, mené seul au nom du Christ pauvre et de la vocation religieuse de la France de Jeanne d'Arc et de Péguy, le conduisit du tableau d'honneur des Camelots du roi aux rangs de la France libre. Véritable lanceur d'alertes politiques, il donna aussi l'assaut à l'Europe fasciste comme aux Etats-empires de la guerre froide et à leurs contingents d'hommes-machines. Monarchiste et catholique, nourri de Drumont et de Balzac, de Bloy et d'Hello, celui qui déclarait en 1935 : " le bon Dieu ne m'a pas mis une plume entre les mains pour rigoler ", a vécu sans filet ni garde-fou, dans la main de Dieu. Père d'une famille chimérique, accompagné d'une élite d'amis fervents, il mena, entre la Picardie, Majorque, la Provence et le Brésil, une vie d'errance et d'écriture, de clameurs et d'espérance. C'est cette vie que nous entreprenons de raconter. F. A. François Angelier est producteur à France Culture de la fameuse émission " Mauvais Genres " et collaborateur du Monde des Livres. Passionné par les expériences spirituelles les plus radicales et les figures atypiques, il a publié plusieurs ouvrages et articles sur les francs-tireurs du catholicisme de plume : Hello, Huysmans, Claudel, Louis Massignon, Simone Weil et Léon Bloy (au Seuil : Bloy ou la fureur du juste, 2015).

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Littérature étrangère

La nuit aux étoiles

Venue du Sud de l'Inde jusqu'à Bombay pour y devenir actrice, la ravissante Aasha Rani voit à présent son étoile briller au firmament du ciel de Bollywood. Star de cinéma adulée, son parcours a pourtant commencé sous d'assez sordides auspices : célèbre producteur de films à Madras, son père a quitté sa famille pour une lolita, abandonnant ses deux filles aux mains de leur mère, femme ambitieuse et intrigante. Celle-ci n'a pas tardé à pousser Aasha, alors âgée de quinze ans à peine, dans le lit de divers producteurs, distributeurs et acteurs influents, avec l'espoir de lui faire obtenir le rôle susceptible de lancer sa carrière. Comment la jeune fille pourrait-elle, en effet, faire exception à la règle qui veut qu'en Inde - où les vedettes du septième art sont vénérées à l'image de véritables dieux - innombrables sont les jeunes gens qui rêvent d'entrer au panthéon de Bollywood ? Hélas pour elle, après avoir glorieusement franchi le seuil d'un faux royaume aussi convoité qu'il est cruel à ses sujets, Aasha commet la tragique erreur de tomber amoureuse... A travers l'émouvant destin d'une jeune femme, La Nuit aux étoiles révèle la brutale réalité qui se cache bien souvent derrière le luxe tapageur du cinéma indien, peuplé d'individus peu recommandables - jusqu'à la propre soeur de l'héroïne, qui, jalouse du succès de son aînée, s'emploie à devenir sa pire ennemie... Invitation à pénétrer dans les coulisses d'un monde régi par l'ambition et la corruption, ce roman, qu'illumine le personnage d'une jeune femme en lutte pour tenter, dans l'adversité, de rester elle-même et de conserver sa part d'innocence et de liberté, se mue, au rythme d'un récit captivant, en une dénonciation subversive des mythologies destructrices qui gouvernent le monde contemporain.

03/2010

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Policiers

Les Sentiers du désastre

" Paria ! " Voilà un mot que Monroe Hall voudrait voir disparaître du vocabulaire. Est-ce sa faute à lui s'il est né riche et qu'il n'a pas résisté à empocher l'argent de ses actionnaires, les poussant au désespoir ou à la colère ? Est-ce sa faute encore s'il a pu échapper à la justice et transformer l'ensemble de ses biens en une fondation, dont il est le désintéressé gérant ? Et pourquoi son professeur de musculation lui en veut-il d'avoir signalé aux impôts les sommes qu'il lui a versées en liquide ? Cela justifie-t-il qu'on l'appelle un " paria ", et qu'il n'arrive plus à avoir de vie mondaine parce qu'aucun employé de maison ne veut travailler pour lui ? Le destin est trop cruel. Jusqu'au jour où, comme par miracle, son agence lui envoie un merveilleux groupe de serviteurs : un majordome, un chauffeur, un secrétaire, un garde du corps. Seulement voilà : Monroe Hall ne sait pas que le véritable nom de son majordome est John Dortmunder et que lui et ses amis ont l'intention de vider sa grande demeure de sa magnifique collection de voitures anciennes. Mais Dortmunder n'imagine pas combien de gens haïssent Monroe Hall. Lorsque ce dernier disparaît sans laisser de trace, la police fait son apparition. Et comme tout amateur de romans policiers le sait, dans ce genre d'histoire le principal suspect est toujours... le majordome. Dortmunder est de retour, et ses aventures sont plus que jamais inénarrables. La presse américaine a souligné que, avec ce personnage, Donald Westlake a quasiment inventé un nouveau genre littéraire. La " Dortmundermania " est à son apogée dans ce nouveau chef-d'œuvre.

03/2006

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Policiers

Un hiver de glace

Jessup Dolly s'est éloigné au volant de sa Capri bleue sur la route creusée d'ornières en abandonnant à leur sort ses trois enfants et une épouse qui n'a plus toute sa tête. II a promis de revenir avec un sac bourré de billets. Or Jessup n'est jamais revenu. Dans la maison isolée, les placards sont vides et il fait froid. Ree, l'aînée âgée de seize ans, veille comme elle le peut sur le reste de la famille. Elle ne tarde pas à apprendre que son père a bénéficié d'une mise en liberté conditionnelle moyennant une hypothèque sur sa maison et ses terres. S'il ne se présente pas au tribunal le jour du jugement, les Dolly seront sans toit, au cœur de l'hiver. Alors, telle une héroïne de Dickens, Ree prend la route et affronte la neige, la nuit, le froid, et surtout l'hostilité des autres membres du clan Dolly qui n'aiment pas les questions. En quête de son père, ou de son cadavre. Peut-être est-ce effectivement un cadavre qu'elle cherche, car Jessup était " le meilleur fabricant de blanche " du coin et sa disparition doit être liée à ce douteux trafic. Huitième roman de Daniel Woodrell, Un hiver de glace est le récit de l'odyssée poignante d'une mère Courage de seize ans à travers les paysages désolés des Ozarks. La beauté âpre du style de Daniel Woodrell illumine les brefs moments où le contact physique, la solidarité, la fraternité viennent humaniser un monde fruste et dur dans lequel chacun lutte pour sa survie. On ne peut qu'être bouleversé à la lecture de ce livre signé par un grand écrivain que James Ellroy juge " totalement brillant ".

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Littérature étrangère

Les lanceurs de feu

A Belfast, l'été 2014 restera dans les mémoires comme celui des Grands Feux. Bien avant les foyers traditionnellement élevés à l'occasion de la parade orangiste du 12 juillet, de gigantesques incendies illuminent la ville en toute illégalité, ravivant le spectre des Troubles. Jan Carson choisit les trois mois de cette saison si particulière pour confronter le quotidien de deux pères de famille, l'un et l'autre rongés par l'angoisse. Jonathan Murray, médecin, ne cesse de se remémorer la nuit de garde pendant laquelle il n'a pu résister à la voix enchanteresse d'une femme qui le hante désormais. Elevant seul leur enfant, il oscille entre le ravissement et la terreur de découvrir sur le petit visage inoffensif l'empreinte de sa fascinante génitrice... Quant à Sammy Agnew, ancien paramilitaire loyaliste, il tremble de devoir s'avouer que, sur la vidéo anonyme du " Lanceur de feu" appelant à propager la rébellion, il reconnaît la silhouette de son propre fils. Dans la chaleur de l'été, alors que la panique gagne et que Belfast s'embrase, ces pères, que tout sépare, partagent leur culpabilité et leur impuissance face à la violence qu'ils craignent d'avoir engendrée, et finissent par se rencontrer... Leurs tribulations apparaissent comme la métaphore de cette ville où protestants et catholiques, flics et manifestants, pauvres et riches se frôlent sans se connaître, et dont Jan Carson dresse un éblouissant portrait. Son réalisme et son incroyable énergie narrative font merveille pour embarquer le lecteur dans des situations où tout peut arriver... même croiser des enfants dotés de pouvoirs spéciaux. Comme le dit Sammy à Jonathan, il suffit d'aller voir ce qui se passe de l'autre côté de la rue.

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Critique littéraire

Andre Gide l'inquiéteur. Tome 1, Le ciel sur la terre ou l'inquiétude partagée (1869-1918)

Romancier de premier plan, essayiste hors pair, écrivain parmi les meilleurs, André Gide, prix Nobel de littérature en 1947, est avant tout le grand témoin et le maître à penser de plusieurs générations. Ce " contemporain capital " n'eut de cesse de s'affranchir des contraintes morales et puritaines. Car Gide se distingue à un double titre: il appartient à la minorité protestante et il est homosexuel. Il s'emploie dès lors à remettre en cause les valeurs dominantes de la société et à dénoncer son hypocrisie. Pourtant Gide ne se définit pas comme un provocateur. Plutôt comme un " inquiéteur ", l'inquiéteur de son siècle. Comment est-il parvenu à faire de son personnage de grand écrivain non pas le porte-parole officiel de la société, mais au contraire un ironiste qui la scrute et la défie de l'intérieur, un révolté qui stigmatise ses tares et ses injustices? Nourrie de documents inédits ou peu connus, cette biographie renouvelle en profondeur la connaissance de Gide et de son oeuvre multiforme, située entre tradition et avant-garde, mais toujours accordée au souffle de son temps. Elle retrace le destin d'un intellectuel d'exception et reconstitue la toile de fond du débat littéraire, politique et moral qui a agité la première moitié du XXe siècle, depuis l'affaire Dreyfus jusqu'à la Guerre froide, par-delà le désastre des deux Guerres mondiales. Ce premier tome retrace les cinquante premières années de la vie de Gide, de 1869 à 1918, de la chute du Second Empire à l'armistice de Rethondes. Il nous dépeint une figure insaisissable, multiple, paradoxale. André Gide, véritable miroir mobile de son temps, se révèle ainsi au fil des pages, dans un passionnant portrait en mouvement.

02/2011

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Littérature étrangère

Le silence d'Isra

PALESTINE, 1990. Isra, 17 ans, préfère lire en cachette et s'évader dans les méandres de son imagination plutôt que de s'essayer à séduire les prétendants que son père a choisis pour elle. Mais ses rêves de liberté tournent court : avant même son dix-huitième anniversaire, la jeune fille est mariée et forcée de s'installer à Brooklyn, où vivent son époux et sa nouvelle famille. La tête encore pleine de chimères adolescentes, Isra espère trouver aux Etats-Unis une vie meilleure mais déchante vite : les femmes sont cloitrées à la maison, avec les enfants ; les maris, peu loquaces, travaillent jour et nuit. Invisible aux yeux du monde, la jeune fille autrefois rêveuse disparaît peu à peu face à la tyrannie de sa belle-mère et la pression étouffante de devoir donner naissance à un fils. Mais comble du déshonneur, Isra ne met au monde que des filles, dont la fougueuse Deya... BROOKLYN, 2008. Deya, 18 ans, est en âge d'être mariée. Elle vit avec ses soeurs et ses grands-parents, qui lui cherchent déjà un fiancé. Mais la révolte gronde en Deya, qui rêve d'aller à l'université et se souvient combien sa mère était malheureuse, recluse et seule. Alors qu'est révélé un secret bien gardé, Deya découvre que les femmes de sa famille sont plus rebelles que ce qu'elle croyait et y puise la force de changer enfin le cours de son destin. Dans ce premier roman aux accents autobiographiques d'une force inouïe, Etaf Rum pose un regard toujours nuancé sur la force libératrice de la littérature pour les plus faibles et les opprimés et sur les conflits intérieurs des femmes d'aujourd'hui, prises en étau entre aspirations et traditions. Traduit de l'anglais (états-Unis) par Diniz Galhos.

01/2020

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Actualité et médias

Lesbos, la honte de l'Europe

En mission officielle pour l'ONU, Jean Ziegler a effectué en mai 2019 un voyage d'étude à Lesbos, l'un des cinq centres d'accueil de réfugiés en mer Egée. Sous la haute autorité de l'Union européenne, 15. 000 personnes y sont entassées dans des conditions inhumaines, en violation des principes les plus élémentaires des droits de l'homme. Le droit d'asile y est nié par l'impossibilité même dans laquelle se trouvent la plupart des réfugiés de déposer leur demande ; le droit à l'alimentation, quand la nourriture distribuée est notoirement avariée ; le droit à la dignité, quand les rats colonisent les montagnes d'immondices qui entourent le camp officiel, quand les poux infestent les containers dans lesquels les familles doivent s'entasser ; les droits de l'enfant, quand la promiscuité livre les plus vulnérables aux violences sexuelles et les prive, bien sûr, de tout accès à l'éducation. Pour la plupart, ces réfugiés sont venus d'Irak, de Syrie, d'Afghanistan, d'Iran. Jean Ziegler les a rencontrés. Ils évoquent ici un long calvaire : la torture, l'extorsion, le pillage, les passeurs infâmes, les naufrages, les familles décimées, les tentatives de refoulement de Frontex et des garde-côtes grecs et turc. Mais Ziegler a interrogé aussi le responsable du camp, les militants magnifiques des organisations humanitaires. Il interpelle, en conclusion, le Haut-Commissariat de l'ONU aux Réfugiés ainsi que la nouvelle présidente de la Commission européenne ... L'état d'inhumanité dans lequel nous abandonnons ces hommes, ces femmes et ces enfants condamnés au désespoir à perpétuité sont la honte de l'Europe. Et il n'est pas question pour le vieux militant des droits de l'homme de cesser le combat.

01/2020

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Policiers

Sème la mort. Une enquête de Mathieu Gange

A la suite de l'épisode douloureux de L'Abbaye Blanche, le lieutenant Gange s'est séparé de sa femme. Pour conserver la garde alternée de leur fille, il a quitté son Jura natal pour s'installer à Etampes. Mais cette ancienne ville royale du sud de l'Essonne symbolise l'échec de son couple, et il a du mal à s'y investir. Dans son nouveau commissariat, on le surnomme "l'autiste des montagnes". Un quadruple meurtre secoue alors la ville. Arrêté avec un couteau à la main et du sang sur ses vêtements, un ado de 14 ans se mure dans le silence avant d'être interné en hôpital psychiatrique. Gange, aux affaires courantes, reste en retrait. En arrêtant un jeune qui sème le trouble dans les rues, il croise la route de sa mère, femme de pouvoir séduisante, prête à tout pour protéger son fils. Une femme d'influence que personne, à Etampes, n'ose vraiment contredire... Survient alors un cinquième crime sauvage. Dans une ville qu'il apprend à aimer peu à peu, autour d'une enquête mêlant agriculture bio, pouvoir des puissants, mais aussi l'éducation des enfants, Gange se retrouve sur les traces d'un dangereux psychopathe. Sans se douter un instant qu'il met les siens en danger... Avec Sème la mort, Laurent Malot situe son intrigue dans le grenier céréalier de la France, en pleine Beauce, pour interroger nos aspirations et nos résistances au changement, à travers le prisme des lobbies surpuissants de l'agriculture conventionnelle. Semer la mort ou semer la vie... c'est une façon de penser le monde et de préparer l'avenir de nos enfants. Un polar résolument noir, ancré dans le réel et son époque, où l'on retrouve l'humour féroce et l'intégrité de Gange, le flic de L'Abbaye blanche…

11/2017

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Littérature française

Une part de ciel

Aux premiers jours de décembre, Carole regagne sa vallée natale, dans le massif de la Vanoise, où son père, Curtil, lui a donné rendez-vous. Elle retrouve son frère et sa soeur, restés depuis toujours dans le village de leur enfance. Garde forestier, Philippe rêve de baliser un sentier de randonnée suivant le chemin emprunté par Hannibal à travers les Alpes. Gaby, la plus jeune, vit dans un bungalow où elle attend son homme, en taule pour quelques mois, et élève une fille qui n'est pas la sienne. Dans le Val-des-Seuls, il y a aussi le vieux Sam, pour-voyeur de souvenirs, le beau Jean, la Baronne et ses chiens, le bar à Francky avec sa jolie serveuse... Dans le gîte qu'elle loue, à côté de la scierie, Carole se consacre à une traduction sur la vie de Christo, l'artiste qui voile les choses pour mieux les révéler. Les jours passent, qui pourraient lui permettre de renouer avec Philippe et Gaby un lien qui n'a rien d'évident : Gaby et Philippe se comprennent, se ressemblent ; Carole est celle qui est partie, celle qui se pose trop de questions. Entre eux, comme une ombre, cet incendie qui a naguère détruit leur maison d'enfance et définitivement abîmé les poumons de Gaby. Décembre s'écoule, le froid s'installe, la neige arrive... Curtil sera-t-il là pour Noël ? Avec une attention aussi intense que bienveillante, Claudie Gallay déchiffre les non-dits du lien familial et éclaire la part d'absolu que chacun porte en soi. Pénétrant comme une brume, doux comme un soleil d'hiver et imprévisible comme un lac gelé, Une part de ciel est un roman d'atmosphère à la tendresse fraternelle qui bâtit tranquillement, sur des mémoires apaisées, de possibles futurs.

08/2013

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Histoire internationale

Marie Tudor. La souffrance du pouvoir

En Angleterre, ses ennemis ne transmirent que le souvenir des centaines de protestants suppliciés brûlés vifs pour leur foi. Ils déplorèrent que durant ces années 1550, l’Angleterre fut en pleine déconfiture politique, appauvrie spirituellement, archaïque en matière économique, et affaiblie intellectuellement. L’héritage de Marie Tudor fut tout autant écorné en France. Joachim du Bellay parle de cette « furie et cruelle mégère », Voltaire a dit d’elle qu’elle « laissa une mémoire odieuse dans l’esprit de quiconque n’a pas l’âme d’un persécuteur », quant à Victor Hugo, il la décrivait ainsi : « c’était une jalouse reine, une vraie fille d’Henry VIII, et dont l’alcôve, comme celle de son père, s’ouvrait de plain-pied sur l’échafaud ». Jules Michelet paracheva l’assassinat historique. Cette légende forgée par des contempteurs de tous ordres est tenace et Isabelle Fernandez admet qu’une partie du bilan de Marie Tudor ne peut jouer qu’en sa défaveur : la restauration de l’autorité papale, l’alliance avec l’Espagne, les bûchers qui tentèrent de ramener le pays par la force dans le giron catholique, une infécondité tragique et la prise de Calais par les Français en 1558 permirent de stigmatiser ce règne trop souvent opposé au faste et à l’éclat élisabéthains. Isabelle Fernandez se garde d’opposer les deux soeurs jadis ennemies et sans tomber dans l’excès inverse qui conduirait à la porter aux nues, elle prend le parti de rappeler les aspects qui, dans cette reine malaimée car méconnue, font d’elle une figure d’exception dans l’histoire anglaise à plus d’un titre. Car qu’on le veuille ou non, Marie Tudor est aussi Marie Ière, la première femme à ceindre la couronne d’Angleterre.

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Littérature française

Souvenirs. Tome 2, Raisons de famille

Dans ce lâcher de souvenirs, Jacques Perret bat la campagne sans plus de méthode que pour ses Grands chevaux et dadas. Il paraît s'abandonner au caprice d'une mémoire qui va s'ébrouer dans l'espace et le temps au mépris de leur continuité raisonnable. Sans doute n'a-t-il pas prémédité ce genre d'itinéraire mais il ne rend pas les rênes autant qu'il en a l'air. Le récit commence au 1er août 1914 et l'auteur y reviendra maintes fois en tenue de galopin dans la maison de vacances où la famille a constitué son haut lieu sous l'autorité d'un tendre aïeul. Il se terminera au cimetière militaire où gît le grand frère, tué sur la Somme en 1916. Quoique intermittent c'est le personnage le plus important : une vie brève et bienfaisante, une belle mort et désastreuse. Entre-temps, et quel que soit le sujet évoqué, le septuagénaire et l'enfant se passeront et repasseront la parole pour illustrer maintes scènes et figures dans l'histoire d'une parentèle vivante ou défunte, voire légendaire. On ne saurait exiger, bien sûr, d'un tel récit la gaieté de bout en bout : mais les lecteurs de Jacques Perret le reconnaîtront au moins ici et là dans l'exercice de ses divertissements favoris, petits jeux de parenthèses, facéties de plume, bravades, malices, fougues et jubilations. En fin de compte il nous laisse un témoignage de gentillesse et de gratitude pour son milieu natal : une bourgeoisie fidèle à ses défauts, invétérée dans ses vertus, et se croyant, avec ça, libérale. Ce n'est donc, avouons-le, pas le moment de la renier. Ainsi bardé de raisons de famille, l'auteur consolide à plaisir sa réputation de gentilhomme d'Ancien Régime et voltigeur sentimental.

09/2015

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Littérature française

Mémoires éclatés d'Alexandre

Frappée d'une sénilité pas tout à fait précoce, lasse de devoir vivre auprès d'une fille aussi revêche que dévouée, Alex Gray se réfugie dans l'évocation d'existences imaginaires. Elle se revoit tour à tour compagne d'un moine orthodoxe et libidineux sur une petite île grecque ; religieuse dans un couvent où elle côtoie la sainteté ; étoile d'une médiocre troupe théâtrale qui porte la culture aux provinces reculées de l'Australie, incarnant avec désinvolture Hamlet ou Cléopâtre ou prenant des poses artistiques sur un texte destiné aux "happy few". Ces fuites vers un passé mythique sont entrecoupées de retours vers la vie quotidienne et de fugues imaginaires, ainsi que de conversations avec sa fille et le meilleur ami de son mari défunt, à qui elle veut laisser le fatras de ses souvenirs hétéroclites, dans le vague espoir qu'il les publie. Ce que fait ici l'auteur. L'un des éléments les plus savoureux de cette oeuvre baroque est l'intervention du Prix Nobel australien à travers le regard de la mémorialiste, mais aussi à travers ce qu'il partage de ses obsessions. Il s'agit, chez tous deux, de la quête de son être authentique, au-delà des masques et de l'affabulation. C'est elle, mais c'est aussi bien lui, qui note par exemple : "Je dois continuer à écrire. Peut-être quelqu'un finira-t-il par comprendre. . ". Le comique implacable avec lequel elle décrit une certaine société de son pays ou un monde théâtral qui se veut d'avant-garde rappelle étrangement la bouffonnerie amère et les hantises de l'auteur de Voss, de L'oeil du cyclone ou du Vivisecteur. On est tenté de croire que l'auteur n'a pas eu beaucoup à intervenir pour apporter la caution de son nom à ces Mémoires volant en éclats.

11/1988

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Littérature étrangère

Le crayon du charpentier

1936. Dans la cour d'une prison galicienne, peu après le coup d'Etat de Franco, un jeune peintre anarchiste dessine avec un crayon de charpentier le célèbre Porche de la Gloire de la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle. Il prête aux différents personnages bibliques les gestes et le visage de ses camarades de captivité, tous condamnés, comme lui, à être assassinés lors d'une de ces fameuses promenades nocturnes - les sordides exécutions sommaires organisées par les fascistes. Le garde civil Herbal, chargé de surveiller les prisonniers politiques, suit en secret la progression du dessin et, le soir où, sur l'ordre de ses supérieurs, il tire une balle dans la tête de l'artiste, il ne peut s'empêcher de ramasser le crayon. Il est alors bien loin de se douter que, à chaque fois qu'il le posera sur son oreille, celui-ci lui parlera, comme en son for intérieur, avec la voix de la victime. Dès lors, l'homme de main des fascistes devra apprendre à vivre avec cet autre qui l'habite. Cette voix le sauvera à plusieurs reprises d'une mort certaine, mais c'est elle également qui lui dira de ne pas éliminer son ennemi le docteur Da Barca. Bien plus, elle l'enjoint de rendre possible l'histoire d'amour entre le médecin socialiste et la belle Marisa Mallo. Herbal obéit malgré lui et laisse le crayon écrire la chronique d'une passion inoubliable qui amènera les deux protagonistes à passer par les prisons, les trains de la mort et les camps d'internement. Ainsi naît un petit chef-d'œuvre de finesse et de sensibilité qui s'élève tel un chant d'espoir au milieu des horreurs de la guerre.

09/2000

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Histoire de France

Souvenirs 1914-1919. Une traversée de la Grande Guerre

Auguste Rama est un fils de paysans né en 1883 à Quintenas en Ardèche, près d'Annonay. Son frère aîné garde la ferme et les terres. Avec ses deux frères cadets, après leurs études, il passe le Rhône et fonde une imprimerie à Romans, dans la Drôme. En 1914, il a 31 ans. De santé fragile, il est d'abord jugé inapte au front, et employé à divers travaux d'écriture ou de gardiennage jusqu'en janvier 1916. Mais après les saignées des premières années, tout est bon pour le front ! Après quelques mois d'instruction, il connaît très vite le baptême du feu à Verdun... Il sera plus tard blessé au Chemin des Dames... Evacué en 1918, marqué à tout jamais par ce qu'il vient de vivre, il lit tout ce qui s'écrit : Barbusse, Dorgelès, Remarque... mais en est toujours insatisfait. Dans les années 60, à plus de 80 ans, il se met à son tour à écrire, dans des cahiers d'écolier, à la plume et à l'encre de chine, les Souvenirs de sa vie... Plus de 700 pages dont environ 130 consacrées à la guerre de 14. Pas de fioritures, pas d'artifices, pas d'effets dans ses pages, mais toujours la recherche du mot juste, celui qui convient car il y a pour lui exacte adéquation entre les mots et les choses. Ses pages n'ont pas besoin de fabriquer des "effets de réel". Il raconte, il écrit, et c'est ça, c'est là, c'est vrai, avec une rare évidence. On croyait avoir tout lu, tout savoir sur cette guerre... pourtant ces pages, ce texte-là, ce témoignage sort du commun. Les publics qui en ont entendu lecture ces dernières années en ont été touchés, bouleversés.

09/2018

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Cinéma

Johan van der Keuken. Documenter une présence au monde

Johan van der Keuken (1938-2001) est l'auteur d'une oeuvre considérable traversée par une grande diversité de pratiques et de formes : la photographie, le cinéma (une soixantaine de films), l'installation et l'écriture théorique s'y côtoient dans un mouvement de perpétuel questionnement des formes et des techniques. Son parcours couvre près de cinquante années de cinéma, depuis l'émergence du cinéma direct jusqu'à l'avènement du numérique, et la diversité des propositions esthétiques qui s'y déploient fait de lui un cinéaste inclassable, en constante lutte contre les grammaires et les conformismes. Construits autour d'un dialogue permanent entre l'intime et le politique — "on regarde le monde de l'intérieur de soi" a-t-il écrit — les films de Johan van der Keuken interrogent la complexité des interdépendances qui animent la société moderne ; le regard qu'il porte sur les relations entre le Nord et le Sud, entre l'économie et l'environnement, entre le local et le global travaille avec une étonnante pertinence les problèmes qui agitent notre actualité. Parmi les chercheurs en cinéma et cinéastes qui ont contribué à ce volume, certains ont été ses compagnons de route dans l'exercice d'une pensée du cinéma toujours en expansion en ouverte à l'échange, d'autres ont découvert plus tardivement l'importance de son oeuvre et témoignent par leurs travaux de sa fertilité et de sa pérennité. Ces contributions au vaste champ d'investigation que cette oeuvre nous tend explorent les nombreuses hybridations qui composent sa poétique — entre le cinéma et les arts, entre l'art et la technique, entre l'image et le texte, entre l'anthropologie et l'avant-garde — pour éclairer les tensions signifiantes qui sous-tendent sa puissance politique.

03/2020

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Sciences politiques

L'affaire Rambla ou le fantôme de Ranucci

La reconstitution passionnante de l'affaire Ranucci. Avec elle, les débats houleux de l'erreur judiciaire et de la peine de mort. Trente ans plus tard, Jean Rambla, victime et témoin de l'affaire et du " pull-over rouge ", sera accusé de meurtres. Concis, humain, passionnant, ce récit raconte une époque et ses destins. Entre doute et intime conviction : une quête de vérité. Juin 1974, Marseille. Marie-Dolorès Rambla, huit ans, est enlevée sous les yeux de son petit frère et retrouvée morte deux jours plus tard, le corps lardé de quinze coups de couteau et le crâne fracassé. Aucune trace de violences sexuelles, pas de mobile. Un crime gratuit pour lequel Christian Ranucci sera guillotiné deux ans plus tard. Derrière l'affaire du " Pull-over rouge ", le destin tragique du frère de Marie-Dolorès, Jean-Baptiste Rambla, aujourd'hui en attente d'être jugé en appel pour le meurtre, en juillet 2017, d'une femme de 21 ans. En état de récidive, il avait bénéficié d'une libération conditionnelle après avoir été condamné, en 2008, pour le meurtre de sa patronne. Les deux victimes ont été massacrées. Aucune trace de violences sexuelles. Pas de mobile. Le destin de cet homme interroge celui de sa famille, disloquée par la perte et le chagrin, emportée dans la tourmente judiciaire, broyée par la machine médiatique. Comment se construire dans un tel chaos ? Revenir sur la tragédie de Jean Rambla, c'est aussi se replonger dans une époque : les années 70, la France de Giscard, quand les cités marseillaises étaient encore riantes, le débat sur la peine de mort suscitait les passions, jusqu'à son abolition. Et les ombres de l'affaire Ranucci.