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Actualité et médias

Le nouveau Moyen-Orient. Les peuples à l'heure de la Révolution syrienne

La Révolution syrienne, qui a débuté en mars 2011, participe de la vague démocratique qui traverse le monde arabe depuis décembre 2010. Pourtant, là où les protestataires tunisiens et égyptiens sont parvenus à renverser leurs despotes en quelques semaines, la contestation syrienne s'est heurtée à une répression déchaînée. C'est que, pour l'emporter sur la " Syrie d'Assad ", les forces révolutionnaires doivent non seulement affronter la barbarie du régime, mais aussi dénouer le lacis des ingérences étrangères, puisque Assad est passé maître dans la manipulation des crises internationales à son profit. La Syrie actuelle, née sur les ruines de l'Empire ottoman, à la fin du premier conflit mondial, dont les frontières ont été dessinées par les puissances européennes en 1920, est le fruit du déni colonial du droit à l'autodétermination. Et c'est cette exigence d'autodétermination, par la voie civile et militaire, qui alimente le soulèvement populaire. Un tel renversement de perspective fait que la chute de la maison Assad aura des retombées encore plus considérables que les révolutions de Tunisie et d'Égypte sur l'ensemble d'une région géostratégique, pensée comme telle au début du XXe siècle : le Moyen-Orient. L'enjeu n'est rien de moins que de remettre le peuple syrien au centre de sa propre histoire, qui fait de lui le " cour de l'arabité " et l'héritier d'une longue tradition culturelle et politique. Le ballet diplomatique et les rivalités régionales peuvent encore aujourd'hui entretenir l'illusion d'une Syrie-théâtre où se mèneraient des " guerres par procuration ", l'essentiel se passe désormais à l'intérieur de cet espace syrien où, loin du regard des observateurs étrangers, mûrit la Syrie de demain, et se joue donc l'avenir de la région. Le Nouveau Moyen-Orient est le premier livre consacré à la Révolution syrienne qui mêle perspective historique, analyse d'actualité et réflexion prospective.

01/2013

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Histoire de France

La société médiévale

Franco Cardini, historien italien de renommée internationale, embrasse un millénaire de vie sociale, religieuse et artistique en Europe. Des années 400 à 1400, il retrace l'évolution d'un monde éclaté à la chute de l'Empire romain vers la construction ecclésiale et monastique, l'invention de la cour féodale, l'émergence des villes, la naissance des sciences et des mouvements artistiques : un univers complexe aux strates sociales bien définies, mais permettant par moment de vastes espaces de liberté. Le paradoxe médiéval est celui d'une Europe qui, bien que partageant de nombreux aspects du point de vue culturel et économique, voit ses peuples se déchirer en des guerres sans fins. Bien que le Moyen Âge ait longtemps été associé aux périodes sombres et troublées de l'Europe, la continuité politique, artistique, sociale, idéologique et culturelle de la chrétienté est remarquable. L'utilisation commune du latin, les nombreux échanges commerciaux et intellectuels, la puissance de l'Eglise, en font un espace dans laquelle l'homme médiéval connaît et trouve sa place, à Paris, à Londres, à Aix-la-Chapelle ou à Florence. L'auteur suit un cheminement chronologique, tout en rassemblant des événements ou de genres permettant de comprendre les composantes de la société médiévale : montée du monde ecclésial et artistique, place des femmes, relation vassal-suzerain, thème de l'étranger, relation ville-campagne, transmission du savoir ou fascination pour l'Orient ou les sciences... Franco Cardini livre une synthèse renouvelée des spécificités de la société médiévale. Il cherche à saisir l'extraordinaire complexité de la période tout en la rendant intelligible au lecteur. A partir d'une très riche iconographie, il balaye toute l'Europe, de l'Irlande à la péninsule Ibérique, de la Scandinavie à l'Italie, pour aboutir à l'aube d'un nouveau monde, que les historiens appelleront du nom de Renaissance en référence au monde antique qui demeure la source d'inspiration privilégiée du monde médiéval.

10/2012

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Histoire ancienne

Potestas populi. Participation populaire et action collective dans les villes de l'Afrique romaine tardive (vers 300-430 apr J-C)

Comparée à l'intérêt scientifique porté sur la politique populaire dans la Grèce classique ou dans la Rome républicaine, l'étude de la plèbe urbaine sous l'Empire romain tardif a été remarquablement négligée, malgré les discussions récurrentes sur la violence urbaine dans la période. Ce livre est une tentative de répondre à ce défi pour le contexte spécifique des provinces romaines d'Afrique du Nord, du début du IVe siècle à la conquête vandale. Son objectif principal est de comprendre les formes et les conditions de la participation populaire et de l'action collective dans les villes africaines de la période, en les replaçant dans le contexte plus large des activités économiques, des relations sociales et des traditions culturelles de la plèbe. L'auteur a souhaité proposer une réflexion sur les logiques propres de la foule à partir d'un certain nombre d'épisodes d'intervention populaire révélés par des sources ecclésiastiques africaines, dont les lettres et les sermons de saint Augustin. Ces études de cas sont cependant précédées d'une analyse plus générale des sources textuelles et archéologiques concernant les expériences formatrices de la vie plébéienne : le monde du travail, les conditions d'habitation et les réseaux de sociabilité. Ce contexte plus large est destiné à fournir une meilleure compréhension des bases à partir desquelles les membres de la plèbe urbaine pouvaient établir des liens de solidarité horizontaux et entretenir une culture politique qui prescrivait et légitimait leurs formes d'action collective.Julio Cesar Magalhães de Oliveira est né le 10 juin 1977 à Poços de Caldas, état de Minas Gerais, au Brésil. Il a fait ses études de licence et de master en Histoire dans l'université brésilienne de Campinas (état de São Paulo), avant de poursuivre ses recherches de thèse en France de 2002 à 2006. Il est docteur en Histoire et archéologie des mondes anciens de l'Université Paris Ouest Nanterre La Défense et professeur adjoint d'Histoire Ancienne à l'Université de Londrina (état du Paraná, Brésil).

03/2012

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Histoire internationale

De la Chine

Henry Kissinger raconte deux mille ans d’histoire de la Chine, qu’il connaît intimement. Quelle vision du monde et de l’Occident ont les Chinois ? Comment envisager nos relations avec ce géant du siècle à venir ? L’ancien secrétaire d’État fait d’abord œuvre d’historien. Il explique sur quels fondements s’est bâti l’Empire du Milieu : nul autre pays ne peut se vanter d’avoir connu une civilisation ininterrompue aussi longue, ni d’entretenir un lien aussi intime avec ses principes classiques de stratégie et d’art politique. C’est ensuite une histoire dont il a été un acteur essentiel que Kissinger retrace : celle des relations houleuses entre les États-Unis et la Chine, de la guerre de Corée au voyage de Richard Nixon à Pékin en 1972, jusqu’aux conséquences internationales des événements de la place Tiananmen 1989. Nourri d’anecdotes de première main et d’archives inédites, cet ouvrage magistral invite le lecteur dans les coulisses de la vie diplomatique du dernier demi-siècle et donne à comprendre les enjeux de demain.Henry Kissinger a été conseiller à la Sécurité nationale, puis secrétaire d’État sous Richard Nixon et Gerald Ford. Il a également conseillé de nombreux autres présidents américains en matière de politique étrangère. Il a été lauréat du prix Nobel de la paix en 1973.Traduit de l’anglais (États-Unis) par Odile Demange et Marie-France de Paloméra.« Un ouvrage fascinant […] ; un portrait de la Chine fondé sur la connaissance intime et directe qu’a eue Henry Kissinger de plusieurs générations de leaders chinois. » Michiko Katutani, The New York Times« Kissinger reste le plus grand auteur de mémoires de tous les secrétaires d’État et même les présidents de la période moderne. » James Mann, Slate.com « Une fascinante analyse des rencontres de Kissinger avec les leaders chinois. » Jon Halliday, The Telegraph« Il y a quelque chose de formidable à s’entendre raconter l’histoire par quelqu’un qui y a assisté tout du long. » Jeffrey Wasserstrom, Time magazine

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Histoire de France

Les temps modernes 1453-1815

Cet ouvrage réunit les Ateliers de l’historien publiés dans les volumes de l’Histoire de France : Les Renaissances (1453-1559), Les guerres de religion (1559-1629), Les rois absolus (1629-1715), La France des Lumières (1715-1789), Révolution, Consulat, Empire (1789-1815). Le grand atelier de l’histoire de France invite chaque lecteur à partager les « secrets de fabrication » d’une science humaine effervescente. Car le passé est un laboratoire d’expériences et d’hypothèses : un vaste terrain d’études et d’expérimentations, ouvert aux analyses et aux débats les plus divers et les plus féconds. Les sources. À partir de quels documents travaille l’historien ? Comment les exploite-t-il ? Les sources ici concernent toutes les traces laissées par l’homme et exploitables par le chercheur : les données de l’archéologie, les textes, les images, les objets, les témoignages dans le cadre d’une enquête orale… L’historiographie. Comment, siècle après siècle, les historiens ont-ils analysé le passé ? De Clovis à nos jours, de Grégoire de Tours à Jacques Le Goff, chaque époque n’a cessé d’enquêter, de chercher à comprendre le passé. Une place centrale est accordée ici aux importantes thèses qui ont renouvelé, depuis quarante ans, notre connaissance de l’histoire de France. Les controverses et les enjeux. L’histoire est un perpétuel questionnement : sur les hommes, sur les événements, sur la politique, sur les cultures, sur les croyances. L’histoire n’est pas un processus achevé mais une « invention » permanente, en relation avec les interrogations vives du présent : violences, guerres, crises… Une importance particulière est accordée ici aux directions nouvelles d’une recherche en devenir. Le grand atelier de l’histoire de France des Temps modernes met ainsi en valeur une histoire en construction, une histoire qui interroge et qui s’interroge, afin de mieux comprendre notre présent, offrant les « clés » d’une recherche plurielle, diverse, inventive, qui a totalement renouvelé notre connaissance du passé.

10/2012

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Sociologie

L'Etat face aux débordements du social au Maghreb. Formation, travail et protection sociale

Au Maghreb, sous l'empire de la renégociation de la dette publique et des injonctions des organismes internationaux, " l'Etat développeur " des lendemains de l'indépendance, tout à la fois moderniste, patrimonial et autoritaire, avait dû se faire " modeste " et en appeler au développement du secteur privé ainsi qu'à une implication renforcée de la " société civile ". Le succès n'a pas été au rendez-vous de ce tournant pris dans les années 1980. Bien plus, des inégalités sociales renforcées, des taux de chômage plus élevés, un système éducatif dévalorisé, une offre publique de soins dégradée ainsi que de nouvelles formes de pauvreté se sont conjugués pour mettre à mal un lien social déjà fragile. Parmi bien d'autres, des mouvements sociaux comme ceux des diplômés chômeurs ou les protestations récurrentes contre l'envolée des prix alimentaires, témoignent d'une angoisse individuelle et collective telle qu'elle s'est muée, par delà des calendriers spécifiques, en une priorité commune aux agendas politiques des trois pays du Maghreb : " sécuriser " la société en endiguant les " débordements " du social. C'est à déchiffrer ce moment particulier des mutations de l'action publique que s'attache ce livre. Ciblé sur trois activités principales - la formation, l'accès à l'emploi et la protection sociale -, l'ouvrage montre que la réforme de ces politiques se définit dans des configurations spécifiques, à la fois nationales et locales. Résolument comparatiste, la démarche s'intéresse d'abord aux trajectoires des " Etats sociaux maghrébins ", mises à l'épreuve des réformes actuelles et de mouvements protestataires. Puis, la réflexion se concentre sur les réajustements des politiques de formation et d'emploi. S'affichent les profonds déphasages entre les ambitions avancées aux débuts des années 2000 et les conditions sociales qui président, localement ou sectoriellement, à la construction des compétences professionnelles. Enfin s'échafaude une interrogation sur les devenirs des politiques sociales au Maghreb.

04/2010

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Religion

Le problème de la christianisation du monde antique

La christianisation du monde antique est un thème central d'un point de vue historique (c'est un des rares événements dont les conséquences ont été essentielles pour l'histoire mondiale), d'un point de vue historiographique (c'est un des grands sujets d'étude de la fin de l'Antiquité gréco-romaine avec la disparition de l'Empire d'Occident et la fin du système civique classique), mais aussi d'un point de vue méthodologique. En effet, on croit couramment que la christianisation du monde antique fut une réalité qu'il suffirait de décrire, alors qu'il s'agit en fait de la penser, car elle est d'abord une représentation des historiens héritée de modèles antiques (Eusèbe de Césarée, Augustin d'Hippone) ou modernes (Voltaire, Marx, Freud). Pour pouvoir traiter "la christianisation du monde antique" comme sujet historique, il faut donc d'abord réfléchir sur une question d'historiens: "le problème de la christianisation du monde antique". Pour cela, il faut faire un peu d'histoire moderne et contemporaine, analyser l'apparition et le sens du terme de christianisation, et faire le bilan de l'historiographie de la question. Ensuite, on peut tenter de penser "la christianisation du monde antique" de quatre manières: par l'analyse philologique des termes désignant la conversion en grec, latin et syriaque; par l'étude des sources littéraires chrétiennes à propos des chrétiens, afin de mettre en évidence les représentations antiques du problème de la définition du chrétien; par le recours aux sources non littéraires (épigraphie, papyrologie, archéologie funéraire, archéologie monumentale, iconographie) afin de contourner la question des représentations liées aux textes antiques; par l'enquête sur les sources littéraires chrétiennes à propos de la conversion des païens, qui permet de déconstruire des textes qui créaient une réalité autant qu'ils la décrivaient. Ainsi, en questionnant les évidences qui structurent nos pensées sur le passé, on peut espérer les distancier afin de mieux comprendre comment le monde antique est devenu chrétien.

10/2010

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Littérature étrangère

Les larmes rouges du bout du monde

Les larmes rouges du bout du monde : ce sont six nouvelles publiées dans la presse chinoise du début de ce siècle par un personnage singulier, lettré et bonze libre penseur : Su Manshu. Le rouge, quand il s'agit de poussière et de larmes, c'est la condition humaine, dans la Chine de la chute de l'Empire, de la République de Sun Yat-sen et de la tentative de Restauration de Yuan Shi-kaî. Ici se mêlent indissociablement les pérégrinations de l'auteur et les vagabondages de sa plume. Le réalisme le plus noir (L'épée brûlée côtoie le fantastique (Le foulard pourpre, la satire sociale (La solitude de l'oie sauvage va de pair avec l'utopie (Les larmes rouges...) ; sont également pures l'aspiration à la sérénité et les passions qui l'entravent. " N'est-il pas compréhensible - demande Su Manshu à son lecteur - que les hommes, tourmentés par les affres d'une époque convulsive, cherchent refuge dans la méditation, au milieu des fleuves et des montagnes ? " Mais la phrase musicale et rythmée de l'auteur s'attache à peindre, surtout, les convulsions de l'époque et des êtres. L'auteur est, en lui-même, un personnage. Bonze, il a participé à des sociétés secrètes qui projetaient des attentats et des émeutes contre le régime impérial. Passionné de bouddhisme et de sanskrit, il avait, avant ses vingt ans, rédigé une encyclopédie bouddhique en huit volumes. Peintre et poète, son égérie et modèle fut une prostituée japonaise de Shanghai. Lettré, il considérait appartenir à une lignée de poètes insoucieux de la matérielle, jaloux de leur indépendance et de celle des peuples, exigeants quant à leur art (Li Baï et Byron, Du Fu, Shelley, Li Ho). S'il fallait, d'un mot, qualifier Su Manshu, ce serait : original. De quoi rebuter les esprits étroits et les colleurs d'étiquettes. Et attirer tous les autres.

02/1989

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Histoire de France

Verbatim. Tome 3, Chronique des années 1988-1991

Plus encore que les précédents, ce dernier volume de Verbatim soulèvera des polémiques. Parce qu'il contient maintes révélations sur une des périodes les plus riches de notre histoire contemporaine ; parce qu'on Y voit notamment se défaire le dernier empire du siècle et qu'on y révèle comment s'est décidée et a été conduite la première guerre de l'après-communisme, celle du Golfe. Aujourd'hui comme hier, il ne s'agit pas pour moi de régler des comptes, mais de rendre compte. Mon propos n'est pas de rapporter des confidences de boudoir ou de dévoiler des secrets de pacotille, mais, en livrant crûment la vérité sur des faits essentiels à la compréhension de l'Histoire, de permettre aux citoyens de comprendre l'action de ceux qu'ils ont choisis, et de les inciter à réfléchir sur ce qui se produit quand les projets des gouvernements sont dépassés, voire balayés par la volonté des peuples. Cette troisième partie commence le 8 mai 1988, jour de la réélection de François Mitterrand à la Présidence de la République. Elle se termine le 15 avril 1991 - soit un mois avant l'éviction de Michel Rocard de la direction du gouvernement -, jour où j'ai quitté mes fonctions de conseiller spécial à l'Elysée pour prendre, à Londres, la présidence d'une institution internationale dont je venais de négocier la création, la Banque européenne de Reconstruction et de Développement (BERD). Au total, ces trois années resteront parmi les plus inventives, les plus chahutées, les plus allègres et les plus éclairantes de ce siècle terrible. Peut-être même ne devraient-elles être comparées à aucune autre période que celle de 1848, avec son cortège de promesses et d'espoirs manqués. Les discussions entre hommes d'Etat qu'on trouvera rapportées ici mériteront sans doute, plus que beaucoup d'autres, de figurer dans les livres d'Histoire.

10/1995

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Histoire internationale

Cortés

"J'ai vécu les armes à la main. J'ai exposé ma personne à mille dangers, j'ai grandi le nom de mon roi, accru son domaine en plaçant sous son sceptre d'immenses royaumes de peuples étrangers que j'ai gagnés moi-même sans recevoir aucune aide, j'ai dû faire face aux obstacles des jaloux qui m'ont sucé le sang jusqu'à en crever comme des sangsues repues... Mais je n'avais pas plus tôt tourné le dos que vous me dépossédiez de tout ce que vous m'aviez donné." A l'automne de sa vie, le conquistador écrit son ressentiment à Charles Quint. Mais l'empereur ne lui répondra pas. C'est que l'homme qui conquiert l'empire des Aztèques en moins de deux ans, après avoir fait ses classes à Cuba et à Saint-Domingue, paraît vite suspect dans une Espagne à peine sortie du Moyen Age. Comment un hidalgo peut-il choisir l'Amérique des Indiens au point de vivre avec eux et d'épouser la belle Malinche, qui lui a appris à parler leur langue et lui a donné son fils aîné ? Les envieux ne se privent pas de rappeler que Cortés avait une épouse espagnole et que celle-ci, à peine débarquée, est morte mystérieusement du mal de madre. Plus grave, sa vision de la christianisation des Indiens n'est pas celle des inquisiteurs. En fait, Cortés, dès qu'il a le pouvoir en main, se bat pour mettre en place une société métisse et économiquement indépendante, qui est aux antipodes de la colonie que veut implanter la vieille Castille. Demi-dieu pour les uns, démon pour les autres, héros ou traître, Cortés porte un regard désabusé sur ses compatriotes. Vivant à la frontière de deux continents qui se rencontrent pour la première fois, il rêve d'être le roi d'un autre monde.

05/2008

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Histoire ancienne

Les fouilles de la cathédrale Saint-Pierre de Genève. Les édifices chrétiens et le groupe épiscopal

Au terme de trente années de recherches, Charles Bonnet et son équipe du Service cantonal d'archéologie ont mis en évidence la naissance d'une ville par la permanence d'un lieu de culte sur la colline qui domine les rives du lac Léman et du Rhône, dès le IIe siècle avant Jésus-Christ. Dans le premier volume, intitulé "Le centre urbain, de la protohistoire jusqu'au début de la christianisation", c'est la permanence cultuelle qui a été décrite, du lieu de refuge de l'oppidum celte, en passant par la "Genua" romaine jusqu'à l'élévation du centre urbain au rang de "civitas" sous l'Empire. Ce deuxième volume fera découvrir l'adaptation en lieu mémoriel, de la fin de l'administration romaine jusqu'à l'affirmation durable du pouvoir épiscopal. Car la diffusion du culte chrétien a eu ses exigences. Les réformes liturgiques qui s'en suivirent ont nécessité de nombreuses adaptations sous forme de transformations d'atrium, de multiplication de bâtiments cathédraux, d'aménagements de salles de réceptions, de cryptes ou de sépultures, d'installations de baptistères et de rotonde, voire de modifications de nef et d'absides pour arriver à l'établissement de l'édifice romano-gothique actuel. Après avoir voyagé dans les couches les plus profondes du sous-sol de la cathédrale Saint-Pierre et avoir traverse les différents niveaux d'occupation du noyau urbain, le lecteur y aura perçu les temps forts de la christianisation à Genève. Il aura survécu aux guerres burgondes du Ve siècle, admiré le renouveau artistique carolingien du IXe siècle et participe à la couverture "d'une robe blanche d'églises" dans l'Europe de l'An mil. Par leur souci de préserver une source documentaire précieuse et de transmettre, par une approche plurielle, des résultats qui ont été mis en relation avec cent quatre-vingt sites archéologiques du bassin méditerranéen, ces deux ouvrages montrent, s'il était encore nécessaire, que l'archéologie raccommode les lacunes du passé, là où les documents écrits manquent.

01/2012

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Religion

La vie quotidienne du prêtre français au XIXe siècle (1801-1905)

Durant un siècle, de 1801 à 1905, l'Eglise de France a vécu sous le régime du Concordat conclu entre Bonaparte, Premier consul, et le pape Pie VII. Ce Concordat faisait des prêtres français des fonctionnaires du culte, salariés, dépendant étroitement de leur évêque et de l'administration. Et cependant, jamais le clergé français n'a été aussi nombreux : 140000 jeunes gens ordonnés en un siècle. Qu'est-ce qui a pu pousser tant d'adolescents, en majorité des fils de paysans, à franchir le seuil des séminaires ? La sécurité attachée à un traitement fixe et assuré ? Une promotion sociale incontestable ? Certainement. Mais aussi l'attrait du service de Dieu et des âmes, la réalisation d'une haute vocation. L'exercice de cette vocation, au cours du XIXe siècle, est rendue de plus en plus malaisée par la formidable mutation économique, sociale, idéologique, religieuse qui fait que la France républicaine et logique de 1905, avec ses 4 millions de travailleurs industriels, est très différente de la France de 1801, dont les campagnes surpeuplées vivaient encore selon un rythme ancien, auquel l'existence du prêtre était accordée. A travers la vie quotidienne du prêtre français au XIXe siècle, c'est toute une nation qu'on voit évoluer, c'est la France profonde qu'on entend respirer, une France à la fois très éloignée et très proche de nous. Pierre Pierrard Né à Roubaix, Pierre Pierrard est professeur honoraire à l'Institut catholique de Paris. Après avoir soutenu une thèse de doctorat sur La Vie ouvrière à Lille sous le Second Empire, il a orienté ses recherches et ses travaux vers une meilleure connaissance des courants sociaux et religieux contemporains. Chroniqueur à La Croix président de l'Amitié judéo-chrétienne de France, il a reçu le Grand Prix catholique de littérature en 1984 pour son livre : l'Eglise et les ouvriers en France, 1840-1941 (Hachette-Littérature). Il est également l'auteur d'une Vie quotidienne dans le Nord au XIXe siècle.

04/1986

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Anglais apprentissage

L'Écosse depuis 1528

Pittoresque, l'Ecosse évoque la légende plus volontiers que l'Histoire. Romancée par Walter Scott et R.L. Stevenson, folklorisée par Hollywood, l'histoire de l'Ecosse est pourtant bien plus qu'un clinquant cortège de clans, de kilts et de cornemuses ponctué de querelles calvinistes. La construction navale et l'électronique, Adam Smith et David Hume, figures marquantes des Lumières d'une Ecosse riche de cinq universités alors que l'Angleterre n'en comptait que deux, Sean Connery et Billy Connolly, comédiens d'origine irlandaise catholique, sont tout aussi écossais que la tourbe et le whisky, John Knox et Marie Stuart, Keir Hardie, le père du travaillisme britannique, et Irvine Welsh, l'auteur de Trainspotting, Depuis le fiasco du premier référendum sur l'autonomie parlementaire, en 1979, nombre d'intellectuels écossais se sont attachés à faire justice des divers mythes sur lesquels, selon eux, se fondaient leur histoire et leur identité nationales. Première histoire de l'Ecosse à paraître en français depuis un quart de siècle, ce livre tient compte de leurs apports. Il a pour ambition de présenter, à partir de la Réforme (l'introduction retraçant brièvement les siècles précédents), l'évolution d'une nation qui, après l'Union de 1707 avec l'Angleterre, balança longuement entre assimilation au sein de l'ensemble britannique et affirmation identitaire, avant de choisir massivement, en septembre 1997, la voie de l'autonomie parlementaire. Documents à l'appui - statistiques et articles savants, mais aussi extraits de mémoires et de récits de voyages, de romans et de poèmes - L'Ecosse depuis 1528 s'efforce également d'éclairer les controverses qui divisent encore les historiens de l'Ecosse, à propos, notamment, du calvinisme et de l'Union des parlements, du jacobitisme, des Lumières et des Highland clearances (les évictions massives de petits paysans gaéliques), de la révolution industrielle et de l'Empire britannique, de la littérature, de l'enseignement, du mouvement ouvrier, du nationalisme ou de l'Europe. Chaque chapitre comporte une bibliographie historique et littéraire, ainsi qu'une filmographie.

12/1998

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Philosophie

Oeuvres complètes. Tome 2, Volume 3, Ecrits philosophiques et politiques Vers la guerre (1937-1940), 2e édition

En 1937, Simone Weil lutte de toutes ses forces pour que les Européens "ne recommencent pas la guerre de Troie". Pourtant, la guerre est là en 1940 et, devant l'irréparable, elle se fonde sur l'Iliade pour analyser le mécanisme de la force meurtrière. Entre ces deux dates, une série d'articles, parus dans diverses revues, nous permet de suivre l'évolution de la philosophe qui la mène du pacifisme presque inconditionnel à l'acceptation d'un inévitable conflit. Et celle qui, en 1937, préfère la défaite à la guerre, reconnaît en 1940 que la France a le droit de combattre pour sa propre existence, justifiant ainsi l'accusation qu'elle se portera à elle-même de négligence criminelle à l'égard de sa patrie pour son soutien des milieux pacifistes d'avant 1939. Une telle évolution, si déchirante pour Simone Weil, s'accompagne naturellement de la profonde méditation qu'elle poursuit sur les problèmes coloniaux : ceux-ci l'obligent à contester, plus nettement encore en ce temps de guerre, le droit moral de la France à se réclamer des grands principes. L'affligeante constatation des bouleversements en cours pousse aussi Simone Weil à la recherche des origines de l'hitlérisme qu'elle rattache à l'Empire romain. La lucidité et le discernement de Simone Weil, penseur politique, sont tels que beaucoup des textes ici rassemblés frappent par leur actualité. Simone Fraisse en sa préface s'attache à préciser leur genèse et se plaît à souligner que, si l'on ne peut toujours prendre "à la lettre" les conclusions de Simone Weil, "on peut au moins prendre au sérieux l'intention qui l'a guidée : une attitude de soupçon à l'égard de l'histoire officielle et des idées reçues, une quête de la vérité cachée sous les images d'Épinal transmises par la tradition scolaire, et finalement une leçon d'histoire. Une leçon d'humanité aussi".

11/1989

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Critique littéraire

Les pages immortelles de Suétone. Les Douze Césars

Rien de plus ennuyeux que Suétone et ses litanies interminables et désordonnées des tares, de la démence, des meurtres et des méfaits, de la mort enfin, toujours violente, des douze Césars dont il aligne les biographies. Si, peut-être : D.A.F. de Sade, le plus soporifique des romanciers. C'est en substance ce que déclare Roger Vailland au commencement de ce livre. Sa lecture structurale — qui s'efforce de trouver les constantes dans les variations, d'en comprendre les logiques, bref, de dégager les lignes de fond — consiste à réorganiser les douze récits selon l'analyse qu'il en fait. En dehors de cette reconstruction, opération majeure, il intervient peu, laissant toute sa place à l'oeuvre de Suétone, dont il nous donne, tout simplement, les clefs et le mode d'emploi. Ce procédé a un double avantage : il relègue au second plan l'océan fastidieux des anecdotes, des exemples et des faits dont la lecture nous étouffait ; il dégage et met au premier plan une analyse du césarisme, c'est-à-dire de la domination des princes portés au pouvoir par la démocratie, mais revêtus d'un pouvoir absolu. Voilà donc un livre utile, comprenons-nous aussitôt ! Passent dans ces pages publiées en 1962, trois ans avant la mort de Vailland, les fantômes discrets mais bien là de Joseph Staline et de Charles de Gaulle... Nous n'insisterons pas sur Staline : la cause est (fort mal, hélas) entendue. Mais de Gaulle, version moderne, soft, à la française, du césarisme, associé en passant aux tyrans sanguinaires de l'Empire romain ! De Gaulle, élu au suffrage universel par le peuple français, sous condition d'une Constitution qui donne presque tous les pouvoirs au Président de la République et plombe notre pays depuis 1958 ! De Gaulle, ne l'oublions pas, chassé dix ans plus tard par le même peuple français ! Voilà qui donne à penser. Vailland conclut : " Prudent Suétone. Il nous a quand même dit tout ce que nous devions savoir de nos futurs cauchemars ".

01/2019

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Littérature française (poches)

Rosie Carpe

Le septième roman de Marie NDiaye ne commence pas par le début, non, les premières pages racontent l'arrivée de Rosie Carpe à la Guadeloupe où elle vient rejoindre son frère Lazare qui ne l'attend pas, elle est enceinte, enceinte de personne, sans le sou, malheureuse, malheureuse et lavée d'avoir laissé le malheur passé sur la rive ancienne de l'Atlantique. C'est déjà le commencement de la fin. Lazare n'est pas là, il est ailleurs, dans de mauvais coups, défait, il a envoyé Lagrand les chercher à l'aéroport. Lagrand est peut-être le premier personnage noir de Marie NDiaye, tous livres confondus. Il est également le seul personnage clair de ce livre, le seul innocent, donc le seul impardonnable. L'histoire commence plus tard, vers la page 50, à Brive-la-Gaillarde, une ville jaune avec un magnolia inoubliable dans la cour, le seul souvenir commun de Rosie et Lazare Carpe. Là-bas, ils avaient des parents et un avenir. Les parents et l'avenir ont fini par se désintéresser d'eux. Rosie travaille dans un hôtel, s'y fait engrosser, endure, espère et désespère, boit. Part. Arrive. Rosie vit à côté de son nom. En Guadeloupe, la vie empire, on laisse mourir, on tue, on s'accouple et on se désaccouple au partage des générations, on salit, on se salit, on a peur, on a peur de sa peur, on transgresse d'aveugles et invisibles tabous. On respire trop fort ou trop faible, on transpire. Le livre ne tient pas dans ses rebondissements, même s'il y tient. Le livre existe parce que Marie NDiaye l'a écrit, parce qu'elle y réussit à l'extrême ce qu'elle conduit depuis toujours : écrire dangereusement, écrire au comble de la modestie et de l'exigence, écrire au risque de soi-même. Le septième roman de Marie NDiaye ne finit pas avec sa fin, il dure longtemps après qu'on l'a refermé. Jean-Baptiste Harang, Libération.

09/2009

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Musique, danse

Franz Schubert (1797-1828). La musique du coeur, avec 2 CD audio

Franz Schubert est à la fois le plus célèbre, le plus prolifique et le moins joué des grands compositeurs. C'est effectivement lui qui a signé le plus grand nombre d'opus : 1000 oeuvres écrites entre 13 et 31 ans. Mais si absolument tout le monde connaît son nom (immanquablement associé, dans notre pays, à un malheureux poisson à la sauce "Frère Jacques"), qui - en dehors de la sphère germanique, bien entendu - donne aujourd'hui en récital ses dernières grandes sonates pour piano ou programme ses quinze opéras, ses sept messes, ses 300 oeuvres chorales ou ses neuf symphonies ? Et lorsque, comme c'est si souvent le cas, l'extraordinaire musique de chambre de Schubert illustre des films à succès, combien de spectateurs lui en attribuent-ils la paternité ? L'homme n'est guère plus visible car sa vie fut un court fleuve tranquille offrant peu de grain à moudre à d'éventuels cinéastes : pas d'enfance maltraitée, aucun voyage en dehors de l'empire austro-hongrois - Franz en effet n'a jamais vu la mer -, pas de grandes passions romanesques, pas le plus petit handicap, pas le moindre contact avec les Grands de son temps. Juste une syphilis (alors banale) qui a gâché les cinq dernières années de sa vie et causé sa mort prématurée. Comment quelqu'un de si ordinaire a-t-il donc pu laisser tant de pages aussi universelles que profondément germaniques, aussi bouleversantes que préservées de tout effet grandiloquent ? Comme si la musique lui coulait directement du coeur. Comment Franz Schubert a-t-il si bien su "faire parler la musique et chanter les mots" - comme l'écrivit à sa mort son ami le poète Grillparzer ? S'appuyant sur une bande-son de plus de deux heures et demie, avec les plus beaux thèmes de Schubert décryptés et replacés dans leur contexte, c'est à toutes ces questions que ce livre s'est, en toute humilité, attaché à répondre.

11/2019

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Sciences historiques

L'Encyclopédie des sous-marins français. Tome 2, D'une guerre à l'autre

Tome après tome, l'Encyclopédie des sous-marins français décrit, analyse, explique les cent cinquante années d'histoire et d'aventures vécues par ces bâtiments. Le premier tome a raconté la "Naissance d'une arme nouvelle", le moment des pionniers suivi du moment de la guerre. Le sous-marin y est devenu militaire. Le deuxième tome, "D'une guerre à l'autre" commence dans les années 1920. Il montre l'affermissement des techniques, les leçons de la Première Guerre mondiale ; il décrit la vie des équipages, passe successivement en revue les programmes de construction à l'issue des conférences navales. Il raconte enfin la première partie de la guerre. Les séries des sous-marins sont détaillées, les 1 500 tonnes comme le Casabianca, les mouilleurs de mines comme le Rubis, l'invraisemblable Surcouf et tous les autres. Une flotte sous-marine solide est née de ces années folles, assez homogène et bien entraînée. Les exploits militaires des sous-marins déployés autour de la France et dans l'Empire, furent d'abord brefs comme le fut la drôle de guerre. Après l'armistice, après Mers-el-Kébir, cela finit hélas par le suicide dramatique de presque tous ces bâtiments sacrifiés outre-mer puis sabordés à Toulon, suicide qui aura suivi l'épreuve d'une profonde défaite. Pendant ces moments terribles saturés de nombreux combats fratricides, les faits d'armes des forces navales françaises libres vont heureusement apporter une première lueur d'optimisme. Cette lueur trouvera sa récompense et le tome 2 en porte le germe : il s'arrête là où le déclin s'arrête. Le 27 novembre 1942, cinq sous-marins s'échappent de Toulon en flammes, le combat va reprendre unanime aux côtés des Alliés. Pour conclure, figurent sans jugement quelques réflexions, en forme d'hommage à ceux qui ont traversé dans l'honneur et avec conviction, ces moments d'incertitude absolue.

10/2010

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Sciences historiques

La belle jeunesse du gymnase Jean-Sturm. 1538-2018

Strasbourg n'aura jamais fait les choses comme tout le monde. Devenue ville libre d'Empire en 1262, elle accueille, en 1537, un homme exceptionnel, au parcours intellectuel remarquable, Jean Sturm. Dans ses valises, il y a ses connaissances et ses projets, tout ce qu'il a vu, appris et retenu au fil des années. Un an plus tard, le Gymnase - Haute école de Strasbourg ouvre ses portes. La structure qui servira de socle à l'Université de Strasbourg, aura rapidement suscité beaucoup de jalousies et de convoitise, en France et dans toute l'Europe. Georges Livet, ancien doyen de la faculté des Lettres de Strasbourg, l'a souvent répété : "A une époque, en Europe, tout le monde voulait avoir Jean Sturm". Pas de chance, il était à Strasbourg ! Par ses qualités de pédagogue, de rhéteur et de diplomate, Jean Sturm réussit à attirer au Gymnase des élèves et des étudiants de toute l'Europe. Strasbourg devient une vitrine. Le succès de l'établissement est à l'origine de l'expansion du modèle du Gymnase à travers l'Europe, ainsi que des valeurs de l'humanisme rhénan. L'auteur, Louis Nore, nous entraîne dans un voyage passionnant qui rappelle que Strasbourg a basculé au XVIe siècle dans la Réforme, sans heurt, sans verser une seule goutte de sang, qu'elle a su ériger en valeurs fondamentales l'indépendance et la tolérance, notamment en accueillant les "? réprouvés de l'Europe ? ". C'est tout un pan de l'histoire de Strasbourg au travers de l'édification et de l'évolution du Gymnase protestant Jean-Sturm qui vous tend les mains. On croise au fil des pages de nombreux personnages qui, tous, ont marqué de leur empreinte l'histoire de la ville. La prose pleine de verve de l'auteur nous transporte dans un modèle de société où transmission des savoirs et humanisme s'entremêlent pour offrir à ses jeunes une éducation portée sur la culture de l'intelligence et le juste équilibre permettant à l'homme de libérer toutes ses potentialités.

10/2018

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Histoire de France

1846 Destination : l'Afrique

"Destination : l'Afrique" ou "Destination : département de l'Afrique . Telles sont les mentions qui figuraient sur les passeports que l'administration française fournissait aux candidats au départ pour l'Algérie dans les années 1840. 1846, Chapareillan, Isère, un paysan quitte son village avec sa famille. Une famille de Collioure, une autre des Pyrénées, un autre paysan d'Isère devenu soldat, un combattant de la guerre de 1870 engagé dans la Gendarmerie d'Afrique, d'autres migrants encore vont suivre et constituer une famille, installée dans un village à une vingtaine de kilomètres à l'ouest d'Oran, Bou-Sfer. C'est l'histoire de ses ascendants qu'Andrée Dijou-Guiffrey tente de reconstituer, mêlant enquête généalogique, récits familiaux, photos, reconstitution de l'époque à laquelle ils ont vécu. Reconstitution qui doit tout aux travaux d'historiens, aux récits de voyageurs ou de soldats. L'Histoire, ces migrants ne l'ont pas faite mais subie, en ont été les témoins ou les victimes : guerre de conquête contre Abd-el-Kader, insécurité, guerres du Second Empire en Crimée, en Italie, expédition en Kabylie de 1857, guerre franco-prussienne de 1870, guerre de 1914-1918, guerre au Maroc, bombardement de la flotte française à Mers el-Kébir en 1940, débarquement américain en Algérie en 1942, en Provence en 1944 et guerre d'indépendance. L'auteur tente d'être neutre, tout en sachant que la neutralité demeure un horizon toujours à atteindre ; elle se place, bien sûr, le sujet l'y oblige, du point de vue de ceux qui dans sa famille l'ont précédée ou qu'elle a connus. D'autres, plus autorisés qu'elle, présenteront ou ont déjà présenté d'autres points de vue. En parlant de soi, de son village, on parle toujours un peu de tous. L'auteur n'espère que cela : que cette histoire particulière trouve un écho chez des lecteurs aussi divers que possible.

12/2018

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Histoire internationale

Réveiller l'archive d'une guerre coloniale. Photographies et écrits de Gaston Cherau, correspondant de guerre lors du conflit italo-turc (1911-1912)

En 1911, le romancier Gaston Chérau (1872-1937) est missionné par le quotidien Le Matin pour couvrir la guerre qui vient d'éclater entre l'Italie et l'Empire ottoman. Ce conflit pour le contrôle du territoire de l'actuelle Libye, qui précipita le déclenchement de la guerre dans les Balkans (1912) constituant ainsi les prémices de la Grande Guerre, vit s'affirmer l'utilisation de la photographie dans la presse. Cet ouvrage rassemble l'archive inédite de Gaston Chérau : plus de 200 photographies, une correspondance privée, des publications dans la presse et un récit littéraire tardif (1926). En participant à la construction collective du récit de guerre, le journaliste est tiraillé entre sa fonction de témoin et la manipulation des pouvoirs politiques, militaires et médiatiques. L'avènement de l'écrivain en reporter-photographe permet au Matin de conforter sa stratégie commerciale, construisant sa modernité sur la dimension visuelle de l'information. L'ensemble de ces documents constitue une source de premier plan pour comprendre le rôle contraint du correspondant de guerre, que l'historien Pierre Schill décrit et analyse dans la première partie du volume. La suite de l'ouvrage rend compte d'un croisement des regards contemporains à partir de l'archive réveillée. Deux expositions et plusieurs oeuvres ont contribué à lui donner une résonance publique. Les écrivains Jérôme Ferrari et Oliver Rohe ont publié un récit à quatre mains A fendre le coeur le plus dur ; le danseur et chorégraphe Emmanuel Eggermont a mis en scène un spectacle à partir des images ; la plasticienne Agnès Geoffray a travaillé sur la matérialité de l'archive. L'historien Quentin Deluermoz, l'écrivain et éditeur Mathieu Larnaudie, la critique d'art Smaranda Olcèse et l'historienne de l'art Caroline Recher, en analysant ces interprétations singulières, montrent comment le compagnonnage entre art et histoire a pu faire écho à la puissance expressive de ces archives visuelles.

10/2018

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BD tout public

Les aventures de Blake et Mortimer Tome 25 : La vallée des immortels. Tome 1, Menace sur Hong Kong

A Lhassa, le palais impérial du dictateur Basam-Damdu est anéanti par une escadrille d'Espadons, et le monde, soulagé, fête la fin de la troisième guerre mondiale. Pendant que, dans la Chine voisine, les communistes de Mao affrontent les nationalistes de Chiang Kai-shek, le Seigneur de la guerre Xi-Li cherche à mettre la main sur un manuscrit qui lui permettra d'asseoir son pouvoir sur l'Empire du Milieu. Face aux menaces qui planent sur la région, le capitaine Francis Blake est chargé d'organiser la défense de la colonie britannique de Hong Kong. De son côté, à Londres, le professeur Philip Mortimer est amené à s'intéresser de près à une curiosité archéologique chinoise suscitant appétits et convoitises. Au même moment, le fameux colonel Olrik, ancien conseiller militaire déchu de Basam-Damdu, profite du chaos ambiant pour monnayer ses services auprès du général Xi-Li afin d'assouvir sa soif de vengeance... Premier volet d'un diptyque, La Vallée des Immortels commence exactement là où Le Secret de l'Espadon s'achève. Les amateurs de Blake et Mortimer retrouveront quelques-uns des ingrédients qui ont assuré la renommée de la saga d'Edgar P. Jacobs : la grande aventure, l'exotisme, qui s'exprime ici dans les ruelles dangereuses de Hong Kong, l'atmosphère londonienne digne des plus belles pages de La Marque Jaune et la science-fiction, incarnée par le nouvel engin imaginé par le professeur Mortimer, le Skylantern, le tout relevé par quelques figures de traîtres et par un Olrik plus machiavélique que jamais. Ecrit par Yves Sente, l'album est dessiné à quatre mains par Teun Berserik et Peter van Dongen. Inspirés par la " ligne claire " du Mystère de la Grande Pyramide, ils ont su relever ce défi graphique avec maestria et fidélité à l'esprit Jacobsien. Cet album devrait ravir les amateurs les plus pointus de la série.

11/2018

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Histoire de France

Les pigeonniers de Gambetta

En 1857, un jeune homme ambitieux, fils d'un épicier italien, quitte son Quercy natal aux pigeonniers emblématiques pour gagner la capitale et y devenir avocat. Douze ans plus tard, séduit par la politique, il est élu député. Confronté à la guerre franco-prussienne de 1870, il prend à 32 ans la tête de la résistance à l'occupant dans un gouvernement de défense nationale. Il se transformera ensuite en pigeon voyageur d'une République qui tarde à se construire. Président éphémère d'un " grand ministère ", c'est seulement après sa mort prématurée, à quarante-quatre ans, que sa vision politique pour une France forte dans des institutions justes sera reconnue. La vie de Gambetta, trop courte, fut une vie de passions. Passée successivement dans les cafés du Quartier latin puis dans les salons du Second Empire et enfin sous les ors de la IIIe République, c'est cette vie de passions que l'auteur nous fait découvrir. Il nous fait partager une étonnante histoire d'amour entre deux maîtresses : la République d'une part et une femme, Léonie Léon, d'autre part, avec qui Gambetta échangea pendant dix ans une correspondance aussi assidue qu'enflammée. Au travers des querelles de l'hémicycle et des grands procès du siècle, on croise au fil des pages non seulement les hommes politiques d'importance et les ténors du barreau de l'époque, mais aussi des proches qui ont compté pour leur temps, tels Jean-Martin Charcot et Edouard Manet. Dans ce roman respectueux de l'histoire, l'auteur s'attache à mettre en valeur la personnalité de l'homme, son éloquence exceptionnelle, son rôle de leader politique, et à tempérer l'image populaire de dictateur anticlérical complaisamment entretenue depuis sa mort. C'est aussi inviter les politiques d'aujourd'hui à défendre les valeurs de la République avec la même passion et la même abnégation que ce glorieux prédécesseur.

10/2017

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Littérature érotique et sentim

Les protecteurs Tome 2 : Rédemption

Le chirurgien Ronan Grisham a tout perdu le jour où l'homme qu'il aimait lui a été enlevé à la suite d'une violente attaque. Animé par une soif de vengeance, il tourne sa haine dans la construction d'un groupe clandestin qui fait ce que lui n'a pas pu faire ce jour maudit... prendre la vie des coupables pour sauver la vie des innocents. Mais des années plus tard, il est forcé de se confronter au seul lien de son passé qu'il ne peut couper. Sept ans après la perte de ses parents lors d'une intrusion violente dans sa maison qui l'a laissé marqué à la fois physiquement et mentalement, Seth Nichols, 21 ans, essaie de reconstruire sa vie afin de prendre les rênes de l'empire qu'est la société de son père. Mais la dernière personne qu'il s'attend à voir revenir dans sa vie est l'homme qu'il a chassé avec un innocent baiser volé. Avec un effleurement de ses lèvres, Seth réussit à faire à Ronan ce qu'aucun autre n'avait fait depuis le jour où il a vu la lumière s'éteindre pour toujours dans les yeux de son fiancé. Il lui a fait désirer à nouveau. Mais il ne peut désirer quiconque, et encore moins le jeune frère de son défunt fiancé. Car un geste de Seth pourrait briser le monde méticuleusement construit de Ronan et il sait qu'il ne pourra pas survivre à cela une deuxième fois. Mais quand une série d'attaques contre Seth force le retour de Ronan dans sa vie, Seth sait qu'il s'agit de sa dernière chance de prouver qu'il peut être l'homme dont ce chirurgien brisé a besoin. Seulement, le Ronan qui revient n'est pas le Ronan dont Seth est tombé amoureux il y a si longtemps. Seth peut-il être le salut de Ronan ou finira-t-il par les détruire tous les deux ?

09/2017

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Photographie

Japonais et japonaises. Dans l'atelier de Felice Beato à Yokohama

Japonais et Japonaises. Photographies du Japon de Felice Beato. Italien d'origine, naturalisé anglais, Felice Beato (Venise, 1832 - Florence, 1909) est l'un des premiers photographes occidentaux à avoir travaillé au Japon et est considéré comme l'un des pionniers du photoreportage. Il a grandi à Corfou, à l'époque protectorat de l'Empire anglais, et commence très probablement à travailler en tant que photographe à Malte en 1850. Après avoir immortalisé les routes de Constantinople, Athènes, Malte, du Caire et de la Palestine, il documente, en tant que photographe plus ou moins officiel de l'armée du Royaume-Uni, la guerre de Crimée (1855), la révolte de Cipayes en Inde (1857), la guerre de l'Opium en Chine (1860) et plus tard la guerre du Soudan (1885). La période japonaise, ici proposée, représente une pause presque contemplative dans son activité de photoreporter " engagé ". Entre 1863 et 1877, Felice Beato installe son atelier à Yokohama et réalise, avec des collaborateurs occidentaux et japonais, une importante série de portraits ethnographiques. Il en résulte deux albums, de 50 clichés chacun, reliés sous une épaisse couverture en laque noire ; l'un est consacré aux femmes, l'autre aux hommes. Il photographie, selon des minutieuses mises en scène, les activités quotidiennes, comme la préparation des repas, la toilette, l'heure du thé, les moments de jeu, le repos. D'autres portraits décrivent l'art de la guerre, le rituel des tatouages, le sport du sumo. La plupart des photos, sur papier albuminé, est mise en couleur avec une palette de tons pastel et naturels, de laquelle se détachent des détails de couleur rouge vif. Les deux recueils sont non seulement des témoignages précieux sur les moeurs et coutumes de la classe aisée japonaise de l'époque, ils rappellent aussi que le travail de photographie documentaire relève d'emblée d'une approche artistique. On découvre par ailleurs un véritable " art des genres ", qui peint avec délicatesse les codes esthétiques d'une tradition millénaire.

05/2016

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Religion

Conversation. Celui qui croyait en Dieu, celle qui n'y croyait plus

Depuis toujours, les hommes ont regardé les étoiles, raconté l'origine du monde et parlé à leurs dieux... Pourtant, au sein des cultures humaines, se sont érigés deux systèmes d'intelligence du monde. Entre eux, une ligne de partage infranchissable : soit il y a une ou plusieurs volontés supérieures à l'origine de tout ce qui existe, soit il n'y en a pas... Peu à peu, des réflexions d'ordre philosophique, cherchant à échapper à l'idéologie ou au simplisme, ont tenté de penser à leur tour l'impensé, de comprendre l'incompréhensible, de rendre compte de leurs hypothèses ou de leurs questionnements. La théologie, de son côté, affûtait ses arguments et cherchait à éclairer à son tour croyants et incroyants... L'époque contemporaine a ainsi vu fleurir des controverses souvent vives où l'empire de la pensée scientifique et la laïcité comme règle intangible du jeu politique et social se sont parfois imposés. Aujourd'hui, ce débat est-il une question dépassée ? Pas pour nos auteurs, l'un, prêtre catholique, l'autre, professeur de philosophie. L'un croit, l'autre a perdu la foi. Converser, c'est la démarche qu'ils ont adoptée. Autour de quelques grands thèmes, ils ont choisi d'échanger leurs arguments : la question de la consolation, celle du fait de croire, du rôle de l'institution, du sens de la vie, de la conscience, de l'animal, de la morale ou encore de l'importance à accorder au réel... Ils ont décidé d'en parler d'âme à âme, de conscience à conscience et, forts de leurs liens d'amitié et de respect, d'accepter d'envisager le point de vue de l'autre comme contradictoire et complémentaire mais aussi et possiblement salutaire. Comme une garantie à la liberté de conscience, dans un monde qui, aujourd'hui, cherche à faire naître des conflits là où il n'y a que de la différence...

02/2016

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Science-fiction

Pellucidar Tome 3 : Tanar de pellucidar

Paru initialement en 1929, Tannar de Pellucidar est le troisième tome d'un autre Cycle, celui de Pellucidar qui comprend six volumes. Sa première publication en français date de la fin des années 1960. Dans ce cycle, la Terre est une sphère creuse dans laquelle se trouve le continent de Pellu­cidar. Ce sont le prospecteur David Innes et son compagnon, l'inventeur Abner Perry, qui découvre par hasard ce continent intérieur. Jason Gridley, jeune Californien passionné de radio, reçoit un jour un appel de détresse d'Ab­ner Perry provenant de Pellucidar qui lui résume la situation : un peuple inconnu de pirates, les Korsars, a envahi une partie de l'Empire de David Innes. Lequel a envoyé une armée pour les contrer. Mais les Korsars, bien que battus, ont fait des prisonniers dont Tanar, fils de Ghak le Chevelu, roi de Sari. David Innes organise une expédition pour tenter de les secourir. À bord du bateau pirate, Tanar fait la connaissance de Stellara, la fille du Cid, le chef des pirates. Ils parviennent à s'enfuir au cours d'une tempête et seront tout à tour victimes, lors de leur errance à travers Pellucidar, des pirates Korsars lancés à leurs trousses et des divers peuples qu'ils vont rencontrer : dans l'île d'Amiocap, d'où vient la jeune fille (qui y retrouve inopiné­ment son vrai père Fédol, un chasseur amiocapien), dans les grottes des Coriopis qui s'em­parent d'humains pour les dévorer, dans l'île de Hime, où ils sont repris par les Korsars. Là, ils découvriront que David Innes est également prisonnier des pirates... A la lecture du message, Jason Gridley décide donc de partir au secours de David Innes... Edgar Rice Burroughs, né à Chicago (1875-1950), est plus connu aujourd'hui comme le créateur des aventures de Tar­zan. Pourtant les oeuvres de science-fic­tion de ce grand précurseur dans le genre planet opera (Cycle de Mars, de Vénus, de la Lune, de Pellucidar) méritent am­plement d'être redécouvertes.

01/2017

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Géographie

L'Orient des cartographes

Bien avant Marco Polo, dès le 1er siècle avant J. -C. , la Chine avait établi des relations commerciales avec l'Occident, pour fournir Rome en soie, jade, épices, entre autres matières précieuses. L'Occident se forgeait alors, pour longtemps, le mythe d'un Orient tout d'opulence et de raffinement, pour nourrir ses rêves de richesses et de luxe. Le voyage de Marco Polo en Chine, de 1271 à 1295, conditionna durablement la vision de l'Orient par les Occidentaux. Bien que des omissions dans son témoignage aient pu faire douter de la véracité de ce dernier, son récit Le devisement du monde, pourtant dépourvu de cartes, établit la géographie de la Chine comme l'entendirent les Européens pour les trois siècles suivants. Au 15e siècle, les expéditions vers l'Orient durent explorer de nouvelles voies. Il fallait contourner l'empire ottoman, qui faisait obstacle à toute expédition continentale. Le passage par les terres désormais condamné, ne pouvait-on pas atteindre les Indes en longeant l'Afrique ? Les navigateurs portugais parvinrent enfin à destination après des décennies. Entre-temps furent améliorées la connaissance et la cartographie des côtes africaines, alors imparfaitement connues. Christophe Colomb voulut suivre une autre voie : on en sait les suites. Les Européens ne cherchaient pas alors à découvrir des territoires, mais de possibles routes maritimes. Partir à la rencontre de l'Orient bouleversa la face du monde. Avec cette sélection de cartes anciennes, extraites des riches collections de la BNU, nous suivons un hypothétique voyageur dans son périple vers l'Est, depuis le Proche-Orient jusqu'à la mer du Japon. Sans respect pour la chronologie, se côtoient des cartes d'époques différentes. Reflets d'états de la connaissance divergents, des points de vue se confrontent, avec leurs doutes, leurs erreurs dans le dessin de régions inconnues, l'imagination pouvant venir au secours d'une science lacunaire. Ce voyage mené dans l'espace et le temps, cette brève histoire des échanges avec l'Autre, nous racontent aussi le monde contemporain.

10/2016

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Histoire internationale

Les Alawites. Histoire mouvementée d'une communauté mystérieuse

Depuis quelques décennies, les Alawites retiennent l'attention des observateurs, en raison du rôle important que leur communauté hétérodoxe, longtemps haïe et méprisée par l'islam sunnite, joue dans la vie politique du Levant. La guerre civile vient remettre cette communauté au devant de la scène avec une plus grande acuité, et les chancelleries se penchent activement sur son sort et sur celui du Proche-Orient tout entier. Un siècle après la conclusion de l'arrangement que les perfides grandes puissances d'alors ont concocté en catimini, suite au dépeçage de l'Empire ottoman, les peuples du Levant devront-ils subir, à leurs dépens, un nouvel accord porté sur les fonts baptismaux par d'autres larrons ? Qui sont ces Alawites ? Où vivent-ils ? Quelles sont leurs origines doctrinales, leurs croyances ancestrales et leur histoire ? Quel rôle jouent les puissances internationales et régionales dans le conflit présent qui les opposent à leurs détracteurs et que se dessine pour eux dans la Syrie de demain ? Cet essai retrace, à grands traits, leur cheminement à travers onze siècles d'une existence mouvementée, jusqu'aux derniers soubresauts du drame tragique et meurtrier qui se déroule sous nos yeux. Qu'adviendra-t-il de cette petite peuplade le jour où la Syrie sera un Etat pacifié, ouvert à tous les vents ? Nous ne le savons pas encore. Si les Alawites sont acculés à céder le pouvoir, cela risque de se faire au profit d'un islam radical et obscurantiste qui les réduirait à un statut bien pire que celui qui leur a été réservé jusqu'à leur prise du pouvoir. Si, au contraire, ils parviennent à partager la gouvernance avec les autres composantes fondatrices de ce vieux pays - à l'histoire flamboyante et à la civilisation prestigieuse -, ils oeuvreront à construire le premier Etat démocratique et laïque de l'aire arabe. Gageons qu'ils feront le choix de la raison, de la modernité et du progrès.

03/2017

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Théâtre

Les libérés ; Le combat avec l'ange

Theodor Tagger, dit Ferdinand Bruckner (Vienne 1891 - Berlin 1958) est un dramaturge, représentant fameux de la Nouvelle Objectivité, qui mêle la force du cinéma naissant à celle du théâtre moderne et de la psychanalyse. La Maison Antoine-Vitez et les éditions Théâtrales ont entrepris de faire redécouvrir l'actualité de son théâtre en publiant dix de ses pièces. Ferdinand Bruckner dépeint avec brio l'individu au coeur de l'Histoire, dans une Europe plongée dans une crise morale, économique et politique, qui fait écho à notre situation contemporaine. Dans Les Libérés, Bruckner creuse une question ancrée dans l'immédiat après-guerre et qui entre en résonance avec les conflits civilisationnels actuels : celle de la responsabilité du pouvoir étranger face aux populations qu'il a libérées. Quelle justice appliquer dans un pays encore traumatisé par le joug fasciste ? Poursuivre les anciens collaborateurs au risque de générer des troubles mettant en péril la démocratie naissante, ou fermer les yeux au mépris de l'équité ? Bruckner décrit avec une grande acuité le malaise qui règne au sein d'une armée libératrice qui devrait se retirer pour laisser le peuple libéré reprendre ses droits, mais qui peut difficilement hâter ce mouvement pour cause de sécurité publique à assumer. Le Combat avec l'ange est une pièce du "tragique actuel" : c'est l'acmé du pouvoir financier d'une ancienne saltimbanque devenue une riche veuve à la tête d'un empire financier qu'elle cherche, en jouant avec la Bourse, à étendre encore au mépris de ses ouvriers et de l'éthique. Dans cette entreprise, elle peut compter sur l'un de ses beaux-fils dénué de tout scrupule, quand le cadet ne veut pas, lui, entrer dans ces affaires amorales et cherche une existence modeste, mais droite : quel chemin de vie emprunter à l'époque de la reconstruction après la Catastrophe ? Celui de la rédemption par l'humilité ou de l'enrichissement aveugle ? C'est l'histoire très humaine d'une chute mystique et morale.

03/2015