Recherche

Peter Piot

Extraits

ActuaLitté

Poésie

Sur la voie abrupte

Jean-Claude Caër a pensé ce recueil durant cet étrange printemps 2020 où le gouvernement nous intimait de nous claquemurer et de limiter nos déplacements à l'essentiel. Plutôt que de rester à Montmartre sans pouvoir n'y rencontrer personne, Caër a décidé de retourner vivre avec sa femme dans la ferme même où il est né, à Plounévez-Lochrist. Ce retour amont sur les terres de son enfance semble l'avoir remis en contact avec tout un pays qu'il avait en partie refoulé lors de ses virées aux bouts du monde, celui, empreint d'une certaine raideur léonarde, de ses parents et grands-parents : "chaque route, chaque talus, chaque sentier / plongent vers les ancêtres" . Ce repaysement forcé est pour l'auteur l'occasion d'une inhabituelle mise à nu, alors même qu'il écrit depuis toujours une sorte de journal de sa vie en poèmes. Entre les ancêtres et lui s'établit un dialogue fait tantôt de connivence tantôt d'effroi : il faut d'ailleurs entendre ce mot d' "ancêtres" dans un sens large, qui recouvre à la fois ceux que la nature lui a donnés pour parents, et ceux qu'il s'est donnés pour maîtres parmi les grands morts : poètes, architectes ou sculpteurs (au cours de ses voyages d'avant et d'après le confinement, Caër se rend par exemple à Saint-Pétersbourg au musée Anna Akhmatova ou au cimetière non catholique de Rome où il se recueille sur les tombes de Shelley et Carlo Emilio Gadda). Reste que ses souvenirs les plus marquants lui sont redonnés en 2020 à travers le paysage immémorial de la Bretagne, où l'intermittent voyageur des confins qu'il est, angoissé par le désert d'hommes alentour, s'attache aux bernaches, ces oiseaux migrateurs en partance pour la Sibérie. Il y a quelque chose d'émouvant à voir Caër faire alors un usage quasi-magique d'objets, au premier rang desquels il y a la machine à écrire étiquetée du Vietnam qui lui vient du grand-père d'une amie, administrateur autrefois sur le territoire des Moï. En voyageant, en écrivant, Caër aura peut- être accompli sous le signe du bonheur ce que ses ancêtres, eux, auront fait, plus ou moins, par nécessité : au séjour contraint de son père en Allemagne pendant la guerre de 40 répond son propre désir - alors empêché - d'une marche en Forêt noire. Le recueil est composé de sept parties ; celle du confinement occupe le centre et donne la tonalité générale au volume qui, s'ouvrant sur une suite de poèmes en hommage discret à sa femme, s'achève, comme dans son précédent opus, sur une évocation de sa mère à l'agonie. Pour autant, ce livre quasi testamentaire, d'adieu au voyage ("Sur la voie abrupte, le monde ne reviendra pas".) n'est pas lugubre ; il est porté par une passion de la vie et un art de la légèreté qui se veut un peu japonais. Cäer évoque, dans l'esprit des haïkus, les sujets les plus graves sans jamais peser : "Après la pluie, les amis. / Après les amis / La neige. / Ah, quel délice ! "

04/2023

ActuaLitté

Droit des personnes

Le consentement

Après plusieurs affaires en matière d'abus sexuels et la sortie du livre de Camille Kouchner, La familia grande (Le Seuil 2021) qui relate l'inceste qu'aurait subi son frère à l'adolescence, le Parlement a adopté, le jeudi 15 avril 2021, une loi renforçant la protection des mineurs contre les violences sexuelles. Lorsqu'il s'agit de vérifier l'existence d'un viol, le consentement des enfants était examiné pendant le débat judiciaire¿ ; le non-consentement des mineurs de 15 ans est dorénavant établi par la loi. Notre environnement moral et libéral ne nous prépare pas à la complexité de la situation de l'individu et de sa volonté. Théoriquement, tout est simple. L'individualisme représente les hommes comme une collection d'individus totalement séparés. Leurs volontés apparaissent évidentes et singulières. Juridiquement, tout est compliqué. La volonté reste équivoque. Car les hommes ne sont pas séparés sans être liés dans un milieu social et politique. Ce sont alors les déterminations culturelles, économiques, psychologiques ou politiques qui ne rangent pas tout le monde dans des fonctions sociales préétablies (citoyen, salarié, consommateur, mari, mineur, etc.) sans peser sur le consentement. Nos travaux se proposent de contextualiser le consentement en analysant son intervention dans diverses branches du droit et dans la société. Ils mettent en évidence des débats et des incertitudes qui règnent autour du consentement du citoyen, du salarié, de l'assuré, de l'artiste, du chargeur dans le contrat de transport maritime, de l'utilisateur d'une carte de crédit, du bénéficiaire d'un droit au logement, d'acteurs locaux devant des décideurs industriels... Le consentement apparaît comme une notion fondamentale, mais complexe. - Fondamentale, puisque nos systèmes juridiques, éthiques et politiques en font un critère cardinal pour distinguer les actions qui seront reconnues ou repoussées par la société : la relation sexuelle consentie et le viol par exemple. - Complexe, car le consentement ne se manifeste jamais comme une volonté isolée et omnipotente, en raison de l'interdépendance des acteurs dans une vie collective. A l'ère de l'Anthropocène et de la pandémie, l'Etat dirige encore plus rigoureusement l'individualité, pour des impératifs de santé publique. Quel consentement dans une communauté politique et un monde où personne ne se débarrasse de l'autre et de son influence, voire de sa contrainte ? Traditionnellement, un système juridique envisage mieux le consentement quand il n'est pas là ! En droit civil, la théorie des vices du consentement caractérise dans le détail les défaillances du consentement, mais elle laisse dans l'ombre sa définition positive. L'histoire nous montre d'ailleurs que les juristes ont cherché la participation de l'homme aux institutions et aux obligations dans des faits différents, selon les cultures et les époques. Avant la modernité, le consentement ne se libère pas de rites et de la religion : le mélange des sangs (blood-covenant), la communion alimentaire, la tradition (la remise d'une chose), le serment, l'imposition des mains... La modernité juge ces conceptions superstitieuses et dépassées. Est-elle plus avancée, en requérant la simple manifestation de volonté ? A-t-elle réussi à établir une volonté libre et éclairée ?

12/2021

ActuaLitté

Policiers

La faiseuse d'anges

Pâques 1974. Sur l'île de Valö, aux abords de Fjällbacka, une famille disparaît sans laisser de traces. La table du dîner est soigneusement dressée, mais tous se sont volatilisés, à l'exception de la fillette d'un an et demi, Ebba. Sont-ils victimes d'un crime ou sont-ils tous partis de leur plein gré ? L'énigme ne sera jamais résolue. Des années plus tard, Ebba revient sur l'île et s'installe dans la maison familiale avec son mari. Les vieux secrets de la propriété ne vont pas tarder à ressurgir... Pâques 1974, la police reçoit un appel d'urgence provenant du pensionnat de garçons de l'île de Valö, aux abords de Fjällbacka. A l'arrivée des forces de l'ordre, l'endroit est désert. Seule la petite Ebba, âgée d'un an et demi, déambule en pleurs dans la maison abandonnée. La table de la salle à manger est soigneusement dressée pour le repas de Pâques, mais les habitants se sont comme volatilisés. La plupart des élèves sont rentrés chez eux pour les vacances et on apprend que les quelques garçons restés sur place sont allés faire une partie de pêche. Ce qui est arrivé à la famille de la petite fille restera un mystère. Sa mère, son père, sa grande sœur et son grand frère ne seront jamais retrouvés. Placée en famille d'accueil, ce n'est que trente ans plus tard qu'Ebba retourne sur l'île, accompagnée de son mari Marten. Tous les deux viennent de perdre leur fils de trois ans et c'est pour essayer de surmonter leur deuil qu'ils décident de tout quitter pour reconstruire leur vie ailleurs. Ils prévoient de restaurer le vieux pensionnat que le père d'Ebba dirigeait d'une main de fer pour ouvrir une maison d'hôte. Anna, la sœur d'Erica qui s'est lancée dans la décoration intérieure, va venir leur prêter main-forte pour la rénovation. Mais à peine ont-ils le temps de s'installer qu'ils sont victimes d'une tentative d'incendie criminel. Et lorsqu'ils commencent à ôter le plancher de la salle à manger, ils découvrent du sang coagulé en-dessous. C'est le début d'une série d'événements troublants qui semblent vouloir leur rappeler que ce n'est pas dans l'oubli qu'on trouve le salut. De son côté, Erica s'était depuis longtemps déjà intéressée à l'affaire de la mystérieuse disparition. Ces piqûres de rappel inquiétantes sont l'occasion pour elle de se replonger dans le dossier. Elle va bientôt se rendre compte que ce qui s'est passé trente ans plus tôt est bien plus complexe qu'elle n'aurait pu l'imaginer. Tout aurait commencé avec une faiseuse d'anges... Dans ce huitième volet de la série qui lui est consacrée, Erica sera confrontée à des secrets familiaux qui risquent in fine de coûter la vie à l'une des personnes les plus importantes de son entourage. Avec La Faiseuse d'anges, Camilla Läckberg prouve une fois de plus qu'elle n'a pas volé son surnom de reine du polar.

06/2014

ActuaLitté

Développement durable-Ecologie

Plus haut que mes rêves

« Mais qu'as-tu donc été faire dans cette galère ? » Cette phrase, que de fois l'ai-je entendue à propos de ma candidature à l'investiture d'Europe Ecologie Les Verts pour la Présidentielle de 2012 ! Bonne question, posée généralement par des amis, mais aussi par des inconnus fidèles à mon engagement, parfois désorientés par cette initiative. Question légitime, pour qui me connaît, à laquelle il était temps de répondre sans amertume aucune. « Il est vrai que de me jeter dans l'arène politique était si contraire à ma nature profonde, à mes ambitions, que moi-même, j 'avais besoin d'inscrire ce moment particulier dans la cohérence d'une vie et surtout dans celle d'un engagement de 25 ans. Certains pourraient croire à l'expression d'un désir narcissique, mais moi je sais que cette décision était autant un acte d'espoir que de désespoir face à l'inertie d'une société confrontée aux pires menaces que l'humanité a jamais connues. « Ce livre est un bilan d'étape à l'issue d'un itinéraire qui aurait pu combler mille et une vies. Une vie dont je m'étonne encore chaque matin, tant elle dépasse mes rêves les plus fous, et qui a tissé un lien indéfectible et quasi charnel avec la Nature et la Planète. Une vie de citoyen du monde, captée d'un méridien à l'autre par une beauté dont je ne peux croire qu'elle soit sans objet. « En remontant le temps sur 57 ans, d'une enfance singulière où très vite "la promesse de l'aube" de Romain Gary se brise, en passant par un précoce appel du large, j'ai donné libre cours à une vocation qui s'exercera à travers une infinité d'expériences. De photographe de plage à photographe de presse, de la radio au cinéma en passant par la télévision, tout fut bon pour nourrir cette soif de découverte et de grands espaces et cette curiosité de l'autrement, jamais satisfaite. « Mon évolution fut lente mais constante, d'adepte de la vitesse et des machines motorisées à un regard respectueux et averti sur la planète. De l'insouciance à la conscience, de l'indifférence à l'engagement permanent. Un long chemin nourri par des aventures et des rencontres, de Paul Emile Victor à Nelson Mandela en passant par Théodore Monod ou le chef indien Raoni. Ce fut une émancipation jalonnée de complicités exceptionnelles avec la nature, des baleines aux colibris, du désert du Namib aux îles aléoutiennes. « Une vie en grand écart entre le sauvage et le policé, entre l'éleveur de rennes sibérien et le patron du CAC 40, entre les volcans indonésiens et le chaudron des palais ministériels parisiens. Une vie aujourd'hui habitée par la crise écologique qui m'oblige avec mes seules armes, les mots, à tenter de mobiliser et de convaincre avec plus ou moins de succès. Un quotidien où, entre deux voyages, défile toute l'élite politique ou économique que je m'efforce de rassembler sur ces enjeux cruciaux, aidé désormais par toutes sortes d'experts et de scientifiques, avec un seul mot d'ordre: construire un nouveau monde. » Nicolas Hulot, novembre 2012

09/2013

ActuaLitté

Pléiades

Œuvres

Les choix de Georges Duby (1919-1996) furent ceux d'un historien formé à la géographie : la vie des hommes est inscrite dans l'espace, qui lui-même influence les rapports sociaux. Sa thèse, en 1952, donne le ton : il va se consacrer à l'étude des sociétés, en France, entre le Xe et le XIIIe siècle, et en explorer toutes les dimensions, économiques, sociales, idéologiques, esthétiques, sexuelles. Compagnon de route de l'école des Annales, il est avant tout un esprit indépendant. Semble-t-il se rallier à l'histoire événementielle en acceptant de consacrer en 1973 un livre au Dimanche de Bouvines ? Cette bataille, au fond, ne l'intéressait pas, dira-t-il ; "Bouvines innovait en m'obligeant à observer le jeu de la mémoire et de l'oubli, à traiter le discours dont un événement a fait objet au fil des siècles, comme constituant cet événement lui-même". L'art, lui, intéresse l'historien des sociétés, qui y voit "l'expression d'une organisation sociale, de la société dans son ensemble, de ses croyances, de l'image qu'elle se fait d'elle-même et du monde". Au milieu des années 1960 ont paru chez Skira trois volumes sur l'art médiéval. Le Temps des cathédrales (1976) en est issu, fruit d'un impressionnant travail de lecture, d'interprétation des sources et de montage de textes venant de la tradition chrétienne. Le livre captive le grand public éclairé. La renommée de Duby ne cesse de croître. Un texte d'accès moins aisé comme Les Trois Ordres ou l'Imaginaire du féodalisme (1978) attire lui aussi les lecteurs. La représentation de la société divisée en trois catégories fonctionnelles - ceux qui prient, ceux qui combattent, ceux qui travaillent - n'est-elle pas l'une des grandes figures de l'imaginaire historique français ? On propose bientôt à Duby de prêter sa voix à l'évocation radiophonique du destin de Guillaume le Maréchal, régent d'Angleterre. De cette expérience naît, en 1984, un récit "biographique". Nouvelle entorse à la "nouvelle Histoire" ? En apparence seulement. Duby démonte dans ce livre le fonctionnement de la société chevaleresque. Il donne carrière à son désir d'écrire un ouvrage d'histoire sérieuse susceptible d'être lu "comme un roman de cape et d'épée". Nouveau succès. En Italie, l'ouvrage sera comparé au Nom de la rose. C'est aux femmes, aux Dames du XIIe siècle, qu'avec une grande liberté de pensée et d'écriture Duby consacrera ses derniers livres. Il aborde là l'histoire "la plus ténébreuse" , celle d'êtres sans voix, et découvre des femmes "si fortes que les hommes s'efforçaient de les affaiblir par les angoisses du péché". Les trois petits volumes parus en 1995 et 1996 témoignent de l'art avec lequel Duby met son savoir à la portée d'un large public. Il n'ignore pas que le réel ou le vécu sont inaccessibles. "Tout historien s'exténue à poursuivre la vérité ; cette proie toujours lui échappe". Mais l'écriture est là pour suggérer le probable...

09/2019

ActuaLitté

Pléiades

Voyages extraordinaires. Le tour du monde en quatre-vingts jours ; Michel Strogoff ; Les tribulations d'un Chinois en Chine ; Le château des Carpathes

En 1936, soixante-quatre ans après la parution des aventures de Phileas Fogg et de Passepartout, Jean Cocteau et Marcel Khill endossent le rôle des deux héros le temps d'un reportage qui les mènera autour du monde : "Il s'agissait de partir sur les traces des héros de Jules Verne pour fêter son centenaire et flâner quatre-vingts jours. [...] ces fameux quatre-vingts jours étaient une réalité avant la lettre, un rêve de Jules Verne, au même titre que ses phonographes, ses aéroplanes, ses sous-marins, ses scaphandriers. Tout le monde y croyait à cause de la force persuasive des chefs-d'oeuvre". Passent quatre décennies. En exergue de La Vie mode d'emploi, "romans" total et tentative d'épuisement du monde réel, Georges Perec place en 1978 le titre d'un chapitre de Michel Strogoff, "Regarde de tous tes yeux, regarde". Passent encore quatre décennies. Ces romans de Verne continuent de faire rêver - mais à quoi ? Leur auteur se posait déjà la question. Les premiers Voyages extraordinaires entraînaient le lecteur vers l'inconnu. Sur un globe rétréci par la rapidité des communications, que reste-t-il à explorer ? Dans une lettre de 1883 à Hetzel, Verne déclare : "je tends à corser le plus possible ce qui me reste à faire de romans et en employant tous les moyens que me fournit mon imagination dans le milieu assez restreint où je me suis condamné à me mouvoir". Quoique certains d'entre eux aient été écrits avant cette déclaration d'intention, les quatre romans rassemblés dans ce volume l'illustrent parfaitement. Faire le tour du monde en quatre-vingts jours, traverser la Russie de Moscou à Irkoutsk, jouer à la vie à la mort dans l'Empire céleste, retrouver un amour disparu aux confins de la Transylvanie, tels sont leurs enjeux. Il ne s'agit pas vraiment de découvrir des pays exotiques. Quant à la science, souvent invoquée jusqu'alors par Verne comme élément générateur de l'intrigue, elle ne joue, dans trois de ces livres au moins, qu'un rôle mineur. Ce qui compte, c'est la vitesse : avaler des kilomètres pour gagner un pari, pour faire son devoir, ou pour échapper à un destin que l'on a soi-même, et bien imprudemment, tramé. Quant au Château des Carpathes, roman gothique, en cela unique dans la production de Verne, il ne déroge pas au principe constitutif du genre : c'est bien un récit de voyage. Mais la principale frontière à considérer, cette fois, est celle qui sépare la vie et la mort. Peut-on redonner vie aux morts, en les ressuscitant par l'image et par la voix ? Le roman paraît trois ans avant les premières projections des frères Lumière. La "seconde vie" de son héroïne est certes un leurre, mais cette illusion est promesse d'une vie nouvelle que le cinéma va s'employer à perfectionner. "Nous sommes dans un temps où tout arrive", dit Verne. En effet : sans affaiblir la force persuasive des chefs-d'oeuvre, Le Château des Carpathes interroge de l'intérieur les instruments de persuasion et de représentation propres à toute fiction.

10/2017

ActuaLitté

Hindouisme

Parole et silence. Un patrimoine de l'Inde hindoue

Un livre passionnant qui révèle des aspects peu connus sur l'unité reliant Parole et Silence. Parole et silence, voilement et dévoilement, essence et puissance, deux aspects de la même réalité ? Cet essai incite à devenir attentif à cette part inaudible, cachée, qui se tient au coeur de la Parole et qui, sitôt découverte, devient un seuil vers l'inconnu, l'infini. Sans y prêter vraiment attention, nous partageons avec tous les êtres humains une communauté essentielle : la parole. Sous sa pluralité veille un lien mystérieux, comme en dehors des mots. Qui ne se souvient, au cours d'un voyage, d'avoir su, contre toute attente, communiquer avec une personne d'une autre langue, sans avoir un seul mot en commun ? Le phénomène de la parole nous est si familier que sa magie passe inaperçue. Jacques Scheuer nous conduit de découverte en découverte : il y a plus de trois millénaires en effet, est née en Inde une recherche aussi originale qu'intense sur la nature et les fonctions de la parole. Elle suscite l'admiration, aujourd'hui encore, par des intuitions remarquables, non seulement dans le cadre de l'histoire des idées mais également pour l'intelligence de l'expérience religieuse et spirituelle. Avec la concision et la profondeur qui le caractérisent, Jacques Scheuer, spécialiste internationalement reconnu de la culture religieuse indienne (hindoue et bouddhiste), nous convie à un cheminement à travers les grands textes hindous qui jalonnent les courants majeurs de l'hindouisme. La parole n'y est pas vue comme un simple moyen de communication entre êtres humains, mais comme la puissance originelle, universelle, divine, d'où tout émane et en laquelle tout se résorbe. Cette Parole n'est pas distincte de la Conscience absolue. Elle englobe, anime et " informe " tout ce qui est. Ainsi, Au fil des pages, l'auteur, avec une grande pédagogie, nous initie à une vision vivante, holistique, de la parole, qui certes a évolué mais est demeurée inébranlable pour l'âme hindoue, de nos jours encore. Nous découvrons que, depuis bien longtemps, pour les hindous, non seulement la pensée est parole, mais aussi le corps, le monde, l'oeuvre d'art, comme toute réalité. L'émerveillement ne s'arrête pas là. Des Veda aux Upanishad, du yoga au Tantra, en passant par la Bhagavad-Gîtâ et la bhakti, jusqu'aux poètes contemporains tels que Tagore, se dévoile, au coeur de la parole, une dimension profonde, socle des paroles inspirées, qu'elles soient liées aux cultes, aux rituels, à l'expression poétique... C'est en effet, selon les maîtres indiens, la part de silence, de sens inexprimé, qui rend la parole vivante et efficiente. Jaillissant de la source universelle, elle hérite ainsi de la puissance du silence originel, assimilé à l'infinie potentialité primordiale, à la Vibration de la Conscience absolue. Dira-t-on que le silence est une modalité de la parole, ou la parole une variation bien tempérée du silence ? Déjouant les pièges du formalisme, le livre que nous offre ce passeur dans l'âme qu'est Jacques Scheuer, parvient à restituer ce climat d'étrangeté qui force le respect car il contient un sentiment du sacré.

10/2022

ActuaLitté

Informatique

Réseaux informatiques. Notions fondamentales (protocoles, architectures, réseaux sans fil, virtualisation, sécurité, IPv6...), 8e édition

Ce livre sur les réseaux s'adresse aussi bien aux personnes désireuses de comprendre les réseaux informatiques et les systèmes d'exploitation, qu'aux informaticiens plus expérimentés souhaitant renforcer et mettre à jour leurs connaissances. Le lecteur identifie les contextes d'accès aux réseaux d'aujourd'hui grâce notamment à des illustrations détaillant clairement les composants et technologies mis en jeu. De nombreux exemples reposant sur une approche client/serveur lui permettent de passer en revue les systèmes d'exploitation les plus courants, ainsi que les matériels associés. La tolérance de panne et le stockage sont également détaillés avec les différentes typologies de disque ainsi que les notions telles que NAS, SAN, zoning, Fibre Channel, FCoE ou encore iSCSI. Les protocoles de réplication entre baies sont également décrits ainsi que le fonctionnement de la déduplication pour les sauvegardes et le principe des WAAS. Une synthèse sur la virtualisation est proposée permettant au lecteur de bien comprendre les enjeux, les avantages et inconvénients apportés par les différentes solutions du marché. Avec une approche pragmatique, l'auteur permet ensuite au lecteur de mieux comprendre le modèle OSI en couches réseau de référence. Puis, de manière exhaustive, les principes de base sont présentés (normes, architectures courantes, câblages, codage des données, topologie, réseaux sans fil, interconnexions de réseaux...) puis les différents protocoles qui comptent dans les réseaux informatiques (PXE, WOL, Ethernet, Wi-Fi, Bluetooth, ADSL, WiMax, téléphonie 2G à 5G...) sont déclinés d'un point de vue opérationnel sans noyer le lecteur dans un discours trop théorique. Un panorama des objets connectés IoT est également proposé. Les couches basses sont décrites de façon détaillée en proposant de nombreuses illustrations sur la connectique et les matériels utilisés (codage, signaux, connectique coaxiale, cuivre, fibre). La configuration réseau est examinée pour Windows, Linux, MacOS, iOS et Android. Les méthodes d'accès au support CSMA/CA, CSMA/CD ainsi que le jeton passant sont expliqués. D'un point de vue réseau, les équipements agissant au niveau des différentes couches OSI sont examinés : répéteur, pont, routeur, passerelle. L'algorithme du Spanning Tree ainsi que le fonctionnement des VLANs sont expliqués au travers d'exemples détaillés. Le fonctionnement de VSS et les protocoles liés au routage (RIP, OSPF, BGP, HSRP) sont passés en revue. Des exemples de configuration sont proposés au travers de Packet Tracer et les technologies FDDI, ATM, SONET et autres relais de trames sont également étudiés. Les protocoles TCP/IP sont présentés en détail, en particulier la décomposition en sous-réseaux en IPv4, ainsi qu'une approche complète de l'adressage IPv6 (dont la voix sur IP). Les services réseau tels que DHCP, DNS, NTP ou SNMP sont également décrits. Un chapitre traite des principes de base de la sécurité face aux menaces qui pèsent sur un réseau en proposant de nombreux liens vers des sites gratuits d'investigation. En annexe est fournie une liste des acronymes les plus significatifs dans le monde des réseaux informatiques.

11/2019

ActuaLitté

Littérature érotique et sentim

Théodora. Suivi de L'Amazone de Prague

Les femmes font payer leurs amants pour leurs erreurs passées...POUR UN PUBLIC AVERTI. Théodora se venge de son ancien amant, un baron qui a refusé de l'épouser et ainsi de l'anoblir. Quant à l'Amazone de Prague, elle affronte, lors de soulèvements libéraux et nationalistes, un officier ennemi qui a jadis été son amant infidèle.Deux nouvelles érotiques, avec en fond l'histoire révolutionnaire !EXTRAITPar une maussade journée de novembre, aussi désagréable que la nouvelle qu'elle apportait, le baron Andor entra chez Théodora Wasili et lui annonça qu'il allait la marier. Théodora était une villageoise, et certainement la plus belle, la plus fière entre toutes ces créatures qui, aujourd'hui encore, trahissent leur origine roumaine. La première fois que le baron l'avait vue, elle dansait dans un cabaret ; il avait gagné son cour en lui offrant une paire de colliers de gros corail rouge, mais faux ; il lui avait donné en outre un petit pot de fard acheté chez un juif marchand de bric-à-brac ; car toutes ces filles d'Eve aiment à se farder.Plus tard, le baron lui fit de plus riches cadeaux. Elle adopta les allures d'une boyarine et prit bientôt les habitudes d'une petite dame distinguée et gâtée. Au moment où les paroles du baron vinrent la frapper comme l'éclair, elle était allongée sur un divan turc, chaussée de pantoufles brodées d'or, vêtue d'une kazabaïka de fourrure doublée de velours rouge et garnie de martre ; elle souleva sa tête à l'expression sévère, aux grands yeux sombres, chargée d'une opulente chevelure noire ; elle ressemblait presque à un démon.A PROPOS DE L'AUTEURLéopold von Sacher-Masoch (1836-1895) est un écrivain et historien né en Autriche et aux origines cosmopolites. Son ouvre est principalement constituée de contes nationaux et de romans historiques regroupés en cycles. Il s'y trouve généralement une héroïne dominatrice ou sadique, et le sens narratif vient des légendes et histoires du folklore slave, ayant bercé d'enfance de l'auteur. Le terme " masochisme " est forgé à partir du patronyme de Sacher-Masoch par le psychiatre Krafft-Ebing dans Psychopathia Sexualis (publié en 1886), et est considéré par celui-ci comme une pathologie. Pour Gilles Deleuze, qui a analysé et popularisé l'auteur, son ouvre est pornologique, car projetant la pornographie dans le champ philosophique.A PROPOS DE LA COLLECTIONRetrouvez les plus grands noms de la littérature érotique dans notre collection Grands classiques érotiques.Autrefois poussés à la clandestinité et relégués dans " l'Enfer des bibliothèques ", les auteurs de ces ouvres incontournables du genre sont aujourd'hui reconnus mondialement. Du Marquis de Sade à Alphonse Momas et ses multiples pseudonymes, en passant par le lyrique Alfred de Musset ou la féministe Renée Dunan, les Grands classiques érotiques proposent un catalogue complet et varié qui contentera tant les novices que les connaisseurs.

03/2018

ActuaLitté

Littérature érotique et sentim

Le Sultan Misapouf et la princesse Grisemine. Un conte de fées grivois

Les histoires amoureuses d'un couple royal, sous une plume légère et amusante.Le sultan Misapouf et sa femme se racontent leurs aventures coquines précédant leur mariage. Misapouf a subi dans sa jeunesse les malédictions et les épreuves de la fée Ténébreuse tandis que la princesse Grisemine a vécu des métamorphoses cocasses : tour à tour barbue, lapine et même pot de chambre. Des situations loufoques et coquines.Un conte licencieux de Voisenon, désormais devenu un classique.EXTRAITAh ! dit un jour en soupant le sultan Misapouf, je suis las de dépendre d'un cuisinier, tous ces ragoûts-là sont manqués ; je faisais bien meilleure chère quand j'étais renard.- Quoi, seigneur, vous avez été renard ! s'écria en tremblant la sultane Grisemine.- Oui, madame, répondit le sultan.- Hélas ! dit Grisemine en laissant échapper quelques larmes, ne serait-ce point Votre Auguste Majesté qui, pendant que j'étais lapine, aurait mangé six lapereaux, mes enfants ?- Comment, dit le sultan, effrayé et surpris, vous avez été lapine !- Oui, seigneur, répliqua la sultane, et vous avez dû vous apercevoir que le lapin est un mets dont je m'abstiens exactement : je craindrais toujours de manger quelques-uns de mes cousins ou neveux.- Voilà qui est bien singulier, repartit Misapouf ; dites-moi, je vous prie, étiez-vous lapin d'Angleterre ou de Caboue ?- Seigneur, j'habitais une garenne de Norvège, répondit Grisemine.- Ma foi, dit le sultan, j'étais un renard du Nord, et il se peut sans miracle que ce soit moi qui aie mangé vos six enfants ; mais admirez la justice divine, j'ai réparé ce crime en vous faisant six garçons, et je vous avouerai sans fadeur que malgré ma gourmandise et mon goût pour les lapereaux, j'ai eu plus de plaisir à faire les uns qu'à manger les autres.A PROPOS DE L'AUTEURClaude-Henri de Fusée de Voisenon (1708-1775) était un abbé et homme de lettres à l'esprit ouvert. Elu à l'Académie, il a été historiographe des petits-fils de Louis XV, protégé de la duchesse de La Vallière et ami de Voltaire. Voisenon a laissé derrière lui une ouvre lyrique et dramatique considérable, qui compte quelques contes grivois : Zumis et Zelmaïde (1745), Le Sultan Misapouf et la princesse Grisemine (1746), Il eut tort (1750) ou encore Histoire de la félicité (1751).A PROPOS DE LA COLLECTIONRetrouvez les plus grands noms de la littérature érotique dans notre collection Grands classiques érotiques.Autrefois poussés à la clandestinité et relégués dans " l'Enfer des bibliothèques ", les auteurs de ces ouvres incontournables du genre sont aujourd'hui reconnus mondialement. Du Marquis de Sade à Alphonse Momas et ses multiples pseudonymes, en passant par le lyrique Alfred de Musset ou la féministe Renée Dunan, les Grands classiques érotiques proposent un catalogue complet et varié qui contentera tant les novices que les connaisseurs.

03/2018

ActuaLitté

Critique littéraire

Tracés N° 24 : Il avait appris à écrire

"Il avait appris à écrire" : retourner ainsi le titre d'un célèbre essai consacré aux incipit, serait-ce donner à entendre que Simenon, au contraire d'Aragon, bien faraud de prétendre n'avoir jamais appris à écrire, applique des procédés qui lui ont été enseignés ? Bien sûr que non ! On sait que sa scolarité a été écourtée et qu'il n'a pu bénéficier, de la part de ses maîtres, de conseils d'écriture susceptibles de faire de lui le romancier qu'il est devenu, un "pêcheur au lancé" capable, en quelques phrases, d'appâter et de ferrer le lecteur. Cette capacité, c'est le fruit d'un apprentissage "sur le tas" , en tant que fournisseur de la presse quotidienne, d'abord, puis, très vite, d'une littérature vouée à la consommation rapide. Peut-on dire que Simenon, au cours des années de maturation sous pseudonymes, a fabriqué des hameçons tout à fait personnels et qu'il a découvert une manière de jeter la ligne à nulle autre pareille ? Sans doute pas : ce serait un jeu d'enfant de trouver, chez ses contemporains, à l'entame des romans, des situations et des personnages aussi indéterminés que les siens, qui piquent la curiosité et suscitent le désir de savoir qui ils sont et ce qui les a menés là où ils sont. Mais il y a chez lui un degré d'intrication des points de vue bien supérieur à celui qui se rencontre chez ses confrères, une alternance de perspectives - sans scrupules pourrait-on dire - qui, à la fois, peut décontenancer le lecteur engoncé dans les habitudes de réception de la narration réaliste, et lui ouvrir de vastes espaces d'interprétation. Quelque chose arrive à quelqu'un quelque part ; quelqu'un parle, mais ce qui a lieu ou ce qui est dit est donné à connaître à travers un énoncé dont la source est indécise ou dont l'énonciateur n'est pas sûr. Si la formule n'était rebattue, on pourrait dire "Ca parle" et il revient au lecteur de chercher ce que ça signifie pour lui, ce qui est à comprendre, ou, plutôt, ce qui peut être compris à partir de, grâce à, malgré aussi parfois ce qui est dit - ou tu. De tous les écrivains "réalistes" , Simenon est peut-être celui qui laisse le plus de marge à l'interprète, celui qui, en régime de clôture du sens, débarrasse le récit de la plupart des figures dévolues à son avènement, ou ne les convoque que pour contester leurs prétentions. Il invite ainsi implicitement le lecteur à débrouiller l'écheveau et, sans le mettre en garde noir sur blanc, il lui laisse entrevoir le risque de ne tirer que sur quelques fils. Ici, très modestement, il a été proposé à des lecteurs issus de diverses communautés interprétatives et pas tous, loin de là, également familiers de Simenon, de mordre dans l'esche d'un incipit, ou de dire de quoi elle est faite, ou d'être à la fois le poisson et celui qui l'appâte. Il s'agissait de ne pas relancer le carrousel des généralités sur l'univers fictionnel du romancier, mais de mettre le doigt sur les mots, sur les phrases qui incitent à y entrer.

01/2021

ActuaLitté

Littérature étrangère

Et les hippopotames ont bouilli vifs dans leurs piscines

Manhattan, été 1944. Autour de Will, la trentaine, serveur dans un bar, et de Mike, 19 ans, les deux narrateurs du roman, gravite toute une constellation d’amis sans le sou, qui errent dans la chaleur de la ville et font le va-et-vient incessant entre les appartements des uns et des autres, où s’improvisent des soirées improbables. Parmi eux il y a surtout Phil, un gamin de 17 ans à la beauté insolente, qui essaie désespérément d’échapper aux assiduités de Ramsay Allen, dit Al, la quarantaine un peu pathétique, éperdument amoureux de lui depuis ses 13 ans. Partout où va Phil, Al le suit comme son ombre, jamais découragé par les refus du garçon. Pour lui échapper, et par goût de l’aventure, Phil accepte la proposition de son ami Mike : s’embarquer, dès que possible, sur un navire de la marine marchande. L’objectif est d’arriver en France, et de filer vers Paris, la ville des poètes et des artistes qui aura sûrement été libérée d’ici là. Mais le départ tant attendu est chaque jour reporté pour des retards et tracasseries administratives ; et le roman suit la longue attente des deux garçons, leurs errances nocturnes toujours renouvelées, et la tension qui monte avec Al, constamment pendu aux basques de Phil. Alors qu’ils ont un jour enfin trouvé un bateau, ils en sont congédiés au dernier moment. Dépités, ils retrouvent la terre ferme, mais, au petit matin, Phil est introuvable. Il raconte alors à Will puis à Mike que, la veille au soir, excédé par l’insistance d’Al, dans un accès de folie, il l’a tué d’un coup de hachette, avant de jeter son corps au bas d’un immeuble. Le roman se conclut sur la dernière beuverie de Mike et de Phil, qui s’apprête à solliciter l’aide de son oncle haut placé, pour qu’il l’aide à échapper à la justice. Et les hippopotames ont bouilli vifs dans leurs piscines est le premier roman de William Burroughs et Jack Kerouac. Ecrit en collaboration, il se base sur l’histoire vraie d’un de leurs jeunes amis qui, comme Phil, a tué son prétendant. Kerouac et Burroughs, dans la peau de leurs avatars Will Dennison et Mike Ryko, semblent y peaufiner chacun leur style, leur ton, leurs thèmes de prédilection. Burroughs en figure paternelle désabusée, s’occupant de ces jeunes gens irresponsables tout en s’adonnant à ses penchants pour la morphine, Kerouac en jeune homme épris d’aventure, au style faussement familier, en réalité très précis, très écrit. Le charme du roman tient surtout à l’atmosphère légère et grave à la fois de ce New York de l’été 44, peuplé de marins, de soldats en transit, de jeunes gens désoeuvrés, où le temps est suspendu à la fin de la guerre. Dans ces personnages encore indéterminés, animés du désir vague de faire quelque chose, s’embarquer dans une aventure ou écrire un livre – dans ce goût des beuveries et de la marginalité, on retrouve la matrice des oeuvres des deux romanciers de la Beat Generation. Il s’agit d’un document passionnant, qui montre deux écrivains en devenir et évoque un entre-deux qui est à la fois la fin d’un monde et le début d’un autre.

05/2012

ActuaLitté

Littérature étrangère

Nouvelles de Corée

Un lapin ! Alerté par un bruissement, l'homme se retourne pour jeter un coup d'oeil du côté du buisson. Il y a là une boule de poils blancs. Ce qu'il a d'abord cru être un chien blanc le regarde fixement de ses yeux rouges. Il n'aurait jamais su qu'il s'agissait d'un lapin s'il n'avait vu ses yeux. Subjugué par leur couleur, il s'accroupit devant l'animal. A force de regarder, il se sent envahi par un profond sentiment de réconfort : il existe donc au monde des êtres aussi fatigués que lui, aussi las, au point d'avoir les yeux tout rouges ! Pas une seconde il ne songe que c'est la nature qui a doté de la sorte certaines espèces. Mais en même temps il ressent un goût amer : l'animal a dû être abandonné dans ce sombre parc, il a dû survivre là plusieurs jours et son pelage blanc est devenu épouvantablement sale. Aucun doute, cet animal n'est pas dans son milieu naturel : il a certainement été abandonné. Fut un moment où l'élevage de lapins faisait fureur parmi les enfants des villes. Aujourd'hui, le temps est venu où les parents se débarrassent subrepticement de ces animaux. S'il n'est pas facile d'expliquer précisément d'où est venue cette vogue de l'élevage des lapins - comme bien des choses en ce monde d'ailleurs -, ce qui est sûr, c'est que les propos d'un éminent professeur de médecine ont joué un rôle déterminant. Cet homme dynamique et en pleine forme physique malgré son âge, expliquait qu'il avait adopté un régime végétarien en s'inspirant du mode d'alimentation d'un lapin qu'il élevait, lequel était de cette espèce particulière qui ne grandit que très peu en prenant de l'âge. A également joué un rôle ce lapin excentrique aux yeux malicieux, intelligent et adorable, héros de dessins animés à succès. Et aussi ce livre illustré, drôle d'un bout à l'autre, contant les aventures de lapins suicidaires ; ces animaux voulaient mourir non pas parce qu'ils étaient fatigués de la vie, mais par jeu, pour tromper l'ennui. Les enfants en avaient ras le bol des chiens et des chats, des poussins qui crevaient pour un oui pour un non, ou des hamsters qui se multipliaient à une vitesse effarante. Les marchands de plein vent devant les écoles, qui naguère vendaient des poussins éclos en couveuse, proposaient désormais dans leurs cartons des lapereaux pas encore sevrés, qu'ils présentaient comme des lapins nains. Pour apaiser les inquiétudes des parents, ils expliquaient que leur élevage n'était pas compliqué, il suffisait de leur donner des croquettes. De plus, un universitaire de renom assurait que nous aurions bien des choses à apprendre d'eux. Ainsi rassurés, des parents ont fini par permettre à leurs rejetons d'élever des lapins à la maison : quelques bambins ont d'abord eu leur lapin, puis les autres enfants du voisinage ont insisté pour avoir le leur eux aussi, et les parents n'ont plus trouvé d'excuse pour refuser. Selon un sondage réalisé par une société distributrice de fourrage alfalfa, le nombre de ménages possédant un lapin comme animal de compagnie s'est trouvé multiplié par huit par rapport aux années précédentes...

10/2014

ActuaLitté

BD tout public

La passion des Anabaptistes Tome 2 : Thomas Müntzer

(Texte provisoire) Thomas Münzer constitue le second volume de la trilogie " La passion des Anabaptistes ". Il aborde la théorisation de la révolution et conte le second soulèvement populaire du début du xvie siècle dans le Saint-Empire romain germanique. Pendant les guerres paysannes, le jeune Martin Luther prit la défense des paysans et des miséreux et prêcha des idées plutôt guerrières, suggérant par exemple de " se laver les mains avec le sang des évêques et des cardinaux de Rome ". La jeune secte anabaptiste, à cette même époque (1517), adhéra pleinement au discours de Luther et diffusa avec lui une haine énergique de Rome. Apparut ensuite, vers les années 1520, un certain Thomas Münzer, jeune théologien atypique qui se fit rapidement connaître comme le nouvel héros de la révolte paysanne et mit en place une véritable ligue secrète et séditieuse, ayant pour objectif de déstabiliser le pouvoir en place. Ses discours étaient plus durs encore que ceux prêchés par Luther, si bien que ce dernier fit marche arrière assez rapidement et opta pour la diplomatie, préférant les intrigues et les compromissions avec les instances au pouvoir. Dérouté par ce Münzer venu de nulle part, Luther s'éloigna de plus en plus des vues du champion des anabaptistes et finit par lui jeter publiquement l'anathème. Né en 1968, David Vandermeulen s'est d'abord fait connaître en 1997 en fondant le mythique café-concert " Le Galactica ", point de rendez-vous prisé de la scène underground bruxelloise. C'est à la même époque qu'il s'intéresse à la bande dessinée en montant sa propre structure éditoriale, Clandestine Books. Il y publie ses premiers albums puis rejoint 6 Pieds sous Terre et Les Requins Marteaux. Il crée Monsieur Vandermeulen, un avatar digne de l'Oncle Paul, auteur de nombreuses vulgarisations littéraires, à l'instar de son essai remarqué sur l'ontologie de Jean-Claude Van Damme. En 2005, il surprend ses lecteurs en prouvant qu'il est aussi capable de rompre avec l'humour qui le caractérisait jusqu'alors. Sa série Fritz Haber, nommée deux fois dans la catégorie album de l'année puis meilleure série au FIBD d'Angoulême, reçoit en 2005 le Prix de la BD historique de Blois et s'impose comme un titre incontournable en ce domaine. En parallèle, il développe avec son complice Daniel Casanave l'ambitieuse série Romantica aux Editions Le Lombard, une collection de grandes biographies d'auteurs romantiques du XIXe siècle. Toujours au Lombard, il a publié Ric Remix, un étonnant détournement de Ric Hochet. David Vandermeulen est également un contributeur régulier de La Revue Dessinée et de Fluide Glacial. Laurent Sautet est né en 1971 à Lyon et vit actuellement à Paris. Sous le pseudonyme Ambre, il crée sa propre revue Hard Luck en 1991 et la maison d'édition Terre Noire en 1997. Son premier ouvrage de bande dessinée paraît en 1996 et il publie de nombreux récits dans les revues Le cheval sans tête, Jade... et participe au collectif Comix 2000 de l'Association. Il adapte " Une trop bruyante solitude " de Bohumil Hrabal en 2003 avec Lionel Tran et le " Faust " de Goethe en 2006 avec David Vandermeulen. Ambre expose régulièrement ses peintures dans des galeries et des festivals internationaux. Il est par ailleurs Bibliothécaire à la Bibliothèque nationale de France. Pour le projet " La Passion des Anabaptistes ", il décide d'étudier la gravure allemande de la Renaissance et radicalise son approche de la bande dessinée.

10/2014

ActuaLitté

Beaux arts

Herri Met de Bles. Les ruses du paysage au temps de Bruegel et d'Erasme

Herri met de Bles (c 1500-1558) est avec Joachim Patinir et Pieter Bruegel l'un des peintres majeurs du paysage flamand du XVIe siècle. C'est aussi l'un des peintres les plus énigmatiques de l'histoire de la peinture de paysage, dont le corpus varié et abondant suscite encore de nombreuses questions. "Les ruses du paysage", première monographie d'envergure publiée sur ce peintre, nous offre une interprétation inédite des tableaux fascinants de ce peintre érudit et exégète. L'ouvrage retrace le contexte historique d'émergence des paysages flamands, celui de la ville d'Anvers qui se transforme alors en une métropole économique et culturelle internationale : lieu d'intense production artistique et éditoriale, lieu de questionnement sur le sens des Ecritures ; lieu aussi de contestation des dogmes de l'église dans un esprit érasmien - opposant la matière et l'esprit, le visible et l'invisible, affirmant la responsabilité personnelle en matière de religion et la croyance en une rédemption salvatrice par le Christ - dont les paysages religieux de Bles se font l'écho. "Les ruses du paysage" nous propose aussi une réflexion de synthèse sur un phénomène pictural qui participe activement à l'exégèse visuelle mise en ouvre par ces paysages : la présence d'énigmatiques figures anthropomorphes cachées dans la trame végétale et dans les rochers. En prenant en compte les images doubles et ambiguës de Bles, ce livre pose à l'histoire de l'art et à celle du paysage des questions fondamentales : sur le rapport de l'image au texte, de la figure et du fond, sur la fonction interprétative de l'image religieuse, sur le défi que ce phénomène représente pour une approche iconographique des oeuvres d'art qui privilégie traditionnellement la recherche de motifs, de thèmes et de significations clairement lisibles et identifiables. Loin d'être marginal et insignifiant, ce phénomène pictural se révèle être une voie privilégiée pour la compréhension des paysages de Bles, étroitement liés à la pensée d'Érasme et à l'idée chrétienne du "livre de la Nature". Rapportées à la pensée de l'analogie et du microcosme, à la tradition picturale des portraits composites d'Arcimboldo et des "têtes paysages" de Joos de Momper qu'elles anticipent historiquement, les images doubles de Bles se distinguent par leur caractère crypté et par leur rôle au sein du dispositif de la représentation : provoquer l'attention et garantir la conversion du sens littéral vers le sens spirituel. Qu'il s'agisse de l'analogie du Christ et du Silène, du songe du pèlerin ou du marchand ambulant incarnant l'attachement aux biens illusoires, de la conversion de saint Paul ou des hallucinations infernales de saint Antoine : dans chaque cas, les figures ambiguës et cachées et les protagonistes des paysages de Bles exemplifiant des états de vision variés - discernement spirituel, aveuglement, illusion - sont les composantes structurelles d'une même rhétorique de transformation de la vision à laquelle ces paysages sont voués. Bles se rendit célèbre sous le nom de "peintre à la chouette", l'oiseau de la dissimulation et du discernement qu'il cachait dans chacun de ses paysages. Karel van Mander, son biographe, qui répétait avec insistance l'anecdote de la signature figurée du peintre, entendait ainsi signifier la valeur emblématique qu'elle possède dans ses paysages, celle de l'avertissement adressé à "ceux qui ont des yeux pour voir mais qui ne voient pas".

10/2013

ActuaLitté

Littérature française

GHERASIM LUCA. L'intempestif

L'œuvre de Gherasim Luca pourrait se prêter à la légende d'une traversée du dadaïsme, du surréalisme et de la " poésie sonore ", aventures de la création, qui fondent notre épopée moderne. Elle entretient pourtant avec ces avant-gardes une relation d'intimité qui n'est pas " allégeance " ni dialogue. Dès les premiers textes, l'écriture poétique naît du litige entretenu à l'égard des mythes littéraires, suspecte les récits rétrospectifs et lutte contre toutes les figures édifiantes auxquelles la modernité aime à associer l'écrivain. Elle tire sa singularité d'une intransigeance nourrie à l'encontre de ses propres idéaux. L'intempestif caractérise alors cette voix discordante qui s'empare des représentations philosophiques contemporaines et les place sous une lumière qui révèle subtilement les tensions irrésolues qui les traversent. La poésie est ici la danse de la pensée lorsqu'elle refuse toute précaution, et " comme le funanbule à son fil s'accroche à son propre déséquilibre ". Cette approche poétique de l'abstraction philosophique révèle les désirs qui la nourrissent et dessine, dans la langue, les contours sensuels parcourus par l'idée avant son expression. La poésie de Gherasim Luca, au moment même où elle se voue à la matérialité du langage, inventant son " bégaiement " inspiré, décèle en effet dans cette syntaxe désarticulée le moyen d'une relecture démystificatrice de l'héritage, littéraire et philosophique, dont notre modernité poétique se réclame. Ce questionnement impromptu des valeurs de l'excès et de la subversion qui commandent notre représentation moderne de la littérature se manifeste dans des textes où la place réservée au lecteur est elle-même d'une instabilité radicale. L'interprétation se voit contrainte d'avouer son intéressement et sa violence. La démystification n'est pas la fin ultime de cette œuvre. La création poétique se voue à la conquête de l'incertitude. S'esquisse une théorie poétique du signe, qui, de recueil en recueil, fait se rejoindre la tragique d'une fuite éperdue du sens et la jubilation d'une chasse vouée à la répétition indéfinie. L'humour, si rarement associé à la poésie en France, devient soudain l'indice d'une distance intérieure du langage qui ne saisit sa proie qu'en se faisant, voluptueusement et désespérément " ombre ". Gherasim Luca poursuit cependant l'invention d'une " physique élémentaire " de la langue poétique. Il refuse le constat ou la déploration de l'absurde, qui contemple mélancoliquement la désertion du langage par les " valeurs " qui fondaient autrefois sa transcendance. Dans l'immanence des qualités plastiques et sonores de la langue, un rythme est conquis. La fuite de la signification, qui se dérobe à mesure qu'elle se construit, devient un geste érotique qui ouvre le discours au surgissement d'autrui. Le langage est-il ici un nouveau dieu trompeur et furtif, tout puissant ? Certes, le rire se glisse imperceptiblement derrière le sérieux de chaque acte aveugle devant ses propres risques et immuablement solitaire : il en révèle la nature théâtrale. Mais la " ruse " du langage s'effondre dès lors que surgit le dernier geste intempestif de cette poésie. Un autre rire éclate dans les mots, rire héraclitéen, qui exerce la séduction du néant pour mieux démentir sa victoire : Gherasim Luca opère l'union improbable de la tradition apocalyptique et de l'humour. L'effondrement humoristique du sens rejoint alors son relèvement : la catastrophe se fait révélation par le rire, et le désir, la silhouette d'un Thanastos énergumène.

07/1998

ActuaLitté

Mondes fantastiques

Eragon Tome 4 : L'héritage

Tome 4 de la série Eragon. Remporter l'ultime combat contre l'Empire ou périr, les rebelles n'ont plus d'autre choix... Pourquoi Galbatorix, l'usurpateur, ne détruit-il pas l'armée en marche vers Urû'baen, sa capitale ? Il en aurait le pouvoir. Alors, que trame-t-il ? Pourquoi laisse-t-il les Vardens et leurs alliés, les nains, les elfes, les Urgals et aussi... les chats-garous ! poursuivre, sous le commandement de Nasuada, leur conquête de ses places fortes ? Belatonatombe, ainsi que Dras-Leona. Et Aroughs, réputée imprenable, est conquise grâce à l'astuce et à la témérité de Roran. Le cousin d'Eragon mérite plus que jamais son surnom de Puissant Marteau ! Certes les soldats et les magiciens de l'Empire se défendent. Mais les Vardens ont avec eux Eragon et Saphira, qui font des ravages dans les rangs ennemis. Murtagh et Thorn eux-mêmes ne sont pas de taille à les arrêter. À moins que... Murtagh, bien que lié à Galbatorix par un serment de fidélité prononcé en ancien langage, et donc impossible à rompre, ne fait peut-être pas tout ce qu'il pourrait pour les vaincre... Cependant, l'avancée des Vardens se trouve dramatiquement stoppée sur la route d'Urû'baen. Leur camp est dévasté par une attaque de Thorn et Murtagh, qui enlèvent Nasuada. Comme la jeune femme l'avait décidé, au temps de sa prise de pouvoir, c'est Eragon qui doit prendre sa place à la tête des armées rebelles. Or le garçon est loin de se sentir prêt pour une telle responsabilité, pas plus que pour combattre prochainement Galbatorix en personne. En vérité, après cet enlèvement, il perd tout espoir de venir à bout du tyran. Il comprend que celui-ci ne veut pas les tuer, ni lui ni Saphira, mais les soumettre, comme il a soumis Murtagh et son dragon. Eragon se souvient alors des mystérieux conseils donnés par Solembum, le chat-garou, alors qu'il n'était encore que l'apprenti de Brom. Le premier lui a permis de trouver le métal dont a été forgée Brisingr, son épée. Le deuxième, tout aussi énigmatique, disait : "Quand tout te semblera perdu, rends-toi au Rocher de Kuthian, il t'ouvrira la Crypte des Âmes". Eh bien, le moment est venu. Mais où se trouve le Rocher de Kuthian ? Solembum prétend l'ignorer. C'est pourtant lui qui va lâcher une phrase étrange - dont il ne se rappellera pas ensuite l'avoir prononcée - révélant l'emplacement du rocher. Il est sur l'île de Vroengard, où se dressait Dorú Areaba, l'ancienne cité des dragons et des Dragonniers, qui fut rasée par Galbatorix et les Parjures. Une magie d'une puissance inimaginable semble avoir effacé de toutes les mémoires ce Rocher de Kuthian, car Glaedr lui-même - qui est mort, mais dont Eragon conserve précieusement l'Eldunarí, le coeur des coeurs, dans un coffret - ne s'en souvient pas. Le dragon d'or est néanmoins d'avis qu'ils doivent prendre le risque et se rendre sur Vroengard. Est-ce un piège de Galbatorix ? A moins qu'une entité inconnue, un formidable magicien, ait décidé de leur venir en aide ? Tandis que Nasuada lutte de tout son courage pour ne pas prêter allégeance à Galbatorix en dépit des tortures qu'il lui inflige, Saphira emporte Eragon et Glaedr au-dessus de l'océan, à travers la pire tempête qu'ils n'aient jamais affrontée

ActuaLitté

Psychologie, psychanalyse

L'HOMME AUX RATS. Journal d'une analyse

Le 1er octobre 1907, Freud entreprend l'analyse de l'homme aux rats, dont il tirera l'une de ses Cinq Psychanalyses. Ce manuscrit, constitué des notes prises après chaque séance, n'était pas destiné à la publication. Il fut confié par la fille de Freud à Daniel Lagache, qui en assura la publication. C'est un document de grande importance, car il révèle la façon dont Freud analysait, transcrivait, puis remaniait et réinterprétait en vue d'une publication ultérieure. Cette édition bilingue est donc un document témoignant du travail de Freud. Ernst Lanzer est obsédé par l'image d'un supplice chinois qui consiste à ligoter un homme et à l'asseoir sur un pot dans lequel se trouve un rat. La bête, affolée, n'a d'autre moyen que de rentrer dans l'homme. L'issue en est la mort pour les deux parties. On ne livrera pas ici "la solution de l'idée aux rats" pour ne pas gâcher le plaisir de la fin au lecteur. On peut simplement dire que le rat, charriant la peste comme dans la légende allemande du joueur de flûte, est pour Freud une part archaïque de la psyché d'Ernst Lanzer, qu'il combat et qui cherche à réintégrer à tout prix sa psyché. Le rat est son refoulé, son enfer quotidien, qui agglutine le plaisir à la souffrance, le châtiment à la jouissance. Freud précise à cette occasion les concepts de culpabilité et de masochisme. En parlant, Ernst Lanzer fait sortir le rat au soleil, et celui-ci, d'abord aveuglé et apeuré, finit par s'humaniser, en une métamorphose bouleversante. L'Homme aux rats est aussi l'histoire d'une guérison. Cette guérison n'est possible que par l'alliance extraordinaire entre le médecin et son malade. Nous sommes en 1909. Freud complète sa théorie de la névrose en écoutant attentivement Ernst Lanzer, cerne le concept d'ambivalence, promis à un grand avenir, comme chez Melanie Klein. Réciproquement, le médecin explique à son malade sa théorie, s'identifie à lui (écrivant à Jung "Je suis plutôt du type obsessionnel") et affine ainsi le concept du contre-transfert. Cette identification permet aussi l'identification du lecteur, qui chemine ainsi entre la théorie et la pratique de Freud, expliquée pas à pas, comme dans une bonne enquête. On sort éclairé de la lecture de ce livre. A l'une des obsessions d'Ernst Lanzer, la cure viendra répondre comme une torture libératrice. Soumis à la bienveillante question de Freud, obligé de réfléchir sur lui-même, le malade trouvera une issue inédite à sa maladie. Ce faisant, Freud permettra à Odipe d'échapper à son destin, après lui avoir fait reconnaitre la force terriblement contraigante du fatum. Ironie tragique, Ernst Lanzer, guéri, mourra quelques mois plus tard à la guerre. Qui est fou en fin de compte ? Le malade ? La société ? Freud n'en dit rien, mais on peut penser que le futur auteur de Malaise dans la civilisation, décrivant les phénomènes de psychose collective comme la guerre ou le nazisme, avait gardé Ernst Lanzer dans un coin de sa tête. Les malades ne sont pas forcément ceux qu'on croit. (D. Berthezène)

11/1996

ActuaLitté

Littérature étrangère

Aristonomia

Aristonomia est le premier volet de la trilogie Album de famille, sorte de récit du XXe siècle russe au travers du prisme du destin d'une famille. Le premier volume est consacré aux années 1910, à la révolution et la guerre civile. Le second, aux années 1920 et le dernier aux années 1930. Mais Boris Akounine revendique également avec Aristonomia une entreprise littéraire expérimentale visant la synergie des deux vocations de l'écrivain : le dramaturge et l'érudit. Non pas un " projet commercial ", mais, dit-il, son " oeuvre la plus personnelle ", en gestation depuis son adolescence. D'affinité stendhalienne, cette oeuvre l'est d'autant plus qu'elle met en récit un Julien Sorel de la Russie du début du XXe siècle. Anton Kloboukov, personnage central écartelé entre les deux moitiés contradictoires de la nation : la rouge et la blanche, comme en écho à d'autres romans russes majeurs tels que Le Don paisible de Mikhaïl Cholokhov ou Le Docteur Jivago de Boris Pasternak. Avec, en filigrane, la quête philosophique d'un principe sublimatoire de la personnalité que le romancier-philosophe désigne par le terme d'aristonomie. Le roman s'ouvre à Petrograd, peu avant la chute de Nicolas II, pendant la révolution de février 1917. Le destin d'Anton Kloboukov, jeune étudiant en droit, fils d'un grand professeur, sera influencé par la rencontre avec deux anciens étudiants de son père : Pankrat Rogachov, bolchevique engagé, idéaliste, qui occupera des fonctions importantes dans la Tcheka, la police secrète de Dzerjinsky, et Piotr Berdichev, partisan de la cause blanche, fidèle au baron Wrangel, le dernier espoir des anticommunistes. Après la mort de ses parents, Anon vit une brève aventure avec Pacha, l'ancienne servante familiale. Mais leur relation passionnée s'achève lorsque, rentré après plusieurs semaines en prison, Anton est invité par elle à vivre dans un ménage à trois avec un de ses camarades bolcheviques. Il quitte la maison, cherche un emploi de gardien de nuit dans une maison aisée, mais il est soupçonné d'être un agent bolchevique. Avec l'aide de Berdyshev, vieil ami de la famille, Anton s'échappe en Finlande, passe par l'Allemagne et finit en Suisse. Il trouve du travail dans un hôpital à Zurich et gagne la confiance d'un chirurgien particulièrement talentueux qui le persuade de suivre une formation d'anesthésiste. Il tombe amoureux de Victoria, la compagne d'un jeune homme riche gravement malade, Laurence. Mais cette dernière l'éconduit. Il décide alors de rentrer, rongé par un sentiment de culpabilité. Il arrive à Sébastopol, au moment où l'Armée blanche est en retraite en Crimée et il y retrouve ses anciens amis. A leur contact, les convictions d'Anton vacillent et il finit par admettre que la force est parfois nécessaire et que les blancs auraient du mal à tenir tête aux rouges. Prisonnier des Polonais, il aidera un Cosaque rouge, grâce aux connaissances médicales acquises à Zurich. " C'est le moment le plus important dans ma vie ", pense Anton. La scène, très émouvante, n'est pas sans rappeler Platon Karataev et Pierre Bezoukhov dans Guerre et Paix, de Tolstoï. Peu de temps après, il assiste impuissant à un pogrome. Le roman s'achève sur une note de désespoir : Anton envisage une vie solitaire afin de se consacrer à rendre compte de ces événements tragiques. La construction du roman est particulièrement intéressante. Chaque partie " romanesque " (le roman d'Anton) est suivie d'une sorte de didascalie comprenant le point de vue de l'aristonome, sorte de pensée de l'" homme parfait " ; et le lecteur peut aisément faire lien avec Anton, le personnage central. C'est le moment où auteur et personnage ne font plus qu'un. Original, inattendu, risqué, le syncrétisme littéraire porté par l'auteur mérite à nos yeux de connaître un prolongement en version française.

09/2017

ActuaLitté

Actualité et médias

Barbaresques. Tome 1, Algéropholies françaises : Dessous de la guerre en Lybie et au Mali ; Coup d'Etat en Algérie ; De la religion en politique

Algéropholies françaises. On sait que l'on approche la vérité à mesure qu'on s'éloigne des versions officielles ; on " brûle " dès que les " intellectuels faussaires " sortent du bois pour dénoncer les thèses " abracadabrantesques " qui contrarient les jeux malsains de leurs commanditaires. Pourtant, on a beau être avisé, on ne manque pas d'être surpris en lisant cet ouvrage. Non que les faits qui y sont dépeints paraissent irréels : la démonstration est implacable, les faits irréfutables, les sources irréprochables. Le malaise vient de ce qu'on est soudain saisi par la gravité de la situation : les peuples (du Nord et du Sud) sont les belligérants désarmés d'une guerre féroce que leur mènent leurs propres gouvernants. Une fresque abominable, l'oeuvre de nouveaux barbaresques : assassinat des moines de Tibhirine, implantation d'Aqmi au Sahel, chute du régime de Kadhafi, opération Serval, attaque de Tiguentourine, crash du Vol AH5017 terrorisme sous fausse barbe, attentats de janvier 2015 à Paris, etc. Les turpitudes franco-algériennes décryptées ici sont innombrables et soulèvent le coeur. Côté Algérie, on retrouve la trace sanglante et macabre de l'une des dictatures les plus répugnantes de la planète. Outre-Méditerranée, Sarkozy a mené une aventure coloniale échevelée et brutale ; François Hollande est quant à lui passé un cran au-dessus : il s'est lancé dans un inconcevable coup d'Etat en Algérie. En fait, les attentats et les barbaries que l'élite présente comme aveugles sont pour une large part la riposte chirurgicale de ceux que la France a tenté de " détruire " - non pas dans l'Adrar des Ifoghas, mais au coeur du système politique algérien. Non pas pour aider le peuple à s'affranchir, mais pour mettre le grappin sur sa souveraineté. Ce que relate cet ouvrage, pire que dans un roman, c'est aussi l'impitoyable rapt des richesses des " pauvres africains ". Dassault, Bolloré, Total, Areva, BP, EDF-GDF, Vinci, Bouygues, Albert Frère, Paul Desmarais, des prédateurs qui cultivent la discrétion. Bernard-Henri Lévy, Alain Minc, deux redoutables entremetteurs, qui n'aiment la lumière que quand elle n'éclaire pas leur profil ingrat. La classe politique ? Des VRP à la solde des vautours. Bruguière, Sifaoui, Jacquard, Guidère, Calvi ? Des mercenaires chargés de cantonner le débat dans le périmètre islamiste. Il n'y a jamais eu autant d'islamistes en France, autant de femmes voilées, de barbes ostentatoires, que depuis que ces " intellectuels négatifs " - dont c'est le seul fonds de commerce - ont accaparé le débat, à la télé, à la radio, dans les journaux, de façon totalitaire. Des médias qui appartiennent à qui ? Et on reprend à zéro. Les " terroristes islamistes ", dans cette distribution ? Les " idiots utiles " à toutes les opérations hégémoniques du globe... Tous ces conglomérats d'intérêts oligarques et leurs élites initiées se prétendent évidemment les ultimes remparts contre l'effondrement de la démocratie ; ils en sont ses plus redoutables ennemis. Le cercle est aussi vicieux que les acteurs qui l'animent... Les USA et leur puissant Pentagone sont évidemment là, à l'affût, omniprésents, receleurs de toutes les dynamiques infâmes. L'armée française, partie pour lui damer leur pion dans son pré carré colonial, en arrive à solliciter leur assistance. Elle a une voilure trop faible et la bataille contre l'" Empire du chaos " était perdue d'avance. Alors François Hollande se console en portant à leur pinacle les réseaux françalgériens de la bande à François Mitterrand. Tout ceci peut être si effrayant pour le citoyen honnête qu'il préfère se réfugier dans le confort des illusions... Et croire que tout ira bien tant qu'il soutient les décisions attentatoires à ses libertés, ses acquis, son intimité, sa sécurité. Mais gare aux réveils tardifs ! La chute risque d'être vertigineuse.

12/2015

ActuaLitté

Aide-soignat (AS) et auxiliair

Tout le DEAS en fiches mémos - IFAS - Diplôme État Aide-Soignant - 2023-2024

Tous les modules pour réviser et valider son diplôme d'Aide-soignant, conforme aux nouvelles modalités d'évaluation par blocs de compétences > Des mini-fiches de cours avec toutes les connaissances et définitions des 10 modules de formation constituant les 5 blocs de compétences : Bloc 1 - Accompagnement et soins de la personne dans les activités de sa vie quotidienne et de sa vie socialeBloc 2 - Evaluation de l'état clinique et mise en oeuvre de soins adaptés en collaborationBloc 3 - Information et accompagnement des personnes et de leur entourage, des professionnels et des apprenantsBloc 4 - Entretien de l'environnement immédiat de la personne et des matériels liés aux activités en tenant compte du lieu et des situations d'interventionBloc 5 - Travail en équipe pluri-professionnelle et traitement des informations liées aux activités de soins, à la qualité/gestion des risques > Un cahier de 16 pages, rédigé par un auteur spécialisé en gestion des risques associés aux soins hospitaliers, qui reprend l'ensemble des précautions standards d'hygiène à appliquer en milieu de soin.

07/2023

ActuaLitté

Cuisine

La pâtisserie en famille

Les 50 recettes de Christophe Michalak pour partager et vous amuser en famille ! Le jour où j'ai surpris Victor, mon fils de 5 ans, la main dans le pot de pâte à tartiner... j'ai bien compris le message : gourmand comme son papa, lui aussi voulait mettre la main à la pâte ! Alors, pour lui transmettre ma passion, partager un moment convivial et ludique, quoi de mieux que de pâtisser, ensemble ? Plaisir d'être en famille, de découvrir des recettes, pas-à-pas. Fierté de faire goûter à sa maman tartelettes et cookies, sablés et douceurs chocolatés confectionnés tous les deux. Et comme le partage est un mot qui voit grand, j'ai voulu que d'autres parents puissent connaître cette même joie, avec leurs enfants ! C'est de cette envie de partage, en toute simplicité, que ce livre est né. Maintenant, c'est à vous de vous emparer de ces recettes... et de ces moments de bonheur avec vos petits. Pour rire et se créer des souvenirs communs. Parce que c'est aussi ça, la magie de la cuisine. A votre tour de pâtisser & de vous amuser en famille ! A propos de l'auteur Christophe Michalak est l'un des chefs pâtissiers français les plus réputés de sa profession, il est reconnu pour ses créations avant-gardistes et élégantes qui ont offert un nouveau souffle à la pâtisserie française. Après 15 ans en tant que chef pâtissier du Plaza Athénée, Christophe Michalak devient tour à tour champion du monde de la pâtisserie en 2005, auteur et présentateur de l'émission Dans la peau d'un chef sur France2, puis chef d'entreprise avec trois boutiques parisiennes depuis 2013. Désormais papa d'un petit Victor, " transmission " est le maître mot aussi bien dans ses Masterclass que dans sa cuisine familiale. "Faire de la pâtisserie en famille, c'est simple comme bonjour ! Avec Christophe Michalak, cela donne encore plus envie de mettre la main à la pâte. Ces 50 recettes classées par thème (sablés, tartes, glaces...) sont un concentré de plaisir". ELLE "Quoi de mieux que de pâtisser en famille et de faire découvrir le goût des bonnes choses à ses enfants ? Pour que d'autres parents puissent connaître cette même joie avec leurs enfants, le chef propose des recettes à réaliser avec ses petits. Et la magie de la cuisine opère ! " GOURMAND "Le plus rock des pâtissiers est aussi un papa poule, et cela tombe bien, car son univers ludique, fun et régressif parle parfaitement aux petits gourmands". FOU DE PATISSERIE "Plus qu'un livre de recettes : une invitation à partager des moments conviviaux en famille" TETE A MODELER "Et si vous passiez du temps en cuisine, mais avec vos enfants ? Découvrez 50 recettes de desserts plus gourmands les uns que les autres, adaptées aux enfants de 6 à 12 ans, et créez des souvenirs et des moments de partage à n'en plus finir". MAXI "Ce livre de 50 recettes est adressé aux apprentis chefs pâtissiers (...). Sa mise en page, parcourue d'illustrations, de photographies et d'adresses directes à l'enfant, permet d'inclure entière ment les plus jeunes dans le processus de création pâtissière". BIBLIOTECA MAGAZINE "Une pratique guidée et accessible de la pâtisserie avec un ton pédagogique, des illustrations et des photos explicites". IDEAL PATISSERIE "Christophe Michalak propose de vous réunir en famille afin de préparer des recettes pleines d'amour et de gourmandise ! " FRANCE DIMANCHE "Pour mieux savourer le temps qui passe en famille" ICI PARIS

10/2019

ActuaLitté

Ingénierie

BIM computationnel, des données vers l'IA. Ingénierie & architecture, enseignement & recherche

Les défis auxquels l'environnement bâti doit répondre sont de plus en plus nombreux. Entre contextes sociaux complexes, programmes économiques sous pression et nécessité de construire et d'habiter de manière performante et durable, les attentes qui reposent sur l'AECO (Architecture, Ingénierie, Construction et Opération) sont cruciales. Le BIM, ses processus et ses outils visent depuis de nombreuses années à soutenir ces pratiques exigeantes. Aujourd'hui, la multiplication des données accumulées et les avancées technologiques permettent des pratiques computationnelles de plus en plus avancées. Récemment, le succès rencontré par certains algorithmes d'Intelligence Artificielle comme ChatGPT ou MidJourney a démontré comment ces approches computationnelles pouvaient présenter des potentialités multiples sur des champs d'application toujours plus larges. Rarement interrogées de façon transversale, les évolutions du BIM et du computationnel portent pourtant de fortes potentialités pour l'industrie. Elles entraînent avec elles de multiples changements et répercussions du point de vue des pratiques, des organisations, des acteurs et de leurs missions, mais aussi : de la gouvernance des données, du green IT, des algorithmes et des biais de données. Les nouveaux rôles et nouvelles compétences, les nouveaux rapports à la simulation, à l'optimisation, à la conception en général, à l'automatisation, à l'industrialisation et à l'open source, sont autant d'enjeux à discuter dans l'évolution de ces pratiques BIM computationnelles. Sous un angle ouvert et multidisciplinaire, les textes rassemblés ici exposent diverses perspectives sur les pratiques actuelles du BIM. Les pratiques informationnelles de l'industrie de la construction y sont interrogées, chaque texte amenant une nouvelle perspective propre à ses auteurs sur le sujet. Thématiques de l'ouvrage Cette édition inclut les thématiques suivantes (sans y être restreinte) : BIM et pratiques computationnelles : design génératif, optimisation, form finding, intelligence artificielle, pratiques data-driven, BIM et sciences des données ; BIM et collaboration, BIM et interopérabilité, données liées, dictionnaires de données ; Transition numérique, processus d'adoption, maturités BIM, nouvelles compétences et nouveaux rôles, nouvelles pratiques de projet, nouvelles organisations ; BIM et durabilité : efficacité énergétique, empreinte carbone, Analyse du Cycle de Vie, économie circulaire ; BIM et open source ; Intégration du BIM dans le contexte urbain et dans le territoire : CIM, smart cities, interopérabilité avec les SIG ; Jumeau numérique, BIM et exploitation maintenance, IoT, Heritage BIM ; BIM et construction industrialisée, BIM sur chantier, BIM et préfabrication. Cet ouvrage interroge la grande diversité des recherches et points de vue autour du BIM et des outils numériques, au regard notamment des enjeux posés par ces nouvelles pratiques computationnelles. Ont contribué à l'ouvrage : - Nihel ALLOUCHE (Université de Carthage) - Joseph AZAR (Université de Franche-Comté) - Samia BEN RAJEB (ULB Bruxelles) - Selsebil BENELHAJ SGHAIER (Université de Bourgogne) - Aurélie de BOISSIEU (Université de Liège) - David CAMARAZO (Université de Bourgogne) - Charlotte DAUTREMONT (Université de Liège) - Sana DEBBECH (IRT Railenium) - Mohamed-Anis GALLAS (Université de Mons) - Annabelle GILLET (Université de Bourgogne) - Thibaud HULIN (Université de Franche-Comté) - Ahmed ISMAIL (ENSA de Grenoble, EPFL) - Vasilina IVANOVA (Université de Mons) - Mihaela JUGANARU (Mines Saint-Etienne - IMT) - Sesil KOUTRA (Université de Mons) - Younes LAMSAOUGAR (Université de Franche-Comté) - Eric LECLERCQ (Université de Bourgogne) - Maxime LEFRANCOIS (Mines Saint-Etienne - IMT) - Philippe MARIN (ENSA de Grenoble) - Thamer MECHARNIA (Mines Saint-Etienne - IMT) - Ana ROXIN (Université de Bourgogne) - Léa SATTLER (ENSA de Paris la Villette) - Gregorio SAURA LORENTE (Université de Mons) - Aida SIALA (ENSA de Nancy) - Federico TAJARIOL (Université de Franche-Comté) - Antoine ZIMMERMANN (Mines Saint-Etienne - IMT)

02/2024

ActuaLitté

Musique, danse

British Rock. Tome 1, 1956-1964 : Le temps des pionniers

Le premier tome d'une monumentale histoire du rock britannique L'Angleterre n'a pas inventé le rock'n'roll et son premier héros n'a jamais approché la carrure d'un Elvis Presley. Rien ne laissait prévoir durant les années 1950 qu'un pays aussi éprouvé moralement puisse rivaliser musicalement avec les Etats-Unis et célébrer les turbulences d'une nouvelle génération. Egarés dans un monde d'austérité, les gamins anglais ont créé dans la liesse un terreau paradisiaque qui va révolutionner la musique sur tous les continents. Après le déclic instauré par Cliff Richard, les Shadows et les Tornados, l'ascension foudroyante des Beatles met fin à l'hégémonie américaine et révèle un élan national soutenu par des centaines d'orchestres aux prétentions innovantes. Une guerre effrénée s'engage. L'encouragement du ministère de l'Education permet de réorienter les jeunes en mal de résultats scolaires vers un cycle universitaire de quatre années consacrées aux arts. C'est ainsi, par exemple, que John Lennon obtient l'autorisation de faire répéter les Quarrymen dans la cantine de son établissement. D'autres (comme Eric Clapton, David Bowie, Pete Townshend, Nick Mason, Roger Waters, Jeff Beck, Eric Burdon, Rick Wright, Keith Richards, Ron Wood, Ray Davies et son frère) font cette même expérience d'un dilettantisme financé par l'Etat. Tandis que les initiateurs disparaissent tragiquement (Buddy Holly, Ritchie Valens, Eddie Cochran.) ou connaissent des destins mouvementés (Chuck Berry, Jerry Lee Lewis, Gene Vincent, Elvis Presley.), le rhythm'n'blues émigre en Angleterre telle une valeur stimulante. L'industrie du show-biz a trop longtemps méprisé le potentiel fantastique des artistes noirs issus du gospel, du blues et du doo-wop. Et ce sont ces disques exportés comme de vulgaires surplus qui vont susciter l'éclosion spontanée d'un style britannique aussi singulier que révolutionnaire : la Beat Music. Les groupes porteurs de cette révolution se nomment les Beatles, les Rolling Stones ou les Who. Le jeune public s'identifie aussitôt à ceux qui apparaissent comme les nouveaux héros d'une contre-culture. Les industriels anglais ne passent pas à côté du phénomène et vont follement amplifier la percée de ces groupes. Cette ascension débute en 1957 et est vite relayée par les médias britanniques. L'explosion du rock anglais (due aussi à des producteurs de génie (George Martin, Giorgio Gomelsky Shel Tamy, Andrew Oldham.) se mue en véritable invasion aux Etats-Unis et partout dans le monde. Christophe Delbrouck retrace avec brio cette fabuleuse aventure, à la fois culturelle, sociale et politique. Une aventure qui enthousiasmera et marquera profondément plusieurs générations. A NOTER Un second tome paraîtra courant 2013, consacré aux années 1965-1970, Psychedelia L'AUTEUR CHRISTOPHE DELBROUCK, musicien et compositeur, est notamment l'auteur de Frank Zappa / Chronique discographique (EditionsParallèles), Weather Report (Paréiasaure ; rééd. Le Mot et le Reste, 2007), Carlos Santana & la danse des solstices (Editions Larivière /Rock & Folk), la trilogie Frank Zappa & les mères de l'invention, Frank Zappa & la dînette de chrome et Frank Zappa et l'Amérique parfaite (Le Castor Astral, 2003, 2005 et 2006), The Who (Le CastorAstral, 2007), Live : une histoire du rock en public (Le Mot et Le Reste, 2009), Crosby, Stills, Nash & Young (Le Castor Astral, 2009) et Live, une histoire du rock en public (collectif, Le Mot et le Reste, 2011).

03/2013

ActuaLitté

Romans de terroir

La maîtresse des forges

Anna, une institutrice de 23 ans, est mutée en octobre 1911 en vallée d'Aspe, aux Forges d'Abel, un hameau reculé des Pyrénées proche de la frontière espagnole. Elle découvre le pueblo, un village misérable en planches, où s'entassent les ouvriers espagnols et leur famille, venus de l'Aragon voisin, pour travailler durement sur le chantier du tunnel ferroviaire du Somport reliant France et Espagne. Anna est logée dans un confortable meublé au Bois où habitent les dirigeants de l'entreprise. Les débuts sont difficiles. Elle est affectée par la perte d'une de ses boucles d'oreille (héritées de sa mère),par la misogynie de son collègue instituteur et par l'indiscipline d'une élève aragonaise, Amparo. Elle s'inquiète aussi du silence de son amie Diane partie en Louisiane qui lui rappelle l'absence de son frère aîné, émigré au Mexique, dont elle n'a plus de nouvelles depuis de nombreuses années. Loin de se laisser aller, la maîtresse se bat pour l'instruction des filles et obtient du directeur de l'entreprise, l'ouverture de cours du soir destinés aux Espagnoles. Elle fait connaissance de ses voisins et se lie d'amitié avec Louise, malheureuse avec Auguste, un conducteur de travaux autoritaire. Au cours d'un repas en leur compagnie, elle rencontre un ingénieur qui ne la remarque pas, Etienne, dont elle tombe amoureuse. Lors d'un combat de coqs auquel Anna assiste clandestinement, sa boucle réapparaît et fait l'objet d'un pari. Bouleversée, elle croisefortuitement Etienne qui tente en vain de retrouver son bijou. Elle découvre le monde de la nuit, les frasques et les beuveries des ouvriers comme celles des dirigeants. Le grand bal de la Saint-Sylvestre lui ouvre enfin le coeur d'Etienne mais leur amour reste platonique.Dès janvier, les cours du soir accueillent une dizaine de femmes dont Inma, Sole et deux prostituées duPoisson rouge, un cabaret tenu par Rose, la maîtresse d'Auguste. Au printemps, une lettre apprend à la jeune femme que Diane vit finalement à Mexico et travaille à l'Alliance française. Anna songe à la rejoindre, après la visite de l'inspecteur qui, manipulé par l'instituteur, désavoue la maîtresse, l'accusant de faire l'apologie de l'alcoolisme. A ces événements, s'ajoute le retard pris par la jonction entre l'équipe française et espagnole qui éloigne Etienne d'Anna. Pendant l'été, un accident grave survient au tunnel : on retire les corps sans vie des pères d'Inma et d'Amparo et du mari de Sole. Miguel, le frère aîné d'Imna, prend en otage Auguste qu'il considère responsable ; le mineur est abattu par un soldat sous les yeux de sa soeur et d'Anna impuissantes. Inma quitte la vallée et l'institutrice s'occupe de Sole, enceinte, relogée au Bois. Pour calmer les ouvriers, Auguste est envoyé sur un autre chantier. Pendant l'absence d'Anna, la fille de Louise accouche secrètement en même temps que Sole, d'un petit garçon qui décède aussitôt. Louiserévèle à l'institutrice, avant de mourir, qu'elle a échangé les enfants : le bébé de Sole est celui de sa fille dont elle ne voulait pas. Le gros oeuvre s'achève en octobre : une fête célèbre la jonction en présence d'Etienne mais la jeune femme reste tiraillée entre son désir de partir au Mexique et celui d'épouser l'ingénieur qui lui a fait sa demande. Promu à un bel avenir en Argentine, il est envoyé entre-temps sur un chantier en Ariège et ne peut fêter Noël avec Anna. La jeune femme décide de rompre et propose à Sole de partir avec elle à Mexico. Après les adieux émouvants du pueblo, la maîtresse quitte les Forges et embarque à Saint-Nazaire. Sur le pont, elle se remémore son séjour puis tourne résolument le regard vers l'Amérique. Un coursier lui remet un paquet contenant sa dormeuse. Anna découvre Etienne sur le pont inférieur.

11/2017

ActuaLitté

Sports

Coups de poing et points à la ligne

Ce livre aurait pu s'intituler la boxe dans la ville. Il est une chronique de la vie perpignanaise dans ses rapports avec le noble art de 1885, date à laquelle la boxe anglaise fait son apparition, à la fin du XXe où elle peut fêter plus d'un siècle d'existence. Cet ouvrage est tout à la fois une histoire des boxeurs, des clubs et des prévôts, des dirigeants mais aussi des quartiers, des rues, des cafés... car cette vie sportive s'est inscrite dans des lieux familiers encore visibles qui ne sont plus que hantés par les gants de cuir rouge, les coups de gong et des hommes sur des rings parfois improvisés. L'ancien Alcazar, devenu cinéma Familia et son parc ont disparu, mais l'ancien hôpital militaire avec ce qui fut le siège du Foyer Léo-Lagrange est toujours là, gardien des souvenirs, des sons, des odeurs... aujourd'hui encore en longeant ses hauts murs on voit passer les ombres des cogneurs, des stylistes, des encaisseurs tragiques de coups fabuleux, des k.o. techniques. Dans une soirée, le drame pouvait côtoyer la comédie et le tragique avoir sa part de ridicule devant un public le plus souvent féroce. Le Casal Catala et le Théâtre de Verdure aux Platanes, le Nouveau Théâtre, le Vélodrome ont aussi rejoint le Paradis des constructions festives perdues mais le Centro Espagnol est encore là même si depuis bien longtemps, il n'accueille plus les puncheurs venus de Barcelone et il n'y a plus de combat au Théâtre Municipal.... Il reste les bars, les cafés et il existe le Palais des Congrès. Ce livre fait revivre dans le contexte urbain des figures tutélaires presque mythiques du sport roussillonnais, de la boxe catalane, les héros oubliés : ils sont tous dans ce livre... petits ou grands, amateurs ou professionels... Admirable carrière de Biosca, des salles parisiennes à celles de Madrid, Barcelone, Milan, Alger... Nos boxeurs voyageaient et l'Indépendant donnait parfois de leurs nouvelles. Ils sont tous ou presque dans ce livre avec leurs clubs, leurs dirigeants emblématiques et souvent pittoresques, toujours passionnés : " Napoleon Orliac ", Gaetano, on ne peut les citer... Les petits clubs, les groupements éphémères, ont eux aussi droit au chapitre au même titre que les grands, les omni-sports : l'U.S.A.P. et le Foyer Léo-Lagrange qui eurent encore, vers les années 1960 de formidables équipes de boxeurs. Cette chronique n'oublie pas combien la boxe et le rugby furent proches. Les villes et villages du département, où il y eut des clubs (Rivesaltes, Port-Vendres, Ille sur Têt, Bages...) qui défendaient les couleurs de leur coin de Roussillon. Les jours heureux et les jours noirs, dans la ville qui bouge avant guerre, après guerre qui s'agrandit... L'histoire de la boxe se mélange avec une chronique des grands jours de joies, de fêtes. Chronique contemporaine de ceux qui montent sur un ring pour échanger des coups avec un inconnu et n'ont que quelques minutes pour montrer leur courage et souvent leur limites tant physiques que morales, ceux qui le lendemain reprenaient leur travail à l'usine, aux abattoirs, au nettoiement des rues, aux écuries du faubourg, à la gare, employés, ouvriers, ceux qui après défaite ou victoire, reprenaient l'entraînement amenaient femmes et enfants le dimanche, voir Lord Jim au cinéma ; leurs pères étaient allés voir le cirque Pinder où Carpentier rejouait avec application son match contre Dempsey... ceux là aussi méritaient quelques pages. Perpignan a ses " rugby ", son Castillet, la Sardane, et, grâce à Dalí, le centre du monde.... avec ce livre les Perpignanais n'oublieront pas que des coups de gong ont accompagné son histoire.

04/2012

ActuaLitté

Religion

Fécondité de la foi abrahamique. Une contribution à la lutte contre la pauvreté morale et à la construction de la paix Tome 1

La foi est un sujet si sensible que peu de personnes osent y prêter leur plume de peur d'écrire des banalités ou de choquer des communautés. L'on ne cessera pourtant pas d'en débattre car elle est inductrice de normes de la vie, et la vie humaine ne saurait se passer de normes, que celles-ci proviennent de la Prophétie et de la Révélation, ou qu'elles proviennent des conventions humaines. L'unité dans la religion est la mission fondamentale dévolue au dernier des prophètes, restaurateur et unificateur de la foi abrahamique. La foi dans la destination du dialogue interreligieux qui m'habite repose essentiellement sur ce socle enfoui en moi et le désir de partager largement une réflexion sur le sujet tire sa source dans le fait que, seulement récemment, juste après qu'elle eut appréhendé un danger dans l'expansion de l'islam à long terme en Europe, l'Eglise catholique romaine invite les Chrétiens à respecter l'islam et les Musulmans, et elle leur en fait même un devoir. Ce pas prodigieux de l'Eglise catholique romaine vers l'Islam qui implique que l'on renonce à toutes les affirmations polémiques et négatives tenues à propos du prophète Muhammad et des Musulmans dans le passé est déjà une grande réforme et pourrait être un facteur dynamisant du dialogue interreligieux, un préalable à la reconnaissance du fait que la religion est un processus dont le début et le parachèvement est la soumission au Dieu unique, c'est-à-dire l'islam. L'humanité s'achemine de plus en plus vers la soumission au Dieu unique au point qu'il peut s'avérer inutile de publier, à ce stade, un livre sur l'islam. L'ouvrage qui est ici soumis à l'attention du public exalte l'autre volet de l'islam qui est la promotion de la paix, paix non seulement entre les humains, mais aussi paix entre Dieu et eux. Il examine non seulement les trois monothéismes avec le même égard, mais il met aussi en exergue le fait que les similitudes décelables entre eux recèlent de preuves éloquentes qu'ils ne sont pas apparus ex-nihilo, mais qu'ils ont bien emprunté leurs conceptions à une même source. Il invite aussi à une relecture rigoureuse des Ecritures qui permet de déceler que le prophète Jésus est une réalité et nulle part divinisé. Il incite surtout au retour à cette foi primordiale dont le combat du prophète Abraham est l'expression exemplaire. Il indique amplement ce que Le Coran recèle et qui en fait le support de restauration et d'unification de la foi abrahamique puis finalement un guide pour l'humanité. IL est en effet désormais bien admis que c'est par leur foi que les Musulmans ont apporté la plus riche contribution à la science universelle et Le Coran en est le meilleur témoin. C e n'est pas un homme de lettres, encore moins un théologien ou un philologue qui soumet ici à l'attention du public un livre qui traite, à première vue, de la religion. C'est le sens aigu de l'explication et du raisonnement acquis tout au long de sa formation intellectuelle et de sa carrière professionnelle qui a inspiré ce professeur de mathématiques appliquées à compiler les matériaux devant instruire sur la fécondité de la foi abrahamique. En se référant à Dieu, aux Prophètes, à l'Histoire, à la Morale, et la Science comme étant les principaux thèmes qui balisent le cheminement de l'humanité, son quatrième livre, à l'instar du Coran qui embrasse quasiment tout le champ de l'investigation intellectuelle, est fondamentalement un ouvrage de culture générale.

06/2013

ActuaLitté

Religion

Fécondité de la foi abrahamique. Une contribution à la lutte contre la pauvreté morale et à la construction de la paix Tome 2

La foi est un sujet si sensible que peu de personnes osent y prêter leur plume de peur d'écrire des banalités ou de choquer des communautés. L'on ne cessera pourtant pas d'en débattre car elle est inductrice de normes de la vie, et la vie humaine ne saurait se passer de normes, que celles-ci proviennent de la Prophétie et de la Révélation, ou qu'elles proviennent des conventions humaines. L'unité dans la religion est la mission fondamentale dévolue au dernier des prophètes, restaurateur et unificateur de la foi abrahamique. La foi dans la destination du dialogue interreligieux qui m'habite repose essentiellement sur ce socle enfoui en moi et le désir de partager largement une réflexion sur le sujet tire sa source dans le fait que, seulement récemment, juste après qu'elle eut appréhendé un danger dans l'expansion de l'islam à long terme en Europe, l'Eglise catholique romaine invite les Chrétiens à respecter l'islam et les Musulmans, et elle leur en fait même un devoir. Ce pas prodigieux de l'Eglise catholique romaine vers l'Islam qui implique que l'on renonce à toutes les affirmations polémiques et négatives tenues à propos du prophète Muhammad et des Musulmans dans le passé est déjà une grande réforme et pourrait être un facteur dynamisant du dialogue interreligieux, un préalable à la reconnaissance du fait que la religion est un processus dont le début et le parachèvement est la soumission au Dieu unique, c'est-à-dire l'islam. L'humanité s'achemine de plus en plus vers la soumission au Dieu unique au point qu'il peut s'avérer inutile de publier, à ce stade, un livre sur l'islam. L'ouvrage qui est ici soumis à l'attention du public exalte l'autre volet de l'islam qui est la promotion de la paix, paix non seulement entre les humains, mais aussi paix entre Dieu et eux. Il examine non seulement les trois monothéismes avec le même égard, mais il met aussi en exergue le fait que les similitudes décelables entre eux recèlent de preuves éloquentes qu'ils ne sont pas apparus ex-nihilo, mais qu'ils ont bien emprunté leurs conceptions à une même source. Il invite aussi à une relecture rigoureuse des Ecritures qui permet de déceler que le prophète Jésus est une réalité et nulle part divinisé. Il incite surtout au retour à cette foi primordiale dont le combat du prophète Abraham est l'expression exemplaire. Il indique amplement ce que Le Coran recèle et qui en fait le support de restauration et d'unification de la foi abrahamique puis finalement un guide pour l'humanité. IL est en effet désormais bien admis que c'est par leur foi que les Musulmans ont apporté la plus riche contribution à la science universelle et Le Coran en est le meilleur témoin. C e n'est pas un homme de lettres, encore moins un théologien ou un philologue qui soumet ici à l'attention du public un livre qui traite, à première vue, de la religion. C'est le sens aigu de l'explication et du raisonnement acquis tout au long de sa formation intellectuelle et de sa carrière professionnelle qui a inspiré ce professeur de mathématiques appliquées à compiler les matériaux devant instruire sur la fécondité de la foi abrahamique. En se référant à Dieu, aux Prophètes, à l'Histoire, à la Morale, et la Science comme étant les principaux thèmes qui balisent le cheminement de l'humanité, son quatrième livre, à l'instar du Coran qui embrasse quasiment tout le champ de l'investigation intellectuelle, est fondamentalement un ouvrage de culture générale.

06/2013

ActuaLitté

Autres langues

A l'arpenteur inspiré. Mélanges offerts à Jean Bernabé

Si ce qu'il est convenu aujourd'hui d'appeler la créolistique fut longtemps l'apanage de savants non originaires des territoires où la langue créole est en usage, il convient de remarquer que les natifs ne se sont jamais désintéressés de l'étude de cette dernière. C'est ainsi que la toute première grammaire de cette langue fut l'œuvre du Trinidadien John Jacob Thomas en 1869 et que, depuis lors, cela de manière régulière, des études les plus diverses ont vu le jour telles que celles du Guyanais Alfred de Saint-Quentin (1873), du Guadeloupéen René de Poyen-Bellisle (1890) ou encore de la Martiniquaise Elodie Jourdain (1951). Jean Bernabé, agrégé de grammaire, docteur d'Etat en linguistique, s'inscrit, à compter des années 70 du XXe siècle, dans cette tradition qu'il vient à la fois conforter et bousculer. Conforter parce qu'il est le père fondateur des études créoles au sein de l'Université des Antilles et de la Guyane (l' UAG), et qu'il n'a jamais ménagé ses efforts pour qu'un véritable cursus académique créole y soit établi : licence de créole (1993), maîtrise de créole, KEA et doctorat en " Langues et Cultures Régionales-option créole ". Jean Bernabé fut à l'origine de ces formations désormais reconnues, lesquelles se sont concrétisées en l'an 2000 par la création du CAPEs de créole pour lequel s'est battu le groupe de recherches qu'il dirige depuis plus de trente ans, le GEREC-F (Groupe d'études et de recherches en espace créole et francophone). Bousculer parce que fort de son ancrage dans la grammaire générative et dans la sociolinguistique tout à la fois, il a su jeter un regard neuf non seulement sur la syntaxe des créoles martiniquais et guadeloupéen, mais aussi sur les rapports de force entre créole et français dans l'écosystème langagier de nos pays, renouvelant au passage les concepts d'emprunt, de continuum, de diglossie et, plus récemment, d'écologie linguistique. Il est aussi le créateur de la première graphie phonético-phonologique pour le créole des Petites Antilles et de la Guyane, la plus utilisée de nos jours, graphie connue du grand public sous le nom de " Système-GERFC ". et hommage à l'arpenteur inspiré qu'il fut, et continue d'être, n'est pas un exercice de pure forme, mais bien un témoignage du respect et de l'admiration que portent ses collègues de diverses universités à travers le monde, à quelqu'un qui sut être, dans le même temps, un scientifique de haut niveau, un administrateur (il fut dix ans durant doyen de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l'UAG) ainsi qu'un éveilleur de conscience. Que seraient les études créoles sans les travaux déterminants de Jean Bernabé ? Depuis bientôt quatre décennies, ceux-ci n'ont de cesse de féconder les recherches non seulement des créolistes établis mais également d'un nombre impressionnant de jeunes chercheurs auxquels nous avons tenu à donner la parole. Jean Bernabé a toujours eu le souci de la relève, et à l'heure où sa génération se prépare à prendre une retraite bien méritée, loin de poser sa plume, voici qu'il entame une déjà brillante carrière de romancier, renouant ainsi avec l'une de ses premières amours : la littérature. o-auteur enfin, avec P. Chamoiseau et R. Confiant de l'Eloge de la Créolité (1989), il fait la preuve que les études académiques ne sauraient aucunement être séparées d'une réflexion plus globale sur le devenir de ces organismes fragiles que sont les sociétés créoles dans un monde où les identités sont violemment questionnées par l'inexorable effacement des frontières entre les langues, les cultures et les peuples.

11/2006

ActuaLitté

Manga

Pack Boy's Love n° 34. Avec 5 mangas

Ce pack manga contient : Landlord and Prince (162 pages - Volume : One Shot) : Le propriétaire d'un petit immeuble est bien embêté.Noboru (sans emploi), le gigolo d'une des locataires qui s'est enfuie sans payer ses loyers, a décidé de s'installer dans cet appartement à présent vacant. Voyant qu'il n'a même pas de quoi se nourrir, le maître des lieux décide de lui donner à manger, ce qui lui attire les faveurs du jeune squatteur. Aussi étrange que cela puisse paraître, il n'a pas détesté le baiser que ce dernier lui a donné en guise de remerciements, et il est même allé jusqu'à prendre sa défense alors qu'il était accusé à tort par une voisine. S'il fait tout cela, c'est uniquement car il n'aime pas s'attirer des ennuis inutilement... mais alors, quel est donc ce sentiment ? The bitch cat can't stand curiosity (180 pages - Volume : One Shot) : "Le sexe, c'est du plaisir, mais aussi du profit ! "Kyôsuke, KYO de son nom de scène, est un mannequin à succès qui n'a aucun scrupule à coucher avec ses supérieurs pour obtenir des offres de travail. Un jour, il se fait surprendre en plein acte par un inconnu, et lui propose son corps en échange de son silence, bien décidé à ne plus le revoir ensuite , mais Fujishima, le bel inconnu, a l'air d'avoir une autre idée en tête...Les deux hommes entament une relation physique qui exaspère Kyôsuke tout autant qu'elle le satisfait, mais lorsqu'il est engagé pour un travail et qu'il y retrouve l'homme qui a brisé sa vie, tous ses soucis passent subitement au second plan... Entre problèmes de coeur et vie professionnelle compliquée, Kyôsuke n'a pas fini d'en voir de toutes les couleurs ! Let's pray with the priest (176 pages - Volume : 3 / 6) : Yûji, cadet d'une famille de moines et idole du quartier commerçant, sort en réalité avec Saburô-kun, le troisième fils du marchand de Tofu. Alors que nos deux tourtereaux ne sont toujours pas passés à l'acte, l'association des jeunes du quartier organise son traditionnel voyage. Les choses risquent de très vite s'enflammer à l'auberge ! D'un autre côté, Yocchan et Kenji, le frère de Yûji, en sont restés à leur seul et unique baiser. Comment vont évoluer les choses pour ce couple hors du commun ! ? Greatest Common Denominator (192 pages - Volume : One Shot) : Si ça continue, je serai puceau toute ma vie ! Tacchan est intelligent, il est bon en sport, il est beau, il est classe, et c'est mon petit ami. Hier, quand je suis allé chez lui, on a dîné ensemble, on a pris un bain, et on a fait l'amour... Mais je n'ai pas pu m'empêcher de vouloir le faire au moins trois fois, et maintenant, Tacchan est en colère contre moi ! Mais moi, si on ne le fait pas au moins trois fois, je ne suis pas satisfait !! Après Flower And Bunny, retrouvez Chiaki Kashima dans un nouveau manga drôle et attendrissant ! The Falcon hides his love (178 pages - Volume : One Shot) : D'un côté, Takumi, look effrayant, fort en bagarre, respecté par ses cadets, mais en fait sensible au point de pleurer à la moindre occasion , de l'autre, Natsuki, le "protecteur" attitré de Takumi, toujours là pour l'empêcher de se jeter dans les ennuis.Les deux garçons sont amis d'enfance, et Natsuki est amoureux de Takumi depuis qu'il lui est venu en aide lorsqu'ils étaient petits. Il n'a bien sûr pas l'intention de lui révéler ses sentiments, mais par un étrange concours de circonstances, il se retrouve à voler le premier baiser de Takumi ! Et lorsque l'innocent Takumi, au courant de ses sentiments, lui demande en public de sortir avec lui, son étonnement ne connaît plus de bornes...!

12/2015