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Littérature française

Astakos

N'allons pas croire que notre homme entretenait l'obsession du souvenir qu'il laisserait derrière lui. De la postérité, il se souciait comme d'une guigne. " Ce n'est pas elle, ironisait-il, qui me donne à manger ! " Par surcroît, il en fut toujours conscient, les générations futures thésauriseraient son apport après son trépas. Aussi eût-il été bien près de les accabler de son mépris, s'il n'avait réservé ce traitement à ses contemporains, dont, guidé par l'expérience comme par l'observation au jour le jour, il ne se formait pas une image très flatteuse. Du haut en bas de l'échelle sociale, il avait beau chercher, il ne trouvait pas une âme à exempter de sa réprobation. Le roi, selon lui, n'était qu'un pleutre, s'abritant derrière des prêtres et des gendarmes pour déployer de grands airs et imposer ses quatre volontés, prompt en outre à mettre au compte de son charisme personnel les hourras qu'il devait à la brutalité de sa garde, chaque fois qu'il s'exhibait à la populace. Qui, à part eux-mêmes, aurait bonne opinion des personnages dont toute l'activité en ce monde est de s'enrichir à millions grâce aux dérisoires économies de ceux qui travaillent pour de bon et qu'ils ruinent sans scrupule, si l'occasion se présente et s'ils y entrevoient seulement, pour leur propre situation, un hypothétique intérêt ? Qui dilapiderait son affection en faveur de capitaines d'industrie qui, ayant mené leur établissement à sa perte, jugent néanmoins, applaudis par leurs pairs, que leur spectaculaire incompétence est d'un plus grand prix et mérite donc un plus considérable salaire que, mises ensembles, toutes les créations des artistes, toutes les découvertes de la science, toutes les tangibles merveilles nées des songes philosophiques et de l'extravagance des poètes ? Aux aristocrates, le percussionniste reprochait de faire ostentation des privilèges, dividendes et prébendes que ni leurs talents, ni leurs efforts n'auraient pu leur assurer, ainsi, dans le même ordre d'idée, que de se croire supérieurs à lui sans posséder la moins exceptionnelle de ses aptitudes.

10/2017

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Histoire de France

Journal du Général Edmond Buat 1914-1923

En 1914, à 46 ans, le polytechnicien Edmond Buat est lieutenant-colonel. Il est chef d'état-major général des armées lorsqu'il meurt soudainement en 1923. Cette carrière remarquable est celle d'un homme exceptionnel. De la Grande guerre, il a tout connu : chef de cabinet du ministre de la Guerre Millerand d'août 1914 à novembre 1915, il est à l'articulation souvent difficile entre le pouvoir politique et le haut commandement militaire. Commandant une division puis une armée au front, il a vécu au plus près la violence des combats. Créateur en 1917 et chef de la Réserve générale d'artillerie qui permettra de l'emporter sur les Allemands l'année suivante, il est un technicien prophétique de la guerre industrielle. Nommé en juillet 1918 major général des armées françaises, c'est à dire n° 2, auprès de Pétain, il est l'un des artisans de la victoire. Expert auprès du gouvernement lors des négociations du traité de paix, et alors que des troupes françaises occupent la Rhénanie, interviennent en Europe centrale, en Russie, au Proche-Orient, il s'emploie dans ses dernières fonctions à préparer la France au nouveau conflit qu'il juge inévitable. Si Buat n'était pas mort à 55 ans, il eût été à coup sûr généralissime de l'armée française à la place de Weygand, et le destin en eût peut-être été changé. Le général était doublé d'un observateur prodigieux de finesse et d'un écrivain de talent. Tous les soirs, il a consigné dans des cahiers les faits et les réflexions de la journée. Tout y passe, les hommes qu'il a tous connus, les événements, les pensées. Alors que les mémoires des grands chefs, Joffre et Foch, ont été rédigés en vue de servir leurs auteurs, cet énorme et prodigieux document a toute la fraîcheur du spontané et de l'inédit. Dans sa préface, Georges-Henri Soutou, de l'Académie des Sciences morales et politiques, donne toute sa portée à ce témoignage d'un «esprit libre, volontiers mordant». Le colonel Frédéric Guelton, ancien chef du service historique de l'armée de terre, a introduit et annoté en spécialiste le texte donné ici dans son intégralité.

11/2015

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Littérature française

Je suis capable de tout

Le roman s'ouvre sur le premier chapitre d'un manuel de Développement Personnel, Mental coaching (ma méthode mes succès), où Paul Béranger entremêle théories du mieux-être, exercices à réaliser soi-même et péripéties qui ont conduit cet athlète olympique à devenir le plus célèbre consultant en remise en forme psychique du monde. C'est dans ce best-seller que Julie est plongée, tout en prenant le soleil sur une plage naturiste de l'île du Levant. Fraîchement divorcée, la plantureuse quadra espère trouver dans ce traité d'initiation au bonheur de quoi reprendre sa vie en main. A mesure que Julie répète les mantras tautologiques du livre-miracle, elle en oublie la présence de sa fille unique, Necko. L'adolescente au physique plutôt ingrat semble elle aussi en pleine lecture. Elle dévore le premier volume de Bad Lovers Hackers, un manga yaoi (réservé aux filles) aux allures de romance entre jeunes héros du même sexe (masculin). Captivée par ces amours androgynes, elle entame le deuxième puis le troisième album. La deuxième partie du roman va permettre à ces deux personnages féminins de confronter leur bulle de lecture à l'immédiate réalité. Pour Julie, c'est à travers la rencontre enchanteresse avec un certain Giacomo. Mais l'érotisation de leur escapade prendra bientôt un tour inquiétant... Restée seule sur la plage, Necko a fini le quatrième tome. Approchée par une bande de jeunes Marseillais en quête d'aventure, elle outrepasse sa timidité naturelle pour entamer avec eux une partie de beach volley. Profitant de ce moment de liberté sans surveillance maternelle, Necko apprend l'art du flirt distancié à ses nouveaux amis, avant de les soumettre tour à tour au bon plaisir de ses baisers... A travers ces deux lectrices en métamorphose estivale, Frédéric Ciriez ausculte le trouble fantasmatique d'un bovarysme très contemporain. Illusion à l'eau de rose qui voudrait que pour accéder à la réalisation de ses désirs, il y ait besoin d'une méthode. Mettant en abîme les codes du Développement Personnel et du roman sentimental, l'auteur en préserve la légèreté, tout en déconstruisant, pour notre plus grand plaisir, les leurres de ces injonctions au bonheur et à la performance.

03/2016

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Science-fiction

Denton et les esprits

Denton Mills a un secret : il peut voir les morts. Ou plutôt, la façon dont ils sont morts. C'est plutôt dérangeant dans une ville comme Chicago, qui déborde de ces échos morbides. Plutôt que de s'en plaindre à tout va, Denton a appris à vivre avec son talent pour le moins casse-bonbons. Cette capacité d'adaptation lui est des plus utiles lorsqu'il rencontre son nouveau voisin. L'énigmatique Bran Maurell attire d'emblée le regard de Denton ; malheureusement, Môssieur Je-suis-grand-maussade-et-mystérieux est tout aussi réservé et froid qu'il est beau à regarder. Cependant, lorsque sa rencontre inattendue avec le chat de Bran les fait se rapprocher l'un de l'autre, Denton découvre qu'ils ont un intérêt commun : le monde des esprits. Herboriste le jour, et sorcier la nuit, Bran purifie les foyers contre rémunération. Bran apprend à Denton que son don pour interagir avec les morts fait de lui un nécromancien. Faire équipe leur semble donc une décision commerciale tout à fait naturelle, afin de débarrasser Chicago de ses casse-pieds de fantômes un client satisfait à la fois. Au cours de leurs aventures spectrales, l'attirance entre ces deux hommes devient impossible à ignorer. Ils semblent être faits pour devenir des partenaires idéaux... à moins que le secret pas-si-petit-que-ça de Bran ne s'immisce entre eux. Nouvelle bonus inédite incluse, "Denton et l'esprit salace" : Denton est un nécromancien et son petit ami Bran, un sorcier. Ce n'est pas aussi excitant que ça pourrait paraître. Ils ne peuvent même pas s'habiller en tant que tels, la plupart du temps, mais lorsqu'ils sont conviés à une fête costumée pour le réveillon de Nouvel An, Denton est heureux de se laisser aller. Sauf que persuader Bran-le-reclus de sortir de sa carapace s'avère assez difficile... jusqu'à ce qu'un esprit démoniaque ne s'invite à la fête. Convaincre l'esprit de retourner d'où il vient exigera de Bran qu'il utilise toutes ses compétences, mais pas en nécromancie...

10/2016

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Décoration

Les Gobelins au siècle des Lumières. Un âge d'or de la manufacture royale

Dirigée successivement par les architectes Jules-Robert de Cotte, Jean-Charles Garnier d'Isle, Jacques-Germain Soufflot et le peintre Jean-Baptiste Marie Pierre, sous l'autorité de directeurs généraux des Bâtiments du roi, tels que le duc d'Antin, le marquis de Marigny et le comte d'Angiviller, la manufacture royale des Gobelins connaît au XVIIIe siècle son apogée artistique et technique - quarante suites différentes créées en cent ans. Les plus grands maîtres du temps (Charles Coypel, Jean-Baptiste Oudry, Charles Natoire, François Boucher, Carle Vanloo, etc.), du style rocaille au néoclassicisme, conçoivent pour les métiers les gigantesques modèles nécessaires, puisant leur inspiration dans tous les domaines, profanes ou sacrés, historiques ou mythologiques. Sous la conduite d'entrepreneurs d'exception, tel Jacques Neilson, et accompagnant l'intérêt de l'époque pour les sciences et les techniques, le tissage des tapisseries atteint un niveau de perfection qui suscite l'admiration sans réserve de Diderot lors des Salons. Les élites européennes (souverains, ministres ambassadeurs...) sont enthousiasmées par ces oeuvres, objets de cadeaux qui vont orner les murs des grandes demeures, grâce à l'intervention d'architectes inventifs, tel l'Écossais Robert Adam. Cet ouvrage, la première synthèse jamais écrite sur le sujet, traite de l'ensemble des tentures produites à cette époque. Son iconographie reproduit en couleur - le plus souvent pour la première fois - un ensemble de tapisseries sélectionnées pour leur état de fraîcheur exceptionnel : pièces de L'Ancien Testament d'Antoine Coypel, du Nouveau Testament de Jean Jouvenet et Jean Restout, de la fameuse Histoire de Don Quichotte et de L'Iliade de Charles Coypel, de L'Histoire d'Esther de Jean-François de Troy, de L'Ambassade turque de Charles Parrocel, des Chasses de Louis XV de Jean-Baptiste Oudry, de L'Histoire de Thésée de Charles Vanloo ou des Amours des dieux de François Boucher. Un ensemble de modèles peints décoratifs ou d'esquisses, dont plusieurs cartons d'alentour spectaculaires du peintre de fleurs Maurice Jacques photographiés après la restauration accomplie grâce à un mécénat de la Fondation BNP Paribas, des sièges couverts en tapisserie, des tableaux faits sur métier et des planches gravées des ateliers viennent compléter cette évocation des Gobelins au temps des philosophes.

04/2014

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Grandes réalisations

Grand Palais éphémère

Conçu par l'architecte Jean-Michel Wilmotte et installé sur le Champ-de-Mars, le Grand Palais Ephémère est un bâtiment provisoire de 10 000m2 porté par la Réunion des musées nationaux - Grand Palais et Paris 2024, et réalisé par la société GL Events. Il est destiné à accueillir pendant la rénovation du Grand Palais les grands événements d'art, de mode et de sport habituellement organisés dans la Nef, parmi lesquels Paris Photo, le Saut Hermès et les défilés de Chanel, puis, pendant les JO 2024, les compétitions de judo et de lutte. Véritable prouesse architecturale, sa charpente courbe en double voûte confère au bâtiment une typologie à l'échelle du Champ-de-Mars et s'insère parfaitement sur ce site prestigieux dont l'histoire est, tout comme celle du Grand Palais, très liée aux Expositions universelles qui ont animé l'esplanade dès 1867. Ce livre met en perspective le bâtiment avec cet héritage historique ainsi qu'avec celui de l'architecture éphémère. Mais il permet avant tout de découvrir les coulisses de ce bâtiment hors normes. Quelle en est la genèse ? Comment le chantier s'est-il déroulé ? Quel accueil public lui a-t-il été réservé ? L'ouvrage revient sur les éléments forts de l'architecture du Grand Palais Ephémère : sa nef principale ayant une portée ininterrompue de 51 m dans la largeur et de 33 m dans la profondeur, ses 44 arches en bois monumentales assemblées sur place dans un délai de trois mois, ses propriétés acoustiques et ses vertus écologiques. Résolument ancré dans notre époque, il fait écho à des réalisations architecturales éphémères emblématiques, depuis le Crystal Palace de Joseph Praxton (1851) jusqu'aux réalisations de Richard Buckminster Fuller (pavillon des Etats-Unis à l'Exposition universelle de 1967), Renzo Piano (pavillon IBM, 1984), ou Shigeru Ban (pavillon du Japon à l'Exposition universelle de 2000), et s'inscrit dans la nouvelle typologie des bâtiments interdisciplinaires réalisés ces dernières années. Le Grand Palais Ephémère est un projet exemplaire en termes de sobriété et de respect de l'environnement, qui révèle les aspirations culturelles, environnementales et sportives de notre temps.

12/2022

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Sorcellerie

Sorcellerie et sortilèges dans les Alpes-Maritimes

Où mieux rencontrer les Sorcières que dans les Alpes-Maritimes, sur ces terres chargées de contrastes où s'opposent mer et montagne, au carrefour de la Provence et de l'Italie ? Ici, les Sorcières ou "Mascas" sont aussi à l'aise sur la Côte d'Azur où s'étalent d'outrageantes richesses que vers l'intérieur où se cache une humilité austère. Leurs vallées, les "Valmasques" de Mougins et de Tende, les "Balaours" , ces plateaux désolés des hautes vallées propices aux sabbats, longue est la liste des sites marqués par la forte empreinte de celles qui hantent toujours la mémoire, qualifiées par Jules Michelet "d'auxiliaires précieuses du paganisme" . De Nice, à la Vallée des Merveilles, devenue leur "domaine réservé" , les Sorcières hantent les villages et persistent à enflammer l'imaginaire de leurs habitants. Il fallait raconter l'extraordinaire aventure de la Sorcellerie dans les Alpes-Maritimes. Grâce à Edmond Rossi, auteur niçois de plusieurs ouvrages sur l'histoire et la mémoire de son pays, cette lacune est aujourd'hui comblée. L'écrivain a parcouru le département à la rencontre des dépositaires de témoignages en voie de disparition, réalisant une collecte de ce fond culturel, complétée par une enquête minutieuse des annales et archives historiques. L'ensemble évoque les pouvoirs et les secrets des recettes des sorcières, héritières d'un lointain paganisme. Laissons-nous entraîner, à travers des siècles de pratiques et de traditions, sur la piste attrayante et mouvementée, de ces éternelles et fascinantes femmes aux pouvoirs magiques, propres à soulager le corps et l'âme. Edmond Rossi, né à Nice en 1932 a fait des études d'Histoire et d'Ethnologie régionale. Passionné par le passé de sa région, il rédige des articles sur l'Histoire des Alpes-Maritimes, publiés dans le quotidien local Nice-Matin. Installé à Saint-Laurent -du-Var, il effectue de 1975 à 1978, l'inventaire des monuments historiques de la commune. Ce travail de recherche l'entraine sur la publication de nombreux ouvrages historiques sur les Alpes-Maritimes. Il a déjà publié aux Editions Campanile : " Histoires et légendes des balcons d'Azur " et " Les Templiers dans les Alpes-Maritimes et en Provence orientale".

01/2023

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Actualité médiatique France

Les fossoyeurs de la démocratie

Tout ce qu'ils vous cachent Pandémie, vaccins, traitements, conflits d'intérêts, nouvel ordre, génocide... Ce texte, écrit en pleine crise sanitaire historique, fait l'alliance entre les données scientifiques sur un virus qui nous gâche la vie, et la communication d'un gouvernement qui dirige la France, en anéantissant toute l'économie du pays, plongeant ainsi bon nombre de nos concitoyens dans la précarité. Mon activité professionnelle a toujours été axée sur la science et la santé, et me permet donc à ce titre de pouvoir porter un jugement sur les décisions prises et dissocier la crédibilité du mensonge. Le lecteur pourra ainsi découvrir tout ce qu'ils nous cachent, tant au niveau sanitaire qu'au niveau politique (l'origine du virus, l'hydroxychloroquine, les études et les conflits d'intérêts, la vérité sur l'efficacité des traitements, The Lancet, la vérité sur les vaccins et la vaccination, l'affaire scandaleuse du Rivotril, la 5G, le confinement bis, l'avenir qui nous est réservé, le triste sort préparé de longue date par une caste funeste et qui fait froid dans le dos.) Notre liberté se voit ainsi entravée, les droits de l'homme et du citoyen sont bafoués, les droits au travail anéantis pour bon nombre d'indépendants, les plaisirs de la vie réduits à néant. Un climat dictatorial s'instaure, et la visibilité sur notre avenir, même proche, est engluée dans un brouillard difficile à pénétrer. Les fossoyeurs de la démocratie sont à l'oeuvre ! Ce manuscrit vous offre également des conseils de prévention, qu'aucun média ne propose aujourd'hui pour faire face au virus, ainsi que des attitudes à adopter pour passer cette période stressante, angoissante, source de désordres psychologiques. Ce livre a enfin pour but de sensibiliser le lecteur au fait qu'il se passe quelque chose d'anormal, que nous sommes roulés dans la farine pour mieux nous tromper, pour mieux dissimuler leurs funestes objectifs, et qu'il est nécessaire d'élever notre niveau de conscience, de nous éveiller, pour pouvoir reprendre et conserver nos droits, et offrir à nos enfants et petits-enfants, un avenir dans lequel la liberté aura retrouvé tout son sens.

04/2022

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Sports de glisse

Alexis Pinturault. Le globe de ma vie

Il est le skieur alpin le plus titré de France. Retour sur le parcours de celui qui a remporté la Coupe du monde 2020-2021, soit le gros globe de cristal, la récompense suprême. Athlète complet, il est à ce jour le seul skieur à avoir remporté des titres de Coupe du monde dans six disciplines différentes. Entré dans le gotha du ski mondial très jeune, il a également remporté les Championnats du monde en combiné et est monté trois fois sur un podium olympique. Originaire de Courchevel en Savoie, Alexis Pinturault est né avec des fixations aux pieds et deux bâtons dans les mains. Sportif doué sur divers terrains de jeu (il aurait pu être footballeur), il est repéré pour son aisance naturelle sur les pistes. Alexis choisit d'entrer au Pôle France du lycée d'Albertville et sa vie en sera à tout jamais bouleversée. Homme réservé et tenace, il est devenu le plus grand skieur français, mais surtout le plus polyvalent qui soit. De l'or au cristal retrace le parcours d'un champion perfectionniste attaché à l'éthique du sport, au respect des codes et de ses adversaires. Dans ce témoignage rare, on découvre un personnage attachant qui se livre sur les hauts et les bas de sa carrière dans laquelle il s'est investi pleinement. Son choix de s'aligner en slalom, slalom géant, super-G et combiné témoigne de son exigence supérieure à l'instar de son ami et rival Marcel Hirscher. Mélange d'instinct et d'excellence technique, Alexis Pinturault dévoile avec une grande sincérité et humanité combien la quête du gros globe de cristal est un véritable parcours du combattant. " Au départ, il ne faut plus se poser de questions, il s'agit d'oublier ses émotions, les enjeux. Je suis seul avec moi-même. Je suis dans l'instant présent, uniquement dans l'instant présent. Le bourdonnement de la foule que l'on entend distinctement avant de s'élancer se transforme en bruit de fond. Il n'y a plus d'avant, plus d'après, rien que le frottement des lames sur la glace. "

10/2022

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Sociologie

Technoféminisme. Comment le numérique aggrave les inégalités

"Règle 30 : il n'y a pas de filles sur Internet". Cet adage qui circule sur certains forums depuis le début des années 2000 illustre l'accueil réservé aux femmes en ligne. Le monde numérique tisse nos vies à tous et pourtant, il a un problème avec la diversité : il l'oublie et l'agresse, jusqu'à menacer la démocratie. En analysant les ressorts de la haine en ligne, en dévoilant le sexisme et le racisme qui président au fonctionnement de l'industrie et en proposant une contre-histoire du numérique, ce sont les racines et les effets concrets de cette marginalisation que décortique méthodiquement Technoféminisme. On y observe des communautés masculinistes, auxquels les géants numériques ont permis de se rassembler sous couvert de promotion de la liberté d'expression. Leurs adeptes, se proclamant parfois "célibataires involontaires" , multiplient les actions violentes et font toujours plus de victimes - harcèlement, divulgation d'informations personnelles et d'images intimes, jusqu'au meurtre. Leurs idées excluantes les transforment en relais des extrêmes-droites qui fleurissent un peu partout dans le monde. On y croise la route de l'auteure du premier programme informatique, aussi, Ada Lovelace, brillante mathématicienne et fille de Lord Byron. D'Hedy Lamarr, qui a passé plus de temps à inventer toutes sortes d'objets qu'à jouer devant les caméras. Ou de Katherine Johnson, dont le talent repoussa les limites imposées par la ségrégation au sein de la NASA. On y rencontre, encore, des chercheuses et des activistes à l'oeuvre pour faire évoluer nos mondes numériques à mesure qu'ils s'étendent, des premiers espaces connectés jusqu'au champ de l'intelligence artificielle. Dans cet essai-enquête unique en son genre, Mathilde Saliou explique les dessous d'un monde fait par et pour des hommes : les effets discriminants de nombre d'algorithmes sur la société, le financement biaisé de la tech par l'entre-soi masculin du capital-risque, la façon dont le consentement de chacun est sans cesse forcé par les géants du Net pour tirer profit de nos données... Interviewant universitaires, ingénieures, activistes, précurseuses, elle dégage aussi des pistes de résistances à l'architecture discriminatoire du numérique, des manières de prendre le pouvoir pour dessiner des futurs technoféministes.

02/2023

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Histoire internationale

L'exploration du monde. Une autre histoire des Grandes Découvertes

Voici une histoire par dates du VIIe au XXe siècle, riche en surprises, qui rend compte des profonds renouvellements qui ont transformé notre vision de ce qu'on appelait autrefois les "Grandes Découvertes". Les dates "canoniques", revisitées à l'aune d'une réflexion critique sur les raisons de leur élection par les chronologies officielles, alternent avec les dates "décalées" qui font surgir des paysages et des personnages méconnus. ll est ici question de détricoter le discours qui, associant exploration du monde et "entrée dans la modernité", en réserve le privilège et le bénéfice à l'Europe, et, pour ce faire, de documenter d'autres voyages au long cours extra-européens. Il est également question, prenant le contre-pied d'une histoire héroïque des expéditions lointaines qui en attribue le mérite à quelques singularités, de rappeler qu'il faut beaucoup d'illusions, et plus encore d'intérêts, pour faire un "rêve", et que Christophe Colomb n'aurait jamais appareillé sans les vaisseaux des frères Pinzón. Il s'agit ainsi de substituer des lieux, des instants et des visages aux cultures en carton-pâte et aux croyances en papier mâché ; de donner à voir les échecs autant que les réussites, les naufrages dans les estuaires de la même façon que les entrées triomphales dans les cités soumises ; d'inclure amiraux ottomans, navigateurs chinois, interprètes nahuatls et pilotes arabes dans le musée imaginaire de l'histoire globale ; de mettre en lumière tout un petit peuple d'assistants et d'auxiliaires, de sherpas et de supplétifs (que seraient Magellan sans le Malais Enrique ou Cortés sans la Malinche ? ) ; de passer outre une histoire au masculin en rendant droit de cité aux voyageuses et aux exploratrices ; et enfin de prêter une égale attention aux êtres et aux choses, sachant que, s'il faut une nef pour traverser un océan, une vague ou un bacille suffisent à la vider de ses occupants. Ce sont donc à la fois une autre histoire du monde et une autre histoire de l'Europe qui se dévoilent au fil des 90 récits d'aventures proposés par 80 des meilleurs historiennes et historiens de ces questions.

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Droit

Transparence et déontologie parlementaires. Bilan et perspectives

La culture française repose sur une tradition du secret encore bien ancrée dans les esprits et dans les pratiques. Toutefois, ces dernières années an été marquées par une évolution notable en la madère, essentiellement sur la base des lois fondatrices du 11 octobre 2013 relatives à la transparence de la vie publique et des autres textes adoptés dans leur sillage (ainsi de la loi du 9 décembre 2016 dite Sapin 2 et des lois du 15 septembre 2017 pour la confiance dans la vie politique). Or, ce "moment déontologique" a principalement touché le Parlement, qui tut l'institution la plus mobilisée avec la création d'un organe déontologique au sen de chaque chambre, l'adoption code de déontologie, l'encadrement de l'ex-IRFM comme de la réserve parlementaire (désormais supprimée), le dépôt de déclarations d'intérêts et de situation patrimoniale et les règles relatives au lobbying ou au déport des parlementaires. C'est donc tout naturellement que l'institution parlementaire a été retenue pour apprécier la portée de ces objets juridiques que sait la transparence et la déontologie. Si ces dispositifs instituent désormais un cadre contraignant de l'activité parlementaire, leur efficacité dépend de leur adaptation aux pratiques du pouvoir. Or, ces règles d'information et de contrôle ainsi que ces nouveaux droits et devers ont été progressivement appliqués à d'autres acteurs liés à l'activité parlementaire qui. longtemps restés dans l'ombre, constituent l'entourage immédiat des Pus. Récemment mis sous le feu des projecteurs, les collaborateurs parlementaires sont désormais soumis à une ébauche de statut juridique qui comporte quelques règles déontologiques (interdiction des emplois familiaux, déclaration à l'employeur des activités annexes). De la même manière doit être plus servent mis en lumière le rôle des administrateurs parlementaires, dont l'influence sur la prise de décision est paies très prégnante. Transparence et déontologie ouvrent donc un accès à une vision nouvelle des modes de l'action pratique et des processus de fabrication du droit, et cette évolution nous invite à revoir nos manières de concevoir le pouvoir politique. Cette mutation constitue aussi le signe d'une démocratie qui accepte de se questionner elle-même, et de repenser ses méthodes et ses fondements.

07/2019

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Science-fiction

Beyond

En 2012, une énorme météorite détruisit la moitié de la planète. Dans ce qu'il restait d'elle, et après un hiver nucléaire, un groupe de survivants découvrit un nouvel élément qu'ils nommèrent Eter et qui changea tout. La découverte de cet élément superconducteur permit à l'humanité de faire un grand bond technologique, notamment grâce à la création de l'intelligence artificelle ou aux les voyages spatiaux qui empruntent les vortex pour rejoindre d'autres mondes. Cependant, la plus importante des innovations fut le programme BEYOND, un paradis numérique accueillant le mental quand le corps qui l'abrite est mort. Terre, année 2250. Le guide gouverne la planète au sein d'une dictature militaire. Dans ce contexte, l'accès aux nouvelles technologies, et tout particulièrement au programme BEYOND, est réservé à la caste supérieure, constituée par le pouvoir militaire et le gouvernement. Si la caste moyenne a la possibilité d'y accéder par le mérite ou d'énormes dons au gouvernement, les castes inferieures en sont exclu. Après des années d'une usage intensif, L'Eter commence à se raréfier et plusieurs sondes spatiales téléguidées sont envoyées à sa recherche vers les vortex connus. Le programme BEYOND est impossible sans l'Eter et la rumeur de sa pénurie se propage à toute vitesse. En secret, les castes moyennes se mettent à ameuter les masses pour les convaincre de prendre les armes afin de destituer le guide et s'emparer de son pouvoir. Kalea et Dave, dont les chemins très éloignés finissent par se croiser, sont les personnages principaux de cette histoire. Kalea appartient à la caste laborieuse, possède un atelier dans le treizième discrict, et survit ainsi avec le souvenir de ses parents purgés à l'issue des révoltes d' il y a dix ans. Dave est un scientifique qui vit dans son laboratoire et, comme il a la malchance de faire partie des meilleurs experts en Eter, il a été envoyé dans une sonde spatiale vers l'inconnu. La vie de chacun d'entre eux va se compliquer au point qu'ils deviendront indispensables l'un à l'autre.

05/2021

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Epistémologie

La vie entre éthique et science

Cet ouvrage collectif est le fruit d'un dialogue entre des philosophes et des scientifiques autour de la question de la vie. En la prenant pour fil conducteur, les auteurs envisagent les problèmes que pose l'articulation entre l'éthique et la science. Leur réflexion commune s'appuie sur les sources philosophiques, les textes talmudiques commentés par Levinas, les neurosciences, les sciences cognitives et les sciences humaines et sociales. L'évaluation et la description des objets que sont la nature, le vivant et l'humain se prêtent à des développements de plus en plus précis et de plus en plus informés. Pourtant, à mesure que leur visée se déploie, la vie ne s'y exprime que de manière partielle. Le phénomène de la vie tel que nous l'expérimentons en première personne, depuis l'intérieur, dans son épaisseur subjective, intersubjective ou simplement personnelle, ne semble pas se réduire aux données quantifiables et exprimables de la naturalisation, produites par la science. Ainsi, dans un même phénomène, celui de la vie, se croisent des regards radicalement différents ? : d'un côté, la visée d'éclairage et de systématisation, l'enjeu d'une meilleure explication, et d'un autre côté, l'aspiration à protéger et rendre justice au cas particulier et exceptionnel. Si le pouvoir de la science est considérable, l'éthique met constamment en question la légitimité? de ses applications. Que signifie développer un pouvoir scientifique s'il doit être soumis a ? la validation éthique ? Entre une posture dogmatique et une résignation a ? une fonction purement consultative, l'éthique peut-elle se frayer une troisième voie ? Le rapport privilégié? au pouvoir du théorique est-il réservé? a ? la science ? N'est-il pas aussi l'apanage de l'éthique qui oscille constamment entre la tentation d'élaborer une théorie du bien, en légiférant et en privilégiant les principes, et une valorisation du fait unique et concret qui leur fait exception ? Ouvrage collectif sous la direction de Flora Bastiani et Joëlle Hansel. Avec les contributions de ? : Flora Bastiani, Arnaud Bouaniche, Sacha Bourgeois-Gironde François Brémondy, Aline Desmedt, Corinne Enaudeau, Val Grangirard, Georges Hansel, Joëlle Hansel, Michel Olivier, Charlotte Piarulli, Albert Piette, Panu-Matti Pöykkö, Jean-François Rey, Jean-Michel Salanskis, Yves Sobel, Jan Sokol, Yannick Souladié

12/2021

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Nord-Pas-de-Calais

Tout sur le Nord et le Pas-de-Calais

C'est un pari fou, mais réussi, pour Vera Dupuis et Samuel Dhote que cette sélection de trésors patrimoniaux du Nord et du Pas-de-Calais choisis parmi les nombreuses richesses d'une région attachante. Ce guide en présente une cinquantaine, depuis la métropole lilloise jusqu'à la Côte d'Opale, en passant par les monts de Flandre jusqu'au plat pays. Tout comme dans le Calaisis, l'Audomarois, l'Artois, le bassin minier, le Valenciennois, le Cambrésis, l'Avesnois et le Boulonnais, le patrimoine y est bien valorisé et réserve de belles surprises. En plus de la présentation de sites, liés au paysage façonné par le temps, aux rebondissements de l'histoire, à la volonté de l'homme bâtisseur, cet ouvrage propose également des parcours thématiques : monuments incontournables, musées, jardins remarquables, hauts lieux historiques, art contemporain, découverte nature, patrimoine industriel. Vous saurez tout sur : Anneau de la Mémoire (Ablain-Saint-Nazaire) ; Grand'Place, place des Héros, abbaye bénédictine Saint-Vaast (Arras) ; Ecomusées (Avesnois) ; Centre 1415 (Azincourt) ; Site gallo-romain (Bavay) ; Petite ville de Flandre (Bergues) ; Ville haute (Boulogne-sur-Mer) ; Choeur de Lumière Anthony Caro (Bourbourg) ; Vitraux de l'église (Bouvines) ; Les Bourgeois de Calais (Calais) ; Château de Selles, abbaye de Vaucelles (Cambrai) ; Mont Cassel (Cassel) ; Peintres (Côte d'Opale) ; Villa Cavrois (Croix) ; Hôtel de Ville, beffroi, musée de la Chartreuse (Douai) ; Lieu d'Art et d'Action Contemporain (Dunkerque) ; Château (Esquelbecq) ; Jardins remarquables (de Flandre en Artois) ; Ancienne place forte (Gravelines) ; Château (Hardelot) ; Villas Belle Epoque (Lambersart) ; Musée Matisse (Le Cateau-Cambrésis) ; Louvre-Lens (Lens) ; Cité Vauban (Le Quesnoy) ; Centre historique minier (Lewarde) ; Grand'Place, Vieille-Bourse, hospice Comtesse, hôtel de ville, palais des Beaux-Arts, maison natale Charles de Gaulle, institut pour la photographie, citadelle (Lille) ; Abbaye bénédictine (Maroilles) ; Reconstruction par A. Lurçat (Maubeuge) ; Ville fortifiée (Montreuil-sur-Mer) ; Maison Wilfred Owen (Ors) ; Musée de la Piscine, cimetière (Roubaix) ; Mont Noir (Saint-Jans Cappel) ; Musée Sandelin, ruines de Saint-Bertin (Saint-Orner) ; Institut du monde arabe (Tourcoing) ; Château (Trélon) ; Musée (Valenciennes) ; Musée de Plein Air, musée d'Art moderne (Villeneuve d'Ascq) ; Paris-Roubaix (Wallers-Arenberg) ; Villas Belle Epoque (Wimereux) ; Coupole (Wizernes).

05/2021

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Géographie

Tourisme et insularité. La littoralité en question(s)

L'essor du tourisme moderne tient en grande partie à sa composante ludique, et à la nature comme à la qualité des produits qu'il est en mesure de proposer aux touristes occasionnels et aux vacanciers avides de dépaysements divers, en période estivale en particulier. Le tourisme balnéaire a depuis lors occupé une place essentielle dans la demande comme dans l'offre y afférentes. En témoigne la surfréquentation saisonnière des littoraux les plus attractifs ou accessibles, caractérisée à la fois par les gratifications qu'en attendent ceux qui les visitent ou y résident, autant que par les inconvénients qui en résultent pour les territoires ainsi mis en tourisme. Les îles offrent pour leur part, outre le dépaysement évoqué et l'opportunité de découverte de modes de vie et de cultures plus endogamiques, spécifiques ou préservées, un rapport superficie-littoralité d'autant plus exceptionnel et attractif qu'elles sont de dimensions modestes et constituent des espaces sans équivalents. Les caractéristiques de l'insularité doivent dès alors être rapprochées de la problématique d'occupation du littoral, à des fins touristiques en particulier. Au moment où l'on s'interroge, face au tourisme "classique", sur l'intérêt et les avantages de tourismes "alternatifs", et où l'activité touristique ne saurait échapper à la prise en compte des problématiques de développement local, appréhendées en termes d'intégration et de durabilité, de gestion participative et communautaire, la question de la relation de l'insularité à la littoralité ne peut être esquivée. C'est là l'objet de ce nouvel ouvrage, qui propose des contributions d'auteurs de différentes origines, à l'endroit de territoires insulaires eux-mêmes divers. Il aborde successivement, à cet effet, la présentation des pratiques touristiques dont ceux-ci sont les cadres ; puis celle des conditions et modalités de leur gestion touristique durable. Jean-Marie Breton est professeur émérite de droit public à l'Université des Antilles et de la Guyane, consultant international, fondateur et ancien directeur du Centre de recherches et d'études juridiques sur l'environnement, le tourisme et l'aménagement (CREJETA), président de la Section Caraïbes de la Société Française pour le Droit de l'Environnement (SFDE), membre de l'Académie des sciences d'Outre Mer (Paris). Ses travaux et expertises et ceux des équipes qu'il dirige portent principalement, dans la Caraïbe comme en Afrique, dans l'Océan Indien, les Amériques et l'Asie, sur la gestion participative des ressources naturelles, dans les aires protégées notamment, sur le cadre légal et institutionnel des parcs nationaux et des réserves naturelles, sur l'élaboration et l'harmonisation des législations et réglementations environnementales ; et sur la mise en cohérence des activités touristiques avec les contraintes environnementales, à travers les problématiques complexes du tourisme alternatif et du développement durable.

03/2014

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Sciences historiques

Les noblesses du nom. Essai d’anthroponymie ottomane

" Les Turcs ont coutume de donner aux gens un nom qui illustre un de leurs défauts ou de leurs vertus, car ils ne disposent que de quatre noms propres, réservés aux descendants de la famille ottomane ". Ainsi Don Quichotte condense-t-il en peu de mots un lieu commun répandu : celui d'un Orient sans noms, celui d'un Empire sans noblesse. Don Quichotte est fou, mais il y a toujours une part de vérité dans ce qu'il dit. Les Ottomans changeaient de nom comme de chemise. Les surnoms – souvent les plus disgracieux – étaient à la source de bien des désignations. On ne trouvait pas une rue sans un Mehmed, pas un café sans un Ahmed. Le titre plus que la désignation comptait dans les usages sociaux comme dans les bureaux de l'Etat. L'administration déformait sans vergogne les noms des juifs et des chrétiens. Le sultan écorchait les désignations de souverains qu'il tutoyait. L'onomastique n'obéissait à aucune règle stricte. Elle n'accordait presque aucune place au nom de famille. Les Ottomans ne portaient ni armes ni blasons. Ils ne reconnaissent aucune aristocratie hors de la lignée d'Osman. Autant de réalités admises par des voyageurs orientalistes, des idéologues kémalistes ou des historiens de l'Empire ottoman. En un mot : l'égalité des conditions l'emportait sur la reconnaissance de noblesses, et il était plus important de gagner un titre que de se faire un nom.La lecture des sources révèle néanmoins un monde de noms plus riche et plus complexe. Don Quichotte est fou, mais s'il a beaucoup voyagé, il n'a jamais parcouru l'Empire. En réalité, les Ottomans se servaient de leurs noms de personne pour s'identifier et se distinguer, faire valoir leurs droits et transmettre leurs biens. A partir des nomenclatures turques, arabes et persanes, ils inventèrent leurs propres modes de désignation. Ils en nourrirent leurs lettres et leurs arts. Par les noms, ils dominèrent leurs sujets non musulmans, valorisèrent les héros et les saints, reconnurent des lignées pré-ottomanes et constituèrent de nouvelles noblesses. Le nom de famille tel que nous l'entendons était certes le grand absent de l'anthroponymie ottomane. Mais des noms de famille existaient, au-delà des seuls patronymes : noms d'ancêtres, de collatéraux et de femmes. Il est vrai, la Turquie kémaliste imposa une procédure radicalement nouvelle : tout citoyen devait porter un nom de famille. Mais ces noms, pour une partie d'entre eux, existaient déjà. Ils étaient inscrits dans les registres d'Etat. Ils figuraient dans les généalogies, sur les stèles funéraires. Au sein de franges sociales que le sultan ne reconnaissait toujours pas comme noblesses d'Empire, perçait l'imaginaire d'une noblesse des noms.

01/2013

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Sciences historiques

Histoire de la barbarie. Requiem pour l'Humanité

Jean Chaline tente de faire le bilan sociologique des exactions réalisées contre l'humanité depuis la préhistoire. Elles résultent des quatre moteurs des sociétés et ceux qui furent inventés exclusivement par les hommes, la cupidité et les croyances. Il dresse un bilan sans concession des pratiques barbares humaines qui ne s'expliquent que dans leur contexte historique. Il retrace les pratiques du cannibalisme, des sacrifices humains, des guerres et des génocides, mais également l'esclavage, les colonialismes, les violences du judaïsme dans l'Ancien Testament, comme dans l'Eglise chrétienne, ainsi que les dérives terroristes dans l'islam, expliquant les exactions islamiques actuelles de Daech, ainsi que celles liées aux religions extrême-orientales. Il analyse le statut difficile des femmes dans le monde patriarcal des religions, celui des veuves aux Indes ainsi que la signification du voile des femmes depuis sa création à Sumer. Mais, à l'opposé de ces abominations, il montre également que la reconnaissance des Droits de l'homme, l'abolition de la peine de mort et de la torture, la laïcité et la création de l'ONU représentent des avancées majeures de l'humanité, même si ces valeurs ne sont pas encore partagées par tous. S'y ajoutent les dévouements de tous ceux qui, connus ou inconnus, jour et nuit, se mettent au service des plus démunis de l'humanité. Enfin l'auteur évoque, à partir du passé, les grands défis du XXIe siècle qui risquent de produire de nouveaux requiem. Le défi démographique annonce deux milliards d'individus supplémentaires. Les défis pour la liberté avec celui du terrorisme religieux, ceux de la "cyber-civilisation Big Brother" et des inégalités vont entraîner des réactions. A ces défis s'ajoutera la menace transhumaniste nous promettant un homme de 1000 ans qui, dans son évolution post-humaniste, deviendrait un biomécanoïde robotisé. Tous ces défis se superposent, à l'échelle de la planète, à un réchauffement climatique et à l'épuisement rapide de nos ressources naturelles renouvelables et non renouvelables, phénomènes qui risquent de modifier notre vie sur Terre, où l'espace pourrait également nous réserver quelques surprises. Aux grands défis, les grandes innovations ! Jean Chaline tire ici les conclusions de l'ensemble de ses recherches sur la saga de l'humanité dans ce qu'elle a de plus barbare qu'il faut connaître pour réagir et l'éradiquer, afin de laisser à nos enfants un monde plus vivable.

03/2018

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Généralités

Études Roussillonnaises - Tome XXVII. Sur les pas de Benoît XIII, édition des Actes du concile de Perpignan (15 novembre 1408-26 mars 1409)

Le titre donné à cette publication mérite quelques explications. L'élément placé en second, Edition des Actes du concile de Perpignan, indique la nature du document qui est ici publié intégralement. Mais il ne dit rien ni de son contenu ni de ce qu'il révèle : la personnalité d'un pape qui a marqué son temps, celui du Grand schisme d'Occident. Sous son enveloppe administrative, le document est en effet narratif à plus de quatre-vingt pour cent : il entraîne le lecteur Sur les pas de Benoît XIII. La convocation du concile répondait à la nécessité de faire le point après quatorze années d'un pontificat très mouvementé. Benoît XIII n'était pas le pasteur suprême d'un paisible troupeau mais l'un des deux pontifes qui se disputaient le trône de saint Pierre depuis 1378 et qui maintenaient de ce fait la chrétienté divisée en deux obédiences concurrentes. Combat de chefs à ses origines, le schisme s'était peu à peu mué en une lutte pour contraindre les belligérants à rétablir l'unité de l'Eglise. Le roi et le clergé du royaume de France, qui avaient pris l'initiative d'intervenir par la contrainte, finirent par trouver des alliés en Italie et jusque dans les rangs des deux sacrés collèges. A l'été 1408, la majorité des cardinaux des deux camps s'accorda sur la nécessité de réaliser l'unité, sans plus d'égard pour la légitimité d'un pape ou de l'autre. La convocation d'un concile général à Perpignan lancée par Benoît XIII pour la Toussaint 1408 était donc un contrefeu. L'objectif poursuivi par ce pape était d'y démontrer qu'il s'était dépensé sans compter en vue de l'union et qu'il n'était en rien responsable de l'échec des multiples tentatives de rapprochement avec son rival. Dans ce but, il avait fait préparer un long rapport historique qui fut intégralement lu aux 250 participants. Il escomptait par là obtenir d'eux un quitus et l'assurance qu'ils allaient continuer à le suivre. Comme tous les documents ecclésiastiques médiévaux, les Actes du concile de Perpignan sont rédigés en latin. En raison de leur exceptionnel intérêt, les éditeurs ont souhaité ne pas en réserver la lecture aux seuls spécialistes : une traduction partielle en français, entrecoupée de résumés, accompagne l'édition du début à la fin. Une longue introduction apporte les informations nécessaires à une bonne compréhension.

12/2022

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Sciences historiques

L'Homme contre le Loup. Une guerre de deux mille ans

      Longtemps la lutte contre le loup a été vécue comme un baromètre du progrès de la civilisation. Le loup a bien été le seul animal sauvage à susciter chez l’homme autant d’énergie pour le réguler. Depuis les lois de Solon au VIe siècle avant J.-C., les sociétés ont forgé une réglementation spécifique pour le contenir, le pourchasser, puis l’exterminer. En vue de s’en protéger, les pouvoirs publics ont mis en place un arsenal répressif sans équivalent. Ils lui ont même dédié une institution, qui prétend remonter à l’an 800 et qui subsiste toujours : la louveterie.      Mais le loup est aussi l’un des rares animaux à avoir suscité autant de dissensions. Reconnu comme ennemi public de la société, il a fait l’objet de statuts dérogatoires. Alors que la chasse était réservée aux privilégiés, le danger causé par le canidé a occasionné des exceptions à l’interdiction du port d’armes. Contre lui les autorités ont organisé des battues. Autour du loup se sont cristallisées des rancœurs sociales, qui reflètent des antagonismes dans les modes de vie et d’occupation de l’espace. Aujourd’hui, le passage au statut d’animal protégé n’a pas réglé le conflit sans fin qui oppose l’homme et le loup. Il a même ravivé les tensions depuis son retour naturel en France en 1992. Dans ce contexte passionnel, le sens des réalités et l’ouverture d’esprit imposent des compromis. En retraçant un conflit de plus de deux mille ans, l’auteur offre une synthèse de référence pour contribuer à un débat d’actualité.Professeur à l’Université de Caen et président de l’Association d’histoire des sociétés rurales, Jean-Marc Moriceau est spécialiste de l’histoire des campagnes. Membre de l’Institut universitaire de France, il conduit une enquête européenne sur les relations entre l’homme et le loup. Il a publié notamment Terres mouvantes. Les campagnes françaises du féodalisme à la mondialisation (Fayard, 2002), Histoire du méchant loup. 3000 attaques sur l’homme en France, XVe-XXe siècle (Fayard, 2007) et La Bête du Gévaudan, 1764-1767 (Larousse, 2008). Il vient de faire paraître, avec Philippe Madeline, Un paysan et son univers de la guerre au marché commun (Belin, 2010) et Repenser le sauvage grâce au retour du loup (Presses universitaires de Caen, 2010).

05/2011

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Droit

Droit communautaire des affaires de la CEMAC. Instruments de crédit, Instruments de paiement, Incidents de paiement

Dans la zone CEMAC, la matière des instruments de crédit et de paiement a été longtemps régie, tout au moins dans les pays membres anciennement colonies françaises, par la législation française en vigueur au moment de leur accession à l'indépendance. Mais il existe maintenant, notamment depuis 2003, un dispositif juridique communautaire applicable dans l'ensemble de cet espace. Il s'agit du règlement n°02/03/CEMAC/UMAC/CM du 4 avril 2003 relatif aux systèmes, moyens et incidents de paiement. Celui-ci vise non seulement les instruments de crédit et de paiement classiques tels que la lettre de change, le billet à ordre, le chèque, le virement, le prélèvement, la carte de paiement, mais aussi ceux d'apparition plus récente, à l'exemple de la monnaie électronique. D'une manière générale, le législateur communautaire a conservé les principales règles consacrées par le droit français, notamment celles issues des conventions internationales de Genève du 7 juin 1930, pour la lettre de change et le billet à ordre, et du 19 mars 1931, pour le chèque. Mais certaines de ces règles ont été remaniées de manière significative, afin de les rendre compatibles avec les réalités économiques et sociales de l'espace CEMAC. Le présent ouvrage réalise une étude approfondie du régime des instruments de crédit et de paiement en usage dans l'espace CEMAC, tel qu'issu du règlement communautaire du 4 avril 2003. La première partie est consacrée aux instruments de crédit et traite ainsi de la lettre de change et du billet à ordre. Le bordereau de gage de stocks, qui a été institué par le droit OHADA et s'est substitué de fait aux différents warrants, y est également évoqué. La deuxième partie a pour objet les instruments de paiement. Ainsi porte-t-elle non seulement sur ceux classiques que sont le chèque, le virement, le prélèvement, mais aussi sur ceux impliquant une utilisation accrue de l'informatique et de l'électronique que sont la carte de paiement et la monnaie électronique. Une troisième partie est enfin réservée au traitement des incidents de paiement, lesquels occupent une place non négligeable dans te dispositif juridique communautaire. L'ouvrage est conçu pour être utilisé par les étudiants des formations supérieures en droit privé (M1, M2 et doctorat). Il s'adresse aussi aux universitaires, aux praticiens du droit (avocats, magistrats, conseils juridiques, huissiers, notaires, etc.), ainsi qu'aux professionnels des secteurs bancaire et financier.

04/2016

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Critique littéraire

Jules Romains. Un homme de bonne volonté

Louis Farigoule est né en 1885 à Saint-Julien-Chapteuil, pays de sa mère, au pied du massif du Meygal en Haute-Loire. Son père, instituteur, était originaire de l'arrondissement de Brioude. Voici qui fait du futur Jules Romains, pseudonyme littéraire qu'il adoptera, un véritable Vellave avec de solides racines auvergnates ? ! Si dès sa naissance il regagne Paris où ses parents sont installés, il retournera régulièrement dans sa région natale, restant attaché à son village. Le passage à Saint-Julien-Chapteuil était un véritable rite initiatique qu'il a fait accomplir à ses deux épouses et à ses amis. Son oeuvre est abondante, même si trop souvent elle est réduite à sa pièce la plus célèbre ? : "? Knock, ou le triomphe de la médecine ? ". Poésie, théâtre, romans, essais, il s'est essayé à tout et toujours avec talent. Son oeuvre phare est sans aucun doute sa fresque romanesque en 27 volumes "? Les ? Hommes de bonne volonté? ", hymne à la paix et à l'amitié. On y retrouve abondamment son Velay natal, lieu des racines, lieu de l'attachement à la terre, lieu du ressourcement. Un autre de ses romans se déroule dans notre région ? : "? Les copains ? " où Ambert, Issoire, Vercingétorix et le massif du Meygal servent de cadre aux canulars montés par une bande de copains facétieux où il est difficile de ne pas reconnaître Jules Romains lui-même. Sa poésie et son théâtre sont aussi empreints de son Meygal. Et ne s'est-il pas inspiré de sa région natale pour son fameux "? Knock ? "? ? Jules Romains a parsemé son oeuvre de références directes à sa région natale ? : il nous fait partager, à nous ses lecteurs, l'amour qu'il porte à cette Auvergne et à son Velay. Sous sa plume, sa région vit véritablement ? ; elle devient un personnage à part entière de son oeuvre. Devenu Académicien presque malgré lui, il n'a jamais oublié ses modestes origines. Parisien amoureux de la Ville, grand voyageur devant l'Eternel à l'époque où il n'y avait ni avion ni TGV, exilé en Amérique et au Mexique durant la guerre, toujours ses pas l'auront ramené à Saint-Julien-Chapteuil qui saura lui réserver un accueil enthousiaste pour fêter avec lui ses 80 ans en 1965. Il est urgent de redécouvrir Jules Romains, qui n'a eu de cesse de proclamer son amour de la paix et son culte de l'amitié? !

10/2011

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Littérature érotique et sentim

Le Secret de Miss Sticker. Un récit érotique au pensionnat

Une nouvelle année scolaire débute dans un pensionnat pas comme les autres... POUR UN PUBLIC AVERTI. Le Secret de Miss Sticker s'inscrit dans le cycle " Par le fouet et par les verges ", dans lequel un institut de jeunes filles anglais est dirigé par Miss Sticker, la plus terrible et la plus austère des maîtresses. Lieu de réputation, il n'est pas moins le théâtre de châtiments et de gratifications distribuées par les maîtresses et les servantes. La nouvelle venue, Reine de Glady, une jeune Française, gagnera-t-elle les faveurs de l'inflexible directrice ? Un roman qui figure parmi les classiques et est issu de la vague littéraire érotique du début du XXe siècle.EXTRAIT : La sévérité de l'institution de miss Sticker avait une légitime réputation. La bonne éducation, qui y complétait l'instruction, donnait au monde des jeunes filles prudes et vertueuses, telles que le comporte l'excellente renommée de la Grande, la très Grande Angleterre. Aussi les meilleures familles du Royaume-Uni y envoyaient-elles leurs enfants. Jamais rien de shocking ne leur avait frappé l'oreille. Savoir observer son maintien, ne pas s'émouvoir des sottises d'autrui, toutes ces jeunesses, sorties de la maison Sticker, s'en faisaient un article de loi. Du commencement à la fin des études, elles s'appliquaient à leurs devoirs, se soumettant aux punitions corporelles auxquelles on les habituait, et conservant une impassibilité absolue sur tout ce qui n'était pas le but à atteindre. Cependant l'arrivée de Reine de Glady apporta une certaine exaltation qui, pour être confinée dans la division où elle se trouvait, ne menaçait pas moins de se propager de proche en proche et de modifier le caractère et le tempérament de ces froides péronnelles. Dans un panier rempli de fruits, si un seul est contaminé, le reste, aussi nombreuses que soient les unités, ne tarde pas à se gâter. En affaire de mours, on peut l'affirmer sans crainte, dans le milieu le plus revêche, s'il se glisse un débauché convaincu, peu à peu la morale s'affaiblit, et qui hypocritement, qui franchement, nul n'échappe à l'attirance de la débauche. A plus forte raison, dans une réunion de filles et de fillettes, de nature en général curieuses et gourmandes, si la luxure mord un cour, bientôt tous les autres le seront, et des plus jeunes aux plus âgées, toutes chercheront à connaître la sensation du frisson.A PROPOS DE L'AUTEUR : Alphonse Momas, né en 1846, fonctionnaire à la préfecture de la Seine et écrivain français, était l'un des rédacteurs les plus actifs dans la littérature érotique du siècle dernier. Outre Tap-Tap, il écrivit sous divers autres pseudonymes : Le Nismois, Fuckwell, L'Erotin ou encore Un Journaliste du Siècle dernier. Cette multiplication de pseudonymes peut s'expliquer par le fait que la littérature érotique, comme d'autres productions du début du XXe siècle, a connu un début de taylorisation qui tendait à en faire une industrie spécifique soumise aux lois du marché, avec ses procédés standardisés et ses auteurs payés au forfait par l'éditeur. A PROPOS DE LA COLLECTION : Retrouvez les plus grands noms de la littérature érotique dans notre collection Grands classiques érotiques.Autrefois poussés à la clandestinité et relégués dans " l'Enfer des bibliothèques ", les auteurs de ces ouvres incontournables du genre sont aujourd'hui reconnus mondialement. Du Marquis de Sade à Alphonse Momas et ses multiples pseudonymes, en passant par le lyrique Alfred de Musset ou la féministe Renée Dunan, les Grands classiques érotiques proposent un catalogue complet et varié qui contentera tant les novices que les connaisseurs.

03/2018

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Critique littéraire

Revue de la Bibliothèque nationale de France N° 60/2020 : Ne les laissez pas lire ! Censure dans les livres pour enfants

Si la lecture apparaît comme une valeur refuge dans l'éducation des enfants, les livres qui leur sont destinés ne font pas toujours l'unanimité. Les discours actuels, de plus en plus impérieux, le confirment, et le débat reste ouvert : où s'arrête la liberté d'expression en regard des impératifs liés à la protection de l'enfance, où commence la censure ? La censure appliquée au livre pour enfants En préambule, Jean-Yves Mollier rappelle qu'au XIXe siècle, au moment même où se constitue une littérature pour la jeunesse, l'Enfant représente, de la même manière que la Femme ou le Peuple, une catégorie sous surveillance, perméable par nature à l'influence néfaste des mauvaises lectures. L'abbé Bethléem (dont les archives sont conservées à la bibliothèque de l'Arsenal) joue un rôle considérable dans la campagne menée dans la première moitié du XXe siècle contre les journaux licencieux et les illustrés pour la jeunesse (Anne Urbain). Ce sont en effet ces illustrés, français (L'Epatant) puis américains (Le Journal de Mickey), qui concentrent dans un premier temps les attaques des censeurs, dont les arguments d'ordre moral ou esthétique constituent paradoxalement l'un des premiers discours critiques sur la bande dessinée (Sylvain Lesage). La même accusation de propager, par l'exemple, la criminalité juvénile se retrouve dans les discours à l'encontre du cinéma (Roxane Haméry). En France s'est mise en place, en juillet 1949, une législation qui encadre les publications à destination de l'enfance et de l'adolescence, qui " ne doivent comporter aucune illustration, aucun récit [... ] présentant sous un jour favorable le banditisme, le mensonge, le vol, la paresse, la lâcheté, la haine ou tous actes qualifiés crimes ou délits ou de nature à démoraliser l'enfance ou la jeunesse ". Dans le même temps, aux Etats-Unis, est apparue, selon des modalités un peu différentes, la Comics code authority qui régira pendant des décennies la publication des comics américains (Jean-Paul Gabilliet). Le tournant de mai 1968 Mai 1968 bouleverse le paysage bien ordonné de l'édition pour la jeunesse, en initiant un mouvement de libération de l'enfance opprimée par la famille, l'école, et le monde des adultes en général, dont le Petit livre rouge des écoliers et des lycéens, traduit et publié en France par François Maspero en 1971, est emblématique (Sophie Heywood). La plongée de Bernard Joubert dans les archives de la Commission de surveillance des publications pour l'enfance et l'adolescence, instaurée par la loi de juillet 1949, est riche d'enseignements sur la manière dont celle-ci examine au fil du temps les publications pour la jeunesse. Au-delà de la loi et de son application, de moins en moins restrictive, les pressions exercées sur le livre pour enfants restent multiples, qu'elles viennent des responsables politiques ou des parents, et s'expriment tout particulièrement dans les bibliothèques publiques (Véronique Soulé). La parole est aussi donnée aux acteurs de cette histoire contemporaine, à un éditeur (Thierry Magnier) et à des créatrices (Agnès Rosenstiehl et Katy Couprie). Laissez-les lire ! Du XIXe siècle à aujourd'hui, les discours à l'encontre des mauvaises lectures sont révélateurs des angoisses du temps, et des permanences des interdits liés prioritairement à la violence et à la sexualité, dont le livre pour enfants, territoire doublement sanctifié, devrait être protégé à tout prix. " Ne craignons pas trop vite de traumatiser les enfants. Le danger est bien plus grand dans ce qui est mièvre et ennuyeux que dans ce qui est trop fort dans sa vérité " disait pourtant Geneviève Patte dans Laissez-les lire ! en 1978... Rubriques : " Autour d'une oeuvre " mène l'enquête à propos d'un mystérieux jeu de tarot vénitien ; La " Découverte " se penche sur le ballet que Roland Petit (1976) consacre à Nana ; La rubrique " Portrait " autour de Judith Gautier ; La rubrique " Innovation " consacrée au livre augmenté ; Le récit de Nathalie Kuperman en " Résidence " à la BnF

03/2020

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Littérature érotique et sentim

Mémoires de J. Casanova de Seingalt, écrits par lui-même Tome 8 : Première partie

Casanova lui-même nous fait le récit de sa vie riche et dense, dans laquelle séductions et aventures sont intimement liées...POUR UN PUBLIC AVERTI. Les Mémoires de Casanova sont écrits entre 1789 et 1798. Publiés à titre posthume en 1825 dans une version censurée, ils sont mis à l'index en 1834, avec les autres ouvres de l'auteur. Cette autobiographie, qui se lit comme un roman, retrace non seulement les amours passagères et libertines du célèbre auteur, mais également sa vie d'aventurier vénitien, parcourant les capitales de l'Europe et embrassant tour à tour les carrières d'abbé, de militaire, de poète, de magicien, d'espion, etc. Casanova a vécu en homme libre de pensée et d'action dans un siècle des Lumières dont il est un des représentants. Découvrez en détail le destin d'un auteur incontournable de la littérature libertine et européenne !EXTRAITJe commence par déclarer à mon lecteur que, dans tout ce que j'ai fait de bon ou de mauvais durant tout le cours de ma vie, je suis sûr d'avoir mérité ou démérité, et que par conséquent je dois me croire libre.La doctrine des stoïciens et de toute autre secte sur la force du destin est une chimère de l'imagination qui tient à l'athéisme. Je suis non seulement monothéiste, mais chrétien fortifié par la philosophie, qui n'a jamais rien gâté.Je crois à l'existence d'un Dieu immatériel, auteur et maître de toutes les formes ; et ce qui me prouve que je n'en ai jamais douté, c'est que j'ai toujours compté sur sa providence, recourant à lui par la prière dans mes détresses, et m'étant toujours trouvé exaucé.Le désespoir tue ; la prière le fait disparaître, et, quand l'homme a prié, il éprouve de la confiance et il agit. Quant aux moyens dont le souverain des êtres se sert pour détourner les malheurs imminents de ceux qui implorent son secours, cette connaissance est au-dessus du pouvoir de l'entendement de l'homme qui, dans le même instant où il contemple l'incompréhensibilité de la providence divine, se voit réduit à l'adorer. Notre ignorance devient notre seule ressource, et les vrais heureux sont ceux qui la chérissent. Il faut donc prier Dieu et croire avoir obtenu la grâce que nous lui avons demandée, même quand l'apparence nous montre le contraire. Pour ce qui est de la posture du corps dans laquelle il faut être quand on s'adresse au Créateur, un vers de Pétrarque nous l'indique : " Con le ginocchia della mente inchine. " (" De l'âme et de l'esprit fléchissant les genoux. ")A PROPOS DE L'AUTEURGiacomo Girolamo Casanova (1725-1798) est un aventurier et auteur de la République de Venise. Il est connu comme celui dont le nom est entré dans le vocabulaire de la séduction. A la fin de sa vie, il s'établit à Dux en Bohème, pour se consacrer pleinement à l'écriture, et rédige pendant près de dix ans ses mémoires, en français. Son autobiographie est une des sources les plus denses et authentiques des us et coutumes de la société européenne du XVIIIe siècle. A PROPOS DE LA COLLECTIONRetrouvez les plus grands noms de la littérature érotique dans notre collection Grands classiques érotiques.Autrefois poussés à la clandestinité et relégués dans " l'Enfer des bibliothèques ", les auteurs de ces ouvres incontournables du genre sont aujourd'hui reconnus mondialement. Du Marquis de Sade à Alphonse Momas et ses multiples pseudonymes, en passant par le lyrique Alfred de Musset ou la féministe Renée Dunan, les Grands classiques érotiques proposent un catalogue complet et varié qui contentera tant les novices que les connaisseurs.

03/2018

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Histoire de l'art

Iris. Time unlimited (1962-1975)

Iris Clert : peu de noms de galeristes aimantent autant que celui-ci. Pour des générations d'amateurs d'art, elle demeure l'icône flamboyante de l'effervescence artistique parisienne de l'après-guerre. Active du milieu des années 1950 au début des années 1980, elle accueille dans ses galeries successives, Rive gauche puis Rive droite, des expositions mythiques tels Le Vide d'Yves Klein en 1958 et Le Plein d'Arman en 1960, ainsi que certains des artistes les plus importants du XXe siècle comme Pol Bury, Gaston Chaissac, Bill Copley, Lucio Fontana, Leon Golub, Raymond Hains, Ad Reinhardt, Takis et Jean Tinguely. Si cette liste d'artistes, non exhaustive, lui confère évidemment une place de choix dans l'histoire de l'art contemporain, Iris Clert fut aussi - et c'est l'un de ses grands apports - l'inventrice de formats d'exposition et de communication inédits, comme en témoigne sa revue iris. time unlimited. Conçu pour renouveler sa manière de communiquer alors qu'elle emménage Rive droite au début des années 1960, Iris Clert publie pendant treize ans un feuillet de quatre pages, régi par une double ligne rédactionnelle : d'un côté, annoncer et promouvoir les expositions de la galerie et, plus généralement, informer sur le monde de l'art contemporain et son actualité ; de l'autre, proposer un espace de création propice à des interventions comiques, absurdes et polémiques. Le premier numéro paraît le 6 octobre 1962, le dernier numéro en avril 1975. La longévité de la revue est à noter dans un milieu où les expériences de ce type sont généralement éphémères. Chaque numéro présente des caractéristiques communes, tant au niveau du contenu que de la maquette. Reprenant le principe des unes de France-Soir, celles d'iris. time unlimited présentent le titre du journal encadré par deux oreilles, le portrait de la galeriste à gauche et celui de l'artiste de l'exposition annoncée à droite, une tribune ou gros titre et une photographie d'oeuvre en grand format, sous un bandeau d'informations légales. Le tirage oscille entre 4 000 et 6 000 exemplaires tandis que la liste des abonnés contient près de 450 noms. La fréquence de parution est variable, tributaire du rythme des expositions et des séjours d'Iris Clert à l'étranger. La publication accueille des collaborateurs plus ou moins réguliers, des rubriques plus ou moins récurrentes. Parmi celles-ci, des chroniques sur la vie artistique parisienne, des revues de presse, des jeux, des publicités, des présentations de critiques, le " Point de vue d'Iris ", des billets d'humeur, les " Ragots de la galerie ", des petites annonces loufoques et, bien sûr, un horoscope réalisé par la voyante d'Iris Clert. " Mon petit journal, commencé à la blague, deviendra une oeuvre d'art en soi. C'est une symbiose de mystification et de démystification où l'humour a tous ses droits ", résume Iris Clert dans ses mémoires. Bien plus qu'une curiosité de bibliophiles, iris. time unlimited demeure aujourd'hui une référence pour de nombreux éditeurs et galeristes. Collectionné par les bibliothèques universitaires américaines et européennes spécialisées en histoire de l'art et les centres de documentation des musées du monde entier, iris. time unlimited incarne le style qu'Iris Clert a imprimé dans le monde de l'art, mélange de sociabilité, d'humour, d'excentricité et de créativité. Grâce à cette nouvelle impression en fac-similé, au papier et format identiques à l'original, cet ovni éditorial est désormais à la portée de tous. La reproduction complète des 46 numéros est accompagnée d'un livret contenant un texte du critique et historien d'art Clément Dirié, auteur de l'ouvrage remarqué Iris Clert. L'Astre ambigu de l'avant-garde (2021), de photographies ainsi que des biographies des contributeurs et d'un index des abonnés. Sa publication célèbre au jour près le soixantième anniversaire de la parution du premier numéro d'iris. time unlimited.

02/2023

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Religion

L'homme et sa vérité

Il n'est peut-être pas inutile de dire comment ce dialogue a pris naissance. Depuis longtemps, je regardais avec intérêt la critique littéraire que P. -H. Simon donne, chaque semaine, à un grand quotidien. J'avais assisté aussi à sa réception sous la Coupole par Jean Guitton. Mais je ne savais rien de son oeuvre romanesque ; quant à l'homme, je le connaissais à peine. Néanmoins, et pour beaucoup de raisons, je me procurais sans retard le livre intitulé Questions aux savants qu'il faisait paraître en 1969. L'ayant lu d'un trait, je me trouvais enclin à approuver presque chaque ligne, la raison se joignant à la sensibilité pour me dicter cette approbation. J'étais donc surpris quand j'apprenais un peu plus tard que des hommes de science, qui se prétendaient spiritualistes, élevaient des réserves. Ce qui m'attristait tout particulièrement, c'est la condescendance avec laquelle certains - surtout des physiciens et des mathématiciens - n'hésitaient pas à traiter ce livre de bonne foi. Je me souviens tout particulièrement d'une soirée, rue Madame, où, à une réunion d'intellectuels catholiques, le "pauvre" littérateur était livré sans pitié aux sarcasmes. Heureusement, voilà qu'un homme, un "étranger" , demandait de la salle à prendre la parole. Lui rétablissait les choses. Qui était donc cet avocat ? C'était Jacques Monod, pourtant quelque peu malmené dans Questions aux savants. Pour ma part, je ne pouvais demeurer longtemps silencieux. Je rencontrai P. -H. Simon. Nous eûmes à parler ensemble dans des amphithéâtres. La dernière fois, si ma mémoire est bonne, ce fut pour commenter, l'un en littéraire, l'autre en biologiste, le grand ouvrage de René Huyghe : Forces et Formes. A chaque rencontre, j'étais frappé par tout ce qu'on trouve chez cet homme de vérité. Enfin venait au jour un nouveau roman de l'académicien : Sagesse du soir. Il y a, dans ce roman, le dessin d'une jeune femme qui a tout ce qu'il faut pour terrifier son grand-père et être adorée par lui. C'était Boune. J'étais séduit par Boune... et l'ensemble du livre. Se cristallisait alors, entre deux êtres, une véritable amitié. Au même moment, Monique Cadic, directrice des Editions Beauchesne et également mon amie, qui suivait le progrès de mes relations avec P. -H. Simon, me pressait de donner, dans la remarquable collection Verse et Controverse, un ouvrage qui serait écrit et par lui et par moi. Le projet ne me souriait qu'à demi. - Non disais-je, le choix n'est pas heureux. Les deux hommes que vous voulez opposer se ressemblent trop pour que puisse naître un débat animé. Sur de nombreux points, ils pensent de même. Dans ces conditions, il ne peut y avoir véritable débat ; or, ce qu'attendent naturellement les amateurs de "face-à-face" ce sont les coups qui portent et, éventuellement, blessent.

01/1972

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Paris - Ile-de-France

Guide Tao Paris et sa région éthique et écologique

Il s'agit du 1er guide de tourisme durable consacré à l'Ile-de-France. En format poche, il propose 350 expériences engagées pour se loger, se restaurer, pratiquer des activités, préparer le monde de demain et agir, ainsi que des conseils pour préparer un séjour de façon écologique et connaitre les enjeux et initiatives durables de la région. Des flashcodes permettent d'accéder à des cartes online sur lesquelles sont positionnées les adresses. De nombreux atouts : - Un livre en phase avec l'actualité : le 1er guide de voyage durable sur Paris et sa région juste avant les JO durables de Paris 2024 ! - Un marché conséquent : la région la plus visitée par les francophones. En 2022 : 24, 7 millions de touristes Français, 1, 2 million de Belges - Une destination qui se vend toute l'année - Un guide qui répond aussi à une clientèle locale (Franciliens) - Publié en partenariat avec le Comité Régional de Tourisme Paris Ile-de-France, qui réalisera une campagne de communication ambitieuse. L'ouvrage de référence pour découvrir Paris et sa région autrement. Vous souhaitez découvrir des lieux engagés dans une démarche écologique et éthique en Ile-de-France ? Vous désirez voyager de façon écoresponsable ? Vous souhaitez connaître les initiatives durables et solidaires de la région ? Découvrez le tout premier guide de tourisme durable consacré à Paris et sa région. Dans ce guide unique et novateur, rédigé par un auteur local, vous trouverez : - 350 expériences engagées dans une démarche écologique et solidaire, pour tous les budgets, pour vous loger, vous restaurer, pratiquer des activités, découvrir les initiatives qui préparent le monde de demain, et agir bénévolement : hôtels écologiques, hébergements chez l'habitant, logements insolites, auberges de jeunesse écoresponsables, écogîtes... Restaurants, cafés, salons de thé, avec des produits bio, locaux, de saison, du terroir, végétariens, vegan, restaurants et cafés solidaires, marchés bio, visites d'initiatives citoyennes et engagées, shopping écoresponsable, itinéraires à vélo, jeux de piste solidaires, découverte de tiers lieux, réserves naturelles, artisanat local, yoga, méditation, apiculture urbaine, visites et initiations à la permaculture, au mode de vie 0 déchet... Bénévolat nature, bénévolat social, protection des animaux... - Des flashcodes permettant d'accéder à des cartes online sur lesquelles sont positionnées toutes les adresses (consultables sur smartphone ou ordinateur). - Des informations sur les Jeux Olympiques et Paralympiques durables de Paris 2024. - Des conseils pour préparer votre séjour durable : budget, conseils pour minimiser son impact environnemental, consommer responsable en Ile-de-France, agenda des événements durables et écologiques, itinéraires à vélo, itinéraires de randonnée... - Des articles pour découvrir les initiatives de tourisme durable en Ile-de-France, les enjeux environnementaux de la région, les initiatives de préservation de la biodiversité et de protection des ressources naturelles... - De nombreuses photos en couleur. Ce livre est une mine d'or pour ceux qui souhaitent donner un sens à leurs vacances et leurs week-ends à Paris et en Ile-de-France.

04/2024

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Littérature française

Témoignages sur Renan, Taine et de Guaita

Huit jours chez M. Renan a été écrit quand Maurice Barrès débutait dans les lettres et quelques pages même quand il était étudiant ; d'autres, plus anciennes, qui devaient être réunies sous ce titre, ont paru dans le Voltaire au mois de mai 1886. L'auteur ne s'attendait pas au scandale qu'il causa involontairement dans l'entourage de M. Renan : "Les amis de ce grand homme eussent voulu que je le traitasse avec plus de réserve qu'il n'avait lui-même traité les héros et les saints. Ils disaient, en levant leurs bras, qu'il était un auteur vivant. Pitoyable raison ! Que pour les gens de l'Institut, des salons et de sa famille, M. Renan fût un homme en chair et en os, c'est possible, c'est indéniable, et par la suite moi-même je le vis sourire, parler, manger, mais pour moi, dans ma petite chambre d'étudiant ignoré, il était trente chefs-d'oeuvre sans plus, que mon âme seule animait. Vivant, le vieux M. Renan pour le jeune M. Barrès ? Quelle folie ! Croyez-vous donc qu'il soit jamais venu s'asseoir à ma table de la bibliothèque Sainte-Geneviève ? "Taine et Renan est constitué d'une dizaine d'articles publié dans divers journaux et revues, recueillis et commentés par Victor Giraud pour qui "ces articles ne cons­tituent assurément pas une étude complète et méthodique sur les deux grands écri­vains qui ont dominé tou­te la pensée française de la fin du XIXe siècle. Mais ils ont paru curieux, suggestif pleins de vues pénétrantes, de vives et perçantes formules, et l'on y peut suivre comme à la trace ce passionnant phénomène psychologique qu'il est si rare de pouvoir observer avec quelque détail : l'action d'un esprit sur un autre esprit. Les historiens, les moralistes et les lettrés jugeront sans doute qu'il y avait lieu de tirer ces pages perdues, presque inédites, de l'oubli". Ses souvenirs sur Stanislas de Guaita, occultiste et poète français, cofondateur avec Joséphin Peladan de l'Ordre kabbalistique de la Rose-Croix, est un hommage à cet ami rencontré au lycée de Nancy, vers 1880 qui le fit adhérer plus tard au martinisme et dont il préfaça l'une des éditions d'Au seuil du mystère.

06/2020

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Beaux arts

Palézieux. Oeuvres sur papier - Coffret en 4 volumes : Estampes ; Dessins ; Lavis et aquarelles ; Essais et témoignages

Quatre petits volumes ressemblant à des carnets nous introduisent, y compris sur le plan matériel, à l'oeuvre sur papier du peintre et graveur suisse Gérard de Palézieux (Vevey 1919-Veyras 2012). Après sa formation à l'Ecole des beaux-arts de Lausanne, il réside à Florence pendant la Seconde Guerre mondiale, puis s'installe dans le canton du Valais, où il vivra jusqu'à sa mort. La lumière, les usines et la campagne italiennes constitueront un ancrage important pour sa poétique, parfois très proche de celle de Giorgio Morandi, dont Gérard de Palézieux fait la connaissance en 1953 et avec qui il restera en contact jusqu'au décès du peintre bolonais. Mais son oeuvre témoigne aussi d'autres sources d'inspiration, tels les effets lumineux de Canaletto et de Claude Lorrain. En 1969, après un voyage au Maroc, il découvre l'aquarelle, technique qui va l'aider à élargir sa vision et lui permettre de dissoudre toute pesanteur en une pure luminosité. C'est à Venise que, à partir de 1972, Palézieux trouve sa véritable voie, grâce aux qualités de rapidité et de transparence du médium, une voie très proche d'une sagesse et d'un retrait du monde prônés par les peintres chinois. A partir de ce moment-là, le graveur s'ouvre à des expériences beaucoup plus libres, en se passionnant pour des techniques comme l'aquatinte ou le monotype lui permettant de traduire dans des paysages d'une extrême sensibilité le passage du temps. Solitaire, instinctif, fidèle à ses émotions, Palézieux n'a jamais renoncé à la peinture telle qu'il l'avait apprise de ses maîtres. "Je suis un attardé, disait-il, un isolé, dans un siècle qui me dépasse". En dehors de tout courant, de toute posture, son regard sur le monde se révèle néanmoins étonnamment juste, et chargé d'un étrange pouvoir de résistance. Dans ses images peintes ou gravées, il évoque les choses et les pays avec une réserve qui traduit les incertitudes de notre temps, ses abandons ; pourtant jamais il n'appuie sur la plaie et jamais il ne force l'expression. Ses aquarelles de neige, ses aquatintes au sucre disent le retrait de la lumière, la force inéluctable du temps, opposant aux contingences et aux discours personnels un art qui tente de renouer avec le simple et l'universel.

10/2019