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Dzack, Gérard Guéro

Extraits

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Poésie

Illuminations. La réussite Rimbaud

"Pour comprendre Rimbaud, lisons Rimbaud". Cette phrase d'Yves Bonnefoy nous donne la seule clé véritable pour atteindre et peut-être rejoindre ce qui fut la plus éblouissante et la plus définitive de toutes les aventures littéraires. Très tôt, Mallarmé, qui s'y connaissait en unicité, a salué cette "aventure unique dans l'histoire de l'art. Celle d'un enfant trop précocement touché et impétueusement par l'aile littéraire qui, avant le temps presque d'exister, épuisa d'orageuses et magistrales fatalités, sans recours à du futur". Le monde, en effet, ne peut qu'être frappé par la précocité de ce grand jeune homme aux yeux bleus, dont l'inquiétude foncière fut de lui offrir, au monde, un avenir de gloire, un futur autre que celui que lui impose la civilisation industrielle. Y a-t-il réussi ? La réponse commune tombe comme un couperet : sa mort, à trente-sept ans, ayant renoncé à la littérature, dans une misère morale et physique affligeantes, ne laisse guère de doute sur son échec. Et la légende qui, comme d'habitude, recouvre et occulte la vérité de ce son entreprise, eut tôt fait de le figer dans la figure du poète maudit dont la fin tragique attire la compassion la plus larmoyante. Ce que ce voyant a vu, c'est d'abord l'impasse où est poussé l'homme de notre époque, l'homme de "l'Europe aux anciens parapets". Rimbaud a une clairvoyance surprenante des apories de la civilisation occidentale. Et ce monde ancien n'en finira jamais de déchoir, tant qu'il laissera l'utilitarisme le plus étroit (aujourd'hui l'utilitarisme financier) régler son destin. Mettre la poésie en avant, ce simple mot d'ordre résume la démarche rimbaldienne. Reste à définir ce qu'il faut entendre par poésie. D'abord une attention toute particulière à l'être même de la langue, ensuite un lieu, l'habitation propre à l'être humain. Ce que démontre avec une puissance inégalée l'écriture des Illuminations, c'est que l'homme, s'il veut habiter poétiquement la terre, doit d'abord habiter poétiquement sa propre langue.

03/2014

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Histoire internationale

Albert & Elisabeth. Le film de la vie d'un couple royal

Un regard inédit sur l'un des couples le plus emblématiques de la monarchie belge : Albert et Elisabeth. Albert, un cinéphile averti C'est à la fin du XIXe siècle que le cinéma fait ses débuts. Alors jeune prince, le futur roi Albert est un cinéphile enthousiaste et averti. Rien d'étonnant dès lors que ce soit sous son règne que des films commencent à mettre en scène le couple royal. Contrairement à Léopold II, Albert et Elisabeth cultivent volontiers une image publique et glamour, avec aisance et maladresse, ce qui les rend proches du peuple. Ils aiment à se montrer et à entrer en contact avec la population : pour les cinéastes, ils sont un thème idéal. Une vie filmée Le roi Albert saisit rapidement toutes les opportunités que le cinéma peut lui offrir. Des premières images de son ascension au trône jusqu'à son décès tragique en février 1934, on dispose de quantités incroyables d'images tant en Belgique qu'à l'étranger. Du Brésil à Versailles, le roi et la reine visitent le monde et reçoivent également quantités de chefs d'Etat au lendemain de la guerre. L'Histoire au-delà de l'image Si l'image montre beaucoup, elle n'est pas tout. Certains thèmes développés dans cet ouvrage n'ont guère été filmés. Ainsi dispose-t-on d'assez peu d'images filmées du roi pendant la guerre ou encore de ses voyages au Congo. De même, si le roi aime à se montrer, cela nous en apprend peu sur le fonctionnement réel de l'institution monarchique ou ses rapports avec les autres organes de pouvoir. De façon à offrir un aperçu synthétique du fonctionnement de la monarchie dans ses aspects privés et publics, le livre explore diverses facettes de la vie du souverain (chef d'Etat protocolaire, chef des armées, promoteur des sciences, cinéphile, etc.) et du couple royal. Un livre et une exposition Cet ouvrage enrichit et prolonge l'exposition "Albert & Elisabeth, Le film d'une vie". A travers les contributions des meilleurs spécialistes de la question, il nous offre un regard nouveau sur la monarchie et sur le couple le plus emblématique qui l'a incarné : Albert et Elisabeth.

08/2014

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Cinéma

Filmer l'artiste au travail

Le rapport entre le cinéma et les autres arts a suscité un nombre considérable d'écrits, inaugurés par les premières tentatives pour définir le cinéma comme un art, fondées notamment sur des comparaisons avec la peinture et la musique. Les textes qui constituent cet essai se situent donc dans la continuité d'une histoire déjà longue, avec cependant le parti pris affirmé de prendre quelques distances avec d'une part cette dimension comparatiste et d'autre part l'affirmation du cinéma comme possible "synthèse des arts" ou manifestation d'une mythique "oeuvre d'art totale". Plus modestement, ces contributions proposent d'analyser des rencontres possibles entre le cinéma et la création artistique en prenant comme entrée les séquences de fictions ou de documentaires qui tentent de montrer l'artiste au travail. Cette approche très ouverte permet de parcourir l'histoire du cinéma, des danses serpentines des premiers temps aux autoportraits de Jean-Luc Godard, Agnès Varda ou Alain Cavalier, des critofilms de Carlo L Ragghiani aux mises en abyme complexes d'Abbas Kiarostami ou de Nuri Bilge Ceylan, tout en mêlant dans un même mouvement de pensée des films dont le projet est de donner à voir la genèse d'une oeuvre picturale (La Belle Noiseuse de Jacques Rivette) ou théâtrale (Elvire Jouvet 40 de Brigitte Jacques et Benoît Jacquot) et des films où la création est envisagée de manière moins frontale ou plus métaphorique, telles les figures d'écrivains en panne d'inspiration dans les films de Win Wenders ou encore la confusion entre acteurs et personnages dans les performances de Louis Jouvet et Sacha Guitry, "monstres sacrés" du cinéma français. Une telle pluralité de propositions n'aurait guère de sens si elle n'était envisagée dans un projet de recherche fermement bâti autour d'une étude des potentialités du cinéma à démythifier l'acte de création en considérant l'oeuvre non comme une réalité achevée mais comme un processus. Chacune des études présentées dans cet ouvrage travaille ainsi une tension entre le geste créateur comme recherche incertaine et une hypothèse selon laquelle tout oeuvre garde la trace des conditions de son élaboration.

09/2013

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Sciences historiques

Documents diplomatiques français 1969. Tome 2 (1er juillet - 31 décembre)

Les premiers pas du nouveau président de la République, Georges Pompidou, sont marqués par l'ouverture dans le domaine de la politique européenne avec au premier chef le déblocage de la question de l'adhésion du Royaume-Uni à la CEE. La proposition du président Pompidou de réunir une conférence au sommet à La Haye (1er et 2 décembre 1969) va dans le sens d'un élargissement et d'un approfondissement des Communautés européennes. Elle se solde par un succès et constitue un bilan favorable pour la France qui sort de l'isolement dans lequel elle se trouvait depuis le veto français de 1967. Au chapitre de l'ouverture, on doit noter aussi la reprise des contacts avec les pays d'Afrique du Nord, marquée par les voyages du nouveau ministre des Affaires étrangères, Maurice Schumann, et par les ventes d'armes à la Libye. Du point de vue des relations franco-américaines, on est exactement à mi-chemin entre continuité et changement. En effet, ces relations étaient en voie d'amélioration sensible dans les derniers mois de l'ère gaullienne – avec l'élection de Georges Pompidou, cette amélioration se confirme, au point qu'il est tout de suite question d'une visite du président de la République aux Etats-Unis. En dehors de ces secteurs, la continuité prévaut et on s'en réjouit à Moscou comme dans les pays arabes. Corollairement, les relations avec Israël ne s'améliorent guère : elles subissent même une de ces fortes tensions qui vont les caractériser au cours de la présidence de Georges Pompidou (vedettes de Cherbourg et vente de Mirage à la Libye). Continuité aussi dans les relations avec les pays d'Afrique noire, dont la situation est celle des pays pauvres qui attendent tout de l'aide française, et qui sont souvent secoués par des coups d'Etat ou des troubles intérieurs, en particulier universitaires. Sur le plan général, la diplomatie française relève qu'aux Nations unies, les petites nations ont mis à profit leur supériorité numérique pour faire échec aux superpuissances, que les groupes autrefois cohérents ont tendance à l'émiettement et font place à des regroupements " d'insatisfaits et d'ambitieux ".

01/2012

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Géographie

La Brousse calédonienne. Transformations et enjeux

Dans la langue française, il existe bien des termes à la fois fort usités et fort imprécis : le mot " brousse " en fait partie. La polysémie du terme tient avant tout à la multiplicité des représentations. Un des sens les plus anciens fait référence à des types particuliers de végétation, notamment à cette fameuse " brousse tigrée " d'Afrique. Du sens biogéographique à une consonance mettant en avant l'aspect " sauvage " de certains espaces, il n'y a qu'un petit pas à franchir. La brousse est alors représentée comme un domaine inculte, dans lequel un petit nombre d'hommes, tombe sous l'emprise d'une Nature dans laquelle la faune est hostile et les esprits chatouilleux. Le mot fait d'ailleurs passer un petit frisson d'aventure dans les romans où il est employé. La brousse s'oppose alors au monde " civilisé " qui constitue la norme. Dans de nombreuses acceptations du terme, la brousse apparaît d'abord comme un espace " loin de la ville " sans être synonyme de campagne, cette dernière apparaissant comme " civilisée ". En Nouvelle-Calédonie, la connotation péjorative vulgarisée en Europe (" venir de sa brousse ", voire " de sa cambrousse " n'est guère laudatif) laisse place à une revendication identitaire incarnée par le personnage haut en couleur du " broussard ". Dans ce pays et dans bien d'autres, la brousse, du fait qu'elle correspond à des espaces précis, est devenue territoire et toponyme. On l'a alors habillée d'une majuscule. Le XXe colloque CORAIL a été l'occasion de donner la parole à divers spécialistes de la brousse et de la Brousse calédonienne, issus de différentes disciplines. Ce colloque était l'aboutissement d'un programme financé par le Ministère de l'Outre Mer, consacré à " La Brousse calédonienne face au développement économique. Programme d'aide à la décision de mise en place de projets de développement ". Aujourd'hui, la Brousse n'est-elle pas en train de mourir ? N'en déplaise aux nostalgiques du passé, il s'agit là d'une transformation irrémédiable. Par contre, il semblerait important que les valeurs qui lui sont attachées ne disparaissent pas.

10/2010

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Histoire de France

L'incident diplomatique (XVIe-XVIIIe siècle)

Un incident, par définition, ne compte guère. Qualifié de "diplomatique", il fait au contraire trembler, car ses conséquences peuvent être dramatiques : l'incident diplomatique peut faire naître de fortes tensions entre deux pays, voire conduire à la guerre. Vingt-deux historiens s'associent dans cet ouvrage pour étudier ces événements singuliers, en s'attachant aux Temps modernes, de la Renaissance à la Révolution française. Ils éclairent ainsi une réalité familière des diplomates, et pourtant jusqu'à présent méconnue des historiens, qui nous permet de mieux comprendre les ressorts des relations internationales et les structures de la vie diplomatique Ce livre offre un éventail d'affaires, très différentes les unes des autres, qui nous plongent dans l'univers complexe des relations entre les princes et les Etats européens, au coeur du jeu dangereux qu'ils aiment à mener entre eux. Les auteurs dévoilent pour nous ces moments dramatiques où tout peut basculer. Un détail devient une vexation ou un dédain et le diplomate, prompt à y voir outrage pour l'honneur de son maitre, en exige alors réparation. A travers l'incident diplomatique, ces études révèlent aussi le rôle des populations qui interviennent dans ces moments de crispation, soit par des mouvements de foule, soit par l'action d'agitateurs. L'ambassadeur, ou l'envoyé, suscite ces réactions populaires, simplement parce qu'il vient de l'étranger, d'un pays longtemps ennemi, d'un pays lointain et exotique aussi. A l'occasion, il sert même de bouc émissaire pour signifier une colère qui ne trouve pas d'autre moyen de s'exprimer. Il n'est donc pas rare que l'incident devienne spectaculaire, avec du bruit et de la fureur, des cris, voire des morts. Il se construit alors comme une provocation, avec une mise en scène et des acteurs ayant un rôle à tenir. Il donne lieu à des récits, à des nouvelles, à une forme précoce de médiatisation. Le drame se constitue vraiment en incident diplomatique lorsqu'il suscite des excuses ou qu'il entraîne au contraire une rupture des relations politiques entre deux pays. Il se métamorphose ainsi en événement historique.

05/2010

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Beaux arts

Le public et la politique des arts au siècle des Lumières. Célébration du 250e anniversaire du premier salon de Diderot

Avec l'invention du Public, le rôle de la critique et des médias, la culture encyclopédiste, la réévaluation des valeurs du passé et la politique réformatrice qui facilite l'émergence d'un nouvel art urbain face à l'art de cour, ce sont autant de questions apparues en Europe au XVIIIe siècle que l'histoire stylistique des oeuvres et des artistes, traditionnelle, ne traite guère. Du moins, les études qui se consacrent à la production artistique du siècle des Lumières, dans le champ des sciences humaines, ne touchent que trop peu le public d'aujourd'hui, largement sous-informé de l'extrême diversité des arts au XVIIe siècle et des mécanismes qui les réunit dans l'idée même de progrès. Agissant parmi le public, comme amateur très averti et donneur de leçons imaginatives et morales, Denis Diderot, critique d'art, témoigne pour ce public autant qu'il l'incite à réagir. La diffusion restreinte, par une correspondance manuscrite qu'étaient ses Salons, n'oblitère en rien – au moins au plan symbolique – ce rôle de témoin et d'incitateur du philosophe qui peut être comparé à celui des meilleurs chroniqueurs, vulgarisateurs ou théoriciens de l'esthétique de son temps. La célébration du 250e anniversaire du premier Salon de Diderot (1759-2009) est l'occasion d'illustrer cette valeur patrimoniale de l'histoire de l'art revisitée. Traitant de sujets totalement inédits, ou trop peu connus, les trente et un textes de ce volume abordent toutes les formes d'art (peinture, gravure, sculpture, architecture, urbanisme, jardin), les carrières d'artistes, l'esthétique, l'évolution du goût et les institutions artistiques. L'évocation de Paris ou de la province française, trouve des prolongements en Italie ou en Angleterre qui illustrent certains aspects politiques de la commande ou de la création. Ceux-ci sont regroupés en quatre grands thèmes: I – Autour de 1759: micro-chronologie politico-artistique (1744-1765), II – Formation et stratégies de carrière des artistes, III – L'imaginaire "à l'antique" et le "progrès des arts", IV – La réception des oeuvres, des projets et des polémiques artistiques.

04/2011

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Religion

Les chrétiens et la diversité religieuse. Les voix de l'ouverture et de la rencontre

Chacun s'accorde aujourd'hui à reconnaître que le monde est devenu un Global Village, au sein duquel plus personne ne peut faire l'économie de la question des relations interculturelles et interreligieuses. Cette situation historique s'est affirmée progressivement au long du XXe siècle avec l'émergence des peuples hier soumis et silencieux et l'ouverture des sociétés occidentales à la diversité des traditions religieuses à l'intérieur d'elles-mêmes. La pluralité des religions n'est pas un phénomène récent. Ce qui est nouveau, c'est la conscience que nous en avons, du fait du développement fulgurant des moyens de communication, que ce soient les déplacements de population ou le flot d'informations qui nous parvient quotidiennement par la presse, les médias audiovisuels et plus récemment le réseau Internet. Il n'y a pas si longtemps, on ne voyait guère en Europe de mosquées, de temples hindous ou de pagodes et on hésitait à franchir la porte d'une synagogue ; en Afrique, un fossé séparait les chrétiens des musulmans et des religions traditionnelles ; la Polynésie était la chasse gardée des missionnaires catholiques et protestants. Pour les chrétiens, les dernières décennies ont apporté une somme d'expériences et de réflexions qui ont bousculé les convictions de foi établies. Le regard sur le peuple juif a radicalement changé, mais qu'en est-il des autres traditions religieuses ? Dans le dialogue, l'autre n'est plus perçu comme une menace mais comme une chance d'ouverture, tour à tour partenaire et concurrent avec lequel il nous faut apprendre à vivre sans renoncer à témoigner de Jésus Christ. Le respect des valeurs d'autrui, la reconnaissance de sa quête identitaire et spirituelle peuvent-ils conduire à prier ensemble ? Fruit d'une consultation théologique sur les relations interreligieuses, organisée dans le cadre de la Cevaa, Communauté d'Eglises en Mission fondée il y a 40 ans et dont le siège est à Montpellier, cet ouvrage livre une riche description de la situation actuelle sur différents continents. Il nous offre aussi des clés, des pistes et des matériaux pour intégrer dans la foi chrétienne le défi de la diversité religieuse.

04/2011

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Ethnologie

Essais d'anthropologie philosophique

Arnold Gehlen (1904-1976) est l'un des principaux représentants de l'anthropologie philosophique allemande apparue au début du XXe siècle. Le premier article de ce recueil la définit comme la science de l'être humain, de concert avec la morphologie, la physiologie, la psychologie, la linguistique, la sociologie, etc. Science philosophique systématique et interdisciplinaire, elle est fondée sur des hypothèses exemptes de toute métaphysique ". L'homme. Sa nature et sa position dans le monde (1940) présente les plus fondamentales. Deux articles publiés en 1951 et en 1968 leur ajoutent des éléments du pragmatisme anglo-américain et des éléments de la psychanalyse freudienne. L'idée essentielle de Gehlen est que " l'action et les transformations prévues du monde, dont la quintessence porte le nom de "culture", font partie de l"essence" de l'être humain, et [que], à partir du point d'approche que constitue l'action, on peut en construire une science globale ". Influencé par Kant, Herder et Fichte, mettant ses pas dans ceux de Jakob von Uexküll et de Konrad Lorenz, l'homme est selon lui une créature qui se maintient en vie par la transformation et l'amélioration permanente des données de la nature. Sa défectuosité biologique est compensée par l'invention technique. Dépourvu de " niche écologique ", il s'adapte à tous les milieux, il est capable en dépit d'une pression intérieure immédiate d'ajourner son action; cette espèce d'hiatus lui permet de la planifier, d'anticiper l'avenir. Ces thèses ont nourri la réflexion de Jürgen Habermas, Hans Blumenberg, Ernst Tugendhat, Theodor Adorno. Mais elles n'ont guère retenu l'attention de la France. Son indifférence à l'oeuvre d'Arnold Gehlen s'explique en partie par le fait qu'il a adhéré dès 1933 au Parti national-socialiste et que, jusqu'à sa mort, ses positions ont été très réactionnaires mais aussi par son désintérêt traditionnel pour l'anthropologie philosophique en général. Quand les pollutions, le dérèglement climatique, etc., menacent l'avenir de l'humanité, mais quand aussi s'expriment partout le souci de sa préservation, alors il est temps de découvrir l'anthropologie d'Arnold Gehlen.

02/2010

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Religion

Joseph de Cupertino. Giuseppe da Copertino. Giuseppe Maria Desa (1603-1663). Illettré, thaumaturge et théologien. Le saint qui s'envole devant le pape

La vie de Joseph de Cupertino est l'une des plus extraordinaires de l'hagiographie. Son procès de canonisation a été suivi par le pape Benoît XIV, célèbre pour sa modération et son érudition, ce qui suffit à garantir que l'Eglise a résolu toutes les questions relatives à ce cas aussi insolite. Les débuts de la vie de Joseph sont difficiles. Son père est si peu habile en affaires, que sa femme, pour se protéger du juge, doit se cacher dans une étable pour accoucher. Atteint d'une étrange maladie, Joseph est guéri par l'intercession de la Vierge. Il décide alors de consacrer sa vie à Dieu. A dix-sept ans, comme deux de ses oncles sont franciscains conventuels, il se présente dans leur ordre, mais il est refusé pour insuffisance intellectuelle. Les capucins l'acceptent ensuite comme frère convers ; cependant, s'il ne manque pas de piété, il est si maladroit et inapte aux études qu'ils doivent le congédier. Joseph devient quand même frère mineur conventuel, et il est ordonné prêtre, grâce à un concours de faits tout aussi incroyables que providentiels. Lors d'un voyage, ses charismes inquiètent un prélat qui le dénonce à l'inquisition, de sorte qu'il doit se présenter devant le Saint-Office de Naples. Plus tard, à Rome, son supérieur a la fâcheuse idée de le présenter au pape. Lorsque Joseph se prosterne devant lui, il entre en extase et s'envole jusqu'au plafond de la salle d'audience ! Quand Joseph a 36 ans, il est envoyé au couvent d'Assise où sa renommée de sainteté se répand. Après différentes affectations, le pape Alexandre VII le fait finalement conduire au couvent d'Osimo, où il vit ses six dernières années. Le récit de la vie de Joseph est passionnant, car sa sainteté évidente est ornée de charismes aussi nombreux que rares : outre ses lévitations, extases, vols et bilocations, il a le don de connaissance des coeurs et le don de prophétie. On lui attribue aussi un nombre important de miracles et de guérisons. L'ouvrage contient également un certain nombre de ses écrits, qui complètent le portrait humain et spirituel du grand saint italien.

01/2021

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Régionalisme

La Royale Maison de Savoie. Tome 2, Emmanuel-Philibert Léone-Léona

Voilà donc Emmanuel-Philibert en position de pouvoir jouer dans la cour des grands. Il l'a fait de manière magistrale. Voici quelques faits avérés, garants du rôle important que lui reconnaît l'histoire. Les 2 et 3 avril 1559, il paraphe le traité de Cateau-Cambrésis, point final des guerres d'Italie. Le 9 juillet de la même année, il convole en justes noces avec Marguerite de France, soeur du roi Henri II. Il ne lui fallut guère qu'un lustre, après avoir succédé au malheureux duc Charles III presque dépouillé de ses Etats par les grandes puissances française et allemande, pour faire émerger la Maison de Savoie des profondeurs de l'abîme. De surcroît, voilà que les talents militaires du jeune prince, au service de Charles Quint - qui lui doit la victoire de Saint-Quentin (1558) gravée à jamais dans la mémoire des plus jeunes écoliers - révèlent une stature de stratège émérite. L'empereur le récompense : il lui facilite la reconquête de son duché. Un bonheur ne venant jamais seul, le jeune due consolide ce succès militaire par son mariage. Un destin, je vous dis. Mais pas un roman. Souvenons-nous en effet du contexte tragique de ces noces : Henri II, mortellement blessé en participant au tournoi festif des Tournelles. Voilà la fête gâchée. Pas pour tout le monde : le drame, en effet, enflamme l'imagination d'Alexandre Dumas. En expert littéraire soucieux de captiver ses lecteurs, notre romancier ne manque pas de mettre en relief les épisodes dramatiques d'un règne dont les pages glorieuses ont leur revers d'autant plus fâcheux et plus mémorable que le malheur des grands de ce monde pèse lourdement sur l'avenir des peuples. Le romancier nous fait donc partager l'ambiance de profonde tristesse dans laquelle se déroulèrent les cérémonies du mariage, célébré sans joyeux carillon au pied du lit où Henri Il agonisant attendit que les deux promis aient échangé bagues et consentement pour s'abandonner, lui, dans les bras de la mort. L'on comprend sans peine (?) que Dumas n'ait pas eu besoin de forcer son talent pour revivre ces événements dramatiques. La réalité ne semble-t-elle pas, ici, dépasser toute fiction romanesque ?

11/1998

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Critique littéraire

Histoire de l'édition française. Tome 2, Le livre triomphant, 1660-1830

Du milieu du XVIIe siècle aux années 1830, c'est le temps d'un apogée pour le livre imprimé, plus présent et plus familier, porteur de savoirs neufs et guide pour les pratiques. Après la Fronde, une tutelle plus rigoureuse du pouvoir monarchique modifie profondément les conditions de l'activité d'édition. Des censures plus sévères, d'Eglise ou d'Etat, sont imposées à ceux qui écrivent et produisent les livres. Le régime des privilèges favorise les libraires de la capitale aux dépens de leurs confrères des provinces. Du coup se trouvent encouragées les audaces de ceux qui, malgré les risques encourus, publient, dans et hors le royaume, livres contrefaits et livres prohibés. Jusqu'aux commencements du XIXe siècle perdure un " ancien régime typographique " que caractérise la stabilité du processus de fabrication du livre, guère changé depuis Gutenberg, et la domination du capital marchand sur l'activité typographique. La croissance du nombre de titres publiés, qu'ils soient livres, périodiques ou libellés, doit s'accommoder des contraintes anciennes. Comme le précédent, ce tome s'efforce de croiser deux histoires. La première étudie les hommes, les techniques, les gestes. Histoire de choix et de concurrences, de réussites et d'échecs, d'atelier et de boutique. Histoire de la décision et de l'engagement personnels, du labeur et de la peine grâce auxquels un texte devient un livre. Mais cette histoire en appelle une seconde : celle des objets et des lectures qui s'en emparent. Le livre, en effet, est une marchandise, produit d'une technique et d'une économie, mais une marchandise destinée à une fin culturelle. Entre 1660 et 1830, ses formes se modifient, ses emplois se multiplient, ses lectures se transforment. De ce point de vue, les décennies qui entourent la Révolution sont décisives. De là, le parcours de cet ouvrage qui propose d'abord trois approches, centrées sur le processus éditorial, le commerce du livre et les usages de l'imprimé, de la période 1660-1780, avant de rassembler en une dernière partie, menée de 1780 à 1830, les innovations, fragiles ou durables, d'un demi-siècle aux bouleversements nombreux.

07/1998

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Sciences politiques

Médecins sans frontières. La biographie

Voici la première " biographie " de Médecins sans frontières, la plus célèbre des ONG françaises, couronnée par le Prix Nobel de la paix en 1999. Trois ans durant, Anne Vallaeys s'est plongée dans les archives de cette association iconoclaste. Du Biafra à l'Afghanistan, du Cambodge au Rwanda, de l'Ethiopie à la Bosnie, l'auteur nous fait revivre les aventures de ces femmes et de ces hommes d'exception - infirmières, logisticiens et médecins volontaires -, à travers des centaines de récits, de reportages, de portraits et d'entretiens. Révoltés par l'inertie des institutions internationales dans les années soixante-dix, une poignée de médecins et de journalistes du magazine médical Tonus décident d'intervenir dans les drames de la guerre froide. Se moquant des considérations politiques, ils partent soigner les victimes des combats sans distinction. Leur implication ne se limite pas aux strictes actions médicales, bien au contraire, elle va de pair avec leur rôle de témoins engagés face aux atrocités auxquelles ils sont confrontés sur le terrain. C'est l'une des singularités des MSF : témoigner est un acte politique. Mais comment utiliser les médias sans verser dans l'étalage égotiste et le politiquement correct ? L'opinion publique les suivra : MSF réunit aujourd'hui un million de donateurs privés. Contre les risques de bureaucratisation, MSF privilégie l'action et ne craint pas de se remettre en question. Souvent le débat interne fait rage. Comme leurs leaders successifs, Bernard Kouchner, Francis Charhon, Xavier Emmanuelli, Claude Malhuret, Rony Brauman, Philippe Biberson et l'actuel président, Jean-Hervé Bradol, les générations MSF ne se sont jamais rendues aux arguments et au cynisme de la politique internationale. Anne Vallaeys expose ce qu'est la médecine d'urgence, dévoilant les trésors d'inventivité que les praticiens sanitaires de l'extrême développent dans des situations que l'université ne leur a guère permis d'appréhender. Dans des contextes toujours critiques, contre le mépris des pouvoirs et des intérêts en place, il n'est pas rare que le doute assaille ces acteurs anonymes. Ce document est aussi un vibrant hommage rendu à ceux qui, jour après jour, le plus souvent dans l'horreur, construisent MSF, la grande histoire humaine du siècle.

10/2004

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Critique littéraire

La Revue Blanche. Une génération dans l'engagement 1890-1905

La Revue Blanche, dont l'aventure n'a guère duré plus de dix ans, a joué en France un rôle-charnière essentiel. La plupart des écrivains, peintres, musiciens, hommes politiques, intellectuels les plus marquants de la fin du XIXe et du début du XXe siècle y ont collaboré ou l'ont côtoyée. Créée, financée et dirigée par les trois frères Natanson, jeunes Juifs polonais, avec la complicité enthousiaste de leurs condisciples du Lycée Condorcet, la Revue Blanche devient vite un lieu de débat sur tous les sujets qui agitent la France. Elle mène des combats politiques sous l'impulsion d'anarchistes comme Fénéon, Mirbeau ; de socialistes, tels Blum, G. Moch, Péguy ; de dreyfusards et de fondateurs de la Ligue des droits de l'homme, comme Reinach et Pressensé. En témoignent ses campagnes dénonçant le génocide arménien, les dérives coloniales, la barbarie des interventions, européenne en Chine, anglaise en Afrique du Sud, et la diffusion des pamphlets de Tolstoï, Thoreau, Nietzsche, Stirner... Elle promeut les peintres Nabis, les Néo-impressionnistes et l'Art nouveau, anticipe le fauvisme, le futurisme et les arts premiers. Toulouse-Lautrec, Bonnard, Vuillard, Vallotton, Hermann-Paul, Cappiello illustrent les articles de la revue et les ouvrages publiés par ses Editions. Après avoir soutenu fidèlement Mallarmé, la Revue Blanche accueille Proust, Gide, Claudel, Jary, Apollinaire qui y débutent, tandis qu'elle édite une nouvelle traduction des Mille et une nuits et Quo Vadis, le premier best-seller du siècle. Elle salue l'innovation dramatique avec Antoine et Lugné-Poe, Ibsen, Strindberg et Tchékhov, sans oublier le triomphe de l'école française de musique avec Debussy. Humour et esprit de fête, liberté, engagement et créativité, pacifisme, laïcité, mondialisation sont les valeurs promues par cette génération emportée dans le sillage de la Revue Blanche. Cet ouvrage illustré et nourri de nombreuses citations décrypte l'histoire de cette avant-garde, nous familiarise avec ses membres, ses réseaux, ses utopies et ses réalisations. Il donne la mesure de l'étape majeure alors franchie par la société française vers le modèle culturel et politique qui est le sien aujourd'hui.

09/2007

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Philosophie

Au principe de la République. Le cas Renouvier

La République avait son philosophe et nous ne le savions pas. Elle ne l'a guère reconnu, il est vrai, et l'oubli n'a pas eu de peine à faire son œuvre. Il n'en reste pas moins qu'il a existé, dans la France de la seconde moitié du XIXe siècle, un effort spéculatif de vaste envergure pour élucider les fondements théoriques et les conditions pratiques d'une politique républicaine. En tirant de l'ombre la pensée politique de Charles Renouvier (1815-1903), Marie-Claude Blais renouvelle l'histoire intellectuelle de la IIIe République et lui confère une autre dimension. Elle met en lumière un destin exemplaire. Celui d'un jeune bourgeois en rupture de ban, épris de socialisme utopique, quarante-huitard fervent (il est l'auteur du fameux Manuel républicain) que l'échec de la IIe République, scellé, par le coup d'Etat du 2 décembre 1851, conduit à une révision radicale de ses premiers engagements et à une véritable conversion philosophique. Contre Hegel et toutes les philosophies déterministes de l'histoire, Renouvier opère un retour politique à Kant. Il s'agit de demander à la philosophie critique les bases repensées d'un régime de liberté. Cette entreprise de fondation est déployée dans la Science de la morale, de 1869, qui donne à la philosophie de la liberté républicaine sa théorie du droit et de la justice. Mais Renouvier ne se cantonne pas dans le ciel pur des principes. En 1872, il crée La Critique philosophique, revue hebdomadaire de combat d'idées. Semaine après semaine, il accompagne la période d'établissement et d'affermissement du régime républicain en prenant parti, en philosophe, sur les questions brûlantes de l'heure, qu'il s'agisse de la méthode de gouvernement on de la question sociale, de l'organisation des institutions ou du problème laïc. Ce sont les articulations de cette philosophie de la République que l'ouvrage s'attache à restituer, dans sa double ambition de remontée aux conditions premières et de descente dans le concret des applications. L'interrogation générale dont la République fait aujourd'hui l'objet redonne toute son actualité à cette grande tentative pour en clarifier le principe.

11/2000

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Critique littéraire

L'atelier du roman N° 48, Décembre 2006 : L'Amérique latino-romanesque

La paranoïa, avant qu'elle ne devienne clinique, est une issue à la crise du sens. Souvent, pour comprendre la logique destructrice du social, le sujet privé doit supposer l'existence d'un complot. Et je me souviens toujours de cette phrase de Faulkner par laquelle il recommande de se méfier des esthétiques de groupe et des crédos collectifs toujours plus proches d'une certaine exigence canine que de la férocité isolée des vrais loups. Il n'importe guère que Fuentes ou Vargas Llosa ne puissent être classés comme " réalistes magiques ", que les principaux auteurs latino-américains appartiennent au camp des " cosmopolites " ou que l'Amérique latine n'ait rien de " magique " : ce qui prime, c'est que l'étiquette parfaite a enfin été trouvée pour qualifier - et vendre -, sans problèmes, toute une tradition littéraire. Le style de Sergio Pitol est de tout raconter sans rien révéler du mystère. Son style consiste à fuir ces gens si terribles tout bardés de certitudes. Son style consiste à voyager et à perdre des pays et, dans chacun, à perdre une ou deux paires de lunettes, à les perdre toutes, à perdre les lunettes et à perdre les pays, à tout perdre : ne rien avoir et être à jamais un étranger. Même son propre humour est pris pour cible : refusant de suivre Georges Bataille ou Antonin Artaud sur la voie curieuse qui fait du rire une chose sérieuse, [¿] Muray ne sacralise ni son écriture ni son sens du comique. Ce qu'il y a après est totalement extérieur à nous ; nous ne pouvons que l'imaginer, en ayant à l'esprit la façon dont l'homme a précédemment domestiqué l'animal, comme point d'appui pour prévoir ce que pourront être à présent la domestication de l'homme par la technique, et son nouvel ensauvagement. Comment Edmond de Nevers pourrait échapper à cette contradiction, ou plutôt : comment pourrait-il assumer ce double attachement, comment être à la fois ici et là-bas, fidèle et libre, heureux et utile parmi les siens demeurés en Amérique et comblé de ce bonheur, de ce surcroît d'humanité que lui procure l'Europe ?

12/2006

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Religion

Après le film « Des hommes et des dieux ». L'Autre enquête sur l'enlèvement et la mort des moines de Tibhirine

Un journaliste de La Stampa a pu s’entretenir longuement avec un haut fonctionnaire européen, naguère en poste à Alger et qui réside aujourd’hui à Helsinki. Il révèle (dans l’édition du 6/7/08) : « Les sept moines français séquestrés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 à Tibhirine par un groupe islamique infiltré par la sécurité militaire furent tués depuis un hélicoptère de l’armée algérienne ». C’était à la mi-mai, après le crépuscule, l’hélico qui surveillait le maquis autour de Médéa, où l’armée ne s’aventurait plus guère à pied, avait repéré le feu d’un campement. Le colonel commandant l’opération, qui comportait deux hélicoptères, mitrailla le bivouac. Puis ils atterrirent à proximité. Le colonel appela alors son commandant de base à Blida : « Nous avons fait une idiotie, nous avons tué les moines. » Ainsi se conclut leur séquestration. On ne peut que s’étonner du peu d’écho que ces révélations ont rencontré dans la presse française, tous médias confondus ! Ouest-France et le Figaro international en ont rendu compte. Mais au-delà ? On s’en étonne d’autant plus que le Président Bouteflika fait partie des invités très courtisés du Président Sarkozy à la rencontre élyséenne du 13 juillet. Or, au moment où nous écrivons, la presse française ne semble pas s’intéresser au séisme que pourraient provoquer, dans les relations franco-algériennes, les révélations de la Stampa. Circulez, y a rien à voir ! Au Vatican, le cardinal Martino ( Justice et Paix ) a déclaré : « Les nouvelles hypothèses sur le meurtre des sept moines en Algérie sont surprenantes et inquiétantes. Et elles ne peuvent être liquidées a priori comme une pure fantaisie parce que ce ne serait pas la première fois que, sur le meurtre de religieux, seraient démenties des vérités d’Etat. » A quand une information judiciaire en France pour faire la vérité sur l’enlèvement et la mort de ces ressortissants français ? « Cela fait douze années que la mort de ces religieux reste enveloppée dans la réticence des institutions et dans l’indolence de la Justice » constate notre haut fonctionnaire. On ne saurait mieux dire !

11/2010

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Critique littéraire

Pierre Corneille, le héros et le roi. Stratégies d'héroïsation dans le théâtre cornélien

Ce livre veut montrer comment, en reconsidérant le théâtre de la violence tyrannique issu du XVIe siècle et le théâtre amoureux de la douceur pastorale, Corneille donne naissance à la figure du Héros qui fait l'originalité de son théâtre. Dans le cadre d'une dramaturgie dynamique à tendance épique, qui ouvre volontiers ses dénouements sur l'avenir historique, Corneille invente, pour la comédie puis pour la tragédie, un théâtre "politique", porteur d'un modèle de société qui lui sert de canevas et qui, sans âtre polémique ni "engagé" au sens moderne issu des lumières, agit de façon performative sur son public. D'où sa réputation (que soutient, tout en faisant masque, son magnifique génie rhétorique). Chez lui, la machine de l'Etat bien conçu ajuste l'un à l'autre un Héros coupable mais conquérant et un Prince libéré de ses passions, qui sait le mettre à son service par la promesse de son amnistie et d'un amour récompensé. Tel est, pour l'auteur du livre, le principe politique de la dramaturgie cornélienne, qui donne sens aux catastrophes tragiques de Médée répudiée ou de Suréna assassiné, comme aux dénouements heureux du Cid, d'Horace, de Cinna ou d'Agésilas. De la Querelle du Cid sur l'immoralité de son dénouement à la petite polémique sur le "sens" de Surina, dans les années 1990, la reconnaissance de sa pertinence structurelle ne semble cependant pas s'imposer aux "doctes". Est-ce parce qu'il ne relève pas du pur formalisme technique mais d'un imaginaire, sur lequel l'auteur normand ne s'explique guère ? Quoi qu'il en soit, l'univers cornélien exhibe dés les comédies ce lien héroïque négocié entre passions amoureuses et réalisme social, tandis que la suite des tragédies de la gémellité (Rodogune, Héraclius, Nicomède, Pertharite, etc.) propose, sur les bases du dédoublement des caractères politiques entre le Héros et le Roi, une version originale du théâtre de l'identité, différente de celle d'un Rotrou ou d'un Thomas Corneille. La carrière louis-quatorzienne du dramaturge reste également, en dépit d'un nouvel air du temps, profondément fidèle à cette problématique.

10/2010

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Littérature française

On l'appellera Téhie Tome 1 : La face cachée

Au matin du 25 septembre 1992, une fusée Titan III s'élève dans un bruit assourdissant au-dessus de la presqu'ile de Cap Canaveral. Elle emporte avec elle la sonde interplanétaire la plus coûteuse jamais lancée par la NASA, Mars Observer. Le 21 août 1993, l'information plonge la communauté scientifique dans un profond désarroi : la sonde est définitivement perdue. Mais ce que le monde entier ignore en cet instant critique, c'est que Mars Observer n'était pas uniquement une grosse boite en acier bardée d'électronique ... il y avait quatre astronautes à bord ! Seul survivant après que la météorite ait heurté le vaisseau, Jean Martinier s'apprête à entamer un voyage retour terrifiant, véritable odyssée solitaire, qui allait durer six longues années. Il ne le sait pas encore, mais pour tous, il est déjà mort ! Il a été porté disparu en mer au large de Long Island, un matin brumeux d'août 1992, soit très exactement un mois avant le lancement de la plus secrète et de la plus incroyable mission de toute l'histoire de la conquête spatiale : Mars Reality ! Amina est une fillette enjouée de huit ans qui vit dans un village perdu au coeur de l'Afrique de l'Ouest. Depuis toujours elle partage un secret avec son grand-père. Un secret bien lourd à porter dans cette partie du monde : elle est surdouée ! Renvoyée de l'école par son instituteur qui l'accuse de tricher, marginalisée au sein de sa propre famille, Amina n'a guère d'autre choix que de fuir. Fuir un univers où elle n'a apparemment pas sa place. En cette sombre année 1993, rien, non absolument rien, n'aurait pu laisser présager qu'un jour ces deux âmes égarées se croiseraient et se lieraient d'amitié ... et pourtant ! Sept ans plus tard, le destin a achevé de tisser sa toile et un fil tenu relie désormais Jean et Amina. Mais le chemin qui mène à leur rencontre est sinueux et semé d'embûches, car entre-temps, bien d'autres fils sont venus s'entrelacer autour d'eux.

12/2016

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Poésie

Une même lunaison

Une même lunaison est le "journal" d'une lunaison, l'intervalle de temps séparant deux nouvelles lunes. Ce journal tel un cycle en partage relatant les vies d'ils ou elles - au singulier, en solitude souvent, des gens plutôt âgés, quelques enfants ou écoliers - est séparé en deux parties construites chacune sur quinze jours, "Un même vent" et "Un même temps" , titrées d'après le terme de marine "lunaison de vent ou du même temps / du même vent ou de temps" . "Il y a ici tout un monde qui s'affaire invisible" , un réseau de petits riens qui vont et viennent au fil des pages : la pêche à la ligne, les animaux (ragondins, chats), les légumes à préparer, les trains, les horloges, les mouchoirs, les fleurs... des traces qui dessinent des vies de peu. Des vies comme sous influence de la lune où point une certaine mélancolie, une tristesse des humeurs, la bile noire, comme on disait jadis, ou alors un ennui des mêmes gestes fatigués. Il y a le voisin ou la voisine acariâtres, il y a elle, sûrement dans un intérieur - "Au-dehors tout est moins clair" -, qui a "peu de choses à vivre" , si ce n'est observer les mouvements des autres : "Elle n'a rien d'autre que de dire de ce que les autres font, ce que les autres ne font pas" . Ou il, son corps : "De la route elle voit son corps d'homme / de cris et d'abois / qu'elle voudrait toucher de tendresse et de sexe" . Elle s'imagine - "Puisqu'il est là le bien-aimé" -, et "enfin dort au bruit du dernier train de nuit" ... Il n'y a guère d'échappatoire, pas de pensée magique, ici on est au ras du réel. Mais il y a encore du désir, beaucoup de tendresse aussi malgré l'usure et le quotidien. Des cheveux blancs, des mains usées, juste quelques gestes, quelques mouvements furtifs dans la pénombre, qui suffisent pour qu'une "main entre les cuisses" , pour qu'une "main qui sait encore s'agiter, caresser les souffles" ...

04/2019

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Philosophie

Commentaire de l'Euthyphron de Platon

"Aux Etats-Unis surtout, mais aussi, à divers degrés, dans les pays d'obédience anglo-saxone, l'Euthyphron est un dialogue très prisé au point de servir d'introduction à des enseignements de logique dans la mesure où il est considéré comme un bon exercice dans ce domaine en raison du morceau 10 a-11 b, si âprement disputé". "Ce morceau "logique" revêt également une dimension que l'on est forcé de considérer comme "théologique" dans la mesure où une tendance significative du commentarisme, allant sans doute bien au-delà de la préoc-cupation initiale de Platon, voit dans le dilemme ("Le pieux est-il pieux parce que les dieux l'aiment, ou les dieux aiment-ils le pieux parce qu'il est pieux ? ") l'expression d'un débat théologique général : le Bien est-il le Bien parce que Dieu le commande ou bien Dieu commande-t-il le Bien parce qu'il est le Bien ? " [C'est ce problème que les Anglo-Saxons appellent Euthyphro Dilemma]. "Deux autres thèmes retiennent également l'attention, et cette fois davantage celle des spécialistes. L'un, qui ouvre le dialogue, porte, au-delà de la distinction entre dikè et graphi, sur des aspects essentiels du droit grec ancien. Le second, qui conclut le dialogue, à la suite du fameux morceau 10 a-11 b, retrouve un problème classique du premier platonisme, la nature et/ou l'unité des vertus à travers le rapport entre Piété et Justice". "En France, et dans le monde francophone en général, on peut déplorer un certain retard qu'accusent les travaux d'interprétation de l'Euthyphron. En dehors de l'Euthyphron de Platon, dû à Jean-Yves Chateau, il n'y a guère que le récent ouvrage de Dan Solcan : La piété chez Platon. Une lecture comparée de l'Euthyphron et de l'Apologie (Paris, L'Harmattan, 2009)". Le but de ce travail très méticuleux de Djibril Samb est de combler le retard de la France et du monde francophone par rapport au monde anglo-saxon dans le commentarisme de l'Euthyphron.

05/2017

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Pédagogie

Qu'as-tu appris à l'école ? Essai sur les conditions éducatives d'une citoyenneté critique

Nico Hirtt, auteur de Tableau Noir et des Nouveaux maîtres de l'école nous revient avec son nouveau livre. L'école : Elle était pourtant venue à nous, porteuse de tant de promesses ! Elle allait assurer l'émancipation des individus, le développement de leur personnalité et de leur pensée critique ; elle devait permettre le fonctionnement d'une société démocratique, pacifiste, civilisée et multiculturelle ; elle ouvrirait aux enfants de toutes extractions les portes des Sciences et des Arts ; elle formerait les créateurs dont se nourrit la Culture, les décideurs qu'exigent les plus hautes fonctions publiques et privées, les travailleurs hautement qualifiés que devaient réclamer en nombres croissants l'industrie et les services modernes ; elle serait garante de l'égalité des chances sur le plan social et professionnel, de l'égalité des droits devant la Justice et l'Etat... Hélas ! Après quelque cent ans d'instruction obligatoire , force est de constater que l'Ecole - avec majuscule, pour désigner l'institution d'Etat et non l'un de ses établissements particuliers - n'a pas seulement failli à tenir ses engagements de jeunesse, mais qu'elle ne semble même plus capable de tendre, fut-ce timidement, vers la réalisation de ces généreux objectifs. La Culture, les Arts, la Science, disiez-vous ? Voilà belle lurette que ces vieilleries ont été remplacées par le seul critère de la compétence, c'est-à-dire de l'utilité pratique sur le marché du travail. Une société démocratique et une pensée critique ? Comment voulez-vous que les élèves aient appris à en être les acteurs alors que, pendant les 18 premières années de leur existence, ils ne leur aura jamais permis de participer à l'organisation de leur vie scolaire ; et vous voudriez leur faire gouverner le monde ? Préparer aux plus hautes fonctions ? Allons donc ! Aujourd'hui on devient ministre de l'environnement en ignorant ce qu'est l'énergie ; on dirige une entreprise en ne sachant pas écrire une phrase correcte. Former des travailleurs qualifiés ? Certes, mais la plupart d'entre eux occuperont des emplois précaires qui ne réclament guère de qualification. Quant à l'égalité des chances, n'en parlons pas... Ou plutôt, parlons-en !

10/2015

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Littérature française

Le marin en smoking

A 16 ans, bras et jambes démangent. Mauvaise graine, le jeune Richard Castanier quitte sa famille de petits propriétaires vignerons dans le Bordelais pour voler de ses propres ailes. A Paris, garçon à tout faire, il se rêve en frac et cravate, à l'instar des chefs de rang des brasseries où il officie. Ne tenant guère en place, il s'illusionne d'horizons lointains : le commis sera voyageur ou ne sera pas. Ni une ni deux, Richard embarque a Dieppe sur un paquebot grand standing et devient steward au long cours. L'aventure, qui le mènera sur tous les continents, forge son homme. Entre les canailleries des membres d'équipage et les entourloupes envers quelques richissimes passagers, le gosse boutonneux changé en gaillard habile a jouer de sa séduction gravit les échelons dans l'art et la manière de rouler sa bosse, accumulant un joli pactole. Bientôt, il pourra voir grand et envisager de quitter son smoking de petit flibustier pour un habit conforme à sa condition de businessman aux commandes... d'un spaghetti chop à Manhattan ! Londres ? New York ? Paris ? Caracas ? Partagé entre l'amitié d'un réfugié roumain qu'il a pris sous son aile et l'amour d'une amazone de luxe qui lui fait miroiter de beaux lendemains en Amérique du Sud, Richard, grignoté par le remords de ses friponneries, usé par les roueries comme les coques des navires le sont par le sel des océans, ne sait plus trop où il en est... Ce récit de formation à la hussarde, habile et nerveux, témoignage exceptionnel et réjouissant (parfois tragique) sur les coulisses du Grand Luxe, se situe au coeur de ces Années Folles qui battaient pavillon cosmopolite. Sous le masque de Richard Castanier, se dissimule Luccin lui-même, imbattable pour mêler la part du faux à celle du vrai - mais qui réchappa réellement de l'incendie du Georges-Philippar où le grand reporter Albert Londres disparut corps et âme. Pierre Luccin publia sept romans durant une courte période, après quoi il cessa toute activité littéraire pour se consacrer à la production et au commerce du vin. Le marin en smoking est son chef-d'oeuvre.

11/2016

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Histoire de France

Vichy (1er janvier - 31 décembre 1941)

En 1941, l'Allemagne nazie se lance à l'assaut de l'Union soviétique ; le Japon attaque les Etats-Unis. La guerre est désormais mondiale et touche tous les continents, tous les océans. La France de Vichy n'est pas un acteur principal. Elle observe les événements de l'Europe orientale et centrale. De Bucarest, de Sofia, de Budapest, d'Athènes et d'Ankara, les diplomates français suivent, pas à pas, l'évolution des relations internationales. Les Balkans demeurent une zone troublée, dans laquelle les ambitions des uns et des autres s'affrontent. En Europe orientale comme en Europe centrale, on ne peut que constater à la fois le renforcement de la présence allemande et les préparatifs d'une guerre qui opposera l'Allemagne nazie à l'Union soviétique. En Indochine, la France est encore présente. Mais elle se heurte aux ambitions du Japon. Elle ne peut guère compter sur le concours des Etats-Unis et constate, de jour en jour, le déclin de son autorité. Du coup, devant cet affaiblissement à la fois inévitable depuis la signature de l'Armistice et de plus en plus perceptible, la France de Vichy tâche de resserrer ses liens avec l'Espagne franquiste et le Saint-Siège. Elle tâche de mettre en place une sorte d'alliance fondée sur les convictions religieuses et sociales. Avec des résultats inégaux et incertains. Elle aimerait maintenir vivante l'amitié franco-américaine. A Washington, pourtant, on s'inquiète d'une " collaboration " qui soumettrait la France à l'Allemagne. Et, de plus en plus, au fil des mois, le rapprochement avec la Grande-Bretagne devient l'objectif principal du président Franklin Roosevelt. A vrai dire, du Proche-Orient à l'Amérique latine, les autorités de Vichy constatent que " la dissidence " gagne du terrain. Les Britanniques et, dans une certaine mesure, les Américains la confortent. Malgré l'échec devant Dakar, de Gaulle et la France libre occupent une place grandissante. Les ralliements succèdent aux ralliements. Tout compte fait, la France de Vichy est bien seule pour affronter ses vainqueurs qui manifestent des exigences croissantes. " La collaboration " l'entraîne inexorablement dans le sillage de l'Allemagne. L'année 1941 dissipe les dernières illusions.

09/2015

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Gestion de production

Anatomie des outils de gestion

Les outils de gestion sont la "vérité nue" du management, la manière dont la gestion se présente concrètement aux acteurs dans les organisations. Pourtant, ils restent des "technologies invisibles" , des objets si banals et si évidents qu'on ne les remarque plus guère. Délaissant les modèles managériaux, déjà bien connus et décrits, ce livre examine cette multitude d'artefacts qui fourmille dans les organisations : le simple protocole qu'un salarié prévoyant a pris soin de rédiger, le tableau Excel recensant les employés qui se complexifie à mesure qu'une PME grandit, l'application sur le smartphone d'un chauffeur-livreur ou encore un planning affiché dans une salle du personnel, etc. Face à cette grande diversité d'artefacts, comment proposer une anatomie globale et cohérente ? En les considérant comme des textes écrits par un concepteur qui imagine son futur utilisateur, nous nous inspirons des sémioticiens spécialistes de l'analyse des textes, et particulièrement d'Umberto Eco et de sa théorie du lecteur modèle. Elle permettra de proposer une théorie originale et globale de la manière dont les outils de gestion sont conçus et utilisés, souvent de manière inattendue et surprenante. Dans ces situations de gestion complexes, on rencontrera un concepteur souvent anonyme, un utilisateur idéal imaginé par l'outil, et un utilisateur réel qui s'entêtera à ne pas s'y conformer. Cet ouvrage est aussi pratique : six exemples de dissection fournissent une méthode de déconstruction et de conception des outils de gestion et s'adresse directement à trois publics : -les chercheurs, et particulièrement ceux impliqués dans une étude de terrain (sciences de gestion, sociologie, etc.) ; il sera particulièrement utile aux doctorants et aux jeunes chercheurs qui ont besoin d'une revue de littérature complète et récente sur les outils de gestion et d'une grille d'analyse pour étudier les outils sur le terrain ; -les praticiens : de nombreux exemples concrets permettent d'analyser et de réfléchir à la conception d'outils de gestion adaptés aux besoins des utilisateurs ; -les enseignants en école de management : la méthode et les cas concrets d'analyse peuvent être facilement utilisés en classe comme études de cas.

03/2023

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Sciences historiques

Jarny. Mineurs et cheminots dans l'entre-deux-guerres

Ce livre retrace 20 années de la vie d'une ville ouvrière de Lorraine du Nord. 20 années au cours desquelles les guerres, les crises et les brassages d'hommes ont rompu le cadre traditionnel d'un village d'à peine quelques centaines d'habitants. La perte de l'Alsace-Moselle après 1871, l'exploitation du fer du Pays Haut et la redéfinition du réseau ferré, avaient fait de ce bourg une ville carrefour et industrielle en l'espace d'une dizaine d'années avant 1914-1918. Déjà l'horizon traditionnel avait été rompu par l'arrivée de centaines d'ouvriers français et italiens, attirés par les mines, les chantiers de la gare ou le petit commerce. Ils n'avaient guère eu le temps de s'installer puisque la guerre de 1914-1918 avait jeté dans cette fourmilière, un formidable coup de pied, brisant son élan et la vidant presque totalement pendant plus de quatre ans d'occupation allemande. Mais la guerre n'a pas seulement rompu l'élan initial. En rendant à la France les territoires mosellans désormais concurrents, le bassin de Briey perd pour un temps son dynamisme initial malgré la reconstruction. La production repart et les hommes reviennent aussi massivement. Cette fois, avec le sang français et italien, du sang polonais vient irriguer le coeur de la cité. Pourtant la santé des mines jarnysiennes est fragile, l'une prospère par à coups, l'autre stagne, empêtrée dans les litiges des dommages et séquestres. La ville, qui vit au rythme des trains de minerais, des salaires ouvriers et des bénéfices du petit commerce, commence à douter. On attend alors beaucoup d'une municipalité républicaine et laïque pour panser les maux de chacun. La crise de 1931, ajoute ses effets. Economique puis sociale, elle jette le trouble durablement. Certes elle contribue à stabiliser toutes les populations, mais exacerbe aussi les tensions politiques et xénophobes. Malgré l'idée commune, le mouvement ouvrier peine à s'organiser et ne perce véritablement qu'après 1936, profitant pour quelque temps seulement de "l'embellie" du Front Populaire, avant que la guerre ne bouleverse la cité à nouveau.

06/2018

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XXe siècle

Little Louis

Chez nous, c'était la nouvelle Babylone, le royaume du crime et de la dépravation d ce qu'on disait Tout un bas monde se vautrait dons la fange. Mais en vérité, qui connaissait Storyville, à part ceux qui y vivaient ? Pas grand monde pour la bonne raison que le gratin n'y mettait guère les pieds. [... J Je n'ai jamais été malheureux dans ma ville. Nous, les gosses, on ne s'ennuyait pas. Du matin au soir, on cavalait à droite à gauche. Je crois bien n'être jamais resté en place plus d'une heure. Sauf quand j'écoutais jouer Joe Oliver. Là je ne mouftais plus.J'étais muet, sidéré. Il fallait le voir souffler dans son cornet, un martre. Papa Oliver m'a tant apporté. J'enregistrais mentalement ses gestes, son style, ses morceaux. Tout ce que je sais, c'est dons nos rues que je l'ai appris. La vie, ça se passe dans la rue, dans la pleine lumière ou d Io lueur d'un réverbère, pas derrière les persiennes des belles demeures. Nouvelle-Orléans, 31 décembre 1912. Tandis que fusent les traditionnels pétards du Nouvel An, Louis Armstrong, onze ans, tire des coups de feu en l'air avec un vieux pistolet chipé chez lui. Immédiatement arrêté, il est placé dans une institution pénitentiaire pour enfants noirs des rues. Pour le garçon qui travaille depuis l'âge de cinq ans afin d'aider sa mère, cette détention s'avère une planche de salut. Il intègre la fanfare dirigée par Peter Davis, qui devient son père de substitution et décèle vite son exceptionnel talent de cornettiste. A sa sortie, l'adolescent retourne pelleter du charbon le jour et jouer le soir dans les honky tonks, bouges du quartier chaud de Storyville où le jazz s'invente, entre prostituées et voyous. Ce récit à la première personne met en scène l'enfance terrible mais trépidante et joyeuse de Little Louis jusqu'à son départ pour Chicago à vingt ans. Histoire d'un miracle, d'un sauvetage par l'art. Ou comment, dans un contexte ultra-violent de ségrégation et de misère, un enfant radieux s'apprête à défier l'ordre établi par les Blancs et à embrasser le monde.

03/2021

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XXe siècle

Histoire des Forsyte Tome 1 : Comédie moderne

La suite de l'oeuvre majeure de John Galsworthy, prix Nobel de littérature 1932, enfin réunie en un seul volume. Une fresque romanesque mordante qui après met en scène la famille Forsyte, issue de la haute bourgeoisie anglaise, au lendemain de la Première Guerre mondiale. Un monde nouveau et auquel ils n'étaient pas préparés les attend alors... Après le succès de La dynastie des Forsyte, suite et fin de la célèbre saga Un intervalle de deux ans environ sépare la fin de la première trilogie de la suite de l'Histoire des Forsyte (La Dynastie des Forsyte, 3 volumes, Archipoche, 2018). Les trois derniers ensembles, Comédie moderne, Fin de chapitre et Fleur du désert, constituent une ample fresque de l'Angleterre au lendemain de la Première Guerre mondiale. Un monde que John Galsworthy n'aime guère et qui l'inquiète : la grève générale de 1926, le développement du chômage, la montée du travaillisme, les difficultés annonçant la grande crise économique sont autant de signes avant-coureurs de nouvelles catastrophes. Le personnage central de la deuxième trilogie est Fleur, la fille de Soames Forsyte. Elle épouse un jeune aristocrate, Michael Mont, éditeur, puis parlementaire. Très mondaine et passablement snob, elle est deux fois tentée par l'adultère. Quant à Soames, modèle de droiture, il mourra presque en héros, victime de ses deux passions : l'amour paternel et l'attachement à sa collection de tableaux. S'il reste l'" Homme de biens " des débuts, il est aussi homme de raison, de goût et de coeur. Avec lui disparaît le dernier des vrais Forsyte. La dernière trilogie relègue Fleur et son mari à l'arrière-plan, tandis qu'une cousine éloignée de Michael, l'attachante Dinny Charwell, occupe une position centrale dans trois histoires mouvementées. L'achèvement de cette oeuvre monumentale absorbe totalement Galsworthy pendant les dix dernières années de sa vie. Il meurt en 1933, au faîte de sa gloire et comblé d'honneurs. Ses livres ont connu un succès considérable. La télévision des années 1960-1970 lui a donné, en Angleterre d'abord, puis en France et dans le monde entier, une nouvelle jeunesse. Ce volume constitue le premier tome de l'Histoire des Forsyte.

10/2022

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Littérature anglo-saxonne

Jalna Tome 2 : L'héritage des Whiteoak ; Les frères Whiteoak ; Jalna ; Les Whiteoak de Jalna

Préfacée par Geneviève Brisac, voici le deuxième volume de l'intégrale de la saga des Whiteoak, Jalna, l'un des plus grands succès de la littérature nord-américaine, qui a fait rêver des millions de lectrices et de lecteurs du monde entier. L'Héritage des Whiteoak, Les Frères Whiteoak, Jalna, Les Whiteoak de Jalna Une édition préfacée par Katherine Pancol, Genevière Brisac, Alexandra Lapierre et Françoise Nyssen de l'intégrale de la saga des Whiteoak, Jalna, best-seller international depuis la parution en 1927 du premier des seize romans de la série, aussi réputée qu'Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell. La saga des Whiteoak Tome 2 L'Héritage des Whiteoak Renny Whiteoak, l'héritier de Jalna, revient d'Europe à la fin de la Première Guerre mondiale. Le domaine a été mal géré et ses quatre jeunes frères ne se montrèrent guère disciplinés. Renny commence par remonter l'écurie. Son rêve, c'est de renflouer la fortune familiale en gagnant des courses. Les Frères Whiteoak La grande fratrie née des deux mariages de Philippe Whiteoak, une fille et cinq garçons, de trente-sept à sept ans, vit dans la même maison presque séculaire, sans compter deux oncles, une tante, une invitée et, bien sûr, Adeline qui a quatre-vingts dix-huit ans. Jalna On prépare le centenaire d'Adeline qui donner lieu à une fête mémorable. La vieille dame reste telle qu'en elle-même, la langue bien pendue. En attendant, c'est l'effervescence. Renny qui approche de la quarantaine et règne en maître sur le domaine, tombe sous le charme de sa jeune belle-soeur américaine. Les Whiteoak de Jalna Adeline, pieusement veillée par Finch, le musicien de la famille, arrive au terme de son long règne sur Jalna. Mieux vaut pour elle ignorer les ravages que le désir et la passion ont exercé sur ses petits-enfants. Elle s'éteint calmement, laissant, comme un dernier défi, le plus surprenant des testaments. Préface de Géneviève Brisac : prix Femina en 1996 pour Week-end à la chasse à la mère et prix des Editeurs pour Une année avec mon père, elle a publié une trentaine de romans pour la jeunesse.

05/2021

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Industrie et techniques

Les tuileries vosgiennes. Une industrie rurale

L'industrie rurale de la tuile et de ses dérivés n'a, contrairement à celle des forges, des verreries, du textile... que peu retenu l'attention des historiens. La cause : la cruelle absence de documentation immédiatement disponible, conséquence du caractère éphémère de nombreux sites et de leur vulnérabilité au feu. Si la visibilité de la fabrication des pièces en terre cuite, essentiellement locale, n'est guère évidente au niveau national, l'histoire de ces usines de villages éclaire complémentairement à celle d'autres domaines de fabrication, la période d'industrialisation de la France de la fin du XVIIIe jusqu'au milieu du XXe siècle. Au-delà, initier une étude sur les tuileries permet d'accorder de l'intérêt à l'histoire des techniques, des matériaux, à celle de l'évolution du bâti dans l'espace rural. La tuile installée parfois depuis plus de 150 ans sur la même toiture est la preuve d'une attention extrême portée à la protection des biens et des personnes. L'auteur a ainsi voulu, à travers les monographies détaillées de plusieurs tuileries vosgiennes fondées sur des recherches archivistiques longues et passionnantes ainsi que sur des recherches dans les fonds privés, témoigner du travail des tuiliers et des tuilières de Deyvillers, _ Aydoilles, _ Grandvillers, _ Lerrain, _ les _Forges, _ Rambervillers... _ Nul doute que les populations locales et au-delà, ainsi que les descendants de ces ouvriers et ouvrières trouveront un in¬térêt majeur à la lecture de cet ouvrage agrémenté d'une documentation iconographique fort riche et parfois rare. Philippe Picoche a été inspecteur d'Académie. Docteur en histoire, il est passionné par l'histoire industrielle du XIX° siècle : moulins, féculeries, scieries, verreries et désormais tuileries. Auteur d'une thèse sur la verrerie de Portieux, il a publié également Le monde des chamagnons et des colporteurs, ainsi qu'un ouvrage qui retrace les derniers mois d'un jeune poilu de l'Orléanais, Bientôt mes 20 ans. Il a écrit des articles dans différentes revues ayant trait au monde ouvrier, à la diffusion de l'écrit à travers les campagnes françaises au cours du XIX° siècle.

03/2021