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Silence turquoise

Extraits

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Littérature française

La comédie humaine. Eugénie Grandet

" Il se trouve dans certaines provinces des maisons dont la vue inspire une mélancolie égale à celle que provoquent les cloîtres les plus sombres, les landes les plus ternes ou les ruines les plus tristes. Peut-être y a-t-il à la fois dans ces maisons et le silence du cloître et l'aridité des landes et les ossements des ruines. La vie et le mouvement y sont si tranquilles qu'un étranger les croirait inhabitées, s'il ne rencontrait tout à coup le regard pâle et froid d'une per- sonne immobile dont la figure à demi monastique dépasse l'appui de la croisée, au bruit d'un pas inconnu. Ces principes de mélancolie existent dans la physionomie d'un logis situé à Saumur, au bout de la rue montueuse qui mène au château, par le haut de la ville. Cette rue, maintenant peu fréquentée, chaude en été, froide en hiver, obscure en quelques endroits, est remarquable par la sonorité de son petit pavé caillouteux, toujours propre et sec, par l'étroitesse de sa voie tortueuse, par la paix de ses maisons qui appartiennent à la vieille ville, et que dominent les remparts. Des habitations trois fois séculaires y sont encore solides quoique construites en bois, et leurs divers aspects contribuent à l'originalité qui recommande cette partie de Saumur à l'attention des antiquaires et des artistes. Il est difficile de passer devant ces maisons, sans admirer les énormes madriers dont les bouts sont taillés en figures bizarres et qui couronnent d'un bas-relief noir le rez-de-chaussée de la plupart d'entre elles. Ici, des pièces de bois transversales sont couvertes en ardoises et dessinent des lignes bleues sur les frêles murailles d'un logis terminé par un toit en colombage que les ans ont fait plier, dont les bardeaux pourris ont été tordus par l'action alternative de la pluie et du soleil. Là se présentent des appuis de fenêtre usés, noircis, dont les délicates sculptures se voient à peine, et qui semblent trop légers pour le pot d'argile brune d'où s'élancent les oeillets ou les rosiers d'une pauvre ouvrière... ".

02/2023

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Beaux arts

SXB - Street photography de Thierry Roos. Impressions strasbourgeoises

Thierry Roos est sans doute l'un des rares photographes qui peint avec la photo. Chaque image est une oeuvre en tant que telle. Les rassembler dans le thème SXB donne à notre belle "Strasbourgeoise" un aspect méconnu, profondément humaniste et essentiel sur le plan culturel. Par ses photographies, Thierry Roos a su nous présenter ici le sens commun à notre ville, un destin multiculturel, architectural, humaniste et ouvert sur le monde. Ses images ont un impact sur nos mémoires et nos vies. J'ai failli donner à ce livre le titre de "Tranches de vies" . Non parce qu'elles se découpent, de nuit comme de jour, en des fragments de vies, mais ces instantanés nous interpellent sur nous-mêmes et notre sens de la vie ici-bas. Cohabiter prend ici tout son sens, Strasbourg est cette femme qui nous fédère et nous relie à la terre-mère. Par son travail, Thierry Roos nous montre un chemin tellement différent ; il nous révèle et nous développe un espace-temps où les hommes vivent ensemble et se respectent dans leur différence. Avec comme seul appareil le DXO qu'il tient dans ses mains comme on tiendrait une plume, il déclare la paix à la guerre, le silence aux conflits, l'image aux mots et le sens de la sémantique par opposition aux bruits encore lointains des bottes qui se font entendre... La paix jaillit dans ses images comme un postulat irrémédiable de l'espérance en l'humain. Qui que soit le passant photographié, on a que de la compassion devant ce travail impressionnant qu'il a su donner à son ouvrage. On pourrait presque voir dans ses yeux le regard d'un enfant face au monde qui l'entoure. Par-delà tous les préjugés, Thierry Roos nous fédère derrière le manifeste humaniste qu'il donne à son travail. Ecrire avec la main est ici constructif, impressionnant dans sa diversité et sa connaissance de l'humain. Thierry, ton oeuvre fait transparaître une déclaration d'amour à Strasbourg. Tu a su nous donner des yeux d'enfant. Un seul mot me vient à l'esprit : Merci !

02/2020

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témoignages personnels

L'enfant d'Izieu

Le destin bouleversant d'un enfant rescapé de la maison d'Izieu " Ne viens pas avec moi, je ne suis plus ta mère, va avec cette femme ? ! ? " C'est ainsi que Tauba, jeune juive en fuite dans la France de 1943, sauve son enfant de la déportation dans le camp de Bergen-Belsen. Pétrifié, Samuel, alors âgé de six ans, suit l'inconnue et arrive, quelques jours plus tard, dans un centre d'entraide à Chambéry. Désespéré, complètement perdu, il est ensuite pris en charge par un homme qui le fait monter aux côtés d'un autre enfant dans une carriole accrochée derrière un vélo. Kilomètre après kilomètre, cet étrange équipage fend en silence le matin glacial, grimpe un col escarpé et, au cours de l'après-midi, parvient à la maison d'Izieu où Samuel, comme 44 autres enfants juifs persécutés, trouve refuge auprès de Sabine et Miron Zlatin. L'hiver est rude en ce mois de novembre 1943, et les jeunes pensionnaires traversent des jours difficiles. Pourtant, ils vont à l'école, fêtent Noël, écrivent des lettres à leurs parents pour ceux qui leso nt encore, dessinent et essayent tant bien que mal de vivre leur vie d'enfant. Mais le répit sera de courte durée : le 6 avril 1944, des hommes de la Gestapo mandatés par Klaus Barbie débarquent et raflent les petits. Tous seront déportés et gazés. Tous, sauf Samuel, que des voisins parisiens qui le connaissaient sont venus chercher à peine quelques semaines plus tôt. Miraculeusement rescapé, Samuel Pintel se fait une promesse : il n'oubliera jamais ces enfants assassinés. Il parlera d'eux. Son récit bouleversant raconte le quotidien d'un enfant juif pendant la guerre et perpétue le souvenir de cette maison d'Izieu, à jamais lieu de mémoire et symbole de la barbarie nazie. L'auteur Né en 1937, Samuel Pintel a exercé comme ingénieur dans le domaine spatial. Durant vingt-cinq ans, il a été secrétaire général de l'association Maison d'Izieu Mémorial des enfants juifs exterminés. Il est actuellement secrétaire général de l'amicale des Anciens Déportés de Bergen-Belsen et parcourt la France pour faire vivre la mémoire des enfants déportés.

03/2024

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Philosophie

PHILOSOPHIE N° 60 1ER DECEMBRE 1998

" L'amour est amoureux - et en même temps, il cherche inlassablement à l'être " : c'est cette inquiétude et cette tension qui traversent la pensée kierkegaardienne, telle qu'elle s'exprime dans deux lettres inédites à Régine, où l'épistolier se propose de faire lui aussi un éloge de l'amour, non pas, comme Socrate, au cours d'un banquet, mais " dans le silence de la nuit, lorsque tous dorment, ou au beau milieu d'un vacarme assourdissant, lorsque nul ne [le] comprend ". Par l'intermédiaire d'extraits de sa correspondance traduits ici pour la première fois, A.-C. Habbard souligne l'importance de cette thématique du don, dans la multiplicité de ses dimensions existentielles, qui fait de Kierkegaard un penseur de l'intersubjectivité. Jérôme Laurent, dans son article consacré à Lucrèce, part d'une tension propre à l'épicurisme : d'un côté, la poésie est condamnée par Epicure, de l'autre, elle est pratiquée par son disciple latin. Suivant ce fil conducteur, c'est le rapport complexe de la philosophie de Lucrèce avec celle de Platon qui est interrogé : le statut de l'étonnement et de l'amour sont au cœur de cette confrontation. Dans son étude sur l'Ethique à Nicomaque, M.-H. Gauthier-Muzellec montre à la fois une hésitation d'Aristote entre deux voies concurrentes pour penser l'action humaine et la manière dont la considération du plaisir et du jeu peut éclairer cette alternative. Qu'arriverait-il, se demande Platon, si les sentiments humains n'avaient entre eux rien de commun, s'il n'y avait pas, pour l'homme une communauté de " ressentir " ? C'est cet effondrement de toute communauté humaine, y compris celle - minimale - d'un " ressentir-avec ", qui constitue l'un des aspects du système concentrationnaire. M. Revault d'Allonnes en interroge, à partir d'Aristote et Spinoza, les conditions de possibilité. Philosophie avait fait paraître, dans son numéro 56, un article de Michel Fichant proposant une interprétation à nouveaux frais de la conception kantienne de l'espace dans " l'esthétique transcendantale ". Béatrice Longuenesse a souhaité pouvoir répondre à certaines objections formulées à l'encontre de son interprétation, dans son livre Kant et le pouvoir de juger. Nous publions ici ce droit de réponse.

12/1998

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Tourisme étranger

Moroccan tracks Volume 11. The sagho djebel

The Sagho djebel is the eastern extension of the Anti-Atlas, a volcanic mountain with granitic mamelons, basaltic organs, chaos of black shales, pink sandstones... at the gates of the Sahara. As far as the eye can see, large wild, arid spaces. A desolate land made for the lonely DPM. And for a thousand miles around, silence is the only companion. Absolute plenitude and the desire to take to the track. From flat expanses to rolling hills, from sharp relief to steep canyons : pure, original nature. The character is strong, rustic but the heart is soft. The colours are soft and gentle. Ochre, pink, brown, violet, the colour chart stretches in a gradation of shimmering pastels, sometimes accompanied by an overwhelming heat. Eldorado in the heart of the desert, rare are the oases ; modest green spots in the infinitely large, they are the reminders that we are on African soil. The wild charm of the Sagho is due to its exceptional geology : high cliffs and steep peaks, tabular escarpments and deep canyons in the middle of which caravans of camels and mules circulate. When you arrive on these immense plateaus, the lunar horizon is so vast that you want to go everywhere at once to see if it is really as beautiful elsewhere ! The Sagho also surprises by the richness of its lights : limpid like those of the nearby Sahara, or sometimes in half-tone, as in the neighbouring Dades valley. The Sagho is also the Morocco of the last Berber nomads, descendants of the ancient lords Aït Atta. In autumn, after leaving the snows of the High Atlas, they set up their dark wool tents on the slopes of the jebel until spring. They can neither read nor write, but they are sure of their way through the Atlas Mountains and the Moroccan desert. In the Sagho, they have built houses of unbaked stone, dug wells, planted almond trees, grown wheat, barley and various vegetables. Others built herds of goats and sheep, and caravans of camels. Most of them are now sedentary, semi-nomadic or nomadic...

08/2022

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Poésie

Dioptre

Un dioptre est une surface qui sépare deux milieux transparents qui ne dévient pas la lumière à la même vitesse. Phénomène optique que Carol Snow applique à la mémoire, à la façon que l'on a d'accéder à ses souvenirs, qui parfois se réfléchissent, parfois se dévient, se défilent. Réflexions, reflets, halos, "ondes arrêtées" , Dioptre, dans le prolongement d'Artiste et modèle (Unes, 2019) avec lequel il partage ses références picturales (Bacon, Moore, Cézanne...), est un livre d'images : "imagine te souvenir" dit Carol Snow qui découpe, à la façon de Matisse, des silhouettes dans le vif de la couleur, en suivant une sorte de respiration de la lumière sur la mémoire. Motifs familiers, les collines, le jardin, le ponton, les poèmes captent des images brèves, ponctuelles, parfois superposées, et les maintiennent sur la page en facettes, en éclats qui composent la projection de la vie, comme un temps qui se dépose avec la sensualité de la lumière sur la peau. Poèmes de sensations visuelles, mais également tissés de voix, de phrases ressurgies, de discussions familiales, où affleure l'intimité avec la mère, et l'évocation difficile du père. C'est ce fil, voire ce lien qu'il faut remonter, comme on clarifie une image sous la surface de l'eau. Carol Snow remonte dans ses souvenirs avec une étrange solitude, qui ne semble pas douloureuse, avec une précision du langage qui emprunte à la précision de la position des corps dans la danse, et à la spiritualité asiatique. Une façon de "placer le regard" aussi justement que le corps pour capter la lumière de ces souvenirs troubles, confus, qui se dérobent et dévient les rayons de la conscience, nous perdent dans des illusions d'optique. Précision recueillie, car "l'espace est fait de silence" , et qu'elle repousse le désordre, arrange la mémoire comme un jardin, aborde les instants avec délicatesse, puisque on ne franchit pas la surface des événements passés - on ne franchit pas le dioptre - au-delà d'une certaine inclinaison. Remonter le fil malgré une "mémoire blessée" , et certains éclats du passé difficiles à percer, à retrouver, résistent, autour de la figure du père. La lumière ne franchit pas toutes les surfaces.

01/2023

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Témoins

Pas à pas. Au fil des heures

"Dès les premières pages de ce livre, j'ai été saisi par un sentiment d'authenticité, de présence du Seigneur. Epouse et mère comblée, Nicole affronte la pauvreté des plus pauvres. Et jésus vient. Et c'est l'expérience d'une présence et d'une tendresse qui remplissent tout, celle d'une réponse qui n'est pas la nôtre, qui est du Royaume invisible et qui déconcerte. Révélation d'un amour si grand et si proche. Jésus chemine et nous veut avec lui. Chemin d'Emmaüs, chemin de l'Eglise. Eucharistie. Présence devenue visible pour Nicole. Miracle permanent de l'Eglise. Jésus apprivoise Nicole et nous avec elle. " Puis Philippe, le compagnon très aimé, meurt subitement. Nicole vacille, hurle sa douleur, mais accepte. Et là est le signe de l'amour. De la confrontation à la douleur, peut-on oser dire absolue, de la perte irréparable avec l'amour. Nuit ? Plus que la nuit. Douleur solidifiée, écrasante. Rugissements, silence. Expérience étrange, sous le poids du roc, d'une fidélité incontournable. C'est le même amour. Accuser l'un c'est accuser l'autre, refuser l'un c'est refuser l'autre et l'on ne peut qu'aimer. Nicole aime Philippe, et Nicole aime Jésus. Elle lui crie sa souffrance et son désir de bonheur. Il lui redit sa tendresse et lui confie les siens en l'associant à son oeuvre de salut, de miséricorde infinie - une autre aventure. Pas à pas sur le chemin". (Dom Jean-Baptiste Gourion, osb Préface de "Une autre aventure") Nicole Gausseron nous livre la suite du PETIT JOURNAL, un petit recueil d'accompagnement spirituel au quotidien. Prenant avec elles ses joies et ses misères de tous les jours, elle partage ici ce qui nourrit son coeur à coeur quotidien avec Jésus. Il s'agit tout simplement de ce qui est donné au cours d'une expérience spirituelle qui sait se faire écoute. C'est à la Parole que tout nous renvoie dans ce texte qu'il faut lire en termes de Présence. On ne reçoit pas ces pages en curieux, on les accueille au profond de soi, là où nous sommes tous attendus.

06/2023

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Littérature française

Pourquoi tu danses quand tu marches ?

Un matin, sur le chemin de l'école maternelle, à Paris, une petite fille interroge son père : "Dis papa, pourquoi tu danses quand tu marches ? " . La question est innocente et grave. Pourquoi son père boite-t-il, pourquoi ne fait-il pas de vélo, de trottinette... ? Le père ne peut pas se dérober. Il faut raconter ce qui est arrivé à sa jambe, réveiller les souvenirs, retourner à Djibouti, au quartier du Château d'eau, au pays de l'enfance. Dans ce pays de lumière et de poussière, où la maladie, les fièvres d'abord puis cette jambe qui ne voulait plus tenir, l'ont rendu différent, unique. Il était le "gringalet" et "l'avorton" mais aussi le meilleur élève de l'école, le préféré de Madame Annick, son institutrice venue de France, un lecteur insatiable, le roi des dissertations. Abdourahman Waberi se souvient du désert mouvant de Djibouti, de la mer Rouge, de la plage de la Siesta, des maisons en tôles d'aluminium de son quartier, de sa solitude immense et des figures qui l'ont marqué à jamais : Papa-la-Tige qui vendait des bibelots aux touristes, sa mère Zahra, tremblante, dure, silencieuse, sa grand-mère surnommée Cochise en hommage au chef indien parce qu'elle régnait sur la famille, la bonne Ladane, dont il était amoureux en secret. Il raconte le drame, ce moment qui a tout bouleversé, le combat qu'il a engagé ensuite et qui a fait de lui un homme qui sait le prix de la poésie, du silence, de la liberté, un homme qui danse toujours. " Pourquoi tu danses quand tu marches ? offre une leçon : comment ne pas subir la marche d'autrui et comment choisir de danser sur le fil de sa propre vie. " Jeune Afrique - Anne Bocandé " Waberi exorcise d'un coup bien des années de "crainte antique" liée au regard de l'autre. " L'Humanité - Muriel Steinmetz " La bouleversante confession d'un père qui explique son handicap à sa fille " Le Figaro - Mohammed Aïssaoui " Cette belle leçon de danse entre un père et sa fille montre que la littérature est aussi un art de la transmission " Le Figaro - Mohammed Aïssaoui

08/2019

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Récits de voyage

Grand Tibet et Vaste Chine. Au pays des brigands gentilshommes ; Voyage d'une Parisienne à Lhassa ; Sous des nuées d'orage ; A l'ouest barbare de la vaste Chine ; Le vieux Tibet face à la Chine nouvelle

" A vrai dire, j'ai le mal du pays pour un pays qui n'est pas le mien. Les steppes, les solitudes, les neiges éternelles et le grand ciel clair de "là-haut" me hantent ! Les heures difficiles, la faim, le froid, le vent qui me tailladait la figure [...] les camps dans la neige, dormant dans la boue glacée, et les haltes parmi la population crasseuse jusqu'à l'invraisemblance, la cupidité des villageois, tout cela m'importait peu, ces misères passaient vite et l'on restait perpétuellement immergé dans le silence où seul le vent chantait, dans les solitudes presque vides même de vie végétale, les chaos de roches fantastiques, les pics vertigineux et les horizons de lumière aveuglante. Pays qui semble appartenir à un autre monde, pays de titans ou de dieux. Je reste ensorcelée. " Ce sont à la fois les hauts plateaux tibétains et les confins nord-ouest de la Chine himalayenne que célèbrent avec une nostalgie poignante ces lignes d'Alexandra David-Néel. Chine et Tibet sont en effet les pays de prédilection de la célèbre exploratrice. Elle les a parcourus sur des milliers de kilomètres de jungle, de steppes ou de solitudes glacées, à pied, à dos de yack ou de mule, le plus souvent par des chemins inexplorés. Ces voyages, Alexandra David-Néel les a racontés dans une série de livres inoubliables rassemblés ici en un seul volume, sous le titre simple mais évocateur de Grand Tibet et Vaste Chine. Le premier récit débute en février 1921, quand Alexandra entreprend le projet fou de rejoindre Lhassa, la cité sainte perchée sous le toit du monde, à pied, déguisée en mendiante. La dernière aventure prend fin en 1946, quand, famélique et vêtue de hardes, elle échappe aux horreurs de la guerre sino-japonaise. Dans chacun des cinq textes qui couvrent ces deux périodes d'exploration, le lecteur retrouvera intacts l'acuité du regard, la profondeur de réflexion, l'humour, tout ce qui fait l'immense talent de celle que l'on a surnommée "la femme aux semelles de vent".

11/1999

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Littérature française

L'Assemblée nationale et moi

THierry Laget a pratiqué, pendant un quart de siècle et dans l’un des hauts lieux supposés de la joute oratoire et du discours, l’hémicycle de l’Assemblée nationale, l’art de se taire que célébrait l’abbé Dinouart. Cet exercice a eu pour corolaire un don de l’observation qui tend à prouver que, des deux bouts de la lorgnette, le petit est parfois le bon. Acteur de la vie politique — à son corps défendant —, détenteur de nombreux secrets d’État, il a préféré tout oublier pour se concentrer sur des questions que personne avant lui n’avait osé aborder : à quoi ressemblent et à quoi servent les chaussettes des ministres et des députés ? qui croise-t-on à trois heures du matin dans les couloirs du Palais-Bourbon ? quelle langue parlent exactement les parlementaires ? pourquoi n’a‑t-on pas purifié l’hémicycle après que des nazis l’eurent profané en 1940 ? quel est le rôle des machines dans l’activité législative ? peut-on établir un lien entre les circonscriptions, les fromages et leurs représentants ? les rapporteurs généraux du budget auraient-ils de superpouvoirs ? comment le silence peut-il survenir dans le temple de la parole ? quel est le destin de l’individu confronté à la loi de la foule ? 


Esquissées, en quelques traits d’une langue aux subtilités, reconnaissons-le, plutôt aristocratiques, nous voyons sous les colonnes flotter les silhouettes de députés fameux — Édouard Balladur, Nicole Catala, Patrick Roy, Henri Emmanuelli, Dominique Perben, Jean-Pierre Brard, Jean Lassalle, Didier Migaud, Nicole Bricq, Raymond Forni, Michel Crépeau, Gilles Carrez, Patrick Devedjian, et d’autres moins glorieux — sans omettre celle du député inconnu, dont personne, pas même les huissiers, ne saurait dire le nom et dont on n’a jamais entendu la voix. 


Cet usage d’un humour impassible, qui fait leur part au rêve, à l’histoire et à la littérature, compose un tableau qu’il serait imprudent de classer simplement dans la colonne de l’antiparlementarisme primaire, mais qui ne manquera pas d’instruire tout citoyen curieux ou inquiet de ce que l’on appelle la démocratie.

05/2024

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Sciences historiques

J'arrive où je suis étranger

J'ai appris à l'âge de 16 ans qu'un jour je ne verrais plus. Quand exactement devais-je connaître la nuit ? Personne n'en savait rien. Mais mon destin était scellé, de par ma naissance. C'était comme un sort qui m'avait été jeté, en pleine adolescence, sous le sceau de l'injustice. Pourtant, j'ai décidé de ne rien en dire, pas même à mes parents ou à mes amis. Qu'allais-je devenir ? Vers quel futur me projeter ? Habité par l'angoisse de ce naufrage annoncé, j'ai longtemps cherché mon chemin. Je me demandais que faire de ma vie, quel métier choisir. Un jour, j'ai même frôlé la mort, par distraction. Ainsi ai-je dû avancer vers le monde inquiétant des ombres et du brouillard perpétuel. C'est ce voyage contraint et forcé - inexorable - que j'essaie de raconter ici, tel un explorateur à la découverte d'un pays dont on ne revient pas. On lira le récit de ces quelque trente années de périple, jalonné certes de moments de dépression et d'amertume mais aussi de rebondissements joyeux, voire de petits triomphes. Animé par la rage de vaincre et l'amour des miens, je me suis trouvé une route à tâtons. En me cherchant, je suis devenu chercheur. J'ai mis au centre de ma vie la volonté de comprendre les conduites humaines, que les individus se grandissent dans la résistance ou s'avilissent dans la barbarie. Cette passion pour l'homme m'a véritablement "porté". Elle m'a entraîné à mobiliser toutes mes forces et mes facultés intellectuelles pour "lire", enquêter, voyager, écrire, enseigner. D'où ce parcours qui m'a conduit de la Sorbonne à Harvard puis au CNRS et à Sciences Po. Désormais, je vous écris depuis ces contrées lointaines de la Grisaille, où je me sens étranger. J'y ai pourtant pris mes petites habitudes. On me demande souvent : "Mais comment vous débrouillez-vous ?" De cette métamorphose, je souhaite aujourd'hui témoigner, après des années de silence et de combat. Maintenant, quel paradoxe, j'ai le sentiment d'y voir un peu plus clair !

09/2007

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Photographie

Ici même

"Réalisées entre 1974 et 2012, pour la plupart en France ou en Europe, ces images répondent à ma volonté de mêler des instants et des lieux a priori sans rapport les uns avec les autres, dans une sorte d’écriture automatique, à la manière des surréalistes. Le livre débute par une citation de Pascal Quignard : Le visible ne suffit pas à comprendre ce qui est vu. Le visible ne s’interprète qu’en référence à l’invisible. Et c’est bien de cela qu’il s’agit : la photographie parle souvent d’autre chose que ce qui est visible dans le cadre. L’invisible, nos imaginaires, nos souvenirs, nos désirs, ceux de l’auteur et ceux du lecteur, viennent perturber ce « réel », l’interpréter, le filtrer pour finalement voir autre chose que ce qui a été photographié." B. D. Ce livre sera le huitième publié par Filigranes : Le don du fleuve, Berbère, Evening Land, Japon, Silences, Lady Land et l'an passée Quelques Afriques. "Ce livre est donc une proposition de voyage dans un monde à construire, à s’inventer, puisqu’on ne peut pas faire confiance à la photographie… Le réel se dérobe sous nos yeux. Un monde étrange apparaît, un peu absurde : les chevaux y crachent des nuages, une otarie s’échappe d’une poussette d’enfant, Alice venue du pays des merveilles se retrouve enfermée dans un étrange musée d’histoire naturelle, une rue vide voit passer un défilé de moutons et les cabanes de plage bougent alors que d’étranges promeneurs tentent de drôles d’acrobaties… Tout cela existe, ici même, et les photos en sont la preuve !... A moins qu’il ne s’agisse que de choses imaginées, habituellement invisibles. A moins qu’il ne s’agisse que de poésie..."

10/2012

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Psychologie, psychanalyse

Enfants en souffrance

Voici, à l'occasion de la sortie du livre de René Clément, Parents en souffrance, la réédition d'Enfants en souffrance, et des travaux d'un congrès organisé à Bordeaux par l'ANPASE, dont l'impact reste considérable. Les questions soulevées sont toujours d'une brûlante actualité. L'Aide sociale à l'enfance, dans son rôle difficile de protection des enfants maltraités ou négligés par des parents défaillants, ne cesse de tirer des leçons de certains de ses échecs : pratiques inadéquates de séparations et de placements, maintien de liens illusoires ou destructeurs, manque d'effectifs et de moyens de tous ordres... Mais ce livre va plus loin qu'un simple réquisitoire : il nous donne des repères indispensables concernant la prise en charge des enfants. Plus de dix ans après sa parution, et alors que la France a signé la Convention internationale des droits de l'enfant, on peut mesurer le chemin parcouru, pour s'engager davantage dans les voies qu'il a tracées. Pour la première fois, Françoise Dolto parle de la Maison verte; elle répond, avec la chaleureuse pertinence dont elle était coutumière, aux questions sur l'abandon, l'adoption, les origines, les silences. Bernard This resistue la Naissance sans violence dans la problématique de l'accueil de tout enfant dans la Cité; Danielle Rapoport explique ce qu'est l'Opération Pouponnière, qui se poursuit et s'est élargie à d'autres actions. Avec bien d'autres intervenants, c'est la place de l'enfant dans notre société qui est interrogée ici. La problématique parentale commence tout juste à être évoquée dans Enfants en souffrance. Parents en souffrance l'aborde de front, et prend ainsi la suite naturelle du présent ouvrage, des réformes concrètes qu'il propose, et de la transformation complète des rapports adultes-enfants qu'il suppose.

01/1981

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Religion

L'Eucharistie des premiers chrétiens

D'une lecture aisée, ces dix études font le point des recherches actuelles sur les origines de l'eucharistie chrétienne. Notes et références témoignent de la rigueur des spécialistes mobilisés sur ce thème important ; le texte des articles est délibérément allégé d'érudition. Tout chrétien y trouvera de quoi alimenter sa propre réflexion sur l'eucharistie. Tour à tour on plonge dans l'intimité des communautés du premier siècle finissant, dans la crise gnostique du second siècle qui suscita les intuitions fulgurantes d'Ignace d'Antioche comme la synthèse grandiose d'Irénée. On aperçoit aussi le rôle tenu par l'eucharistie dans l'organisation de l'Eglise de Rome vers le milieu du second siècle. L'Afrique du Nord s'illustre par les silences sans doute voulus de Tertullien et par la Lettre 63 de Cyprien. L'aspect sacrificiel de l'eucharistie y répond l'ambiance héroïque de la persécution ; le symbole d'unité s'y oppose au schisme qui ravage la chrétienté de Carthage. Etonnante tradition enfin que celle d'Alexandrie. Au début du troisième siècle, Clément ne craint pas d'interpréter l'eucharistie en termes platoniciens, stoïciens, ou à la manière de Philon. Puis Origène pèse de tout son poids génial sur les rapports entre les rites et la célébration personnelle de la Parole vivante de Dieu. La série des articles se termine par une recherche neuve et inédite sur deux documents anonymes du troisième siècle, originaires de Syrie. Les passages les plus significatifs des anciens auteurs sont toujours cités en entier. Leur interprétation est garantie par la recherche scientifique la plus compétente. Ainsi ces études fourniront des idées intéressantes pour le renouvellement actuel de l'esprit aussi bien que du culte eucharistiques.

01/1976

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Beaux arts

La Boîte de Pandore. Les métamorphoses d'un symbole mythique

"Pandore est la première femme, le beau mal ; elle ouvre une boîte défendue ; en sortent tous les maux dont héritera l'humanité ; seule demeure l'espérance." D'Hésiode à Paul Klee, soit sur la totalité de l'arche de temps de l'art occidental, le mythe de Pandore accomplit son chemin. C'est ce parcours, avec ses longs silences, ses reprises, ses transformations, que le livre de Dora et Erwin Panofsky retrace. De la Délie de Maurice Scève ("Et de moy seul fatale Pandora") aux dessins et aux peintures du néo-classicisme, de l'inquiétante et très belle Eva Prima Pandora de Jean Cousin à la femme fatale peinte par Dante Gabriel Rossetti, à travers livres d'emblèmes, textes savants, poèmes, compilations et grande peinture, ce sont non seulement les transformations d'un mythe, mais aussi la façon dont les époques qui le reprennent se projettent en lui, qui deviennent explicites. S'il sert bien tout d'abord à coudre très finement ensemble les pièces détachées dont se compose l'histoire de l'art, le fil conducteur des avatars du mythe de la boîte de Pandore, dégagé de l'ensemble du tissage culturel par une érudition à la fois extraordinaire et délicate, et comme tendu invisiblement par une sûreté théorique tout aussi déconcertante, vient ici fonctionner comme une sorte de révélateur. Le long de cette enquête si riche en pièces à conviction, le lecteur se retrouve, pour sa joie la plus grande, dans la posture de celui qui avance au sein d'une fiction : ce qui s'échappe de la boîte de Pandore ouverte par Erwin et Dora Panofsky, c'est la matière fictionnelle même, dans une pureté quasi originelle. Un nouvel essai du grand historien de l'art Erwin Panofsky, qui s'ajoute aux trois succès dans la collection Bibliothèque Hazan : Dürer, Titien et Les primitifs flamands.

01/2014

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Couple, famille

Histoires d'IVG, histoires de femmes. Parce qu’il faut en parler et surtout les écouter

L'interruption volontaire de grossesse (IVG), légalisée en France en 1975, reste un droit à défendre parce qu'elle permet aux femmes de choisir et d'avorter de façon sécurisée. L'IVG est vécue différemment selon les femmes et peut représenter pour beaucoup un événement douloureux. C'est pourquoi l'IVG ne doit pas se réduire à un acte médical et doit être accompagnée par la parole : elle peut alors devenir un événement constructif dans la vie d'une femme. C'est ce que six professionnelles de santé - gynécologues, psychanalyste, psychologues et sage-femme - ont souhaité partager dans ce livre. Leur point de vue, forgé au cours de leurs années d'accompagnement des femmes et renforcé dans leur groupe de parole, est développé à travers le récit de 23 cas cliniques. Adolescentes ou mères, seules ou en couple, les femmes, face au choix de l'IVG, se confrontent à leur histoire, à celle de leurs parents ou de leur couple, aux silences et aux violences qui parfois la traversent. En un mot, elles se confrontent à elles-mêmes. Chaque histoire est singulière : c'est ce qu'ont voulu montrer les auteurs en s'appuyant sur leur pratique clinique, leur expérience de l'écoute et de la prévention. Ces récits révèlent ce qui peut aider les femmes ayant vécu une IVG à sortir grandies grâce à la parole. Ce livre se veut un outil pour tous les professionnels, qu'ils soient médecins, sages-femmes, psychologues, infirmières, assistants sociaux, afin qu'ils soient sensibilisés et formés à la bienveillance et aux échanges de groupe. Il intéressera également toutes celles et ceux qui défendent les droits des femmes et notamment celui de choisir.

01/2021

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Sociologie

Dialogues sur la Belgique. Souvenirs, images, questions

Quels événements, lieux et personnages demeurent dans la mémoire de dix-huit Belges connus lorsqu'ils pensent à leur pays ? Un groupe d'universitaires francophones et néerlandophones cherchent des réponses à cette question depuis plusieurs années. Ils ont organisé des rencontres avec des duos de différents domaines. Au fil de dialogues inspirants, on découvre certains souvenirs partagés - comme les Diables rouges à la Coupe du monde en 1986 ou l'affaire Dutroux - mais aussi des visions contrastées à propos de certains événements ou lieux comme les guerres mondiales ou Bruxelles. Les différences se situent souvent entre communautés de notre pays, mais aussi entre disciplines ou professions. Le livre débute par une introduction sur le contexte historique belge et la notion de mémoire collective. Il se termine par une conclusion dans laquelle les auteurs mettent en évidence certains fils rouges, mais aussi certains silences. Que retrouvons-nous dans cette mémoire prétendument collective ? Quels sont les éléments qui n'y figurent pas ? Bref, un tour d'horizon passionnant des souvenirs partagés et non partagés sur la Belgique. Dialogues sur la Belgique offre sur la Belgique d'hier et d'aujourd'hui un regard unique, fait de souvenirs évocateurs pour les Belges et d'images parfois surprenantes pour les non-Belges. La version néerlandaise de ce livre a paru sous le titre Dialogen over België. Herinneringen, beelden, opvattingen (Universitaire Pers Leuven, 2020). Avec la partipation de Nina Verhaeghe et Christian Laporte (journalistes), Herman Van Rompuy et Philippe Moureaux (hommes politiques), Dirk van Bastelaere et Laurence Vielle (poètes), Jan Verheyen et Adil El Arbi (réalisateurs), Kristien Hemmerechts et Vincent Engel (écrivains), Laurence Rase et Jean-Michel Saive (athlètes), Yves Noël et Christ'l Joris (responsables patronaux), Caroline Copers et Felipe Van Keirsbilck (syndicalistes), Brahim Laytouss et Myriam Tonus (théologiens).

10/2020

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Théâtre - Pièces

Deux amis. Suivi de Toi

Deux amis : c'est un couple Stanislas Nordey et Charles Berling vivant ensemble et travaillant ensemble qui remontent comme l'avait fait Antoine Vitez avec les quatre Molière (Le Misanthrope, L'Ecole des femmes, Tartuffe et Dom Juan) de la manière que l'avaient fait eux-mêmes Molière et Vitez avec une table deux chaises et un bâton. Pendant la répétition et les questions de préparation du travail Stanislas lit comme cela nous arrivera à tous sur le portable de Charles un sms qu'il n'aurait pas dû lire. A partir de là c'est l'explosion ultra-violente en direct et en temps réel d'un couple d'artistes. Toi : Depuis de nombreuses années je veux travailler avec Valeria Bruni Tedeschi. Quand elle était à Nanterre à l'école de Patrice Chéreau j'étais à Chaillot à l'école d'Antoine Vitez. Je la voyais de loin. Je voulais travailler avec elle. Et puis il y a eu Rêve d'automne de Chéreau au Théâtre de la Ville. C'était clair que je voulais travailler avec elle. Et puis ses films aussi. Tous ses films. Et le dernier revu dans un avion en rentrant du Mexique m'a fait me dire elle est comme une soeur pour les histoires qu'elle écrit et que j'écris. Alors on s'est vus et on a décidé de faire cela : je vais écrire une déclaration d'amour d'une fille pour sa mère. Sa mère est sa vraie mère. Marisa Borini. Elle est celle qui joue du piano sur un grand Bosendorfer entre les silences de sa fille. C'est à elle que les mots sont destinés. Et c'est Valeria qui les vit.

06/2021

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Littérature française

Marabout de Roche

Pendant presque vingt ans, Karine Miermont a pour voisin de palier un homme connu que, somme toute, elle connaît peu ? : Denis Roche. Leurs relations sont chaleureuses, teintées d'estime et de confiance ? ; mais une réserve propre à l'auteure, la discrétion mutuelle qu'implique le voisinage et, bientôt, la maladie de l'écrivain et photographe maintiennent entre eux une distance. A son décès, le besoin prend Karine Miermont de reconstituer - de souvenirs en photographies, de bribes de conversations en lectures, de marabout en bout de ficelle - l'image de celui dont la disparition révèle soudain toute l'importance ? : "? Des silences et des énigmes. Chasse, défrichage, décryptage. Relevé d'indices, de traces, de signes. [... ] Je cherche mon voisin, je cherche Denis Roche. ? " C'est donc ici une sorte de "? tombeau de Roche ? " qu'érige avec délicatesse Karine Miermont ? : hommage qui tient autant du témoignage que de l'essai d'exégèse, reconstitution "? de fil en aiguille ? " d'une personnalité plutôt côtoyée que connue, portrait en mosaïque de celui qui eut lui-même à coeur, dans ses photographies et ses Essais de littérature arrêtée, de fixer les traces de son passage dans le temps. C'est dans cette distance à son sujet, dans ce mixte de retenue et d'intimité que l'ouvrage acquiert sa dimension propre ? : celle d'un récit. A travers l'évocation de ses rencontres avec Roche, c'est l'histoire de sa propre accession à l'écriture que retrace l'auteure, aiguillonnée par ce modèle lointain avec lequel ses affinités profondes se révèlent au fil de l'enquête. Et dans ce dialogue rabouté et sans cesse repris avec l'ami et soutien disparu, Karine Miermont donne la pleine mesure d'une figure d'homme et d'artiste.

08/2021

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Poésie

Le Livre de Martin

Ces poèmes s'inscrivent dans un lieu et sont l'histoire : faits énoncés ou passés à travers les canailles de la fiction. Lieux et Histoire visités par des personnages, Martin et Sandra, qui s'y trouvent confrontés. Nous les suivons un jour et une nuit dans les deux parties de LA VILLE ET LE CERCLE. L'histoire de Martin se poursuit comme on retrouve une ville, Toulon. Les livres, de James Joyce, Martin Eden de Jack London, notamment traversent l'ensemble. Les citations (Cummings, Beckett), les allusions (G Oppen, Proust, Celan) dessinent autant de personnages, de faits, de fictions, de paysages, d'exils, de passages. Mise en miroir par la composition: ces deux parties sont construites en sections de 5, 2, 4, 6, 1, 6, 4, 2, 5 poèmes. La troisième partie NOVEMBRE EN PLACE est composée de poèmes de la main de Martin. Ils recouvrent une année. Leurs références y sont nombreuses, certaines récurrentes:, Joyce (Stephen et Bloom), J C Powys (mythologie personnelle et relations amoureuses), Maïakovski (qui en 1921 revoit l'homme qu'il fut en 1915), Khlebnikov, Musil. Poèmes méditatifs dans lesquels la littérature est au coeur, mais aussi les sciences et la théologie. Ici chaque citation est replacée pour le besoin de la pénétration du sujet, de la saison, du mois, d'un état. La vie de Martin est ainsi reprise à travers ses lectures, ses "études" et ses silences enfin. Après une journée et une nuit, c'est une année parcourue dans ce qui devient un retrait face à l'Histoire. Mais cette dernière se trouve, plus que jamais, centrale en ses derniers bouleversements et ses résonances persistantes. Symétrie encore: LA VILLE ET LE CERCLE et NOVEMBRE EN PLACE sont, chacun, composés de 70 poèmes. Obsession de la fondation après la construction. La lyrique après/avec l'épopée.

01/2011

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Alsacien

Perspectives pour le bilinguisme en Alsace. De la confrontation à la coexistence des langues, Edition bilingue français-allemand

Le patrimoine linguistique et partant culturel alsacien a e?te? laisse? en jache?re depuis bien des de?cennies par les Alsaciens eux-me?mes en raison notamment d'une crise identitaire aux origines diverses. Aussi, partant du principe que les identite?s collectives sont construites par les collectivite?s et que les langues sont choisies par elles en fonction de l'identite? qu'elles veulent se donner, il y aurait en premier lieu, si l'on veut vraiment reme?dier a? la situation, a? faire un travail de re?silience au niveau de la psyche? alsacienne, c'est-a?-dire sur la capacite? de rebondir et a? se reconstruire positivement. En second lieu un travail collectif sur les causes de la re?gression linguistique et sur les grands avantages et potentialite?s que procure le bilinguisme serait aussi a? faire, en me?me temps que celui de leur me?diatisation. Les Alsaciens ont besoin de savoir ce que le -plus d'Alsace- peut leur apporter ! Le bilinguisme collectif ne se re?alise et ne se maintient que par et dans la coexistence sociale et culturelle de deux langues ! Dans le contexte franc?ais de me? ance a? l'e?gard des re?gions en ge?ne?ral et des langues re?gionales en particulier, la coexistence, notamment scolaire et me?diatique, reste a? obtenir. La France est ne?anmoins une de?mocratie. En de?mocratie, les fortes demandes, expressions de fortes volonte?s, ne peuvent qu'e?tre satisfaites... Il n'y aura pas de coexistence linguistique sans re?el et complet droit a? l'existence de la langue re?gionale, tel que formule?, par exemple, par la Charte europe?enne des langues re?gionales ou minoritaires. C'est la premie?re demande a? formuler. Donnons collectivement une chance au bilinguisme en Alsace ! Une dernie?re Chance ?

06/2021

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Littérature étrangère

Mises en crise. Essais littéraires sur Bernard Dadié, Ahmadou Kourouma, Ayi Kwei Armah, Josette Abondio...

L'écriture de la mise en crise a suscité des malaises. Comment pouvions-nous nous contenter de silences, de doutes et d'impasses ? Nous allions vers les écrivains pour nous rassurer et consolider notre foi en la cause des peuples opprimés et exploités. Nous étions occupés à illustrer nos cultures et notre histoire pour le regard de ceux qui devaient nous juger et nous accorder un certificat d'humanité. Nous sommes sous ce regard depuis la controverse de Valladolid. Mais entre l'objet qu'on regarde et le sujet qui l'observe lequel doit déterminer la méthode à utiliser ? Pour comprendre l'objet, il y a nécessité de se soumettre à ses propres lois afin de l'amener à s'exprimer, à dire son mal. Le critique n'est pas roi, l'oeuvre est la seule reine. Le critique doit s'adapter. Les nouvelles oeuvres sont plus exigeantes pour les lecteurs qui doivent faire beaucoup plus d'effort pour les comprendre. Il ne suffit plus de reconnaître l'Afrique de nos ancêtres pour être sûr de comprendre. Il n'y a cependant pas de difficulté à articuler la guérison désirée et l'intérêt porté à la crise. Le metteur en crise n'est pas un masochiste ni un sadique. La mise en crise est une manière de continuer à désirer un autre destin. Qui sont les auteurs que nous considérons comme des metteurs en crise ? Certains sont d'anciens écrivains quand d'autres arrivent nouvellement sur la scène littéraire africaine. La majorité d'entre eux sont des Ivoiriens mais les problèmes abordés sont africains dès lors qu'ils affectent l'ensemble de notre continent. L'objectif est de faire connaître les nouveaux et, pour les anciens, de proposer de nouvelles lectures.

11/2014

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Littérature étrangère

Siam. Ou La Femme qui tua un homme

Ce roman énigmatique, obsédant, celui d’une innocence perdue, se déroule en Thaïlande, alors que débute la guerre du Vietnam. Claire, une jeune Bostonienne qui vient de se marier avec un militaire un peu plus âgé qu’elle, débarque avec lui à Bangkok le 9 mars 1967, le jour même où l’aviation américaine commence à bombarder le Nord-Vietnam à partir de ses bases thaïlandaises. Lors d’une soirée, peu de temps après leur installation, Claire rencontre Jim Thompson, un célèbre entrepreneur américain, fondateur de la Thai Silk Company. La disparition de Thompson, quelques semaines plus tard, donne lieu à de nombreuses spéculations, aussi contradictoires que perturbantes pour elle. Car Claire est tombée sous le charme de cet homme, dont la distinction, l’élégance, la culture tranchent avec son quotidien. Déstabilisée tout à la fois par les silences pesants de son mari (concernant son activité, la situation géopolitique et la disparition de Thompson), par un environnement violemment inhabituel, par le rapport à la vérité - pour le moins problématique à ses yeux - des gens qu’elle côtoie, et par une solitude plus subie que choisie (son mari s’absente beaucoup, et elle peine à nouer de véritables amitiés), Claire devient la proie d’obsessions et d’inquiétudes qui, toutes, la ramènent vers Jim Thompson. A sa manière maladroite, inquiète, Claire se lance alors dans une sorte de quête naïve, éperdue, d’une vérité inaccessible. Basé sur un fait divers réel (Lily Tuck a elle-même rencontré Jim Thompson), moralement imprégné du désastre que représenta pour les Etats-Unis leur implication militaire en Asie du Sud-Est, Siam est un roman tranchant, tragique, élégant, dans la tradition de Graham Greene et de Joan Didion.

02/2012

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Critique littéraire

Engagements et déchirements. Les intellectuels et la guerre d'Algérie

Ce catalogue paraît dans le cadre d'une grande exposition conçue et réalisée à l'occasion du cinquantenaire de la signature de l'Indépendance algérienne (5 juillet 1962) du 15 juin au 15 octobre 2012 à l'Abbaye d'Ardenne. Au-delà des tabous et des silences, au-delà des partis pris, il est temps, grâce à des documents inédits, d'écrire une autre histoire de la guerre d'Algérie. Cette autre guerre, c'est celle des intellectuels. On oublie le plus souvent les débats, les causes et les combats qui les agitèrent alors, comme si tous avaient été, d'emblée et unanimement, anticolonialistes, comme si "le sens de l'histoire" s'était imposé, à moins que l'on ne cautionne l'opposition manichéenne et réductrice d'une gauche indépendantiste et d'une droite pro-Algérie française. Seul le manifeste des 121 (si tardif) reste dans les mémoires. Et pourtant, dès 1954, les esprits se mobilisent. Très vite, les dénonciations sont argumentées et les débats s'enflamment. Groupes, solidarités, réseaux, le paysage intellectuel français se reconstitue et recommence à croire en son pouvoir d'action. Textes visionnaires de Camus, de Mounier, de Ricoeur...détermination des protagonistes - de Sartre à Domenach, Vidal-Naquet ou Paulhan, de Fanon à Jeanson, de Petitjean à Rodenbach...engagement des revues, combats des éditeurs... Dans cette guerre des idées, le choix des mots fut crucial. Pour compléter cette approche originale de la guerre d'Algérie, un cycle de conférences et de rencontres sera programmé en juin 2012, avec de grandes figures d'intellectuels. 350 documents extraits des collections de l'IMEC mais aussi de fonds privés, vont permettre enfin une autre approche de l'histoire de ces engagements.

06/2012

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Religion

La vérité vous rendra libres. Hommage au Cardinal Georges Cottier, o.p. Théologien de la Maison Pontificale

" Je vous adresse mes plus vives félicitations à l'occasion de l'hommage qui vous est rendu et je m'y associe avec une particulière reconnaissance pour le travail que vous accomplissez avec dévouement depuis de longues années au service du Saint-Siège. Rendant grâce au Seigneur pour la mission particulièrement délicate que vous réalisez, je tiens à vous redire combien j'apprécie votre collaboration, marquée notamment par votre sens de l'Eglise et par votre souci d'approfondir inlassablement les mystères de la foi, selon les enseignements de saint Thomas d'Aquin et en prêtant une grande attention aux situations contemporaines ". Jean-Paul II. " Un trait original de ce livre d'hommage au cardinal G.-M. Cottier est qu'il rassemble des écrits qui ne portent pas seulement la lumière de la raison mais tout autant la chaleur du cœur. Ces noms, au renom souvent prestigieux, ont en effet répondu d'abord à l'appel d'une sorte de conspiration de l'amitié : on les sent heureux de se donner la main dans une grande chaîne d'affinités de l'esprit. " L'art - ou le devoir ingrat - du Père Cottier est de s'effacer le plus possible derrière la pensée des autres qu'il a souvent aidé à se préciser ou à s'habiller. Sa tâche de théologien de la Maison pontificale ne laisse pas deviner l'ampleur et la gravité des questions abordées au jour le jour. Prêtre disponible pour toutes les rencontres, attentif aux silences ou aux cris des malheureux et des pauvres, théologien en coulisse mais non en chambre, le Père Cottier garde la vigueur et la verdeur d'un regard circulaire qui embrasse les moindres recoins d'un monde en détresse ". Cardinal Roger Etchegaray.

09/2004

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Littérature française

Le commandement

Un soir de neige, un enfant, un petit mulâtre, vient trouver une vieille, et lui remet une liasse de lettres et de pages arrachées à des registres. Dans une langue étrange et avec le peu de mots qu'il a, il lui apprend le retour et la mort, tout près d'elle, dans une cabane sur la falaise, d'un fils qu'elle a autrefois envoyé en Amérique. C'est à peine si l'enfant parle, s'il dit ce qu'il a à dire, mais ce qu'il y a à entendre elle l'entend, elle et tous ceux qui cette nuit de neige sont rassemblés autour d'elle dans cette masure des coteaux de Nantes, et qui bientôt racontent, disent ce qu'ils savent. Et l'on se demande au terme de cette histoire d'amour et de soumission, de ces soumissions éperdues où la volonté n'a plus de place, ni le rêve d'une vie, qui donc ici est le véritable narrateur : ce " nous ", obscur, immémorial que l'on entend de la première page à la dernière, à la manière d'un chœur antique disant et accompagnant la fatalité. Ou cet enfant dont les silences sont comme autant de paroles, et des plus terribles. En arrière-plan de ce récit nourri des lettres du fils à la mère, et d'une marche à travers l'île aussi longue et obsédante que les années qui suivront, règnent les images silencieuses d'un univers étrange et cruel, celui des plantations au XVIIIe siècle, d'une solitude et d'un exil partout présents dans l'œuvre de Michèle Desbordes. Et comme dans La demande dont ce livre constitue, en une sorte de diptyque, l'exact pendant, un besoin éperdu d'éternité.

10/2001

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Littérature étrangère

Jernigan

Les enfants de l'oncle Sam ont mauvaise mine. Ils habitent dans le New Jersey des maisons blanches toutes pareilles. Le week-end, ils font des barbecue-parties autour de la piscine ou tondent la pelouse. Jernigan, lui, regarde pour la 125eme fois le même épisode de Star Trek en buvant une bière, allongé sur un sofa, dans le living de sa voisine. Il attend Dieu sait Quoi. Le quatre juillet, peut-être ? Ce jour-là - Independance Day, la fête nationale américaine -, sa femme Judith s'est tuée et le Dow Jones a atteint son niveau le plus bas depuis la crise de 29. Ce jour-là, sa vie s'est cassée. Depuis, il essaie de recoller les morceaux. Et c'est dur, très dur ! Comme Holden Caulfield, le héros de L'Attrape-Coeur, il monologue, faux cynique cachant sa sensibilité sous une désinvolture apparente. Comme lui, il rêve de se faire ermite au milieu des solitudes du New Hampshire. Oui, mais voilà : Jernigan a la quarantaine, son fils joue des trucs bizarres sur sa guitare électrique (" Hard Rock ? - Arrête, papa, tu n'y comprends rien ") et sa petite amie fait un mauvais trip. Pendant ce temps, l'Amérique glisse doucement vers la fin des années Reagan. C'est le krach de Wall Street et le crack dans la rue, la paupérisation des classes moyennes et la tiers mondisation des pauvres. Où sont passées les couleurs de la vie ? David Gates jette sur tout cela un regard aigu et sensible. Romancier, il est attentif à ce qui se passe entre les hommes et les femmes - attraction-répulsion, love streams, désirs, illusions -, les fils et les pères - amour fou, silences, responsabilités - les mères et les filles - fusion, rivalité, meurtre. Son livre est d'une nudité bouleversante. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par François Lasquin.

02/1993

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Théâtre

Trilogie familiale. La robe de ma mère ; Les mains de mon père ; Ma soeur

La robe de ma mère - Deux hommes sur une plage : il fait beau, le soleil est à son plus haut. Chacun a rendez-vous avec une femme qui n'arrive pas. Dans cette attente imprévue, ils parlent, pour passer le temps. Mais les banalités du quotidien cèdent bientôt le pas à de mystérieuses connivences. Les politesses d'usage se transforment en boutades, les silences gênés en sourires complices. Car les deux hommes ne sont peut-être pas aussi étrangers qu'on aurait pu le croire au départ... Les mains de mon père - Un homme dans sa voiture. Il va rejoindre son frère jumeau et sa mère pour leur pique-nique annuel à la mer. Il reçoit un texto de son père qu'il n'a plus vu depuis longtemps. Bouleversé, il réalise combien celui-ci lui a manqué après la séparation des parents. Tout en poursuivant sa route, il imagine ce que serait leur tête-à-tête lors d'un repas surréaliste où ils retisseraient le fil de leur relation interrompue et se persuaderaient de l'urgence de se revoir... Ma soeur - Comme chaque année, les frères jumeaux, aujourd'hui adultes, ont invité leur mère pour un pique-nique au bord de l'eau. Mais ils seront quatre cette fois car l'un des deux a revu son père et l'a convié à faire son retour dans le cercle familial. C'est le temps des explications sereines, des réconciliations autour d'un gâteau marquant l'anniversaire de naissance voici quarante ans de Marianne, la soeur morte à trois ans et demi. Ces trois pièces forment une trilogie avec des personnages récurrents, mais peuvent se découvrir en toute autonomie. Elles s'adressent à tous à partir de sept ans.

01/2018

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Littérature anglo-saxonne

Les gardiens du phare

Au coeur de l'hiver 1972, une barque brave la mer déchaînée pour rejoindre le phare du Maiden Rock, à plusieurs milles de la côte de Cornouailles. A son bord se trouve la relève tant attendue par les gardiens. Mais, quand elle accoste enfin, personne ne vient à leur rencontre. Le phare est vide. La porte d'entrée est verrouillée de l'intérieur, les deux horloges sont arrêtées à la même heure, la table est dressée pour un repas qui n'a jamais été servi et le registre météo décrit une tempête qui n'a pas eu lieu. Arthur Black, le gardien-chef de la Maiden, Bill Walker son irréprochable second et Vince, le petit nouveau, se sont volatilisés. Vingt ans plus tard, alors que la mer semble avoir englouti pour toujours leurs fantômes, les veuves des trois hommes, Helen, Jenny et Michelle, ne peuvent oublier cette tragédie. Au lieu d'être unies dans le deuil et le chagrin, elles ne cessent de se déchirer, accablées par le poids de silences, de rancoeurs et de remords bien trop lourds pour enfin tourner la page. Jusqu'au jour où un écrivain à succès les approche. Il veut entendre leurs versions de l'histoire et tenter de percer le mystère du Maiden Rock. Petit à petit, le vernis se craquelle, le sel de la mer envahit le présent, et les secrets profondément enfouis refont surface... Entremêlant le récit des derniers jours d'Arthur, Bill et Vince et les voix des femmes qu'ils ont laissées derrière eux, Les Gardiens du phare est un roman psychologique à couper le souffle. Une inoubliable histoire d'obsession et de solitude, d'amitié et de chagrin, qui explore la façon dont nos peurs brouillent la frontière entre le réel et l'imaginaire. Traduit de l'anglais par Emmanuelle Aronson

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Littérature française

Mes paysans [EDITION EN GROS CARACTERES

Je suis né à Saint Gayrand, toute petite commune du Lot-et-Garonne (rattachée à Grate-loup aujourd'hui), juste après la guerre, suite au retour de captivité de mon paysan de père. Dès mes premiers jours c'est la ferme de Couleau qui sera mon berceau, et dès mes premières années de scolarité c'est Laparade à 4 km, qui est mon village d'adoption. Avant de subir un véritable bouleversement, le monde paysan des années 50 a encore gardé ses paysages, ses haies, ses tas de fumier, ses poules, ses vaches, ses cochons, ses coups de gueule, ses silences, ses fourches et ses paniers de bois, ses sabots, ses cottes à bretelles, ses tronches, ses forces de la nature, ses petits secs nerveux, ses gestes, ses mots, son patois, ses bérets... Dans ce milieu les voix sont hautes, les présences fortes, les rencontres fréquentes imposées par les nécessités d'entraide pour certains travaux : moissons, vendanges, tabac... Ce monde maintenant disparu, ma génération sera la dernière à pouvoir en témoigner. J'ai voulu renouer les conversations avec ces paysans qui m'ont accueilli, élevé, construit et ont été des jalons précieux qui ont marqué le déroulement de ma vie et y associer quelques réflexions personnelles. C'est à vous, paysans des années 50 que je m'adresse. Comment l'enfant que j'étais a-t-il perçu votre présence ? Qu'est ce qui m'en est resté? Si l'on admet que les gens continuent à exister tant qu'il y a quelqu'un pour penser à eux, alors je tente de vous maintenir en vie en partageant ces conversations et pour vous remercier de tout ce que vous m avez apporté.

02/2022