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Béatrice Ferrier, Hubert Desplat

Extraits

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Théâtre - Pièces

Théâtre II, L'Ange au combat

Comme il le fera avec Nous avons les mains rouges, la pièce de théâtre L'Ange au combat est l'adaptation d'un de ses premiers romans, La Lucarne (1945), qui est le résultat de divers écrits, souvent autobiographiques, dont certains remontent à 1938, tandis que d'autres ont été rédigés pendant la "drôle de guerre" ou l'Occupation. Ce roman, à la "langue parlée" , met en scène Edouard Gallois, dont la vie ressemble beaucoup à celle qu'a connue Jean Meckert avant-guerre : à peine âgé de vingt-cinq ans, Edouard vit avec Gisèle dans un petit logement au septième étage d'un modeste immeuble parisien ; elle travaille dans une maison de publicité, alors que lui est au chômage et tente de gagner un peu d'argent comme camelot. Universaliste, il lutte pour la création d'une "armée de la paix" qui empêchera, en cette année 1939, la guerre qui s'annonce. Un engagement aux allures mystiques qu'il veut partager avec Gisèle qui ne le comprend pas, le méprise et tente de le tuer. La pièce, quant à elle, souligne le lien singulier d'Edouard, "un fou, un prophète, un type qui n'est pas comme tout le monde" , et de Lucette, dont l'amour "prend la vigueur d'un sacrifice et le poids d'une folie" . Face à eux, se dresse le conformisme de Gisèle qui se moque de leur naïveté et les rejette brutalement : "Tous les deux possédés ! Moi, j'ai peur, tu m'entends ! J'ai peur et je m'en vais ! Peur de vous tuer tous les deux ou de vous jeter des pierres ! " Meckert adresse une copie de l'adaptation pour la scène de La Lucarne à Gaston Gallimard en avril 1948, espérant une publication de sa pièce, puis une autre l'année suivante à Jean-Louis Barrault, lequel propose à la Radiodiffusion française de la jouer avec sa troupe. Proposition acceptée, L'Ange au combat est diffusé sur les ondes le 6 février 1 950. Mais la pièce ne sera jamais mise en scène.

01/2024

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Géopolitique

La Révolte

L'objection de conscience d'un ancien mercenaire de Wagner C'est la bataille de Deir ez-Zor, le 7 février 2018, qui aura tout changé pour Marat. Ce jour-là, les mercenaires de Wagner venus en Syrie pour combattre Daesh se retrouvent lancés dans un assaut contre les Kurdes, pourtant eux-mêmes adversaires déterminés de l'Etat islamique. Le combat sera meurtrier pour les soldats de fortune russes qui dénombreront deux cents morts que le Kremlin ne reconnaîtra jamais. Après une nuit blanche à réfléchir, Marat décide de tout remettre en cause. Pour qui se bat-il ? Pour qui accepte-t-il de servir de chair à canon ? Pour libérer la population syrienne de Daesh, comme on le lui a vendu, ou simplement pour soutenir le régime de Bachar al-Assad ? Déjà, auparavant, en mars 2018, le " nettoyage " sanglant de la Ghouta, un quartier des environs de Damas devenu un fief des opposants au pouvoir de Bachar al-Assad mais surtout à Daesh, avait ébranlé sa conscience de soldat. Le contact avec les populations, souvent pillées par l'armée régulière elle-même, l'intérêt exclusif des mercenaires russes pour l'argent avaient fait germer l'impression tenace de se trouver du mauvais côté. Malgré les risques encourus, Marat va démêler le fil des mensonges officiels et révéler les dessous d'une guerre sordide : intérêts particuliers des Présidents russe et syrien, incapacité de l'armée régulière à intervenir sur le terrain autrement que par des bombardements meurtriers... Enfin, son témoignage livre un portrait rare et inédit d'Evgueni Prigojine, le fondateur du groupe Wagner que Marat a beaucoup fréquenté à Saint-Pétersbourg : surnommé " Le cuisinier ", cet oligarque puissant et mystérieux serait l'un des " faucons " du Kremlin, capable de s'opposer frontalement au président Poutine pour amener le pays à épouser une ligne de plus en plus dure. Un livre essentiel pour comprendre la course folle où se trouve lancée la Russie d'aujourd'hui.

02/2023

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Espagnol apprentissage

Nationalisme et littérature en Espagne et en Amérique latine au XIXe siècle

Le recueil d'articles présenté dans ce volume regroupe les communications prononcées lors du Colloque International organisé en février 1980 par le Centre d'Etudes Ibériques et Ibéro-américaines du XIXe siècle, de l'Université de Lille III, sur le thème : Nationalisme et régionalisme dans la Littérature, l'Art et l'Histoire en Espagne et en Amérique Latine au XIXe siècle. Le sujet choisi n'était pas sans ambiguïté : il pouvait se référer, en effet, soit aux tentatives - très caractéristiques du domaine américain - faites pour se débarasser des influences culturelles étrangères et formuler une culture indépendante, propre, originale, soit au fait que les Lettres, l'Art et l'Histoire du monde ibérique et ibéro-américain apparaissent comme le véhicule - peu importait alors sa nature - du nationalisme ou du régionalisme au sens le plus défensif, ou agressif, qui est d'ordinaire celui de ces concepts. Il nous était apparu, d'autre part, que, tout bien pesé, cette ambiguïté première avait des chances d'être finalement féconde, dans la mesure où, pour exprimer et transmettre des idées de revendication nationaliste ou régionaliste, le producteur de texte pouvait être amené à chercher une forme nouvelle, originale et qui ne devait rien à personne. Et c'est ce qui arriva. L'Espagne du début et de la fin du siècle, envahie par le Français et subissant l'amputation de la Grande Ile présente, entre autres, des époques de crise riches en attitudes de nationalisme et de régionalisme, dans la pensée et dans la forme ; les nations en formation de l'Amérique ibérique, qu'il s'agisse de la première génération de l'Indépendance, de la vision libérale combattante du milieu du siècle ou de la querelle des Anciens et des Modernes qui marque la dernière décennie, en sont un ample et foisonnant terrain d'observation ; Les 14 études qui sont réunies (7 pour l'Espagne, 7 pour l'Amérique latine) sont, de cette problématique ambiguë et faussement dialectique, une intéressante et nouvelle illustration.

01/1982

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Jardinage

L'univers de Le Nostre. Les origines de l'aménagement du territoire

Né en 1950, Thierry Mariage est Architecte des Bâtiments de France au Domaine National de Versailles. Auteur du nouvel article Le NOTRE de l'Encyclopaedia Universalis, il donne dans le présent ouvrage élaboré dans le cadre d'un contrat de recherche avec l'état, voici une dizaine d'années, une vision innovante du jardin géométrique français. L'Univers de Le NOSTRE, c'est avant tout un contexte culturel, professionnel, économique, technique, qu'il fallait décrypter, quitte à dissiper quelques idées reçues. Le NOSTRE n'a pas surgi par enchantement, son grand-père était déjà notable de sa corporation. Il n'y a pas d'uniformité du jardin classique, ce dernier n'a strictement rien à voir avec DESCARTES, et les théoriciens, bien avant 1650, préconisent l'adaptation au site. Les géographes et les hydrauliciens ont aussi leur part, et oeuvrent au tracé des plus grands projets. Le rêve n'est pas absent, loin s'en faut, de ces grandes compositions qui irradient sur l'ensemble du pays, avec de réelles incidences formelles et réglementaires. Qu'il s'agisse de cartographie ou de gestion forestière, les grands parcs sont toujours associés aux objectifs nationaux, et ce sont les mêmes hommes d'état, les mêmes chercheurs, qui s'intéressent aux deux pans de ce qui ne constitue qu'un seul projet. Par l'éclairage qu'il dorme de cette genèse des tracés de jardins à l'échelle du territoire, et par les travaux qu'il a poursuivis comme intervenant au colloque ICOMOS d'octobre 1985 consacré à la replantation des jardins anciens, Thierry Mariage vient accréditer, au nom de la vérité historique, l'inéluctable renouvellement du couvert végétal de Versailles, dont les tempêtes de janvier et février 1990 ont souligné l'urgence par la chute d'environ 1500 arbres, dont l'obsolescence évidente était, et demeure une contradiction par rapport à l'esprit des concepteurs.

01/2003

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Littérature française

Homère est morte...

Ce livre a déjà été écrit par ma mère jusqu'à la dernière ligne. Tandis que je le recopie voilà qu'il s'écrit autrement, s'éloigne malgré moi de la nudité maternelle, perd de la sainteté, et nous n'y pouvons rien. Je décide d'incruster dans cette construction qui désobéit à maman des feuillets tirés de sa sainte simplicité. Le livre par excellence serait plein de livres et de ces photos magiques que l'on voit s'animer sous le regard d'un lecteur passionné, il s'ouvrirait sur des villes qui donneraient sur d'autres villes où ma mère aura séjourné. La plupart du temps on voit ma mère accrochée à moi d'une part et à sa canne de l'autre. Elle a le visage levé vers moi, elle me consulte d'un regard brillant, je lui souris et elle me croit. Je suis son père maternel. Et si elle avait été aussi grande que moi ? Ou plus grande ? J'ai trois cahiers dont Eve est la reine, la ruine, l'héroïne. Ma mère les a semés afin que je ne meure pas de sa fin pendant le premier désert. Eve n'a jamais rien fait exprès. Elle accorde. Elle laisse faire. Elle est la grâce même. Ces cahiers ont l'utilité qui est la vertu de ma mère Ils n'ont pas d'autre souci que d'accompagner les voyageurs et d'aider à mieux trépasser Quand maman me lancinait de février à mai, me disant continuellement aidemoiaidemoiaidemoi, des centaines de fois par jour, quand allongée dans sa barque elle me requérait, penchée sur elle, au plus étroit, après avoir abaissé les barreaux du lit de métal je disais avec une intensité égale à la sienne, "dis-moi ce que tu veux que je fasse pour toi, je le ferai". Et elle : "Rien." J'ai fait ces Riens. Les voici.

08/2014

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BD tout public

Double masque Tomes 5 et 6

Lundi 12 février. Le conseiller d'Etat, Réal, apprend à Bonaparte l'existence d'un complot visant à l'éliminer. Des noms sont cités : Cadoudal, Pichegru, Moreau. L'ordre sera donné d'arrêter ces deux derniers. Jeudi 1er mars. A la liste des comploteurs s'ajoute un nom illustre : le duc d'Enghien. Sans qu'aucune preuve solide ne soit avancée. Juste des présomptions, des recoupements hasardeux. Le samedi 10 mars, ordre est donné aux généraux Ordener et Caulaincourt d'arrêter le duc d'Enghien à Ettenheim où il réside. Le lieu se trouve sur la rive droite du Rhin. A l'aube du 21 mars. Le duc d'Enghien est exécuté dans les fossés du chateau de Vincennes. Pour Fontanes, président du Corps législatif (et d'autres), cette exécution fut une faute. C'est pire qu'une erreur. Vendredi 13 avril. Le Conseil privé adopte le principe de l'hérédité et le titre d'empereur pour le général Bonaparte. Le vendredi 18 mai, le Sénat adopte le sénatus-consulte qui élève Bonaparte à l'Empire. Dans la nuit du 9 au 10 septembre, d'après Mme de Rémusat et Constant, il aurait eu une crise d'épilepsie. L'information n'est pas vérifiée. Aurait-il mis, cette nuit-là, sur son visage le masque de sa destinée, et ce masque l'étouffa-t-il ? Dimanche 25 novembre. A Fontainebleau, rencontre prévue, codifiée dans ses moindres détails, entre Bonaparte et le pape Pie VII. Le lendemain, un grand dîner sera offert au pape. Qui se montre réservé. Il ne faudra pas lui en demander plus face aux souhaits - ou exigences - de son hôte. Samedi 1er décembre. Le Sénat, en présence du Conseil d'Etat, déclare la dignité impériale héréditaire dans la descendance légitime de Napoléon ou de ses frères. Le cardinal Fesch célèbre le mariage religieux de Napoléon et de Joséphine. Dimanche 2 décembre. Cérémonie du sacre. Stendhal, parmi bien d'autres, y assiste. Bonaparte devient Napoléon. Notre histoir s'arrête là. L'année suivante, ce sera la victoire d'Austerlitz.

02/2014

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Critique littéraire

Correspondance. 1934-1968

" Il va sans dire que lorsque la question se posera : les quelques centaines de lettres qu'il m'a écrites [sic] sont à la disposition de celui, celle ou ceux qui assumeront la responsabilité de son "héritage" littéraire " (lettre 695). Ce post-scriptum de la lettre d'Armand Petitjean écrite le 10 octobre 1968, au lendemain de la mort de Jean Paulhan, et reçue par Dominique Aury, dernière compagne du directeur de La Nouvelle Revue française, reflète bien la préscience historique et la sensibilité de l'auteur. Ce corpus de presque sept cents lettres s'échelonne sur plus de trente ans, de 1934 à 1968. Le lecteur assiste de près à une véritable et passionnante aventure intellectuelle à travers la période la plus turbulente du XXe siècle : les journées de février 1934, le Front populaire, l'Anschluss, la crise de Munich, la " Drôle de Guerre ", la défaite, l'Occupation, la Libération, les débuts de la Guerre froide, la résurrection de La NRF en 1953, la crise algérienne, l'établissement de la Ve République... Indissociable de cette aventure intellectuelle, et actrice aussi capitale que les deux hommes, s'illustre La NRF elle-même, déjà bien établie en tant qu'institution politico-culturelle. Qu'apprend-on à la lecture de ces lettres, en sus de leur inestimable valeur historique ? Pardessus tout, il s'agit de l'amitié. Dès le début, les deux hommes ont conscience d'être sur la même longueur d'ondes. Comme dans toute amitié qui dure, il y a pourtant des querelles et même des menaces de rupture. Des différences vont les opposer, notamment sous l'Occupation. Tour à tour, les lettres révèlent l'humour partagé, la franchise, la fidélité, l'intelligence de cette amitié, en dépit des colères, des vicissitudes, des réconciliations qui la soumettent à l'épreuve. Aléas du destin, aléas de l'histoire, complicités et discussions, exigences à l'égard de soi, à l'égard de l'ami, affection indéfectible : la correspondance de ces deux hommes nous livre enfin ses richesses, sa complexité humaine et historique.

01/2011

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Sciences historiques

L'autobus et Paris. Histoire de mobilités

Berceau de l'automobile et ville identifiée à son métro, Paris semble aujourd'hui réserver à son réseau d'autobus un rôle secondaire. Un sentiment que ne pouvait partager le Parisien du XIXe siècle, marqué par l'image de l'omnibus Madeleine-Bastille, inséparable de la figure célébrée du boulevard. L'autobus aurait donc été victime d'une mobilité urbaine qui s'est massifiée. Il n'a pourtant pas rejoint la longue liste des modes disparus, des tramways aux bateaux omnibus. Comment expliquer cette adaptation d'un système de transport ancien à une société urbaine qui s'est industrialisée ? A quel prix l'autobus s'est-il maintenu dans le jeu parisien ? Quelle métamorphose le métro et l'automobile lui-ont ils fait subir ? Au-delà de l'image contemporaine d'un mode plutôt dominé, l'autobus n'a-t-il pas lui aussi joué les maîtres de la chaussée et les fers de lance de la technique ? Quelle est donc cette souplesse qui caractérise l'autobus, dans les discours et les perceptions ? Comment se combine-t-elle avec les évolutions de l'espace public ? Le regard proposé ici se porte sur des épisodes rarement mis en avant, des conflits mondiaux aux manifestations de février 1934, l'exceptionnel permettant souvent de révéler la place de l'objet technique dans la société. C'est plus généralement à une plongée dans l'écosystème des modes de transport parisiens qu'invite cet ouvrage. Leurs relations, faites d'alliances, d'oppositions et d'hybridations, y sont explicitées et analysées. Au long de ce livre, le contrepoint de Londres permet de saisir les enjeux d'identité et de construction sociale qui caractérisent les relations entre une ville et ses modes de transport. En se fondant sur l'idée de mobilité urbaine, cet ouvrage propose donc une réflexion sur ce que pourrait être une autre histoire des transports, intéressée aux voyageurs et aux images sociales, autant qu'aux éléments couramment étudiés que sont les chiffres de fréquentation et le matériel roulant.

01/2011

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Histoire de France

Marie Stuart. "En ma fin est mon commencement"

Marie Stuart est une incontournable et fascinante figure de la Renaissance. Fille de Jacques V roi d'Écosse et de Marie de Guise, une grande princesse française, Marie naquit en Écosse le 8 décembre 1542. Son père mourut aussitôt. Elle fut sacrée reine d'Écosse à l'âge de neuf mois et reçut trop jeune les plus glorieux hommages. Sa singulière beauté et son orgueil tracèrent les fatales arabesques de cette existence hors du commun. Mariée à François II, fils du roi de France Henri II et de Catherine de Médicis, Marie connaît la gloire et l'enchantement de vivre à la somptueuse cour des Valois. Veuve à dix-huit ans, elle veut à toute force régner sur son lointain royaume: l'Écosse. Seule en une cour de lords calvinistes, avides, hostiles, convoitant sa beauté et surtout sa couronne, Marie va rencontrer la trahison. Elle se mariera deux fois, mal. Elle épouse, au mécontentement de sa cousine, pire ennemie Elizabeth 1ère, le décevant lord Darnley dont elle aura un fils, le futur Jacques I roi d'Angleterre. Subjuguée par le séduisant comte de Bothwell, Marie bascule dans la passion. Bothwell assassine Darnley et épouse Marie Stuart au mécontentement des lords et de la cour. Des péripéties sanglantes suivent ce mariage qui déclenche la révolte des lords. Marie Stuart commet alors la folle imprudence de croire à l'hospitalité de sa cousine Elizabeth 1ère, l'implacable reine-vierge. Elle ignore que vingt années de dures prisons anglaises l'attendent. Elles aboutiront à son procès et à son exécution à Fotheringhay, le 10 février 1587. Son héroïsme devant la mort, la décapitation non sans cruauté, a impressionné même ses ennemis. Elle allait avoir quarante-cinq ans, reine déchue qui avait brodé sa devise en ses années de captivité : En ma fin est mon commencement. Pour ses fervents alliés, elle demeure fidèle à son sacre et fut la martyre de sa foi catholique. Elle est entrée pour toujours dans le mythe.

03/2007

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Romans historiques

Thibault, gueux de Provence

Quel destin peut espérer un gueux en plein Moyen-Age ? Quand Thibault naît dans un petit village de Provence, entre Nîmes et Bagnol-sur-Cèze, Jehanne, sa mère, devine en lui un souffle de vie meilleure. En ce début du XII, siècle, les hommes sont rudes, batailleurs et règlent volontiers leurs différends à coups de gourdin ou de coutelas. Aussi, lorsque Thibault, simple brassier, se venge du riche fermier qui lui a volé Ysabel sa promise, il doit s'exiler à Avignon, le gros bourg voisin où il trouvera la chaleureuse hospitalité de Daimbert, un maître maçon. Pendant ce temps, la société féodale se transforme : une poussée démographique sans précédent exige plus de terres cultivables. Les nobles, qui ont besoin d'argent pour construire leurs châteaux ou gagner Jérusalem en croisades, distribuent de nouvelles tenures à leurs paysans et ouvrent des essarts au milieu des forêts. Thibault en profite pour regagner son village et demander un fermage là où tous se contentent d'un simple manse. L'intendant du seigneur lui allouant une terre réputée incultivable, le jeune homme entreprend un combat farouche pour réaliser son rêve et améliorer sa condition. Si la vie de Thibault est le récit d'une belle ambition, c'est aussi une grande histoire d'amours : l'amour de Jehanne qui le croit promis à de hautes destinées, l'amour inconditionnel de Guillhem, le prêtre qui l'éduque et cache un lourd secret, l'amour absolu de la Muette, une gueuse qu'il épouse par nécessité mais qui, à force de tendresse, se fait aimer de lui. Et par-dessus tout, dans le roman de Guy Charmasson, éclate l'amour de la terre car Thibault est l'un de ces innombrables paysans, nos ancêtres, qui ont façonné notre terroir et pour lesquels un champ n'est pas une simple étendue cultivable mais une partie de l'histoire familiale écrite avec de la sueur, de la fatigue et parfois du sang.

03/2006

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Littérature française

Le buveur de temps. Romans & récits intimes

"Il y a du bonheur à voir rassemblés les livres que l'on a écrits tout au long de sa vie. Ce bonheur se double de la sensation d'un privilège quand il s'agit d'une collection prestigieuse et familière. Etre en "Bouquins", c'est un concept. Une occasion de s'interroger, aussi. Est-ce que je suis vraiment en "Bouquins" ? Et est-ce que je suis vraiment en bouquins ? Même sans majuscule, le s est de rigueur, puisqu'il y aura en l'occurrence deux "Bouquins", celui-ci qui regroupe mes romans et textes intimes, et un second qui sera celui des textes courts. C'est l'occasion aussi de saluer la chance, qui m'aura permis de poursuivre aussi longtemps un chemin d'écriture, et de rencontrer des éditeurs et des lecteurs. Chance amusée de peser un peu lourd dans les mains, après tant de volumes si minces. Mais quoi, à défaut de se laisser aller à l'embonpoint, c'est bon de pouvoir peser cela, de pouvoir se dire oui, ma vie avait peut-être ce sens-là. Etre en bouquins. Le Buveur de temps. C'est le titre d'un de mes premiers romans, et cela pourrait être aussi la définition d'une attitude et d'un regard qui valent pour tout ce que j'aurai fait. Il ne s'agit pas de prétendre à quelque mainmise sur le temps, mais d'une tendance plutôt constante à essayer de l'apprivoiser, voire à le déguster quand il se peut." Philippe Delerm. Ce volume contient : La Cinquième Saison ; Un été pour mémoire ; Le Buveur de temps ; Autumn ; Les Amoureux de l'Hôtel de Ville ; Mister Mouse ou la Métaphysique du terrier ; Sundborn ou les Jours de lumière ; Monsieur Spitzweg : Il avait plu tout le dimanche, Monsieur Spitzweg s'échappe, Quelque chose en lui de Bartleby ; Le Portique ; La Bulle de Tiepolo ; Elle marchait sur un fil ; Entrées libres ; Le Miroir de ma mère ; A Garonne ; Ecrire est une enfance ; Journal d'un homme heureux.

09/2020

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Critique littéraire

Le genre humain N° 54 : Alain Fleischer, écrivain

Lorsque qu’en compagnie de Jean-Pierre Vernant, Jacques Le Goff, François Jacob et d’autres, Maurice Olender crée en 1981 la revue "Le Genre Humain", il précise d’emblée que, si dans cette série de volumes collectifs on pourra lire des textes de scientifiques (historiens, sociologues, ou biologistes, démographes et statisticiens), on y découvrira aussi des écrivains et des poètes. C’est ainsi que Georges Perec publiait dans la revue Le Genre humain son célèbre texte "Penser/classer" (dernier texte publié de son vivant, en février 1982). M. Olender avertit ses lecteurs dans l’ouverture du volume (n°1) intitulé La Science face au racisme : "C’est entre science et société que l’on pourra découvrir régulièrement un texte d’écrivain, de poète, qui explorera les arcanes de la langue, grande révélatrice des représentations sociales et laboratoire des catégories de la pensée". Ainsi, peut-on lire dans les volumes du Genre humain des pages inédites de Paul Celan, Yves Bonnefoy, Nancy Huston et tant d’autres. Après avoir consacré un numéro à Jean Pierre Vernant, ce nouveau volume porte sur un homme dont l’oeuvre protéiforme surprend quelquefois la critique tant sa richesse est inhabituelle dans le paysage international aujourd’hui : en effet, Alain Fleischer est un cinéaste (plus de 300 films avec des rétrospectives programmées sur les cinq continents), photographe (innombrables expositions) et plasticien qui a répondu aux commandes de l’architecte Jean Nouvel avec qui il travaille régulièrement. Le présent volume est consacré à Alain Fleischer écrivain, où la mémoire, l’oubli et les "angles morts" de la Shoah sont omniprésents. Découvert comme écrivain par Denis Roche, Alain Fleischer a publié une cinquantaine de livres dont une douzaine de titres importants au Seuil, notamment dans la collection « Fiction & Cie » : La Femme qui avait deux bouches (1999) ; Les Angles morts (2003), La Hache et le Violon (2004), L’Amant en culottes courtes (2006).

08/2013

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Histoire internationale

Algérie : de la théorie à la pratique du complot

Ce livre est le fruit d'une étude de plus de 20 ans concernant la situation algérienne. Après avoir lu quasiment toute la littérature concernant le drame de la décennie sanglante, l'auteur du livre nous explique comment le régime militaire au pouvoir - issu de la colonisation et plus exactement de la promotion Lacoste - a massacré près de 250 000 Algériens en réalisant un coup d'Etat militaire après la victoire du parti islamiste au premier tour des élections législatives de décembre 1991. Sous couvert de protection de la démocratie et du salut de l'Algérie, les militaires au pouvoir, à leur tète le service de renseignements du DRS, ont tout fait pour aggraver la situation en refusant toute négociation de paix ; ceci afin de continuer de piller l'Algérie en toute tranquillité. Ils ont créé de toutes pièces un ennemi intérieur fictif très violent qui occupera l'attention de tous pendant une décennie. Les preuves sont nombreuses, recoupées et vérifiables par tous. Le peuple algérien n'est jamais tombé dans ce panneau grossier, il a depuis toujours crié haut et fort lors des manifestations "Pouvoir assassin" ! Ceci bien avant la publication des nombreux ouvrages dont celui du bras droit du colonel Smaïn Lamar ! , Mohamed Samraoui, ou bien celui du membre des forces spéciales Habib Souaidia, ensuite ce sera celui d'Abdelkader Tigha... La révolution du 22 février 2019 a permis également de lever le voile sur de nombreux complots d'Etat. Le temps va également permettre de faire la lumière sur les assassinats de l'ex-président Mohamed Boudiaf, des moines de Tibéhirine, de l'ex-Premier ministre Kasdi Merbah... et de bien d'autres victimes que le pouvoir a attribués aux islamistes alors qu'il en était entièrement responsable avec la bénédiction de l'Occident ! Alors que la Doxa occidentale tente de décrédibiliser toute réflexion sur ces questions cruciales en accusant l'adversaire de " théoricien du complot ", il existe des populations entières qui ont été massacrées, torturées, pillées... victimes de la pratique des complots les plus sanguinaires.

11/2019

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Critique littéraire

Pauca intelligenti. Stendhal blanc sur noir, 2e Edition revue et corrigée

Au moment où Julien Sorel fait face à ses accusateurs, il déclare : "Messieurs, je n'ai point l'honneur d'appartenir à votre classe, vous voyez en moi un paysan qui s'est révolté contre la bassesse de sa fortune." Le Rouge et le Noir. Et si, à partir de cette citation, on se posait les questions suivantes : - Quel est ce "Noir" ? Quel est ce "Rouge" ? A la veille de la rédaction du roman, deux problèmes fondamentaux concernant les Noirs en France ne sont toujours pas réglés, la traite négrière et l'abolition de l'esclavage. Qu'en savait Stendhal ? D'après Anna Jasinski, "Difficile à dire - mais on devine, sans risque d'une erreur majeure, qu'il devait en savoir quelque chose". Autrement dit : il y aurait dans le "Noir" stendhalien du Nègre, et de son sang, dans le "Rouge". C'est ainsi, à partir d'une étude détaillée et complexe des textes de Stendhal, que l'auteur formule des interrogations, émet des hypothèses et ouvre des pistes sur les opinions de l'écrivain face à ses contemporains sur l'Afrique et ses habitants. Pourquoi en effet Stendhal associe-t-il, à plusieurs reprises dans ses textes, les Africains avec les Italiens (ce "peuple sublime") ? D'où venait cette idée et que pouvait savoir Stendhal des Africains pour les évoquer ainsi ? Autant de questions que l'auteur nous propose d'étudier en alliant recherche et suppositions pertinentes. Il s'agit ici d'un ouvrage qui fait preuve d'un grand souci d'honnêteté dans la recherche historique, alliant une érudition solide à un grand sens de la littérature. A titre d'exemples le Discours à la Chambre de Benjamin Constant à propos de la traite des Noirs (séance du 27 juin 1821) et le magnifique sonnet de William Wordsworth en hommage à Toussaint Louverture : "Toussaint, toi le premier élu par le malheur !" (Sonnet publié dans le Morning Post, le 2 février 1803).

01/2014

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Critique littéraire

Histoire de la littérature belge francophone (1830-2000)

Parmi les littératures dites francophones, la littérature belge occupe une place particulière. Proches géographiquement et culturellement de la France, citoyens d'un État " jeune ", ses écrivains n'ont cessé de chercher à marquer leur différence avec Paris tout en subissant son attraction. C'est une histoire renouvelée de cette littérature (la première publiée en France) qui est proposée ici. Prenant comme point de départ la création de l'Etat belge sous le patronage des puissances européennes en 1830, l'ouvrage, plutôt que de traiter de grandes périodes ou de genres principaux, s'attache à une cinquantaine d'événements relevant tantôt de la vie littéraire au sens strict (publication d'une œuvre ou d'une revue marquante, signature d'un manifeste...), tantôt du contexte plus largement culturel, politique ou social. Autant d'événements qui permettent de comprendre à la fois l'originalité, l'évolution et les contradictions d'une littérature nationale dont l'identité et la définition ne vont pas de soi. Chaque chapitre se présente sous la forme d'un petit essai et est suivi de rapprochements avec d'autres dates et d'autres pistes de lecture. Le lecteur pourra de cette façon naviguer à sa guise dans le volume. Il peut ainsi aller du 3 février 1856 (où Félicien Rops fait paraître le premier numéro d'Uylenspiegel) à 1995 (quand Une paix royale vaut à Pierre Mertens d'être traduit en justice), en passant par 1893 (date de la mise en scène de Pelléas et Mélisande par Lugné-Poe), 1929 (la naissance de Tintin), 1931 (le lancement de la série des Maigret) ou encore 1966 (les adieux de Brel à la scène)... Au fil de ces explorations, le lecteur rencontrera des noms qui lui sont familiers, tels Maeterlinck, Verhaeren, Simenon, Michaux ou encore Hergé. Cette histoire réunit un nombre important de chercheurs, tant de la Belgique (francophone et néerlandophone) que de l'étranger, qui témoignent de la richesse des études menées aujourd'hui sur la littérature belge.

10/2003

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Littérature française

Des fenêtres sur l'océan

La coque noire et effilée du Djemnah, armé pour la ligne Singapour-Japon, brillait sous le soleil blafard de février. Ils étaient là, sur le quai, adossés au mur du hangar. Le froid leur mangeait le nez et les joues. Les mains rugueuses dans les poches, la langue figée, ils piétinaient le sol gelé. Ils étaient une trentaine, agglutinés autour de leur balluchon comme des corneilles sur un arbre dénudé, le visage fermé par la gravité d'un moment décisif. Ils avaient perdu le flegme des années insouciantes et dans leur regard mobile, perçait plus d'anxiété que de vigilance et de curiosité. Ils attendaient... Antonio s'était éloigné de ses compagnons. Il avait serré le col de son veston, posé son barda au pied d'un mât et grimpé dans les cordages. Il n'avait plus de mots mais une boule dans la gorge qui gonflait et l'étouffait. Son amour blessé. Le Djem na avançait et s'arrachaient de lui, le Piémont, son village, sa famille, ses amis et... Marta. Marta qui ne l'aimait plus, partie avec l'autre cazzo. Où était-elle ? Que faisait-elle, la puttana ? Le continent reculait et derrière lui, à des milliers de kilomètres, au bout de l'immensité, se trouvait une fie, française et sauvage. Une fie dont il ne connaissait rien : La Réunion ; un nom sur un papier où il avait apposé sa signature... Lorsqu'Angelo, jeune Réunionnais du bas de la rivière Saint-Denis, fait la connaissance d'Antonio, un Piémontais, il n'imagine pas à quel point cette rencontre va peser sur le cours de sa vie. Dans la société coloniale des dernières années du XIXe siècle où la construction du chemin de fer fait désormais partie de la vie des Réunionnais, nous plongeons dans le quotidien d'un adolescent, de sa famille, de son quartier. Avec en filigrane, l'histoire des Italiens venus percer les tunnels.

03/2019

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Histoire de France

Au coeur de la Révolution. Mes années de Russie 1917-1927

Russie, 1917-1927 Limougeaud, mais peu attiré par le métier de céramiste, Marcel Body devient apprenti typographe. Le mort de Tolstoï en 1910 lui fait découvrir l’oeuvre de celui-ci, et il se met à apprendre le russe. Cette connaissance du russe lui vaudra, une fois sous les drapeaux, de faire partie d’un groupe d’instructeurs qui arrive en Russie après la révolution de février 1917. A la fin de l’été de 1918, avec trois autres membres de la Mission militaire française qui, comme lui, désapprouvent l’intervention armée de la France contre le pouvoir soviétique, il rejoint le tout petit groupe communiste français créé à l’instigation des bolcheviks pour mener une action de propagande en faveur du nouveau régime. Plongé dans l’action au cours des années de révolution qui suivent, il n’en garde pas moins un regard critique sur les événements et, surtout, sur les conditions de vie de la population. De la guerre civile, notamment en Ukraine, à la préparation et à la tenue des premiers congrès de l’Internationale communiste, puis à son affectation au ministère des Affaires étrangères, il rend compte de façon vivante et personnelle. En 1921, quoique déjà critique vis-à-vis de l’évolution du régime, il est nommé à la représentation soviétique à Oslo. A partir de 1922, il y travaillera aux côtés d’Alexandra Kollontaï, militante de premier plan de l’opposition interne du Parti communiste soviétique qui s’était manifestée au cours des années précédentes. En 1927, Marcel Body rentra en France et fut exclu du Parti communiste français en 1928. Il trouva alors d’autres cadres pour poursuivre son combat pour l’émancipation collective. Rédigé en 1980 avec le concours d’Alexandre Skirda, ce livre de Marcel Body est un témoignage de premier ordre sur les événements et la vie quotidienne de la période révolutionnaire et sur l’évolution du régime.

11/2015

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Histoire de France

Ardennes 1944. Le va-tout de Hitler

Novembre 1944. La guerre semble perdue pour une Allemagne prise en étau entre les Russes sur la Vistule et les Alliés à sa frontière occidentale. Hitler se convainc qu'une contre-offensive éclair en Belgique pourra faire éclater la coalition anglo-américaine et lui donner le temps de déployer ses armes secrètes. Une concentration militaire de grande ampleur est organisée en secret dans les Ardennes belges, là où le front tenu par les Américains est le plus vulnérable. Le 16 décembre, sous la poussée inattendue et brutale de deux armées de panzers, le front est enfoncé sur cinquante kilomètres. Nombre d'unités américaines se replient en désordre, mais d'autres résistent héroïquement dans des températures qui tombent à moins 22 degrés avant Noël. Plusieurs unités américaines sont encerclées à Bastogne, alors que le mauvais temps empêche toute opération aérienne de ravitaillement ou de renfort. Froid glacial, pénurie de vivres, massacres de prisonniers, cadavres piégés, représailles contre les civils, combats rapprochés, amputations à la chaîne, snipers, 5e colonne : du 16 décembre 1944 au 4 février 1945, les Ardennes sont le théâtre d'une guerre totale qui mettra hors de combat 80000 soldats américains et sensiblement le même nombre du côté allemand. En pure perte. Ayant sacrifié ses meilleures unités et ses dernières réserves contre une armée dont il a gravement sous-estimé les ressources matérielles et morales, Hitler a joué son va-tout et perdu. Une fois de plus, Antony Beevor excelle à multiplier les points de vue. Son récit alterne en permanence entre les niveaux politique, stratégique, tactique et individuel. Nourri d'une documentation impressionnante, il nous fait vivre cette lutte à mort telle que la vécurent les états-majors, les officiers sur le terrain et les hommes du rang - des deux côtés -, sans oublier les civils, avec cette empathie dépourvue de jugement moral qui est sa marque de fabrique. Antony Beevor rend à cette bataille, l'une des plus féroces et des plus inutiles de la Seconde Guerre mondiale, sa juste place dans l'histoire terrible de ce conflit.

09/2015

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Histoire de France

Louis Pierre Dufaÿ. Conventionnel abolitionniste et colon de Saint-Domingue (1752-1804)

Louis Pierre Dufay est inconnu de la plupart des dictionnaires ou doté d'une brève biographie très erronée, par exemple la notice du Dictionnaire des conventionnels d'Auguste Kuscinski lequel écrivait très justement à son propos : «Les documents que nous avons consultés sur ce personnage... sont tellement contradictoires qu'il est bien difficile d'y démêler la vérité». On connaît mal sa vie avant son second voyage à Saint-Domingue (aujourd'hui Haïti), qui se situe en 1792 et guère mieux son action à partir de l'an III. Devenu le collaborateur fidèle de Sonthonax et Polverel qui ont mis en place une politique antiesclavagiste dans un contexte particulièrement difficile de guerre raciale et étrangère, il a tout naturellement été l'ennemi des colons de Saint-Domingue attachés au maintien de l'esclavage. Les colons n'ont jamais accepté son élection en qualité de député de la partie nord de Saint-Domingue en septembre 1793, élection qui l'a amené, à la tête d'une délégation tricolore (Dufaÿ, Mills, Belley), après bien des péripéties, dignes d'un roman d'aventures, à emporter l'adhésion des députés de la Convention le 16 pluviôse an II (4 février 1794), et à entraîner ainsi le vote de l'abolition de l'esclavage. A partir de documents d'archives, essentiellement, conservés à Paris aux Archives nationales (dans les séries D III, D XVV, AF 7, F 12 et le Minutier central des notaires, par exemple), et de rares imprimés notamment à la Bibliothèque nationale, mais aussi aux Archives de la Seine, et aux Archives d'Outre-mer à Aix-en-Provence (en particulier pour l'état civil et les actes notariés de Saint-Domingue), l'auteur a reconstitué l'itinéraire de ce personnage. Le résultat est surprenant et très contrasté : il n'est ni le diable que décrivent les colons ni l'apôtre que soutiennent les abolitionnistes, même si l'abbé Grégoire le cite parmi «les hommes courageux qui ont plaidé la cause des malheureux Noirs et Sang-mêlés».

04/2015

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Histoire ancienne

Visions de l'Occident romain. Hommages à Yann Le Bohec, 2 volumes

Ces deux volumes sont composés de communications dues à des collègues et amis, spécialistes de divers aspects de l'histoire antique, en France et à l'étranger. La préface a été rédigée par le Professeur André Laronde, spécialiste de la Libye et disparu en février 2011. Les contributions concernent essentiellement l'Afrique et l'armée romaine, deux thèmes centraux dans les recherches et l'oeuvre du Professeur Yann Le Bohec, auxquels il faut ajouter la Gaule. Plusieurs articles ont pour thème la religion en Afrique, l'onomastique, les toponymes, mais aussi l'économie ou la numismatique. A propos de l'armée romaine, les auteurs se sont penchés sur les grandes figures historiques que sont César et Alexandre, mais aussi sur les routes, l'armement, les soldats et leur religion, Flavius Josèphe ou la Notitia Dignitatum, sources fondamentales pour notre connaissance de l'armée impériale. La Gaule et la Germanie ne sont pas oubliées non plus. Né à Carthage, Yann Le Bohec a été Assistant puis Maître-assistant à l'Université Paris X-Nanterre (19721985), Docteur ès-lettres (1982), Professeur à l'Université de Grenoble II (1985-1989), Professeur à l'Université Jean Moulin Lyon III (1989-2001). Il a été élu Professeur à l'Université Paris IV-Sorbonne le 1er septembre 2001 et il est professeur émérite. Specialiste reconnu de tous,Yann Le Bohec a publié une vingtaine de livres et plus de cent cinquante articles sur l'Afrique, sur l'armée romaine. mais aussi sur la Gaule. Il a participé à des chantiers de fouilles à Alba, Arlaines, Jublains et Mirebeau. Il a revu et publié les inscriptions des Lingons, vient de terminer le corpus des inscriptions des Eduens. Epigraphiste, il a étudié de nombreux textes et il s'est longtemps occupé de la bibliographie analytique de l'Afrique du Nord. Il a aussi organisé et édité de nombreux colloques et il est à l'origine du Congrès international de Lyon sur l'armée romaine qui a lieu tous les 4 ans.

01/2012

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Droit

Mélanges en l'honneur du professeur Dominique Rousseau. Constitution, justice, démocratie

Constitution, justice, démocratie Depuis près de quarante ans, Dominique Rousseau diffuse sans relâche, par ses écrits et ses enseignements, une pensée constitutionnelle riche et rigoureuse tout en affichant une réelle adhésion aux principes et aux valeurs de la démocratie libérale. A l'heure où celle-ci traverse l'épreuve de la montée des populismes, il figure toujours parmi les grandes plumes et les voix les plus influentes du droit constitutionnel pour défendre et sauvegarder l'héritage et l'esprit du constitutionnalisme issu de la philosophie des Lumières. Après avoir longuement enseigné à Montpellier où il fonda le Centre d'études et de recherches comparatives constitutionnelles et politiques (CERCOP), il est désormais professeur émérite de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne où il a dirigé ces dernières années l'Institut des sciences juridique et philosophique de la Sorbonne (ISJPS). Le sillon qu'il a creusé tout au long de son parcours a pleinement contribué à renouveler, à la faveur de la montée en puissance de la justice constitutionnelle en France et en Europe, notre regard sur le droit constitutionnel. Membre honoraire de l'Institut Universitaire de France et du Conseil supérieur de la magistrature, président du Tribunal constitutionnel d'Andorre, il a concilié sa réflexion académique et théorique avec un engagement sincère au service des institutions garantes de l'Etat de droit. Dominique Rousseau méritait naturellement que sa carrière fût couronnée par un ouvrage collectif dédié à ces trois notions essentielles qui font battre le coeur des sociétés ouvertes : la Constitution, la justice et la démocratie. Ses collègues et amis ont tenu à le souligner en contribuant à la rédaction de ces Mélanges. Prix de souscription des Mélanges : 119 ? Prix public après parution : 159 ? Date limite de souscription au tarif préférentiel de 119 ? : 23 janvier 2020 Date limite de souscription pour figurer sur la liste des souscripteurs (imprimée en fin d'ouvrage) : 28 février 2020

07/2020

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Art du XXe siècle

Art brut et bande dessinée

La Collection de l'Art brut à Lausanne proposera du 16 septembre 2022 à fin février 2023 une belle exposition sur le thème " art brut et bande dessinée ". Cette exposition, dont le commissariat a été confié à Erwin Dejasse, aura comme volonté de souligner les liens intimes entre écriture et image dans les oeuvres d'Art Brut, en rassemblant divers travaux qui s'apparentent d'une façon ou d'une autre à la bande dessinée. Pour accompagner cette exposition, un catalogue regroupant environ 150 illustrations couleurs par une trentaine d'artistes (dont Henry Darger, Daniel Johnston, Jean Leclercq ou encore Dominique Théate) sera publié grâce à une collaboration inédite entre la Collection de l'Art Brut et les éditions Atrabile. "Tout semble à priori séparer l'Art Brut de la bande dessinée. D'un côté, des réalisations généralement produites à l'abri des regards extérieurs et, de l'autre, une forme de création que l'on associe souvent à ses héros les plus populaires, icônes d'une culture de masse déclinées sur de multiples supports. Pourtant, de nombreux créateurs d'Art Brut se sont emparés de l'imagerie et des codes de la bande dessinée, les ont remodelés sans vergogne pour les intégrer à leurs imaginaires propres. Les liens entre ces deux domaines d'expression sont en réalité riches et multiples ; tous deux partagent bien des traits communs qui les invitent à dialoguer. Alors que l'art du XXe siècle s'est largement émancipé du narratif au profit de recherches formelles ou de démarches conceptuelles, d'innombrables oeuvres d'Art Brut montrent avec éloquence que les images conservent toute leur capacité à produire des récits. D'autre part, bande dessinée et Art Brut, ont aussi la particularité de briser la frontière instituée entre le visible et le lisible - le dessin se lit et le texte se regarde - tout en convoquant une hétérogénéité de signes : onomatopées, bulles, collages ou pictogrammes". (Texte issu d'une présentation de l'exposition par la Collection de l'Art brut de Lausanne)

09/2022

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Histoire naturelle

Chlorophylle & bêtes de villes. Petit traité d'histoires naturelles au coeur des cités du monde, Tome 2

Les villes étaient notre royaume. Puis nous y avons croisé les bêtes. Oiseaux, papillons, renards, sangliers, hérissons et kangourous ont surgi et sont devenus citadins comme nous. La révolution continue. Volubile mais silencieuse, Sa Majesté Chlorophylle marche sur la ville. Hôte, cuisinière et architecte, la Plante entre en scène. Le lotus sacré de Bangkok navigue-t-il mieux sur les rivières d'asphalte ? Le haricot parisien nous préviendra-t-il à temps de la pollution de l'air ? A Tel-Aviv, les plages bruyantes rendent-elles vraiment sourdes les belles de nuit ? Les chèvres urbaines vont-elles grimper aux arbres de parking ? Et le roi des papillons mexicains fera-t-il avec la verge d'or son grand retour dans nos villes ? Chlorophylle et ses bêtes nous instruisent. Sur le pavé, elles parlent d'architecture et de géopolitique, de mondialisation et d'ancrage local à la terre, d'inventions et d'innovations, de culture, d'histoire, d'espoir. Et d'amour. Grâce à ces nouvelles histoires naturelles, l'architecte Nicolas Gilsoul nous entraîne dans un jubilatoire voyage au pays du Vivant. Son école buissonnière, savante et joyeuse, souligne la fragilité de notre monde et réenchante nos villes. Chevalier de l'ordre des Arts & des Lettres, Nicolas Gilsoul est architecte, paysagiste et docteur à l'Institut des sciences et industries du vivant et de l'environnement à Paris. Professeur à l'Ecole nationale supérieure d'architecture Paris- Malaquais, il enseigne de Zurich à Bruxelles. Lauréat de l'Académie de France à Rome, pensionnaire de la villa Médicis, il a remporté de nombreux prix d'architecture. En 2018, il publie avec Erik Orsenna Désir de villes chez Robert Laffont, dans lequel il explore entre autres les tréfonds de la ville Terrier et les cimes de la ville Canopée. En 2019, il livre sa vision d'une ville refuge, partagée et vivante dans son essai Bêtes de villes paru chez Fayard. Ses petits traités d'histoires naturelles des villes dessinent en chemin de fascinantes perspectives sur le nouveau milieu naturel de l'humanité.

03/2022

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Communication - Médias

Hermès N° 90 : L'Europe, d'incommunications à la guerre

Directeur de la publication Dominique Wolton Numéro coordonné par Gilles Rouet et Yohann Turbet Delof L'Europe, entre incommunications et guerres L'Union européenne est certainement le plus grand projet politique pacifique réalisé depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Une volonté claire, forte, affirmée, consciente, fait rare dans l'Histoire, porte ce projet, depuis la création du Conseil de l'Europe en 1949. La construction de l'Union est une négociation permanente, à 6, 10 ou 27 Etats membres, une conjugaison des différences. Les incommunications ont été et sont toujours autant de chances de dialogue et d'intercompréhension. Les hésitations, désaccords, conflits s'inscrivent dans un processus permanent de construction politique et sociétale. Ce sont en effet les confrontations et les différences qui nous permettent de vivre et d'avancer ensemble. Les réussites sont nombreuses et peu valorisées : un marché unique ; une monnaie unique ; des droits et protections des Européens, droits humains, du numérique, des consommateurs, etc. ; une politique ambitieuse d'aide humanitaire ; une Europe de la santé qui naît dans des conditions de crise. Dans d'autres domaines, il faudra poursuivre encore, collectivement, pour une Europe sociale, de l'enseignement, de la culture... Incommunications, divergences, négociations... c'est ainsi que l'Europe avance et réussit ! Mais l'acommunication, c'est-à-dire la rupture, peut mener à la guerre, ce que nous vivons actuellement à la frontière de l'Union européenne en Ukraine. A l'occasion de la présidence française de l'Union début 2022 et des 70 ans du Parlement européen, alors que ce sujet est presque absent du débat public en France comme dans d'autres pays membres, ce numéro revient sur les réussites et les échecs de la construction européenne, avec, grâce ou à cause des incommunications. Mais 2022, trente ans après la fin des conflits en ex-Yougoslavie (1991-2001), est aussi l'année du retour de la guerre sur le sol européen, avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février 2022. Gilles Rouet et Yohann Turbet Delof

10/2022

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Droit des sociétés

Raison d'être des entreprises et sociétés à mission. L'entreprise au-delà du capitalisme

C'est une révolution calme, certes, mais une vraie révolution sociétale que la loi Pacte a engagée. Au-delà du droit, c'est en effet un nouvel espace qui s'ouvre pour équilibrer les relations entre Etat, entreprises et individus ; un espace qui permet de construire au-delà du capitalisme à un moment où les effets de la pandémie mondiale ont créé, de facto, les conditions du changement. Cet ouvrage collectif ne prétend pas résoudre l'apparent paradoxe entre attentes de changements profonds sur le long terme et envie d'immédiateté de résultats, mais bien de mettre en lumière les enjeux juridiques, humains et sociaux, en particulier la responsabilité de l'entreprise et de ses dirigeants, qu'emportent les nouvelles notions établies par la loi du 22 mai 2019. Les témoignages des experts en ressources humaines, en théories des organisations, des investisseurs, des économistes et des dirigeants, contributeurs à cet ouvrage, permettent d'appréhender les défis inédits dévoilés par la définition des raisons d'être et des missions pour l'entreprise. Ils livrent des regards différents et complémentaires sur la nouvelle finalité des entreprises et des institutions : leur raison d'être. Ce sont des pionniers engagés qui témoignent de leurs choix, du chemin qu'ils ont parcouru et parfois entamé bien avant que la loi n'existe, et des attentes nées de ce changement. Ont contribué à cet ouvrage : Jean-Paul Agon, Jean-David Aurange, Ludovic Aventin, Jean-Paul Berthomé, Christophe Bonduelle, Franck Carnero, Sophie Chambon- Diallo, Yves Chapot, Hervé Coureil, Jean-Marc Daniel, Bruno Dondero, Emmanuelle Duez, Charlotte Duthoo, Geneviève Férone-Creuzet, Ashley Grice, Nicolas Guérin, Armand Hatchuel, Martin Hitzer, Augustin Jaclin, Emery Jacquillat, Sophie Javary, Eric Labaye, Kevin Levillain, Caroline de la Marnierre, Adeline Lescanne Gautier, Helle Frank Lieutaud, Didier Martin, Colin Mayer, Lynn Paine, Alissa Pelatan, Alexandre Perra, Fanny Picard, Floriane de Saint Pierre, Blanche Segrestin, Julie Serrier, Dominique Stucki, Thibault de Tersant, Mathias Vicherat et Franck Wismer.

04/2021

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Elu local

Le métier d'élu local. Statut, pouvoirs et transparence

Nouvelles compétences, nouveaux rôles, nouvelles obligations : près de 40 ans après l'acte I de la Décentralisation promettant l'adoption du statut de l'élu local, un état des lieux s'impose quant à la place de l'élu dans la République et les territoires. Nouvelles compétences d'abord, les lois décentralisatrices ont multiplié les transferts de compétences au profit des collectivités territoriales conduisant à faire peser sur les élus de lourdes responsabilités tout en accentuant la complexité de leur charge. Nouveaux rôles ensuite dans la mesure où, à cette multiplication des fonctions, s'est ajoutée la modification de la figure de l'élu local, allant du notable au technocrate en passant par le professionnel, le négociateur, le conseiller. Les risques liés à l'exercice d'un mandat local, toujours plus nombreux, exigent qu'on envisage sérieusement la protection juridique des élus des collectivités territoriales. Nouvelles obligations enfin, car, plus que jamais, les élus locaux doivent rendre compte de leurs actions, un effort de transparence et de déontologie étant exigé d'eux depuis quelques années, notamment quant à l'usage des moyens matériels et financiers mis à leur disposition. Les contributions rassemblées dans cet ouvrage interrogent ainsi le métier d'élu local d'aujourd'hui. Il s'agit d'un thème en perpétuelle évolution comme l'attestent les nombreux textes adoptés ces dernières années en la matière (loi du 27décembre 2019 relative à l'engagement dans la vie locale et à la proximité de l'action publique ; loi du 31mars 2015 visant à faciliter pour les élus locaux l'exercice de leur mandat ; loi organique du 14 février 2014 interdisant le cumul de fonctions exécutives locales avec le mandat de député ou de sénateur ; loi du 11octobre 2013 relative à la transparence de la vie publique). Ainsi, cet ouvrage ne manquera pas d'intéresser aussi bien les chercheurs et les étudiants que les élus, de même que les agents publics ou les citoyens, désireux d'apprendre ou d'approfondir leurs connaissances des mécanismes politiques et juridiques de la vie locale.

03/2021

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Sciences politiques

Landru. Le prédateur aux 283 conquêtes

Henri Désiré Landru. Ce petit bonhomme, presque insignifiant, au dos un peu vouté et dont la calvitie bien avancée contraste avec une éclatante barbe abondamment fournie, sera cependant un véritable bourreau des coeurs et un redoutable tueur en série de la Belle Epoque... Rien dans ce personnage pour le moins controversé n'évoque immédiatement la personnalité criminelle d'un grand prédateur. Et pourtant ! Ses proies préférées seront des veuves de guerre ou des femmes ayant quelques minces économies. Car Henri Désiré Landru fut, n'en doutons pas, un redoutable séducteur et un amant de qualité, s'il faut en croire les témoignages de quelques rares rescapées ! Pas moins de dix femmes et un jeune homme vont tomber entre les griffes du monstre au cours de la Première Guerre mondiale (1914-1918). Onze est le nombre de victimes officiellement recensées, mais on s'accorde à penser que ces malheureuses femmes seraient bien plus nombreuses en réalité ! Ces personnes, dont les corps furent vraisemblablement découpés en petits morceaux avant d'être incinérés dans la cheminée de Vernouillet ou la cuisinière à charbon de Gambais, sont à rapprocher des 283 conquêtes féminines levées et parfois même chaleureusement aimées par Henri Désiré Landru... Après un procès aussi atypique que médiatique, en novembre 1921, il sera exécuté à Versailles en février de l'année suivante. Mais, faute d'aveux et de preuves matérielles, aucun corps n'ayant été découvert à ce jour, il subsiste - plus de cent ans plus tard - bien des doutes et des interrogations. Une folle pensée vient alors à l'esprit : et si Landru était réellement innocent des onze crimes reprochés ? Pour la réalisation de cet ouvrage, l'auteur a repris entièrement l'enquête initiale sur la base de l'énorme procédure de l'époque, bien incomplète et parfois à la limite des règles du droit ! Il a ainsi fait quelques découvertes bien surprenantes...

05/2019

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Littérature française

L'erreur

Un homme accède à la trentaine dans des conditions insolites et qui vont bouleverser sa vie. Revenant dans sa ville natale, il y apprend qu'elle est chaque année le théâtre d'événements précis : régulièrement l'état civil y enregistre deux suicides. Cette ville est Blida, en Algérie, celle-là même que Gide appelait "petite fleur du Sahel" et que le héros ne semble pas voir avec les mêmes yeux que ceux de l'auteur des Nourritures. Deux suicides, donc, sont attendus ; mais lorsque Georges Caran arrive à Blida, le premier est déjà survenu ; l'attente du second va faire naître - ou précipiter - cette rupture que chaque homme consomme quand il lui faut prendre son parti de n'être plus jeune. Cependant ici les conditions sont particulières et la rupture est à leur mesure. Comme le délai de cette attente est fixé - les deux suicides ont toujours lieu entre février et août - Georges Caran n'a plus que deux mois pour savoir qui sera le second. Pendant cette période, il se pensera doué d'une lucidité singulière qui l'écartera de ses amis, le conduira à l'échec en amour et le mènera à la poursuite désespérée d'une vie qu'il croit inséparable de l'inconscience, de l'injustice et de la violence. Ceci n'est pas le récit d'un cas, mais d'une situation. Le héros ne diffère du reste des hommes qu'en peu de choses. Né sous un ciel où la vie passe pour être plus précipitée, peut-être a-t-il plus que d'autres le don de jouir des petites choses. Une joie l'habite, qui se développe, physiologique, indépendamment de ses idées et même de ses sentiments. Cette joie ne l'a pas quitté tandis qu'il partageait avec ses contemporains les malheurs de l'époque : la guerre, l'injustice sociale, la persécution de ses amis ; elle va l'abandonner sous la contrainte d'un événement digne du siècle des statistiques. C'est seulement l'événement qui fera peu à peu du héros un cas.

10/1988

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Biographies

Molière et la musique. Des états du Languedoc à la cour du Roi-Soleil

On ignore généralement l'importance que la musique revêtait dans la famille du jeune Molière né en 1622 et qui le marqua dès sa jeunesse. Ecrivain, comédien, metteur en scène, Molière était également danseur et musicien. Nombreuses sont les pièces où il introduisit musique et danse, s'y distribuant un rôle chanté (il avait une voix de basse). Pour plaire au roi, grand amateur de danse et danseur lui-même, il créa la comédie-ballet en collaboration avec Lully avec lequel il produisit de nombreuses comédies : Les Fâcheux (1661), Le Mariage forcé (1664), La Princesse d'Elide (1664), L'Amour médecin (1665), La Pastorale comique (1667), Le Sicilien ou l'Amour puni (1667), Georges Dandin (1668), Monsieur de Pourceaugnac (1669), Les Amants magnifiques (1670), Le Bourgeois gentilhomme (1670), Psyché (1671), Le Ballet des ballets (1671). Après sa rupture avec Lully, Molière fit appel à Marc-Antoine Charpentier qui travailla à la reprise de certaines pièces et à la création du Malade imaginaire en 1673. Le 17 février de cette même année, à la 4ème représentation de la pièce au théâtre du Palais-Royal, Molière, qui tenait le rôle d'Argan, tomba terrassé. Il n'avait que 51 ans. Avec ce livre, on suit également Molière dans sa vie itinérante entre 1645 et 1658 dans diverses régions de France. On découvre aussi que son art qui combine un nouveau langage théâtral ouvert sur la musique et la danse, vise à une fusion esthétique, expression du baroque le plus abouti au sein même du classicisme du Grand Siècle. Une oeuvre qui, en 400 ans, n'a pas pris une ride. Les différentes rubriques de ce livre sont dues à des historiens de la littérature, de la musique et de la danse, sous la direction de Catherine Cessac, directrice de recherche émérite au CNRS. Parmi ses divers ouvrages, citons Marc-Antoine Charpentier en 2004 et La duchesse du Maine (1676-1753), entre rêve politique et réalité poétique (Classiques Garnier, 2016).

03/2022

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Géopolitique

Russie, le logiciel impérial

L'offensive de la Fédération de Russie contre l'Ukraine, lancée le 24 février 2022, a surpris, par son ampleur, tous les observateurs du monde russe et post-soviétique. Les analyses de ce conflit sont multiples et contradictoires. Plusieurs grilles de lecture reviennent néanmoins : démocratie (ukrainienne) contre autoritarisme (russe), nation (ukrainienne) contre Empire (russo-soviétique), Europe-Occident (Ukraine) contre Eurasie (Russie), émancipation (ukrainienne) contre oppression coloniale (russo-soviétique), société civile (ukrainienne) contre Etat oppressif (russe)... Or, une question est toujours évacuée ou oubliée, c'est celle de l'Etat. Pour la Russie comme pour tous les pays de son ancien " empire " , la construction de l'Etat et la hantise de son effondrement sont centrales. Cet ouvrage vise à resituer ce conflit dans la longue continuité de l'Etat russe moderne (Empire russe, URSS, Fédération de Russie). Il faut revenir sur la dynamique impériale qui a présidé à sa création et à l'expansion géographique progressive de l'Etat russe depuis le XVe siècle pour analyser et comprendre le présent. Titulaire d'un doctorat et d'une HDR (Habilitation à Diriger les Recherches) en science politique à l'IEP de Paris, Jean-Robert Raviot est professeur de civilisation russe et soviétique à l'Université Paris-Ouest Nanterre La Défense depuis 2000. Au cours des années 1990, il a effectué plusieurs séjours de longue durée en URSS puis en Russie : à l'Institut de l'économie mondiale et des relations internationales de Moscou (IMEMO), à l'Institut de sociologie de la section sibérienne de l'Académie des sciences de Russie à Akademgorodok (région de Novosibirsk) ainsi que des missions plus ponctuelles dans les républiques du Tatarstan (Volga) et du Bachkortostan, ainsi que dans d'autres régions de Russie. Il a dirigé les Collèges universitaires français de Saint-Pétersbourg (1997-1998) puis de Moscou (1998-1999). Il est auteur de plusieurs ouvrages, dont "Démocratie à la russe" (Ellipses) et "Russie, vers une nouvelle guerre froide ? " (Documentation Française)

02/2024