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Dominique Gaulme

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Religion

Les chrétiens dans al-Andalus. De la soumission à l'anéantissement

L'invasion arabo-musulmane de l'Espagne wisigothique, initiée en 711 pour culminer en 719 avec la conquête de la Gaule narbonnaise, a été l'événement aux conséquences les plus considérables de l'histoire d'Espagne. On oublie souvent que, pendant des siècles, la majeure partie de la population fidèle à la religion chrétienne et la minorité juive ont été soumises à un régime de très forte discrimination. Celui-ci reposait sur la ségrégation sociale, l'absence de liberté religieuse, l'exploitation économique et fiscale, l'immersion culturelle et, en cas de protestation ou de révolte, sur la plus sévère répression. La dureté de ce régime s'est accentuée au fil du temps et a fini par provoquer, dès le XIIe siècle, la complète disparition des communautés chrétiennes et juives d'al-Andalus. Ce livre offre une vision complète de la situation de ces chrétiens espagnols, appelés mozarabes, unique peuple européen médiéval à avoir vécu pendant tant de générations sous la rigueur de la dhimma. Attachés au mythe des Trois Cultures, de nombreux auteurs ont préféré jusqu'ici ne retenir que les aspects prétendument aimables de cette situation, comme la liberté de culte limitée et la relative autonomie interne des communautés chrétiennes, afin de tenter de délégitimer le processus de Reconquête, véritable matrice de la nation espagnole. Il permet, à l'inverse, de mieux faire connaître la réalité de la vie des chrétiens d'al-Andalus, loin des rêves et falsifications intéressées qui alimentent le mythe de la convivialité pacifique entre cultures et religions construit en marge de la vérité de l'histoire. Rafael Sánchez Saus est professeur d'histoire médiévale à l'université de Cadiz. Il a été doyen de la faculté de philosophie et de lettres de l'UCA (1999-2004) et recteur de l'université San Pablo CEU de Madrid (2009-2011). Membre de l'Académie royale hispano-américaine des sciences, des arts et des lettres, dont il a été le directeur, il est aussi directeur de la Cátedra Alfonso X el Sabio. Auteur d'une douzaine d'ouvrages, considéré comme l'un des meilleurs spécialistes de la frontière entre maures et chrétiens dans l'Espagne médiévale, il a été découvert par le grand public hispanique à l'occasion du succès de la version espagnole de ce livre Al-Andalus y la Cruz (2016).

02/2019

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Tourisme France

Haute-Loire Chemins d'écrivains

Haute-Loire Chemins d'écrivains réunit plus d'une centaine d'auteurs ayant un point commun avec la Haute-Loire. Textes longs, simples citations, évocation d'un roman, Les cerfs-volants de Romain Gary, d'une recherche scientifique, celle d'Alphonse Aulagnier, ou d'une tragédie, la bataille du mont Mouchet. La présentation se veut démonstrative et quelquefois impertinente. Les écrits sont vrais ou imagés, les auteurs racontent des histoires sans pour autant être des historiens. Les poètes abordent Les chouans du Velay sans faire d'histoire. Des historiens enlégendent, d'autres se montrent scientifiques, tel Faujas de Saint-Fons. Mais il y a le souffle. La Haute-Loire est partagée entre Velay, Brivadois, Gévaudan et Vivarais. Les écrits, accompagnés de photos, suivent le fleuve emblématique, la Loire suscitant l'émotion d'André Siegfried. Ils décrivent le Velay oriental d'essence granitique, le Plateau Vivarais-Lignon, les volcans, Chapteuil et le Mézenc, le Pradellain vers les pays du Gévaudan avant d'aborder le deuxième fleuve, plus majestueusement sauvage, l'Allier, de Langeac à Brioude. Passer du coq à l'âne, c'est à la façon d'Arthur Young, débouler de Paulhaguet à La Chaise-Dieu, Craponne et l'Arzon avec le retour vers les sucs de l'Yssingelais, pour terminer avec Paul Fort dans le bassin du Puy-en-Velay. Ce département est fait d'histoires depuis la Gaule et César, en passant par les effroyables guerres de Religion, les auteurs s'en inspirent. Elle sont inscrites dans les villes et villages, les châteaux en ruine ou en majesté, les églises, pyramides de montagne d'un pays très croyant. L'histoire c'est aussi la Révolution des Jacobins et l'Empire avec Barrès. Des personnages surgissent, Philibert Besson, Mandrin, La Fayette, celui de Joseph Delteil. On retrouve Jules Vallès avec le forgeron Jean Malézieux, Jean Lacouture, Jules Romains, Pierre Emmanuel, Claude et Jacques Lanzmann, Albert Camus, mais aussi Simone Weil, Pierre Monatte, le syndicaliste... La Haute-Loire des écrivains c'est celle des femmes et des hommes, des vies. Georges Chanon a choisi des textes sur les gens, l'économie du pays, la façon de travailler la terre et d'en survivre, les métiers et la dentelle, l'industrie, la langue d'oc, et la danse et la ripaille, Gabriel Bayssat, et les auteurs content et mythifient à n'en plus finir.

11/2010

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Histoire ancienne

Antipolis, la ville romaine. Architecture et urbanisme (Ier siècle av. n. è. - Ve siècle de n. è.)

Etablissement indigène, agglomération hellénistique puis ville romaine... Antibes peut s'enorgueillir d'un riche passé. Entre 2011 et 2013, ses vestiges ont été étudiés par une équipe de chercheurs dans le cadre d'un Projet Collectif de Recherche intitulé "Antipolis, des origines ou royaume des Francs". Le présent ouvrage concerne l'époque romaine durant laquelle Antibes était la première ville de Gaule et de la province de Narbonnaise... pour qui venait d'Italie. Une importante quantité de données nouvelles, dues à l'essor de l'Archéologie préventive à la fin des années 1990, permettent aujourd'hui d'éclairer de manière significative la ville antique. Toutefois, plusieurs domaines étaient déjà documentés, et parfois depuis longtemps. En témoignent la stèle de l'enfant danseur Septentrion, connue dès le XVIe siècle et, de manière moins spectaculaire, les nombreux vestiges découverts souvent fortuitement, inventoriés en fin d'ouvrage. L'objectif du PCR a été de rassembler cette documentation ancienne et récente. Le retour aux sources écrites et au terrain, ainsi que la découverte de documents nouveaux, ont conforté la présence de deux édifices de spectacle et celle d'un vaste monument conservé sous le château. L'habitat privé s'est enrichi de la découverte d'une nouvelle domus, témoignage du cadre de vie des élites. L'étude des décors (pavements, peintures murales) souligne leur grande qualité. Avec la vaste opération préventive du Pré aux Pécheurs, réalisée en 2012, on en sait désormais davantage sur le port d'Antipolis. Parallèlement, un important travail a été mené sur le mobilier des découvertes anciennes conservé au musée. L'étude de la céramique a permis d'assoir quelques chronologies, ponctuellement précisées par des datations par archéomagnétisme et luminescence entreprises sur l'édifice présent sous le château. Les résultats de ces efforts conjugués apparaissent à la lecture des synthèses. Particulièrement, l'aspect des différents quartiers a été précisé ainsi que le cadre de vie des habitants. Les auteurs ont également pu mettre en évidence les orientations de la trame urbaine et tenter une approche des principales évolutions d'Antipolis, une ville romaine restée modeste mais empreinte encore d'un dynamisme certain à la fin de l'Antiquité. L'exposé des résultats montre les multiples directions dans lesquelles la réflexion peut désormais s'engager. Beaucoup reste à faire. Cette publication doit être considérée comme un état des connaissances ouvert à de nouvelles fouilles à venir.

01/2019

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Archéologie

La villa gallo-romaine de Grigy à Metz

Ce nouveau supplément à Gallia, consacré à la villa romaine de Grigy à Metz (Moselle), synthétise les résultats d'une fouille préventive conduite en 2011 sur une superficie de 5 ha, en périphérie de la ville. Les recherches ont permis la reconnaissance intégrale de la partie résidentielle et des infrastructures de production d'un vaste domaine agricole de la cité des Médiomatriques, qui se développe et est occupé entre la fin du Ier s. av. J. -C. et le début du Ve s. apr. J. -C. La fouille a donné lieu à de nombreuses études et analyses, avec l'intervention d'une vingtaine de chercheurs qui ont notamment contribué à caractériser cer-taines activités : outre de multiples indices en lien avec l'agriculture et l'élevage, des aménagements en bois remarquablement bien conservés ont ainsi pu être mis en relation avec une très probable production artisanale de vannerie et de textile. Cette étude de cas offre une image précise de l'évolution d'un grand établis- sement rural romain, dont toute l'emprise a pu être dégagée, ce qui est excep-tionnel en France. Fondés sur une approche exhaustive et pluridisciplinaire, les résultats constituent un exemple particulièrement illustratif des apports majeurs de l'archéologie préventive, et font de cette villa un jalon important dans l'histoire des recherches sur les campagnes romaines en Gaule Belgique. Sous la direction de Gaël Brkojewitsch, archéologue territorial au Pôle archéologie préventive de Metz Métropole, chercheur associé sous convention au Centre Camille- Jullian (UMR 7299, Aix-Marseille Université, CNRS, et ministère de la Culture). Spécialiste de la période romaine en Méditerranée occidentale, il étudie actuellement plusieurs villae romaines sur le territoire d'Aléria (Haute-Corse) et à Piantarella (Corse-du-Sud), et coordonne un projet collectif de recherche sur l'occupation romaine des Bouches de Bonifacio. En Moselle, il a dirigé une cinquantaine d'opérations préventives tant en contexte rural qu'en milieu urbain. Avec Guillaume Asselin, Renata Dupond, Elise Maire, Sandrine Marquié, Simon Sedlbauer, du Pôle archéologie préventive de Metz Métropole, et Ludovic Trommenschlager, de l'Ecole pratique des hautes études et de l'université de Lille. Et la collaboration de Valentina Bellavia, Michaël Brunet, Geneviève Daoulas, Christian Dreier, Emilie Gauthier, Nicolas Garnier, Gaëtan Jouanin, Marc Leroy, Kristell Lemoine, Alexia Morel, Stephan Naji, Antonin Nüsslein, Willy Tegel, Stéphanie Wicha. Sous la direction de Gaël Brkojewitsch

05/2021

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Histoire de la BD

Uderzo. Comme une potion magique

Ce catalogue accompagne l'exposition "UDERZO. Comme une potion magique" , présentée au musée Maillol de Paris du 17 avril au 30 septembre 2021, sous la direction de la famille Uderzo. COMME UNE POTION MAGIQUE par Ada & Sylvie Uderzo : "Nous avions cru que, pour une fois, le destin lui avait joué un mauvais tour. Alors que toute la Gaule était entrée en confinement depuis une semaine à peine, au petit matin du 24 mars 2020, Albert Uderzo s'est endormi pour toujours, nous laissant seules, incapables de saisir la signification de son départ. Car personne n'est jamais vraiment préparé à cette mise en abîme, jamais. Avec le recul, nous avons compris que le destin lui avait offert, en réalité, ce qu'il désirait : s'en aller le plus discrètement possible, comme il avait tenté de vivre toute sa vie. Lui ne percevait pas la réalité de son parcours, l'arc incroyable qui lui avait permis de partir d'un point zéro pour atteindre les étoiles. Nous retrouvant avec ses dessins, avec ses personnages et avec sa célèbre signature, nous nous sommes interrogées sur ce qu'il aurait aimé que nous fassions. Rendre un hommage à sa carrière sans équivalent nous a très vite paru être une obligation, un besoin, une nécessité. Comme une potion magique. Une exposition devait en être le point d'orgue. La bande dessinée, longtemps considérée comme un art mineur, mérite aujourd'hui d'entrer dans les musées. Le musée Maillol, au coeur de Paris, était le parfait écrin pour accueillir ses planches, ses dessins, ses couvertures, qui, pour la plupart, n'étaient jamais sortis de son bureau. Nous souhaitions que, comme nous, les lecteurs des albums découvrent l'envers du décor, les coulisses du travail acharné auquel il s'était astreint toute sa vie. En soixante ans de carrière, de 1945 à 2005, il a tant crayonné, encré, souvent colorisé, que de Zartan à Astérix, en passant par Clopinard, Arys Buck, Jehan Pistolet, Luc Junior, Oumpah-Pah, Tanguy et Laverdure et tant d'autres jusqu'à Astérix, Obélix, Idéfix, nous voulions que le public puisse saisir la vraie dimension de son travail. Offrir à ses lecteurs de six à quatre-vingt-dix ans la possibilité de partager un moment privilégié avec lui. Car il nous répétait qu'il devait tout à son public. De la Vénétie à Lutèce, " Uderzo. Comme une potion magique " vous fera voyager au coeur de ses bulles... "

05/2021

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Religion

PREDICTIONS DE SOEUR YVONNE-AIMEE DE MALESTROIT. Une vérification exceptionnelle dans l'histoire de ce charisme

Peut-on prédire l'avenir ? Non, disent Bergson, et les théologiens classiques : sauf intervention mystérieuse du Dieu transcendant. En général on ne parle des prophéties qu'après leur réalisation, et le texte peut y avoir été conformé après coup. Ainsi, la plupart des exégètes pensent-ils prudent de ne dater les textes des prophéties bibliques qu'après réalisation. - Connaissez-vous des cas où la prédiction ait été écrite avec certitude antérieurement à la réalisation ? a demandé l'abbé Laurentin aux Bollandistes. - Nous n'en connaissons pas, a répondu le doyen. Les prédictions d'Yvonne-Aimée constituent donc un cas unique : une première. 1. Ses prédictions ont été écrites avant l'événement, par obéissance : La critique historique, la graphologie et les expertises en écriture le prouvent absolument. 2. Il s'agit souvent d'événements imprévisibles : en 1922, Yvonne-Aîmée a vu des hommes en vert envahir la France, tandis que des " cylindres " tombaient sur les villes. L'armée allemande n'avait pas encore adopté l'uniforme vert. Les prédictions précisent la date de la Deuxième Guerre mondiale : 1939. Yvonne a prévu ses 5 décorations de guerre, dont la Légion d'Honneur, que de Gaulle tint à lui remettre personnellement, et le " grand général " qui vint " la saluer " lui aussi, à l'occasion de la sixième. Elle a prédit à ses amis et à ses ennemis (des inconnus), la date de plusieurs morts, etc. 3. Elle l'a prédit sans rien y comprendre. Elle était humiliée d'écrire par obéissance de telles folies. Et cela éclaire la nature même des prophéties, y compris bibliques. 4. Ces prédictions ne sont pas une performance de diseuse de bonne aventure. Elles ont un rôle fonctionnel pour sa vie, pour sa mission, pour la France et pour le monde. La guerre mondiale a été " abrégée " lui dit Jésus et conduite à un dénouement heureux, grâce à l'offrande qu'elle avait faite de sa vie. Ce dossier invite à prendre au sérieux les charismes extraordinaires d'Yvonne-Aimée, que certains avaient déclaré surfaits, illusoires, voire hystériques. Mais surtout, ces prédictions ne sont que le surcroît d'un amour extraordinaire et d'une union hors série avec le Christ. Yvonne-Aimée m'a fait comprendre, disait Mgr Picaud (qui fut désigné, pour être son censeur et son directeur de conscience) jusqu'où Dieu peut aller, dans sa familiarité, pour qui vraiment se donne à Lui. C'est l'ultime leçon de cet incroyable, rigoureux... et passionnant dossier.

10/1995

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Histoire de France

Les compagnons de l'ombre. Les services spéciaux français face à l'histoire, 1940-1945

Les Compagnons de l'Ombre est né de la volonté commune de la DGSE et de l'ordre de la Libération, à l'occasion des 80 ans de l'Appel du 18 juin, de rendre hommage aux cinquante membres des services spéciaux français qui perdirent la vie dans la lutte contre l'envahisseur nazi, et dont l'engagement et le sacrifice furent récompensés par l'attribution de la croix de la Libération. Certaines figures sont déjà connues du grand public, à l'image de l'emblématique Pierre Brossolette ou du grand philosophe Jean Cavaillès, mais leur parcours est ici envisagé sous l'angle inédit de leur appartenance aux services secrets français, passés dans l'Histoire sous le nom de BCRA. D'autres figures, restées quasi inconnues, émergent enfin de l'ombre qui entoura le combat souterrain des "soutiers de la gloire", selon les termes de Brossolette. On découvre avec ces cinquante Compagnons de la Libération des figures singulières : de Jacques Voyer qui ment sur son âge pour s'engager dans la France libre à Henri Drouilh, qui à plus de 50 ans,embarque pour des opérations aériennes clandestines au-dessus de la France occupée. De Pierre Briout, l'ajusteur devenu saboteur, à Roger Coquoin, directeur du laboratoire de chimie de Paris, de Georges Lamarque, un déçu du pétainisme,à Henri Labit, un des engagés de juin 1940,du colonel Gentil, ancien combattant des deux guerres mondiales issu de l'armée d'Armistice, à Albert Kohan ou Jan Doornik, qui, sans même être nés français, combattent pour les valeurs de la France. Tous, cependant, se ressemblent par leur volonté de combattre dans la clandestinité pour libérer la France, à l'image d'Honoré d'Estienne d'Orves qui préfère affronter l'indignité de la condamnation pour désertion plutôt que la honte du renoncement. Les cinquante biographies de Compagnons sont regroupées en dix chapitres thématiques dont les introductions permettent de découvrir les relations entre les services du général de Gaulle à Londres et la Résistance en France, la naissance des métiers et des méthodes de l'action clandestine, tant sabotage, transmissions, opérations aériennes, que filières d'évasion, et l'émergence, au cotés des services britanniques, MI6 et SOE, du modèle de service secret et spécial français dont la DGSE est l'héritière. Les Compagnons de l'Ombre repose sur l'exploitation de plus de 8 000 documents, souvent inédits, des archives françaises et britanniques et propose une riche iconographie (plus de 1 000 illustrations) issue des fonds du ministère des Armées et des musées de la Résistance, mais aussi des collections de la DGSE et de son Service Action.

01/2021

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Sciences politiques

Le protocole de l'Elysée. Confidences d'un ancien ministre sénégalais du pétrole

L'auteur de ce livre fait partie de la génération des Africains nés au début des indépendances, sous une forte illusion de Liberté. Son parcours professionnel le mit au contact des réalités de (dé)construction d'un Etat postcolonial qui, à bien des égards, se révèle la mise en place de nouvelles servitudes. Ce constat le poussa à s'engager en politique, avec l'espoir de participer à inventer une autre Afrique, plus libre. Il participa à la création de l'alliance pour la République, qui après une opposition forte au régime d'Abdoulaye Wade, conquit le pouvoir en 2012 au Sénégal, au terme d'une épopée réalisée par de larges pans de la Société mais dont l'unique dépositaire est le Président élu. Le livre dissèque, par l'analyse de faits précis tirés de l'expérience personnelle de l'auteur, le vaste et inégalé système de prédation que fut le régime de Wade. Il montre comment, après l'alternance de 2012, furent étouffées les espérances de la rédemption attendue, par la perpétuation de ce système rapine et, pis, sa sophistication. Le titre de ce livre, le Protocole de l'Elysée, en même temps qu'il relate des épisodes vécus, replace le maillon que représente cet Etat postcolonial dans une saga qui perdure depuis des siècles. On y retrouve, adapté au contexte néocolonial, le pacte qui ouvre un accès privilégié des ressources naturelles des pays africains à des multinationales comme Total mais aussi aux aventuriers du temps des colonies sous le label Petro-Tim, le tout avec l'onction des gouvernants peu portés à défendre les intérêts nationaux. L'indépendance formelle de 1960 a placé entre les mains d'un gouverneur élu par le peuple, un pouvoir politique et économique dont le Siège effectif se situe quelque part entre le Faubourg Saint-honoré et le Quai d'Orsay, à Paris. Contre cette réalité largement documentée dans ce livre, de plus en plus de jeunes africains s'indignent, parfois de manière virulente. En ce sens, une nouvelle génération libre se lève, différente de celle qui avait choisi en septembre 1958 de voter contre l'indépendance (à l'exception de la Guinée) et qui, deux ans plus tard, s'est retrouvée à son insu, poussée vers la liberté pensée précisément depuis l'Elysée par Charles de Gaulle assisté de Jacques Foccart. L'avenir de l'illusion si humaine de la liberté est dorénavant entretenu par de plus grands fidèles, de Dakar à Yaoundé, de Ndjaména à Libreville.

09/2020

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Russie

Alexandra Kollontaï. La Walkyrie de la Révolution

Alexandra Kollontaï, quelle femme ! Et quel destin ! Aristocrate russe, elle rejette très tôt son milieu, son pays et choisit la révolution et le monde. Révolution de 1905, exil, prison, agitation clandestine, et, en 1917, elle est avec Lénine dans la révolution. Elle fait partie de son premier gouvernement, ministre - commissaire du peuple - alors qu'en Europe les femmes n'accéderont, et rarement, à la fonction de ministre qu'après la Seconde Guerre mondiale. Puis, cinq ans plus tard, première femme ambassadeur que l'histoire ait connue. Mais Alexandra Kollontaï, qui parle plusieurs langues, remarquable oratrice, sera aussi un tribun célèbre, s'adressant avec facilité aux ouvriers américains, aux socialistes allemands, aux marins révoltés de Kronstadt ou aux femmes musulmanes de l'Asie centrale, partout électrisant les auditoires fascinés. Kollontaï est aussi une féministe passionnée, théoricienne de l'amour libre, combattant pour l'émancipation et les droits des femmes. Et encore une amoureuse dont les amours tumultueuses choquent Lénine, ce qui ne l'empêche pas d'être une mère attentive à son fils. Autre Kollontaï, l'écrivain dont les écrits politiques, les romans, le journal tenu tout au long d'une vie constituent une oeuvre remarquable dont la qualité littéraire est unanimement reconnue. Cette existence multiforme, si dense n'a pas empêché Alexandra Kollontaï de s'imposer à l'attention de ses contemporains par sa beauté inaltérable et une élégance constante, saluée toujours par la presse qui la présenta comme un modèle, préfigurant ainsi les " icones " médiatiques du XXe siècle. Enfin, et ce n'est pas le moindre de ses exploits, Alexandra Kollontaï sortit victorieuse de la folie destructrice de Staline. Alors que Staline déshonora et extermina toute la vieille garde bolchevique, Kollontaï échappa au sort tragique de tous ses camarades de combat et vécut, indemne et active, à quelques mois près, aussi longtemps que Staline. Pour retracer ce destin incroyable et comprendre cette personnalité hors du commun et le demi-siècle qu'elle aura marqué, l'auteur a rassemblé une documentation considérable - archives, écrits de Kollontaï, mémoires de bolcheviks présents à l'époque - et des études historiques qui y sont consacrées. Historienne de la Russie, auteur de L'Empire éclaté, Hélène Carrère d'Encausse, membre depuis 1991 de l'Académie française dont elle est Secrétaire perpétuel depuis 1999, a notamment publié aux Editions Fayard Le Malheur russe, Nicolas II, Lénine, Les Romanov, Six années qui ont changé le monde, 1985-1991, Le Général de Gaulle et la Russie, La Russie et la France.

11/2021

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Sociologie

Défense des sciences humaines. Vers une désokalisation ?

Les Impostures intellectuelles dénoncées par les physiciens Sokal et Bricmont ont déchaîné enthousiasme et indignation. Peu suspect de complaisance envers les mystifications de l'écriture, qu'il dénonçait voici trente ans, Marc Richelle prolonge et nuance le débat. Récusant la malencontreuse opposition entre sciences dites humaines et sciences exactes, il défend le droit de toutes à s'aventurer sur le terrain des autres dans le jeu fécond des analogies transdisciplinaires, quitte à en payer le prix de quelques funambules de la métaphore, à ne pas prendre trop au sérieux. // A propos de l'auteur Marc Richelle est Professeur émérite de l'Université de Liège où il a occupé pendant plus trente ans, de 1962 à 1995, la Chaire de Psychologie expérimentale. A la fois romaniste et docteur en psychologie, formé aux universités de Liège, de Genève et d'Harvard, il a fondé à Liège un laboratoire réputé, d'où ont essaimé de nombreux doctorants qui ont fait école dans d'autres universités du monde entier. Il a mené et dirigé des recherches dans plusieurs domaines de la psychologie expérimentale, parmi lesquels la psychopharmacologie, les conduites temporelles, le développement cognitif, la variabilité comportementale et la créativité, la psychologie du langage et la psychologie de la musique. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages en français et en anglais ainsi que de plus de 200 articles scientifiques. Docteur honoris causa des universités de Lille-Charles de Gaulle, Genève, Coïmbra, Lerida et Lisbonne, il a reçu en 1990 le Prix quinquennal du Fonds national de la Recherche scientifique John Ernest Solvay ; il est membre de l'Académie royale de Belgique et membre étranger de l'Academia das Ciencias de Lisbonne. Il a dirigé la collection "Psychologie et sciences humaines" depuis sa création en 1962 et la collection "PSY-Théories, débats, synthèses" avec Xavier Seron. Marc Richelle Professeur émérite de l'Université de Liège où il a occupé pendant plus trente ans, de 1962 à 1995, la Chaire de Psychologie expérimentale. A la fois romaniste et docteur en psychologie, formé aux universités de Liège, de Genève et à Harvard, il a fondé un Liège un laboratoire réputé, d'où ont essaimé de nombreux doctorants qui ont fait école dans d'autres universitaires du monde entier. Il a mené et dirigé des recherches dans plusieurs domaines de la psychologie expérimentale, parmi lesquels la psychopharmacologie, les conduites temporelles, le développement cognitif, la variabilité comportementale et la créativité, la psychologie du langage et la psychologie de la musique.

04/2022

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Histoire de France

L'extrême droite dans la Résistance. Tome 1

Une légende tenace veut que les pionniers et les héros de la Résistance aient été des hommes de gauche qui avaient combattu le fascisme depuis l'arrivée d'Hitler au pouvoir et qui, le jour de la défaite, se seraient dressés contre la barbarie nazie, tandis que " l'extrême droite ", accusée d'avoir préféré Hitler au Front populaire dès 1936, aurait pris sa revanche en soutenant le régime de Vichy et accepté d'emblée la collaboration avec l'Allemagne nazie. On oublie ainsi que le maréchal Pétain fut investi, le 10 juillet 1940, par une Assemblée nationale composée, pour moitié, de la Chambre des députés, celle-là même qui avait porté au pouvoir le Front populaire ; et que la Collaboration fut prônée par des hommes issus pour la plupart de la gauche, comme Pierre Laval, Marcel Déat ou Jacques Doriot. On oublie surtout que les premiers résistants venaient le plus souvent d'une droite nationaliste pour laquelle l'Allemagne, qu'elle fût celle de Bismarck ou de Hitler, était l'Éternelle Ennemie de la France et de la Civilisation. Cette germanophobie, dont on a du mal aujourd'hui à mesurer la virulence, avait trouvé en Maurras son doctrinaire le plus intransigeant, mais débordait largement les cercles d'Action française. Dans cet ouvrage en deux parties, Jean-Claude Valla évoque ces résistants de la première heure, dont l'amour extrême qu'ils portaient à la France s'accompagnait le plus souvent d'un total mépris pour la démocratie et d'une aversion pour les Juifs. II démontre que la plupart d'entre eux, au moment où ils se sont lancés dans la Résistance, professaient des idées au regard desquelles un Jean-Marie Le Pen fait figure aujourd'hui de modéré. Certes, quelques uns d'entre eux ont évolué au cours de la guerre au point de renier parfois les idées qui les avaient poussés à se dresser contre l'occupant. Le ralliement - tardif - du parti communiste et des socialistes à la Résistance, la volonté du général De Gaulle de s'appuyer sur eux pour asseoir sa légitimité, le noyautage des organisations clandestines par l'appareil clandestin du PC et l'indignation suscitée par la déportation des Juifs expliquent cet alignement progressif sur une idéologie qui, au départ, était violemment rejetée. Il n'en reste pas moins vrai que les nationalistes - ceux que l'on qualifierait aujourd'hui de " xénophobes " et " d'extrême droite " - devancèrent dans la Résistance les professionnels de l'antifascisme. Une leçon à méditer.

11/2010

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Régionalisme

Serrières (en Ardèche) au XXe siècle

Le 24 septembre 1961, une foule nombreuse vint saluer la venue du général de Gaulle à Serrières, un peu moins de trois siècles après l'étape qu'y fit l'étrange cortège de trois barques qui ramenait de Perpignan le duc de Richelieu mourant. Le Rhône, depuis toujours, ajoué un rôle essentiel dans la vie économique de la commune, qui déjà en 1414, accueillait plusieurs foires et marchés. Interrompue durant la Première Guerre mondiale et fortement ralentie lors de la seconde, la foire de Serrières demeure tout autant un centre d'activités commerciales qu'un lieu de débats passionnés sur les grands événements contemporains : l'affaire Gaston Dominici, la défaite de Diên Biên Phu, la Toussaint rouge d'Alger, le passage au nouveau franc y furent largement commentée et c'est en pleine foire que l'on apprit dans les cafés, par la radio, l'assassinat de Kennedy. Lors de celle de 1944, on ne put que constater, consterné, que pour la première fois depuis 1828, il n'y avait pas de pont entre Sablons et Serrières. Le 1°' septembre, à 0 h 45, une terrible déflagration avait arraché chacun de son sommeil : les Allemands en déroute avaient fait sauter le pont ; seuls subsistaient les deux portiques de chaque côté, desquels pendaient lamentablement des câbles retenant une partie du tablier qui, lentement, s'enfonçait dans le Rhône. Au petit matin, l'ampleur de la catastrophe apparut au grand jour ; depuis la rue de l'Eglise jusqu'aux écoles publiques, tous les immeubles étaient pratiquement inhabitables et tous les vitraux de la face est de l'église avaient été pulvérisés. Pour la troisième fois de leur histoire, les habitants se contentèrent d'un bac à traille pour traverser le fleuve, avant que le nouveau pont soit mis en service, fin 1950. Jusqu'en 1965, le cinéma qui ferma ses portes à la mort de son propriétaire, M. Schaeffer, fut l'attraction de fin de semaine, dans la cité. Jeunes et moins jeunes se retrouvaient, venant à pied, en cyclomoteur, en autocar et par le train, depuis les villages voisins, dans cette salle qui accueillit de nombreux artistes et des manifestations diverses et où Berthe Sylva, l'interprète des célèbres Roses blanches, monta sur scène pour la dernière fois. Figure incontournable de Serrières, fille de cordonnier et descendante de mariniers, Louise Marthouret, gardienne du musée, qui passionna tant de visiteurs par ses commentaires, sut entretenir toute sa vie une certaine légende de la batellerie et fit l'admiration de journalistes et d'écrivains, tels que Bernard Clavel.

12/2011

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Sports

Air France (1933-1944). Un turbulent décollage

Au printemps 1933, le ministre de l'Air, Pierre Cot, obligé de faire des coupes sombres dans son budget, contraint les compagnies Air Orient, Air Union, la Compagnie Internationale de Navigation Aérienne (CIDNA) et la Société Générale de Transport Aérien (Lignes Farman) de fusionner. Cette concentration donne naissance à Air France. La mythique compagnie Aéropostale est absorbée par le nouveau groupe au cours de l'été. La tâche qui attend Air France est immense. Si l'héritage historique est glorieux, les pionniers de l'aviation marchande française ont multiplié les exploits pour créer un réseau aérien mondial, l'héritage matériel est préoccupant. De nombreux avions sont d'un type dépassé. Air France, pour son essor, doit renouveler rapidement sa flotte. Au fil des mois, les aléas vont se multiplier pour contrarier les projets de la compagnie : durcissement des conditions de certification des avions, nationalisation des usines de construction aéronautique, priorité à l'aviation militaire. Air France surmonte un à un ces obstacles. Le cap des 100 000 passagers transportés en une année est franchi en 1938. En 1939, ses avions atterrissent aux quatre coins de la planète : Buenos Aires, Santiago du Chili, Dakar, Hanoï, Hong Kong… Le déclenchement du second conflit mondial ruine tous ces efforts. La rapide défaite des armées françaises suspend pour quelques semaines toute activité aérienne en France au mois de juin 1940. Après quelques semaines, les Allemands autorisent la reprise des liaisons aériennes entre la zone libre et les colonies françaises d'Afrique du Nord et d'Afrique Occidentale. Air France est chargée d'exploiter ce réseau réduit. Au Levant, la résistance s'organise à l'automne 1941. Les avions des lignes aériennes militaires, baptisées Air France Libre par le général de Gaulle, sillonnent l'Afrique pour le compte des Forces Françaises Libres. Le débarquement allié en Afrique du Nord au mois de novembre 1942, suivi de l'envahissement de la zone libre par les troupes d'occupation interrompt le trafic d'Air France. Air France est écartelée de part et d'autre de la Méditerranée. En Afrique du Nord et de l'Ouest, ses services se mettent rapidement au service de la France Libre. En métropole, ses avions sont réquisitionnés et ses ateliers contraints de travailler pour les Allemands. Malgré ces conditions difficiles, Air France survit. Dans les jours qui suivent la libération du territoire métropolitain, ses personnels rétablissent les premières lignes postales. Ces liaisons sont le socle sur lequel va se bâtir la nouvelle Air France nationalisée. Ce livre sera préfacé par le Directeur Général d'Air France

07/2011

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Critique littéraire

D'un siècle l'autre, André Malraux. Actes du colloque de Cerisy-la-Salle

Le centenaire de la naissance d'André Malraux nous a offert l'occasion de l'évoquer à Cerisy-la-Salle, dans ces lieux où s'épanouirent toutes les audaces intellectuelles et littéraires du second demi-siècle et où flotte encore le souvenir de l'abbaye de Pontigny, quand André et Clara Malraux venaient y incarner, aux yeux des khâgneux et de leurs professeurs, le " bolchevisme " des années vingt. Ce fut donc un colloque, et non une célébration. Sous cet apparent désordre nous voudrions cependant manifester une conviction profonde : la pensée de Malraux restera certainement une des plus sérieuses, des plus libres et des plus originales de son siècle parce qu'elle fut constamment animée par le refus de ce qu'il appelait " la comédie ". Malraux, osons l'affirmer, n'a jamais cherché à séduire, à être fêté, comme on disait alors. Même les mythes ou mensonges dont il s'est entouré (et dont on n'a pas fini de lui faire grief) n'étaient guère conçus pour s'attirer la sympathie ou l'admiration frivoles des gens à la mode ; ils étaient tous des défis, lancés bien plus dans le souci d'exercer une vraie influence que dans celui de faire de l'effet. Il a été, dans sa vie, la proie de quelques obsessions de même nature que celles qu'il prête aux écrivains dostoïevskiens qu'il a aimés (Bernanos, Louis Guilloux...), c'est-à-dire d'obsessions qui le rendaient indifférent à la construction d'un moi mondain sur la scène de la comédie sociale. Malraux politique n'a pas non plus cherché - c'est le moins qu'on puisse dire - à flatter l'opinion publique ; il faut voir là l'une des raisons de son admiration pour le général de Gaulle, auquel il prêtait la même indifférence. Et c'est encore avec cette indifférence qu'il a accueilli la pluie de sarcasmes qui a accompagné ses essais sur l'art. Car c'est avec son observation personnelle des êtres et du monde, avec ses connaissances (plus étendues et surtout plus précises qu'on ne l'a dit) et ses idées propres qu'il se battait. Sa séduction (puisqu'il n'y a pas de meilleur terme) était de celles que Freud prête aux oiseaux de proie, aux chats et aux femmes narcissiques - ces êtres autonomes, qui semblent porter en eux le principe nécessaire et suffisant de leur existence. On pardonnera peut-être à tous les intervenants de ce colloque d'avoir été sensibles - une fois au moins dans leur vie - à cette séduction-là.

11/2002

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Quatrième République

Histoire du SAC. Les gaullistes de choc (1958-1996)

Histoire du service d'ordre gaulliste, entre politique et barbouzes. SAC : Service d'Action Civique. Peu d'organisations politiques ont autant défrayé la chronique et suscité les passions que le service d'ordre gaulliste, fondé en 1960. Ses milliers d'adhérents, rugueux et déterminés, protégeaient les meetings et campagnes d'affichage du parti au pouvoir. Gaullistes fidèles, anciens de la Résistance ou de la France libre pour beaucoup, ils vouaient un culte au Général dont ils se considéraient comme les grognards inconditionnels. Ce carré de la Garde était engagé lors des élections compliquées et les moments de crise du régime (putsch des généraux, barricades de 68). Mais le SAC avait aussi sa part d'ombre. Car à côté d'une majorité d'honnêtes militants figuraient des éléments douteux : membres d'extrême droite attirés par l'anticommunisme violent, aventuriers et escrocs mythomanes, malfrats à la recherche d'une impunité policière et judiciaire. Des mauvaises fréquentations expliquant les délits dans lesquels des adhérents se trouvaient impliqués : braquages, trafics de drogue, d'armes et de fausse monnaie, proxénétisme, escroqueries, rackett, agressions... Aux méfaits crapuleux s'ajoutaient à l'occasion des dérives et violences politiques : infiltration des forces de l'ordre, provocations et espionnage clandestin, coups contre les militants de gauche. Que le patron politique du SAC ait été Jacques Foccart, puissant et mystérieux conseiller du Général pour les affaires sensibles touchant aux services secrets, à l'Afrique et à l'outre-mer, achevait d'exciter les imaginaires. Le SAC n'aurait-il pas été un service d'ordre barbouzard jouant les polices parallèles ? Sans négliger cette part de fantasme, et fort de sources inédites, François Audigier démêle le vrai du faux et inscrit l'histoire de l'organisation dans un temps plus long. Il en réaffirme la nature politique en montrant que les gros bras étaient aussi les petites mains d'un gaullisme manquant alors de militants et en soulignant les liens personnels forts du Président avec ces " Prétoriens " du régime. Plus largement, il explore les questions sensibles du lien aux forces de l'ordre officielles, de la pratique du renseignement politique et de l'infiltration des services de sécurité. Loin des clichés, l'ouvrage se penche enfin sur les membres du SAC, des grandes figures (Charles Pasqua, Pierre Debizet, Paul Comiti...) aux adhérents les plus modestes, ces Mamelouks du Général souvent plus sensibles à l'épopée du gaullisme qu'à son programme politique, ces militants bagarreurs qui, en marge du parti, constituaient un " corps franc " dévoué à de Gaulle.

04/2021

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Histoire de France

Vichy face à l'occupation allemande et à la guerre "anglaise". 1939-1945 : mon devoir de mémoire Volume 2

Adolf Hitler vient d'accorder un armistice à la France très différent d'une "capitulation". Le Führer n'a pas suivi les conseils de ses généraux. Mais ceux-ci n'avaient pas plus écouté ses conseils de prudence avec les risques d'une nouvelle défaite de la Marne. Ils avaient été aidés par l'incompétence de De Gaulle lors de la contre-attaque d'Abbeville. L'Allemand s'attend à ce que l'Angleterre, consciente de son infériorité terrestre, signe une paix blanche similaire à l'accord du 18 juin 1935 et cette paix blanche ; Churchill n'aurait pu l'envisager qu'avec une disparition totale de la France. Ils auraient pu se partager les dépouilles. Chacun restera sur ses espérances. Churchill, quant à lui, va falsifier la réalité. Il oubliera les multiples trahisons et capitulations anglaises comme à Boulogne, de ce début de guerre et décrétera que la France a trahi ses engagements en capitulant. La vérité est tout autre, la France a obtenu un armistice avec le respect d'une convention entre les deux parties... ce qui a, en plus, sauvé l'Angleterre. Hitler va démobiliser son armée que quelques barcasses auraient pu transporter en Grande-Bretagne pour une conquête rapide de l'Ile, dans une répétition de celle de Guillaume le Conquérant. Pendant la première moitié de cette guerre, la France sera la victime sur laquelle les deux ennemis vont s'acharner : les deux tiers du territoire métropolitain sont "Zone Occupée" et contraints d'obéir aux directives allemandes. La "Zone Sud ou Libre", essentiellement rurale, va survivre en permettant à certains Français de gagner l'Espagne. L'Etat Français doit éviter de fournir aux Allemands tout motif d'intervention et poursuivra une oeuvre législative dans les domaines sociaux et de l'instruction extrêmement bénéfique pour le pays. Nos administrateurs des territoires d'outremer ne cèderont pas aux offres anglaises. Cette fidélité à la France empêchera l'Allemagne d'utiliser ce manquement pour rompre l'armistice, mais la France d'outremer subira les attaques des forces anglaises et parfois françaises de la "France Libre" dans un combat fratricide et inutile. De son côté, le "Gouvernement de Vichy" va profiter de cet armistice pour faire comme les Allemands l'avait fait après Tilsitt et se restructurer à l'insu de l'ennemi. Weygand va se voir déléguer par le maréchal Pétain cette réorganisation de l'Afrique française. Avec efficacité, il va reconstituer cette Armée d'Afrique que les Alliés seront bien contents d'avoir à leurs côtés lorsqu'ils se décideront à attaquer les forces terrestres de l'Axe... lors de la reconquête de la Libération.

09/2015

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Sciences politiques

Dans les coulisses du monde. Du Rwanda à la guerre d'Irak, un grand négociateur révèle le dessous des cartes

Mieux encore qu’un grand diplomate, Jean-Marc de La Sablière a été ce que les Américains appellent un « Deal Maker », un faiseur de paix. Dans tous les postes qu’il a occupés, qu’il s’agisse de la direction d’Afrique au Quai d’Orsay, de ses ambassades en Égypte et en Italie, de sa fonction de conseiller diplomatique auprès de Jacques Chirac et surtout de représentant de la France aux Nations unies, il a géré de nombreuses crises (Rwanda, Darfour, guerre d’Irak, Liban…) et contribué fortement à faire progresser la cause des droits de l’homme. Proche de Jacques Chirac, dont il a été un des conseillers les plus influents, il raconte la vie à l’Élysée sous la cohabitation avec la gauche, dévoile les mécanismes de décision sur les affaires internationales, brosse un portrait à la fois lucide et chaleureux de l’ancien chef de l’État, décrit les forces et les faiblesses de son entourage comme de tous les ministres des Affaires étrangères qu’il a eu à servir, d’Hubert Védrine à Alain Juppé. Il nous fait surtout vivre de l’intérieur l’incroyable bataille diplomatique qu’il a menée au sein du Conseil de sécurité, et en relation permanente avec Jacques Chirac et Dominique de Villepin, pour éviter la guerre d’Irak. Il nous livre ici un document historique de premier ordre, dans lequel on découvre aussi les coulisses des Nations unies, devenue l’instance de décision essentielle au niveau mondial, où les affrontements et les jeux d’influence entre grandes puissances et puissances émergentes peuvent conduire à des blocages ou des évolutions majeures. L’auteur nous fait entrer tout particulièrement dans le secret de quatre grandes négociations qui comptent dans l’histoire des Nations unies, où il a joué un rôle de premier plan. En avril 1991, alors que Saddam Hussein réprime les Kurdes, l’Onu fait une avancée majeure dans le « droit d’ingérence » en reconnaissant pour le première fois, par une résolution arrachée de justesse par la France, que les violations massives des droits de l’homme constituent une menace pour la paix et la sécurité internationale. En 2005, c’est sur l’initiative de Jean-Marc de La Sablière que la situation au Darfour est déférée devant la Cour pénale internationale, alors que cette instance, attaquée par les États-Unis, végétait depuis sa création. Durant cette même période, il est mandaté, au lendemain de l’assassinat de Rafic Hariri, pour faire adopter le texte qui conduira à la création du tribunal chargé de juger les auteurs de ce crime, ainsi que la résolution qui aboutira au départ des troupes syriennes et à la libération du Liban. En août 2006 enfin, il prend une part déterminante dans la résolution qui permettra mettre fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah. Fort d’une expérience du monde peu commune et la connaissance qu’il a, en particulier, du monde arabe – son père était consul général à Jérusalem –, Jean-Marc de La Sablière livre ici une analyse très personnelle de la situation en Egypte ou en Syrie. S’agissant de la France, il s’avoue préoccupé par sa perte d’influence et d’une certain manque d’ambition dans son rôle international. Examinant nos atouts et nos faiblesses, il se demande s’il est encore possible de redresser la barre. Fidèle aux idéaux gaullistes, il plaide pour plus de courage et de volonté.

03/2013

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XIXe siècle

De colère et d'ennui

En 1832 à Paris, les funérailles du général Lamarque, icône populaire victime du choléra, déclenchent l'insurrection des 5 et 6 juin. Alors que Victor Hugo choisissait ce décor pour hisser Gavroche sur les barricades, Thomas Bouchet livre une chronique de cette année exceptionnelle à travers les voix de quatre femmes que tout oppose. 1832 : tandis que Paris vibre, vacille et gronde sous les coups redoublés de l'épidémie et de la guerre des rues, Adélaïde s'ennuie. Elle frémit dans son salon à la lecture des journaux, se délecte du chocolat que sa domestique lui rapporte de chez Marquis, s'émerveille en recluse des oiseaux du Jardin des plantes où elle vit, loin des barricades où Gavroche meurt. Emilie se bat et se débat du côté de Ménilmontant et dans les cafés enfumés pour faire entendre la cause féministe chez les saint-simoniens. Louise, marchande ambulante du centre de Paris, atteinte du choléra puis soupçonnée d'avoir participé à l'insurrection, est sans cesse contrainte à faire face - au commissaire, au juge, au médecin, au directeur de sa prison. Lucie enfin, la mystique, souffre et jouit en son corps derrière les murs d'un couvent, puis le choléra l'emporte. C'est dans la compagnie des archives que Thomas Bouchet pratique son travail d'historien. Il s'appuie cette fois, en outre, sur les ressources de la fiction. Les quatre voix qu'il entrelace composent une histoire sensible et sociale du Paris de naguère. Ce livre a reçu le Grand Prix de l'Histoire de Paris - LE GESTE D'OR, catégorie Fiction. "De colère et d'ennui, que publie l'historien Thomas Bouchet, mérite d'être salué à sa juste valeur. Voilà un livre qui ne ressemble à aucun autre". Dominique Kalifa, Libération "Troublant, sensible, l'ouvrage réalise son ambition en forme d'oxymore : celle de "forger et restituer quelques éclats de réel"". André Loez, Le Monde des livres "En reconstituant de façon fictive et pourtant si réelle la "vie affective" de 1832, Thomas Bouchet surpasse les attentes de Lucien Febvre qui, dès 1941, invitait ses pairs à croiser histoire et sensibilité et à plonger "dans les ténèbres de la psychologie". Voilà un nouveau et beau "cri d'artiste" poussé par un "pauvre historien"". Nicolas Dutent, L'Humanité "De colère et d'ennui est une illustration émouvante (littérairement) et convaincante (scientifiquement) de la féconde rencontre entre fiction et sciences sociales. (...) Il y a bien évidemment des vertus pédagogiques à choisir ainsi de rendre compte d'événements historiques ou de phénomènes sociologiques de façon fictionnée/fictionnelle. C'est l'ambition des " passeurs de sciences sociales " que de donner à voir ce qui ne peut se montrer et à entendre ce qui ne se dit pas. Mais il se joue quelque chose d'autre dans cette hybridation, quelque chose qui a à voir avec la puissance créatrice de l'écriture, quelle que soit sa forme. (...) Les quatre femmes de 1832 parlent à la première personne, c'est ainsi Thomas Bouchet qui parle avec elles et c'est l'histoire de cette année méconnue qui résonne à nos oreilles. Nous n'en saurons pas tout, car l'historien ne peut tout dire, mais ce qui demeure lorsque l'on referme le livre, de façon évidente et, pour tout dire, magnifique, c'est l'impression d'avoir entendu, véritablement entendu, les voix à jamais dissoutes des femmes et des habitants du Paris populaire du premier 19e siècle". Camille Froidevaux-Metterie, AOC Lauréat en 2019 du Grand Prix de l'Histoire de Paris - LE GESTE D'OR, catégorie Fiction

04/2024

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Multi-Matières

L'intégrale du Bac Tle générale Maths - Physique-Chimie - Philo - Grand Oral. Sujets & corrigés, Edition 2022

A destination des élèves qui ont choisi les spécialités Maths et Physique-Chimie, tous les outils pour préparer et réussir les 4 épreuves finales du bac en Tle. - Pour chaque épreuve écrite terminale (Maths, Physique-Chimie, Philo) ; Un sujet complet et des sujets classés par thème du programme ; Chacun est associé à : - une aide pour analyser l'énoncé - des conseils de méthode - un corrigé détaillé - Une section Spécial Grand Oral - des fiches de méthode sur le choix et la préparation de questions, les techniques oratoires - des simulations d'épreuve dans chacune des deux spécialités - En plus, avec l'achat de l'ouvrage, un accès gratuit aux ressources du site : fiches et vidéos de cours, quiz, sujets corrigés...

08/2021

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Régionalisme

L'enseigne à Lyon. Son histoire, sa philosophie, ses particularités, les boutiques, les maisons, la rue, la réclame commerciale

John Grand-Carteret nous entraîne dans une découverte pour le moins originale : l'étonnante histoire des enseignes commerciales. Publicité de proximité et témoin privilégié tant des évolutions du commerce urbain que de la personnalité changeante des rues qui l'accueillent, l'enseigne devait être traitée par le biais d'une ville de choix, à la hauteur des ambitions encyclopédiques du chercheur passionné. La richesse précoce des enseignes lyonnaises et leur raison d'être ne lui ont pas échappé : " De bonne heure, Lyon fut une grande cité, un centre commercial et industriel prospère. " John Grand-Carteret réussit en 1902 à faire publier cette œuvre de référence dont il définit lui-même l'objet singulier : " Ce volume est double ; je veux dire qu'il est, à la fois, conçu à un point de vue général et à un point de vue particulier, - général, parce que sans remonter au déluge, sans m'occuper des Romains, J'ai voulu faire ressortir ce qu'on avait, encore, à peine entrevu, la philosophie et les particularités multiples de l'Enseigne - local, parce que je me suis cantonné pour la partie moderne, en une ville unique et en une ville de province, bien toujours la première malgré les surprises des recensements, Lyon. " Cette déclaration d'un homme non natif du lieu répond bien à celle, plus ironique, du père Commire dans les Carmina : " Lutèce, ne soit pas si fière, à peine tu étais née que déjà la Gaule m'avait proclamée reine de ses cités. " Pour parachever son travail, John Grand-Carteret a demandé au graphiste lyonnais renommé Gustave Girrane d'illustrer abondamment ses propos. Résultat : près de quatre cents dessins où, pour reprendre les termes du Courrier de Lyon, il " transcrit ce qu'il voit avec exactitude, minutie. L'on peut être assuré qu'il ne trompe point son monde et cela est une qualité dans un temps où tout n'est que façade, où la moindre babiole revêt des aspects qui la font prendre pour une chose précieuse. " Nous découvrons ainsi une enseigne Au tailleur ni riche ni pauvre, avenue de Saxe, un seigneur féodal détroussant les marchands, un bas-relief antique transformé en enseigne à Vaise, la maison aux 365 fenêtres vue du quai Saint-Vincent, Au Bon Gnafron qui annonce un marchand de chaussures cours Gambetta, l'étiquette de la Crème de Cocu, le prospectus Au Gagne-Petit d'un magasin-bazar, et des centaines d'autres représentations cocasses, insolites, amusantes ou excentriques. Louis de Lacroy

11/1999

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Histoire de France

Monsieur Barre

"Raymond Barre ou le plus mal connu des hommes connus." Tel aurait pu, également, être le titre de ce livre. De l'homme qui, pendant près de cinq ans, fut Premier ministre, les Français ne savent presque rien. Ils n'en ont qu'une image partielle? : celle du chef du gouvernement nommé, en août?1976, au plus fort des difficultés économiques et sociales, appelant à l'effort, au retour à la compétitivité, à la défense du franc, à l'adaptation des entreprises et, plus encore, à la transformation des mentalités face au monde dans lequel nous vivons, celui des fulgurantes évolutions. Mais il existe un autre Raymond Barre que l'homme politique. Pudique, discret, secret, Raymond Barre, qui n'est entré que très tard et par hasard en politique il a cinquante-deux ans en 1976 —, a toujours refusé de se livrer. Il n'aime ni les potins, ni les cancans, ni les "échos", ni les petites phrases ni les petites histoires. Aussi Henri Amouroux, auteur de "La grande histoire des Français sous l'occupation", a-t-il voulu écrire ce livre comme il le fallait, en historien qui va aux sources et retrouve l'écolier Raymond Barre, premier de sa classe, à la Réunion? ; l'étudiant, qui, en 1946, suit à Paris les cours de François Perroux et de Raymond Aron? ; l'agrégé, professeur en Tunisie, où il rencontrera celle qui deviendra sa femme? ; l'homme à qui le général de Gaulle demandera d'aller à Bruxelles pour y être vice-président de la commission unique des Communautés européennes avant d'expliquer l'action du ministre du Commerce extérieur, du Premier ministre et du député de Lyon. Historien, Henri Amouroux a également, depuis dix ans, noué des rapports privilégiés de journaliste et d'homme avec Raymond Barre. C'est grâce à ces rapports qu'il peut, le premier, faire prendre conscience au lecteur de la variété et de l'ampleur des connaissances de Raymond Barre. Qu'il s'agisse de peinture, de musique, de cinéma, de philosophie, d'histoire et, bien entendu, d'économie, Raymond Barre est un homme aux goûts éclectiques, aux compétences multiples, à la simplicité totale, dès lors qu'il ne se trouve plus en présence du "microcosme", mais de ces Françaises et de ces Français qui, par leur travail quotidien, font la France. Au-delà de l'homme et de son action, le livre d'Henri Amouroux éclaire vingt ans d'histoire récente. Il nous aide aussi à mieux comprendre le présent et à saisir les enjeux du proche avenir. Nous devons la préface de cet ouvrage à M. Jean-Pierre Raffarin, homme d'Etat français et ancien Premier ministre.

07/2019

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Sciences de la terre et de la

Arctica. Volume 3, Nunavut, Nunavik (Arctique central canadien et nord-québécois) Le peuple inuit prend en main son destin

Nunavut, Nunavik Arctique central canadien et nord-québécois Le peuple inuit prend en main son destin Le 24 juillet 1967, le Président Charles de Gaulle, invité à Montréal par le Premier ministre Daniel Johnson, prononce devant une immense foule quatre mots décisifs : " Vive le Québec libre ! " Cette célèbre exclamation, très controversée à Ottawa, marque le début d'une politique étroite de coopération scientifique et politique entre la France et la Province de Québec. Missionné les années suivantes par les deux gouvernements en tant que directeur d'un programme d'étude socio-économique dans le Nouveau-Québec, Jean Malaurie, au titre du ministère des Affaires étrangères français, engage une équipe de quatre spécialistes dans une vaste et ambitieuse enquête de terrain consacrée à l'examen de la condition inuit au sein de la région ; ce, dans la perspective de la création du territoire du Nunavik à laquelle Paris souhaite apporter toute sa coopération. Hasard des mutations politiques et des querelles institutionnelles : les analyses et recommandations du rapport général de cette Commission franco-québécoise, aux conclusions sévères pour les autorités dites favorables aux autochtones, ne furent jamais publiées dans leur intégralité. Elles sont présentées pour la première fois dans cet ouvrage historique, avec notamment la publication de deux rapports inédits (Daniel Nat : autonomie et autogestion des Inuit du Québec, Guy-José Bretonès : pédagogie du développement). A travers une sélection d'articles couvrant les années 1960 à nos jours, depuis Nunavut et les prémices de la Convention de la baie James et du Nord québécois (1975) aux préoccupations très contemporaines de la société Makivik, organisme inuit autonome dirigé actuellement par l'ancien sénateur inuit Charlie Watt, informateur et ami de Jean Malaurie, cet ouvrage permet de mieux connaître et comprendre les minorités arctiques menacées du Canada. Personnalité polaire majeure, Jean Malaurie est avant tout un scientifique, géomorphologue et géocryologue de formation. Il a participé par ses travaux au concept de Gaïa. Il est à l'origine du Centre d'études arctiques (CNRS-EHESS), érigeant en combat précurseur l'interdisciplinarité entre sciences humaines et sciences naturelles. Directeur émérite au CNRS et à l'EHESS, ambassadeur de bonne volonté pour l'Arctique à l'Unesco, directeur-fondateur de l'Académie polaire d'Etat à Saint-Pétersbourg, il est aussi le créateur d'un courant nouveau d'anthropologie réflexive porté par sa mythique collection " Terre Humaine " (Plon). J. G. Bartholomew & Co. , Dominion of Canada (détail : carte de la baie d'Hudson), in : The XXth Century Citizen's Atlas of the World, London, George Newnes Ltd. , 1903, p. 123-124. Masque kaniktuk, culture sugpiak, île Kodiak (Alaska), XIXe siècle. Musée de Boulogne-sur-Mer © Philippe Beurtheret Portrait de Jean Malaurie, Paris, v. 1985. © Jean Malaurie

07/2020

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Histoire de France

Journal 1936-1940. "Hitler sait attendre. Et nous ?"

Dans le premier volume de son Journal, couvrant les années 1918 à 1933, nous avons suivi Hélène Hoppenot de Paris à Rio de Janeiro, puis à Téhéran, Santiago du Chili, Berlin, Beyrouth, Damas et Berne. En 1933, grâce à leur grand ami Alexis Léger (en littérature, Saint-John Perse), secrétaire général du Quai d'Orsay, son mari est nommé en Chine : "Dans ce pays tant aimé, j'aurais volontiers envisagé de demeurer jusqu'à la mort", confie Hélène Hoppenot, au terme de quatre années si éblouissantes qu'elle n'a plus éprouvé l'envie de tenir son Journal... En 1937, elle retrouve sans enthousiasme la France et le Quai d'Orsay, mais reprend la "conversation" avec elle-même. A Paris, Hélène Hoppenot se révèle une observatrice très perspicace, qui décrit avec justesse et humour le milieu de la politique et de la diplomatie, où elle se meut avec aisance. Elle renoue aussi avec ses amis écrivains et artistes, qui gravitent autour des librairies de la chère Adrienne Monnier et de Sylvia Beach, autour de Darius Milhaud et de Paul Claudel... Elle fait également la connaissance de Colette, Helen Hessel, Gisèle Freund, Jean Giraudoux, Marcelle Auclair, Paul Valéry et quelques autres, dont elle note les propos, parfois détonnants ! En janvier 1939, alors que Hitler se montre de plus en plus offensif et dominateur, Henri Hoppenot prend la tête de la "sous-direction Europe"... Grâce à ses confidences angoissées, Hélène Hoppenot peut relater au jour le jour les efforts erratiques des gouvernements pour éviter la guerre : son témoignage, plein d'anecdotes et de commentaires critiques, permet de décrypter les faits et gestes d'Alexis Léger, Edouard Daladier, Georges Bonnet, Paul Reynaud, Philippe Pétain... A l'heure où la France est acculée à prendre part au conflit, Hélène Hoppenot anticipe le repli du gouvernement en Touraine. Le 10 juin 1940, elle cherche à joindre son mari : "A six heures, j'appelle à nouveau et j'attends. Longtemps ? Très longtemps. Tout à coup, j'entends une voix de femme, enrouée, lointaine : "Paris, dit-elle, ne répond plus..." Paris ne répond plus ? Le voilà, le grand choc, qui traverse le coeur de part en part. . La voici, cette défaite redoutée. Paris ne répond plus ?... Cette voix de femme va résonner dans mes souvenirs et je ne pourrai l'oublier... Mais, un jour, Paris répondra. Ressuscitera." Avec son mari et leur fille Violaine, Hélène Hoppenot prend le chemin de l'Exode qui la mène à Bordeaux, Madrid, puis Lisbonne. Dès le 24 juin 1940, elle sait que le général de Gaulle représente "tout ce qui nous reste d'espoir", mais les Hoppenot doivent se résoudre à l'exil et rallier le lointain poste diplomatique de Montevideo.

11/2015

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Actualité politique France

Fenêtre de tir

La Présidentielle de 2022 et l'avenir de la France se joueront sur la restauration totale de l'autorité républicaine. Plongée dans le chaos de l'insécurité nourrie de témoignages de coulisses de policiers de terrain, hauts gradés militaires, politiques et agents du renseignement. La présidentielle de 2022 se jouera sur l'autorité républicaine. Sans autorité républicaine, la Nation française ne trouvera pas son salut. Cette élection présidentielle constitue une fenêtre de tirs démocratique. La dernière avant un naufrage collectif. L'insécurité grandissante, l'immigration incontrôlée, la perte de nos repères et de nos valeurs ne sont que des conséquences d'une seule et même cause : l'affaiblissement de l'autorité républicaine à tous les échelons jusques et y compris au sommet de l'Etat. Les faits divers violents s'enchaînent en France, les policiers parlent. La justice semble leur rire au nez avec des peines jamais appliquées. Le délinquant incarne un repère pour des jeunes en panne d'avenir. La France est au bord du précipice. Plus rien ne semble retenir sa chute dans le chaos. L'élection de 2022 peut redonner du tonus à notre démocratie pour celle où celui qui assumera l'idée qu'il faut restaurer en urgence l'autorité républicaine. L'incarnation de la fonction présidentielle s'est effondrée sur la forme et sur le fond. Emmanuel Macron n'est qu'une étape de plus dans cet effondrement de l'autorité républicaine. L'autoritarisme teinté d'arrogance ne constitue pas le socle du statut présidentiel. La statue présidentielle, c'est autre chose ! L'incarnation présidentielle réussie tout au long de la V ? république s'est toujours bâtie sur deux ressorts que seul un "Vieux" pays a pu façonner au cours des siècles : le lien au sacré ou au spirituel et le lien au terroir... De Gaulle, Mitterrand... La société française est, aujourd'hui, en équilibre sur une ligne de crête : d'un côté le versant de la "cancel culture" qui veut nous inventer un passé mondialisé pour nous imposer un avenir globalisé. De l'autre, le versant du roman national sur lequel s'est construite l'histoire du pays, nos valeurs et nos repères, puisés dans des racines qui assurent l'unité de la Nation. La France a rendez-vous avec son histoire. Glisser vers le versant de la dilution de la Nation représente le danger de la disparition de ce que nous sommes depuis des siècles avec nos zones d'ombre et de lumière. Résister et préférer poursuivre l'écriture d'un avenir souverain nécessitera une autorité républicaine forte. Le pays est en danger parce que la société française est malade. Les enjeux de la présidentielle de 2022 dépassent les questions de personnes et d'ambition bassement politicienne. Ces enjeux nous dépassent. Il s'agit de l'avenir de la Nation française.

10/2021

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Montagne

Petit Futé Vacances à la montagne en France. Eté/Hiver, Edition 2022-2023

Découvrez la montagne sous toutes ses facettes ! Ce guide vous présentera de nombreux parcours et activités au coeur des massifs français ; idéal pour profiter d'une bouffé d'air frais loin du tumulte quotidien. Alpes du Nord, Alpes du Sud, Pyrénées, mais aussi, massif corse, Massif central, Jura ou les Vosges n'auront plus aucun secret pour vous. Découvrez de magnifiques paysages au fil de vos activités : ski, randonnées, musées. La montagne et son patrimoine exceptionnel vous réservent bien des surprises, en été comme en hiver. C'est la promesse d'un séjour réussi tout au long de l'année !

07/2022

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Archéologie

Revue archéologique N° 2/2023 : Varia

La violence sexuelle vise la négation d'autrui et son asservissement sexuel. Elle est aujourd'hui au coeur des débats contemporains. La récente libération de la parole des victimes – facilitée par l'émergence de mouvements tels que Metoo, Metoogay, Metooinceste – engage une politisation de la sexualité. Dans cette perspective, l'intime " est " politique et devient, dans les sociétés démocratiques, un objet de revendication. Cet ouvrage aborde en 11 fiches différentes formes de violences sexuelles et leurs répercussions subjectives : viol et agressions sexuelles, harcèlement sexuel en ligne, violences sexuelles entre partenaires intimes, mutilations sexuelles féminines et la question du genre. Il expose des pistes d'accompagnement psychologique des victimes et des auteurs de violences sexuelles et présente aussi des dispositifs judiciaires. Ce livre offre ainsi aux psychologues et aux professionnels du champ médico-psycho-social des outils théorico-pratiques pour comprendre les défis que pose cette clinique

11/2023

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Régionalisme

Guide à Vienne. Histoire, biographie, musée

Sous Auguste, Vienne, qui s'appelait Colonia Julia Viennensis, était l'une des cités les plus florissantes de la Gaule. Pendant cent ans, de l'avènement d'Auguste à Vitellius, elle vécut l'époque de sa plus grande prospérité. Elle vit s'élever des palais somptueux, des portiques superbes, des temples à l'élégante et noble architecture, dont les débris, après tant de siècles, attestent encore la force et la grandeur de leurs bâtisseurs. Elle envoyait jusqu'à Rome le vin de ses coteaux et en recevait les oeuvres des artistes et des poètes. Vienne subit les ravages des guerres civiles qui suivirent la mort de Néron, puis se releva vers le IVe siècle pour devenir la capitale de la province viennoise qui englobait Avignon, Marseille et Genève sous Dioclétien. La cité devint impériale : Constantin y séjourna, Julien voulut y avoir un palais et Valentinien Il y trouva la mort. Le christianisme conféra ensuite à Vienne, dans l'ordre religieux, la prépondérance qu'elle avait exercée dans l'ordre politique. A la fin du IXe siècle, la malheureuse cité subit les horreurs du siège mené pendant deux ans par Louis III et Carloman, aidés de leur cousin Charles le Gros, roi de Germanie. Le fer et le feu eurent raison de ces monuments fameux et de ces merveilleux palais qui faisaient son orgueil. Les rois successifs réparèrent de leur mieux les malheurs subis mais le titre de capitale du royaume de Provence était pour Vienne une faible compensation de tout ce qu'elle avait perdu. Le temple d'Auguste et de Livie illustre par ses transformations successives l'histoire de la ville. Construit sous le règne de Claude, vers l'an 41 ou 43 de notre ère, il fut converti en église en l'an 1050 et conserva cette destination durant plusieurs siècles. Sous la Révolution, il devint salle publique et l'inscription Société populaire fut placée sur son fronton. Sous le Consulat, le tribunal de commerce et les deux justices de paix en prirent possession et en 1822, on y installa la bibliothèque dans sa partie supérieure et le musée dans sa partie inférieure. Tout fut enlevé quand, classé parmi les monuments historiques de France, il fut restauré : ses colonnes furent dégagées, la cella fut rétablie et l'escalier de la façade fut reconstruit. Une première cathédrale fut bâtie. Elle fut successivement réédifiée sous Charlemagne, dans la seconde moitié du Xe siècle et au XIe siècle, mais comme elle ne répondait pas à l'idée qu'on se faisait de la dignité d'un siège épiscopal, une transformation complète fut entreprise à partir du XIIe siècle. Cinq siècles firent de l'église actuelle Saint-Maurice une des plus belles basiliques gothiques de France.

07/2015

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Droit

Mélanges en l'honneur du professeur Nicole Dockès

Jalons pour une histoire culturelle de la firme : Grandes écoles et fonction publique, une voie française de la croissance, 1920-1980 par Jean-Pierre ALLINNE, PR Université de Pau La solution d'un industriel parisien à la crise financière et au paupérisme : Thomas Guinier et les crédit national (1848-1868), par Pierre ALLORANT, MC Université d'Orléans, Laboratoire Collectivités Territoriales de l'Université d'Orléans, Comité d'Histoire Parlementaire et Politique Catégories de juristes et catégories d'historiens : Quelle osmose ? par Mario ASCHERI, PR Università Roma III On devrait marier les prêtres ! par Jean BART, PR Université de Bourgogne (Dijon) Le choc de 1840, par Jacques BOUVERESSE, PR Université de Rouen Les origines guerrières de la propriété romaine par Jean-François BREGI, PR Université de Nice-Sophia-Antipolis Germanolâtrie et germanophobie en France au XIXe siècle, par Marie-Bernadette BRUGUIERE, MC Université Toulouse I-Capitole La philosophie politique, une utopie de la renaissance ? Réflexions autour de quelques "Républiques imaginaires" du temps, par Géraldine CAZALS, MC Université d'Avignon et des pays de Vaucluse Lettres de Bassora... , par Christian CHENE, PR Université René Descartes (Paris V) De Vincent Scheil à Guillaume Cardascia : un siècle d'assyrologie juridique française, par Sophie DEMARE-LAFONT, PR Université Panthéon-Assas Paris II Le florissant commerce de la photographie licencieuse en ses débuts, par Christiane DEROBERT-RATEL, MC Université de Toulon et du Var Rousseau juge de Jean... Calvin. La marque de Calvin sur la pensée politique de Rousseau, par Alfred DUFOUR, PR Université de Genève La séduction et le juge : Le rapt en Franche-Comté au XVIIIe siècle (1728-1774), par Sébastien EVRARD, MC Université de Lorraine, Institut François Gény EA 1138 La guerre des sexes n'aura pas lieu ou des vertus de l'ironie. Sylvain Maréchal et le projet d'une loi portant défense d'apprendre à lire aux femmes, par Jérôme FERRAND, MC Université Pierre Mendès-France - Grenoble II L'impuissance et ses conséquences dans l'ancien droit, par Karen FIORENTINO, MC Université de Bourgogne (Dijon) Fixer la Constitution : Une antenne des constituants de 1789, par Michel GANZIN, PR Université d'Aix-Marseille De l'empire des pères à l'emprise des mères : Quel statut pour le père séparé ? par Nathalie GOEDERT-MAITRE, MC Université de Paris-Sud (Paris XI) Dans une école de Gaule, la leçon du Maitre d'Autun, par Soazick KERNEIS, PR Université de Paris Ouest - Nanterre La Défense Paul Durand, théoricien du droit social, par Jean-Pierre LE CROM, CNRS, Université de Nantes Les parlementaires dans la vallée du Rhône et la séparation de l'Eglise et de l'Etat, par Catherine LECOMTE, PR Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines Recherches autour d'une expression : Droit savant, par Anne LEFEVRE-TEILLARD, PR Université Panthéon-Assas Paris II De la condition du travail aux condit

11/2014

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Histoire de France

La haine et le pardon. Le déporté

Jean Mialet a 23 ans quand, sur le point de rejoindre le général de Gaulle, il est arrêté par les Allemands et déporté à Buchenwald, puis à Dora. Aujourd'hui encore, ce nom demeure méconnu du grand public. C'est pourtant là qu'ont commencé les recherches qui, dans les années 1950, ont permis les progrès de la conquête spatiale. Ce camp de concentration abritait en effet une usine souterraine dans un immense tunnel où les prisonniers, traités comme des esclaves, fabriquaient à la chaîne des missiles V2, armes terrifiantes qui s'abattraient sur Londres et Anvers, mais qui – fait  plus surprenant – furent aussi les ancêtres du Spoutnik et du lanceur du module lunaire Apollo. Entre 1943 et 1945, Jean Mialet expérimente à Dora un quotidien insoutenable : la faim, le froid, l'épuisement, la maladie, les coups, la terreur des exécutions sommaires, mais aussi la bassesse et la cruauté des kapos. Des années d'humiliations et de dépérissement infligées à plus de 60 000 déportés, dont ce jeune officier de Saint-Cyr qui rêvait de combattre aux côtés des Alliés. C'est la haine qui maintiendra en vie cet idéaliste, pourtant catholique convaincu. En 1945, lorsque les Américains libèrent enfin Dora,  ils prennent conscience de la valeur inestimable des découvertes qui y ont été effectuées. Les scientifiques allemands de ce camp sont alors secrètement exfiltrés aux États-Unis, échappant ainsi à un procès. Les années suivantes, ils poursuivent leurs travaux qui vont permettre aux Américains de faire leurs premiers pas sur la Lune.  Une des chevilles ouvrières de cette réussite est l'ingénieur Wernher von Braun, qui n'est autre qu'un des anciens hauts dignitaires de Dora. Pourtant, en 1969, il est promu administrateur adjoint de la Nasa, et considéré par le monde entier comme un héros. Tout le monde semble avoir oublié les 20 000 vies humaines sacrifiées à Dora, qui ont, par leur force de travail, contribué, bien malgré elles, à cette prodigieuse avancée de la recherche scientifique. Jean Mialet, qui pesait 38 kg à son retour en France, mettra  sept ans à se remettre physiquement de sa déportation. Moralement, il sera sauvé par ce récit qu'il jettera sur le papier en 1945  pour ne plus avoir à en parler. Ce qu'il fera jusqu'en 1981, date de la publication de ce livre. Il n'aura alors de cesse que toute la lumière soit faite sur le rôle joué par le camp de Dora dans l'histoire contemporaine. Mais peut-on pardonner l'abomination ? Ce récit bouleversant tente d'apporter des réponses à cette question : il faut témoigner pour ne pas oublier la barbarie ; mais aussi pardonner au nom de la dignité humaine et de l'idéal de réconciliation entre les peuples. Jean Mialet pardonnera aux Allemands, qui feront de lui le citoyen d'honneur de Nordhausen, la ville la plus proche de Dora. Ses représentants viendront s'excuser à son enterrement, en 2006, devant son cercueil à la chapelle de l'École militaire.

03/2015

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Sciences politiques

Europe, l'atout à défendre

Qui ne connaît la fameuse réplique de César à Escartefigue lors de la partie de cartes marseillaise du film de Korda et Pagnol, Marius (1931, Acte III, scène 1), où il le presse de jouer son atout, de "se fendre" comme on dirait en escrime : "Tu me fends le coeur" ? On y songe en pensant à l'Europe, atout incomparable pour l'humanité comme pour les Européens, mais dont la situation, de quelque manière qu'on la prenne, fend le coeur. Non que les Européens soient vraiment à plaindre, comparativement à d'autres. Mais, comparativement aussi ils éprouvent un sentiment de déclin relatif : la Chine, les USA, les BRICS, l'Islam, l'Afrique occupent désormais une place croissante et comme en surplomb d'eux, qui les voyaient depuis si longtemps comme en contrebas. Eminente comme elle est toujours, l'Europe pourrait pourtant faire face à ces nouvelles configurations, et pourquoi pas en dominer plus que d'autres le cours. Cependant, elle s'égare et s'abime dans des doutes sur elle-même, dont le referendum anglais du 23 juin 2016 a donné toute la mesure. L'atout est galvaudé, souvent par ceux-là mêmes à qui il donnait une bonne main. A travers un cycle d'entretiens ayant comporté une mission à Bruxelles, des rencontres avec plusieurs ambassadeurs à Paris, un séminaire de bilan, la Fondation Prospective et Innovation s'est attachée en 2018 à examiner ce paradoxe européen d'un certain délitement interne à l'heure où le besoin d'Europe s'affirme de toutes parts dans le monde - n'est-elle pas la charnière articulant l'Eurasie qui se dessine à l'Eurafrique qui s'esquisse ? Le présent ouvrage en rend compte. L'idée directrice qui s'en dégage est que l'axe du débat doit se déplacer de l'intérieur et du passé vers le dehors et l'avenir. L'affaire n'est plus tant de disserter entre Européens sur la meilleure manière de l'être, et de cultiver à cet effet l'acquis des décennies passées, que de discerner en quoi, dans le monde tel qu'il est, être Européen est une chance, une ressource, un devoir aussi envers l'avenir. "Nous vivons en un temps où des forces gigantesques sont en train de transformer le monde" disait déjà le général de Gaulle le 4 septembre 1958 pour en conclure que "Il y a là des faits qui dominent notre existence nationale et doivent, par conséquent, commander nos institutions". Mutatis mutandis, soixante ans plus tard, la formule s'applique parfaitement à l'Union Européenne de demain. Celle-ci reste un atout majeur pour le monde. Un atout à défendre par les Européens unis. L'imperfection n'est pas une tare, pourvu que l'union l'emporte indéfectiblement sur les discordances. Comme le dit encore le César de Pagnol (Marius, III, 2) "Si on ne peut plus tricher avec ses amis, ce n'est plus la peine de jouer aux cartes", pensée plus profonde qu'il n'y paraît.

12/2018