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Friedrich Hölderlin

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Sciences politiques

Erratum. Ce n'est pas le néolibéralisme, c'est le capitalisme politique

ERRATUM. La plus grande erreur intellectuelle, critique et analytique commise par la pensée contemporaine reste sans aucun doute l'usage courant voire abusif du mot " néolibéralisme " pour désigner ce qui n'est rien d'autre que du capitalisme politique. tordre général de gouvemance politique et économique du monde dans ces trente dernières années n'est ni libéral, ni libéral. Il n'est donc point néolibéral. C'est du capitalisme politique. Le néolibéralisme est un anti-concept. L'analyse fait fausse route : ce n'est véritablement ni Friedrich Hayek ou Milton Friedman, ni l'Ecole autrichienne d'économie, ni l'Ecole de Chicago en économie, ni les membres fondateurs de la Société du Mont Pèlerin qui portent le flambeau du capitalisme politique ; c'est fondamentalement la percutante philosophe, romancière et scénariste américaine, théoricienne de " l'égoïsme rationnel ", fondatrice de la doctrine de l'" objectivisme ", idéologue du capitalisme individualiste et du laissez-faire total et absolu : l'incroyable AYN RAND. J'en parle dans un autre livre bientôt à l'affiche. Il existe un capitalisme, jusqu'à un certain point, " nécessaire " à la prospérité de l'économie mondiale contemporaine et un capitalisme " inutile " à la société et " dangereux " pour l'humanité et pour l'univers du vivant. Pour arriver à stopper l'expansion politique du capitalisme et à en faire une simple composante du système économique libéral plutôt qu'un modèle d'économie politique ou un mode de gouvernance politique de l'économie, il faudrait nécessairement un travail de déconstruction critique et constructive consistant à le mettre à l'épreuve, d'une part, de la science économique et, d'autre part, du libéralisme ; ce qui permettra de distinguer ce qu'il est de ce qu'il n'est pas et ne devrait point être. C'est à cet immense chantier intellectuel que l'auteur cherche à apporter sa part de contribution à travers le présent livre.

06/2019

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Histoire de France

La longue traque

Le 23 juillet 1945, deux mois après la capitulation de l'Allemagne hitlérienne, on repêche dans la Seine le cadavre d'un noyé. Il s'agit de Roland Farjon, trente-cinq ans, rejeton d'une puissante famille de Boulogne-sur-Mer (la firme Bagnol et Farjon), apparenté par sa femme au général de Gaulle. Les lettres trouvées sur la berge ne semblent laisser aucun doute : c'est un suicide. Pourquoi Farjon, doué pour le bonheur et promis à un avenir doré, se serait-il suicidé ? Pour échapper à un procès déshonorant. Entré tôt dans la Résistance au sein de l'Organisation civile et militaire (OCM), responsable de l'essentielle région-A qui regroupe plusieurs départements du Nord de la France il est arrêté le 23 octobre 1943, puis s'évade le 10 juin 1944. On lui reproche de s'être mis entre-temps au service de l'ennemi et d'avoir livré des centaines de ses camarades, dont beaucoup ont été fusillés. Mais est-ce bien le corps de Roland Farjon qu'on a repêché dans la Seine ? Des personnalités dignes de foi affirment l'avoir croisé des années après sa mort prétendue. En région A, l'incrédulité est générale. On aurait escamoté le traître, puissamment protégé par ses alliances familiales... Farjon avait-il réellement trahi ? La vague d'arrestations qui décapita l'OCM dans les premiers mois de 1944 n'aurait-elle pas plutôt son origine en région B, autour de Bordeaux où le policier SS Friedrich Dohse, jouant avec une habileté supérieure de l'anticommunisme de certains, réussit à diviser la Résistance, et même à faire recevoir par le général de Gaulle, alors à Alger, deux émissaires porteurs de propositions approuvées par sa hiérarchie ? Si le sujet n'en était grave et douloureux, on pourrait qualifier cette enquête de parfaitement rocambolesque. C'est le cas de dire que la réalité dépasse la fiction. Mais, au-delà du destin personnel de Roland Farjon, ce livre révèle un épisode dramatique, bien éloigné des images pieuses, de l'histoire de la Résistance.

05/1998

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Ecrits sur l'art

Leçons de vertige. Dans les failles de la subjectivité

Ce livre propose, en plusieurs chapitres singuliers, une histoire de la subjectivité moderne perçue à travers la notion de vertige. Si les concepts de "subjectivité" et de "sujet" ont subi de nombreuses attaques depuis Nietzsche, ils restent, aujourd'hui encore, essentiels à toute réflexion portée sur la modernité. Cette dernière n'a cessé historiquement d'osciller entre un idéal de conquête souveraine et la remise en cause de ces fondements ; le concept de "sujet" quant à lui n'aura pas échappé à cette dialectique. Le vertige dont il est question dans cet ouvrage est avant tout celui qui atteint le sujet moderne depuis sa position élevée et organisatrice. Et l'auteur d'ajouter que c'est dans sa confrontation douloureuse aux limites de son autodétermination que le "je" moderne s'est façonné. Révélant les traces d'une négativité créatrice, ces Leçons de vertige sont autant de plongées dans les failles de la conscience. Elles mettent au jour les ambivalences qui président à la constitution du sujet moderne et à sa quête de connaissance. Le vertige apparaît donc dans ces pages comme un trouble survenant depuis les marges de la pensée et qui s'incarne dans la mise en scène littéraire ou philosophique de la subjectivité, à travers l'ambiguïté du rêve, la stupeur du sublime ou les fantasmes de la toute-puissance. Michael Jakob fait varier les points de vue vertigineux à travers des figures parmi les plus importantes de l'histoire de la subjectivité moderne : Benjamin, Kafka, Rousseau, Goethe, Kant, Heine ; mais il interroge aussi ses racines à travers Pétrarque, Descartes ou Platon. Illustration et mise en question du point de vue surplombant, cet ouvrage est tout naturellement rythmé par une riche iconographie. Mais il déploie également, à travers plusieurs chapitres, une réflexion sur la représentation du sujet confronté au vertige dans l'art en mobilisant les oeuvres de Dürer, Caspar David Friedrich, Munch, Boccioni, Coburn, Shuitten & Peeters ou encore Tsutomo Nihei.

03/2023

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témoignages personnels

Entre les lignes. Itinéraire surprenant d'un officier français dès 1940

Un officier va recevoir pour mission d'infiltrer la Résistance française. Les autorités de Vichy le font muter à Paray-le-Monial. Mais il entend faire savoir à la Résistance qu'il est de son côté. Pour montrer son allégeance, il exécute un collabo. Entré dans la Résistance, il rencontre Max, nom de code de Jean Moulin. Il se retrouve à Londres toujours sous sa fausse identité. On l'y formera pour repartir en France à la tête d'un commando parlant la langue allemande. On le suit dans ses aventures extraordinaires au rythme des interventions militaires. Il rencontre Vidal, alias le général Delestraint. Vers la fin de la guerre il vit le dernier bombardement à domicile à Clichy - Saint-Ouen. Blessé il sera hospitalisé, mais se papiers sont allemands. Une catastrophe. Il n'y a que la grâce du général De Gaulle qui pourrait le sauver du poteau. Comment en est-il arrivé là ? Pupille de la nation parce que son père est mort en héros lors de la Grande Guerre, ce jeune homme doué en langues est élevé par sa tante dans l'Est de la France, non loin de la frontière allemande, où il vendra même du Schnaps fabriqué par son oncle à la Feldgendarmerie. Il y poursuit ses études jusqu'au moment où il décide d'intégrer la prestigieuse école d'officiers de Saint-Cyr. Il croisera le colonel De Gaulle dans le train. Il deviendra lieutenant. Arrive la déclaration de ce qui devient la seconde guerre mondiale. Le jeune lieutenant est envoyé par rail avec son régiment vers l'Allemagne. Avant même de combattre, la troupe est décimée par un bombardement. Le lieutenant séjournera dans des maisons au hasard de sa route. Il manquera de se faire interpeller par des soldats allemands, pourra s'échapper, mais changera d'uniforme, revêtant celui de l'ennemi faute de choix, provisoirement. Il en maîtrise la langue de manière suffisante. Lui l'officier français va se retrouver confondu avec la propriétaire de l'uniforme, l'Oberleutnant Friedrich von Hauser.

06/2023

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Critique littéraire

J'entends des voix

C'est tout à fait par hasard que je me suis retrouvé, il y a trois ans, à randonner et à dessiner chaque jour dans la montagne, aux alentours de Sils-Maria, où vécut Friedrich Nietzsche. Fatalement, j'ai repensé à lui, et fatalement je me suis plongé à nouveau dans ses écrits, dans sa correspondance, avec l'envie de reparler de lui et - pourquoi pas ? -, avec lui. Un dialogue imaginaire qui m'a reconduit à Turin où j'ai écrit et dessiné L'immense solitude - livre inachevé qui devait se conclure sur le suicide de Primo Levi. Déjà trente ans que je lis et relis Nietzsche. J'aime toujours autant ses paradoxes, ses provocations, sa liberté. Mais à Sils-Maria, j'ai pensé de façon obsessionnelle à sa douleur - sa douleur mentale, certes ; sa douleur physique, plus encore. J'ai cherché à comprendre d'où venait ce mal et, en cherchant, j'ai rencontré parfois son contraire : le plaisir, celui, par exemple, de la conversation, avec Paul Rée, avec Albert Brenner et surtout avec son amie Malwida von Meysenbug, qui l'aura rendu si heureux. J'ai entendu la voix de Nietzsche, un chuchotement, parfois un fracas, et très vite s'y sont mêlées d'autres voix, celles d'amis et de parents disparus. Au chagrin que m'inspire leur absence se sont ajoutés d'autres états d'âme, et des souvenirs, des paysages, des anecdotes. Peu à peu ce livre écrit et dessiné, précédé de quelques photographies, s'est refermé, tournant la page d'un seul et même livre - depuis L'immense solitude jusqu'à Mélancolie - dédié à la solitude, à l'enfance, à l'amour, comme ce manifeste dont je rêvais à l'âge de dix-neuf ans, lorsque je présentai timidement mes premiers dessins à Gébé, le rédacteur en chef d'Hara-Kiri, et qui avait pour titre Manifeste incertain. F.P.

10/2006

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Musique, danse

Ah vous êtes chanteur ! Mais vous arrivez à en vivre

J'ai commencé à me produire sur scène en 1964 à Mâcon en tant que guitariste ; A cette époque il y avait de nombreux groupes de musique constitués de trois guitares et une batterie qui interprétaient la musique des Shadows mais l'arrivée des Beatles a changé la donne ; J'ai traversé les décennies en formant des groupes avec de nombreux musiciens Mâconnais cités et photographiés dans ce livre. Mes animations en France et à l'étranger m'ont amené à affronter de nombreuses situations rocambolesques en jouant dans plus de quarante cinq départements. Mais n'oublions pas que jouer vient du mot joie : Jouer c'est un jeu Malgré des déboires parfois rencontrés, toutes ces aventures n'ont fait que conforter ma passion pour la guitare et la chanson. Le spectacle je l'ai survolé en tant qu'auteur-compositeur, musicien de studio, interprète, animateur, chef d orchestre de variétés, éditeur et producteur, organisateur d'événements , en me méfiant des modes qui se démodent et des chanteurs kleenex qu'on jette une fois la mode révolue. Bien sûr, j'ai dû m'installer à Paris pour solliciter le Show Business mais sans jamais renier la Bourgogne ma région de prédilection avec Mâcon et Chalon/Saône. Mes rencontres avec de nombreuses vedettes de la chanson m'ont permis de devenir ami avec des célébrités que vous découvrirez tout au long des pages comprenant plus de 220 photos et articles.Comment m'est venue l'idée d 'écrire ce livre ? Tout simplement à l'issu d'un entretien avec le chanteur Dave qui s'exclama en dédicaçant une de mes photos : "Ah vous êtes chanteur ! mais vous arrivez à en vivre ? " Cette phrase fit tilt dans ma tête et me donna l'idée de raconter mon parcours musical de 50 années : un parcours semé d'aventures de galères parfois mais qui ne m 'ont jamais fait renoncer car "la vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil" (Friedrich Nietzsche).

03/2020

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BD tout public

Une nuit d'été

A la fin d'un été, un groupe d'adolescents sillonnent à vélo la campagne. Les jeunes amis se dirigent vers leur repaire du crépuscule, cachés au fond de la forêt. Alors qu'ils s'apprêtent à écluser quelques bouteilles et à fumer les clopes qu'ils ont pu rassembler, ils s'aperçoivent soudain qu'un des leurs n'est plus là. En pleine nuit cette fois, à la lumière des lampes-torches, tous appellent le disparu, le recherchent. En vain, il ne réapparaît pas. Le lendemain de cette dernière nuit d'un été, les gendarmes de la région organisent une battue avec tous les volontaires réunis. En vain, il ne réapparaît pas. Une enquête commence alors... Quatrième livre de Margaux Othats ("La Chasse", "Un Jour Dehors", "Blanc"), "Une Nuit d'été" met en pages un récit dessiné entièrement muet qui se déroule dans un pays familier, beau, étrange et pénétrant, en zone rurale. La disparition d'un ami et d'un jeune nous précipite hors de l'adolescence et de son insouciance, nous bouleverse et rappelle tous ces souvenirs perdus, comme lui. Margaux Othats nous invite à lire les images autrement –vraiment– pour aller au-delà leur silence apparent, pour voir, découvrir et entendre tout ce que les images peuvent raconter et témoigner d'autres, de qui échappe aux paroles et au langage. Ambitieux, poétique et mystérieux, "Une Nuit d'été" est tantôt un teen-movie à la manière d'un Gus Van Sant qui aurait troqué sa caméra contre des pinceaux et des crayons, tantôt un polar rural dans un univers visuel rappelant à la fois la photographie naturaliste de Raymond Depardon et la peinture romantique allemande de Friedrich. Ce nouveau livre concrétise tout le talent et la puissance évocatrice de Margaux Othats qui réalise ici un véritable chef d'oeuvre sur le passage du temps, le crépuscule de l'adolescence, l'absence, le mystère de ce que l'on croyait si bien connaître, et le passage impossible dans le monde des adultes –la réalité.

03/2019

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Critique littéraire

Marx et Engels poetes romantiques

«Il connaissait par coeur Henri Heine et Goethe qu'il citait souvent dans sa conversation», écrivait Paul Lafargue quelques années après la mort de son beau-père. «Marx possédait une imagination poétique incomparable ; ses premières oeuvres furent des poésies. Mme Marx gardait soigneusement les oeuvres de jeunesse de son mari, mais ne les montrait à personne.» Dans ses premières années d'étudiant, autour de ses dix-huit ans, Karl Marx se consacra en effet avec énergie à l'écriture de ces poèmes ; au même âge, Friedrich Engels, de deux ans son cadet, en avait déjà publié plusieurs et si sa production fut à l'époque moins abondante, elle n'était certainement inférieure ni en contenu, ni en style, à celle de son aîné. En consacrant un livre aux travaux poétiques de ces très jeunes adultes, Marcel Ollivier a voulu les replacer dans cette époque où en Allemagne, une petite partie de ses intellectuels commençait à s'élever contre la réaction qui s'était abattue sur l'Europe continentale après la victoire de la Coalition sur la France napoléonienne. La censure, la destitution ou l'exil s'abattaient sur les poètes, les littérateurs et les enseignants critiques ou irrévérencieux comme ce fut le cas pour Heine et d'autres poètes tels que Börne et Freiligrath. En écrivant ces poèmes, les jeunes Marx et Engels exprimaient leurs sentiments sur le monde qui les entouraient et témoignaient des courants de pensée qui les influençaient, quelques années seulement avant qu'ils se lancent dans le combat politique et qu'ils se fassent les chantres du communisme dont le spectre allait hanter l'Europe. Par-delà les controverses innombrables qui ont entouré et entourent encore leurs travaux ultérieurs, ne peut-on aujourd'hui encore entendre ce message tout simple que nous transmet le jeune Marx ? Ne subissons pas passivement Le joug ignominieux. Car le désir et la passion, Car l’action nous restent.

01/2015

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Ouvrages généraux

Brouillards de peines et de désirs. Fait d'affects, 1

Affects, émotions ou passions forment quelque chose comme nos indéfectibles milieux de vie : des atmosphères en mouvement. C'est l'air que nous respirons, que nous traversons, qui nous traverse de ses turbulences. Ainsi marchons-nous dans l'affect, de jour comme de nuit. L'aube même de la littérature européenne ne fut d'abord que parole donnée à l'affect : lorsque Homère commença l'Iliade sur la nécessité de chanter une émotion de colère. On y voyait Achille, accablé par la mort de son ami, pris dans un " noir nuage de douleur ", s'allongeant alors dans la cendre et la poussière, comme pour se fondre dans le brouillard de peine qui venait juste de l'envahir. Ce livre est une traversée ou, plutôt, un vagabondage dans la multiplicité des " faits d'affects ". Dans leurs théories, pour lesquelles il aura fallu convoquer de l'anthropologie et de la phénoménologie, de la psychanalyse et de l'esthétique... Il y fallait aussi des images (de Caravage et Friedrich à Rodin et Lucio Fontana) puisque les affects s'y " précipitent " souvent. Non moins que des poèmes (de Novalis et Leopardi à Marina Tsvétaïeva et Henri Michaux) qui savent en rephraser l'intensité, et des chroniques (de Saint-Simon et Marcel Proust à Clarice Lispector) qui savent en raconter le devenir. Enfin il y fallait des gestes puisque nos peines et nos désirs s'expriment sans fin dans nos corps, nos visages ou nos mains par exemple. Affects, émotions, passions : forces ou faiblesses ? Spinoza, Nietzsche et Freud — qui osa écrire que " l'état émotif est toujours justifié " — en ont établi la puissance en dépit de l'impouvoir même où nous nous trouvons lorsque nous sommes émus. Mais de quel genre de puissance s'agit-il ? Comment se déploie-t-elle ? Où situer sa fécondité ? Quelles transformations produit-elle dans l'économie de nos sens (sensibilité) comme dans l'organisation même du sens (signifiance) ?

02/2023

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Histoire de France

Iéna et Auerstedt. La Prusse humiliée (14 octobre 1806)

"Si l'on n'a pas au moins cent mille hommes et un bon nombre de canons, on ne doit pas se permettre de me faire la guerre. Et ces Prussiens en avaient bien autant et davantage ; à quoi cela leur a-t-il servi ? Je les ai dispersés comme de la poussière dans le vent, je les ai écrasés et, en vérité, ils ne se relèveront plus." Ces paroles prononcées par Napoléon en novembre 1806, lors d'un entretien avec Fredrich von Müller, conseiller du duc de Weimar, résument parfaitement la campagne de 1806. Brillante pour l'Empereur, elle fut synonyme de catastrophe et d'humiliation pour une Prusse vivant dans le souvenir glorieux des victoires du Grand Frédéric. Comment une puissance européenne put-elle s'effondrer si brutalement, en un temps aussi court, à peine un mois ? Les talents militaires de Napoléon et sa formidable machine de guerre n'expliquent pas tout. Les victoires d'léna et d'Auerstedt n'auraient pas été aussi brillantes et si décisives si les faiblesses de l'armée prussienne n'avaient pas été si grandes. Conséquences d'une politique étrangère calamiteuse de la part du roi Frédéric-Guillaume III, elles montrèrent à quel point l'appareil de guerre bâti par Frédéric II un demi-siècle plus tôt était dépassé et totalement inadapté à l'évolution tactique et stratégique récente. Le traumatisme fut profond et durable, bien au-delà de la revanche de la guerre de libération et de la chute de Napoléon.

02/2019

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Histoire de France

Autour d'un effort de mémoire. Sur une lettre de Robert Antelme

Robert Antelme est arrêté par la Gestapo et déporté en juin 1944. Il se retrouve à Dachau un an plus tard, presque moribond. Le camp est bloqué par les troupes américaines par peur du typhus mais deux amis, dont Dionys Mascolo, réussissent à le faire sortir. Commence alors un "voyage infernal et merveilleux". Il parle, pendant cinq semaines, et ne pense "mourir que de ce bonheur". Deux ans plus tard il publie aux éphémères Editions de la Pensée Universelle, qu'il a fondées avec Marguerite Duras, ce livre dont Blanchot dit qu'il est "le plus simple, le plus pur et le plus proche de cet absolu dont il nous fait souvenir, L'Espèce humaine".
Entre la parole "sans fin" et le récit nécessaire il y a la Lettre à Dionys Mascolo. Malraux note comme une évidence que si "maints déportés"... ont écrit leurs souvenirs, leur retour à l'humanité n'y figure guère". Mascolo réplique : "La Lettre de Robert dit précisément ce que l'on nous dit qu'il est impossible de dire, qui devrait donc rester inouï". Au-delà du "simple raccordement de mémoire", de la "réconciliation" ou de l'"examen de passage", comme au-delà de la trop claire "dénégation", s'ouvre l'espace d'une innocence, d'une "originelle indétermination", où l'homme nié revient à l'homme et où l'écriture à la fois précise et tremblée de la lettre anticipe sur la rédaction du livre.
Cet état, "jamais... il n'y renoncera, jamais n'en guérira, ou jamais ne le trahira". La "réincarnation" (littéralement : le retour à la chair) d'Antelme est exemplaire. "Le lieu d'où il parle, dit Mascolo, il nous y a précipités et nous n'en sommes jamais revenus". Il donne aux autres, "sans échappatoire" l'occasion de se voir du dehors et de se découvrir une vie et une politique. Autour de Robert Antelme, Dionys Mascolo, Marguerite Duras, Edgar Morin puis Elio et Ginetta Vittorini se regroupent "dans le sentiment d'une délivrance mutuelle".
Ils sont tous au Parti Communiste mais leur communisme, qui appartient aussi bien à Holderlin qu'à Marx, a sur la Révolution une "avance" que ne supporteront pas les staliniens. Il refuse catégoriquement "le non-homme de l'homme, armé de raison, instruit de morale et soucieux de perfection". L'expérience, ici, c'est aussi le "refus du message".

08/1997

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Littérature étrangère

Le Bruit du temps

" Je n'ai pas envie de parler de moi, mais d'épier les pas du siècle, le bruit et la germination du temps... " Même s'il s'en défend, avec Le Bruit du temps, publié en 1925 et rédigé en Crimée dès 1923, Mandelstam signe son livre le plus autobiogaphique et donc la meilleure introduction qui soit à son oeuvre. Il y évoque le Pétersbourg d'avant la révolution et sa formation de poète : de la bibliothèque (russe et juive) de son enfance à l'étonnant professeur de lettres, V. V. Gippius, qui lui a enseigné et transmis la " rage littéraire ". Mais le livre est aussi une éblouissante prose de poète, qui annonce Le Timbre égyptien. Une prose où le monde sonore du temps (concerts publics, mais aussi intonations d'acteurs, chuintements de la langue russe) constitue la base du récit, une prose qui jaillit d'un regard à travers lequel le monde semble vu pour la première fois, avec une étonnante intensité. Mandelstam compose ainsi une suite de tableaux d'une exposition sur la préhistoire de la révolution. Le livre s'achève au présent sous une chape d'hiver et de nuit (" le terrible édifice de l'Etat est comme un poële d'où s'exhale de la glace "), face à quoi la littérature apparaît " parée d'un je ne sais quoi de seigneurial " dont Mandelstam affirme crânement, à contre-courant, qu'il n'y a aucune raison d'avoir honte ni de se sentir coupable. Pourquoi traduire une nouvelle fois Le Bruit du temps alors qu'il existe déjà deux traductions en français, l'une, médiocre, dans une anthologie de proses de Mandelstam intitulée La Rage littéraire chez Gallimard, jamais rééditée ; l'autre, extrêmement précise, par Edith Scherer, à L'Age d'homme, reprise dans la collection " Titres " chez Christian Bourgois ? Sans doute parce qu'il fallait faire appel à un poète pour donner à entendre dans une langue d'une grande richesse, la musique et l'éclat si particuliers de cette prose. Nous avons commandé cette traduction nouvelle à Jean-Claude Schneider, admiré de poètes allemands comme Hölderlin, Trakl, Bobrowski, qui avait déjà traduit de Mandelstam, à La Dogana, des poèmes de Simple promesse et surtout le magnifique Entretien sur Dante, précédé de La Pelisse.

02/2012

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Littérature française

Les Rêveries du promeneur solitaire. Un essai de Jean-Jacques Rousseau

Les Rêveries du promeneur solitaire est un ouvrage inachevé de Jean-Jacques Rousseau rédigé entre 1776 et 1778, en France, à Paris puis chez René-Louis de Girardin au château d'Ermenonville. Ce livre annonce, à la manière des Nuits d'Edward Young (1742-1745) ou des Souffrances du jeune Werther de Goethe (1774-1787), la naissance du romantisme européen. Historique Le Voyageur contemplant une mer de nuages de Caspar David Friedrich (1818). Les Rêveries du promeneur solitaire est une publication posthume de l'écrivain et philosophe genevois Jean-Jacques Rousseau. Il constitue le dernier de ses écrits, la partie finale ayant vraisemblablement été conçue quelques semaines avant sa mort, et l'oeuvre étant inachevée. Sa rédaction s'est établie tout au long des deux dernières années de sa vie, jusqu'à son refuge au château d'Ermenonville : la nature solitaire et paranoïaque de l'auteur malgré une notoriété croissante l'a contraint à cet exil après l'accueil de ses Dialogues, et peut-être également la mort de Louis François de Bourbon (dit le Prince de Conti) durant l'été 1776. Présentation générale Les Rêveries du promeneur solitaire tiennent à la fois de l'autobiographie et de la réflexion philosophique : elles constituent un ensemble d'une centaine de pages, l'auteur employant très généralement la première personne du singulier et apportant par digressions quelques détails sur sa vie. Le livre, qui se présente comme "un informe journal [des] rêveries" de Rousseau, est composé de dix sections inégales, appelées promenades, qui sont des réflexions sur la nature de l'Homme et son Esprit. Rousseau, à travers cet ouvrage, présente une vision philosophique du bonheur, proche de la contemplation, de l'état ataraxique, à travers un isolement relatif, une vie paisible, et surtout, une relation fusionnelle avec la nature, développée par la marche, la contemplation, l'herborisation que Rousseau pratique. Ces Rêveries cherchent à produire chez le lecteur un sentiment d'empathie qui lui permettrait à travers l'auteur de mieux se saisir lui-même. Avec les Confessions, Jean-Jacques voulait d'abord faire la lumière sur le citoyen Rousseau et sur sa vie ; cette oeuvre postérieure est davantage une invitation au voyage et une réflexion générale sur son mode de pensée. Texte intégral.

02/2023

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Histoire des idées politiques

De la cruauté en politique. De l'Antiquité aux Khmers rouges

" L'Etat se nomme toujours patrie quand il prépare un assassinat " (Friedrich Dürrenmatt) Cruauté et politique : il serait présomptueux de vouloir traiter ce thème dans toute son amplitude historique alors que depuis la plus Haute Antiquité les hommes ont eu une singulière tendance à obéir à l'impératif " Massacrez-vous les uns les autres ! ". Si la cruauté est de toutes les époques, elle est aussi de tous les continents, même si cet ouvrage privilégie l'Europe " de l'Atlantique à l'Oural ", un espace géo-politico-culturel qui nous concerne au premier chef. La cruauté ici retenue le sera dans son sens originel et étymologique, du latin crudelitas qui évoque une chair sanguinolente, indique que le sang coule et induit la mise à mort. Le terme exprime aussi une inclination à faire souffrir, à voir souffrir et à y prendre du plaisir. Toute notre histoire est marquée au sceau du crime politique et déjà, lors de la guerre de Troie, Agamemnon n'hésita pas à offrir aux dieux sa fille Iphigénie en sacrifice humain afin qu'ils favorisent les Grecs. Depuis ce sacrifice initial, les assassinats pour raison politique se sont multipliés, à commencer par ceux des chefs dont la mort visait à modifier radicalement la donne du pouvoir : César, Henri IV, Lincoln, Alexandre II, François-Ferdinand, Trotski ou Kennedy... Ils ont souvent été maquillés en procès religieux et/ou politiques, de Jeanne d'Arc à Nicolas Boukharine en passant par Charles Ier ou Louis XVI. Sans oublier les massacreurs mondialement connus comme Attila, Gengis Khan ou Timour - " l'homme d'acier " en turco-mongol, qui en russe deviendra " Staline " -, Vlad l'Empaleur ou Ivan le Terrible, en attendant que les régimes totalitaires du XXe siècle instaurent une cruauté à grande échelle qui visait des dizaines de millions de personnes et établissait la terreur de masse comme moyen ordinaire de gouvernement. Qui ? Pourquoi ? Comment ? Dans quelles circonstances - guerres de religion, guerres nationales, guerres civiles, guerres totales ? Bourreaux et victimes ? Autant d'interrogations auxquelles les vingt-quatre auteurs de l'ouvrage tentent d'apporter des réponses de contributions englobant deux millénaires.

11/2023

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Littérature étrangère

Ton absence n'est que ténèbres

Un homme se retrouve dans une église, quelque part dans les fjords de l'ouest, sans savoir comment il est arrivé là, ni pourquoi. C'est comme s'il avait perdu tous ses repères. Quand il découvre l'inscription "Ton absence n'est que ténèbres" sur une tombe du cimetière du village, une femme se présentant comme la fille de la défunte lui propose de l'amener chez sa soeur qui tient le seul hôtel des environs. L'homme se rend alors compte qu'il n'est pas simplement perdu, mais amnésique : tout le monde semble le connaître, mais lui n'a aucune souvenir ni de Soley, la propriétaire de l'hôtel, ni de sa soeur Runa, ou encore d'Aldis, leur mère tant regrettée. Petit à petit, se déploient alors différents récits, comme pour lui rendre la mémoire perdue, en le plongeant dans la grande histoire de cette famille, du milieu du 19ème siècle jusqu'en 2020. Aldis, une fille de la ville revenue dans les fjords pour y avoir croisé le regard bleu d'Haraldur ; Pétur, un pasteur marié, écrivant des lettres au poète Hölderlin et amoureux d'une inconnue ; Asi, dont la vie est régie par un appétit sexuel indomptable ; Svana, qui doit abandonner son fils si elle veut sauver son mariage ; Jon, un père de famille aimant mais incapable de résister à l'alcool ; Pall et Elias qui n'ont pas le courage de vivre leur histoire d'amour au grand jour ; Eirikur, un musicien que même sa réussite ne sauve pas de la tristesse - voici quelques-uns des personnages qui traversent cette saga familiale hors normes. Les actes manqués, les fragilités et les renoncements dominent la vie de ces femmes et hommes autant que la quête du bonheur. Tous se retrouvent confrontés à la question de savoir comment aimer, et tous doivent faire des choix difficiles. Ton absence n'est que ténèbres frappe par son ampleur, sa construction et son audace : le nombre de personnages, les époques enjambées, la puissance des sentiments, la violence des destins - tout semble superlatif dans ce nouveau roman de Jon Kalman Stefánsson. Les récits s'enchâssent les uns dans les autres, se perdent, se croisent ou se répondent, puis finissent par former une mosaïque romanesque extraordinaire, comme si l'auteur islandais avait voulu reconstituer la mémoire perdue non pas d'un personnage mais de l'humanité tout entière. Le résultat est d'une intensité incandescente. Traduit de l'islandais par Eric Boury

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Musique, danse

Les fils de Bach

Bach ne s'est pas contenté d'être l'immense génie que l'on sait ; il est également parvenu à transmettre à ses quatre fils ayant mené une existence adulte cette fibre musicale qui fit d'eux quatre compositeurs importants. Exemple unique dans toute l'histoire de la musique de semblable continuité, d'autant plus remarquable que chacun d'eux sut développer une personnalité artistique propre qui, si elle dut beaucoup à l'enseignement du père, ne s'affranchit pas moins très vite, sur le plan stylistique, de sa puissance emprise. Ces quatre individualités de tempérament fort différent dont la vie et le parcours musical empruntèrent des chemins non moins divers connurent des destins très variés qui ne se croisèrent qu'en de rares occasions. A l'aîné Wilhelm Friedemann (le Bach de Dresde), au caractère fantasque et instable, formidable organiste qui termina sa vie presque dans la misère, s'oppose son cadet de quatre ans, Carl Philipp Emanuel (le Bach de Berlin), musicien au contraire très en vue à son époque, lié aux écrivains et aux philosophes d'Allemagne du Nord, pionnier de la musique pour clavier, et à ce titre admiré par Haydn et Beethoven. Les deux suivants, issus du second mariage de leur père, et donc considérablement plus jeunes que leurs aînés, présentent ce même profil contrasté : le discret et sédentaire Johann Christoph Friedrich (le Bach de Bückeburg), auteur d'une oeuvre abondante aux frontières du baroque et du classicisme, a peu à voir avec son puîné, le très mondain et voyageur Johann Christian (le Bach de Londres), qui fut le seul des quatre à composer des opéras et à cultiver assidûment le style galant : raisons pour lesquelles Mozart l'appréciait tant. Injustement tombés dans l'oubli, au fur et à mesure que grandissait la gloire de leur père et que Haydn, Mozart et Beethoven devenaient des références incontournables, les fils Bach font l'objet d'un intérêt croissant. Ce livre, le premier à leur être entièrement consacré, rend compte tout à la fois de leur carrière, de leur entourage et de leur production. Auteur d'un livre somme sur Haydn couronné de nombreux prix, ainsi que d'ouvrages sur Mahler et Sibelius, Marc Vignal a par ailleurs assuré la direction du Larousse de la musique et participé à de nombreux ouvrages collectifs.

07/1998

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Jardinage

L'humeur paysagère

Quatre-vingt-dix jardins visités ou revisités, à Paris et en Ile-de-France, précédés de la remémoration d'une douzaine de paysages fondateurs ! Ceux-ci formant comme un voyage dans le passé depuis les jardins potagers d'une enfance ballottée entre la ville et la Bretagne, jusqu'aux grands paysages de l'Himalaya et du Japon en passant par les jardins italiens. L'ensemble est très éclectique. Les divers genres de jardins conçus depuis la Renaissance s'y trouvent tous présents, dans un choix personnel mais permettant de dresser un panorama des styles comme des idées. On peut suivre, dans un va-et-vient constant entre des lieux d'époques différentes, la relation changeante des hommes à la nature, pendant un peu plus de cinq siècles. Des parcs de châteaux, "classiques" ou "paysagers", à Fontainebleau, Chantilly, Versailles, Meudon, Sceaux, Saint-Cloud, Bagatelle, Ferrières, Boulogne..., des lieux uniques laissés par des hommes uniques, Chateaubriand ou Albert Kahn..., arpentés ou associés à des hommes aussi divers que Louis Franchet d'Espèrey et Karl Marx, Ingmar Bergman et Gaspar David Friedrich, Casanova et Sacha Guitry, des parcs et squares de Paris créés au XIXe siècle et tout le bazar du XXe, élégants jardins des années trente et cités-jardins, potagers de banlieue et "espaces verts" de grands ensembles..., jusqu'aux territoires végétaux les plus actuels, friches et coulées vertes dans les interstices ou jardins "partagés" dans les dents creuses de la ville. Aujourd'hui, on jardine à tout va pour se rassurer face à l'angoisse écologique. On fait semblant de sauver la planète en cultivant des carottes au pied de son immeuble. On programme de grands parcs urbains pour essayer d'être ensemble malgré une société du chacun pour soi. On fabrique des zones "naturelles" pour préserver des essences ou faire des classes de biologie pour citoyens ignorants. Ca part dans tous les sens, toutes les fonctions, toutes les formes. On s'y perd à coup sûr en essayant de résumer les cent dernières années sous une étiquette, comme on avait pu le faire pour les siècles précédents. Mais en mélangeant les époques, on fait de belles promenades, le corps et l'esprit surpris sans cesse par le côtoiement de l'héritage et de l'inclassable, et par la possibilité de penser notre époque en pensant ce qu'on a sous les yeux, que le constat soit tour à tour celui de la jubilation ou de l'accablement.

01/2015

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Inde

Histoire de la civilisation indienne. Tome 1 L'Inde ancienne et médiévale : De la civilisation de l'Indus-Sarasvatet#299; aux invasions musulmanes

Vieille civilisation plusieurs fois millénaire, l'Inde, qui sera l'une des grandes puissances du XXIe siècle, demeure méconnue en France. Le public cultivé a quelques notions de la période coloniale, voire des Moghols, mais l'histoire de l'Inde ancienne est généralement ignorée aujourd'hui, alors qu'elle faisait l'admiration du siècle des Lumières et du premier XIXe siècle. " En Inde se trouve la source de toutes les langues, de toutes les pensées et de toute l'histoire de l'esprit humain ; tout, sans exception, est originaire de l'Inde ", écrivait sans nuances le philosophe allemand Friedrich Schlegel. " C'est à peu près la thèse des nationalistes hindous aujourd'hui, pour qui l'origine de la civilisation se situe dans la vallée de l'Indus-Sarasvati au troisième millénaire avant notre ère. Au contraire, les sécularistes affirment que le sanskrit et le Veda ont été introduits par des étrangers, les Aryens en l'occurrence, et que la civilisation indienne est le fruit d'incessants brassages. Alors qu'en Occident l'histoire de la Grèce antique et de l'Empire romain n'engendre que quelques controverses feutrées dans d'étroits cénacles, en Inde, l'histoire ancienne déchaîne les passions dans les milieux politiques et enflamme l'opinion tout entière. L'Inde ancienne, c'est aussi la naissance du bouddhisme et du jainisme, la consolidation du brahmanisme et du système des castes. C'est également l'époque des brillants empires maurya et gupta, de l'apogée de la littérature sanskrite, religieuse et profane, et d'un art raffiné qui trouve d'heureux prolongements dans les royaumes de la période médiévale : à partir du VIIe siècle, de l'Himalaya au cap Comorin, des dynasties régionales érigent des temples grandioses et encouragent les littératures en langues vernaculaires, telles que le tamoul et le kanna ? a. Le rayonnement de l'Inde est tel que les envahisseurs qui déferlent sur le sous-continent sont, après les ravages initiaux, conquis et assimilés par cette civilisation. Le but de ce livre est d'aller au-delà des seuls aspects politiques, militaires et économiques, afin d'illustrer une dynastie, une religion, une société avec des textes de l'époque, mais aussi des photographies de ses principales réalisations architecturales, sculpturales, voire picturales quand les oeuvres ont résisté aux outrages du temps. Cette démarche, qui présente l'avantage de rendre plus accessible l'histoire complexe des royaumes de l'Inde ancienne et médiévale, sous lesquels sont réalisés quelques-uns des joyaux du patrimoine de l'humanité, permet surtout de pénétrer l'âme de la civilisation des anciens Indiens.

01/2023

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Généralités

Le roman des damnés. Ces nazis au service des vainqueurs après 1945

Tout a été dit sur les complices d'Hitler jugés à Nuremberg (Göring...), rattrapés dans leur fuite (Eichmann, Barbie...) ou morts dans la clandestinité (Mengele). Mais on ne s'est guère intéressé à ceux qui, non content d'avoir échappé à la corde, ont entamé, à l'ombre des vainqueurs, une seconde carrière d'envergure. La plus spectaculaire est celle de Kurt-Georg Kiesinger, devenu chancelier de la République fédérale d'Allemagne de 1966 à 1969 après avoir été surnommé, entre 1940 et 1945, le " Goebbels de l'étranger ". Et les plus honteuses celles de Reinhard Gehlen, Adolf Heusinger et Ernst Achenbach. Le premier prit la tête, en 1956, des services secrets ouest-allemands et le second, de 1960 à 1964, du comité militaire de l'Otan. Sous les ordres d'Hitler, ils avaient pourtant planifié l'invasion de la Russie et son cortège de massacres. Quant au troisième, il fut le principal collecteur de fonds du NSDAP avant d'organiser le pillage de l'économie française, ce qui ne l'empêcha nullement de devenir président de la Commission des Affaires étrangères du Bundestag... puis candidat de l'Allemagne à la Commission de Bruxelles en 1970 ! A leurs côtés, voici le SS Walter Schellenberg, principal collaborateur d'Heydrich puis d'Himmler, cité à Nuremberg comme simple ''témoin'', alors qu'il jeta les bases de la Shoah par balles en Union soviétique ; Friedrich Paulus, le vaincu de Stalingrad, devenu un ardent propagandiste soviétique... ; Rudolf Diels, le premier chef de la Gestapo (1933-34), qui se transforma en chasseur de communistes pour le compte de l'armée américaine. Voici encore Albert Speer et Wernher von Braun, deux assassins aux mains propres qui ne réussirent respectivement comme ministre de l'armement d'Hitler et concepteur des premiers missiles balistiques de l'histoire, que grâce aux dizaines de milliers d'esclaves sacrifiés dans les usines du Reich ; et aussi " le sorcier " Hjalmar Schacht, qui mobilisa l'industrie et la finance en faveur du IIIe Reich avant de se reconvertir en conférencier international... Sans oublier Otto Skorzeny, le ''James Bond du Führer'', qu'on retrouve dans tous les coups tordus de l'Après-guerre, au service de la CIA comme du Mossad ! Et voici l'exception qui confirme la règle : Hanna Reitsch, héroïne de l'aviation, dont l'erreur fatale fut de croire en Hitler et de mettre son prestige de pilote d'essai au service d'un régime criminel. Continuant, jusqu'en 1977, à battre records sur records, elle osa regarder en face les horreurs qu'elle avait provoquée. Une galerie passionnante de portraits portée par un rare sens du récit.

05/2021

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Littérature étrangère

Les vies parallèles

Les Vies parallèles débute le 28 juin 1883 - date de la nouvelle de la folie de Mihai Eminescu - et s'achève à sa mort, le 15 juin 1889 : deux dates enregistrées dans la mémoire collective qui consolident et renforcent le mythe du poète national roumain. Car il s'agit bien du mythe de Mihai Eminescu, le poète "absolu", celui dont la vie et l'oeuvre n'ont jamais cessé d'alimenter sa propre légende. La vie du poète, son sacrifice pour l'oeuvre littéraire et pour l'amour sont devenus un matériel de propagande pour les divers régimes politiques. D'abus en abus, Eminescu a été revendiqué et manipulé pour légitimer ou soutenir diverses causes et intérêts politiques, moraux ou intellectuels de la postérité. Il est intéressant de remarquer que sa pensée, à l'origine conservatrice va être récupérée par les extrêmes : de la droite (déformée dans le sens racial par l'extrême droite des années 1930) à la gauche (déformée dans le sens prolétaire, social, par le pouvoir stalinien des années 1950-1960), pour devenir nationaliste (dans le sens de la propagande patriotique nationaliste de Ceausescu). Mihai Eminescu est considéré comme le plus grand poète roumain, comparé à Hölderlin, Lenau, Lermontov ou Leopardi. Sa vie et son oeuvre sont connus par chaque écolier, par chaque lecteur roumain ; toute personne est capable de réciter un vers du poète. A la création du mythe ont contribué son aura de poète romantique ainsi que sa fin tragique dans un asile de fous. De ce point de vue, le poète roumain a de nombreuses affinités avec les grands romantiques européens, le romantisme étant le courant littéraire qui a imposé dans la conscience européenne l'image du génie malheureux. Ses amours avec Veronica Micle, un des personnages clé de ce roman font partie d'une sorte de "patrimoine national". Dans cette "fiction documentaire" d'une extraordinaire richesse, Florina Ilis reconstitue la dernière partie de la vie de Mihai Eminescu, et même au-delà, c'est-à-dire cent cinquante ans d'existence du mythe. Car la vie, la maladie et la mort du poète continuent encore d'être des sujets de dispute : A-t-il été un génie ? A-t-il aimé ? Etait-il réellement fou ou y-avait-il une grande conspiration ? Florina Ilis s'emploie à la démystification du culte du poète national. Elle superpose sur les épisodes de la vie d'Eminescu, des voyages dans le temps qui troublent les rapports temporels. Le lecteur découvre ainsi le projet de la Securitate et le dossier "Le poète national", ouvert afin de corriger, dans la perspective du glorieux présent communiste, l'image du poète, récupéré par le précédent régime. Des agents de la Securitate se retrouvent infiltrés dans le temps et dans la vie du poète et ils seront chargés d'observer et d'intervenir si nécessaire dans le cours des événements : un voisin de chambre d'Eminescu dans un sanatorium viennois ou une jeune femme téléportée comme infirmière au même endroit, etc.

01/2015

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Poésie

Mémoire vocale. 200 poèmes allemands du huitième au vingtième siècle stockés et modérés par Thomas Kling, Edition

En 2001, l'éditeur DuMont Verlag pose à Thomas Kling la question suivante : "De quels poèmes en langue allemande avons-nous besoin en ce début de siècle ? " C'est en tant que réponse à cette question qu'il faut lire le choix présenté ici : une sélection de poèmes indispensables pour le poète qu'est Thomas Kling, non une anthologie de plus. Mémoire vocale a valeur de programme poétologique : des formules magiques de Mersebourg aux poètes et poétesses d'aujourd'hui, sont présentés ici des textes destinés à mettre en valeur toutes les ressources qu'offre l'allemand sur une dizaine de siècles, dans la diversité de ses registres : langue incantatoire, jargons et hybridations telles que le rotwelsch, l'argot des classes marginalisées, mêlé d'allemand, de néerlandais et de yiddish et parlé surtout dans l'ouest de l'Allemagne, qui a toujours fasciné le Rhénan qu'était Kling. Si la plupart des noms attendus sont présents (Bachmann, Brecht, Celan, Goethe, Hölderlin, Jandl, Nietzsche, Novalis, Rilke...) Il s'agit là d'un choix singulier, à contre-pied du canon littéraire, notamment par la place limitée faite à la tradition classique et romantique, mais qui offre une part belle à la poésie du Moyen Age, aux audaces de la poésie "baroque" , à la diversité inventive des écritures modernes et contemporaines. Celui pour qui le poème est "instrument optique et acoustique de précision qui provient et se met au service de la perception, la perception exacte de la langue" assume ici la subjectivité d'un choix moins de poètes que de textes admirés, ce qui peut expliquer les surprises que réserve Mémoire vocale : la poétesse d'origine juive Gertrud Kolmar, morte en déportation, est placée dans l'immédiat voisinage de Josef Weinheber, un poète autrichien controversé en raison de sa collaboration avec le régime nazi ; Hans-Magnus Enzensberger, dont Thomas Kling n'a jamais fait mystère du peu d'intérêt qu'il portait à sa poésie de "gardien de musée" , est représenté, alors que Nelly Sachs, lauréate du Prix Nobel de littérature en 1966, ne l'est pas. De même l'Autrichien Hugo von Hofmannsthal, qui a été un représentant important du symbolisme allemand, est absent de cette anthologie, Kling lui préférant son ami Rudolf Borchardt, un strict formaliste, théoricien d'une "Restauration créatrice" nourrie d'Antiquité et de classicisme. Si "mémoire vocale" n'échappe pas au statut de "haie hégémonique" propre à toute anthologie, en ce qu'elle fixe et valorise un corpus par délimitation d'un jardin clos dans lequel s'épanouit un choix de fleurs, il importe de replacer ce florilège dans le contexte de la poétique de Kling qui considère que "la poésie procède du flux de données, elle est - si elle réussit, si elle fonctionne -, un flux dirigé de données et déclenche un tel flux chez le lecteur" . C'est à la reconfiguration d'un tel flux dynamique que travaille mémoire vocale.

02/2023

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Disques enfants

Louis XIV. 1 CD audio

Quel roi ! Le plus long règne, la plus longue vie, le plus beau palais, des guerres sans fin, des amours multiples, une splendeur incroyable, de la gloire à n'en plus finir, une cour royale fastueuse, mécène des arts et de la culture et un emblème : le Soleil... Au-delà de l'histoire de sa vie et de son règne, nous vous emmenons dans une épopée, digne d'un flamboyant roman, celle de Louis XIV. Les dialogues sont imaginaires, tous les faits historiquement exacts.

06/2015

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Critique Poésie

De l'expérience poétique

Depuis le jour où, adolescent, il a été saisi par un sonnet de Baudelaire, John E. Jackson n'a cessé de s'interroger sur ce qu'est la poésie dans l'espoir d'en dégager les qualités distinctives chez des écrivains que tout oppose a priori. Qu'y a-t-il en effet de commun, notre émotion de lecteur mise à part, entre les chansons du troubadour Jaufré Rudel et le minimalisme inquiet d'un Samuel Beckett ? entre François Villon, celui de la "ballade pour prier Nostre-Dame" , et un Paul Celan qui, écrivant après Auschwitz, profère une sorte de louange à Personne ? et même entre Sapho et Labé, Ronsard et Rückert, Racine et Goethe, Hölderlin et Dante, Eliot, Apollinaire, Shakespeare, Bonnefoy ou Mallarmé ? Aussi familier que Jackson soit de cette constellation de poètes, l'énigme foncière de la poésie lui résiste ; elle mérite néanmoins qu'il y ait consacré le gros de ses efforts d'interprète, ne serait-ce que pour reconnaître l'énormité de la dette affective contractée auprès de ces oeuvres qui l'ont accompagné toute sa vie. Dans les différents chapitres de ce nouvel essai, Jackson appréhende plusieurs facettes du mystère. Dans le premier, intitulé "Musiques du sens" , il fait l'hypothèse que la musique des mots prend le relais de notre désir de compréhension frustré "en instituant des modes de signification qui révèlent des dimensions allusives ou imageantes du langage que la parole ordinaire a tendance à recouvrir ou à masquer" . Dans un deuxième chapitre, convaincu qu'un poète est avant tout une voix, il s'efforce de la définir : "elle n'est pas, ou pas seulement, une façon de parler, elle est l'accent particulier qu'une dimension presque insaisissable donne à cette façon, une modulation qui fait frémir les mots mais sans se laisser réduire à eux" . Il constate ensuite que la poésie, aussi bien médiévale que moderne, a toujours eu besoin des dieux, et se penche sur les raisons de ce nécessaire souci de la transcendance avant d'aborder la question difficile de la réalité que le poème est en mesure de cerner. Bien loin d'être un pur miroir de la psyché de son auteur, la poésie se nourrit pour lui "d'une ambition ontologique qu'il convient d'analyser même si c'est pour reconnaître en elle le caractère inachevable d'une dialectique de l'objectif et du subjectif" . Cet essai vaut par aussi pour l'émouvante profession de foi critique à laquelle Jackson se livre in fine ; cet art de la lecture qu'il défend exige précision et respect de la parole du poète : "Ce qu'il importe de se rappeler quand on cherche à interpréter de la poésie, c'est que celle-ci, quand elle est authentique, n'est jamais que la recherche d'une réalité ou d'une vérité dont son auteur dispose d'autant moins qu'il n'a, précisément, que son poème pour la chercher lui-même. ''La réalité, écrivait Paul Celan, n'est pas. La réalité demande à être cherchée et conquise. '' L'acte de l'interprétation ne peut être, au mieux, qu'une tentative seconde".

03/2023

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Droit

Revue méditerranéenne de droit public N° 9 : Liberté(s) ! En Turquie ? En Méditerranée !

La Revue Méditerranéenne de Droit Public, née en 2013 au sein du Collectif l'Unité du Droit, met en avant les travaux du Laboratoire méditerranéen de Droit Public. "Vivre comme un arbre, seul et libre. Vivre en frères comme les arbres d'une forêt" ainsi que nous avait engagé à le vivre le poète Nâzim Hikmet. Le présent ouvrage est un cri d'alarme(s) et de détresse(s) à destination de tous les citoyens, décideurs politiques et membres de la Communauté universitaire en France mais aussi et surtout autour du bassin méditerranéen. Matérialisé en urgence au mois de juin 2018 et publié le jour des élections présidentielles et législatives turques alors que la situation de plusieurs collègues turcs a attiré l'attention de nombreux réseaux académiques dont le Laboratoire méditerranéen de Droit Public, il a été décidé d'offrir un témoignage d'amitié et de fraternité aux membres de la Communauté universitaire de Turquie, menacée de privation(s) de liberté(s) par le régime du Président Erdogan. En particulier, l'ouvrage est adressé à notre ami le professeur Ibrahim O Kaboglu, directeur de l'équipe turque du Laboratoire méditerraneen de Droit Public. L'opus résolument tourné vers l'espoir, le Droit et les libertés, se compose de trois parties : la première revendique davantage de libertés d'expression(s) pour nos collègues turcs et offre au lecteur plusieurs points de vues comparés sur les libertés académiques en Méditerranée (Partie I). Par suite, le livre propose de façon militante et assumée des analyses et propositions en faveur du droit constitutionnel et des libertés en Turquie (Partie Il) et en Méditerranée (Partie Ill). Comme l'espère le président Jean-Paul Costa dans son avant-propos, "puisse cet ouvrage collectif, cet hommage solidaire, dépasser le seul symbole ; puissent les témoignages de ces femmes et de ces hommes influer quelque peu sur le cours des choses ! Point n'est besoin d'espérer pour entreprendre : il fallait en tout cas essayer". Ce livre comprend une trentaine de contributions auxquelles ont participé plus de quarante contributeurs depuis plusieurs pays méditerranéens (Espagne, France, Italie, Liban, Maroc, Turquie) : M le Président Costa, Mmes et MM les professeurs Afroukh, Basilien-Gainche, Bockel, Bonnet, Fontaine, Freixes, Gaillet, Groppi, Iannello, Larralde, Laval, Malaret, Marcou, Mathieu, Maus, Prieur, Rousseau, Starck, Touzeil-Divina & Turk ainsi que Mmes Abderemane, Elshoud, Espagno-Abadie, Eude, Fassi de Magalhaes, Gaboriau, Mestari, Perlo, Rota, Schmitz & MM Altinel, Barrue-Belou, Bin, Degirmenci, Friedrich, Gelblat, Makki, Meyer, Ozenc & Sales. L'image de première de couverture a été réalisée, à Beirut, par Mme Sara Makki. Le présent ouvrage a reçu le généreux soutien du Collectif L'Unité du Droit (CLUD), du Laboratoire méditerranéen de Droit Public (LMDP), de l'Association francaise de Droit Constitutionnel (AFDC) & de L'Association internationale de Droit Constitutionnel (AIDC). Réunies par M le professeur Touzeil-Divina, les présentes contributions parues le jour des élections présidentielles & législatives turques sont un cri d'alarme et un message de fraternité envoyés aux membres de la Communauté universitaire de Turquie.

08/2018

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Beaux arts

Pérégrinations. Paysages entre nature et histoire

Cet ouvrage a reçu 3 prix consécutifs : le Prix de l'Académie ds Beaux-Arts-Prix Bernier 2018, le Prix Vitale et Arnold Blokh 2018 et le Prix Pierre Daix 2018. Le paysage n'existe que dans l'oeil de celui qui le regarde. Il faut donc suivre les pas de l'homme en marche si l'on veut comprendre comment notre rapport au monde et à l'histoire se dessine : par la confrontation de l'individu et de la nature. Car le paysage, c'est la nature éprouvée : nature traversée, nature possédée, nature sublimée, nature terrifiante, nature qui échappe à qui tente de la conquérir. L'artiste qui s'adonne au genre du paysage nous offre bien plus qu'une simple représentation de morceaux de nature. Il se fait archéologue, scrutant comme dans un livre le sol où affleure la mémoire de l'histoire humaine, sous forme de traces. Ecrire l'histoire du paysage à l'époque contemporaine c'est aussi faire le constat d'une relève : celle qui voit, à partir du début du XIXe siècle, la peinture de paysage se substituer progressivement à la peinture d'histoire afin de porter le grand récit de l'humanité dans ses tentatives de connaître et de façonner le monde. Un genre s'épuise, un autre s'épanouit afin d'explorer d'autres formes de représentation, et d'interrogations. Lorsque le sculpteur français David d'Angers, contemplant La Mer de Glace dans l'atelier de Caspar David Friedrich, à Dresde, dit que le peintre est l'inventeur d'un genre nouveau, "la tragédie du paysage" , c'est cela qu'il désigne. Cette manière, qui va traverser toute la période contemporaine, de faire du paysage le lieu de l'enfouissement et de l'émergence de l'histoire. Parce que l'histoire devient un présent qui saute à la gorge - révolutions, guerres, massacres, génocides -, les artistes se tournent de façon privilégiée vers le paysage comme une forme capable d'accueillir l'innommable en son sein et d'exprimer ce qui aveugle, terrifie, ou fascine. Peintres, dessinateurs, photographes, de Goya à Sophie Ristelhueber, d'Otto Dix à Zoran Music et Anselm Kiefer, vont s'affronter au paysage comme à ce lieu où peut se manifester l'inquiétude de l'homme face à l'histoire. Mais aussi son désir, ses croyances, et sa liberté. Ce sont les étapes de cette aventure de l'homme au monde que nous suivons dans cet ouvrage : paysages de ruines, paysages en guerre, paysages où l'on foule une histoire oscillant entre affleurement et invisibilité, paysages qui nous confrontent à l'indifférence du monde, sont quelques-uns des thèmes qui racontent les pérégrinations inquiètes de l'homme contemporain marchant dans le monde à la recherche de sa propre trace. C'est enfin une méditation personnelle sur la nécessité qu'éprouvent tant d'artistes, aujourd'hui, d'avoir recours au paysage pour affronter ce que le XX° siècle nous a légué de plus terrible : l'anéantissement sans traces. Le paysage s'impose comme l'une des formes majeures, pudique et émouvante, de l'histoire contemporaine.

11/2017

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Littérature française

L'héritage humain

Quand on parle d’héritage, quelle définition de ce mot nous vient en premier ? Prendre possession des biens accumulés par un proche, un parent après son décès, ou quelqu’un qui vous désigne comme bénéficiaire par testament. Quand on parle de « l’humain », c’est évoquer une qualité propre à « l’esprit d’humanité » que n’a pas l’animal et qui, contrairement à ce dernier, conscient de lui-même et du monde dans lequel il vit, peut agir et s’organiser étant ainsi « acteur » de sa propre évolution. Un héritage, quand il est humain, n’a plus vraiment de rapport avec les biens matériels : c’est « voyager dans le temps et l’histoire de la pensée humaine », refaire tout le chemin qu’elle a parcouru pendant des siècles pour aboutir à ce qu’elle est aujourd’hui. Il y a enfin dans le choix de ce titre un autre message, celui de devoir réveiller en nous « la mémoire ». Un peuple, un individu qui perd sa mémoire n’a plus d’identité... ne sommes-nous pas en train de la perdre ? « Ce sont les hommes qui font l’histoire », nous a dit Karl Marx. « Ceux qui vivent , ce sont ceux qui luttent », nous a dit Victor Hugo dans « Les châtiments ».Vérités absolues. Comme le précise l’auteur de cet ouvrage ; « ce livre n’est pas vraiment le mien. C’est aussi celui de tous ceux qui, avant moi, bien meilleurs écrivains, journalistes, philosophes ont écrit de nombreuses pages sur l’histoire de l’humanité » . Tel est donc son objectif : réunir dans cet ouvrage les principaux textes fondateurs de l’« esprit humain », où ont été révélés les plus belles réussites collectives de l’histoire, et exposés les points de vue les plus pertinents sur l’évolution nécessaire de la pensée de l’homme qui « doit continuellement se mesurer à tout ce que la société lui fait subir ».Sans les luttes et les interventions de ceux qui ont agi ou se sont exprimés pour faire entendre leur droit, exiger plus de liberté et d’égalité, il n’y aurait jamais eu de progrès social.

C’est comme si l’auteur nous disait « réveillez-vous ! vous perdez la mémoire, la connaissance de votre passé est ce qu’il y a de plus fondamental pour comprendre le monde d’aujourd’hui ! ».

Alors ! Face à cette société dystopique de plus en plus pressentie, n’est-il pas encore temps de réagir, de nous faire revisiter cette littérature qui nous avait si profondément enrichi et nourri notre esprit d’humanité : « les origines chrétiennes du communisme » par Gérard Walter, « les bases de la philosophie marxiste » et « la dialectique de la nature » de Friedrich Engels, « l’organisation sociale exemplaire des indiens d’Amérique », « la désobéissance civile » d’Henri-David Thoreau, « une action possible sur l’histoire » de Julian Huxley, « naître à son humanité » de l’ethnologue Henri Laborit, et enfin une « lutte continuelle » de l’immense philosophe Krishnamurti. Autant de thèmes qui pourraient susciter de nombreux débats sur l’avenir de l’humanité, mais qui ne semblent pas être prioritaires sur les bancs des écoles et partout ailleurs, dans les médias officiels.

01/2022

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Littérature française

Idées de la nuit. Suivi de L'Homme-Balai

Idées de la nuit poursuit, dans sa forme quasi nietzschéenne, faite de courts chapitres qui sont autant de poèmes en prose, le chemin ouvert par Traité des sirènes, paru il y a deux ans au Bruit du temps. Mais, si la musique n'est pas absente du présent livre, avec des chapitres comme "Le chant dehors" , ou "La cigale" , la réflexion porte ici, de manière plus générale, sur la poésie, le fait poétique de la lumière : comment cette "autre clarté" qui, chez Hölderlin est donnée au poète mais qui, pour Philippe Beck semble dans le tunnel de l'époque sans cesse rejetée, et devant donc être tout aussi inlassablement cherchée, gagnée sur l'obscurité. Tout le livre peut apparaître comme une suite de variations sur ce thème des relations du clair et de l'obscur, de la poésie et de la nuit ; en même temps qu'il propose une sorte de panorama de ce thème poético-philosophique, de Platon ("La fin de la caverne") aux romantiques ("Le goût pour la nuit, une bizarrerie") et jusqu'à Mandelstam ("Projet de suppression de la lune"). Mais il y a surtout, dans ces pages, une tentative de créer une sorte de nouvelle cosmogonie, une "phénoménologie spéculative frottée de réel" , pour reprendre les mots que lui-même utilise pour définir l'oeuvre de Merleau-Ponty. Et cela afin de décrire de manière absolument inédite le monde, l'homme, l'origine de la pensée, en n'hésitant pas à convoquer les "tournoiements intuitifs" de l'étonnant Jean-Pierre Brisset (dont on doit la redécouverte à l'Anthologie de l'humour noir d'André Breton). Philippe Beck affirme ici une fois de plus son refus de la nuit pure de l'idéalisme platonicien, sa volonté de décrire notre condition d'hommes reliés par les paroles et les pensées, et plaide pour le poète chercheur qui fait danser les idées ou joue le rôle de l'éclaireur, sachant que ce monde-ci détient tous les secrets qu'il exprime. L'homme-balai, le deuxième livre de ce recueil est comme une mise en application pratique de cette ambition proclamée. Dans ce Journal de "non confinement" (parce qu'il ne s'agit en rien d'un journal intime mais de paroles non-cloisonnées, toujours adressées à un autre que soi) tenu quotidiennement en 2020, Philippe Beck tente de comprendre le sens de l'expérience que fut ce "moment de césure évidente" et de contrainte sédentaire. Il analyse en philosophe et en poète les éléments qui ont été le propre de ces journées - les applaudissements aux soignants ("La parole des mains"), le masque ("La rareté masquée"), etc. Un tel regard, sans cesse nourri de citations merveilleusement appropriées, se révèle particulièrement réjouissant et éclairant lorsque, au coeur du livre, Beck pousse à son terme l'idée de Swift voyant dans ses contemporains affublés de perruque des hommes-balais et montre que l'homme pollueur d'aujourd'hui, soulevant lui-même une poussière qu'il peine à effacer, est en réalité à l'inverse du sympathique balai "rendant propre en étant sale lui-même et aidant à nourrir le feu" . Ou lorsque, moderne La Fontaine, il convoque pour décrire le monde dans lequel nous vivons "des animaux respectés et réels (non idéalisés), exactement comme aux fables" . Philippe Beck, tout au long de ces pages, ne cesse de mobiliser une armée de métaphores, seules armes selon lui capables de former "une santé, une force de découpe dans les douleurs, pour aider à montrer les yeux différents qui regardent des choses prochaines" . En réponse aux "extrêmophiles" , il ose opposer la bonté profonde du poète qui "crée de nouvelles images actives" .

03/2023

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Football

How the Red Army conquers Europe. Les glorieuses victoires internationales des Reds de Liverpool de Bill Shankly à Jurgen Klopp 1973-2019

Avec 3 Coupes d'Europe de l'UEFA et surtout 6 Ligues des Champions conquises, les Reds de Liverpool sont l'un des cinq clubs les plus titrés d'Europe avec le Real Madrid, le FC Barcelone, le Milan AC et le Bayern Munich. Sur la scène anglaise, les Reds virent d'abord s'affirmer des formations comme Sheffield Wednesday, Newcastle United, Sunderland, Aston Villa, Arsenal et leur rival local les Blues d'Everton. Bill Shankly posa les bases de l'hégémonie des Reds sur le football anglais, ses successeurs, Bob Paisley, Joe Fagan et Kenny Dalglish, bénéficiant de son excellent travail. Le période 1973-1990 fut l'âge d'or des Reds, qui sur 18 éditions du championnat d'élite anglais, remportèrent 11 titres, terminèrent six fois deuxième, le plus mauvais classement étant une cinquième place. Cette période correspondit également à l'âge d'or de Liverpool sur la scène européenne. Les Reds conquirent 2 Coupes d'Europe de l'UEFA en 1973 et 1976 et surtout 4 Coupes d'Europe des clubs champions en 1977, 1978, 1981, 1984, en moyenne une tous les deux ans, l'exclusion durant six années de Liverpool des compétitions européennes (1985-1991), consécutivement à la tragédie du Heyzel à Bruxelles le 29 mai 1985, empêchant peut-être les Reds de garnir encore plus leur salle de trophées d'autres victoires européennes. Cet âge d'or sportif des Reds est d'autant plus paradoxal qu'il intervint dans un contexte où l'économie des clubs anglais était plus pauvre que ses concurrents italiens, espagnols et allemands, et que la ville de Liverpool connut une très grave crise économique consécutive aux profondes mutations économiques que connut le Royaume-Uni. La Grande-Bretagne se désindustrialisa en raison de la très forte concurrence des nouveaux pays industriels, la Chine et les pays d'Asie, le Brésil, ainsi que de l'arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher qui, inspirée par les dogmes économiques ultra-libéraux de Friedrich Von Hayek et de Milton Friedman, mena une guerre à mort à la classe ouvrière britannique afin de mettre en place une nouvelle économie dominée par la finance dont le symbole est sa place forte : la City de Londres. Liverpool connut un très fort déclin économique et industriel, un très fort chômage, une tentative d'éradication par l'establishment et l'amie du général Pinochet de sa culture industrielle et ouvrière. Entre 1990 et 2020, Liverpool perdit l'hégémonie du football anglais au bénéfice de son grand rival le Manchester United d'Alex Ferguson, mais également des Gunners d'Arsenal de George Graham et Arsène Wenger, du Chelsea de José Mourinho, Carlo Ancelotti et Antonio Conte, du Manchester City de Pep Guardiola, les Reds se contentant de plusieurs victoires en FA Cup et en Coupe de la League. Cependant, sur la scène européenne, les Reds maintinrent leur statut. Avec l'arrivée à l'automne 2015 de l'excellent et charismatique coach allemand Jurgen Klopp, les Reds aspirent à rétablir leur hégémonie sur le football anglais et continental. Après trente années d'attentes, les Reds ont enfin remporté le dix-neuvième championnat de leur histoire avec brio au cours de la saison 2019-2020 malgré la Covid-19. Sur la scène internationale, le Liverpool de Jurgen Klopp a atteint la finale de la Ligue Europa en 2016, la finale de la Ligue des Champions en 2018, a conquis la sixième Ligue des Champions de l'histoire du club, la Supercoupe d'Europe de l'UEFA, la Coupe du monde des clubs devant le Flamengo de Jorge Jesus. Avec Jurgen Klopp sous contrat jusqu'en 2024, les Reds aspirent à conquérir plusieurs championnats et au moins une ligue des champions.

05/2021

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Littérature française

Déserts de mots. Anthologie, volume 2

"Les chasseurs arrivèrent au milieu du troupeau sans que celui-ci eût fait un pas pour fuir ; cette fois, le docteur eut beaucoup de peine à contenir les instincts d'Altamont ; l'Américain ne pouvait voir tranquillement ce magnifique gibier sans qu'une ivresse de sang lui montât au cerveau. Hatteras regardait d'un air ému les douces bêtes, qui venaient frotter leurs naseaux sur les vêtements du docteur, l'ami de tous les êtres animés". Jules Verne La littérature est-elle jamais plus littérature qu'au désert ? La vacance de toute forme au monde n'est-elle pas au fond ce qui alerte, convoque et stimule le mieux sa disposition définitoire à "trouver forme", à retrouver ou à trouver objet où l'objet se fait économe d'apparition outre ou devant la nécessité propre du livre ? C'est ce que semblent nous dire les oeuvres réunies ici, oeuvres où l'on voit le défaut du monde se faire en effet condition de l'exhaussement du livre.

03/2024

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Economie

L'Occupation du monde. Tome 2, Généalogie de la morale économique

Dans le prolongement de l'Occupation du monde paru en 2018, Généalogie de la morale économique expose quelques-unes des voies par lesquelles s'est constitué l'imaginaire économique qui gouverne les sociétés occidentales et entrave l'appréciation de la catastrophe environnementale produite par l'expansion du capitalisme industriel et financier. Cet imaginaire forme une idéologie d'autant plus oppressante qu'elle se présente comme pure expression d'une nature humaine. Sous couvert de neutralité, elle constitue une morale inflexible qui enjoint à chacun de prendre une part active dans le cycle des opérations économiques. La démarche généalogique permet de restituer les dynamiques culturelles et sociales à travers lesquelles s'est formé, dans la longue durée, cette figure très particulière de l'humanité qui en vient à détruire méthodiquement les conditions de possibilité de sa survie. Il y a plus de 130 ans, Friedrich Nietzsche vitupérait la morale bourgeoise et ses hypocrisies, issues d'un christianisme déclaré "ennemi de la vie" . A l'âge de l'opulence, il n'y a plus guère de motif de faire porter la critique sur les conséquences délétères des "idéaux ascétiques" . La question qui se pose est plutôt de comprendre ce que signifient les idéaux économiques et le cheminement souterrain qui a fait procéder les seconds des premiers. Nous avons à déchiffrer, pour parler comme Walter Benjamin, l'affinité qui a permis au capitalisme de proliférer comme un parasite sur le christianisme Le livre se compose d'une douzaine d'études, distribuées en deux parties. Dans un premier temps, il sera surtout question d'explorer les mythologies chrétiennes liées au travail, en premier lieu celle qui sont issues du livre de la Genèse. En observant l'apparition d'une iconographie médiévale d'Eve filant la laine après l'expulsion, ou l'interprétation du verset (Gn 2, 15) qui indique qu'Adam a été placé au jardin d'Eden "pour le cultiver et le garder" , on verra comment s'est formée l'idée que l'être humain, homme ou femme, est naturellement destiné à accomplir un travail productif, histoire dans laquelle saint Augustin et Luther marquent des inflexions notables, mais qui débute avec la rédaction de la Genèse au VIIe siècle avant notre ère. L'obsession d'un usage efficace du temps, qui est au coeur de "l'esprit du capitalisme" décrit par Max Weber, dérive d'une très ancienne structuration monastique de la temporalité, occupée à la prière et au travail manuel, qui a été puissamment relayée à l'échelle de la société entière par la pastorale du Moyen Age central. Le bon usage de ce temps, par la vertu de l' "industrie" , fait apparaître l'histoire plus complexe d'une dimension qualitative du travail qui s'appauvrit brusquement au XVIIIe siècle, quand l'industrie s'applique, non plus à l'invention et l'habilité humaine, mais à l'action des machines. Le second volet du livre est consacré à l'examen d'une série de notions et d'institutions fondamentales pour les pratiques et l'analyse économique contemporaines, dont l'histoire remonte souvent au Moyen Age central. La mise en évidence de leur profondeur historique permet de mieux faire sentir les sous-entendus qu'elles véhiculent. On s'intéressera en particulier à l'histoire du concept de valeur, néologisme du XIe siècle, thématisé pour la première fois par Albert le Grand. L'ensemble du réseau notionnel qui lui est lié dans l'analyse scolastique du juste prix (utilité, rareté, besoin) permet de rectifier le préjugé habituel d'une émergence de la pensée économique à l'époque des Lumières. A titre de confirmation, on verra que l'imaginaire du "choix rationnel" est une reformulation de la théologie chrétienne du libre-arbitre. Les notions de "capital" et de "risque" qui émergent dans le commerce méditerranéen du XIIe siècle, sous la plume de notaires pisans, sont également liées à une notion de responsabilité individuelle. L'histoire de l'institution monétaire conduit elle aussi à identifier une origine médiévale, associée à l'émergence d'une conception de la souveraineté territoriale au XIVe siècle. Une relecture des débats sur l'usure permettra de comprendre que, loin de représenter un archaïsme dépassé, l'interdit permet d'exprimer l'existence d'une sphère de moralité supérieure, faite de rapports fondés sur la bienveillance et la gratitude, sans laquelle la sphère inférieure de l'échange utile et intéressé serait tout simplement invivable. Sur la base d'une critique historique de la conceptualité et de l'imaginaire économique, il sera possible formuler, en conclusion, quelques propositions en faveur d'une morale écologique, qui subordonne la recherche de l'efficacité économique à la préservation des milieux de vie et de la justice sociale. Ce travail d'histoire intellectuelle de longue durée, englobant l'ensemble du second millénaire chrétien (avec une excursion ponctuelle dans l'histoire biblique et patristique), mené selon les canons de la recherche érudite, assume une orientation explicite vers la formulation d'une philosophie politique écologique adaptée aux conditions de la crise actuelle.

11/2020