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Iconographie

Mensonges en perspective. Les images après la Pêche miraculeuse de Konrad Witz

Konrad Witz a peint La Pêche miraculeuse en 1444. Pour la première fois dans l’histoire de la peinture, il a installé le thème religieux qui lui était commandé par l’évêque de Genève dans un paysage réel, celui du petit lac avec son arrière-fond de montagnes parfaitement reconnaissable aujourd’hui. Cette nouveauté laisse une question non encore explorée : pourquoi, alors que les conventions optiques de la perspective italienne s’imposaient partout en Europe, Konrad Witz s’est-il entêté à construire ses tableaux autrement ?Laurent Wolf propose ici de vertigineuses hypothèses. Fort de son expérience de peintre, de dessinateur et de critique d’art, il soupçonne que Witz a volontairement refusé la perspective italienne, trop géométrique peut-être pour le désordre de l’imagination picturale. Pour appuyer ses vues, il décompose l’architecture des peintures qui nous restent de l’artiste allemand installé à Bâle, il les réinterprète graphiquement avec son propre savoir-faire de dessinateur. Il découvre ce faisant une parenté lointaine mais sidérante entre Witz, Cézanne et les artistes du XXe siècle qui, ayant délaissé la perspective, se sont occupés de la manière dont les corps et les objets se répartissent dans l’espace. Cette découverte met en jeu cinq siècles d’histoire des images. A la fin du Moyen Age, les artistes ont conçu, sous l’autorité de l’Église et pour son rayonnement, les outils qui donnent aux images l’apparence d’un monde réel. Ils ont inventé la perspective pour renforcer l’illusion du vrai. Armés de machines à regarder, ils ont fabriqué le point de vue à partir duquel il convient de voir. Ce point de vue, la photographie et les écrans l’ont universalisé. Les images, depuis, prétendent à la vérité. Cette vérité-là ment. L’oeuvre de Konrad Witz prouve qu’une autre façon de voir était encore possible à son époque, qu’elle a été défaite par la toute-puissance idéologique de la perspective, mais qu’elle a commencé à revivre au cours du XIXe siècle quand les artistes sont allés peindre en plein air et ont constaté que leur expérience visuelle du monde entrait en contradiction avec les techniques de représentations dont ils avaient hérité. Ils ont été suivis par des peintres, par des dessinateurs et des auteurs d’installations ou de vidéos qui mettent l’expérience du corps au centre de la création artistique et opposent cette expérience à la prétendue objectivité des images issues des technologies optiques.

11/2022

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Littérature française

Méandres

Le parcours des fleuves et les pas des oiseaux Un fleuve sortait de l’Eden et arrosait le jardin, tel pourrait être le fil biblique, en Genèse 2, 10, depuis le début de ces Méandres où notre esprit, à nous lecteurs et lectrices de cette ouvre étrange et fabuleuse, se laisse porter le long des fleuves, vers les rivages de l’Europe, depuis la Méditerranée et jusque par-delà l’Atlantique. La narratrice qui se laisse nommer Estrella par un ami, amour de jeunesse rencontré à Rome puis sur les côtes de la Mer Egée, raconte ses voyages imaginaires et réels, mais aussi réels que les rêves peuvent l’être, puisque nous savons de tradition biblique que les rêves sont un-soixantième de la prophétie. Mais nous ne sommes pas sortis des rayonnages d’une jolie librairie à Paris où l’auteure exerça son art du récit. Elle tenait une petite librairie à Paris, Anaphore, me dit-elle. Ignorant la signification de ce mot, je l’avais interrogée, puis j’oubliai ses explications. Ce soir, très studieusement, je viens vers le dictionnaire Wikipedia où je lis qu’Anaphore est une forme rhétorique, une figure de style, qui rythme la phrase, souligne un mot, une obsession, provoque un effet musical, communique plus d’énergie au discours ou renforce une affirmation. Et je voyais alors l’identité ou les résonances entre Méandres et cette jolie librairie au nom étrange qu’un dictionnaire avait éclairé, un moment, pour moi qui fus bibliothécaire et parfois ignorante. Mais qui est-elle la narratrice, Estrella, au milieu de ses voyages, entourée d’une cour d’hommes imaginaires épris d’elle et jaloux de son indépendance ? Celle qui écrit : «rien n’eut plus d’importance je retrouvai le bonheur de mon écriture», et aussi : «ma sensibilité me permit toujours de jouir avec un rien» ? Je savais qu’elle avait été libraire, qu’elle avait une réelle culture littéraire et artistique, qu’elle aimait la musique, qu’elle avait été mariée et qu’elle avait deux enfants et des petits enfants pour qui elle vouait une tendresse absolue. Toutes ces choses-là avaient été racontées dans un livre intime et savant, qu’elle, Esther Lévy Barugel avait publié récemment : De Buenos Aires à Paris, Témoignage d’une famille séfarade (B O D, 2015). Elle est née en 1926 à Buenos Aires dans une ancienne famille judéo-espagnole. Elle eut quatre frères, se maria à Buenos Aires et eut deux enfants, l’un en Argentine et l’autre à Paris. En 1953 elle s’installe en France.

12/2015

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Sculpture

Sculpture. Des oeuvres anciennes aux créations contemporaines

Repérer l'arbre ou le roc, le tailler, le sculpter pour obtenir la forme parfaite ; l'orner de délicats motifs pour le relier au divin... Ils étaient sculpteurs, tahu'a ou tuhuna, artisans spécialistes dans l'art de créer en conciliant les dieux, les objets liés au prestige, au sacré, à la guerre, aux fêtes ou au quotidien. Tous ces artéfacts étant nécessaires au bon fonctionnement de la société. Objets trophées, ici échangés ou vendus, là pillés, ils gagnèrent bientôt les collections des cabinets de curiosités. Très recherchées, ces oeuvres majeures dont la valeur artistique est reconnue, sont aujourd'hui exposées dans les plus grands musées du monde. Elles fascinent par l'élégance de leurs formes, la noblesse de leur matière, le mystère de leurs motifs. Cet ouvrage offre une vision globale de la création sculptée des Polynésiens, depuis les plus beaux objets utilisés au XVIIIe siècle jusqu'aux productions du début du XXIème siècle. Jamais autant d'objets de tous les archipels de la Polynésie française, de la Société aux Marquises en passant par les Tuamotu, les Gambier et les Australes, n'avaient été présentés ensemble dans une publication. Découvrir ces chefs-d'oeuvre anciens, permet d'appréhender le monde des sculpteurs experts, leurs outils, de détailler les matériaux, les formes et les motifs. Ces objets phares de la culture matérielle traditionnelle polynésienne sont visités par thème, mettant en évidence différences et ressemblances entre les archipels : la guerre et le jeu avec les armes, les tambours et les échasses ; le prestige des bâtons de commandement, des éventails, des chasse-mouches ou des pagaies cérémonielles ; le sacré et le divin célébrés par des sculptures taboues, anthropomorphes ou animalières et, le quotidien, par les plats, pilons, tabourets et appuie-nuques. Référence originelle, cette sculpture n'a jamais cessé d'évoluer, s'enrichissant au fil des décennies des multiples contacts, des nouveaux matériaux et outils, des goûts et de l'intérêt des commanditaires et des utilisateurs. Le lien est ici enfin établi entre les productions des créateurs du XVIIIe siècle et celles des artisans du XXIe siècle, leurs héritiers. Car, à l'aide de leur gouge ou de leur fraiseuse, les sculpteurs polynésiens, fiers de leur culture singulière, participent aujourd'hui à tracer les contours d'une nouvelle identité qui tente de concilier héritage culturel et modernité. Un ouvrage de repères - et de référence - pour les artisans contemporains et les amateurs des sculptures polynésiennes d'hier et d'aujourd'hui.

09/2023

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Musique

Nocturnes - CD

Le Nocturne inédit. Edité en 1829 par la Revue musicale de Moscou, le Nocturne opus posthume a été découvert à la Bibliothèque de Saint-Pétersbourg par Florent Albrecht. Il sagit dune gravure en première mondiale. Pianiste précoce, John Field fait ses premières armes comme représentant chez Clementi & Co, un fabricant de pianos réputé à Dublin. Il représente sa firme dans plusieurs tournées commerciales en Europe. C'est en 1803, à la faveur d'un passage à Moscou, qu'il décide de se fixer en Russie. Il y fait une brillante carrière de virtuose et de professeur de piano. Il meurt au retour d'une tournée à Naples. Field compose ses Nocturnes entre 1812 et 1835, à une époque où, comme lécrit Guy Sacre dans La Musique de piano, "le piano, fort de ses progrès mécaniques, ambitionne de rivaliser avec la voix, en cantabilité, en expressivité, en émotion" , il invente "un genre où épancher le coeur, à la manière de la romance vocale" . Pour son premier album Florent Albrecht a choisi le piano de Meglio que Field aurait pu jouer lors de son séjour à Naples en 1834 et nous fait découvrir un nocturne inédit. Claviériste passionné, Florent Albrecht sest formé au piano moderne auprès de Laurent Cabasso, au pianoforte avec Pierre Goy et au clavecin dans la classe de Kenneth Weiss. Après des rencontres marquantes avec Paul Badura-Skoda, Charles Rosen, ou Malcolm Bilson qui jalonnent son parcours artistique, il est lauréat de la Fondation Royaumont en 2018. A côté de ses partenaires de musique de chambre réguliers comme Chantal Santon-Jeffery ou Anna Reinhold, Florent Albrecht sentoure dun mélange éclectique de musiciens exigeants : Violaine Cochard, Jean-Marc Phillips, Marie Perbost, Karine Deshayes, David Plantier, ou les chefs Chiara Banchini, Alexis Kossenko et Vaclav Luks. En soliste ou en musique de chambre quil affectionne particulièrement, il sest notamment produit au Barbican Center de Londres, à lAuditorium national de Madrid, à la Philharmonie de Munich, à la Juilliard School de New York, à la Philharmonie ou à lOpéra de Paris. Il a été invité en 2020 par lOrchestre National de France pour un programme Beethoven au Grand Auditorium de Radio France à Paris, retransmis en direct par France Musique. Le pianoforte (1826) de Carlo de Meglio témoigne de linfluence autrichienne sur le royaume de Naples : cest en effet un instrument viennois de six octaves construit à Naples en 1826. Il a été restauré par Ugo Casiglia en 2004, intervention faite a minima pour préserver linstrument.

10/2021

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Football

Des hommes qui savent footballer

Désolé, je ne suis pas un supporter. Et je le regrette. Pour éclairer cette position je citerai l'excellent Georges Haldas. Il dit : "â- supporter, on se voit le plus con, le plus meurtrier et on le fait quand même" . Je désire cet abandon, ce dépassement - effacement - de moi même. Malheureusement, que j'entre dans un stade ou sur une piste de danse, il se produit la même chose : quel que soit mon élan, au bout de quelques secondes, je me vois danser et patatras, je redeviens moi-même. Par bonheur, ces quelques secondes existent et dans un stade, elles correspondent à ce que Georges Haldas décrit aussi : "pendant une action incisive, le spectateur échappe au temps quotidien (â-) au football, le temps a disparu et on est dans l'imprévisible" . Cette grâce éphémère, ce miracle de l'action incisive échappe à tout, me permet de m'échapper de tout mais elle s'inscrit dans un lieu et une époque. Tout le monde sait que les incisives de Battiston se sont fichées dans une pelouse de Séville en juillet 1982. Michel Hidalgo disait : "un match de football est un acte culturel" . C'est ce petit livre que j'ai écrit sur le FC Mulhouse. Né en 1961 à Dijon, Fred Poulet est un auteur/compositeur/interprète et réalisateur français. Une enfance dans les Vosges et une adolescence à Mulhouse précèdent une installation à Paris à la fin des années 1980. Attiré par l'écrit comme par l'image, Fred alterne jobs de décorateurs sur les plateaux de cinéma et écriture de chansons. Pierre Barouh le repère en 1992 et lui propose de rejoindre Saravah, label hors normes ayant lancé Jacques Higelin ou Brigitte Fontaine. Depuis il a sorti une dizaine d'albums sur différents labels. En 2006, il écrit et réalise en compagnie du footballeur Vikash Dhorasoo un ovni cinématographique pendant la Coupe du monde de Football : "Substitute" , journal intime en super 8 d'un sportif laissé sur le banc qui transforme son échec en réussite artistique et humaine. Le film a été primé au festival de Belfort et sélectionné dans de nombreux festivals européens dont Berlin, Amsterdam, Londres et Copenhague. Pendant l'été 2009, Benoit Delépine et Gustave Kervern lui "commandent" un film super 8 sur le tournage de "Mammuth" , leur 4e long métrage écrit pour Gérard Depardieu. Son premier livre 21 virages (éd. en exergue), a reçu le Grand Prix Sport et Littérature décerné par L'Association des écrivains sportifs (AES) en 2022.

10/2023

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Beaux arts

Vincent Van Gogh en 15 questions

Vincent Van Gogh, le premier des écologistes ? Gauguin a-t-il trahi ? Le suicide de qui ? Ce petit livre pédagogique explique en quinze textes clairs et concis la portée décisive de l'oeuvre tout en renversant les idées reçues régulièrement véhiculées sur l'artiste. La folie de Van Gogh a marqué sa vie et son oeuvre de façon tragique, et a aussi contribué à cette vision romantique de l'artiste incompris et maudit dont la gloire fut cruellement posthume. De ces pertes de contrôle, le peintre parle très tôt et son instabilité se manifeste dès les années de collège. Mais le jeune homme, lecteur boulimique et affamé d'images, croit aussi aux vertus thérapeutiques de l'art et du monde rural qu'il commence par idéaliser. Très tôt, il sentira le besoin de se rapprocher du monde du travail, afin de soulager les nécessiteux, puis les peindre. C'est d'abord le monde de la mine, où il apporte la parole du Christ, qui passe dans ses dessins, ce sera ensuite celui des travailleurs de la terre. Le peintre Millet domine déjà ses pensées. Mais Van Gogh n'entend pas peindre en suiveur autodidacte, ni se contenter d'une existence marginale. Il va se perfectionner avec une détermination sans faille. D'Anvers à Paris, son cursus est cumulatif, efficace et impressionnant. Maîtrisant parfaitement les données du marché de l'art, il enrôle Theo, son frère cadet, dans un pari sur l'avenir. Vincent sait que l'impressionnisme étant en passe de devenir une valeur marchande, le futur finira par sourire à la génération qui vient après... Le 20 février 1888, il s'installe à Arles qui marque le tournant, le zénith, le point culminant, le plus grand épanouissement de la décennie de l'activité artistique de Van Gogh. Des centaines de tableaux et de dessins naissent alors, plus solaires, plus fervents, plus élaborés et poignants que jamais. Avec l'aggravation de sa schizophrénie, il ne reste plus à Van Gogh que de conquérir Paris. Mais qui, en dehors de Theo et peut-être de Gauguin, peut comprendre le vrai secret de cette peinture qui tend à l'éclat majeur, à la maîtrise d'elle-même entre les crises qui se rapprochent ? En raison de l'incompétence du docteur Gachet, la dernière sera la bonne. Reste les milliers de preuves, devant Dieu, d'un moderne qui aurait tant aimé devenir à la fois le Rembrandt et le Delacroix de son temps... Au-delà des mythes poisseux, cette folie-là reste à comprendre.

02/2019

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Romans historiques

La maîtresse d'école. Tome 1, Les voix de la plaine

Le parcours inspirant d'une enseignante au début du XXe siècle Librement inspiré de la vie de Gabrielle Roy ce roman plus roman que bibliographie véritable nous décrit la jeunesse de Gabrielle Roy, cet écrivain canadien français élevée dans le Manitoba, province canadienne de langue anglaise qui a " interdit " le français alors qu'à l'époque la majorité de ses habitants étaient des canadiens français ! Une enfance à la fois simple, modeste mais heureuse, benjamine de 8 enfants, Gabrielle alors qu'elle avait déjà décidé de devenir écrivain, une fois son père décédé, ne peut que se consacrer pleinement au métier qu'elle a choisi comme d'autres de ses soeurs celui de Maîtresse d'école. Nous la suivons dans ses études à l'Ecole normale anglaise, dans ses premiers pas dans le métier. La plume d'Ismène Toussaint est vive, plaisante, la narration agréable. J'ai pris grand plaisir à arpenter les rues de Winnipeg, de Saint Boniface, à chevaucher dans les plaines de l'Ouest. Un premier tome d'une saga qui se laisse dévorer, dommage je n'ai pas encore la suite sous la main mais ce n'est que partie remise ... . (Babielo) Manitoba, 1928. Gabrielle atteint l'âge où elle doit choisir un métier pour gagner sa vie et satisfaire aux exigences de la modeste famille dont elle est la benjamine. Comme ses soeurs aînées, elle se tourne vers l'enseignement, bien que son talent artistique en voudrait autrement. Ainsi entame-t-elle sa formation à l'Ecole normale anglaise, un milieu intimidant pour la jeune Canadienne française. Malgré sa bonne maîtrise de la langue de Shakespeare, son acharnement au travail, sa gentillesse contagieuse et son espièglerie, il lui faudra lutter pour s'attirer le respect de ses consoeurs. Son diplôme en main, Gabrielle accepte des contrats dans différentes communautés, faisant la rencontre d'élèves qui occuperont pour toujours une place dans son coeur. Alors qu'elle apprend les rouages de la profession, elle se fait courtiser par des hommes, certains plus séduisants que d'autres, mais en cette époque de conventions strictes, la jeune femme fantasque devra parfois choisir entre l'amour, la raison et son désir d'indépendance. N'ayant par ailleurs jamais renoncé à son rêve de jeunesse qui ferait d'elle une écrivaine, celle qu'on connaîtra un jour dans divers cercles littéraires francophones se contente pour l'instant de tenir un journal intime. Bien souvent, elle se demandera si l'enseignement est réellement la vocation qui lui sied, à elle, Gabrielle Roy... Prix André-Laurendeau

08/2021

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XIXe siècle

Le poignard de Goya

Préfacé par David CHANTERANNE, historien et historien de l'art, diplômé et chargé de cours à l'université de Paris-Sorbonne, journaliste et écrivain, rédacteur en chef du magazine Napoléon 1er. Synopsis Mai 1808 : Après les émeutes de Madrid et la répression sanglante de "El Tres de Mayo" les troupes du général Dupont de l'Etang descendent vers l'Andalousie. C'est un chemin semé d'embûches, d'escarmouches, de guet-apens qui les attend. Le danger peut surgir derrière chaque rocher, derrière chaque arbre. Mobilisé contre l'envahisseur le peuple espagnol se défend en inaugurant un nouveau type de combat : la guérilla. Se met en place l'engrenage inévitable : les exactions entrainent des représailles - maisons incendiées, fusillades sommaires. Un cran supplémentaire dans la férocité est franchi au fur et à mesure de l'avancée des troupes napoléoniennes... Les soldats isolés sont une proie pour les navajas, une cible pour les "cuadrillas" . La traversée des sierras par des défilés bordés de précipices, l'attaque des convois, le soulèvement du moindre village, l'impossibilité de s'approvisionner vont faire de ce parcours un véritable enfer. Dans ce flot de quelques milliers de combattants, noyées parmi les fantassins, les cavaliers et les pièces d'artillerie, des femmes essaient de survivre : maîtresses, épouses d'officiers, blanchisseuses ou cantinières. L'une d'elles, ballotée de régiment en régiment, -malgré les affres liées à la peur, à la faim, à la soif, aux maladies de peau, aux angoisses du lendemain - gardera intacte son envie de vivre une passion amoureuse : celle qu'elle éprouve pour un lieutenant des marins de la Garde. Elle fera tout pour que leurs chemins se croisent, acceptant de faire partie d'expéditions périlleuses dans le seul but de le retrouver, avec le secret espoir que lorsque tout cela sera fini, elle rebâtira avec lui une vie normale, aura un foyer, des enfants... Le trajet sera ponctué de cadavres : un général plongé dans l'huile d'olive bouillante, sa femme et sa fille découpée en morceaux, ses compagnons sciés vivants entre des planches... Ces atrocités sont le fait d'un peintre- élève de Goya. Son entourage ayant été touché par la sauvagerie des troupes napoléoniennes, Il a juré que ses ennemis afficheraient sur leurs visages avant de mourir ce qu'il veut cristalliser dans ses dessins ou ses tableaux : la peur ! La frayeur est-elle matérialisable dans une oeuvre d'art ? Est-ce que des abominations peuvent constituer les ingrédients d'une inspiration artistique ? Interrogations auxquelles répondra, plus tard, Francisco de Goya, dans "Les désastres de la guerre".

10/2021

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Littérature française

Haute Mer. Conversations avec le maître ; L'île aux musées ; Sentinelles ; Totale éclipse ; Destruction

"Pentalogie, la Haute Mer que vous tenez entre vos mains est composée de cinq livres. Le premier interroge la musique, à travers des Conversations avec le maître. C'est un livre d'une incroyable douceur. Le deuxième, L'Ile aux musées, questionne la statuaire, les hommes de bronze, la foule, un arbre de langage, monument aux arbres morts des tempêtes passées et à venir. Le troisième, Sentinelles, est l'enregistrement des conversations comiques, sombres, inquiètes, qui ont lieu durant un vernissage à Beaubourg. La vidéo est l'art de l'instant. Le vidéaste est célèbre et talentueux, les invités sont mondains et cultivés, ou l'inverse, et tout tombe en panne à 21h12. Le quatrième, Totale éclipse, est composé de quinze chansons, de Woody Guthrie à Léonard Cohen, en passant par Johnny Cash et Marianne Faithful. Des chansons qui déchirent le coeur. Killing me softly. Les chansons, on le sait, sont des bulles de temps. Total eclipse of the heart. C'est un livre où l'on croise souvent Ulysse. Et c'est un roman d'amour. Le cinquième, j'ai l'impression de dire une charade, s'intitule Destruction. Je n'en dirai pas plus. Sinon que de l'échec naît la renaissance". Geneviève Brisac, préface à Haute mer, 2022 Haute Mer réunit en effet les cinq romans que Cécile Wajsbrot avait dès l'origine conçus comme un cycle, publié chez divers éditeurs de 2007 à 2019. Après Mémorial, paru en poche en 2019, Le Bruit du temps poursuit ainsi son travail de réédition des livres de la romancière devenus indisponible en librairie. Le thème commun est celui de la création artistique et de sa réception. Ce ne sont pas des essais sur l'art, mais bel et bien cinq romans dont la forme et les personnages ne sont jamais les mêmes. Mais où "quelques paysages communs, visibles ou sous-marins se dessinent et reviennent sous des aspects différents" , contribuant à l'unité du cycle : "Les voix, bien sûr, mais aussi les intempéries climatiques et catastrophes naturelles - tsunami, dust bowl, éruptions volcaniques -, la dictature, la foule, les gens sans domicile et ceux qui sont obligés de quitter leur pays. Certains lieux aussi, Berlin, Tchernobyl, Paris. Le téléphone portable joue parfois un rôle. Et puis la solitude, les liens qui nous unissent. Et bien sûr la question de l'art - ce que serait un monde sans art, sans la complexité et la diversité de toute création mais aussi la façon dont une oeuvre est perçue. Chacun de ces romans est comme l'île d'un archipel en haute mer ... "

06/2022

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Beaux arts

Au sud d'Eden. Des Américaines dans le Sud de la France (Années 1910-1940)

1910-1940 : Quel grand écrivain ou artiste américain n'a pas un jour poussé son voyage transatlantique du côté de la Provence et de la Côte d'Azur ? Toute la bande de la « génération perdue » est passée par là Dos Passos, Hemingway et Fitzgerald qui ont fait d'Antibes leur terre de plaisirs. Chaque été, ils se retrouvaient dans la « villa America » du peintre et dandy Gerald Murphy, enfant chéri de Picasso et de Fernand Léger, et dont Fitzgerald fit le héros de Tendre est la nuit. Le Sud polarisa les grands marginaux et rebelles de l'Amérique du XXe siècle. Voir l'écrivain afro-américain Claude McKay qui, promu par les Cahiers du Sud de Jean Ballard, a écrit à Marseille l'un de ses romans phares : Banjo ; ou John Reed qui découvrit en Marseille une ville « romantique », « splendide » et « virile ». La région entière est fréquentée par des artistes pour qui la nature reste une fabuleuse machine créatrice. On y voit William Glackens, le « Renoir américain »; le synchromiste Stanton Macdonald-Wright, mais aussi Man Ray qui descend sur Marseille pour sa Canebière populaire et bruyante aux couleurs orientales et son pont Transbordeur, symbole de modernité. Pour ces créateurs, le Sud rime avec Eden. Ils y trouvent une sensation de liberté que leur refuse l'Amérique puritaine, du soleil à profusion, des contrastes de couleurs assourdissants, une nature quasi intacte, et un mode de vie méditerranéen « à l'antique ». Lorsque, brutalement, le paysage s'assombrit. En 14-18, le sud devient refuge : Au Cannet, Morgan Russell, l'ami de Cendrars délaisse pour un temps ses recherches synchromistes pour interroger les maîtres de la Renaissance italienne ; à Nice, Alexander Archipenko sculpte de jeunes femmes au bain dans un langage moderniste sans précédent. Année 1940 : le Sud - devenu zone libre - se transforme en une terre de transit où espoir et désespoir se côtoient. Entrent alors en scène des personnages à l'étoffe de héros qui mettront leur vie en péril pour sauver des artistes et intellectuels pourchassés par les nazis. Ces héros sont : Varian Fry et son extraordinaire équipe du CAS ; ou bien encore Hiram Bingham. Leur champ d'action sera Marseille. Et tout se finit ou recommence avec Jim Harrison qui semble rouvrir la route du Sud. Depuis la tragédie du 11 septembre, il a encore plus de raisons d'y venir. « Quelle meilleure idée », écrit-il, « que de faire un voyage en France et de lutter contre le terrorisme avec de l'ail et du vin rouge ? » Doit-on dès lors s'attendre à une nouvelle migration artistique ?

02/2006

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Opéra

A l'opéra chez les Despous !

Mardi 22 décembre 1896, c'est bientôt Noël... mais chez les Despous de Paul, c'est pour une autre occasion que l'on s'apprête, Charles empoignant sa canne à pommeau d'une main toujours aussi élégamment gantée même si un peu moins ferme que naguère, tandis que son épouse Fanny passe par-dessus sa belle tenue de soirée un manteau adapté aux sorties hivernales : ce soir, ils se rendent à la Première de l'opéra Thaïs, du compositeur Jules Massenet, qui connaît une tournée triomphale en province depuis sa création à Paris en 1894. Comme la plupart des membres de la bonne société montpelliéraine, les propriétaires de l'hôtel particulier – aujourd'hui appelé de Cabrières-Sabatier d'Espeyran -, bien qu'ils organisent de nombreuses soirées, bals et concerts de chambre, dans ce lieu qu'ils ont fait construire, aménagé et décoré à cet effet depuis 1875, ne dédaignent pas les sorties culturelles que leur offre la vie de la cité. En cette fin de – XIXe – siècle, elle s'y trouve particulièrement riche et variée, aussi bien au musée qu'à l'opéra qui connaît une période de renaissance, à travers sa reconstruction et les spectacles qui y sont créés, par des compositeurs dont la réputation devient nationale, ou donnés en raison de l'importance reconnue de la scène montpelliéraine. 3 juillet 1981, c'est déjà l'été... et le début d'une nouvelle longue histoire, celle de la création de Festival de Montpellier Danse, avec la création de Daphnis et Alcimadure, premier opéra- ballet en langue occitane créé en 1754 par le compositeur et violoniste Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (Narbonne, 1711 – Paris, 1772). Cette recréation, mise en scène par Jacques Bioulès, dont les décors sont de Jean Hugo et les costumes de Vincent Bioulès, fait sensation, une pastorale en occitan servant d'ouverture à une nouvelle ère dans le monde des arts et du spectacle à Montpellier. Grâce à un partenariat exceptionnel entre l'Opéra de Montpellier et le musée Fabre, et grâce à l'importance des prêts des archives municipales, cette exposition, sise dans l'hôtel de Cabrières-Sabatier d'Espeyran retracera la vie culturelle et musicale de la ville, à travers ses moments forts, de la fin du XIXe siècle à aujourd'hui. Costumes, partitions, archives, dessins, tableaux, et diffusions sonores donneront à voir cette effervescence artistique et la feront partager aux visiteurs tout au long du parcours, dans une expérience visuelle et acoustique.

07/2022

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Beaux arts

L'imaginaire des grottes dans les jardins européens

Dès l'Antiquité, puis de la Renaissance à nos jours, les grottes artificielles constituent un topos incontournable dans la création des jardins de toute l'Europe, soumis à d'infinies variations de formes, au gré des changements de goût, de l'excentricité des mécènes et de la fantaisie des concepteurs. Ce sont des milliers de grottes qui furent aménagées au cours des cinq derniers siècles selon des échelles extraordinairement variées allant de la simple niche abritant une petite fontaine à l'immense chaos naturel transformé en paysage sublime. Beaucoup ont disparu, en raison de l'extrême fragilité de ces décors précieux, mais d'admirables réalisations témoignent encore de cet engouement jamais démenti, notamment en Allemagne, en France, en Italie ou au Royaume-Uni, au Portugal et en Russie, en Finlande et Ukraine. En rendant compte sans volonté d'exhaustivité à travers plus d'une centaine d'exemples illustrés grâce à des prises de vue actuelles d'excellente qualité de la richesse de ce patrimoine relativement méconnu, l'ouvrage vise à explorer les enjeux de cette fascination ininterrompue pour les grottes de jardin et à mettre en lumière l'inventivité formelle et technique à laquelle elles ont donné lieu. Il ne s'agit pas d'aborder les grottes en tant que motifs autonomes et isolés, mais bien de les inscrire tant dans leur contexte spatial et culturel, en considérant le rôle qu'elles tiennent dans la composition et la poésie du jardin, l'écriture du relief et des eaux miroitantes ou jaillissantes, la narration de la statuaire, et la manière dont elles révèlent les aspirations de chaque époque ou de chaque individu. Une centaine de documents iconographiques illustrations encyclopédiques, peintures allégoriques, portraits, décors de théâtre, etc, permettent d'évoquer leur arrière-plan à la fois artistique, littéraire, scientifique, technique, religieux, philosophique ou encore anthropologique. Si le jardin opère comme microcosme, la grotte constitue à son tour un monde en réduction, une cristallisation de l'imaginaire s'incarnant dans des formes sensibles qui puisent à la réalité des lieux et poussent le vocabulaire ornemental à son paroxysme, qu'il relève du rustique, du grotesque ou encore de la rocaille. L'accumulation des matériaux et l'intensité des effets sonores et lumineux produisent des fantasmagories théâtrales ; la pénombre, les anfractuosités favorisent une intimité qui renvoie aux origines. Dépassant le simple catalogue par pays ou par périodes, les douze chapitres diachroniques de ce livre embrassent une série de catégories littéraires, esthétiques ou anthropologiques, qui, du primordial au profane en passant par le tellurique, le merveilleux et le diluvien, déclinent la poétique profonde des éléments et des émotions à l'œuvre dans la grotte.

10/2014

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Musique, danse

Les chemins du baroque dans le nouveaumonde. De la Terre de Feu à l'embouchure du Saint-Laurent

Qui savait, il y a seulement quelques années, que les chemins du baroque musical s'étaient prolongés jusqu'au coeur de l'Amérique latine ? Si les réalisations architecturales ou sculpturales du temps des colonisations espagnole et portugaise sont bien connues, seule une poignée de musicologues gardait en mémoire les musiques de cette époque englouties par les turbulences de l'histoire. C'est à la ténacité de ces chercheurs que l'on doit le sauvetage des partitions de ce patrimoine musical des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles demeurées, jusqu'à un passé tout récent, enfouies au fond d'archives inexplorées ou, pis, retrouvées à l'abandon dans le recoin d'églises reculées d'Amazonie. Témoins des fastes de ce qui fut le plus vaste empire que le monde ait connu, supports idéaux d'une évangélisation forcée, ces musiques à caractère sacré sont nées dans les intenses foyers créatifs que furent aussi bien les orgueilleuses cathédrales de Mexico ou de Lima que les humbles missions jésuites du Paraguay. Faut-il voir en cette activité musicale l'arme idéale pour toucher le coeur des populations indiennes et faciliter leur édification spirituelle en même temps que la destruction de leurs anciennes cultures inca et aztèque ? Doit-on n'y distinguer qu'un instrument d'oppression doctrinale ? Ne peut-on déceler également les vestiges d'un rêve dans les sublimes illusions de ces missionnaires franciscains ou jésuites qui tentèrent de bâtir avec les Indiens l'utopie d'une société directement inspirée des Evangiles ? Parallèlement à ces interrogations, on découvrira ce que fut, dans le cadre de cette épopée colonisatrice, l'étonnant âge d'or de la musique au Mexique, née de la collaboration de disciples de Josquin des Prés avec les religieux et poètes aztèques. On verra surtout comment derrière ce qu'on peut appeler la " légende dorée " de Zipoli, le plus célèbre compositeur du continent sud-américain de cette époque, se cache sans doute la seule école indigène de composition au monde. De la Terre de Feu à l'embouchure du Saint-Laurent, cet ouvrage nous ouvre enfin aux dimensions de ce que fut la grande fête du baroque universel propagée à l'autre bout de la planète par les conquérants venus d'Europe. Journaliste et animateur, créateur puis directeur artistique du festival de musique ancienne de Saintes, Alain Pacquier est actuellement éditeur discographique. Passionné par ce qu'il appelle les " mémoires actives ", il sillonne depuis plus de dix ans les " Chemins du baroque " en Amérique latine.

11/1996

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Musique, danse

Mouvance punk 1976-1978. 100 des meilleurs albums

Cela pourrait presque prêter à rire mais le Punk en tant que mouvement artistique a laissé des traces inaltérables dans tous les domaines de la société. A l'heure où les footballeurs du mondial et les gamins dans les rues s'en sont approprié la coupe de cheveux et où les filles à papa s'affichent avec des vêtements déchirés de marque, il ne nous reste guère plus que les épingles à nourrice pour accrocher nos souvenirs. Au niveau musical, il y a clairement un avant et un après-Punk. Réfléchissez-y bien : quels sont parmi les groupes des 70's, ceux qui ont encore réussi à sortir un album culte après le coup de balai donné par les Sex Pistols ? Avec le Punk, la seule chose qui importait, c'était de revenir à ce qui faisait l'essence même du Rock : l'urgence, l'énergie et une certaine dose d'irrévérence que les dinosaures qui paissaient dans les vastes plaines des charts avaient depuis longtemps perdue en chemin ! Quant au nihilisme propre à la révolution punk, il va malheureusement donner naissance à une société où l'individualisme est glorifié. En découlera une profonde crise de société à travers le monde entier dont le moins que l'on puisse dire est que l'on n'en voit pas l'issue. No Future... Tiens, No Future, ça ne vous dit rien ? Voici l'histoire de cette formidable explosion punk et de groupes tels les Ramones, Television, les Hearbreakers, Richard Hell & The Voidoids en Amérique, les Damned, Clash, les Stranglers, les Sex Pistols en Angleterre, les Saints, Radio Birdman en Australie, les Stinky Toys, Starshooter en France, les Kids, Hubble Bubble en Belgique ; de noms connus plus surprenants tels que Patti Smith, Blondie, Ultravox !, Talking Heads, Elvis Costello, Wire, Devo, Police, Siouxsie & The Banshees, Pere Ubu ou Motörhead ; mais aussi de groupes moins célèbres tels que Eater, Johnny Moped, les Lurkers ou Alternative TV qui vont balayer en quelques mois toutes les certitudes sclérosées du monde de la musique. Même si le mouvement punk et son sentiment d'urgence se conjuguaient surtout en singles, c'est à travers ses albums que nous allons nous replonger dans ces photos d'époque et tenter de faire revivre ces instantanés. Voici une sélection d'une centaine des meilleurs disques assimilés au mouvement punk. Ces disques sont sortis entre 1976 et fin 1978. 77 d'entre eux peuvent être considérés comme réellement essentiels. Pour le fun, puisque c'était alors tout ce qui importait...

09/2014

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Sciences de la terre et de la

Arctica. Volume 2, Tchoukotka 1990, de Lénine à la Pérestroïka

Ce volume, second de la série Arctica consacrée aux travaux de recherche de Jean Malaurie, se propose de réfléchir sur l'histoire et les conséquences de la mise en oeuvre d'une politique d'autonomie des peuples autochtones en Sibérie du Nord, depuis Lénine et Staline jusqu'à la Pérestroïka de Mikhaïl Gorbatchev. Ce volume, second de la série Arctica consacrée aux travaux de recherche de Jean Malaurie, se propose de réfléchir sur l'histoire et les conséquences de la mise en oeuvre d'une politique d'autonomie des peuples autochtones en Sibérie du Nord, depuis Lénine et Staline jusqu'à la Pérestroïka de Mikhaïl Gorbatchev. Il s'appuie sur les travaux de la mission historique Tchoukotka 1990 conduite sous la direction scientifique de Jean Malaurie, première expédition franco-soviétique entreprise dans ce berceau de la civilisation esquimaude. Est ainsi dressé un état objectif de la situation en Tchoukotka en 1990, à la veille de la dissolution de l'Union soviétique, grâce à sept rapports d'expédition inédits - conditions sanitaires, diagnostic économique, bilan éducatif et psychologique (45 tests de Rorschach, Machover et Düss), politique culturelle et artistique - enrichis de compléments de recherche et d'articles thématiques : histoire, archéologie, mythologie. Le chamanisme fait l'objet d'une attention particulière avec l'exploration du site majeur de l'Allée des baleines, véritable Stonehenge sibérien du XIVe siècle. L'Académie polaire d'Etat à Saint-Pétersbourg, unique institution visant à favoriser l'émergence d'élites boréales, est la conclusion de cette expédition. Appuyé par les présidents Boris Eltsine et Jacques Chirac, Jean Malaurie l'a fondée et en est le président d'honneur à vie. La dernière partie de cet ouvrage en retrace l'évolution, de sa genèse à nos jours, avec une nouvelle étape en cours : la création à Saint-Pétersbourg du Centre arctique franco-russe Arthur Tchilingarov - Jean Malaurie. La Sibérie du Nord, depuis la fin de la Pérestroïka, vit une crise profonde. La culture autochtone en Tchoukotka est menacée de disparition : dislocation des structures sociales, perte de la langue, alcoolisme, violence. A ce titre, cet ouvrage collectif, qui rassemble trente-huit auteurs français, russes, belges et américains à travers cinquante-neuf articles (inédits et rééditions), constitue un chapitre essentiel pour comprendre ce qu'était l'Union soviétique, sa volonté et sa politique d'autonomie autochtone. La défense des intérêts sacrés des peuples racine est un enjeu contemporain pour le peuple russe, comme pour l'ensemble de l'humanité.

02/2019

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Théâtre - Essais

L'art de la mise en scène. Essai d'esthétique théâtrale

Becq de Fouquières est un nom aujourd'hui totalement oublié des dictionnaires du théâtre ou des bibliographies sur la mise en scène. Pourtant, ce féru d'art dramatique et de scénographie signa en 1884 un véritable coup de maître en publiant, avec L'Art de la mise en scène, le premier essai théorique consacré à l'esthétique de la mise en scène théâtrale, et l'un des rares parus à ce jour sur le sujet. Cette véritable mine d'information paraît alors que la technique de la mise en scène est en passe de devenir un art, lequel jouera un rôle prépondérant dans l'avènement du statut de "metteur en scène". En effet, l'émergence de la mise en scène moderne est généralement datée de 1887, année de fondation du Théâtre Libre par André Antoine à Paris. En ce sens, le texte de Becq de Fouquières, paru trois ans auparavant, peut être vu et lu comme un témoignage sur la façon dont la mise en scène était alors pensée en cette époque charnière. Cet essai a aussi conservé toute son actualité. Abonné à la Comédie-Française et à l'Opéra, critique à ses heures, Becq de Fouquières laisse derrière lui l'oeuvre d'un "prophète malgré lui de la mise en scène moderne", comme le soulignera bien plus tard l'universitaire et historien du théâtre Bernard Dort. [Avant-propos de Frédéric Gimello-Mesplomb] Extrait : "Quel rôle particulier est appelée à jouer la mise en scène dans l'évolution de l'art dramatique ? Jusqu'à présent, il paraît y avoir beaucoup de confusion dans les idées de ceux qui se réclament de l'école réaliste. Les théâtres semblent obéir à une tendance dangereuse qui ne peut aboutir qu'à leur ruine sans profit pour l'art. Cette tendance consiste à transformer la représentation du réel en une sorte de présentation directe, de telle sorte qu'ils cherchent à s'affranchir du procédé artistique de l'imitation et mettent leur ambition à nous intéresser à la vue des objets eux-mêmes. [... ] Par conséquent, l'art de la mise en scène ne peut avoir la prétention de prendre le pas sur l'art dramatique. Il ne le pourrait qu'en annihilant celui-ci, ce qui serait contraire à sa propre destination. Il doit donc lui rester subordonné, tout en le suivant forcément et en se préoccupant, à son exemple, du caractère individuel et particulier des objets qu'il évoque à nos yeux".

03/2021

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Beaux arts

Malévitch

Jean-Claude Marcadé a publié en 1990 La première monographie au monde sur Kazimir Malévitch (1878-1935), fondateur du suprématisme, L'abstraction La plus radicale du XXe siècle. Appelé à dominer La réflexion théorique et conceptuelle des arts plastiques pendant plusieurs décennies, le Carré noir sur fond blanc de 1915 continue, encore aujourd'hui, d'interpeller Le monde des arts. La présente édition, fondée sur celle de 1990, La complète et l'actualise à La Lumière des études malévitchiennes qui ont paru depuis vingt-cinq ans. Entre-temps, à La faveur de La chute de (URSS en 1991, se sont ouvertes des archives et de très riches réserves : non seulement celles des musées de Moscou et de Saint-Pétersbourg, mais également celles de plus de vingt autres musées de La Fédération de Russie. Un des apports majeurs de La nouvelle monographie de Jean-Claude Marcadé est de révéler l'importance de La composante ukrainienne dans La personnalité humaine et artistique de Malévitch, que ce soit à travers La nature, le mode de vie quotidien, La gamme colorée, dans Les amitiés (notamment avec Le compositeur ukrainien Roslavets), ou par L'hyperboLisme et l'humour de L'écriture (dans tous les sens du terme). La période postsuprématiste, entre 1927 et 1934, est en particulier replacée dans Le contexte russo-ukrainien. Lors de sa "réukrainisation", Malévitch propose ses propres solutions picturales face aux mouvements de l'avant-garde ukrainienne des années 1920, Le spectralisme de Bogomazov et le néobyzantinisme de Mykhaïlo Boïtchouk. A travers La peinture, il proteste en outre contre La politique menée à partir de 1928 par le pouvoir stalinien qui installe la terreur en Union soviétique. En Ukraine, en 1932-1933, la collectivisation forcée s'est accompagnée d'un génocide par La faim, Le holodomor, qui a entraîné La mort de plusieurs millions de victimes. Enrichie d'un grand texte biographique inédit, La monographie comporte, en annexe, des essais qui traitent des rapports de Malévitch avec NataLia Gontcharova et Larionov, avec Picasso, Mondrian, Chagall, et un essai sur Le caractère utopique et visionnaire de sa pensée théorique et picturale. L'appareil de notes intègre Les découvertes récentes et La Littérature abondante qui a été publiée sur L'artiste. L'iconographie utilise Les fonds de musées de La province russe, ainsi que Le fonds de L'ancienne collection du grand critique d'art soviétique Nikolaï Ivanovitch Khardjiev, dont Les oeuvres se trouvent en partie au Stedelijk Museum d'Amsterdam, en partie dans des collections privées. Une chronologie et des extraits de textes inédits de Malévitch complètent une monographie qui fera date.

09/2016

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Art du XXe siècle

Maurice Denis. Amour, 1888-1914

Catalogue officiel de l'exposition Maurice Denis. Amour au musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne du 12 février au 16 mai 2021, organisée en partenariat avec le musée d'Orsay. L'ouvrage s'attache à retracer le parcours de Maurice Denis de la fin des années 1880 à la Première Guerre mondiale. D'abord, l'affirmation précoce d'une double vocation, artistique et religieuse. Puis la percée dans les avant-gardes synthétistes et symbolistes, au sein du groupe des Nabis qui rassemble, entre autres, Paul Sérusier, Pierre Bonnard, Paul Ranson, Edouard Vuillard ou encore Félix Vallotton. Enfin le rôle de théoricien du groupe, avec, en 1890, une définition demeurée célèbre : "Se rappeler qu'un tableau - avant d'être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote - est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées. " Les années 1890 voient Maurice Denis affirmer sa volonté de prendre part au renouveau des arts appliqués avec la réalisation de décors d'intérieurs pour des amateurs parisiens, ou pour le marchand Siegfried Bing. L'artiste se lie à des musiciens et des hommes de lettres, tels Claude Debussy ou Paul Valéry. L'amour, titre de son principal recueil d'estampes édité en 1899, joue un rôle essentiel : l'amour profane est une source d'inspiration inépuisable après son mariage avec sa muse et son modèle Marthe Meurier et la naissance de leurs enfants ; l'amour sacré est le moteur constant de sa volonté de rénover l'art religieux. Une deuxième période déterminante s'ouvre en 1898, après un voyage à Rome en compagnie d'André Gide, lorsque Maurice Denis a la révélation de l'oeuvre de Raphaël, et des décors des grands peintres de la Renaissance. L'artiste poursuit désormais la définition d'un " nouveau classicisme " , qui rejette la planéité et la simplification des formes ainsi que l'arbitraire de la couleur, au profit d'un style et d'une méthode châtiés, nourris par les exemples de Cézanne et de Poussin. Le retour au modelé et à la profondeur, la palette plus lumineuse, presque électrique, et les compositions savamment équilibrées s'accompagnent de nouvelles iconographies, puisées dans les mythes de l'Antiquité ou inspirées par les plages de la Bretagne, sa terre d'élection. Artiste prolifique, lancé sa vie durant dans la quête idéaliste d'une refondation de la peinture moderne, Maurice Denis est une figure incontournable de l'art moderne au tournant du XXe siècle.

02/2021

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Monographies

Sébastien Plevoets - Avant-Goût. Poèmes de Selçuk Mutlu. Beaux-Arts de Liège

Ce livre, composé à quatre mains, accompagné de poèmes de Selçuk Mutlu, présente les travaux les plus récents de l'artiste Sébastien Plevoets (né en 1980, vit et travaille a` Liège). De son travail, Sébastien Plevoets dit : "Je cherche à déployer une recherche artistique imprévue. Les formes prises par cette exploration peuvent être variées mais elles tournent principalement autour du médium peinture. Il y a l'envie de faire confiance à des intuitions plastiques et d'ensuite chercher à les amener à un développement impromptu. [... ] Je fonctionne à la fois en série et en rebondissement, avec une respiration entre focalisation et déploiement. Au sein des séries, j'établis des contraintes plus ou moins fortes, ou des règles de jeu qui serviront d'axes à l'émergence de nouvelles formes. Les variations favorisant une mise à distance de l'intention, et se faisant l'écho d'un flux d'actions. Au sein d'une série d'expérimentations, les moyens utilisés sont généralement assez réduits. Il y a une volonté à rendre la vibration du geste consciente, dans une envie d'aiguiser le plaisir du senti, à travers des formulations simples, fragmentées et inattendues. Du travail de Sébastien Plevoets, Selçuk Mutlu dit : "Sébastien Plevoets, te voilà scribe, interprète de la lumière et le seul enjeu de ton langage est une traduction plastique, l'aveu de ta peinture dans un cloaque d'abandons, le récit mythique, le chant monophonique, le poème qui grince. [... ] Dans ton atelier, le lieu de servitudes, de ses couleurs qui puent : miasmes de quelle maladie, de quel corps ? Essences, térébenthines, anesthésiants et la douche où l'on range les produits qui servent à tout. Et les esquisses de quel projet ? - il est indiqué "projets" . Et le lit est là, à côté de la table, à côté de l'amertume, des joies vécues, des jouets écrasés, des pots de terre séchée. Plus loin une jarre d'où sortent des pinceaux secs, des cheveux longs pris dans une brosse délaissée, les bouteilles de liqueurs vides, des enveloppes de factures jamais ouvertes, des lettres d'amours sans suite, un filet d'eau continu au robinet qui ne brille plus, une peau blême, des papilles pleines d'oublis et un paquet de salive gardé en bouche pour t'abreuver à ta guise et soigner tes dents de lait. "La lumière, c'est surtout de l'ombre" as-tu osé affirmer, et encore ceci : "Les débris, les morceaux de porcelaine et de verres brisés, l'agrégat d'émulsion contre les murs jaunis d'une lumière mal définissable, voici ma détresse, la poétique des ruines".

09/2022

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Grandes réalisations

Écouter, assembler. Quai M, un chantier habité par Compagnie architecture.

"? Poser la première pierre ? ", "? ? couler les fondations ? ", "? couper le ruban ? ", "? monter les marches ? "? : le monde de la construction est habité de symboliques puissantes, diffusées dans le vocabulaire commun mais peu questionnées et encore moins réinvesties. Il existe pourtant dans ce même milieu d'autres démarches, tout aussi imagées et signifiantes, d'autres imaginaires, qui prennent forme dans d'autres rituels, en permanente réinvention, que cet ouvrage souhaite mettre en avant. Le Quai M est la future scène de musiques actuelles (SMAC) de La Roche-sur-Yon en Vendée. C'est un équipement audacieux, qui ouvrira ses portes à l'automne 2022 dont la réalisation architecturale a été confiée à l'agence bordelaise Compagnie architecture et la gestion et programmation à l'association Fuzz'Yon. De leurs propositions a émergé un bâtiment contemporain en béton et en bois, glissé entre les voies ferroviaires et la ville, un signal fort, graphique et lumineux, rayonnant sur le territoire alentour. Cet ouvrage vient mettre en lumière le processus de travail atypique mis en oeuvre et ainsi rapprocher les mains qui dessinent des mains qui réalisent, en suivant au plus près chaque étape du chantier. Envisager la construction comme un fait culturel - d'autant plus quand l'objet de ce chantier est un lieu à vocation artistique - en accueillant et nourrissant une forme d'expérimentation constructive quotidienne. Et donc rendre ce projet "? d'intérêt public ? " en montrant l'acte de construire qui s'y déroule aux yeux de tous et toutes. Au cours de ce processus, Edith Hallauer, Julia Vallvé et Compagnie architecture ont constitué une équipe éditoriale ad hoc, qui a eu pour vocation, en agrégeant des pratiques de journalisme, de recherche et d'édition, de documenter ce chantier et les processus qui y ont cours. De ce travail d'enquête a emergé Là où la forme prend, un récit immersif et documenté sur les dynamiques sous-tendant un projet architectural et mis ici en oeuvre des architectes pour qui "? l'architecture n'est pas l'exécution d'un objet sur plan, mais la conduite souple d'un processus ". Cet ouvrage atypique, écrit à la première personne à la manière d'une véritable enquête, revient sur l'acte de construire, l'usage de la maquette et du dessin, la commande publique, la transmission via la permanence architecturale mais également le hasard et l'imprévu inhérents à tout projet. En parallèle de ces axes thématiques apparaissent en filigranes les grandes étapes du chantier telles que documentées par le photographe David Fugère depuis les prémices du projet.

10/2022

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Rock

En dehors de la zone de confort. De Massive Attack à Banksy, l'histoire d'un groupe d'artistes, de leur ville, Bristol, et de leurs révolutions

Qu'ont en commun le Pont suspendu d'Isambart Brunel, l'acteur Cary Grant, le groupe Massive Attack et l'artiste de rue Banksy ? Ils sont tous originaires de Bristol, une ville moyenne de l'ouest de l'Angleterre. Une ville marquée par une histoire riche et complexe, mais encore jamais racontée ! Marquée par une fortune précoce liée à l'ouverture de l'Angleterre vers l'Amérique, elle devient aussi un des points névralgiques du commerce triangulaire. C'est justement cette histoire qui va nourrir, de manière inédite et radicale, la génération d'artistes éclose à Bristol à partir de la fin des années 1970. Tout prend forme lorsque qu'un jeune graffeur anglo-italien du nom de Robert Del Naja signe du pseudonyme « 3D » sa première œuvre de rue sur un mur de la ville en 1983. Avant de fonder le groupe Massive Attack en 1988 avec les DJs noirs Grantley Marshall et Andrew Vowles, il rencontrera les pionniers du post-punk de Londres et Bristol, les passionnées de reggae antillais du quartier de Saint Pauls, puis la chanteuse Neneh Cherry et le rappeur Tricky. Creuset inattendu mêlant hip-pop, reggae, soul et guitares rebelles, le premier album de Massive Attack, Blue Lines, sort en 1991 et provoque une révolution dans la culture populaire britannique. Massive Attack devient l'incarnation du succès d'un métissage à la britannique, et parviendra à toujours se renouveler, tenter de nouvelles révolutions et durer au-delà de nombreux mouvements musicaux des années 1990 et 2000, telles la Brit Pop, l'electronica et le drum and bass. Dans le sillage de cette créativité débridée mêlant musique, art et implication sociale profonde, naissent aussi les groupes Portishead et Roni Size, les mouvements nommés trip-hop et dubstep, et le génial Banksy, inspiré dès son plus jeune âge par les graffitis de Robert Del Naja. Depuis, la profondeur artistique de ces artistes et leur engagement n'ont fait que se renforcer, tout comme leur lien avec leur ville. Ce lien va devenir le tremplin qui les porte jusqu'à l'autre bout du monde, de l'Amérique à Gaza. Il pousse aussi très tôt Robert Del Naja à se mobiliser – contre la guerre d'Irak, pour les droits des Palestiniens ou, plus récemment, pour l'accueil des réfugiés jetés sur les routes européennes. Rébellion, art, musique, engagement, Bristol synthétise ainsi une autre histoire du Royaume-Uni. Une histoire qui amène au sommet des charts et sur le devant de la scène de parfaits autodidactes, et la part plurielle et afro-antillaise de la culture britannique.

10/2016

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Opéra

Histoire de l'Opéra français. De la Belle Epoque au monde globalisé

Si, au XIXe siècle, l'opéra français a continué à se définir en tant qu'expression artistique distincte des opéras italiens et allemands, au cours du XXe siècle l'internationalisation du répertoire et des créations conduit à une modification profonde de la notion d'école nationale. En revanche, perdure un lien important entre l'Etat, les collectivités territoriales et le genre, comme en témoigne l'inauguration en 1989 de l'Opéra Bastille, voulu par François Mitterrand, ou le label "opéra national" , décerné par le ministère de la Culture à quelques théâtres en régions. Plus que jamais, la place de l'opéra dans la société est un défi, à la fois esthétique, culturel, économique, social et politique. Jusqu'à 1945, et malgré sa lente et inexorable désagrégation, le système mis en place précédemment maintient la vie lyrique dans une relative continuité avec le XIXe siècle. L'opéra du XXe siècle, que l'on élargira aux deux premières décennies du XXIe, est l'opéra de toutes les aventures et de toutes les crises, qui l'ont un temps conduit aux limites de ses possibles et menacé de disparition. Face aux révolutions de tout ordre - de la société des loisirs, de la démocratisation et de la décentralisation, du multiculturalisme et de la mondialisation, du langage musical occidental et de la mise en scène, des nouvelles technologies et des musiques populaires urbaines -, face aux avant-gardes, aux nouveaux médias et aux nouvelles formes d'art comme le cinéma, l'opéra a su se réinventer. Son aptitude à absorber sans se perdre les nouveaux outils et les nouvelles questions du monde contemporain est stupéfiante. A l'encontre des idées reçues, ce sont encore, de Debussy à Saariaho, des centaines d'oeuvres que ce siècle de turbulences a produites. Tragiques ou légères, formules radicales ou partitions pour enfants, grandes fresques ou opéras-minutes, opérettes ou comédies musicales, elles n'ont cessé de reconfigurer le genre et d'élargir son spectre. Ce continent lyrique restait à explorer dans la diversité de ses aspects. Une histoire s'imposait donc pour en faire le récit et en décrire les mécanismes, pour en reconstituer les valeurs et les tendances, pour suivre ses acteurs et découvrir ses productions. Entreprise sans précédent par ses dimensions et par sa conception, cette Histoire de l'opéra français en trois volumes réunit une équipe internationale de plus de cent cinquante auteurs - musicologues, littéraires et philosophes, historiens et spécialistes du théâtre, de la danse et des arts. Elle est placée sous la direction d'Hervé Lacombe, professeur de musicologie à l'université Rennes 2

05/2022

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Thèmes photo

Flux 1

FLUX I est le premier chapitre de la série d'Erwan Frotin : un carnet de voyage unique, un cabinet de curiosité d'un genre nouveau. Ses archives de lieux, phénomènes et organismes, collectionnés durant dix années de voyage constituent une véritable encyclopédie biologique. Ces fragments de nature donnent à voir les formes du vivant, comme autant de signes, de merveilles et de questions. Capturées à la Réunion, au Costa Rica ou encore aux Philippines et en Antarctique, les photographies d'Erwan relèvent d'un imaginaire presque anonyme. A la frontière entre le documentaire et la fiction, le photographe franco-suisse développe une approche sculpturale des objets et des corps. Son interprétation poétique de la nature stimule l'observation de notre propre monde en nous faisant découvrir une partie inexplorée de notre réalité. ERWAN FROTIN est un photographe franco-suisse. Il est né en 1978 dans le sud de la France. En 2002, ERWAN reçoit le Prix de la Photographie au festival de Hyères. Depuis, il a exposé son travail dans de nombreuses expositions collectives et expositions monographiques en Europe et en Amérique du Nord. Il présente notamment sa série "Fantastic Challenge" au Centre Culturel Français de Milan en 2006 et dévoile sa série "Strangers" à la M+B Gallery de Los Angeles en 2009 et participe au Prix de la Fondation Ricard en 2011. ERWAN consacre son approche sculpturale des natures mortes et des corps à la fois aux commandes éditoriales et à ses oeuvres plastiques CELIA HOUDART est l'auteur de six romans et de deux essais. Depuis 2008, elle compose avec Sébastien Roux des pièces de théâtre présentées sous forme d'installations ou d'expériences sonores. Elle a reçu le prix Villa Médicis hors-les-murs et le prix Henri de Régnier de l'Académie française (2008) pour son premier roman. Elle rédige également des textes et des catalogues d'artistes et collabore à plusieurs magazines. Elle vit à Paris. DAVID LEMAIRE est directeur du Musée des Beaux-Arts de La Chaux-de-Fonds. Il a été conservateur adjoint au MAMCO et chargé de cours en histoire de l'art à l'Université de Genève. Il est l'auteur de nombreux textes sur l'art contemporain. KRIPI MALVIYA est psychologue, psychothérapeute existentiel et poète. Kripi promeut et facilite le lien réciproque et la relation entre la créativité et le bien-être émotionnel en plongeant dans le processus artistique avec le prisme de l'exploration et de la compréhension de la vie. Elle est témoin du travail d'Erwan depuis 3 ans. Elle vit en Inde.

10/2022

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Beaux arts

L'invention du dessin d'enfant en France, à l'aube des avant-gardes

Réimpression de cet ouvrage paru en 2003. La peinture de la fin du XIXe siècle fait apparaître l'enfant d'un oeil neuf. Elle cible le naturel enfantin, aux antipodes de l'enfant modèle. Elle s'intéresse à l'enfance comme répertoire de gestes et de postures spécifiques, loin du portrait de famille qui fait poser l'enfant. Une écriture de l'enfance naît sous le pinceau des peintres, qu'ils se nomment Gauguin, Valadon, Vallotton, Bonnard. Ecriture corporelle, faite de mouvements rompus et de lignes torses, les peintres vont également la repérer dans le dessin d'enfant. Cette découverte va jouer un rôle déterminant dans la naissance des avant-gardes, à l'époque du fauvisme et du cubisme. Elle s'inscrit dans la quête des débuts de l'art, pierre angulaire du primitivisme. On range le "bonhomme" dessiné par l'enfant aux côtés du masque tribal, comme préhistoire de la figuration. On s'interroge sur le "gribouillage", chaos originel de l'acte artistique. On relève, chez l'enfant qui s'aventure sur la feuille de papier, un "désir de la ligne" que Matisse, à la même époque, dit rechercher dans son dessin. Alfred Jarry joue un rôle pionnier dans ce primitivisme de l'enfance, autour de 1900. Il le fait autant par ses écrits que par ses enfantillages graphiques qui, rares et méconnus, exerceront une influence certaine sur Bonnard et Picasso. La révélation du dessin d'enfant aux artistes intervient en plein débat sur la réforme de l'enseignement du dessin à l'école. Des voix de plus en plus nombreuses dénoncent un système qui dénie toute faculté expressive à l'enfant et qui réduit le dessin à l'apprentissage de figures géométriques. Deux modèles pédagogiques s'opposent : l'héritage positiviste et coercitif, la jeune réflexion psychopédagogique qui démontre que le dessin apporte une contribution essentielle au développement de l'enfant. En 1909, les novateurs obtiendront gain de cause avec une réforme décisive introduisant le dessin libre dans l'enseignement primaire. Dans les années 1900, le dessin d'enfant est l'objet de toutes les sollicitudes. Mais les intérêts des uns et des autres ne se confondent pas : tandis que les pédagogues veulent cultiver le dessin d'enfant pour son rôle formateur, pourvoyeur de compétences, les artistes voient et convoitent en lui la création pratiquée comme un jeu, la joyeuse manipulation des apparences. Ces deux perceptions ne cesseront de rivaliser sourdement, avant que leur antagonisme ne soit porté en pleine lumière par Georges Bataille, dans un article iconoclaste. C'est la pluralité et la connexion des enjeux en présence que ce livre entend explorer.

01/2015

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Art contemporain

Art is Magic

Publié à l'occasion de la première rétrospective en France de Jeremy Deller, lauréat du prestigieux Turner Prize en 2004 et représentant de son pays à la Biennale internationale d'art contemporain de Venise en 2013, Art is Magic dresse le panorama le plus complet de son travail des années 1990 à ce jour, à partir d'une quinzaine de projets et d'oeuvres majeures qui ont ponctué son parcours. Jeremy Deller s'intéresse aux cultures populaires et aux contre-cultures. Les questions sociales, l'histoire, mais aussi la musique, sont au centre des investigations de l'artiste. Teintées d'un discours socio-politique assumé, ses oeuvres font un lien entre la culture - vernaculaire ou de masse - et le monde du travail. Ses recherches l'ont mené à explorer l'histoire sociale de son pays et du monde à travers les conflits sociaux de l'ère thatchérienne, le groupe Depeche Mode, le monde du catch, les ferments du Brexit, ou encore l'Acid house et le mouvement rave, avec le souci constant d'impliquer d'autres personnes dans le processus créatif. Art is Magic constitue une tentative de relier les oeuvres clés de la carrière de Jeremy Deller avec l'art, la musique pop, le cinéma, la politique et l'histoire qui ont inspiré son travail. Deller a fait couler beaucoup d'encre au fil des décennies, mais c'est la première fois qu'il rassemble toutes ses sources culturelles. L'ouvrage est divisé en trois sections : un guide visuel de ses oeuvres préférées, des réflexions approfondies sur sa vie et sa pratique artistique et, enfin, un album d'images expliquant ce qui le motive (de Rod Stewart aux chauves-souris, du juke-box parfait aux têtes de hache néolithiques). Le livre présente des oeuvres qui ont jalonné la vie et la carrière de Deller, la plupart inédites. S'y entrecroisent ainsi son installation gonflable pour le festival international de Glasgow, la grève des mineurs (son film sur la bataille d'Orgreave), les chauves-souris (sujet d'au moins trois des oeuvres de Deller), Andy Warhol (qu'il a rencontré en 1986), les liens entre la révolution industrielle et le heavy metal, et les busards cendrés picorant les yeux d'un député conservateur (figurant dans sa fresque contre la chasse au gibier créée pour la Biennale de Venise). Publié à l'occasion de l'exposition Jeremy Deller : Art is Magic au Frac Bretagne, au Musée des beaux-arts et à La Criée, centre d'art contemporain, Rennes, en 2023.

05/2023

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Autres

Philosophie N° 154, juin 2022

Ce numéro s'ouvre sur la traduction, par Timothée Moreau, d'un texte de Willard Van Orman Quine intitulé "L'usage et sa place dans la signification" ("Use and its place in meaning") dans la version parue dans le recueil Theories and Things de 1981, et présenté ici par Bruno Leclercq. Quine y explicite les relations entre sens et usage au moyen d'une théorisation de la notion de "signification cognitive". La présentation rédigée par Bruno Leclercq fait le point sur les convergences et les divergences entre les conceptions quinienne et wittgensteinienne du sens comme usage. Il se poursuit avec "L'autre de la justice : Habermas et le défi éthique du postmodernisme", rédigé par Axel Honneth en 1994, présenté es traduit par Emmanuel Levine. Honneth y montre que si les éthiques dites "postmodernes" de Jean-François Lyotard et Stephen White ne dépassent pas le cadre de l'éthique de la discussion, Jacques Derrida a élaboré, à partir de Levinas, un point de vue moral corrigeant et complétant l'idée kantienne d'égalité de traitement. En tension perpétuelle avec les principes habermassiens de justice et de solidarité, la sollicitude (care) prend en compte la singularité et la vulnérabilité des individus exclus de la discussion et révèle la nécessité morale de leur porter une aide unilatérale et illimitée. Dans "Foucault après la révolution. L'universel, le singulier et la légitimité", Daniel Liotta pose la question de savoir quel statut Foucault attribue à la valeur de l'intolérable, tout en soumettant à la critique l'idéal révolutionnaire ; l'analyse des subjectivations et les références au droit, qui constituent deux principes du combat politique et deux figures de l'universalité, semblent permettre de la préciser. Comment la généalogie peut-elle cependant penser la légitimité juridique, et comment celle-ci peut-elle s'articuler à une analyse des subjectivations ? Il s'agit, pour Foucault, de déterminer à la fois une politique indépendante de l'idéal révolutionnaire et une éthique philosophique. Dans "L'esthétique artistique transcende l'esthétique sensible. Sur la phénoménologie de l'art de Henri Maldiney", Charles Bobant tente de démontrer que la phénoménologie maldinéenne de l'art connaît une évolution théorique significative. Alors qu'il soutient dans ses premiers textes que l'art dévoile l'espace du paysage, c'est-à-dire l'étant dissimulé par l'objet, Henri Maldiney défend ensuite la thèse selon laquelle l'art révèle le lieu d'être, ou l'être entendu comme lieu. Après quoi il s'efforce de mettre en évidence le caractère problématique de la thèse de l'art comme ontophanie. D. P.

06/2022

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Histoire internationale

Congo, une histoire

Ce livre est l'histoire, fidèle, rigoureuse, éminemment documentée et absolument romanesque d'un pays. L'histoire d'un peuple, d'une nation, d'un fleuve sur lequel s'aventurèrent Stanley et les premiers marchands d'esclaves, les envoyés du roi des Belges, et ceux venus tracer les lignes frontalières de cette immensité géographique appelée Congo. Ainsi David Van Reybrouck retrace-t-il le destin tumultueux de ce pays, de la préhistoire à nos jours. De la colonisation à l'indépendance, il entremêle les faits historiques et le récit de ses rencontres, son livre prend alors une dimension très personnelle où l'empathie à l'égard de ses interlocuteurs est fondamentale. Parmi ces figures généreuses, le lecteur se souviendra de ces anciens qui content au jeune Belge des aventures extraordinaires remontant jusqu'à l'époque précoloniale. Alternant passages explicatifs et narratifs, David Van Reybrouck prend tour à tour sa plume d'historien, de romancier, de journaliste et d'auteur de théâtre - quatre "territoires" d'écriture - qu'il travaille avec virtuosité, passant de l'ample rigueur d'une Histoire du Congo à la sensibilité littéraire d'un grand récit de voyageur : une construction qui donne à ce livre son rythme, sa vivacité, sa singularité. Au fil du temps, il rencontre des acteurs essentiels des débuts de l'indépendance, de l'ère Mobutu et des guerres qui ont éprouvé le pays depuis l'arrivée au pouvoir des Kabila, il retrouve des victimes et des bourreaux - tel ce seigneur de guerre au Kivu - qui se confient à lui et offrent des témoignages inédits où le tragique le dispute à un comique féroce. Mais Congo, une Histoire est aussi un hymne jubilatoire à la vitalité de tout un peuple, à sa créativité musicale et artistique, à sa capacité de survie dans une économie de la débrouillardise qui, en l'absence de structures, se mondialise naturellement : alors que s'installent déjà une population chinoise venue exploiter les richesses du sous-sol, certains importateurs congolais vont aujourd'hui se fournir à Guangzhou. Le XXIe siècle sera peut-être celui de l'âge d'or du Congo... Paru à l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance du Congo, ce grand livre a valu à son auteur le prix Ako (le Goncourt belgo-néerlandais). Véritable best-seller en V. O. (plus de 300 000 exemplaires vendus), Congo est traduit dans de nombreux pays. Pourquoi cet engouement international ? Parce que nous avons tous en Europe un passé colonial et l'histoire du Congo est le symbole même de la mainmise européenne sur l'Afrique, de ses succès, de ses excès, de ses échecs et des conséquences brûlantes de nos récentes interventions sur le continent africain. ?? ?? ?? ??

09/2012

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Critique littéraire

Correspondance. 1944-1959

Le 19 mars 1944, Albert Camus et Maria Casarès se croisent chez Michel Leiris, lors de la fameuse représentation-lecture du Désir attrapé par la queue de Pablo Picasso. L'ancienne élève du Conservatoire national d'art dramatique, originaire de La Corogne (Galice) et fille d'un ancien président du Conseil de la Seconde République espagnole exilé à Paris en 1936, n'a alors que vingt-deux ans. Parlant parfaitement français, elle a débuté sa carrière d'actrice en 1942 au Théâtre des Mathurins, au moment où Albert Camus publiait L'Etranger et Le Mythe de Sisyphe chez Gallimard. Albert Camus vit alors seul à Paris, la guerre l'ayant éloigné depuis deux ans de son épouse Francine, enseignante à Oran. Sensible au jeu, au tempérament et à la beauté de l'actrice, Albert Camus lui confie le rôle de Martha pour la création de sa pièce Le Malentendu en juin 1944. Et durant la nuit du Débarquement en Normandie, sortant d'une soirée chez leur ami Charles Dullin, Albert Camus et Maria Casarès deviennent amants. Il ne s'agit là encore que du prélude à une grande histoire amoureuse ; car Maria décide de mettre fin à cette relation qui lui semble sans avenir, au vu de la situation conjugale de son amant. Mais quatre ans exactement après leur première déclaration, le 6 juin 1948, Albert et Maria se retrouvent, par un heureux hasard, sur un boulevard parisien ; leur histoire commune reprend alors, plus passionnée que jamais, et sans interruption jusqu'à la mort accidentelle de l'écrivain, au début de l'année 1960. Durant toutes ces années, Albert et Maria n'ont jamais cessé de s'écrire, notamment lors des longues semaines de séparation dues à leur engagement artistique et intellectuel, aux séjours au grand air ou aux obligations familiales. Sur fond de vie publique et d'activité créatrice (les livres et les conférences, pour l'écrivain ; les tournées avec la Comédie-Française et le TNP pour l'actrice), leur correspondance croisée, demeurée inédite jusqu'à ce jour, révèle quelle fut l'intensité de leur relation intime, s'éprouvant dans le manque et l'absence autant que dans le consentement mutuel, la brûlure du désir, la jouissance des jours partagés, les travaux en commun et la quête du véritable amour, de sa parfaite formulation et de son accomplissement. Nous savions que l'oeuvre d'Albert Camus était traversée par la pensée et l'expérience de l'amour, jusqu'aux dossiers préparatoires du Premier Homme. La publication de cette immense correspondance révèle la pierre angulaire de cette constante préoccupation : l'amour, l'inévitable amour. "Quand on a aimé quelqu'un, on l'aime toujours", confiait Maria Casarès bien après la mort d'Albert Camus ; "lorsqu'une fois, on n'a plus été seule, on ne l'est plus jamais".

11/2017

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Religion

Solesmes et les musiciens. Tome 2, Les années 20

Ce volume, qui fait suite à celui consacré à la Schola cantorum, regarde en grande partie les musiciens qui sont venus à Solesmes autour des années 20. Il y sera d'abord question de Claude Debussy et d'Erik Satie, considérés dans leur rapport au chant grégorien et leurs hypothétiques passages à l'abbaye. Trois musiciens d'envergure sont décrits ensuite. André Caplet, d'abord, cet ami intime de Debussy qui dirigera l'orchestre de l'Opéra de Boston, notamment pour la première de Pelléas et Mélisande, en 1912. Il laisse une oeuvre de qualité et prometteuse, malheureusement interrompue par une mort précoce : la Messe à trois voix, et surtout le Miroir de Jésus, d'une grande pureté de ligne, à côté de très nombreuses mélodies pour piano, et des pièces de musique de chambre. Le second, André Gedalge, fut professeur au Conservatoire de Paris. Son influence fut considérable sur ses élèves dont les plus éminents furent Maurice Ravel, Debussy, Honegger, Milhaud, Enesco, Nadia Boulanger. Son oeuvre est variée : symphonies, ballets, un concerto, un quatuor, des mélodies. Roland-Manuel, le troisième, eut une vie toute dévouée à la musique. Il aura de grandes amitiés : Maurice Ravel, dont il fut l'élève et le biographe ; Max Jacob, pour qui il écrira la musique d'un opéra-bouffe, Isabelle et Pantalon ; André Caplet etc. Les Maritain et le Père Aubourg, moine de Solesmes, le guideront sur le chemin de sa conversion au catholicisme. Parmi de nombreuses compositions, on peut citer un autre opéra-bouffe, le Diable amoureux, trois ballets, un oratorio, de la musique de chambre, des mélodies et beaucoup de musique de films. Très cultivé et fin pédagogue, il animera pendant près de vingt ans la fameuse émission radiophonique, Plaisir de la musique. Enfin, citons la grande figure d'Yvonne Gouverné, fidèle amie de Caplet et de Francis Poulenc dont elle fera connaître les oeuvres. Elle dirigera également les choeurs d'oeuvres de Messiaen, Duruflé etc. , et travaillera étroitement avec Charles Münch. Gustave Doret, musicien suisse, fut également lié à Debussy et à son oeuvre. Aussi cet ouvrage se présente-t-il comme une vaste fresque de la vie musicale et artistique des années 20, en France. A propos du P. Patrick Hala Le P. Patrick Hala, qui dirige les Editions de Solesmes et la revue Etudes grégoriennes, étudie également la poésie sacrée et a publié deux ouvrage sur les hymnes intitulés "Louanges vespérales" , et "Louanges matutinales" . Dans le domaine musicologique, il est l'auteur de Solesmes et les musiciens, vol. 1. Il a aussi publié Solesmes, les écrivains et les poètes, Des moines dans la Grande guerre - Solesmes 1914-1918, et plusieurs commentaires liturgiques.

05/2020

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Pléiades

Oeuvres romanesques complètes. Coffret en 2 volumes

Cela commence bien pour Vian, l'écrivain. Queneau aime Vercoquin et le plancton. Gallimard accepte ce premier roman puis un deuxième, L'Ecume des jours. Sartre reçoit l'auteur aux Temps modernes, où paraîtront ses Chroniques du Menteur. J'irai cracher sur vos tombes fait scandale – un vrai scandale, du premier coup, celui que tant d'artistes attendent en vain toute leur vie... Et pourtant, cela ne prend pas. Les seuls romans de Vian qui connaissent le succès de son vivant sont ceux qu'il signe Sullivan. Les autres ne trouvent pas leur public. Le dernier, L'Arrache-coeur, sept ans à peine après Vercoquin, est un ultime échec. Vian en conclut que sa destinée ne sera pas littéraire. Il renonce au roman. Sa célébrité est alors à son comble, pour d'autres raisons. "Oh ! je fais dans pas mal de choses, n'adjudant ; ingénieur, auteur, traducteur, musicien, journaliste, interprète, jazzologue, et maintenant directeur artistique d'une maison de disques. — Ouais... je vois..." répond l'adjudant, "bon à tout, bon à rien..." Le personnage de Vian – trompinette, tourniquette et cor à gidouille – prend beaucoup de place, il est vrai, jusqu'à masquer en partie son oeuvre. Résultat : au lendemain de sa mort prématurée, la plupart de ses livres "littéraires" sont introuvables. Le succès viendra plus tard, au rythme des rééditions posthumes, et il sera accompagné d'une certaine reconnaissance. Mais prend-on vraiment l'écrivain au sérieux ? L'imaginaire de Vian déconcertait ses contemporains. On a parfois l'impression, aujourd'hui, que son humour embarrasse les nôtres. C'est ainsi ; Vian trouvait le sérieux risible et voyait dans le rire une chose sérieuse. Dans son arbre généalogique littéraire figurent les noms de Rabelais, Swift, Carroll, Jarry, Queneau. Cette édition réunit les romans, les nouvelles et les scénarios de Boris Vian, ainsi qu'un choix de textes brefs qui, bien que non fictionnels (encore que certaines chroniques soient fort "romancées"), éclairent son univers imaginaire. Précisément, à quoi ressemble-t-il, cet univers ? A un monde parallèle au nôtre et communiquant avec lui, doté de son langage propre, irréductible aux catégories convenues (fantastique, science-fiction), aussi contrasté que le désert à rayures de L'Automne à Pékin, mais concerté, cohérent, à la fois poétique et réel : "l'histoire est entièrement vraie, puisque je l'ai imaginée d'un bout à l'autre. Sa réalisation matérielle proprement dite consiste essentiellement en une projection de la réalité en atmosphère biaise et chauffée, sur un plan de référence irrégulièrement ondulé et présentant de la distorsion." Langage d'ingénieur, mais il cache une définition du récit poétique, au service de thèmes graves – la difficulté d'être, l'usure de toute chose, l'angoisse de la mort – qui chez Vian sont transfigurés par la magie du rêve.

01/2020