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Lucrece. Tragédie (1638)

Extraits

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Romans historiques

Les cygnes blancs parisiens de Perse

Le multiculturalisme est devenu une question complexe à comprendre, à protéger et à vivre dans cet univers mondialisé. Les Cygnes Blancs Parisiens sont les trois enfants d'une des Mille Familles de l'Iran des années 1940 et 1950, envoyés en Europe pour grandir dans des nations hautement civilisées. Ils sont ensuite revenus dans leur patrie, dans la société du Moyen-Orient nouvellement modernisée avec son système de distribution extrême récemment touché par la modernité et les idées des Lumières pour les familles de grande classe qui ont lutté afin de conserver leur image d'êtres supérieurs. L'histoire est basée sur les écarts invisibles dans le multiculturalisme qui peut devenir attrayant pour les individus et les conduire vers les tournants dramatiques de leur vie. Les personnages sont les anciens noms dans l'Iran de la noblesse. La catastrophe fait partie des drames naturels alors que la résolution est la résilience. La révélation est devenue une affaire personnelle non verbalisée pour les victimes de haut rang afin de conserver leur image sociale. La plupart du temps, des intérêts particuliers ont joué le rôle d'inversion qui a entraîné l'histoire dans une nouvelle direction. Dans cette tragédie, nos protagonistes vont tragiquement vers ce qui pourrait être considéré comme leurs défauts. La question demeure : "Etait-ce leurs défauts ? " Le conflit est l'idée du prestige entre l'Occident et le Moyen-Orient, la classe supérieure, la dignité, les droits et les torts. Plus la montée de l'image est grande, plus la chute du Cygne Blanc de Paris est vertigineuse dans la société persane qui évolue dans la modernité offerte par les têtes fortes : Kemal Pacha en Turquie et Reza Khan Pahlavi en Ariyana d'Iran. Le roman agit comme des arcs étendus dramatiques avec deux parties principales. La deuxième partie de l'intrigue comporte quatre étapes ou crises : force passionnante, force tragique, fin des sessions finales pour différents acteurs victimes et suspense final à l'image interculturelle et à l'intérêt international. La destruction illogique suit les souffrances et la vulnérabilité des protagonistes qui cèdent la place aux corps criminels intéressés que sont les fournisseurs de drogues ; l'opium le plus primitif. La faiblesse cachée de ces protagonistes se retourne contre eux, car ils ont perdu leur soutien pour puiser dans leur force intérieure et sont entourés de groupes sociaux malades. L'intrigue est structurée en forme de U. L'Epiphanie de Shahézanoon s'est terminée par une chute dramatique de sa vie, ses parents, ses souffrances familiales à un tournant de la vie dans une vision internationale de la justice humaine.

12/2020

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Critique littéraire

Aragon, un destin français. II. L'Atlantide (1939-1982)

"Une poésie savante est devenue chanson de tout le monde. A la mairie, et parfois dans les églises, les mariés écoutent Que serais-je sans toi. On chante Aragon-Ferrat aux réunions de famille, au bal de l'amour, au départ des manifs, les coeurs battant, parfois aux enterrements. Une partie de notre histoire et de notre culture communes est transmise par l'art le plus immédiatement populaire, vivant et éternel, tant qu'il y aura des hommes". C'est par cette référence à Jean Ferrat que Pierre Juquin ouvre le deuxième tome de sa biographie d'Aragon : 1939-1982... Voici donc l'ancien surréaliste plongé dans la Seconde Guerre mondiale, devenant chef et chantre de la Résistance nationale, partageant désirs et déconvenues de la Libération. Au fil des épreuves, le récit nous touche de plus en plus près. Le péril nucléaire, la guerre froide, la guerre d'Algérie, la déstalinisation et ses avatars, les insurrections étudiantes et le Printemps de Prague, le Programme commun de la gauche... Aragon vit ces événements en acteur de premier plan. Ecrivain, l'un des plus grands de notre littérature, il lance des salves de chefs-d'oeuvre, depuis Le Crève-coeur jusqu'au Roman inachevé et aux Poètes, depuis Aurélien jusqu'à La Mise à mort et Blanche ou l'oubli, en passant par Les Communistes et La Semaine Sainte. Avec cela journaliste (notamment aux Lettres françaises), essayiste, critique d'art, historien même (de l'Union soviétique), il dit comme personne les espoirs et les drames d'un siècle grand, beau et terrible - et la tragédie des communistes, embarqués sur une Atlantide : "Au plus noir du malheur j'entends le coq chanter"... Dans des pages à la fois franches et emphatiques, Pierre Juquin s'efforce à déceler la vérité des dernières années d'un Icare écartelé et fidèle, excessivement complexe. Son récit s'achève avec Le fou d'Elsa, immense poème humaniste qui semble avoir été rêvé pour les générations du XXIe siècle, confrontées à la menace d'un "choc des civilisations". Truffée d'inédits et de textes introuvables, de témoignages et de documents qu'Aragon et Elsa Triolet - couple mythique - ont légués à la France, cette monumentale et passionnante enquête ne laisse dans l'ombre aucune énigme - politique, littéraire, intime - pour livrer une somme rigoureuse qui fera référence, tout en se lisant comme un roman : roman d'un témoin d'exception, roman d'une époque, il continuera à vous surprendre jusqu'à la dernière ligne.

03/2013

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Romans noirs

Ordinaire

Il n'y a pas de gens méchants, il n'y a que des gens malheureux... Hervé est un homme ordinaire. Un voisin banal. Un gentil mari sans histoires. Un retraité de soixante-trois ans qui, pour tuer l'ennui, épie les autres depuis sa fenêtre ou erre dans les rues tranquilles d'Alfortville avec son chien, Billy. Et passe peut-être une tête de temps en temps au Perroquet, le bistrot du coin. L'arrivée de nouveaux habitants dans l'immeuble en brise la douce monotonie. Ils sont jeunes, beaux, riches, avec de magnifiques enfants. Ils sont tout ce qu'Hervé n'est pas. Ils ont tout ce qu'il n'a plus. Si sa femme voit là une opportunité de se faire des amis, lui les déteste immédiatement. " Quand devient-on un monstre ? C'est quoi, un monstre ? " Quand on se pose ce genre de questions, c'est qu'il est déjà trop tard. Un premier roman noir magistral, qui brosse le portrait d'un homme ordinaire et de sa descente aux enfers. A propos de l'autrice Scénariste et réalisatrice au sein du duo "Najar & Perrot" , Audrey Najar développe plusieurs projets artistiques pour le théâtre. Elle est également journaliste. "On est tendu à rompre et l'on ne sera pas déçu. [... ] Audrey Najar sait installer un rythme et laisser monter l'angoisse". Libération "Un roman aussi réaliste que déstabilisant. " Cosmopolitan " Un premier roman coup de poing. " L'Obs " Audrey Najar met sa virtuosité de scénariste au service d'une intrigue aux rebondissements maîtrisés. " Les Echos " Dans cette microsociété que constitue une copropriété, Audrey Najar fait apparaître avec une force narrative singulière des personnages pétrifiés à jamais dans leur histoire, leur solitude, leur incapacité à s'assumer en tant qu'absents du collectif, et la souffrance qui en découle. " Livres Hebdo " Le texte est d'une grande puissance dramatique sans jamais forcer le trait. Les mots sont comptés, l'expression sobre, le regard à distance. Sa force vient de sa précision, celle de l'entomologiste qui observe à la loupe un fait divers ordinaire. Et l'érige en tragédie. " France Inter " Dans Ordinaire, la retraite sent le roussi. " Sud Ouest " Avec une tension croissante et palpable jusqu'à la dernière ligne, une écriture aussi percutante qu'harmonieuse et des personnages complexes et attachants, Audrey Najar signe un premier roman noir original et captivant, sur les blessures encore ouvertes et les frustrations trop longtemps contenues. " S le magazine de Sophie Davant, Héloïse Goy

01/2023

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Littérature française

Les Orphelins

De l'Allemagne nazie à l'Apartheid, un frère et une soeur pris au piège de l'Histoire Wolf et Barbara sont jumeaux. Ils grandissent dans un orphelinat allemand avant d'être adoptés en 1948 par une famille sud-africaine. Ils arrivent au Cap, choisis par une Fraternité qui cherche des enfants au sang pur, des descendants d'aryens. Les jumeaux découvrent l'idéologie raciste qui gouverne leur famille d'accueil. Devenus malgré eux des membres de cette communauté, ils sont peu à peu gagnés par la honte de n'avoir pas réussi à fuir, coupables d'une faute qu'ils n'ont pas commise. Mais au fil des années, chacun à sa manière, Wolf et Barbara font le choix de la révolte, de la liberté. En s'inspirant d'une page d'histoire méconnue, Bessora signe un roman magnifique sur la vie de ces orphelins oubliés aux prises avec les drames du XXe siècle. A propos de l'autrice Née à Bruxelles en 1968, Bessora grandit en Europe, aux Etats-Unis et en Afrique. A la suite d'un voyage en Afrique du Sud, elle reprend des études d'anthropologie à Paris puis publie de nombreux romans, dont Les Taches d'encre, prix Fénéon en 2001 et Cueillez-moi jolis Messieurs qui a reçu le Grand prix littéraire d'Afrique noire en 2007. "Bessora nous plonge avec honnêteté et sensibilité dans la peau de ces jumeaux allemands". Le Monde "Pour Les Orphelins, Bessora s'est inspirée d'une histoire vraie, édifiante". Libération " Bessora ressuscite ici un pan ignoré de l'histoire de l'Afrique du Sud. Elle sait rendre captivant le destin de ses héros, confrontés à de lourds secrets de famille. Sa plume parfois tragique, parfois ironique, qui ne se lasse pas de jouer des tours à ses personnages, permet d'appréhender les hallucinantes théories de l'Apartheid et de comprendre les traces indélébiles qu'elles ont laissées. " Ouest-France " Avec en toile de fond la grande Histoire, du nazisme à la fin de l'apartheid en passant par le mur de Berlin, la romancière Bessora, s'inspirant d'un fait historique méconnu, livre un roman émouvant sur l'identité, la haine et la liberté. " Alexandra Villon, librairie La Madeleine (Lyon) " Bessora mène ici son affaire romanesque de main de maître. Elle fait sentir avec une infinie compassion et la colère qui l'accompagne toute cette tragédie d'exils successifs, d'un bout à l'autre du monde, d'un bout à l'autre de soi. Peut-être parce qu'au fond, il n'est de vérité dans le coeur des hommes que romanesque... " Livres Hebdo

01/2023

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Généralités

Les guerriers de Dieu - La violence au temps des troubles de. La violence au temps des troubles de religion (vers 1525- vers 1610)

C'est en se focalisant sur une violence jugée " inouïe " par les contemporains que ce livre entend proposer une explication de la grande cassure religieuse du XVIe siècle français. Tout aurait commencé vers 1525, quand monte dans le royaume de François Ier une grande angoisse du châtiment divin. Le monde se surenchante prodigieusement : sur terre et au ciel apparaissent des signes prophétiques qui proclament l'imminence de la fin des Temps et la faute d'une humanité qui a oublié Dieu. Survient le temps des guerriers de Dieu, le temps d'un " Triomphe de la guerre ". Deux imaginaires s'opposent aux lendemains de la mort du roi Henri II. Les huguenots, recourant à une violence désacralisatrice, s'efforcent d'éradiquer les " pollutions " d'une Eglise romaine ennemie du Christ : images et reliques saintes, prêtres... Les violences des papistes sont des violences mystiques qui visent le châtiment de tous ceux qui ont rompu avec Dieu : elles marquent sur les corps des hérétiques les signes effroyables de la colère du Christ accomplissant l'ordre des Temps. Cette histoire, qui, de part et d'autre, est celle d'une quête du pardon divin, culmine en intensité lors de la tragédie de la Saint-Barthélemy. Pour les guerriers de Dieu, après 1572, s'ouvre le temps du " repli " de la violence. Aux protestants survivants, le massacre révèle une situation d'impureté culpabilisante ; aux catholiques, parce que se défait l'illusion d'une alliance retrouvée avec Dieu, il suggère que la France demeure infidèle et corrompue. La faute n'est plus celle des seuls hérétiques, elle est désormais celle de tous. Et l'angoisse prophétique revient en force avec le temps de la Ligue, " sainte union " mystique de préparation pénitentielle à la venue de Dieu et d'intériorisation de la tension d'agression. La violence de sang devient alors comme impossible, surtout après qu'elle semble s'être accomplie, lors du régicide d'août 1589, dans la " force " de Dieu venue en un seul fidèle, le dominicain Jacques Clément. Au terme de cette dynamique d'expansion et de réduction du désir de violence, s'impose l'ordre d'un roi de la raison : Henri IV se veut le roi pacificateur du royaume parce que son règne va inaugurer la fin du temps des angoisses, le monarque providentiel de toute éternité appelé à agencer sur terre un " bonheur " humain. La véritable " modernité " du XVIe siècle ne serait-elle pas là ? " Tout dans ce livre étrange, fascinant, dérange, bouscule, piétine les certitudes d antan. Rien ne se comprend plus après comme avant, ou plus exactement, tout commence à se comprendre " Pierre Chaunu.

02/2022

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Fantasy

Saga Gandorr Tome 7 : Gandorr et le bond vers Merrenyl

Extraordinaire... Enigmatique... Péplum... Quand le chaos assiège la vision d'un paradis planétaire, c'est tout un système truand qui s'écroule... La faute à des actions antérieures vécues et assumées ignorant le futur... Face au chambardement insubordonné qui ranime l'enfer, l'honneur d'apporter son aide est un luxe que peu se permettent... La fin d'un cycle pour peut-être réparer des erreurs et adoucir la liaison de la culpabilité... Dans un territoire à l'histoire chargée, des éventualités peuvent améliorer des contextes enlisés... Mais des puissants et sombres fléaux s'acharnent à ternir le libre pouvoir d'aimer et la simple idée de survivre... Un évènement imprévu convie des éléments-clés alors saisis par l'effet subi d'un écart temporel, résultat d'une amnésie passagère... Quand vient le temps de réalisation, une adaptation optimisée s'impose afin de réagir convenablement... Suite au Tome 6, Elrya et Gandorr pensaient qu'il n'y aurait plus d'embûches après les mésaventures endurées... Mais, un cataclysme planétaire vient frapper la planète Renéga et chamboule le plan initial... En plein coeur d'une tempête volcanique, l'information demandée à la Fée Nessa pour poursuivre le chemin initiatique ne peut pas être délivrée de suite... Un cheminement de bon coeur, s'instaure pour favoriser un sauvetage de réfugiés... Au passage et outre la tragédie de Pompéi comme référence, différents affrontements s'expliquent sur le terrain brûlant de l'apocalypse entre les personnages de la Grèce Antique et les Minoens en conflits... Après des trahisons insoupçonnées et des explications éclairantes, s'ensuivent les énigmes de la Langue des Oisons ou Oiseaux et de la spirale mathématique de l'oie qui retardent la fuite... Vont-ils parvenir à s'échapper à temps de la destruction imminente de ce monde... Pourquoi leurs consciences sont soudainement projetées dans la poche spatiale de Merrényl... Pourquoi affrontent-ils des conséquences sur des choix qu'ils ont oubliés à cause d'une amnésie partielle perçue comme un bond temporel... Le couple est frappé par le coup du sort qui n'est pas forcément dû au hasard... Les âmes soeurs sont embarquées dans une série de jeux infernaux avec une pieuvre géante, des gladiateurs, des robots et la recherche de la toison d'or... Une partie qui traite de la Grèce Antique et des Etrusques... Ce périple exigeant de survie mène au duel tant attendu contre leur plus grand ennemi... Pourront-ils survivre à un tel choc... SMILE !

09/2021

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Récits de voyage

Via Appia. Voyage sur la plus ancienne route d'Italie

En descendant la Via Appia, cette route mythique qu'empruntaient les légionnaires romains, les éléphants d'Hannibal, les esclaves de Spartacus et les chars de Césars, Jacques de Saint Victor nous invite à un voyage peu commun. Outre le fait qu'il déteste la marche et ne se départit jamais d'un décapant sens de l'humour, l'auteur est l'un des plus fins connaisseurs de l'Italie. Au volant de sa vieille Fiat, il nous introduit dans l'Italie profonde. Loin des tours opérateurs, des exploits sportifs et de l'égotisme gratuit, c'est une plongée au coeur des mythes, au croisement des grandes cités antiques et de l'ultra-violence des mafias d'aujourd'hui. Suivre l'Appia, la plus ancienne route de l'Occident unissant le christianisme et le paganisme, l'Antiquité et le Moyen Age, l'Occident et l'Orient, c'est retourner au berceau de la civilisation et de la vie publique. La Philosophie, la Démocratie, la Tragédie et la Comédie, Dieu et le Droit n'ont-ils pas trouvé leur source au creux de cette via publica ? Emprunter l'Appia, c'est aussi se frotter à la rudesse des "Sibéries du sud" et du populino, le petit peuple qui échappe aux statistiques et se reconnaît à son esprit "baroque", ses rites insolites et ses superstitions. D'ailleurs, la Regina Viarum, la Reine des Voies, n'a rien perdu de son antique vocation de lieu de perdition. L'auteur nous révèle certaines anecdotes inédites et troublantes sur ce Far-west fasciste, sur l'épisode des Marocchinate, sur les "nouveaux Guépards", la Camorra et la Casa Nostra, ces organisations secrètes et criminelles qui terrorisent et pillent le pays. Jacques de Saint Victor est un érudit passionnant qui a fait de cette traversée géographique un voyage heuristique, une remontée dans le temps et un petit traité du libéralisme intellectuel, ce qui n'est pas sans susciter de vifs débats avec sa femme. Naturellement, Michela, l'Italienne des Pouilles à l'irrésistible franc-parlé, est une députée féministe de gauche et professeur de philosophie morale tandis que son historien de mari ne jure que par Montesquieu et Tocqueville. Toujours dans un avion entre Rome et Paris, elle donne des conférences sur le couple pendant que lui développe "un cas préoccupant de régression touristique" en s'enfonçant dans les méandres de l'Appia. Mais n'est-ce pas aussi pour retrouver un peu de ce temps perdu de l'enfance, de cet état d'équilibre originel ?

06/2022

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Théâtre

L'invention du théâtre et autres fictions

Comment faire vivre les textes classiques ? La réponse est ici à l'opposé de celle des anthropologues : il vaut mieux mettre l'accent sur une proximité de l'homme ancien que sur des différences qui n'intéressent que le touriste. Contrairement à ce que peuvent dire les sciences humaines, le sentiment de familiarité que peut avoir un homme de notre temps quand il lit tel texte antique n'est en rien trompeur. Il y a dans le théâtre gréco-latin une présence absolue de l'homme antique, qu'il soit le dramaturge ou son personnage. L'idée d'une différence essentielle de l'homme du présent et de l'homme antique est le dernier avatar du commentaire aristotélicien : depuis la naissance de l'esthétique dans la Prusse du XIXe siècle, il est assuré que l'art et la littérature n'existent que depuis que les théoriciens en ont inventé les concepts ; mais on confond une conscience créatrice qui est conscience absolue, de soi-même, de ses fins propres, de ses moyens, et une connaissance conceptuelle qui est celle des professeurs : connaissance laborieuse, interminable, toute relative aussi, et stérile, à moins d'imaginer que la connaissance théorique engendre l'oeuvre : mais c'est le contraire. Qui invente le théâtre, et quand ? Toutes les questions concernant l'origine attendent de l'historien un éclaircissement impossible ; l'Antiquité n'est que la surface lumineuse d'un gouffre sans fond. L'histoire, pour le théâtre comme pour toutes les formes de l'activité humaine, n'a de réalité que comme toile de fond. C'est pourquoi il importe de dénoncer l'obsession historiciste de quelques commentateurs, les mêmes qui nient l'existence d'une nature humaine, identique à elle-même à travers le temps. Les formes changent continuellement, sans doute, qu'il s'agisse de la société ou des oeuvres d'art ; mais, quant à celles-ci, le processus de la création n'est pas essentiellement différent chez Eschyle et chez Balzac. L'esprit souffle où il veut, il est tout de suite au-delà de ce qui est enseigné et transmis. On dira que telle invention est déjà moderne, qu'Eschyle, Euripide et Plaute concevaient déjà l'individu, le monothéisme ou l'athéisme ; mais le déjà est de trop : tout est dit, dès le début ; aucun grand artiste ne vient trop tard, quand il fait revivre le déjà dit et en fait son dire à lui. L'invention historique du théâtre n'est qu'une fiction ; chaque grand dramaturge, chaque grand metteur en scène ou comédien, chaque public inspiré peut-être, inventent à neuf la tragédie et la comédie.

11/2019

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De Gaulle

De Gaulle, une vie. Tome 1, L'homme de personne (1890-1944)

L'auteur s'est fondé en grande partie sur les archives du Général, qu'il a été le premier historien à pouvoir exploiter et sur quantité d'écrits inédits tirés de sa correspondance ou exhumés des manuscrits de ses Mémoires. Il s'est appuyé également sur des fonds d'archives publics ou privés en France et à l'étranger, dont certains accessibles depuis peu. Un salutaire retour aux sources. Loin de tout esprit hagiographique, Jean-Luc Barré s'est attaché à saisir l'homme du 18 juin dans toute sa complexité. Il n'occulte rien de ses aspects les plus contestables. En privilégiant une approche critique et équilibrée, il bouscule bien des contrevérités ou idées toutes faites sur sa vision de l'Histoire, de la France, de l'Europe et du monde, sa conception de l'Etat, des institutions, de l'exercice du pouvoir, de l'action politique, sociale et économique, de ses choix diplomatiques. Il révèle ainsi un de Gaulle guidé très tôt et avant même son entrée dans l'histoire par une vision, des principes et des convictions qui expliquent la cohérence de sa politique et n'ont rien à voir avec le seul pragmatisme qu'on lui a prêté. Il montre ainsi comment le Général eut, dès les années 30, l'intuition de la fin du système colonial, comment il Inventa les institutions de la Cinquième république en 1941 ; en quoi il fut dès cette époque un européen conscient des limites du nationalisme ; et ce qui fit de lui, réputé de droite, un contempteur souvent féroce des valeurs bourgeoises et du monde de l'argent. On trouvera aussi dans ce premier volume des éléments nouveaux sur la part déterminante que son apprentissage du théâtre a joué dans l'élaboration de son personnage et son sens de la communication ; sur la véritable tragédie personnelle que représenta pour lui sa longue période de captivité durant la Grande Guerre, tournant majeur de son existence qui marque la fin prématurée de ses rêves de soldat et la naissance de l'homme d'Etat ; sur sa conversion de monarchiste en républicain de raison ; sur ses relations avec Pétain, la résistance et les communistes ; son rôle dans l'assassinat de l'amiral Darlan ; son affrontement avec l'administration américaine ; sa vision révolutionnaire d'un nouveau modèle de civilisation... Sa vie familiale, conjugale et sentimentale est ici traitée comme elle ne l'a jamais été auparavant, ainsi que ses relations avec les écrivains et intellectuels de son temps.

10/2023

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Beaux arts

Au sud d'Eden. Des Américaines dans le Sud de la France (Années 1910-1940)

1910-1940 : Quel grand écrivain ou artiste américain n'a pas un jour poussé son voyage transatlantique du côté de la Provence et de la Côte d'Azur ? Toute la bande de la « génération perdue » est passée par là Dos Passos, Hemingway et Fitzgerald qui ont fait d'Antibes leur terre de plaisirs. Chaque été, ils se retrouvaient dans la « villa America » du peintre et dandy Gerald Murphy, enfant chéri de Picasso et de Fernand Léger, et dont Fitzgerald fit le héros de Tendre est la nuit. Le Sud polarisa les grands marginaux et rebelles de l'Amérique du XXe siècle. Voir l'écrivain afro-américain Claude McKay qui, promu par les Cahiers du Sud de Jean Ballard, a écrit à Marseille l'un de ses romans phares : Banjo ; ou John Reed qui découvrit en Marseille une ville « romantique », « splendide » et « virile ». La région entière est fréquentée par des artistes pour qui la nature reste une fabuleuse machine créatrice. On y voit William Glackens, le « Renoir américain »; le synchromiste Stanton Macdonald-Wright, mais aussi Man Ray qui descend sur Marseille pour sa Canebière populaire et bruyante aux couleurs orientales et son pont Transbordeur, symbole de modernité. Pour ces créateurs, le Sud rime avec Eden. Ils y trouvent une sensation de liberté que leur refuse l'Amérique puritaine, du soleil à profusion, des contrastes de couleurs assourdissants, une nature quasi intacte, et un mode de vie méditerranéen « à l'antique ». Lorsque, brutalement, le paysage s'assombrit. En 14-18, le sud devient refuge : Au Cannet, Morgan Russell, l'ami de Cendrars délaisse pour un temps ses recherches synchromistes pour interroger les maîtres de la Renaissance italienne ; à Nice, Alexander Archipenko sculpte de jeunes femmes au bain dans un langage moderniste sans précédent. Année 1940 : le Sud - devenu zone libre - se transforme en une terre de transit où espoir et désespoir se côtoient. Entrent alors en scène des personnages à l'étoffe de héros qui mettront leur vie en péril pour sauver des artistes et intellectuels pourchassés par les nazis. Ces héros sont : Varian Fry et son extraordinaire équipe du CAS ; ou bien encore Hiram Bingham. Leur champ d'action sera Marseille. Et tout se finit ou recommence avec Jim Harrison qui semble rouvrir la route du Sud. Depuis la tragédie du 11 septembre, il a encore plus de raisons d'y venir. « Quelle meilleure idée », écrit-il, « que de faire un voyage en France et de lutter contre le terrorisme avec de l'ail et du vin rouge ? » Doit-on dès lors s'attendre à une nouvelle migration artistique ?

02/2006

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Musique, danse

Le destin juif et la musique. Trois mille ans d'histoire

En un survol de quelque trois mille ans, ce livre retrace l'histoire des liens qu'a noués la musique avec la religion et la culture juives. Du Jubal de la Genèse, père des instrumentistes, à David, roi et musicien-poète, des cérémonies grandioses et festives du Temple au rigorisme et à l'austérité des synagogues, la musique des temps bibliques n'a laissé d'autre trace que des évocations. Après la destruction du second Temple, c'est la diaspora qui donne à la musique juive ses formes et sa diversité au sein des communautés séfarades et ashkénazes, chaque groupe développant sa culture spécifique, celle du shtetl, du yiddish et de la musique klezmer ici, de la musique judéo-andalouse et des chants séfarades là-bas. Dès sa naissance, le christianisme transfère dans sa liturgie une partie du patrimoine judaïque - textes sacrés, psaumes et lamentations, rires et psalmodies - que les rabbins tenaient à l'écart des séductions de l'image de la musique. En faisant de l'art l'instrument par excellence de la transmission de son message, la religion chrétienne va métamorphoser cet héritage. D'innombrables musiciens de l'âge baroque vont ainsi, à travers cantates et oratorios, puiser leur inspiration dans ce trésor spirituel. Le siècle des Lumières a semblé un moment créer des conditions favorables et une assimilation harmonieuse illustrée de façon exemplaire par la famille Mendelssohn en Allemagne et par les succès en France de Meyerbeer, Halévy et Offenbach. La riposte ne tarda pas, soutenue par un antisémitisme " moderne " paré des prestiges de la pensée (Schopenhauer), de l'art (Wagner) et de la science (Gobineau). Déclaré incapable par nature de création originale, l'artiste juif se vit accusé d'être agent corrupteur des vertus nationales. Humiliations, pogromes, persécutions et émigrations allaient reprendre. Les destins de Mahler, Schoenberg et Weill traduisent bien l'errance d'une identité qui doit chaque fois se refondre pour survivre. Pour beaucoup ces épreuves s'achèveront dans l'horreur de Terezin et d'Auschwitz. Les destins des juifs des trois grandes communautés qui survécurent à la Shoah (Russie, Amérique, Israël) seront bien différents. La première apportera des interprètes incomparables tels Milstein, Horowitz ou Oïstrakh tandis que l'émigration fera naître et grandir sur le sol des pays d'accueil des compositeurs comme Gershwin ou Bernstein et une nouvelle génération de compositeurs israéliens. Ce parcours entre grandeur et tragédie est complété par le récit du destin individuel de 150 compositeurs et musicologues.

10/2001

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Littérature française

Sex toy

Didrie est une adolescente de treize ans qui va mal. Elle sèche le lycée et préfère traîner avec une bande de garçons de son âge qui passent leur temps à se saouler et à surfer de façon compulsive sur des sites pornos. Bien qu’elle déteste cette atmosphère, Didrie s’enlise dans l’alcool, peut-être à cause de cette obsession d’une sexualité malsaine qu’elle a le sentiment de voir dans les yeux de tous les hommes, y compris dans ceux de son propre père. L’effroi et le dégoût que lui inspirent le viol, la prostitution et la pédophilie empêchent son corps de se développer. Romantique sous ses allures de rebelle, elle voue un amour chaste et absolu à son amoureux, Frankie, qui lui permet tout juste d’échapper à une existence de plus en plus sordide. Mais à force de perdre pied avec la réalité, ses pires cauchemars vont prendre le dessus, jusqu’à faire d’elle à la fois la victime et l’instigatrice d’un drame effroyable. Écrit selon le point de vue d’une jeune fille basculant dans la folie sans s’en apercevoir, Sex Toy est un monologue ininterrompu qui semble avoir été rédigé d’un seul souffle. Dès la première page, on est happés, emportés par un flot qui emprunte ses mots au registre des adolescents d’aujourd’hui. Avec une sensibilité époustouflante, Jean-Marie Gourio réussit à épouser les pensées d’une gamine de treize ans, rendant compte des difficultés de la puberté, et d’un rapport ambivalent, entre fascination et répulsion, au corps et au sexe. Le ton est suffocant, les mots sont crus, d’une violence presque insoutenable. Mais comment restituer autrement la commotion intérieure suscitée par ces images pornographiques sur des jeunes gens fragiles, entièrement livrés à eux-mêmes ? En s’emparant de phénomènes récents tels que la consommation pathologique d’alcool chez les jeunes, l’invasion incontrôlée du porno dans leur quotidien, le danger des réseaux sociaux sur Internet, Jean-Marie Gourio décrit des ados fracassés par la vie, incapables de distinguer ni le bien du mal ni la réalité de la fiction, et qui souffrent d’une perte complète de repères. Sans porter aucun jugement sur ses personnages, il exhibe froidement les mécanismes de la tragédie qui va se dérouler sous nos yeux. Roman noir au suspense infernal, Sex Toy est aussi un livre sans concession qui suscite une réflexion sociale. Un livre coup de poing qui questionne la société sur son incapacité à protéger la jeunesse, un réquisitoire puissant et troublant contre la démission des adultes face au désarroi des adolescents.

08/2012

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Pléiades

Bartleby Le Scribe ; Billy Budd marin et autres romans

Entre 1853 et 1856, Melville publie près d'une quinzaine de contes et de courts récits dans des magazines. Certains d'entre eux connaîtront un destin exceptionnel, comme "Les Encantadas", suite de croquis consacrés aux îles Galápagos, "Benito Cereno", inoubliable relation de la révolte d'un navire négrier, et ce qui est sans doute la "tragédie urbaine" la plus célèbre de l'histoire de la littérature : "Bartleby le scribe", dont on n'aura jamais fini d'interroger le mystère, qui est un mystère sans secret. Melville n'en a pourtant pas terminé avec les formes longues. Il travaille à un feuilleton, Israël Potter, tout à la fois biographie (largement fictionnelle) d'un héros obscur de la guerre d'indépendance, réflexion ironique sur l'Histoire et sur l'écriture de l'Histoire, et méditation sur la banqueroute des ambitions humaines : peut-être le plus intimement autobiographique de ses écrits. Israël Potter paraît en volume en 1855, deux avant un roman méconnu, singulier, à découvrir, L'Escroc à la confiance. Trois chapitres y forment une sorte d'"art poétique", et tout y est problématique, du narrateur aux personnages en passant par la construction du sens, qui échoit au lecteur lui-même. L'Escroc est un roman pour notre temps ; il n'y a pas lieu de s'étonner qu'il ait laissé les critiques de 1857 aussi perplexes que l'employeur de Bartleby face à son clerc. Melville n'y gagne pas un penny. Il va désormais se consacrer à la poésie, pendant trente ans - et aux douanes de New York, qui l'emploieront vingt années durant. Il doit lutter pour que ses oeuvres poétiques soient publiées. Lorsqu'elles le sont, elles ne récoltent qu'indifférence ou mépris. En 1885 sans doute, peu avant de prendre sa retraite des douanes, il compose une ballade intitulée "Billy aux fers", brève évocation d'un marin à la veille de son exécution pour mutinerie. C'est de ce poème que sortira son ultime fiction... Trente-trois années passeront avant que le livre - Billy Budd, marin - ne soit publié. Dans ce récit intérieur plus encore que dans les autres romans, le "mystère de l'iniquité" est à l'oeuvre, et la pureté n'existe que sous le regard de son éternel adversaire, le "diabolisme incarné". Billy Budd sera pendu. Le livre s'achève sur "Billy aux fers" et sur un compte rendu officiel qui dit que l'innocent est coupable. Tel est le monde : apparence et mensonge.

02/2010

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Musique, danse

Hellfire

Alors il arriva, portant un costume rose criard aux revers pailletés et une cravate de ruban noir, du genre de celles que le vieux Lewis portait avant la guerre de Sécession, et il regarda le public, qui le regardait derrière un rideau d'applaudissements. (...) Jerry Lee Lewis ratissa les touches du piano à queue et hurla le feu, et les membres du public, recevant, chacun à sa manière, le message du Diable, ne murmuraient plus mais criaient sauvagement ou restaient silencieux, selon le penchant de leur âme. Jerry Lee leur accorda à peine plus de dix minutes. " Son attitude envers le public frise le mépris ", écrivit un journaliste britannique quelques jours plus tard. Les adolescents - ceux qui avaient fait bruyamment entendre leur excitation comme ceux qui étaient restés silencieux - se mirent à huer et à siffler quand le rideau descendit. Quelqu'un entonna le God save the Queen et d'autres se joignirent à lui au milieu des huées et des sifflements. Enfin, le rideau se releva et Jerry Lee leur donna davantage, et il le leur donna durement, frénétiquement et implacablement, tel un homme qui s'accouple, lascif et trahi, avec une femme qu'il hait ; puis il quitta la scène. NICK TOSCHES " Je veux que les choses soient bien claires. Hellfire de Nick Tosches est le plus beau livre jamais écrit sur un interprète de rock'n'roll - il est sans égal. Mais il est loin de n'être que cela. Tôt ou tard, Hellfire sera reconnu comme un classique américain. " Ainsi s'ouvre la préface de Greil Marcus à cette biographie de Jerry Lee Lewis. Elevé dans le Sud profond et marqué par les prédicateurs pentecôtistes, Jerry Lee Lewis est persuadé que le rock est la musique du Diable, et qu'il sera damné. Sa vie cahotique (alcool, drogues, bigamie, tentative d'homicide), autant que la puissance de sa musique firent de celui qu'on surnomme le Killer l'incarnation même du rock'n'roll. Le scandale provoqué par l'annonce de son mariage avec sa cousine de treize ans (sans qu'il ait pris la peine de divorcer de son épouse précédente) interrompit brusquement son ascension. Il s'enfonça alors dans l'autodestruction avant de revenir au premier plan, puis de replonger à nouveau. Sombre, terrifiante, la fin de sa vie n'est qu'une suite d'arrestations, de divorces, de deuils. Ce destin, digne d'une tragédie antique, a inspiré à Tosches un livre d'une paradoxale sobriété, écrit dans un style aux résonances bibliques en parfait accord avec son sujet.

10/2001

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Littérature française

Le temps des bohèmes

Le temps des Bohèmes est le roman vrai des aventuriers de l'art moderne entre les deux guerres, quand Paris était encore la capitale du monde. Première saison : Bohèmes. Sur les trottoirs de Montmartre et de Montparnasse, entre le Bateau-Lavoir et la Closerie des Lilas, allaient les sublimes trublions : Jarry, son hibou et ses revolvers, Picasso sympathisant anarchiste, Apollinaire l'érotomane, Modigliani et ses femmes, Max Jacob et ses hommes, Aragon le flambeur, Soutine le solitaire, Man Ray, Braque, Matisse, Breton et les autres... Ils venaient de tous les pays. Ils étaient peintres, poètes, sculpteurs, musiciens. Fauves, cubistes, surréalistes, fêtards, amoureux - libres. Pendant trois décennies, ils menèrent le bal des plumes et des pinceaux. Ils y convièrent des brocanteurs devenus marchands, des couturiers-mécènes, une poignée de milliardaires, des filles de rues peintes comme des princesses. Leurs vies sont flamboyantes comme leurs ouvres. Et leurs ouvres, belles comme la vie. Ils demeurent à jamais les personnages de leurs propres légendes. Deuxième saison : Libertad ! Une fresque dont les héros s'appellent Malraux, Saint-Exupéry, Dos Passos, Prévert, Hemingway, Orwell, Dali. Un kaléidoscope d'enthousiasmes et d'illusions tendu entre la montée du fascisme et la guerre d'Espagne. Ce sont des temps déraisonnable : là, Aragon vend son âme à Staline ; ici, Gide pontifie aux obsèques de Gorki ; ailleurs, Gala passe des bras d'Eluard à ceux de Dali tandis que Picasso peint et que Robert Capa photographie tout ce qui bouge - ou meurt. Nous sommes entre Paris, Madrid, Berlin et Moscou, dans une époque qui hésite avec désinvolture entre l'espoir et le chaos. Troisième saison : Minuit. De la débâcle de 1940 à la Libération, voici l'épopée des écrivains, des artistes et des intellectuels sous l'Occupation.Char, Paulhan, Vercors, Sartre et Beauvoir, Camus, Picasso, Cocteau, Aragon et Elsa, Matisse, Prévert, Desnos, Saint-Exupéry, Prévost, Drieu La Rochelle, Beckett, Marc Bloch, Mauriac et tant d'autres : le grand bal de la France qui écrit, peint, dessine, filme, joue, publie, collabore, résiste, s'accommode. Tel un metteur en scène, Dan Franck nous entraîne dans sa ronde : de Paris à Marseille dans la débandade de l'exode, de Marseille à New York dans les bateaux de l'espoir, de Paris à Berlin dans les trains de la honte, des gares de la déportation aux camps de la nuit et du brouillard, on partage avec admiration, stupeur ou incrédulité les destins croisés de cette génération dont la tragédie de l'Histoire a transformé la vie en roman.

10/2015

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Histoire des femmes

Femmes en Périgord

Ici comme ailleurs, les femmes représentent naturellement la moitié de l'humanité. Cependant, les archives du passé ne leur ont laissé qu'une modeste place, souvent même invisible dans l'histoire officielle avant le dernier siècle. En y regardant pourtant de plus près, la présence féminine n'a cessé d'irriguer les imaginaires et de participer activement aux différentes constructions sociales qui se sont succédées au cours des temps. Les merveilleuses vénus préhistoriques et la divinité gallo-romaine Vesunna inscrivent l'aube et l'aurore de l'humanité dans des cultes féminins de fertilité. La dévotion mariale est ardente à partir du Moyen Age, période durant laquelle les femmes sont vénérées dans la poésie occitane de nos troubadours. Mais les visages et noms précis de certaines d'entre elles ne surgissent qu'avec la Renaissance... tantôt remarquées par leur talent d'écrivaine, tantôt distinguées par leurs contemporains comme Montaigne et Brantôme. L'époque moderne, avec son lot de favorites de cour, révèle aussi des personnalités originales comme la protectrice des arts Jacquette de Montbron au XVIe siècle ou la botaniste-voyageuse Jeanne Barret au XVIIIe siècle. Le temps de la Révolution est une étape essentielle dans le long chemin vers l'émancipation. En Dordogne aussi, des femmes patriotes souhaitent participer aux assemblées et aux événements. En 1848, à Nontron, elles pétitionnent pour réclamer les droits politiques. Bien plus tard, l'institutrice d'Ajat Suzanne Lacore est nommée au gouvernement du Front populaire. A partir de la fin du XIXe siècle, nombre d'entre elles s'emparent avec talent des lettres comme George de Peyrebrune, Rachilde ou encore Catherine Pozzi. Au début du siècle suivant, des femmes brillent dans certains secteurs de la société que les hommes consentent à partager, comme la couture (Jenny Sacerdote), les arts (la muse Youki, la danseuse Joséphine Baker, l'actrice Simonne Mareuil ou encore les sculptrices Jane Poupelet et Marguerite Mazet) et, bien entendu, la cuisine (La Mazille). La Seconde Guerre mondiale, avec ses grandes figures résistantes comme Laure Gatet, finit de conforter dans la tragédie la place des femmes. Elles peuvent désormais voter et toutes les professions leurs sont accessibles. Aujourd'hui, elles sont sportives de haut niveau comme Manon Hostens, intellectuelle, médecin ou architecte, à l'image d'Anne Lacaton qui décrocha récemment le prestigieux prix Pritzker. En 2020, les habitants de Périgueux confient le destin de leur ville à Delphine Labails : un sacré symbole. Cet opus rassemble une cinquantaine de portraits de femmes remarquables, plus ou moins célèbres, qui sont nées ou ont oeuvré en Périgord. Toutes ont contribué à tracer le sillon de celles d'aujourd'hui.

11/2022

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Romance et érotique LGBT

Les protecteurs Tome 6 : Expiation

"Quand on est une merde, on le reste". Des mots avec lesquels Dante Thorne, vingt-six ans, a dû vivre plus d'années qu'il ne peut en compter et un titre qu'il a remporté à l'âge tendre de seize ans lorsqu'une décision imprudente a tourné en tragédie. Et comme il ne peut pas nier la vérité de ces mots, pourquoi ne pas vivre selon eux à la place ? Tout foutre en l'air, baiser, rien de cela n'importe ; tant que cela fait du bien et lui fait oublier le jour où il a fait défaut à la seule personne qu'il avait toujours juré de protéger. Une bonne philosophie de vie jusqu'à ce que Dante rencontre le seul homme qui pourrait le faire désirer être quelqu'un d'autre... A quarante et un ans et avec une brillante carrière de vingt ans comme Texas Ranger à son actif, Magnus DuCane aurait dû être dans la fleur de l'âge. Au lieu de cela, il pleure la perte de la fille qu'il n'a pas pu sauver et fait face à un avenir qui ne ressemble en rien à celui qu'il avait prévu. Le seul point positif est le jeune petit-fils, qui lui a soudainement été rendu après avoir disparu deux ans plus tôt, et la nouvelle famille d'hommes dans laquelle il a été accueilli à bras ouverts. Avec sa volonté de fer, sa maîtrise de soi sans faille et sa discipline inébranlable, Magnus sait qu'il peut commencer un nouveau chapitre et remettre sa vie sur les rails... s'il parvient à surmonter les sentiments inquiétants et inattendus qu'un jeune homme suscite en lui. Parce que rien en Dante Thorne n'est bon signe pour Magnus. Son arrogance, son attitude impertinente, chaque mot dénué de tact qui sort de son incontrôlable bouche et, bien sûr, le fait qu'il est un homme. Mais lorsque ses amis bien intentionnés envoient Dante auprès de lui en tant que garde du corps lorsqu'il retourne au Texas pour témoigner dans une affaire très médiatisée, Magnus commence à voir au-delà des mots impétueux et des sous-entendus sexuels sans fin. Et quand il commence à découvrir que ce qu'il voit n'est pas si mal que ça, soudain le fait que Dante soit un homme au lieu d'une femme ne semble plus être un si gros point de friction...

05/2021

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Littérature française

Le couvre-feu d'octobre

Judith et Octavio habitent le même immeuble d’un quartier populaire d’Oran. Après son bac, l’été 1955, Octavio part en Métropole suivre des études à la Sorbonne, laissant son amoureuse. Il découvre alors Paris où il fait la connaissance de Denis, un étudiant communiste qui devient un ami ambigu et lui montre un aspect trouble du PC. L’été suivant, Octavio ne rentre pas pour les vacances et Judith déçue se laisse séduire par le grand frère d’Octavio, un jeune flic. Quelques mois après, le policier est muté en Métropole, à la Goutte d’Or. De son côté Octavio rencontre deux membres du FLN : le « Dentiste » et Nordine. Le « Dentiste » est un médecin français, idéologue léniniste radical, froid et partisan de la terreur. Nordine est un jeune ouvrier avec lequel il se lie d’amitié. Le « Dentiste » remarque une grosseur sur le cou d’Octavio et lui conseille de consulter, mais Octavio ne l’écoute pas. L’été 57, alors qu’Octavio est appelé sous les drapeaux, Nordine le cache dans le bidonville de Nanterre. Tandis que son engagement est de plus en plus actif au sein du FLN, il découvre ce microcosme où règne une violence permanente et note l’ambiguïté des Algériens dans cette guerre. En décembre 1960, rattrapé par la maladie et assailli par les doutes, il trahit ses camarades, et se réfugie chez son frère et la femme qui fut son amour d’enfance : Judith. Le frère est souvent absent, occupé par la répression et les ratonnades. Judith et Octavio sont souvent seuls avec Frank, le fils de Judith. Les souvenirs et les désirs non réalisés constituent vite un poids dans leur relation. La nuit du 17 octobre 1961, alors que le grand frère participe à la répression sanglante d’une manifestation d’Algériens, Judith et Octavio se donnent enfin l’un à l’autre. Une courte période d’idylle clandestine accompagne la renaissance d’Octavio avant que celui-ci apprenne qu’il est condamné. Ce texte est celui qu’il laisse avant de mourir. Le couvre-feu d’octobre est un roman prodigieux, puissant, captivant. Il est construit autour d’une tragédie : un amour impossible entre Octavio et Judith, doublée d’un lutte fratricide entre Octavio et son grand frère. Le fond historique sur lequel se déploie l’histoire de ces trois héros révèle un aspect assez méconnu de la guerre d’Algérie, qui ne fut pas seulement algérienne, mais aussi française, se déroulant simultanément sur le territoire métropolitain. Passionnant, lyrique, envoûtant, le premier roman de ce jeune écrivain est un événement.

08/2012

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Communication - Médias

Aller ou personne ne va - du journalisme a l'aventure

Nous décollons pour atteindre Porto Williams. Ma décision est prise. Je reviendrai Je reviendrai et j'emmènerais du monde pour partager cet endroit mythique avec ceux qui, comme moi, aiment l'aventure et la nature, les moments de vie simple, rude et authentique à la façon des Alakalufs dont Jean Raspail raconte la tragédie. Voilà déjà pas mal de temps que j'ai envie d'organiser de grandes aventures pour des hommes et des femmes qui ont le désir d'aller jusqu'au bout, à la fois, d'eux-mêmes et de leurs rêves. Sauter d'un voilier qui vient de traverser l'Atlantique pour, au volant d'un 4x4, parcourir les déserts africains ou les steppes de l'Asie Mineure. Passer de l'Omo River en Ethiopie, au Koweit avec les Desert rats britanniques lancés à la poursuite des soldats pillards irakiens pendant la guerre du Golfe. Vivre l'America'o Cup au côté des milliardaires passionnés de yachting, à Newport. Rhode Island, puis se perdre dans les banlieues miséreuses du Moscou soviétique. Raconter, décrire.. expliquer en direct, faire ressentir. vivre, comprendre, vibrer à travers la grande radio du moment, Europe 1. Une prise d'otages, une grève, une catastrophe aérienne, une interview exclusive... Gérard Fusil voulait, à l'instar de ses modèles de jeunesse. Kessel Thesiger, Monfreid ou Cendrars. vivre les évènements au plus près, quels qu'ils soient. pour les restituer. Et derrière les grands et les petits reportages. il y a les grandes et les petites histoires. héroïques ou mesquines, la face cachée. celle dont on ne parle jamais, du Tour de France, du Paris-Dakar, de grandes courses à la voile, de grands records, ou de reportages d'actualité politique. Le rêve d'aventure habitait les années 70 à 90. Au-delà des Paris-Dakar. Paris-Pékin, grandes traversées océaniques et autres exploits en montagne, Gérard Fusil apportera l'exutoire absolu en créant le Raid Gauloises puis I'Elf Authentique Aventure, des raids extrêmes en autonomie et sans moyens motorisés, pour sportifs rustiques. Dans les régions du monde les plus impénétrables, il trouvera les difficultés recherchées et connaîtra le bonheur des belles rencontres avec des personnages hors pair... et fera face aux aspects plus sombre du monde de la magouille, des coups tordus, des intermédiaires combinards pour qui l'argent est la seule valeur. Aller où personne ne va est le récit sincère et passionnant d'une quête, d'un parcours riche en péripéties et en rencontres.

02/2022

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Littérature française

Les années secrètes de la vie d'un homme

Après la série des Allumettes suédoises, Robert Sabatier nous invite à vivre l'extraordinaire aventure d'un homme de notre temps, Emmanuel Gaspard Oth, dit "Ego". Ce parcours d'une existence est aussi celui de notre planète, d'Europe en Extrême-Orient et autres lieux. Où se trouve la terre promise ? Dans ce village de pêcheurs au sud du Japon où Ego se mêle à la vie locale et découvre l'amour de Hayano la plongeuse ? L'océan Pacifique des typhons au cours d'une odyssée magnifique ? Un îlot perdu où apparaissent les témoins inattendus d'une déjà vieille bataille ? Une demeure somptueuse dans la compagnie de celui qui transformera sa pensée et sa personne, le mystérieux Alexandre J. Bisao, de l'éphèbe Tokujiro, d'une dame de cour ? Aux confins de la folie et de l'opium ? A Hong Kong, en Inde, en Afrique, en France où s'opèrent d'étranges retrouvailles ? Rencontres incessantes, péripéties, passions et blessures sont le lot du narrateur. Et, au coeur de ce récit foisonnant, l'éclair d'une tragédie contemporaine, vision réaliste dont la Passion sera sans cesse vécue, page d'histoire tracée en lettres de feu comme elle ne fut jamais ainsi décrite. Enfin, l'intrusion du plus effroyable mystère : le dédoublement de l'être et son propre rejet. Traversée de signes, unissant à la magnificence des paysages terrestres ou marins le merveilleux intérieur, il s'agit d'une grande oeuvre où les interrogations humaines sont cernées : recherche d'une voie salvatrice, miroir du siècle, cri d'indignation devant les misères du monde, louange de ses beautés, appel à l'union - car le roman se lit à la fois comme le récit d'une aventure concrète et celui d'un dessein où une pensée dynamique trouve son nid. Les Années secrètes de la vie d'un homme, roman longuement mûri de l'errance, de l'histoire, de l'amour et du destin, ce sont les années de tous et de chacun au coeur du XXe siècle au fil d'une écriture conduite à la hauteur du sujet, de l'aquarelle à la fresque, du chant solitaire à l'instrumentation symphonique. C'est l'apparition d'un langage d'une coulée franche, traversé de vibrations bouleversantes, une exploration ligne à ligne, une extraction des minerais et des pierres précieuses que chacun recèle en lui et où le lecteur, nouvel Ulysse, se reconnaîtra, car ce livre, entre vents et marées, c'est celui de l'homme de notre temps.

01/1984

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Théâtre

Shakespeare à Venise. Coffret en 2 volumes : Le Marchand de Venise illustré par la Renaissance vénitienne ; Othello illustré par la Renaissance vénitienne

Lorsque Shakespeare rêvait de Venise... Depuis Londres, le célèbre dramaturge anglais est fasciné par la Sérénissime, qui devient l'écrin dans lequel se déroulent deux pièces : d'un côté, la plaisante et acerbe comédie du Marchand de Venise (1596), de l'autre le drame d'Othello ou le Maure de Venise (1604), l'une de ses plus sombres tragédies. Une mise en scène et un décor prestigieux De paysages en portraits et scènes de vie quotidienne, ce sont 250 peintures de la Renaissance vénitienne qui viennent illustrer les deux pièces de Shakespeare : chefs-d'oeuvre des frères Bellini, de Carpaccio, Giorgione, Titien, Tintoret, Véronèse, ainsi que de peintres moins connus. Un cadrage serré sur des détails de peintures monumentales permet au lecteur de redécouvrir certains chefs-d'oeuvre, tandis que les atmosphères créées par les tableaux renforcent la dramaturgie et la couleur des pièces. Une théâtralité sublimée Notre édition présente la traduction de Jean-Michel Déprats réalisée pour la Bibliothèque de la Pléiade. Le traducteur s'attache à restituer la prose de Shakespeare dans toute sa vivacité. L'acteur et metteur en scène Denis Podalydès souligne dans sa préface la justesse du travail d'édition qui se joue dans Shakespeare à Venise : les pièces s'animent et stimulent l'imagination du lecteur. Un souffleur éclairé Michael Barry, historien de l'art passionné par la transversalité culturelle, orchestre avec finesse cette découverte de la Venise rêvée par Shakespeare. Auteur de deux introductions et de vingt intermèdes qui rythment les pièces, ce professeur de l'université de Princeton tisse tout au long de l'ouvrage un lien profond entre l'univers du dramaturge et celui de la peinture vénitienne. L'Art et le Rêve Shakespeare à Venise est un rêve en soi. Entrelacer les figures de Shakespeare et de Venise, au-delà de la rencontre entre le théâtre élisabéthain et la peinture de la Renaissance vénitienne, permet de vivre la fiction théâtrale au coeur de l'une des plus belles villes du monde, dans cet ouvrage somptueusement illustré. Alliant la poésie, l'art et le rêve, Shakespeare à Venise couronne vingt-cinq ans d'édition exigeante et passionnée consacrée à la littérature, à l'art et à la beauté.

10/2017

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Critique littéraire

Corneille et la Fronde. Théâtre et politique, Edition revue et corrigée

Gustave Lanson affirmait que "l'histoire est un cours de politique expérimentale". Plus précisément il n'hésitait pas à proclamer que le théâtre de Corneille est à peu près à la France du XVIIe siècle ce que Le Rouge et le Noir et La Comédie humaine sont à la France du XIXe siècle Ainsi donc on peut décrocher les masques antiques, ou n'y voir que des ornements qui apportent un peu de pompe et de poésie à ce théâtre. Il ne faut d'abord y chercher que des épisodes ou des problèmes de la politique du XVIIe siècle. C'est l'optique que Georges Couton a adoptée dans son Corneille et la Fronde. Il y analyse Don Sanche, Nicomède et Pertharite. Trois tragédies qu'il juge "allégoriques", qu'on ne peut comprendre à son avis qu'en recourant à des clefs politiques. Don Sanche invite les spectateurs à songer à l'étroite union, au possible mariage secret, de la reine Anne et de Mazarin. Nicomède est une apologie de Monsieur le Prince ; Métrobate et Zénon, les deux agents doubles (ou provocateurs) stipendiés par Arsinoé pour ramener Nicomède à la Cour, évoquent le faux attentat dont Guy Joly se prétendit victime au fort de la Fronde, et Corneille se plaît à nous montrer avec quel art Laodice, telle Mme de Longueville, sait organiser une insurrection. Il n'est pas interdit de penser à la révolution d'Angleterre quand on voit Pertharite, ni de regarder Grimoald comme un autre Cromwell. Il est certain qu'au temps de la guerre civile le public n'oubliait pas en entrant au théâtre ce qui se passait dans les rues et les palais de Paris. Il connaissait d'ailleurs les arguments des mazarinistes et les arguments des Frondeurs, le recours que l'on pouvait faire au machiavélisme pour justifier ou pour condamner une politique. Ne disons pas qu'en retrouvant des anecdotes particulières dans les grandes pièces historiques, Georges Couton les rétrécit et les éloigne de nous. Il importe au contraire que les clefs soient bien précises. C'est ainsi seulement que peuvent s'apprécier l'art et la philosophie de Corneille. Alain Niderst

12/2008

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Théâtre

La ligue contre la bêtise et autres fantaisies théâtrales

Méconnu aujourd'hui, Henri Roorda, sous le pseudonyme de Balthasar, était un grand humoriste. Et quoi de mieux que l'humour pour parler de la faiblesse humaine ? Car c'est là l'objet de ces quatre courtes pièces de théâtre qu'il écrivit à la fin de sa vie et que nous regroupons aujourd'hui en recueil : "Le Silence de la bonne", "Un amoureux", "Un beau divorce" et "La Ligue contre la Bêtise". Dans chacune de ces pièces, nous voyons des hommes emplis de belles et grandes idées sur l'amour, les relations sociales et le bonheur de l'humanité, chercher à les mettre en pratique et se heurter aux conventions sociales, aux opinions divergentes et à leurs propres contradictions. Cela aurait pu donner lieu à des drames, des tragédies. Mais l'auteur préfère s'en amuser, et nous en amuser avec lui. La dérision est souvent le meilleur remède contre le désabusement, le seul antidote efficace contre le désespoir. Aussi Roorda prend-il le parti d'en rire, et de nous réjouir du ridicule de ses personnages. Mais son regard moqueur est bien loin du cynisme et de la moralisation. Son rire est toujours tendre et bienveillant, car il sait qu'il n'est lui-même pas meilleur que ces hommes et ces femmes qu'il met en scène. Leur naïveté est finalement la nôtre, et quand nous rions d'eux nous rions de nous-mêmes. La simplicité, l'humilité et la conscience claire de la faiblesse humaine sont sans doute ce qui caractérise le mieux le style et l'esprit de Henri Roorda. Comme il le dit lui-même : " J'ai d'excellentes raisons pour ne pas enseigner la morale à mes contemporains. Je suis tout au plus tenté de leur dire : Ayez pitié des hommes, car ils errent sur une planète où la vie est difficile. Ayez autant d'indulgence pour leurs faiblesses que pour les vôtres. Et, surtout, n'imitez pas ces Purs qui sont contents d'eux-mêmes parce que, du matin au soir, ils marinent dans la vertu et qui, pour cela, sont un peu trop sûrs de leur supériorité sur autrui " (" Réponse à celle qui n'a pas compris ", Gazette de Lausanne, février 1924).

09/2012

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Généralités médicales

Une histoire de la médecine du travail

Ce petit ramoneur insouciant ignore le cruel destin qui l'attend. Il symbolise tous les enfants exploités, parfois dès l'âge de 4 ans, dans les mines, les usines ou les petits métiers, encore aujourd'hui. On passe un tiers de notre vie à travailler au bureau, à l'usine... Cette activité génère accidents et maladies par l'exposition à de multiples risques environnementaux. L'objectif de la médecine du travail est d'identifier et de prévenir les affections liées à l'activité professionnelle. Dans le passé, on a ainsi identifié de nombreuses pathologies professionnelles respiratoires, cancéreuses, allergiques, toxiques, infectieuses... Cet ouvrage relate leur histoire souvent chaotique depuis l'Antiquité, mais aussi celle de la lutte des travailleurs sociaux, syndicalistes et médecins du travail pour l'abolition du travail des enfants et l'amélioration des conditions de travail dans les pays occidentaux. On peut être reconnaissant à de nombreux médecins du travail, comme Ramazzini, Thackrah et Villermé et bien d'autres, qui permirent la mise en place d'un arsenal juridique pour la sécurité des travailleurs. L'histoire de la médecine du travail est parsemée de tragédies humaines. Pensez aux enfants broyés par des machines, ou tirant des chariots au fond des obscurs boyaux des mines, aux petits ramoneurs exploités par leurs maîtres, aux trieurs de laine qui mouraient en quelques heures de charbon pulmonaire, aux ouvrières mutilées des manufactures d'allumettes ou de cadrans fluorescents, aux chapeliers fous intoxiqués au mercure, aux mineurs de la tragique catastrophe des mines de Courrières... Ces morts absurdes au travail sont inacceptables. Beaucoup croient que cela fait partie d'une époque révolue. En réalité, les terribles conditions de travail du XIXe siècle existent toujours dans de nombreux pays du monde, y compris le travail des enfants sous ses aspects les plus abjects. Plus que jamais, on a besoin de la médecine du travail pour accompagner les évolutions rapides des technologies et des activités. Apparaissent des domaines nouveaux, écrans, nanotubes, stress, burn-out... Restent toutes les maladies connues qui vont décimer les populations des pays pauvres qui n'ont aucune restriction, réglementation, ni sécurité. Là est le futur challenge de la médecine du travail.

11/2019

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Histoire de France

Louis Audouin-Dubreuil, correspondant de guerre malgré lui. 1914-1918

"En septembre 1914, un jeune hussard à cheval se presse vers les lieux de combat de la Marne. Dès le mois d’octobre, il descend avec ses hommes dans les tranchées du front d’Artois. En 1915-1916, il est à Verdun, au Four de Paris, puis au bois de Malancourt. À la fin de l’été 1916, il rejoint sur l’Yser les fusiliers marins dans les tranchées des polders belges. En janvier 1917, à l’École d’aviation d’Avord, il s’initie au pilotage des premiers appareils de guerre. Jusqu’à la fin des hostilités, il est affecté dans l’aviation tunisienne des "Territoires du Sud", sur la frontière libo-tunisienne fréquemment attaquée par les Senoussis révoltés. Un parcours sur quatre années de guerre, celui d’un hussard qui, en 1914, croyait en une victoire rapide de la France et rêvait de charger l’ennemi à cheval, sabre au clair. Il ne pouvait, le 2 août 1914, alors qu’il rejoignait le 10e hussards à Tarbes, imaginer les épreuves qui l’attendaient sur tous les fronts de France. Les correspondances, les notes de guerre, les photographies restituent dans le présent ouvrage cet épisode bref et intense de la vie de Louis Audouin-Dubreuil. Ce temps qu’il avait enfoui dans un silence obstiné. Il est des tragédies que les anciens combattants taisent, mon père était de ceux-là".Ariane Audouin-Dubreuil. Artois, Verdun, l'Yser et la frontière Libo-Tunisienne. Ces quatre zones de combat correspondent à un lieu d’affectation de Louis Audouin-Dubreuil sur le front entre 1914 et 1918. Alors qu’il n’est qu’un tout jeune soldat, muni d’une autorisation extraordinaire de port d’appareil photographique, le jeune hussard raconte ses liaisons, ses reconnaissances et ses descentes aux tranchées. Suivent les notes et les correspondances échangées avec sa famille, ses amis, ses compagnons d’armes. Trois albums de photographies légendées, datées et numérotées de la main de Louis Audouin-Dubreuil, et les pellicules correspondantes restituent fidèlement lieux, contextes et personnages dans un livre original et unique en son genre.

10/2013

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Littérature anglo-saxonne

Le magicien

Une existence hors du commun adossée à une histoire familiale extraordinaire, une oeuvre littéraire majeure couronnée par le Prix Nobel, et la traversée de toutes les tragédies politiques de la première moitié du XXème siècle - voilà comment on pourrait résumer la vie de Thomas Mann en quelques mots. La prouesse du Magicien consiste à nous faire vivre de l'intérieur - comme seul le roman peut le faire - cette vie exceptionnelle. Thomas Mann naît dans une famille de riches bourgeois hanséatiques dont il fera le portrait dans Les Buddenbrook, son premier roman qui fut aussi son premier succès. Mais le déclin de sa famille tout autant que sa quête d'un ailleurs le mène à Munich, où il épouse la riche et fascinante Katia Pringsheim. Avec et grâce à elle, il construit patiemment une oeuvre protéiforme en même temps qu'un paravent de vie confortable qui le protège de ses démons : son attirance pour les hommes. Pour ses six enfants nés entre un voyage à Venise et un séjour dans un sanatorium - qui seront transposés dans La Mort à Venise et La Montagne magique - il restera à jamais ce magicien enfermé dans son bureau qu'il est interdit de déranger. Colm Tóibín raconte avec le même bonheur la naissance de quelques chefs-d'oeuvre de la littérature européenne que l'existence d'abord agitée, puis tragique, d'une grande famille, mais il excelle surtout dans l'évocation de la vie intérieure du romancier. Sa mue de grand bourgeois conservateur en intellectuel engagé face à la montée du nazisme, puis dans la douleur de l'exil, est dépeinte avec la même intensité que sa solitude et sa difficulté à être aimé. Heinrich, Klaus et Erika Mann, Christopher Isherwood, Bruno Walter, Alma Mahler et Franklin Delano Roosevelt peuplent la vie du grand écrivain et deviennent ici autant de personnages romanesques. Colm Tóibín entretisse tous ces fils littéraires, intimes, historiques et politiques dans une grande fresque qui se confond avec l'émouvant roman d'une vie : celle d'un génie littéraire et d'un homme seul qu'on appelait le magicien. Traduit de l'anglais (Irlande) par Anna Gibson

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Dictionnaires

Dictionnaire de philosophie ancienne et moderne

Fille de l'Encyclopédie (1751-1772, 28 vol.) de Diderot et d'Alembert, l'Encyclopédie méthodique (1782-1832, 212 vol.) de Panckoucke conserve la palme du gigantisme. Est-ce cette raison qui l'a fait passer dans l'oubli ou a-t-elle été elle-même dépassée tant par les événements historiques que par les développements scientifiques fulgurants ? Pourtant, cette encyclopédie "par ordre de matières" revêt un intérêt considérable. En synthétisant ce moment particulier des savoirs liant mots et choses, elle représente un chaînon incontournable entre l'épistémè des Lumières et celle du xixè siècle. La Méthodique met en évidence le circuit étendu de chaque science et son utilité sociale. Par ailleurs Panckoucke choisit les directeurs de Dictionnaires pour leur qualité d'expert et ils font autorité. Il faut aussi prendre en compte qu'entre Diderot et Wikipédia, il y a eu la Révolution française qui, dans le domaine de la pensée n'a rien changé ni aboli, mais qui "a changé les conditions d'exercice" au coeur desquelles travaille Naigeon, auteur des trois tomes du Dictionnaire de Philosophie ancienne et moderne présentés, sous forme d'extraits, dans ce Vol. IV de nos Anthologies. Malgré les tragédies individuelles de la Terreur, la voie vers la démocratie a été ouverte. Dans la conception de son Dictionnaire, Naigeon ne cache pas son militantisme athée qui fait qu'à la discussion de la dimension politique du religieux s'ajoute le point de vue de l'historien des sciences. L'éditrice, Claire Fauvergue, montre comment à travers le Discours préliminaire et les 14 articles recueillis qui vont de d'Alembert à Religieux- Irréligieux en passant par Condillac, Hobbes ou Diderot et Fréret, Naigeon renouvelle non seulement les sources de l'histoire de la philosophie mais aussi leur usage et leur analyse. Attentive à l'efficacité de son travail original d'auteur, veillant à la diversité de ses choix éditoriaux, privilégiant ce qui est représentatif du genre encyclopédique et de son évolution, Fauvergue illustre avec précision comment la figure de l'éditeur se mêle indissolublement à celle de l'auteur.

08/2021

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Généralités

Ce que mon père n'a pas dit. Un passé russe

L'historien Mark Mazower éclaire les tragédies et les luttes du XXe siècle au miroir des engagements et des rêves d'une famille juive marquée par l'exil - la sienne. C'est au fil de discussions avec son père, fils d'émigrés russes installés à Londres au tournant du XXe siècle afin d'échapper à la guerre civile et à la terreur, que l'historien entrevoit le passé complexe de sa famille, au-delà de la vie apparemment sans histoire de ses parents. Au centre de son récit, on trouve le personnage de Max, son grand-père, homme taciturne qui cache sous son air guindé et ses silences un passé d'agitateur révolutionnaire dans la Russie tsariste, qui lui valut exil forcé, emprisonnement, déportation en Sibérie... Lui et sa femme, Frouma Toumarkine, dont l'histoire familiale eut également son lot de drames, trouvèrent au coeur de la capitale britannique un port d'attache où construire pour leurs enfants une nouvelle vie, loin des malheurs traversés. Retraçant la trajectoire des lignées Mazower et Toumarkine à partir de la fin du XIXe siècle - ce qui donne lieu à une série de portraits de personnages hauts en couleur -, Mark Mazower fait revivre un monde révolutionnaire à la fois socialiste, humaniste et internationaliste. On y croise la route de Lénine, d'Emma Goldman et de Litvinov, en naviguant de Moscou à la Sibérie, de Vilnius à Stalingrad, Londres et Paris. Ceux qu'on a parfois appelés les " perdants de l'histoire " ont souvent plus à nous apprendre que les " vainqueurs ". Traduit de l'anglais par Alexandre Pateau " Mark Mazower est un grand historien et un écrivain subtil. " Orhan Pamuk, prix Nobel de littérature Mark Mazower enseigne à Columbia University à New York. Spécialiste de l'histoire de la Grèce et des Etats des Balkans à l'époque moderne aussi bien que de l'histoire de l'occupation allemande en Europe et des idéologies au xxe siècle, il compte parmi les historiens les plus renommés de l'Europe au XXe siècle. Il est notamment l'auteur de Dans la Grèce d'Hitler (Belles Lettres, 2002 ; " Tempus ", 2012) et du Continent des ténèbres. Une histoire de l'Europe au xxe siècle (Complexe, 2005 ; " Points Histoire " 2021).

10/2021

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Littérature francophone

En pays assoiffé

D'emblée, ce roman nous embarque avec Nojoum, vieille dame aveugle que sa petite-fille vient visiter tous les jeudis, pendant le confinement du printemps 2020, pour lui lire un livre, prétexte à la questionner sur son histoire. Nous savons, dès les premières pages, qu'elles sont liées par un " Evènement " qu'elles ont vécu ensemble quelques années plus tôt, en réalité, on l'apprendra un peu plus tard, l'attentat du musée du Bardo à Tunis, où elles se trouvaient en visite. Le récit, qui commence avec la naissance de Nojoum en 1949 retisse le fil de la vie de cinq générations de femmes, de la propre grand-mère paternelle de Nojoum, Beya, adorée par sa petite-fille, à l'arrière-petite-fille, Yasmine. Leurs histoires sont imbriquées les unes dans les autres par des relations familiales, domestiques et/ou amicales marquées du sceau d'une bienveillance exigeante, de la générosité et de la solidarité en dépit des différences, d'un désir commun d'émancipation et d'indépendance, sinon pour elles-mêmes, du moins pour celles et ceux qui viennent après elles. Il y a des tragédies dans leurs vies mais toutes y font face, résolument du côté de la vie, malgré la violence, les discriminations, la pauvreté ou encore l'exil et l'extrême violence du terrorisme. Aucun dogmatisme dans cette fiction littéraire tout en finesse et d'une tonalité douce-amère, qui raconte, autour d'un même cercle familial entre Tunis, Paris, Liège et la Calabre..., 70 ans de la Tunisie, de la pré-indépendance jusqu'à l'après-révolution de 2011 à travers l'émancipation des femmes et le retour de bâton de l'islamisme sous sa forme la plus extrême : le terrorisme enraciné dans la haine des femmes. Il y a toujours de l'espoir cependant, mais il vient d'ailleurs et surtout des femmes. " On vit des têtes aux cheveux de toutes les coupes, de toutes les couleurs, des femmes décomplexées envahir dans un même élan rues, écoles, bureaux, boutiques, usines, et cinémas. Le paysage garda durant des décennies cette vitalité dévoilée, et personne n'aurait pu s'imaginer une quelconque marche arrière, ni surtout qu'un jour l'Evénement pût avoir lieu. " E.B.Y.

06/2021

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Littérature française

Ce sera ma vie parfaite

La dernière journée d’une vie peut-elle en changer le sens ? En ce matin de printemps, Victor des Ulmières pressent sa mort, alors qu’autour de son domaine rôde Serge, son jeune protégé avec lequel il s’est battu au couteau la veille. Serge, menaçant, veut en découdre, une fois pour toutes. L’imminence de sa propre fin force Victor à une relecture lucide de sa vie, oscillant entre passé et présent. Une famille d’abord trop pesante pour lui avoir permis de vivre librement : sa mère tôt disparue ; son père qui l’a méprisé injustement après une supposée trahison pendant la guerre ; sa soeur, Aimée la bien nommée, véritable passion de sa vie, à côté de laquelle ont été bien insuffisantes les nombreuses femmes qu’il aura ensuite connues ; Vivien, le jeune frère haï dont après la mort il a osé piller le travail… Plusieurs lieux, ensuite : le Liban de la guerre, New York, qui vit la consécration de sa carrière de photographe, les plages de la Méditerranée, abris d’un inouï bonheur sensuel. Mais Victor est toujours revenu au château familial, proche de Sancerre qu’il peut admirer de ses fenêtres, bâtisse qui est à la fois son fardeau et sa chance. A proximité aussi du cimetière où est enterrée sa lignée depuis des générations, au fond d’un caveau qu’il pense rejoindre bientôt. Dans sa longue rumination intérieure, cet homme qui se croit impuissant, raté, cherche les êtres aimés, se remémore les signes et les gestes d’affection vraie. En cette dernière journée, Victor héberge une troupe de danseurs et de musiciens, dont il partage les activités : un concert, une baignade où il mêle avec jubilation son vieux corps aux leurs, éclatants de jeunesse. Cette proximité révèle en lui une vitalité toujours présente, un amour de la beauté que les tragédies de son existence n'ont pas entamé. Et c’est en cette compagnie que Victor décide d’un événement qui lui donnera la possibilité de traverser déceptions et fantasmes, de faire l'expérience d'une joie totale. De parachever ainsi sa vie "parfaite"…

08/2013